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##NOEPISODE##
Transcription
00:0014h-16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:04Samuel Dock est avec nous et nous évoquons les sautes d'humeur.
00:10On va voir quand il faut s'en inquiéter.
00:13Et nous avons Marjorie qui nous appelle.
00:15Merci de prendre la parole Marjorie et Samuel Dock.
00:18Vous vous écoute, allez-y.
00:19Merci à vous. Bonjour Samuel, bonjour Brigitte.
00:22Bonjour.
00:22Moi en fait je vous appelle parce que j'ai pas forcément...
00:26Déjà j'ai des émotions qui sont assez fortes, assez extrêmes.
00:32Oui.
00:33En général, dans ma vie en général.
00:36Après il y a une époque je suis allée voir une psy qui m'a dit que j'ai été hypersensible.
00:40Pour le coup c'est une psy qui me l'a dit.
00:42Et c'est vrai que quand j'ai lu...
00:43Quand vous dites psy, elle avait quoi exactement comme formation ?
00:47Elle était... comment on dit ?
00:50Psycanaliste.
00:52Ah bah voilà. Continuez.
00:56Et donc, enfin voilà.
00:58Et ensuite, dans ma vie, il y a 9 ans, il m'est arrivé une rupture très difficile.
01:03Et à partir de ce moment-là, ça a été très compliqué.
01:06C'est-à-dire que quand la rupture est arrivée, je ne dormais plus.
01:13Franchement, je pense que j'étais à deux...
01:14Pour moi, j'étais à deux doigts de la folie.
01:15Parce que je dormais plus.
01:17J'avais des problèmes de démangeaison.
01:19Donc j'étais persuadée que c'était à cause de ma lessive.
01:20Je voulais plus que les gens me touchent.
01:22Je ne voulais plus vraiment me laver non plus.
01:25Je ne voulais plus changer de vêtements.
01:27Et ça a duré combien de temps, cette phase ?
01:30Ça a duré...
01:32Deux mois, trois mois.
01:35Oui, c'est quand même...
01:37C'est beaucoup.
01:38Il faut savoir...
01:40Puis après, je donne la parole à Samuel Dock, qui est quand même plus spécialiste que moi.
01:43Il faut savoir que quand on vit une grosse épreuve, et une rupture amoureuse peut être une grosse épreuve,
01:51il peut y avoir comme ça des effets psychiques qui remontent à la surface.
01:58Oui.
01:58Oui, voilà.
02:00Et puis moi, je ne pouvais pas.
02:01Donc je suis retournée chez mes parents parce que je ne pouvais pas rester seule.
02:05C'était impossible pour moi.
02:07Je voyais beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde.
02:11J'aidais les autres avec leurs problèmes parce que ça me faisait du bien.
02:15Voilà.
02:15Et donc après, ça s'est calmé.
02:18Ça allait mieux.
02:19Mais je suis toujours angoissée, en fait, depuis.
02:25Je suis angoissée.
02:26Je fais très souvent des crises d'angoisse.
02:29Voilà.
02:30Ça s'est calmé tout seul, cette crise ?
02:34Alors, j'ai vu beaucoup, énormément de médecins différents.
02:39Voilà.
02:40Voilà.
02:41J'ai vu des médecins, des météoranopathes.
02:43J'ai vu des psys.
02:44J'ai plus vu des acupuncteurs.
02:46J'ai vu des gens qui faisaient du fiatou.
02:47En fait, il fallait que je sorte de là, il fallait que je trouve une solution.
02:50J'avais l'impression d'être un rat enfermé dans un labyrinthe et que le labyrinthe prenait feu.
02:54Il fallait que je sorte.
02:56Et en fait, l'hypnose m'a beaucoup aidée.
03:00Mais vous n'avez pas vu de médecins psychiatres à cette époque, malgré la violence des symptômes
03:04que vous décrivez, avec insomnie, avec même des délires.
03:07Parce que c'est ça aussi dans la manie, si vous voulez, ça je ne l'ai pas dit en introduction,
03:10mais dans la manie, il y a assez fréquemment des éléments délirants.
03:14C'est-à-dire que les personnes vont se mettre à complètement tisser des idées irrationnelles.
03:18Donc ça, ça s'entend un petit peu dans votre propos.
