• l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan, Jean-Michel Fauvergue et Elodie Journeau, avocate en droit d’asile et droit des étrangers.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-06-12##

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Transcription
00:00 Vraie Voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:03 Et donc après l'attaque au couteau à Annecy par un réfugié syrien, le sujet du droit d'asile
00:08 est de nouveau soumis à questionnement.
00:10 La Commission européenne et les Etats membres n'en finissent pas de débattre sur le sujet depuis 2019.
00:15 La Hongrie et le Danemark restent les pays les plus stricts en matière de droit d'asile.
00:19 Frédéric ?
00:20 Par exemple, pour ces demandeurs d'asile, le Danemark s'aligne un peu sur le Royaume-Uni.
00:24 En 2021, Copenhague avait voté une loi autorisant la délocalisation des demandeurs d'asile.
00:29 Hors du continent européen, vous attendez avant.
00:32 Et puis la Hongrie a manqué à ses obligations dans le domaine, déplore la Commission de justice de l'Union européenne,
00:38 avec des restrictions de l'accès à la demande d'asile.
00:41 La relocalisation des demandeurs d'asile dans les différents Etats membres a reçu le feu vert du Conseil.
00:48 Malgré l'opposition de la Pologne et de la Hongrie, les pays qui s'y refusent devront payer une lourde amende,
00:53 20 000 euros par exil et refusé, pour soulager l'Italie et la Grèce.
00:56 30 000 demandeurs d'asile accueillis chaque année dans d'autres pays européens.
01:00 Alors, vers quelle tendance l'Europe doit-elle se diriger ?
01:05 Et l'Union européenne doit-elle s'aligner sur la politique restrictive du Danemark et de la Hongrie ?
01:10 Pour l'instant, vous nous dites oui à 93%, ce qui est énorme.
01:14 0,826, 300, 300 et pour en parler, Élodie Journeau, merci d'être en direct avec nous sur Sud Radio.
01:20 Vous êtes avocate en droit d'asile et droit des étrangers.
01:23 Juste avant de revenir vers vous, Philippe Bilger, c'est la question que l'on pose,
01:27 qui est volontairement un peu trash, pardon,
01:31 d'aller vers ou le Danemark ou la Hongrie.
01:35 C'est quoi la bonne position aujourd'hui ?
01:38 - Alors, sans être le spécialiste qui est sans doute Maître Journeau,
01:43 moi, j'irais volontiers vers une politique à la danoise.
01:48 Il est évident que depuis quelque temps, il n'est pas un homme ou une femme politique française
01:53 qui aille au Danemark pour voir des recettes que peut-être il est très difficile d'appliquer en France.
02:00 Mais il me semble, sans tomber dans une polémique outrancière,
02:04 qu'il est clair que le droit d'asile aujourd'hui est dévoyé
02:09 et qu'il ne relève plus seulement de ces combattants de la liberté qu'il faut accueillir.
02:14 Troisième élément, on a vu avec les tentatives d'assassinat à Annecy
02:20 qu'il y a une sorte de bureaucratie et d'absurdité dans la gestion du droit d'asile européen
02:29 qui montre qu'il n'est pas illégitime, et j'arrêterai là, Cécile et Frédéric,
02:35 de vouloir des changements radicaux dans ce domaine.
02:38 - Tom Connan, d'autres pays comme la Suède aussi, s'alignent sur cette position danoise.
02:42 - Oui, je pense qu'il ne faut pas avoir une position manichéenne là-dessus.
02:45 Évidemment, c'est la tentation qu'on a forcément.
02:48 Il y a un drame qui se passe, on se dit "quel est le statut de cette personne ?"
02:51 donc il faut supprimer.
02:53 Le vrai problème, c'est qu'il peut y avoir plein d'événements de ce type.
02:57 Celui-là est particulièrement frappant et horrible, on est bien d'accord.
03:01 Je connaissais des personnes dans ma famille qui avaient fréquenté ce parc assez souvent avec des enfants.
03:05 Donc c'est effectivement absolument terrible.
03:07 Néanmoins, politiser à l'extrême le sujet ne me semble pas forcément pertinent.
03:12 En tout cas, si on fait ça, ce serait reproduire des échecs passés.
