• l’année dernière
Avec Max Chaleil, écrivain, auteur de “Le monde de la prostitution” aux éditions de Paris Max Chaleil

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##LE_FACE_A_FACE-2023-04-12##

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Transcription
00:00 Merci André. Max Chalet, écrivain pour son livre "Le monde de la prostitution".
00:04 Bonjour Max Chalet.
00:05 Bonjour.
00:06 Alors, "Le monde de la prostitution, de la violence à l'illusion", aux éditions de Paris.
00:11 Alors attention, Max Chalet c'est un encyclopédiste.
00:15 Il nous amène un tome 1 qui fait déjà 500 pages pratiquement.
00:19 Et il nous annonce le tome 2 et le tome 3 pendant les prochains mois.
00:23 Et c'est franchement un travail formidable.
00:26 Formidable qu'il a fait Max Chalet.
00:27 Parce qu'il raconte toute l'histoire de la prostitution.
00:30 Et vous savez qu'il est plusieurs fois millénaire, on va en parler avec lui.
00:33 Et ce qui se passe entre Roxanette et Client.
00:36 Et c'est une histoire formidable parce que, en fait, c'est presque...
00:40 Alors on ne savait pas ce qui se passait dans les grottes de Lascaux.
00:42 On ne savait pas s'ils existaient.
00:43 Mais enfin c'est presque l'histoire du monde.
00:45 L'histoire de la prostitution.
00:47 Après aujourd'hui, ah oui on ne peut plus en parler, non ça ne se fait pas.
00:50 Si, si ça se fait.
00:51 Vous savez, le réel fera pas la porte, je le dis tout le temps.
00:54 Et quand vous le masquez, quand vous fermez les portes des fenêtres,
00:57 comme on fait certains WOK,
00:59 et bien on ne voit plus rien et après on la reçoit vraiment grave.
01:02 Et alors, vous avez raconté tout.
01:04 Les perversions, les travestis,
01:06 les lords bourgeois, les images du proxénète.
01:09 Et c'est vraiment un bouquin que je vous recommande parce qu'il est
01:12 bourré d'informations. Mais bourré d'informations.
01:15 Et encore une fois, le tome 2, le tome 3, on va parler des langages extraordinaires.
01:21 Le langage des prostituées, le langage des proxénètes, le langage des clients.
01:25 Il y avait, je ne sais pas, Mac Chalet nous en parlait, mais dites-moi,
01:28 Mac Chalet, au fond d'abord,
01:30 c'est une oeuvre d'encyclopédie, ça vous a pris combien de temps pour écrire ça, dites-moi ?
01:35 - Trente années.
01:36 - Ouais.
01:37 - A peu près. Je suis parti sur ce problème-là parce que j'étais
01:42 très jeune, fasciné par l'importance de l'image de la prostituée dans la littérature.
01:47 Et qui ne correspondait pas à son importance démographique.
01:50 Donc une fascination qui m'a interpellé,
01:53 littérature grecque, allemande, anglaise, française et tout.
01:57 Et donc je me dis, pourquoi ce personnage est-il au centre de la fascination
02:01 - littéraire. - littéraire, mais artistique, cinématographique.
02:05 - Bien sûr. - Donc, à partir de là, il fallait remonter, voir son importance dans l'histoire.
02:10 Et donc, voir ses pérennités, et pourquoi ses pérennités.
02:12 - Alors, on va en parler tout de suite après cette petite pause.
02:15 L'histoire de la prostitution, c'est absolument fascinant, à tout de suite.
02:19 Restez bien avec nous, vous avez la parole au 0826 300 300.
02:23 Vous nous appelez sur Mac Chaley pour son livre "Le monde de la prostitution".
02:27 A tout de suite sur ceux de Radio.
02:28 - Un personnage qui a mis le monde dans tous ses états depuis des millénaires,
02:33 la prostituée, ou le prostitué, d'ailleurs, il y a eu aussi bien des garçons que des filles,
02:38 les mâles que les femelles.
02:40 "Le monde de la prostitution, de la violence et l'illusion", écrit Mac Chaley.
02:44 Alors, vous avez commencé par dire pourquoi effectivement ce personnage,
02:47 qui effectivement est dans tous les écrits, la littérature, même la philosophie,
02:53 les peintures bien sûr, les peintures, les gravures, le cinéma, le théâtre bien sûr,
03:00 la putain respectueuse, ne parlons que de Sartre et compagnie.
03:04 Au fond, ça a commencé quand, Mac Chaley ?
03:07 Est-ce qu'on sait à peu près ? Je ne dis pas une date précise ou un jour précis, mais à peu près.
03:11 - Bien, très tôt dirais-je, parce qu'avant la prostitution publique, dirais-je,
03:14 on a la prostitution sacrée, un hommage aux forces terrestres, l'hymésis, etc.
03:20 Donc, les prostituées sacrées sont dans les temples, mais...
03:23 - En Grèce, ça ? - En Grèce, voilà.
03:25 Au Moyen-Orient, dans certains pays, voyons.
03:28 Donc, les prostituées sacrées jouent un rôle religieux, en quelque sorte.
03:32 Et l'obol va au temple.
03:34 Et donc, on a là une autre forme de prostitution qui basculera assez vite.
03:39 Encore que, il faut savoir que des pays n'ont jamais connu la prostitution.
03:42 - Quand vous dites "attendez, les prostituées sacrées", mais elles se livraient à des clients ?
03:46 - Des gens qui passaient, mais c'était l'obol allait au temple.
