Avec Laura Nicolet, Productrice de lait à Comté à Saint-Maurice Crillat dans le Jura (39130), fromagerie 100% BIO
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00:00Pourquoi des écologistes, des animalistes veulent qu'on arrête de manger du comté ?
00:06Oui, oui, l'un des fromages les plus populaires de France, vous avez bien entendu, on en parle avec une productrice.
00:10Bonjour Laura Nicolet.
00:13Bonjour.
00:13Bienvenue sur Sud Radio.
00:15Merci.
00:15Vous êtes productrice de lait à comté, vous êtes à Saint-Maurice-Cria, c'est dans le Jura.
00:21C'est une fromagerie 100% bio.
00:23Alors ça s'est passé il y a un peu plus d'une semaine chez nos confrères du service public sur France Inter
00:26dans une émission avec une interview d'un naturaliste et écologue nommé Pierre Rigaud,
00:33militant par ailleurs animaliste, qui appelle à ce qu'on cesse de manger du comté
00:37parce que la production intensive de comté dans le Jura serait mauvaise pour la nature,
00:43que ça polluerait avec cette conclusion si le comté est mauvais écologiquement,
00:47si c'est mauvais pour les animaux et terrible parfois même pour les animaux,
00:51dans ce cas-là il faut arrêter d'en manger.
00:53Est-ce que ça vous surprend d'entendre ce genre de propos ou pas ?
00:56Ah oui, c'est surprenant, c'est surtout excessif et puis je pense que ça vient de personnes en l'occurrence
01:04qui ne connaissent pas suffisamment leurs sujets et qui ne connaissent pas tous les enjeux de la filière comté.
01:12Alors tous les enjeux et tous les sujets justement, on va revenir aussi sur les quelques reproches
01:16qui étaient faits par cet homme parce que c'est bien d'en discuter en plus avec une productrice.
01:20Vous déjà vous êtes 100% bio, votre lait ça veut dire quoi ?
01:25Ça veut dire que, alors nous on est en agriculture biologique depuis 1997, donc c'est assez...
01:31Vous étiez dans les pionniers quoi, ouais ?
01:33Voilà, c'est ça, oui.
01:34Et ça veut dire que nous on a le cahier des charges du comté qui est déjà très exigeant,
01:41auquel on rajoute le cahier des charges de l'agriculture biologique
01:43qui va nous amener, entre guillemets, des contraintes supplémentaires dans notre façon de travailler.
01:49Donc en fait on est doublement régularisé, doublement contrôlé et doublement sanctionné
01:55si on ne fait pas notre travail comme il faut quoi.
01:57Voilà, ça veut dire aussi pas d'utilisation de produits chimiques je suppose ?
02:02Oui, le cahier des charges, comme je dis, du comté est déjà strict et en bio on va rajouter des choses,
02:08donc pas d'engrais chimiques, on va rajouter des choses au niveau notamment de l'aspect sanitaire pour les bovins,
02:15pas de traitement antibiotique ou très peu, voilà.
02:18Plein de petits détails comme ça qui s'ajoutent à notre cahier des charges du comté.
02:24Donc ça c'est pour votre comté, pour le comté d'ailleurs, et en particulier le vôtre qui est très bon,
02:29en tout cas issu de votre lait.
02:31Parlons maintenant des reproches qui étaient adressés à la filière par ce chroniqueur.
02:36Il expliquait notamment que les déjections des vaches Montbéliarde,
02:40dont le lait est utilisé pour le comté évidemment,
02:42avaient tendance à polluer les sols et les cours d'eau du Jura.
02:46Est-ce que vous confirmez ce qu'il dit ou pas ?
02:50Alors non, je ne peux pas confirmer ça, et puis surtout on ne peut pas généraliser en fait,
02:55ce n'est pas les vaches qui polluent, ce n'est pas comme ça que ça marche.
02:58C'est-à-dire qu'en France et dans le monde, il y a toujours eu des bovins, des ruminants,
03:03parce que c'est les déjections des ruminants en général,
03:06mais je veux dire, leur nombre n'a pas évolué au fil des années,
03:10au contraire il y en a même moins.