03:17 Parce que depuis 10-15 ans, beaucoup de politiques en France ont justement changé des lois,
03:21 réformé des systèmes entiers à partir de faits de ce type,
03:25 qui aussi atroces qu'ils puissent être, ne sont pas forcément à la racine du problème.
03:29 - Depuis 2019, c'est un sujet qui tourne à l'Europe et personne ne trouve vraiment de solution.
03:36 - On parle de la Hongrie et du Danemark.
03:38 Les deux pays ne sont pas pareils.
03:40 La Hongrie, elle, ne respecte pas les droits pour lesquels elle s'est engagée.
03:43 Le Danemark, lui, a des exceptions et totalement dans ces exceptions-là, et de manière tout à fait légale.
03:49 Mais au Danemark, vous avez effectivement tout ce qui a été dit par Frédéric,
03:53 mais vous avez surtout un consensus politique.
03:56 Aujourd'hui, au Danemark, vous avez des sociodémocrates qui sont au pouvoir
04:00 et qui feraient rougir de plaisir dans les décisions qu'ils prennent sur l'immigration et sur la demande d'asile,
04:05 qui feraient rougir du plaisir le Rassemblement national.
04:09 En toute impunité, parce qu'ils ont le droit de faire ces exceptions-là.
04:12 J'ajoute que pour la France, d'une manière générale, et pour d'autres pays européens,
04:17 l'asile, aujourd'hui, est devenu la première filière d'immigration clandestine.
04:24 Pourquoi ? Parce que vous avez en France, non pas 30 000, mais 150 000 ou 160 000 personnes
04:29 qui ont demandé l'asile l'année dernière.
04:31 30 %, à peu près, ou 35 % l'ont eu.
04:34 Et les autres sont restés sur le territoire national.
04:36 Parce qu'au bout de 14 mois d'instruction, on reste sur le territoire national.
04:40 Et c'est ça qui ne va pas.
04:41 J'ajoute, et j'en finis là, que le jour où il y a eu le drame d'Annecy,
04:47 les ministres de l'Intérieur étaient réunis et ont décidé de quelque chose qui me semble important.
04:54 Deux choses importantes.
04:56 La première, c'est de se répartir les migrants clandestins et les demandeurs d'asile
05:02 de manière équivalente dans chaque pays européen.
05:06 Et la deuxième, c'est de traiter les demandes d'asile aux frontières de l'Europe
05:11 sous trois mois.
05:13 Alors on ne sait pas si c'est dans l'Europe ou juste à l'extérieur de l'Europe,
05:17 mais ça, ça doit passer par le Parlement européen.
05:19 Et ça me semble être une bonne avancée à généraliser.
05:22 Et là, on irait sur le sens du Danemark, plus précisément.
05:25 - Avec nous, maître Elodie Journeau.
05:27 Vous avez entendu nos vrais voix, maître.
05:30 Il faut d'abord rappeler que la France doit respecter les directives européennes.
05:35 - Tout à fait.
05:35 - Est-ce qu'elle les respecte ?
05:37 - La France, dans l'ensemble, respecte les directives européennes.
05:40 Il y a bien entendu un certain nombre de cas où on a des décisions qui sont jugées illégales
05:45 ou où on n'a pas eu le temps de les contester.
05:47 Mais dans l'ensemble, on applique quand même dans notre droit national
05:50 ce que l'Europe préconise.
05:52 On a un socle de base européen et la France construit par-dessus
05:58 en reflétant les valeurs que nous avons.
06:01 - Elle a été condamnée, d'ailleurs, la France.
06:03 Il y a eu le rejet d'un Tchétchène qui était jugé dangereux.
06:07 Elle a été condamnée par l'Union européenne.
06:09 C'est-à-dire qu'on n'a pas les mains libres non plus.
06:12 C'est un petit peu inquiétant.
06:13 - On n'a pas les mains libres parce qu'il y a un certain nombre de choses à respecter.
06:17 On pourrait faire une comparaison avec la présomption d'innocence.
06:21 Bien entendu, lorsque vous avez des éléments objectifs
06:23 qui vous permettent d'être convaincus de la culpabilité de quelqu'un,
06:27 il y a quand même un certain nombre d'éléments de procédure à respecter.
06:30 Ça s'appelle l'état de droit, tout simplement.