03:50 - Ah oui, ce qu'elles touchaient allait au temple.
03:52 - C'était un hommage... - Le temple était le proxénète de l'époque.
03:54 - Voilà, il y en aura d'autres par la suite.
03:57 Mais si vous voulez, effectivement, on a des pays, des civilisations qui n'ont pas connu la prostitution.
04:02 Ou le mot "prostituée" n'existe même pas. - Par exemple ?
04:05 - Eh bien, chez les peaux rouges, en Mélanésie,
04:08 dans un certain nombre de pays, au Tibet, etc.
04:13 Les Chinois ont introduit la prostitution au Tibet, en envahissant le Tibet, évidemment.
04:17 Mais on a une... Donc, il y a l'hospitalité sexuelle,
04:22 remplacer la prostitution, mais il n'y avait pas de dû, il n'y avait pas de paiement.
04:26 - Il n'y avait pas de paiement, oui d'accord. - C'était, on offrait...
04:28 Alors, parfois, la femme, évidemment, c'était une offrande qui était un peu dirigée, dirais-je,
04:33 mais enfin, il n'y avait pas la vénalité, à la clé.
04:36 Je peux dire que la prostitution publique, vénale,
04:39 commence, existe avec l'apparition de la cité, avec la Grèce.
04:45 Donc, la Grèce va, les villes existent, concentration de population,
04:50 donc, il y a le couple, lui qui est intouchable,
04:54 mais il y a tous les gens qui affluent dans les villes,
04:57 qui vont former un prolétariat avant la lettre,
04:59 et qui donc ont besoin de ces actions,
05:02 et Solon, 640 avant Jésus-Christ,
05:06 est le créateur du bordel, le Dictérion.
05:08 - D'accord, il s'appelait le Dictérion, c'est ça ? - Le Dictérion, ou officie les Dictériades,
05:13 entreprises d'État.
05:15 - Ah, entreprises d'État ! - Oui, oui, c'est Solon.
05:18 Et donc, on va retrouver ça tout au long de l'histoire.
05:21 On va le retrouver avec Napoléon, qui va s'inspirer
05:24 de la législation de l'Antiquité,
05:28 qui va perdurer jusqu'en 1946, en France.
05:31 Donc on voit une continuité, toujours...
05:35 - Donc depuis Solon,
05:37 depuis pratiquement 2000 ans,
05:40 2000 ans de prostitution, d'accord.
05:44 - Et donc, parce que la femme grecque est intouchable,
05:47 donc il y a toute cette population en rute,
05:52 qui n'a pas de femme,
05:53 eh bien pour la soulager, on crée le bordel.
05:56 - Oui, mais le bordel, il y a les femmes grecques.
05:57 - Alors, c'est surtout des captives et des esclaves.
06:00 - C'est ça, d'accord. - Soigneusement, on va éviter
06:03 d'employer des proxénètes. Alors il y a évidemment
06:06 toutes les esclaves, tous les captives lors des guerres incessantes,
06:09 les enfants vendus, volés, etc.
06:12 On va retrouver ça tout au long de l'histoire, d'ailleurs.
06:14 Et donc, c'est une administration qui supervise tout ça.
06:18 On aura des proxénètes également, qui vérifient tout ça.
06:20 On aura... L'héritage grec va se perpétuer dans la Rome antique,
06:25 et là, la Rome antique va... La population va exploser.
06:28 - Ah oui, beaucoup plus importante. - Plus importante, d'accord.
06:31 Alors on a une position féminine, mais masculine aussi.
06:34 On l'a en Grèce, naturellement, et surtout à Rome,
06:37 où là, le stupre devient généralisé.
06:41 - Y compris chez les Borgias, par exemple.
06:43 - Alors ça, c'est beaucoup plus tard. On va le retrouver aussi.
06:45 Mais dans le monde latin, et beaucoup d'auteurs latins
06:49 se font l'écho de cette prostitution.
06:52 On l'a déjà chez Terence, chez les Grecs,
06:54 mais on l'a aussi chez Martial, chez Juvenal, chez Petrone.
06:58 - Le satiricon ! - Comment ?
07:01 - Le satiricon de Petrone. - Voilà, absolument.
07:02 Et on le butte à tout moment, chez les auteurs latins, en permanence,
07:06 chez les auteurs grecs, Aristophanes, etc.
07:09 Et donc, c'est un univers omniprésent.
07:13 Et qui protège donc la femme grecque intouchable.
07:16 - Oui, comme la femme romaine. - La femme romaine, intouchable aussi.
07:20 Donc, à part quelques femmes qui vont s'émanciper,
07:22 mais en général, il s'agit de protéger
07:25 les femmes respectueuses, si l'on peut dire.
07:28 - Respectables. - Tout au long de l'histoire,
07:31 on aura ce souci, il faut préserver la morale.
07:35 - En fait, préserver le foyer. - Le foyer.
07:37 - C'est-à-dire, monsieur peut s'envoyer en l'air ailleurs, mais...
07:40 - Alors, évidemment, les hommes auront...
07:43 On est en société patriarcale, les hommes prendront des libertés
07:46 qu'ils ne toléreront pas chez les femmes, naturellement.
07:49 Alors, les quelques femmes qui vont s'envoyer en l'air, comme on dit,
07:52 eh bien, ce seront Messaline,
07:55 sous-entendu, est-ce que c'est vrai, est-ce que c'est pas Tacite qui raconte des histoires ?
07:58 C'est un problème. Mais elles seront vilipendées.