03:11Ce qui pollue le plus, les rivières, c'est la pollution humaine,
03:18c'est celle-là qui pollue le plus, parce que c'est celle-là qui a beaucoup augmenté ces dernières années.
03:23Les vaches, il y en a toujours le même nombre.
03:25Après, il y a des règles à respecter, nous en tant que producteurs,
03:28on a des choses à faire, à ne pas faire,
03:30tout ce qui est lisier, fumier, tout ça, épandage,
03:35tout ça, on est régularisé, on n'a pas le droit d'épandre vers les coudes d'eau,
03:39sur les bassins versants,
03:40on n'est pas en train de reculer avec notre passeur et notre zone à l'isier
03:44directement dans les rivières, c'est complètement faux,
03:46et personne ne le fait, et personne ne le fait,
03:49ni quand les sols sont enneigés, ni quand il fait trop froid,
03:52enfin voilà, il y a vraiment des règles à suivre,
03:55et tout le monde, à ma connaissance, les respecte,
03:57oui, comme dans toutes les filières, comme dans toute chose où il y a des règles,
04:01il y a des gens qui essayent de contourner les règles,
04:03ou de travailler de façon moins stricte,
04:07mais ça reste des minorités.
04:09Et c'est pour ça que vous êtes surveillé.
04:12Oui, et on ne peut pas dire que c'est les vaches en béliarde
04:14qui polluent les rivières de France-Conté,
04:16c'est un raccourci qui est complètement absurde,
04:19il y a un ensemble de choses,
04:21et je ne vois pas pourquoi les vaches en béliarde
04:23pollueraient plus que les usines qui sont en bord de rivière,
04:26ou voilà.
04:27Dernier reproche qui est adressé par ce chroniqueur à la filière,
04:31élever des vaches pour leur lait,
04:33c'est cruel dans la mesure où on les prive de leur veau très tôt,
04:36qui sont en plus pas bien traités.
04:38Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
04:40Ça, c'est un éternel débat,
04:43j'entends ça depuis toujours,
04:46la maltraitance animale,
04:48le fait qu'on sépare le veau de sa mère,
04:51c'est des pratiques d'élevage qui existent depuis la nuit des temps.
04:55Après, nous, on travaille dans des conditions de bien-être animal,
04:59et on a très à chaleur là-dessus,
05:01parce que notre cas des charges nous l'imposent,
05:02mais nous aussi, personnellement,
05:03on veille toujours à ce que nos animaux soient au quotidien bien traités,
05:08bien nourris, bien logés.
05:10On fait au mieux pour que toutes les transitions se passent bien,
05:13y compris celle d'enlever le veau à sa mère.
05:16Nous, on les laisse un jour avec leur mère,
05:18et ensuite, effectivement, on les retire de leur mère,
05:20parce qu'on trait la vache pour avoir son lait,
05:23pour faire du compter.
05:23Mais le petit veau, il est...
05:26Nous, on s'en occupe comme si c'était un bébé, quoi.
05:30On prend soin de nos animaux du début à la fin.
05:32Ce n'est pas parce que c'est un veau qui va partir dans un élevage ou autre
05:36qu'on va mal s'en occuper, mal le nourrir, mal le loger.
05:40On s'occupe de nos animaux de façon sérieuse et avec passion.
05:46Et avec amour, surtout, parce qu'on l'entendait aussi, votre passion.
05:49J'imagine que si vous, depuis 97, vous faites dans le bio,
05:53c'est quand même que vous avez particulièrement une passion pour ce que vous faites.
05:57On est d'accord ?
05:58Oui.
05:59Merci beaucoup et bonne journée à vous, Laura Nicolet.
06:02On va se prendre un petit bout de trompe-té pour le petit déjeuner ?
06:05Voilà, c'est à toute heure de la journée, le conflit.
06:07Voilà, il n'y a pas d'heure.
06:08Vous êtes productrice de lait dans le Jura, on l'aura compris.
06:12Merci beaucoup d'avoir pris la parole ce matin sur Sud Radio.
06:15Vous étiez en direct de Saint-Maurice-Criat dans le Jura.