06:32 Et si vous ne les respectez pas pour quelqu'un dont vous êtes persuadé qu'il est coupable,
06:37 vous risquez de ne pas les respecter pour quelqu'un dont vous pouvez être persuadé qu'il est innocent.
06:41 On respecte le droit, et c'est en respectant le droit qu'on est un état de droit.
06:45 - Philippe Bilger, première question.
06:47 - Maître, est-ce que vous trouvez choquant le...
06:52 j'allais dire le fait de mettre en discussion une partie de l'état de droit
06:58 dès lors qu'il révèle sa totale inefficacité sur le plan de la sauvegarde des nations ?
07:05 Alors, l'inefficacité à quel niveau ?
07:08 - Je veux dire, tout ce qu'on constate, même l'affaire Dancy, d'une certaine manière,
07:14 montre qu'il y a une forme de bureaucratie qui ne permet plus correctement à l'Europe de gérer les droits d'asile.
07:23 Est-ce que c'est choquant, comme par exemple les Républicains, de mettre en cause le droit européen ?
07:31 Est-ce que vous considérez que cet état de droit est intangible ?
07:35 Ou est-ce qu'on a le droit de le remettre en cause quand il ne marche pas ?
07:38 - Alors, le problème, c'est qu'on a souvent tendance à mélanger tout ce qui est immigration et asile.
07:44 On a le droit de demander asile.
07:46 C'est un principe, ça fait des siècles et des siècles que ça existe,
07:51 mais la Convention de Genève nous l'a concrétisé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale,
07:55 et ça, c'est quelque chose auquel on ne peut pas renoncer,
07:57 à fortiori, lorsqu'on se déclare le défenseur des droits de l'homme.
08:01 Donc, se poser des questions politiquement, et je me garderais bien de donner mon opinion là-dessus,
08:06 sur le fait de restreindre l'immigration ou d'ouvrir d'autres voies légales différentes,
08:12 je peux entendre que ce soit un débat.
08:14 Mais le fait est que ça n'est absolument pas applicable dans notre cas.
08:18 Ce monsieur avait un titre de séjour délivré au motif de l'asile,
08:22 mais il avait un titre de séjour dans un pays.
08:25 Loin de moi l'idée de justifier le fait qu'il soit venu ou quoi que ce soit.
08:29 Mais juridiquement, on n'a pas le droit d'interdire à un étranger qui est légalement sur le territoire d'un pays européen,
08:37 quel que soit le motif pour lequel il s'y trouve, asile, famille, travail, etc.,
08:42 de se déplacer dans les autres pays.
08:44 Il a une limite.
08:45 Oui, mais il ne s'y est pas installé.
08:48 Il était enregistré dans une procédure légale.
08:51 Et c'est ça qui est compliqué, en fait.
08:53 - J'ajoute juste un mot.
08:57 Est-ce que vous n'avez pas l'impression que le droit d'asile par rapport à son origine humaniste est totalement dévoyé depuis ?
09:04 Je veux dire, vous aviez évoqué les raisons de sa création, je vous rejoins,
09:09 mais depuis, mon Dieu, quelle dénaturation !
09:12 - Le fait est que vous parliez à l'instant, monsieur Bilger, des...
09:16 - Bilger.
09:16 - Bilger, pardon.
09:18 Excusez-moi.
09:19 - Des combattants de la liberté.
09:21 (Rires)
09:22 - Des combattants de la liberté.
09:24 Le fait est que la société a évolué et la définition de l'asile a évolué parce que les crises ont évolué.
09:31 Les crises, les guerres ont évolué.
09:32 Donc, avant, on pensait à la Seconde Guerre mondiale, à l'extermination des juifs, des nazis, des homosexuels...
09:38 - Attention au micro, quand on vous entend bien.
09:40 - Mais depuis, il y a eu aussi la découverte du fait qu'il y avait un nombre incalculable de femmes qui étaient excisés de force,
09:47 qui étaient mariées de force,
09:48 le fait que des homosexuels continuent d'être persécutés dans un certain nombre de pays,
09:52 les opinions politiques...
09:53 Donc, tout ça, ça a évolué.
09:55 Donc, nécessairement...
09:56 Non, il n'y a pas de réfugiés climatiques.
09:58 Ça n'est pas dans la définition de la Convention de Genève.