08:03 Certaines femmes abandonneront, suivront des gladiateurs, se feront prostituées,
08:07 mais ce sont des femmes qui incarnent une certaine malédiction.
08:11 - C'est ça, je comprends. - Mais c'est pas la généralité.
08:13 - Oui, mais c'est la femme maudite, quoi.
08:15 - Mais la plupart des femmes filent d'où ?
08:17 Et c'est les hommes qui s'envoient l'air.
08:18 - Mais donc, la prostitution est totalement quotidienne,
08:21 acceptée, elle est partout, quoi.
08:23 Alors, il y a pour les classes supérieures,
08:26 en Grèce, on a les Oléthrides,
08:28 on a, dans tous les pays, on l'a en Rome aussi,
08:30 on l'a au Japon avec les Geishas,
08:32 ça, c'est le plus sexuel on a,
08:35 à la fois, il y a la beauté, il y a le savoir dire, le savoir faire,
08:38 la danse, éventuellement, chez les Oléthrides grecs,
08:41 mais on a aussi, pour l'immensité des prostituées,
08:45 seront des dictariats de bas étage,
08:48 des pauvres femmes, des pauvres filles,
08:50 raptées, volées, et qui seront soumises...
08:53 - C'est un peu l'abattage, comme on dit.
08:55 - C'est l'abattage.
08:56 À Rome, comme...
08:57 Et il y a des séquences, certains auteurs latins racontent,
09:00 décrivent ces prostituées de bas étage,
09:04 elles sont répugnantes,
09:06 elles mangent des bouts de pain rassis,
09:08 elles sont pies nues,
09:09 ce que l'on trouvera au 18e siècle à Londres.
09:13 À Londres de Dickens,
09:15 Valais en parle, quand il est à Londres,
09:18 les prostituées sont vêtues en sac,
09:21 avec des vieux sacs,
09:22 pieds nus dans la boue.
09:24 On a cette exploitation de la femme tout au long de l'histoire.
09:29 - On va continuer d'en parler, c'est absolument passionnant,
09:32 après cette petite pause.
09:33 À tout de suite.
09:34 - Et vous avez la parole pour interpeller Max Chalaix sur son livre
09:37 "Le monde de la prostitution 0826-300-300",
09:40 vous nous appelez 0826-300-300.
09:43 À tout de suite sur Sud Radio.
09:44 - Les carottes sont cuites.
09:47 Les carottes sont cuites.
09:49 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
09:52 - Cet incroyable monde de la prostitution,
09:56 on en parle avec Max Chalaix et son livre,
09:59 encore une fois le tome 1 qui vient de paraître aux éditions de Paris,
10:03 "Le monde de la prostitution, de la violence à l'illusion",
10:05 et vous allez retracer, il y aura un tome 2 et un tome 3,
10:09 c'est énorme.
10:10 Et alors justement, on parlait de Rome,
10:13 de la Rome, de la Grèce antique, de Rome,
10:16 et alors, on ne peut pas raconter tout,
10:18 il nous faudrait 10 heures, mais reportez-vous au livre,
10:20 Marie vous raconte tout.
10:22 Alors pour avancer un peu, le Moyen-Âge, etc.,
10:25 c'était toujours un peu le même système,
10:27 c'est-à-dire de maison, de quartier,
10:30 Moyen-Âge, puis Napoléon, etc.
10:32 Le système fonctionnait toujours de la même façon.
10:34 - Au début, l'Église prend le relais de Rome,
10:38 évidemment, au début la prostitution est taboue.
10:41 Mais peu à peu, la thèse du moindre...
10:44 - La prostitution chrétienne à l'Église, c'est tabou la prostitution.
10:46 - Oui, mais la thèse du moindre mal fait son apparition.
10:48 Il faut protéger les femmes respectables, à nouveau.
10:52 Et donc, on va tolérer, on l'appelle les "clapiers",
10:55 - Les maisons de tolérance, d'ailleurs.
10:57 - C'est plus tardif.
10:58 - Je sais, mais quand vous dites "tolérer"...
11:00 - Alors, on va tolérer, disons, les...
11:02 - Les "clapiers".
11:03 - On l'appelle les "clapiers", pour les cages à lapins, pour les prostituées,
11:06 les "bourdeaux", parce qu'ils sont au bord de l'eau.
11:08 D'où les bordels.
11:09 - D'où les bordels, oui.
11:11 - Et on va donc avoir une population, et dans Paris, des quartiers,
11:16 les réservés, il y a les "bonnes rues",
11:18 c'est les ruchottes de l'époque, les bonnes rues,
11:20 et les filles, ce sont les filles folieuses,
11:23 les folles filles de leur corps, voilà.
11:26 On met toujours l'accent sur le côté aimable,
11:30 le côté volontariste, etc.
11:32 Mais il y a une position importante au Moyen-Âge,
11:34 avec des délimitations à tant de maîtres des Églises
11:37 pour qu'on puisse aller se confesser, se faire purifier après.
11:40 - Trois pâtés réservés.
11:43 - Et on voit très bien, par exemple, à Rome, Rome papale,
11:46 où il y a beaucoup de prêtres,
11:48 on constate que la position se porte très bien.
11:50 Donc la clientèle est évidemment partagée.
11:53 Mais donc tout au long de l'histoire, ça va se prolonger,
11:55 avec des tentatives d'éradication,
11:58 Saint Louis devra se résigner, tous les rois seront résignés,
12:01 et on arrivera peu à peu à la Révolution,
12:04 le Palais Royal, au moment de la Révolution,
12:06 est infesté, prostitué, effectivement.