03:22Et j'ai l'impression, en vous écoutant, parce que vous parlez du rat dans le labyrinthe en feu,
03:26vous parlez de troubles du sommeil, vous parlez comme ça d'une espèce de frénésie sociale,
03:31d'une boulimie sociale.
03:32Ça ressemble quand même beaucoup à un épisode maniaque ou hypomaniac,
03:34ce dont vous avez fait l'expérience.
03:36J'ai l'impression.
03:37Et je pense que c'est pour ça que vous appelez aujourd'hui,
03:38c'est que vous avez dû reconnaître des trucs, non ?
03:41Oui, en fait, sur le coup, je n'ai pas pensé à ça.
03:44Et puis après, j'ai pensé à ça.
03:45Et c'est vrai qu'en plus, j'étais très...
03:49Oui, c'était très, très dur.
03:53Et puis, oui, j'étais perdue, quoi.
03:57J'étais perdue, mais non, je ne suis pas allée voir de psychiatre.
04:01Oui, mais c'est...
04:05Je ne sais pas pourquoi.
04:07Parce que j'ai essayé de trouver d'autres solutions.
04:10Oui, mais je pense qu'il y a encore dans l'esprit de beaucoup de gens
04:13qu'on va voir un psychiatre parce qu'on est fou.
04:15Et ça, c'est une erreur.
04:17C'est dommage.
04:18Parce que le psychiatre, c'est le médecin de la psyché.
04:21C'est tout.
04:23Alors, bien sûr que le psychiatre va aussi soigner des schizophrènes et des fous.
04:29Mais le psychiatre, c'est d'abord le médecin de la psyché, quoi.
04:33Donc, quand on a des troubles d'humeur forts, comme vous semblez les décrire,
04:39parce que c'est quand même...
04:41C'est très violent, oui.
04:42Mais vous voyez, c'est intéressant parce qu'en off, avec Brigitte,
04:47j'évoquais quelque chose, je lui disais qu'il faut de 8 à 10 ans
04:50entre la survenue des premiers symptômes et le diagnostic de troubles bipolaires.
04:54Voilà, il y a de 8 à 10 ans qui se sont écoulés.
04:57Et quand je vous écoute, quelque part, vous permettez de comprendre pourquoi.
04:59C'est-à-dire que dans ces 8 à 10 ans, il y a déjà toute cette errance thérapeutique.
05:03Voilà, on consulte des psychanalystes.
05:05Je n'ai rien contre un je suis psychanalyste aussi, j'ai le titre.
05:08Mais bon, à certains moments, je préfère être psychologue.
05:10Donc, des acupuncteurs, des hypnothérapeutes.
05:12Je vais préciser quand même que malheureusement, aujourd'hui,
05:16on peut se mettre psychanalyste sans formation très solide.
05:20Absolument.
05:21Autant, on ne peut pas se mettre psychologue-clinicien sans avoir le diplôme.
05:25Mais psychanalyste, aujourd'hui, ça reste très flou.
05:28Exactement.
05:29Et c'est pour ça, vous voyez que quelque part, du fait que cela fasse peur,
05:32psychologue, psychiatre, docteur en psychopathologie, tous ces mots,
05:36ça va nourrir parfois une certaine forme de déni.
05:38On va se dire, tiens, je peux y arriver par moi-même.
05:40Je me connais moi-même.
05:42Et le problème, c'est que certains troubles qui, à ce moment-là,
05:44pourraient rester à l'état aigu, critique, vont s'installer dans la durée.
05:48Donc, chers auditeurs, si vous nous écoutez, à travers ce témoignage,
05:52je vous invite vraiment à vous faire aider, à oser.
05:55Au pire, vous vous serez trompé.
05:56On est mauvais juge de soi-même.
05:58Marjorie, ce que j'entends, c'est qu'au fond, vous avez beaucoup souffert,
06:01alors que peut-être une aide médicamenteuse vous aurait un peu soulagé
06:06et vous auriez moins souffert.
06:08Oui, c'est sûr.
06:09Après, j'ai pris des somnifères à ce moment-là,
06:12mais honnêtement, ça ne m'a servi à rien.
06:15Ça ne servait à rien.
06:16Pourquoi les somnifères ?
06:16Parce que les somnifères, ça n'agit pas quand il s'agit de cet embrasement
06:20que je décrivais.