10:00 On pourra prendre en compte différemment un autre sas, mais pour l'instant, ça n'a pas été reconnu.
10:04 Cette évolution-là n'est pas reconnue.
10:06 Donc, forcément, on est obligé d'avancer.
10:09 Et si c'est dévoyé, si vous estimez que c'est dévoyé,
10:13 encore une fois, je ne me prononce pas là-dessus,
10:15 c'est peut-être parce que certains représentants politiques ont l'impression que des demandeurs
10:21 vont utiliser l'asile pour venir s'installer,
10:23 parce que toutes les autres voies sont bloquées.
10:25 Oui, c'est ça. 0, 800, 26, 300, 300...
10:28 Vous pouvez appeler le 9...
10:29 Juste avant, à qui on vous prend dans un instant ? Jean-Michel Faubergue.
10:31 Oui, chère maître, je reviens sur le cas qui nous intéresse à Annecy.
10:37 Oui, l'assassin, enfin, celui qui a tenté d'assassiner ses enfants.
10:42 Il avait certes le droit de venir puisqu'il était réfugié en...
10:48 En Suède.
10:49 Mais étant réfugié en Suède, il vient en France faire une demande d'asile.
10:55 Il va en Suisse faire une demande d'asile, parce que la Suisse fait partie de l'espace Schengen.
11:00 Il va en Italie faire une demande d'asile.
11:03 Il est immédiatement signalé, ou aurait dû être signalé par les bornes Eurodac,
11:09 puisque c'est les bonnes Eurodac,
11:11 c'est là où on met ses empreintes,
11:15 elles disent immédiatement qu'il était en demande d'asile
11:18 et qu'il n'aurait pas dû pouvoir faire des demandes d'asile dans les autres pays,
11:20 puisqu'il bénéficiait.
11:21 Mais si !
11:22 Alors, oui, il y a deux écoles, effectivement, vous allez me dire oui.
11:26 Ah non, non, il n'y a pas deux écoles, c'est le Céséda, c'est très clair.
11:29 Si, si, il y a deux écoles, parce qu'on en a discuté pendant deux semaines,
11:32 pendant une semaine, et effectivement, il y a deux thèses qui s'affrontent.
11:36 Mais si c'est le cas, de toute façon si c'est le cas,
11:38 et si le Céséda le dit d'une manière générale,
11:41 ça prouve bien que ça ne fonctionne pas au niveau européen,
11:43 et que ne serait-ce que ces règles-là,
11:46 il va falloir les appliquer avec beaucoup plus de rigueur pour éviter ce type de...
11:49 Ou les changer, ou les changer.
11:50 Alors, aussi horrible et dramatique que ce soit,
11:55 en l'espèce, toutes les règles ont été respectées.
11:58 C'est-à-dire qu'il a borné à Eurodac,
12:01 il a été repéré en tant que personne qui bénéficie d'une protection dans un pays.
12:06 Donc, le fait qu'il ait déposé plusieurs demandes d'asile après la Suède,
12:10 ça, a priori, encore une fois, je ne peux pas me prononcer,
12:13 je n'ai pas le dossier sous les yeux,
12:15 c'est considéré comme une tentative de fraude.
12:17 Mais, quand on a une protection au titre de l'asile dans un pays,
12:21 on a le droit de déposer une nouvelle demande d'asile dans un autre pays
12:25 si on démontre que notre protection dans le pays n'est pas effective.
12:31 Et du coup, il n'y a que par l'instruction de cette nouvelle demande
12:35 qu'on peut constater qu'en effet, la protection dans le premier pays n'était pas...
12:39 - Maître 0826-300-300, une réaction de Hakim, Hakim on vous écoute.
12:43 - Hakim, maître Elolidou Journeau vous écoute.
12:46 - Bonjour.
12:47 - Oui, bonjour.
12:48 Oui, en fait, je ne sais pas si on peut s'aligner sur les positions drastiques du Danemark,
12:53 un pays que j'aime beaucoup parce que mon beau-frère est danois et je connais le pays.
12:57 Non, je voulais vous dire, dans le cas de l'affaire 26, ce qui m'a frappé,
13:01 c'est qu'un pays lui accorde donc l'asile, si j'ai bien compris,
13:05 et il s'ensuite, il erre dans les rues européennes.
