Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Dans son édito du 17/05/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Cela reste à voir. La première chose qui me frappe, c'est qu'il y a, vous savez, si vous connaissez un peu le cinéma américain,
00:05il y a des films, quelquefois, qui s'étalent sur une série Police Academy 1, Police Academy 2, Police Academy 3, jusqu'à Police Academy 27, 28.
00:12Alors, il y a une série équivalente en France qui s'appelle La droite et de retour. La droite et de retour 1, La droite et de retour 2, La droite et de retour 3, La droite et de retour 4.
00:19Et ce qui fait qu'on dit, moi, quand j'entends La droite et de retour, je dis encore, mais elle ne fait que revenir, elle ne fait que se refonder, parviendra-t-elle ensuite à exister véritablement?
00:31Alors, voilà pourquoi je dis cela de manière un peu moqueuse, parce que quand on dit La droite et de retour et qu'on assimile ça au sort des LR, ça consiste à dire que la seule expression de La droite légitime demeure LR.
00:43On considère que LR, c'est La droite, La droite, c'est LR, et le reste n'est que périphérique, le reste n'a pas de substance propre, le reste ne compte pas vraiment dans la définition de ce qu'est La droite.
00:55Donc, en gros, ça nous dit finalement que l'ERN ne doit pas être comptabilisé à droite. Alors, on nous dira que l'ERN ne se voit pas lui-même comme de droite, mais partout ailleurs dans le monde, quand on regarde en France,
01:05l'ERN, on le classe quand même dans le pôle camp national, le camp national conservateur, populiste, et ainsi de suite.
01:10Donc, il y a cette idée que LR serait la seule expression historique légitime de ce qu'est la droite en France. C'est un peu étonnant.
01:19Par ailleurs, vous avez raison de le dire, on est devant une... Donc, il y a peut-être un effet de lassitude, je disais ça comme ça, quand la droite est de retour 28, on peut se dire, bon, encore...
01:29C'est pour ça que je ne l'ai pas dit, la droite est de retour.
01:31Je pense que c'est un thème classique de notre vie sociale et politique.
01:35Ensuite, il y a un élément qui est intéressant, c'est qu'on nous dit que c'est la campagne la plus à droite qui a été menée pour la conquête des LR.
01:42Et c'est vrai. Et c'est vrai avec cette originalité que Éretaillot et Vauquiez ont globalement les mêmes positions.
01:50Ensuite, ils ont des désaccords tactiques.
01:52Mais nous sommes devant deux hommes qui ont le même logiciel, le même programme, pas le même tempérament.
01:58Rotaillot est un Vendéen, Vauquiez plutôt bonapartiste, mais ils ont le même diagnostic sur les temps présents, la même lecture sur les temps présents.
02:08L'enjeu principal pour eux, c'est la question aujourd'hui de l'État de droit, en fait l'État de droit falsifié, qui vient impuissanter, pardonnez le terme qui n'existe pas,
02:18qui vient condamner à l'impuissance le politique, donc c'est une remise en question du dévoiement de la Ve République, c'est un appel à la reconstitution politique de la souveraineté populaire,
02:30c'est une volonté de rompre avec l'immigration massive, qui est une immigration de submersion, qui est une immigration de noyade.
02:36Donc globalement, on pourrait dire que les deux sont plutôt d'accord, les tempéraments ne sont pas les mêmes, évidemment les ambitions ne sont pas les mêmes,
02:43chacun se croit plus en position de l'emporter en 2027, ou à tout le moins considère que c'est une étape vitale que de s'emparer du parti.
02:52Là où il y a un point d'interrogation, peut-être deux, peut-être trois, c'est, si on regarde la course en ce moment, on a l'option,
03:00on dirait l'alternative entre deux versions de la droite décomplexées.
03:04Mais les deux parties qui s'affrontent chez LR, ce n'est pas Rotaillot et Vauquiez, fondamentalement ils sont sur la même ligne.
03:10Les deux parties, c'est le parti LR, on pourrait dire médiatique et idéologiquement décomplexé,
03:17et ensuite le parti LR du pays réel.
03:20Le parti LR du pays réel, je ne parle pas des militants, je parle des apparatchiks LR,
03:25de ceux que notre ami Dévécu appelle les dinosaures LR, de ceux qu'on pourrait appeler les barons LR,
03:30dont on peut penser des gens qui sont certainement de grande qualité,
03:33comme Jean-François Copé, comme Xavier Bertrand, comme Valérie Pécresse,
03:36qui sont obligés des gens de qualité, mais on se demande où ils ont des points de contact
03:41avec les deux candidats à la direction du parti.
03:44Quel est leur point de contact? On ne le voit pas immédiatement.
03:48Laurent Vauquiez dit qu'il faut une grande coalition à droite
03:51qui va globalement de la droite de la Macronie jusqu'à Saracnafo.