06:21Une personne qui est bipolaire, si on lui prescrit des somnifères,
06:23franchement, ce n'est pas ça qui va faire bouger la phase maniaque.
06:25C'est les régulateurs d'humeur qui vont lui permettre d'avancer.
06:28Donc, c'est ça la grande difficulté.
06:30Après, qu'il y ait un événement déclenchant à une phase maniaque ou hypomaniaque,
06:35ça arrive.
06:36C'est-à-dire qu'un très très grand choc peut révéler quelque chose qui était déjà là à l'état latent.
06:40Oui, parce que moi, je n'ai pas de truc.
06:43Mes émotions, elles sont assez extrêmes,
06:47mais ce n'est jamais pour rien.
06:50Il y a toujours une raison là-dessus.
06:53Et moi, ce que je voulais demander, parce qu'aussi,
06:55ma grand-mère, elle est bipolaire,
06:57donc est-ce qu'il n'y a pas des trucs d'hérité, des trucs comme ça ?
07:01Je pensais plus en parler vers la fin de l'émission,
07:04mais tant mieux si vous m'autorisez, si vous me permettez de le faire,
07:06c'est qu'il y a vraiment une prédisposition génétique
07:09avec une héritabilité élevée.
07:11C'est-à-dire que quand vous rencontrez un médecin psychiatre ou un psychologue,
07:14on va quasiment tout de suite vous demander
07:16si dans votre entourage familial, il y a une personne bipolaire,
07:18il y a une composante génétique.
07:20Oui, parce qu'après moi, je suis...
07:24Dans tout ça, à un moment, je suis allée voir des psychiatres
07:26et c'est heureux que j'en ai vu deux.
07:28Ah, vous avez vu quand même ?
07:29Oui, mais les deux, honnêtement,
07:32je me suis dit que vraiment les psychiatres,
07:34ils comprennent rien, enfin désolé,
07:35mais les personnes que j'ai vues,
07:38il y en avait une, je la voyais une demi-heure
07:40tous les quinze jours,
07:42elle se rappelait même plus ce que j'avais dit la fois d'avant
07:45et il y en avait une autre,
07:48elle était un peu loufoque, quoi.
07:50Elle m'a dit non, mais...
07:51Enfin, elle m'a fait des antidépresseurs, c'est ok.
07:53Puis elle m'a dit non, mais il faut que vous travailliez,
07:55ça ira mieux, et puis voilà, quoi.
07:57Ah oui, oui.
07:58Et elle vous a donné des antidépresseurs sans superviser,
08:01ce qui allait se passer ensuite,
08:01parce que le risque dans ces cas-là, je vais vous dire,
08:03si on vous prescrit des antidépresseurs,
08:04c'est de complètement flamber,
08:05c'est-à-dire que l'antidépresseur qui n'est pas suivi,
08:08il va avoir l'effet inverse
08:08et il va induire un état maniaque ou hypomaniaque.
08:11S'il n'est pas suivi, c'est un risque.
08:13Moi, j'ai continué à l'avoir,
08:15et ça a été, ça m'a fait du bien les antidépresseurs.
08:17D'accord, bon, très bien.
08:18Parce qu'en fait, je n'étais pas à ce moment-là,
08:19c'était au moment,
08:20après, j'ai eu de nouveau des...
08:22pas un truc comme ça,
08:23mais j'avais des crises d'angoisse tout le temps,
08:25mais c'était juste des crises d'angoisse.
08:33Attendez, ce n'est pas anodin,
08:34des crises d'angoisse ?
08:35Non, ce n'est pas anodin, non.
08:37Ça pourrit la vie.
08:39Ça pourrit la vie,
08:40et certains patients qui souffrent
08:41de troubles anxieux généralisés,
08:42et c'est pour ça, vous voyez que vraiment,
08:44c'est très important, l'expérience diagnostique,
08:46certains patients qui ont des états anxieux graves,
08:48parfois, on a même l'impression
08:50qu'ils souffrent d'une manie tellement ils vont mal.
08:52C'est-à-dire qu'ils sont tellement pris à la gorge
08:53que ça ressemble.