13:10 Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il n'y a pas un parcours ?
13:12 Pourquoi il n'y a pas un parcours sociabilisant,
13:14 professionnalisant pour l'aider à s'insérer dans la société ?
13:17 Parce que j'ai l'impression qu'en fait, un pays lui donne le statut de protégé
13:24 et ensuite, il est livré à lui-même.
13:26 - Plus personne s'en occupe, c'est ça.
13:28 - Voilà, et moi je crois surtout que le problème il vient de là,
13:32 parce qu'on accepte ou on n'accepte pas, si on l'accepte,
13:35 non, ces cas-là, il faut atteindre jusqu'au bout
13:37 et l'aider à s'insérer dans la société avec un parcours d'ambition, de réussite, etc.
13:42 - Puisqu'il était SDF, réponse, c'était le cas en Suède ?
13:45 - Le fait est que justement, normalement, et on n'a pas le dossier,
13:49 donc on ne sait pas s'il a bien été accueilli,
13:51 s'il a bénéficié d'un logement, s'il a bénéficié d'allocations ou d'aides au travail, etc.
13:54 - Il avait une allocation de 400 euros par mois.
13:56 - Non, ça c'était en France, moi je parle en Suède.
13:58 - En Suède, il était marié.
14:00 - On ne sait pas comment ça a été pris en charge après sa protection.
14:03 Le fait est qu'en France, il s'est retrouvé SDF parce que
14:07 quand on arrive et qu'on dépose une demande d'asile en France,
14:10 on est trié, soit en procédure normale, soit en procédure accélérée.
14:14 Comme on n'a pas assez de place pour héberger tout le monde et pour suivre tout le monde socialement,
14:18 il y a un certain nombre de personnes, et souvent des hommes jeunes célibataires,
14:22 qui sont considérés comme non-prioritaires,
14:25 et du coup n'ont pas de logement qui est proposé par l'État, pas de CADA, pas de UDA,
14:29 et donc on leur donne une allocation et ils n'ont pas de travail social.
14:33 - Pas trop d'accueil pour demandeurs d'asile, c'est important.
14:35 - Voilà, et donc du coup, en effet, et pas lui tout seul,
14:38 un certain nombre de demandeurs d'asile errent,
14:41 parce qu'on n'a pas les moyens de les prendre en charge.
14:43 Mais il est dans le même cas que je ne sais pas combien de personnes,
14:47 et comme lui a été placé en procédure accélérée parce qu'il avait déjà une protection en Suède,
14:53 c'est pour ça qu'il s'est retrouvé dans cette situation d'erreur.
14:55 - Il donne de l'argent pour se loger.
14:57 - Mais il donne de l'argent pour se loger.
14:59 - Oui, mais l'allocation n'est pas suffisante malheureusement.
15:01 - Mais effectivement, on voit bien qu'au début du débat,
15:03 on était sur une question un peu macro-politique globale,
15:07 et en fait on voit bien, moi c'était un peu mon intuition de départ,
15:09 que c'est une question quand même aussi de suivi social,
15:11 au plus près de la personne, psychologique éventuellement,
15:14 et dans un cadre qui peut être associatif,
15:17 qui peut être un cadre étatique, je ne sais pas,
15:19 après les structures qui existent concrètement.
15:21 Et après, en l'occurrence, concrètement parlant,
15:23 il y a même à un niveau encore plus identifiable,
15:26 il y a même une question policière de base,
15:28 quelle était la sécurité après de ce coin, de ce parc, etc.
15:32 Mais voilà, à un moment donné, c'est des questions comme ça,
15:34 immédiates, qui sont quand même aussi à l'origine du drame qui s'est passé.
15:39 - Est-ce qu'il y a une réaction, surtout, c'est de dire,
15:41 pourquoi si on n'est pas capable de l'accueillir convenablement,
15:45 puisqu'il bénéficie d'un droit d'asile en Suède,
15:48 pourquoi on ne le renvoie pas en Suède ?
15:50 - Parce qu'on a le droit justement de demander à un autre pays
15:55 d'évaluer la protection dont on bénéficie.
15:58 Une protection, ce n'est pas juste la délivrance d'un titre de séjour
16:00 qui va vous autoriser à rester.