03:54Il faudrait lui poser la question supplémentaire,
03:56est-ce que ça implique aussi Marion Maréchal,
03:59est-ce que ça implique aussi les autres figures d'Éric Ciotti,
04:03tel qu'il est devenu aujourd'hui,
04:03est-ce que ça implique aussi Marine Le Pen demain au Jordan Bardella?
04:07Et si ce n'est pas le cas, pourquoi?
04:09Est-ce que Laurent Vauquiez reconduit l'interdit autour du RN?
04:13C'est un ni oui ni non, bien au contraire en la matière.
04:16Donc Vauquiez, qui est un homme très intelligent, sans le moindre doute,
04:18laisse planer l'ambiguïté autour du jusqu'où poussons-nous l'ouverture à droite.
04:23Mais pendant ce temps, n'oublions pas que,
04:25et j'ajoute, quant à Bruno Retailleau,
04:28il dit qu'il faut une majorité nationale qui va,
04:30je lui avais posé une fois la question au rendez-vous de Xavier Bertrand, par exemple,
04:33à Marion Maréchal, pour donner un peu l'ampleur de l'attente.
04:37Le problème, c'est que vous avez Jean-François Copé, soutien de Bruno Retailleau,
04:44qui dit non, non, mais ça, faites attention, ça c'est l'extrême droite, Knafo.
04:47Donc, on ne peut pas s'allier avec ça.
04:49Donc vous avez Valérie Pécresse,
04:51on se souvient de son grand tournant au moment de la présidentielle,
04:53dans son meeting où elle dit, avec moi, il n'y aura pas de grand emplacement,
04:57il n'y aura pas de grand déclassement,
04:58puis il nous explique ensuite que ce n'est pas ce qu'elle a voulu dire tout en l'ayant dit.
05:01Donc, moi, j'essaie de voir quelle est la possible cohérence de cette coalition
05:06où les chefs s'entendent pour avoir une majorité nationale très, très forte et décomplexée,
05:11mais où ceux qui les soutiennent reconduisent les interdits d'hier.
05:16Ça nous rappelle que pour LR, il y a trois options.
05:18Soit LR devient le surmoi conservateur de la Macronie,
05:24soit LR continue de croire qu'il peut tout fédérer autour de lui,
05:28misant sur un effondrement éventuel du RN,
05:31soit LR décide de devenir l'allié, le greffon gouvernemental sur le camp national,
05:36parce qu'il manque une culture gouvernementale au camp national.
05:38Mais c'est trois options possibles.
05:40Ce qui est certain, cela dit, c'est que cette élection n'épuise pas les contradictions
05:43qui traversent cette famille politique.
05:44On dit, Mathieu Bocoté, que la France n'a jamais été autant à droite.
05:49Est-ce le cas?
05:51Ça dépend à quel niveau on situe l'analyse.
05:53Sur le plan médiatique, c'est faux.
05:56Il existe aujourd'hui dans les médias des commentateurs, des chroniqueurs,
05:59des éditorialistes qui sont plus à droite qu'à gauche,
06:01même qui sont franchement à droite,
06:02mais il demeure très minoritaire dans le paysage médiatique.
06:06Mais le simple fait qu'ils existent rend la gauche complètement dingue.
06:09Il faut comprendre, vous connaissez ma formule, ma boutade,
06:11la gauche a été si longtemps dominante, si longtemps hégémonique
06:15qu'il lui suffit d'être contestée pour se croire assiégée.
06:19Et la droite a été si longtemps dominée
06:21qu'il lui suffit d'être entendue pour se croire dominante.
06:24Donc, la gauche, il a un adversaire, c'est terrible, nous sommes assiégés.
06:27Et la droite dit, un de nos hommes réussit à parler, ça y est, on domine tout.
06:31Mais dans les faits, la réalité des choses,
06:33c'est que la gauche fixe encore l'imaginaire politique du pays.
06:36Donc, sur le plan médiatique, la gauche est dominante.
06:38Sur le plan institutionnel,
06:40puis, je vais rappeler que tous les postes importants dans le pays,
06:43conseil constitutionnel,
06:44l'ensemble des cours suprêmes, comme dit Wauquiez,
06:48en la matière, il y a la formule et la bonne,
06:50sont gouvernés, sont dirigés par la gauche.
06:53Et pas par n'importe quelle gauche.
06:54Les dinosaures du PS, les anciens du PS,
06:58donc le Parti socialiste, qui est en voie d'extinction électorale,
07:02contrôle encore le vrai pouvoir,
07:04le pouvoir presque de l'État profond,
07:06qu'il préfère appeler État de droit.
07:08Sur le plan électoral, est-ce que c'est vrai?
07:12Sur le plan des préférences idéologiques,
07:14oui, à condition de faire une dissociation.
07:16Il y a une nette majorité à droite en France
07:18autour de la question de l'immigration,
07:21autour de la question de l'identité.