12:09 Alors là, Robespierre essaiera aussi de limiter ça, l'incorruptible.
12:13 Alors on propose de les réformer, de les réformer à l'époque de la Révolution,
12:16 en leur lisant des textes patriotiques.
12:18 - Ah bon ?
12:19 - Ça marche pas beaucoup.
12:20 Il y a toujours des proxénètes,
12:23 qui sont là, omniprésents, tout au long de l'histoire de la Révolution.
12:26 - Tout le temps ? Il y a eu tout le temps des proxénètes ?
12:28 - Oui, pour alimenter.
12:29 On dit toujours que les filles auront de la même emotion, c'est faux.
12:32 L'immense majorité s'est orientée, s'est dériée.
12:35 Dans les proxénètes, les greluchons,
12:37 à l'époque du Directeur, c'est les greluchons.
12:39 Voilà, donc on a des noms à chaque fois qui vivent.
12:42 Et après, ça va continuer.
12:44 Napoléon va enfin remettre en pédance,
12:46 c'était parti un peu en quenouille,
12:48 il va remettre en pédance en s'inspirant de la Rome Antique.
12:50 Et la législation que fera Napoléon,
12:53 tiendra de 1808 à 1946.
12:56 - Ah ouais ?
12:57 - Et sera imitée par un nombre de pays dans le monde.
13:00 - Et c'était quoi, en quelques mots, la législation de Napoléon ?
13:02 - C'est une organisation, il y a des maisons-closes,
13:04 et donc une organisation,
13:06 les filles sont restreintes à des horaires,
13:08 et donc sous surveillance,
13:10 elles ne sortent pas n'importe où au banc,
13:12 il y a quelqu'un qui dirige la maison,
13:15 c'est plutôt une femme de bonne respectabilité.
13:17 C'est pas un homme, même si l'homme dessous, c'est lui qui fait tout.
13:21 Et donc, ça fonctionnera jusqu'à l'abolition des maisons-closes.
13:27 - Jusqu'à l'abolition, à 1946.
13:29 - Mais les maisons continueront d'une autre façon.
13:32 Après, ce sera des hôtels de passe,
13:34 - Et puis, quelques noms célèbres, comme Mme Clot, ou Mme Rémy.
13:39 - Alors, on aura des maisons "clandestines", tout le monde en est au courant.
13:42 On aura des maisons d'abattage à la goutte d'or,
13:45 pour les travailleurs immigrés,
13:47 où les filles étaient restreintes à des cadences de 80, parfois 100 clients par jour.
13:51 - Par jour ? Incroyable.
13:53 - C'est-à-dire 5 minutes.
13:55 - L'abattage, quoi.
13:57 - Et donc, là aussi, une population exploitée à outrance,
14:01 donc ce n'est pas la femme volontaire.
14:04 C'est vraiment des victimes.
14:06 Et on va continuer, après, évidemment, la rue Saint-Denis va se tarir.
14:11 La prostitution change un peu de nature.
14:14 Elle va d'abord, le téléphone, après, Internet va arriver,
14:19 et donc, ça sera beaucoup plus organisé,
14:22 par rendez-vous que l'on se fixera sur le téléphone et sur Internet.
14:26 - Oui, aujourd'hui, c'est ça.
14:28 - Et donc, on aura moins de prostitution de rue, moins de puissance visible.
14:31 Le but, essentiellement, aussi, du pouvoir,
14:34 c'est de tarir la prostitution visible, qu'on ne la voit plus.
14:37 - D'invisibiliser.
14:39 - Voilà. Si on ne la voit plus, c'est qu'elle n'existe plus.
14:41 - Oui, parce qu'on voit très bien, dans les rues de Paris,
14:44 la rue Saint-Denis, il y a encore 30, 40 ans, c'était peuplé.
14:47 - Voilà, c'était peuplé. Depuis le Moyen-Âge, ça n'a pas changé.
14:50 Maintenant, ça s'est remonté.
14:52 Un magasin de fringues et autres.
14:54 Mais la prostitution s'est déplacée dans les banlieues aussi, il y en a beaucoup.
14:58 - Il y a les salons de massage, etc.
15:01 - Les salons de massage ont eu aussi de lieu de prostitution.
15:04 Pas tous, forcément.
15:06 Mais il y a évidemment une floraison.
15:08 Et puis, les filles qui tapent sur Internet,
15:11 avec Uber, on va se balader d'hôtel à hôtel.
15:14 On aura donc une invisibilité relative.
15:17 Et un proxénétisme qui va rajeunir.
15:20 Les banlieues vont fabriquer de jeunes proxénètes, des proxénètes de 15-16 ans.
15:23 Et qui prostituent leurs copines.
15:26 Donc on a une nouvelle forme de prostitution qui est intense.
15:29 Mais qui n'est pas aussi visible.
15:32 Quand on voit les arrestations, les réseaux, les gangs,
15:35 la police arrête quand même énormément de réseaux de proxénètes.
15:38 - C'est les mêmes, un peu, la drogue et la prostitution, aujourd'hui ?
15:41 - Pas forcément les mêmes, mais c'est souvent les mêmes vecteurs au niveau...
15:44 - Il y a une porosité, quand même.
15:47 - Bien sûr.
15:49 Et en même temps, au niveau des passeurs, au niveau des réseaux,
15:52 on a souvent des similitudes.
15:55 - Et au fond, c'est extraordinaire.