16:02 Et en fait, d'habitude, c'est un débat que l'on a sur la Grèce et sur l'Italie,
16:06 où il n'y a quasiment pas de travailleurs sociaux qui sont attribués aux personnes protégées,
16:10 on leur donne très peu de cours de langue,
16:12 il n'y a pas d'accès aux allocations, on ne s'inscrit pas aux impôts, etc.
16:14 Donc on a beaucoup de demandeurs d'asile qui,
16:16 après une protection en Italie et en Grèce,
16:18 arrivent ici en sortant d'un dénuement total.
16:22 Et donc, là, le fait que ce soit la Grèce, a priori,
16:26 qui est un système qui fonctionne un petit peu mieux,
16:28 je ne saurais pas vous dire pourquoi il en est parti.
16:32 Mais le fait est que, légalement, on a le droit de dire
16:36 "je ne suis pas bien protégée en Suède,
16:38 OFPRA, puisque il en était à la procédure à l'OFPRA,
16:40 OFPRA, dites-moi si j'ai raison de penser ça ou pas."
16:44 Et l'OFPRA lui a répondu "Monsieur, vous ne m'avez pas convaincu,
16:46 je pense que vous êtes correctement protégé en Suède."
16:48 200 000 demandeurs d'asile sont attendus en 2023 en France,
16:52 ce qui est considérable.
16:54 Certains mettent en évidence que des associations
16:58 ont lancé une espèce de business pour faire venir des gens
17:02 alors qu'on n'est pas capable de s'en occuper.
17:04 Est-ce que vous avez quand même un constat qui est le vôtre ?
17:08 Alors, je ne vous vois rien, vous allez me dire pourquoi.
17:10 Je rigole parce que j'ai eu la chance de passer sur un plateau
17:13 hier soir et qu'on m'a traité de militante de gauche
17:16 qui faisait dormir les gens chez elle précisément.
17:18 - Ah ! Il ne fait pas vrai ?
17:21 - Non, je ne les fais pas dormir chez moi, c'est déjà mon boulot.
17:24 Je ne peux pas tout faire non plus.
17:26 Mais ce que je veux dire c'est que bien sûr il y a toujours eu des réseaux de passeurs.
17:29 Bien sûr il y a toujours eu, que ce soit, on a caricaturé
17:33 le 13ème arrondissement dans un certain nombre de films,
17:35 on a caricaturé Aubervilliers aussi.
17:39 - La Goutte d'Or. - La Goutte d'Or, voilà.
17:42 Donc bien sûr que ça a toujours existé.
17:44 Mais je n'ai pas l'impression personnellement
17:47 de voir un business encore plus gros s'installer
17:50 pour pouvoir faire venir un maximum de migrants.
17:53 - En revanche, ce qui semble vrai à un niveau géopolitique,
17:57 c'est qu'effectivement vu le nombre de zones de conflits
17:59 qui existent quand même dans le monde aujourd'hui,
18:01 il faut s'attendre que, qu'on soit content ou pas de la chose.
18:05 Effectivement, est-ce qu'il y ait une hausse des demandeurs asiles ?
18:08 - C'est pour ça qu'il faut renforcer nos frontières.
18:10 - De manière assez mécanique et légitime.
18:12 - Le combattant de la liberté.
18:14 - J'ai pas dit contraire.
18:15 - L'asile n'est pas que le combattant de la liberté.
18:17 La femme excisée n'est pas combattante.
18:19 - Mais c'est vrai que cet homme, l'homme en l'occurrence,
18:22 vient de Syrie, il vient pas d'Australie, de Nouvelle-Zélande.
18:26 - Mais en Syrie, il n'y a plus ?
18:28 - Non, non, j'entends bien.
18:30 Mais c'est à l'origine, j'imagine qu'il va y avoir une situation peut-être...
18:33 - Vous restez avec nous, restez avec nous.
18:35 Quelques instants, on continue ce débat jusqu'à 19h00.
18:38 826, 300, 300, qu'en pensez-vous justement ?
18:41 Est-ce que vous pensez qu'il faut qu'on durcisse le ton,
18:44 comme le Danemark et la Hongrie, face à l'Union Européenne,
18:47 en ce qui concerne le droit d'asile ?
18:49 0, 826, 300, 300.
18:51 - Les auditeurs disent oui, 93%.

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