08:54Et c'est pour ça que dans ces cas-là,
08:55une chose que j'invite à faire,
08:56c'est aussi de rencontrer quelqu'un
08:58avec qui passer un bilan psychologique,
08:59c'est-à-dire passer des tests,
09:00mais quelqu'un de sérieux,
09:01pas des tests en ligne sur Internet.
09:03Oui, bien sûr.
09:04Et moi, j'avais plutôt l'impression,
09:07quand je visais un peu,
09:08parce que c'est vrai que c'est dur,
09:10en fait, moi, j'habite dans une petite ville,
09:11vraiment, et ce n'est pas forcément un bilan
09:13de trouver des projets professionnels compétents.
09:16Quand j'entends vos émissions brillées,
09:19je me dis, ah là là, si je pouvais.
09:21Mais c'est vrai que des fois,
09:22bon, on est un peu,
09:24il n'y a pas trop des choix
09:25très variés et grands.
09:28Et en fait, moi, je me suis dit
09:29que c'était plutôt que je trouvais...
09:32Enfin, pour moi, je souffrais plutôt
09:33d'un trouble maniaque généralisé,
09:37je ne sais pas quoi.
09:38Enfin, parce que je suis très anxieuse.
09:40Ah oui, puis vous ne pouvez pas vivre avec ça.
09:42C'est franchement vivre avec une anxiété.
09:44Dans mes livres, je raconte
09:45comment j'ai souffert d'un trouble anxieux.
09:47Une personne qui n'en a pas fait l'expérience
09:49ne peut pas imaginer l'enfer que c'est
09:51que d'être anxieux.
09:52Cette impression d'être dans une pièce
09:53dont on a retiré tout l'air,
09:55les palpitations,
09:56la hausse de la tension artérielle,
09:58les idées terribles qui vont avec.
10:00C'est une horreur de vivre avec ça.
10:02N'est-ce pas ?
10:03Oui, oui, totalement.
10:04Ben voilà.
10:05Et aujourd'hui, comment vous allez ?
10:09Ah ben aujourd'hui, bon,
10:10là, j'ai des angoisses qui sont revenues.
10:16Donc voilà, ça ne va pas fort, fort, fort, fort.
10:20Mais c'est pour ça que je vais prendre rendez-vous.
10:24Parce que c'est vrai que quand j'ai pris
10:25les antidépresseurs, ça m'a fait du bien.
10:26Donc peut-être qu'il faut prendre rendez-vous
10:29avec un bon psychiatre.
10:30C'est vrai qu'il y a une liste d'attente
10:31contre les bons psychiatres.
10:34Et même si vous habitez dans une petite ville,
10:36il y a forcément une ville un peu plus importante
10:38qui est peut-être un peu loin.
10:40Mais parfois, ça vaut le coup
10:41de faire un peu de route
10:42et d'avoir quelqu'un de compétent.
10:44Vous savez, comme je le dis souvent,
10:47notre santé, c'est notre bien le plus précieux.
10:50Ah, c'est sûr.
10:51Et on est quand même dans un pays
10:53où on a ce qu'il faut pour aller mieux.
10:55Donc prenez vraiment soin de vous.
10:58Faites cet effort-là.
10:59C'est le cadeau que vous pouvez vous faire.
11:01Et aussi, vous verrez sur Doctolib,
11:03maintenant, même sur des psychiatres,
11:05mettons parisiens ou quoi,
11:07vous pouvez faire des consultations en ligne.
11:09Ça se fait de plus en plus.
11:10Moi, j'ai beaucoup de patients
11:11qui vivent en province
11:12et ça se passe très bien.
11:14D'accord.
11:15Donc ça se fait aussi, rassurez-vous.
11:16Rassurez-vous aussi de ce côté-là.
11:18Aujourd'hui, il y a aussi la télétérapie
11:19qui peut être un relais
11:20quand il y a vraiment un désert médical.
11:22D'accord. OK.
11:24En tout cas, je vous remercie.
11:26Merci Marjorie de votre appel.
11:29C'est important parce que votre témoignage
11:31va peut-être faire écho
11:32à d'autres personnes qui nous écoutent
11:34et qui pourront peut-être aussi se prendre.
11:38On sait aujourd'hui d'ailleurs
11:39qu'il y a une montée anxieuse dans la population.
11:43Elle serait due à...
11:44Alors, je sais que c'est depuis le Covid, surtout.
11:47C'est due à quoi ?