15:58 Parce que c'est l'histoire de la prostitution qui est toujours là.
16:01 Et qui, on se dit, sera toujours là, au grand dame,
16:04 d'un certain nombre de gens. On peut comprendre.
16:07 Je veux dire, effectivement, la prostitution...
16:10 C'est ce côté couché pour de l'argent.
16:13 Mais ça se pratique à tous les niveaux de la société, cher Max.
16:16 - Oui, encore, je pense qu'il y a un distinguo entre
16:19 un prolétaire, un salarié,
16:22 et ses comptes de l'argent. Là, ces comptes de l'argent,
16:25 c'est l'intimité que l'on donne. C'est quand même très différent.
16:28 - Bien sûr. - C'est très différent. L'intimité, et puis,
16:31 quand on voit les pratiques exigées par certains clients,
16:34 on est dans la bestialité. Donc, c'est un salariat très particulier.
16:37 - Non, moi, quand je disais que ça continue,
16:40 etc., c'est-à-dire que, évidemment,
16:43 c'est un sectaire, c'est pas un salariat.
16:46 Ce que je dis, c'est d'ailleurs le problème de se livrer pour de l'argent.
16:49 Mais est-ce que ça n'a rien à voir ? Mais quand même,
16:52 une jeune femme ou un jeune homme qui couche avec sa patronne,
16:55 mettons, un jeune homme, pour la promotion canapé,
16:58 est-ce que c'est de la prostitution ou pas ?
17:01 - Non, je ne dirais pas que c'est la même forme de prostitution répétitive.
17:04 On peut dire qu'il y a prostitution
17:07 quand il y a vénalité et répétition. Et non-choix.
17:10 - Et non-choix, bien sûr. - Voilà. Quelqu'un qui va coucher
17:13 avec son patron pour arranger un petit peu sa carrière.
17:16 - Sa situation. - Voilà. Mais là,
17:19 c'est quand même très différent. - D'accord. - Donc, c'est un problème
17:22 qui se pose, qui me semble être... On est aux antipodes.
17:25 On voit très bien qu'on veut régulariser
17:28 tout ça, et on parle maintenant plus de prostitution, mais de
17:31 travailleuse sexuelle. On voit très bien pourquoi.
17:34 Travailleuse sexuelle, c'est un travailleur comme les autres. Et certaines
17:37 revendications demandaient que la sécurité, la retraite,
17:40 etc. On va dire, installée dans le paysage social,
17:43 une forme de travailleur particulier, sauf que
17:46 ces travailleuses vont faire des peep-pogues, mais ce sont des travailleuses.
17:49 Un peu poussées, quand même. - Vous ne vous serez pas pour
17:52 la syndicalisation des travailleuses sexuelles. - C'est demandé
17:55 en Allemagne, par exemple. Vous savez, l'Allemagne
17:58 est une organisation de la prostitution extraordinaire
18:01 avec les Eurocenters. - Oui, les Eurocenters. - Des monstres,
18:04 les Eurocenters, certains Eurocenters, ont 200 à 300 filles.
18:07 C'est colossal. - C'est une usine, quoi.
18:10 - C'est une usine. Il ne faut pas oublier que
18:13 les Verts favorisent la prostitution en Allemagne.
18:16 - Ah oui ? - Oui, ils sont en partie prenantes. - Ça fait partie de l'écologie ?
18:19 Ça diminue le CO2 ? - On peut en penser.
18:22 Mais c'est extraordinaire de voir ces trucs-là.
18:25 On a eu des députés Verts qui prônaient la prostitution
18:28 comme épanouissement de la femme. On l'a en France aussi.
18:31 On a même, Balinter a dit un jour que c'était, la femme,
18:34 la prostitution, était une émancipation. - Élisabeth Balinter.
18:37 - Oui, elle est sortie de cette rue-là dans un bouquin.
18:40 Et on a aujourd'hui des nanas qui disent que c'est une réalisation,
18:43 une transition de tous les moraux et tous les tabous,
18:46 ce procédé, c'est de devenir enfin femme à part entière. On a transgressé
18:49 la morale patriarcale. - Oui, c'est vrai, il y a eu des livres
18:52 là-dessus, très... - Voilà, bien sûr. Donc, on voit très bien
18:55 qu'on peut habiller,
18:58 ripolliniser un peu des métiers qui sont quand même
19:01 dans l'exploitation de la femme, forcenés.
19:04 - On va en parler tout de suite avec nos auditeurs, je pense.
19:07 - Tout de suite, vous pouvez rester bien avec nous. Vous continuez de nous appeler au 0826 300 300.
19:10 Vous avez la parole pour interpeller Max Chadeil, écrivain
19:13 pour son livre "Le monde de la prostitution".
19:16 0826 300 300. A tout de suite sur Sud Radio.
19:19 - Les Français parlent au français.
19:22 Je n'aime pas la blanquette de veau.
19:25 Je n'aime pas la blanquette de veau.
19:28 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
19:31 - Ah, le monde de la prostitution.
19:34 Mais vous savez, Zola, quand on se rappelle
19:37 Balzac, le 19e siècle, mais enfin, on peut
19:40 remonter à très très très très loin, c'est vrai.
19:43 Et dites-moi, Max Chadeil, dans votre livre,
19:46 là on est au tome 1, qui est passionnant.
19:49 Je suis sûr que les autres le sauront aussi, mais parlons de l'argent,
19:52 de la prostitution. Parce que vous avez parlé
19:55 de la proxénète, des maisons, de la manière dont c'était organisé.