07:23Il y aurait probablement,
07:24Raphaël Dohan nous en parlera peut-être,
07:25il le dit dans son livre,
07:26une très nette majorité pour remettre en question,
07:29par exemple, le statut de fonctionnaire.
07:30Donc, peut-être même une majorité de droite économique
07:32qui existerait.
07:32Ça reste à voir, mais quoi qu'il en soit,
07:34sur la question identitaire,
07:35il y a une nette majorité.
07:36Sur les questions sociétales, ce n'est pas le cas.
07:38Les conservateurs sont en minorité.
07:39Je pense qu'il faut en convenir.
07:41Mais ce qu'il faut voir à travers cela,
07:43c'est que cette majorité idéologique,
07:46très claire,
07:47qui s'entendrait sur la survie du pays,
07:48donc entre l'identité, immigration, tout ça,
07:51c'est la majorité que la droite s'empêche de former
07:53parce qu'elle continue de reconduire l'interdit
07:56autour du RN ou de reconquête.
07:58Donc, elle reconduit l'interdit fixé par la gauche,
08:00même lorsqu'elle est décomplexée,
08:01même lorsqu'elle dit qu'on n'a jamais été aussi décomplexée
08:03qu'aujourd'hui, on est la décomplexion incarnée,
08:06même à ce moment-là, la droite dit quand même
08:07le RN, on ne veut pas y toucher,
08:08et on change d'argument.
08:09L'argument, c'est auparavant,
08:11ce sont des fascistes potentiellement,
08:12maintenant, c'est leur programme économique
08:13qui ne convient pas.
08:14Bon, mais le problème, c'est que l'argument
08:15du programme économique qui ne convient pas
08:16pourrait théoriquement se relativiser
08:18quand il s'agit de redresser un pays
08:19et d'assurer la survie même du peuple français.
08:22Mais pour l'instant,
08:23c'est le dernier loquet symbolique,
08:25le dernier verrou symbolique
08:26qui empêche à la droite de s'unir.
08:28On n'a pas parlé de l'union des droites,
08:29Mathieu Bocoté,
08:30l'union des droites a-t-elle encore un sens
08:32à vos yeux ?
08:33Elle devrait en avoir un.
08:35J'ai revu, vu et revu,
08:37ces derniers jours, en vacances,
08:40la série Baron Noir.
08:42Et ce qui m'a frappé là-dedans,
08:44vous tous l'avez noté,
08:45c'est à quel point le thème de fond
08:46des trois saisons,
08:47c'est l'union de la gauche.
08:48La gauche est profondément majoritaire
08:51dans le pays,
08:51mais parce qu'elle est désunie,
08:53elle ne peut pas gouverner.
08:55Mais tout l'enjeu,
08:56c'est de l'unir,
08:57de la rassembler
08:58pour qu'elle puisse enfin
08:59rendre à la France son âme.
09:01C'est une formidable série Baron Noir.
09:03C'est passionnant,
09:04c'est bien tourné,
09:05c'est génial.
09:06Il y a juste une originalité,
09:07c'est que c'est un regard inversé
09:08sur la réalité française.
09:09La réalité française,
09:10c'est que c'est une majorité de droite
09:12qui est incapable de s'unir
09:14parce qu'on lui interdit de s'unir,
09:16parce que ça impliquerait probablement
09:18de tailler,
09:19appelons ça,
09:20à l'aile gauche de l'omelette.
09:22C'est-à-dire,
09:22pour être capable d'unir la droite,
09:23l'unir la droite,
09:24disons ça largement,
09:25c'est quoi,
09:26ce serait le droit de la Macronie,
09:28comme on dit quelquefois aujourd'hui,
09:30jusqu'au RN,
09:31jusqu'à Reconquête.
09:32Donc, une espèce de grande alliance,
09:33une grande alliance
09:34qui irait de la droite décomplexée
09:36du camp national
09:37aux figures de la Macronie
09:38qui se veulent conservatrices.
09:41Mais ça,
09:41ça implique tout simplement
09:42d'envoyer paître
09:43le magistère moral de la gauche
09:45qui dit,
09:45si vous faites ça,
09:46vous basculez dans le fascisme,
09:47et ainsi de suite.
09:48Donc, le fait est que l'union des droites,
09:49et c'est un thème
09:50qui ne date pas d'hier,
09:51Zemmour en a souvent parlé,
09:53en a parlé pendant des années,
09:54c'est un thème
09:55qui est absolument essentiel.
09:57Il ne peut y avoir
09:57de redressement
09:58s'il n'y a pas d'union des droites,
10:00mais l'union des droites
10:00n'advient pas
10:01parce que la gauche
10:01fixe encore les critères
10:02de respectabilité,
10:03et de cela,
10:04nous ne sommes toujours pas sortis.

Recommandations