11:48Il y a beaucoup de facteurs,
11:49mais je crois que c'est une crise civilisationnelle
11:52que nous rencontrons
11:53où chacun s'enferme sur son propre moi,
11:56sur sa propre individualité
11:58et n'arrive plus à être en lien.
11:59On vit très coupés les uns des autres,
12:01chacun derrière notre écran,
12:03chacun derrière nos commandes.
12:03C'est la dislocation des familles, notamment ?
12:06Peut-être.
12:07Peut-être que ça joue.
12:08Le milieu familial est de moins en moins présent.
12:12Les couples se séparent,
12:13les enfants sont entre deux familles.
12:16On va dire qu'il y a une vingtaine, trentaine d'années,
12:21les familles étaient plus soudées,
12:24même s'il y avait tous les problèmes familiaux
12:26qu'on connaît, bien sûr.
12:27Mais il y avait quand même des familles
12:31qui se soutenaient.
12:32C'est une possibilité.
12:35Mais le monde lui-même
12:36semble devenir bipolaire,
12:38si je puis dire.
12:39C'est-à-dire avec des injonctions contradictoires,
12:41avec des émotions contradictoires à tout instant.
12:42C'est vrai que c'est noir ou blanc.
12:44La nuance a disparu.
12:45Et c'est vrai que l'individu se retrouve quand même écartelé.
12:48Il faut à la fois prendre soin de sa santé,
12:49mais vivre les expériences les plus folles.
12:52Être écologique, mais être un bon consommateur.
12:55Voyager beaucoup, mais ne pas prendre l'avion.
12:57L'individu est déchiré par les injonctions du capitalisme aujourd'hui.
13:01Donc je crois que tout ça, ça mérite d'être étudié.
13:03Et de toute façon, et vous l'avez suffisamment dit...
13:06Et on manque peut-être un peu de sacré aussi,
13:07au sens large du terme.
13:09Au sens de spiritualité ?
13:11Oui, je ne parle pas de religion particulièrement.
13:13Mais le sacré, c'est ce qui nous permet justement
13:16de nous sentir reliés à quelque chose
13:20qui nous rassure, au fond.
13:22Peut-être de trouver un sens à l'existence.
13:24Et c'est là que le corps parle.
13:25Quand on ne trouve plus de sens à l'extérieur de soi,
13:27on vient griffer, gratter l'intérieur de soi.
13:30D'où d'ailleurs l'explosion du tatouage, notamment.
13:35C'est assez étonnant de voir à quel point le tatouage,
13:38en quelques années, a pris une ampleur incroyable.
13:42Absolument, pour marquer son individualité.
13:44Et puis comme on dit, le corps, c'est une sorte de miroir du social.
13:48Donc c'est à la fois réussir à se personnaliser,
13:50porter un discours devant les autres,
13:52et en même temps, moi, moi, moi, moi, moi.
13:54Il y a vraiment cet engloutissement narcissique.
13:56La théorie n'est pas du tout de moi.
13:57On la retrouve chez tous les théoriciens de la post-modernité.
14:00Mais quand même, réussir à se sortir de soi,
14:02c'est peut-être déjà aller mieux.
14:04Et en même temps, le tatouage, c'est aussi abîmer son corps.
14:08Le marquer, ce n'est pas forcément quelque chose de...
14:12Et ça peut d'ailleurs poser des problèmes par la suite.
14:15Parce que le tatouage, ça ne s'enlève pas comme ça non plus.
14:18Alors moi, je vais vous répondre.
14:19Je ne risque certainement pas de me faire tatouer.
14:21Parce que si je me fais tatouer,
14:22je ne pourrais plus rentrer dans les sources chaudes japonaises.
14:24Et c'est un de mes plus grands plaisirs dans la vie.
14:25Alors, hors de question.
14:27Ah oui, au Japon, le tatouage est interdit.
14:30Complètement.
14:30C'est-à-dire que comme c'est une chose des Yakuza,
14:32vous savez, la mafia japonaise,
14:34je raconte ma vie, cette curieuse émission,
14:36ça m'empêcherait de rentrer dans ces sources chaudes.
14:38Et franchement, c'est vraiment une des expériences que je préfère
14:40d'être dans une eau bouillante comme ça,
14:42nue, pour la petite information.
14:44Donc pas de tatouage pour moi, non.