19:58 Il fallait justement que les femmes
20:01 honnêtes soient protégées. Honnêtes entre guillemets, bien sûr.
20:05 Et ce chiffre d'affaires a toujours été immense.
20:08 Aujourd'hui, c'est quoi, le chiffre de la part de la prostitution ?
20:11 - C'est un chiffre très important. Il correspond, d'après
20:14 les observateurs, à peu près au trafic de drogue.
20:17 - Dans le monde ? - Dans le monde.
20:20 D'après l'ONU, il y aurait à peu près dans le monde 20 millions de prostituées.
20:23 Donc 700 000 chaque année, nouvelles.
20:26 - 700 000 nouvelles chaque année ? - Ah oui, c'est énorme. Il faut voir
20:29 les flux du monde dans le monde entier.
20:32 Et effectivement, un chiffre d'affaires qui pourrait aussi être autour de 30 milliards.
20:35 S'ils lui ajoutent la pornographie, qui bien souvent
20:38 a des liens, parce que dans les films pornographiques, on voit aussi
20:41 il y a des prostituées parfois utilisées,
20:44 on arrive à un chiffre de 60 milliards.
20:47 - 60 milliards de... annuels ? - Annuels, oui.
20:50 Donc ça veut dire des trafics, parce que la prostituée
20:53 rapporte de l'argent en se vendant, mais en étant vendue aussi.
20:56 Il n'y a pas que l'acte, il y a les trafics.
20:59 On vend... - Telle ou telle personne.
21:02 - On vend des petites filles. Pourquoi autant...
21:05 On peut dire en Europe, dans le monde occidental,
21:08 on a à peu près 80 à 90% des prostituées
21:11 qui sont d'origine étrangère. Tiers-Monde, pays de l'Est...
21:14 - Asiatique. - Asiatique. Alors Tiers-Monde,
21:17 Asiatique, Afrique, Amérique du Sud.
21:20 Et on a donc une importation
21:23 de plus en plus jeune, parce que le client aime la chair fraîche,
21:26 naturellement. Et donc, les prostituées à un moment âgé
21:29 se plaignaient, concurrence déloyale, évidemment.
21:32 C'était presque prostitution française, si vous voulez un peu comme...
21:35 - Vous allez vers la violence aussi. - Alors là, une violence
21:38 qui est devenue de plus en plus importante, et aussi
21:41 on voit une prostitution terrifiante aujourd'hui,
21:44 la prostitution sexuelle, le tourisme sexuel,
21:47 où on voit, notamment en Thaïlande,
21:50 à Phuket, à Pattaya, la vie des 100 000 prostituées,
21:53 des jeunes filles, parfois des enfants.
21:56 On a des enfants de 8 ans, des clients
21:59 qui vont voir. Très très jeunes.
22:02 - Comme en Afrique, il y a ça aussi. - En Afrique, oui.
22:05 - Et il y a des bons petits Européens, enfin Européens, qui vont aller chasser.
22:08 - Mais souvent, ils disent, avec une bonne conscience, en disant
22:11 "Finalement, on les aide à vivre, ils ont des problèmes financiers,
22:14 on les aide. On est finalement, on est bon."
22:17 - On garde la bonne conscience. - On sodomise une petite fille ou un petit garçon,
22:20 mais c'est pour l'aider à vivre.
22:23 - C'est caritatif. - Oui, presque.
22:26 Et donc, on voit là des réseaux, structurés dans le monde entier,
22:29 des routes de la prostitution, et on voit
22:32 des jeunes enfants, des jeunes garçons, maintenant il y en a beaucoup aussi.
22:35 - Vous voulez dire que ça circule, ça délie. - À travers le monde.
22:38 On voit les réseaux, les routes de la prostitution
22:41 qui partent, évidemment, de l'Asie,
22:44 de l'Afrique, et on voit le Nigeria,
22:47 qui est un très grand organisateur, avec des proxénès
22:50 de Nigeriens au Nigeria et en Europe.
22:53 - Et en Europe, il y a, il paraît, des proxénès de Nigeriens,
22:56 des gangs de proxénès de Nigeriens à Paris, d'ailleurs. - Des gangs qui véhiculent
22:59 et qui envoient tout ça. Et donc, ça c'est très important
23:02 de voir qu'on n'est plus dans l'expression "bon enfant"
23:05 à la pagnole, quand on voyait...
23:08 Non, on est dans une prostitution, maintenant, très structurée, où les
23:11 propriétaires de tous ces réseaux sont à l'étranger,
23:14 intouchables. Et ils corrompent les douaniers,
23:17 la police, etc. Et une organisation
23:20 mafieuse, tout ça est lié à la mafia, très très
23:23 importante, qui fait que bien souvent, c'est intouchable.
23:26 Et on arrête quelques fois, alors on voit
23:29 par exemple, une prostituée, on a arrêté, il n'y a pas très longtemps,
23:32 la police française a arrêté des gens qui étaient liés à des
23:35 trafics d'enfants et des pédophonographies.
23:38 On a vu, il y avait un directeur d'école, il y avait un travailleur
23:41 social, il y avait un maire d'une commune française.
23:44 Ça touche tous les milieux. L'ignominy touche les milieux.
23:47 Et au fur et à mesure que la prostitution devient de plus en plus présente,
23:50 même si elle est dissimulée, et bien,
23:53 il y a un souci d'aller vers le nouveau,
23:56 vers le plus jeune. Et on arrive à des choses
23:59 effrayantes, parce que la consommation,
24:02 on est dans la consommation débridée que notre monde
24:05 mondialisé connaît, et bien, on consomme...
