• l’année dernière
Le Sénat a voté ce mardi la possibilité pour l’Arcom de bloquer et déréférencer les sites pornographiques qui ne mettraient pas en place une vérification d’âge suffisante, ainsi que de prononcer des amendes significatives. Certaines sénatrices de la délégation aux droits des femmes ont alerté sur l’efficacité du « référentiel » que devrait produire l’Arcom sur ce sujet, et qui pourrait laisser une trop grande marge aux plateformes. 

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Transcription
00:00 Je vais d'abord saluer l'intention du gouvernement
00:02 de faire un pas en avant
00:04 en ce qui concerne la lutte
00:06 contre la toxicité de l'industrie pornographique.
00:09 Mais je voudrais quand même partager avec vous
00:10 le sentiment que j'ai que dans cette affaire,
00:13 on se laisse encore un peu embrouillés
00:16 par le lobby du porno.
00:17 Notez bien que c'est un lobby puissant, insidieux, infiltré.
00:21 19 millions d'utilisateurs de connexions uniques
00:24 par mois en France.
00:26 On imagine effectivement à quel point ce lobby
00:29 peut être présent.
00:31 Mais je voudrais qu'on fasse une petite comparaison.
00:34 Imaginons, par exemple, qu'un pluraliste
00:37 prétend ne pas appliquer l'interdiction de vendre du tabac
00:40 aux mineurs au motif qu'il ne sait pas comment faire
00:43 pour identifier l'âge de l'acheteur
00:47 et qu'ensuite, les consommateurs disent
00:50 qu'ils ne veulent pas présenter une pièce d'identité
00:52 au motif que ça porterait atteinte à leur vie privée.
00:55 Tout ceci pourrait exister
00:56 et tout le monde trouverait que la ficelle est grosse.
00:59 Eh bien, c'est exactement ce que fait l'industrie pornographique
01:01 depuis trois ans, depuis la loi de 2020,
01:06 en expliquant qu'ils ne peuvent pas appliquer la loi.
01:10 Et je crains que cette affaire de référentiel
01:13 valide a posteriori leur raisonnement
01:16 et leur refus d'appliquer la loi.
01:18 Parce qu'en conditionnant l'application de la loi
01:20 à un futur référentiel,
01:22 nous inversons d'un certain point de vue la charge de la preuve.
01:25 Ce ne sera pas au diffuseur des contenus pornographiques
01:28 de prouver qu'ils ont tout fait pour interdire l'accès aux mineurs.
01:31 Le mystiquerie change de main
01:33 et maintenant, il sera entre les mains de l'Arcom
01:35 et ce sera à elles d'apporter au site
01:37 les outils nécessaires à l'application de la loi.
01:40 Et nous devrons, dans le débat parlementaire, bien préciser
01:43 que cette obligation qui pèse sur les sites
01:46 n'est pas simplement l'obligation de se conformer au référentiel,
01:50 que c'est l'obligation de bloquer l'accès des mineurs
01:54 par tout moyen en état de l'art,
01:56 c'est-à-dire avec l'ensemble des évolutions technologiques
01:59 qui ne vont pas manquer de se produire
02:00 entre le moment où nous discutons de la loi,
02:02 le moment où le référentiel sera adopté.
02:04 Et on a beau avoir mis un délai de six mois,
02:06 il n'y a pas de sanction, donc rien ne nous dit
02:08 qu'il sera adopté dans les six mois.
02:11 Et donc, le montage que nous faisons est extraordinaire.
02:16 Pourquoi n'avons-nous pas choisi, par exemple,
02:19 celui qui fonctionne assez bien pour l'accès des mineurs
02:23 au site de jeu d'argent en ligne ?
02:26 Eh bien, c'est à cet instant que surgit le fameux secret
02:29 de la vie privée,
02:31 qui est brandi par les consommateurs de porno
02:33 pour les protéger.
02:35 Cet argument est une mystification.
02:37 D'abord, car le secret de la vie privée
02:38 ne concerne pas le recueil de données
02:41 qui sont confiées en toute liberté par leur titulaire,
02:46 mais la diffusion de ces données.
02:49 Doctolib vous confie, nous confions, beaucoup d'entre nous,
02:51 des données assez sensibles à Doctolib.
02:54 Personne n'a demandé à ce qu'on passe par un tiers de confiance
02:56 pour donner nos données à Doctolib,
02:58 parce que nous pensons que Doctolib ne va pas vendre ces données.
03:01 Et s'il le faisait,
03:02 il y a des sanctions qui pourraient s'appliquer.
03:05 En revanche, nous considérons que les sites porno
03:07 pourraient diffuser les données.
03:10 Et donc, pour nous en prémunir, nous passons par un système
03:13 qui leur facilite quand même grandement la vie.
03:15 Cette affaire de vie privée,
03:17 érigée en valeur constitutionnelle absolue,
03:19 pose un autre problème, et je pense que Mme la ministre Cobel
03:22 y sera sensible.
03:24 Il nous faut concilier deux principes constitutionnels,
03:27 le respect de la vie privée et l'intérêt supérieur de l'enfant.
03:30 Quand 2 millions de mineurs sont biberonnés aux vidéos porno,
03:34 je considère pour ma part que c'est le secret de la vie privée
03:37 qui doit s'adapter aux devoirs de protection des enfants,
03:40 et non l'inverse. Merci, chers collègues.
03:43 (Générique)
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