14:46Mais c'est intéressant de voir comment la culture japonaise tient...
14:51C'est peut-être un des pays au monde
14:55où ça tient quand même la culture.
15:00Oui, on voit aussi qu'on ne peut pas faire violence.
15:02C'est-à-dire qu'on voit beaucoup d'Instagrammeurs
15:03venir chouiner parce qu'ils se sont fait refouler d'une source chaude.
15:06Et non.
15:07Parfois, il y a des lois et il faut les respecter.
15:09On va continuer à évoquer évidemment nos sautes d'humeur.
15:13Mais si vous êtes avec quelqu'un
15:17et que vous avez un peu l'impression qu'il passe d'un état à un autre
15:22et que vous voulez des précisions,
15:24n'hésitez pas à nous rejoindre
15:25parce que je pense que Samuel pourra vous aider à comprendre
15:29si en effet il y a besoin d'aller consulter ou pas.
15:33Bon, après, je crois quand même aussi
15:37qu'il ne faut pas tout confondre.
15:39Et l'anxiété, c'est quelque chose de très particulier.
15:44On est tous un peu angoissés en tant qu'être humain.
15:47C'est normal.
15:48Maintenant, l'anxiété, c'est vraiment un état de souffrance.
15:52C'est la différence qu'il faut être un peu angoissé
15:55parce qu'on a peur de perdre son boulot
15:58ou on a peur d'être quitté.
16:00Je dirais que c'est assez humain.
16:03L'anxiété, c'est vraiment quelque chose encore de différent.
16:06Tout à fait.
16:07C'est un état de peur sans objet.
16:09C'est-à-dire que la personne va vraiment déployer des ressources
16:11face à une menace qui souvent n'existe pas
16:13ou qui est irrationnelle ou exagérée ou même absente.
16:16Et là aussi, ce sont des choses, j'insiste,
16:18qui peuvent se travailler.
16:19On apprend paradoxalement qu'en lâchant le contrôle,
16:22on arrête de donner prise,
16:23on arrête de donner corps à ses peurs sans objet.
16:26Et souvent, malheureusement,
16:27les patients qui souffrent d'un trouble anxieux généralisé
16:29vont essayer de beaucoup contrôler leur environnement
16:31et leurs émotions
16:32alors que c'est à l'inverse, en lâchant,
16:34qu'elles vont réussir à...
16:35Voilà.
16:35Et ça se manifeste corporellement
16:37par de la transpiration,
16:39des palpitations,
16:40enfin des choses assez physiques.
16:42Très, très, très, très physiques.
16:43Moi, je donne un exemple à mes patients.
16:45Si là, je dis, voilà,
16:47Brigitte, imaginons,
16:48je vous dis,
16:48oh mince, alors il y a un lion dans la pièce.
16:51Partons vite, vite, vite,
16:51fuyons,
16:52on risque de se faire mordre.
16:53Voilà.
16:53Ce serait rationnel,
16:54ce serait adapté,
16:55puisqu'il y aurait le lion.
16:56Mais si, par contre,
16:57à l'instant,
16:58sur mon portable,
16:59j'ai vu qu'un lion s'était échappé
17:00du zoo de Vincennes
17:01et que je vous disais,
17:02oh Brigitte,
17:03je viens de lire qu'un lion
17:04s'est échappé du zoo,
17:05vite, vite, vite,
17:06fuyons.
17:06Ben non.
17:07Ça voudrait dire que je réagis
17:08à un péril qui n'est même pas encore là,
17:10qui est totalement virtuel,
17:11ça n'aurait pas de sens.
17:12Et le trouble anxieux, c'est ça.
17:12C'est réagir alors qu'il n'y a pas de menace
17:14ou alors que de menace serait virtuel.
17:15Ce serait quand même étonnant
17:16qu'il rentre dans le studio.
17:18En plus.
17:19D'où l'exemple.
17:20On est d'accord.
17:21Bon, allez,
17:21on fait une petite pause
17:22et on continue à parler de tout ça
17:24après les infos.
17:25Est-ce que vous subissez
17:26des changements d'humeur
17:28ou des troubles de l'humeur ?
17:29On en parle aujourd'hui
17:30avec Samuel Dock.
17:31Venez participer à l'émission
17:320826 300 300.

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