24:08 - La surconsommation totale. - La surconsommation, et on va
24:11 de plus en plus jeune, parce qu'il faut trouver des...
24:14 son appétit a besoin de nouveautés. - Et ça touche
24:17 tous les pays d'Europe, partout. - Tous les pays, avec des
24:20 réseaux qui circulent en Rolande. Alors les pays qui ont légalisé la prostitution,
24:23 on voit l'afflux de la prostitution du tiers monde
24:26 de l'Europe de l'Est, qui a progressé complètement.
24:29 Complètement. - A explosé, on peut dire ça.
24:32 - A explosé, oui. - C'est terrifiant ça.
24:35 Et dites-moi, est-ce qu'il y a aussi
24:38 de ce point de vue, est-ce qu'il y a quand même
24:41 un essai d'encadrement, de sanctions,
24:44 ou en fait, on ferme les yeux plus tôt ?
24:47 - Il y a des sanctions, mais bon, tout dépend des pays. Il y a des pays
24:50 où on ferme les yeux complètement, où c'est pourri complètement.
24:53 Donc c'est très difficile de localiser,
24:56 puis certaines personnes qu'on peut arrêter
24:59 dans le pays, ben ils ne sont pas extradés.
25:02 Il y a donc, le travail des policiers français
25:05 à la répercussion des proxénétistes fait un boulot
25:08 et arrête quand même beaucoup de monde. Des réseaux
25:11 de proxénètes roumains, c'est très important, beaucoup de proxénètes
25:14 roumains. - Beaucoup de proxénètes roumains, oui. - Mais des pays d'Albanie aussi,
25:17 beaucoup d'Albanie, du Kosovo, etc.
25:20 Donc des pays qui, vers l'Italie, envoient
25:23 et des migrants et des prostituées. On a des mêmes
25:26 canaux qui sont utilisés pour les deux. - Ah oui, c'est ça, oui.
25:29 - On voit là, peu à peu, la mondialisation, c'est la mondialisation
25:32 vraiment à tous les niveaux. - Les armes,
25:35 les êtres humains, tout. - Tout y passe.
25:38 La mondialisation, c'est la victoire de la consommation. - Bien sûr.
25:41 - Ça, c'est un... Malgré ce que l'on nous disait, on nous vantait
25:44 l'époque heureuse où le monde va entrer dans le bonheur.
25:47 - La mondialisation heureuse dont on parlait, oui,
25:50 effectivement. Et dites-moi, en fait,
25:53 quel est le rapport, puisque vous avez étudié ça,
25:56 entre prostitution masculine et prostitution féminine ?
25:59 La prostitution féminine est très écrasante.
26:02 - Oui, on peut dire que, grosso modo,
26:05 c'est au moins 70% par rapport à la prostitution masculine.
26:08 - D'accord. - Mais elle a toujours existé. En Grèce et à Rome,
26:11 la prostitution masculine existe. Beaucoup moins par la suite,
26:14 mais là, elle est revenue, il y a beaucoup de petits garçons,
26:17 beaucoup de gens vont en Thaïlande s'envoyer des petits garçons.
26:20 - Oui, oui. - Ce sont des vacances organisées.
26:23 - Oui, absolument. D'ailleurs, des fois,
26:26 enfin, on ne va pas citer de noms, mais ils s'en vont,
26:29 ils écrivent des livres là-dessus. D'ailleurs, il y a un très bon livre,
26:32 vous en parlez dans votre Michel Houellebecq, "Plateforme",
26:35 vous en parlez absolument de ça, de ce tourisme sexuel. - Mais on a eu aussi Frédéric Mitterrand,
26:38 qui racontait ses histoires en Thaïlande. - Oui, Frédéric Mitterrand, absolument.
26:41 - Mais, comme il dit dans son livre,
26:44 après, il a un peu regretté d'avoir fait,
26:47 "J'étais réélu, et je payais." - "Je payais, oui."
26:50 - "Je payais le prévoste, mais il ne donnait pas, dans les mains, il le posait sur la table."
26:53 Quelle délicatesse ! - Magnifique, oui, en fait,
26:56 je ne participais pas à cela, ça n'avait rien à voir, et tout.
26:59 Et aujourd'hui, en fait,
27:02 est-ce que ce n'est pas...
27:05 En fait, qu'est-ce que a changé ?
27:08 - On en a beaucoup parlé en 1946, quand Marthe Richart, elle-même ancienne prostituée,
27:11 vous vous rappelez, effectivement, décide
27:14 de fermer, enfin, la loi passe, les maisons closes,
27:17 ferment, et on a tous, personne n'a vécu ça,
27:20 enfin, notre génération,
27:23 et n'en parlons pas, après, mais on a tous ces extraordinaires
27:26 photos du "one to two", du sphinx, etc.,
27:29 etc., qui étaient de véritables palais à Paris.
27:32 - C'étaient des palais fréquentés par, là, "one to two",
27:35 "le chemin, le sphinx", par une classe financièrement aisée.
27:38 - Certes, certes, mais enfin, les décors, c'est incroyable !
27:41 - Ah, les décors, ben oui, il y avait tout à l'unisson, il fallait faire oublier
27:44 que ce n'était pas qu'un rapport sexuel,
27:47 c'était une élévation, la musique, la fête,
27:50 et d'ailleurs, le rire, permanent,
27:53 le rire, les fanfreluches, pas les habits,
27:56 parce que c'était souvent dans le pays, à Paris,
27:59 mais il y avait un accompagnement, c'est toujours l'important,
28:02 l'accompagnement qui faisait que ce n'était pas un simple
28:05 rapport sexuel, c'était une fête.
28:08 Alors, le client était vêtu, la prostituée était à poil dans le bordel.
28:11 - Bien sûr. - Et donc, sentiment de supériorité,
28:14 aussi, mais en même temps, ça pose des vrais problèmes,
28:17 ça donne mazot. Un client
28:20 qui paie, d'une certaine façon, il s'humilie,
28:23 mais en même temps, comme il paie, il se valorise.
28:26 Donc, il y a en permanent, le client, entre sadisme et
28:29 masochisme. - Entre baloté, entre
28:32 sadieté... - Suis-je le dominateur ou suis-je le dominé ?
28:35 - Oui. - Alors, c'est très, c'est très, ça m'a passionné,
28:38 les rapports entre client-proxénète et prostituée.
28:41 Parce que là, on a une population
28:44 très curieuse, où finalement, le proxénète est l'intercesseur
28:47 entre la prostituée et le client, d'une certaine façon.
28:50 Là, le client jalouse en le proxénète,
28:53 parce qu'il a accès à la prostituée gratuitement, il lui doit
28:56 payer. Il y a un côté facile. Et en même temps,
28:59 la prostituée, elle rêve de s'embrouser, de devenir une femme
29:02 normale, et le proxénète aussi.
29:05 - Mais n'oubliez pas qu'il y a eu des prostituées qui ont fait
29:08 de très beaux mariages. - Quelques-unes. - Quelques-unes.
29:11 C'est l'exception qui confirme la règle. - Non, non, non, c'est plutôt
29:14 dans des hauts de gamme, c'est plutôt les "call girls", c'était
29:17 plutôt les grandes horizontales, etc.
29:20 - Les escorts. - Les escorts. C'est peu
29:23 le cas, très rarement le cas, dans la prostitution
29:26 de base. - Bien sûr, bien sûr. Et au fond,
29:29 ce voyage, on va en reparler quand vous serez...
29:32 Mais ce voyage à travers ce monde-là,
29:35 vous diriez quoi ? Que c'est au fond la zone...
29:38 zone d'ombre, enfin on fait pas du chemin moral là, mais
29:41 c'est la zone d'ombre du monde, enfin c'est quoi ?
29:44 C'est au fond, c'est indissociable du monde
29:47 de l'existence quotidienne, presque ? - Alors, c'est ce
29:50 dont je parle, et j'insiste beaucoup au début,
29:53 sur les sociétés qui n'ont pas connu la prostitution. On peut me dire que c'est
29:56 une société "primitive", hein, mélanesiennes
29:59 qu'on mange, etc. Certes,
30:02 mais la prostitution n'est pas forcément... Si y'a liberté sexuelle,
30:05 la prostitution n'est pas obligatoire. - Bien sûr.
30:08 - Souvent, c'est la concentration qui fait,
30:11 on est... La morale est triquée, qui fait que y'a...
30:14 C'est du jaillissement. - C'est le dévouloir, quoi.
30:17 - C'est que la société patriarcale se déploie en sa plus...
30:20 La femme, là, est réduite à sa plus simple expression.
30:23 - Bien sûr. - Là, vraiment, je trouve que c'est intéressant
30:26 de voir la condition de la femme, et non pas, comme aujourd'hui certaines bobos
30:29 féministes, qui applaudissent. - Ouais.
30:32 - Je pense que là, y'a un problème, quand on voit... Les prostituées
30:35 sont des femmes, tout au long de l'histoire, qui se sont battues.
30:38 La commune... Y'a des prostituées qui tiennent les barricades
30:41 de la commune. Le FLN, la guerre
30:44 de l'indépendance algérienne, beaucoup de femmes font la guerre.
30:47 Et après, le FLN les retraque dans les foyers,
30:50 parce que c'est fini, la comédie, maintenant. Rentrez la niche.
30:53 On voit tout ça, mais c'est passionnant. - Rentrez à la cuisine et aux enfants, quoi.
30:56 - Et on voit tout ça. Et moi, je trouve qu'aujourd'hui, ce qui se passe dans le monde,
30:59 en Iran, en Afghanistan, le rôle des femmes, la prostitution
31:02 ne sera vaincue que par les femmes, avec l'aide des hommes.
31:05 Pas du tout, c'est pas refaire un matriarcat à l'envers.
31:08 Je crois que le combat, c'est d'abord
31:11 la dignité de la femme. Si les femmes veulent se prostituer,
31:14 n'oublions pas qu'en France, la prostitution est libre. On peut se prostituer.
31:17 Mais, quand on y soit contrainte, c'est un autre problème.
31:20 - C'est clair. Merci beaucoup. Merci Max Chalet.
31:23 Vraiment un livre à lire, un livre passionnant.
31:26 "Le monde de la prostitution", Lucien.
31:29 - Oui, Max Chalet, écrivain pour son livre "Le monde de la prostitution".
31:32 Merci, chers auditeurs, d'être toujours aussi nombreux à nous écouter.
31:35 Vous pouvez retrouver notre émission sur Youtube ou en podcast sur Sud Radio.
31:38 Et tout de suite, l'émission de Brigitte Leh.
31:41 A tout de suite sur Sud Radio.
31:44 Sud Radio, parlons vrai.

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