Vendredi 9 mai 2025, retrouvez Stéphane Crosnier (Directeur général, Inverto France), Stéphane Labranche (Coordinateur Scientifique, GIECO), Amélie Rouvin (Fondatrice, EChOSOPHIA), Eric Duverger (Fondateur, la Convention des Entreprises pour le climat) et Thibault le Marié (Fondateur, Blanc Blanc Blanc) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00Générique
00:00Bonjour à toutes et à tous, c'est un grand format de Smart Impact que je vous propose aujourd'hui.
00:13Une heure pour creuser les enjeux de transformation environnementale et sociétale avec un grand entretien.
00:1826 minutes face à une personnalité qui compte dans notre économie et cette question prête pour l'impact que je poserai.
00:25A Éric Duverger, le fondateur de la Convention des entreprises pour le climat.
00:30Pour ouvrir cette émission, je reçois dans une minute Stéphane Cronier, le directeur général d'Inverto France,
00:35cabinet de conseil spécialisé dans la logistique et les achats.
00:38On évaluera les conséquences de la guerre commerciale mondiale déclenchée par Donald Trump.
00:43Dans notre débat, on va découvrir ensemble le GECO, groupe international d'évolution du comportement pour la transition,
00:50au comment faire du facteur humain le moteur de la transformation.
00:54Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai blanc, blanc, blanc, organisme de formation
00:59qui s'installe cet été dans l'ancienne manufacture de lin à Laval.
01:05Il sera question de textile.
01:06Voilà pour les titres, c'est parti pour ce Smart Impact en format XXL.
01:10L'invité de Smart Impact, c'est Stéphane Cronier.
01:21Bonjour.
01:22Bonjour Thomas.
01:22Directeur général d'Inverto France.
01:24On va parler de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, des risques, mais aussi des opportunités.
01:29Il y en a, ça représente pour les entreprises en France et en Europe.
01:32Un mot d'Inverto France qui est une filiale du Boston Consulting Group.
01:36Votre spécialité, c'est quoi ? Logistique, achat ?
01:39Alors c'est achat et ce qu'on appelle au sens plus large la gestion des chaînes d'approvisionnement.
01:44Donc tout ce qui est flux physique et d'information pour que les produits arrivent au bon endroit, au bon moment et à un coût raisonnable.
01:50Et donc vous ne chômez pas depuis que Donald Trump est revenu à la maison.
01:55Ah non, après les épisodes Covid, Ukraine, qu'ont créé des perturbations massives sur ce chef d'approvisionnement,
02:01maintenant c'est les droits de douane et il y a des nouvelles tous les jours.
02:07Donc il faut être flexible.
02:08Quand vous avez vu Donald Trump présenter sa liste des taxes douanières, ce Liberation Day, comment vous avez réagi ?
02:17Est-ce que vous avez trouvé, cherché une cohérence déjà dans les chiffres qu'il annonçait ?
02:20Il y a eu une méthode de calcul qui a été expliquée, qui était plutôt simpliste.
02:25Après, il y a eu un moment quand même de sidération vis-à-vis des montants qui ont été annoncés.
02:32Et puis après, on a vu un certain nombre de pays répondre, dont la Chine et une réponse encore des Américains.
02:37Donc aujourd'hui, si on regarde les droits de douane, je ne vous apprends rien, entre la Chine et les États-Unis,
02:42on est à 145% de droits de douane, donc on a des montants vraiment punitifs.
02:47– Oui, en fait, ça veut dire fermer l'entrée du pays à ses produits, quand on est à 145% de droits de douane.
02:53– C'est fermer l'entrée. Là, en fait, c'est intéressant, Bloomberg a sorti récemment une petite étude.
02:59Ils ont pris un cargo qui est parti le 2 avril de Chine, qui est arrivé juste avant l'annonce d'amendation des droits de douane,
03:07qui vient d'arriver aux États-Unis. Il y avait à peu près 550 millions de valeurs dans le porte-container.
03:14Une fois arrivé aux États-Unis, il y avait plus de 400 millions de droits de douane supplémentaires à payer. C'est énorme.
03:22– Alors Donald Trump, il a finalement annoncé une pause de 90 jours, qui nous mène grosso modo jusqu'à la mi-juillet.
03:29Alors sauf pour la Chine, on va en reparler après.
03:31Mais comment les entreprises peuvent mettre cette pause à profit ? Il y a des choses à faire en ce moment ?
03:36– Absolument. Alors il y a plusieurs types d'actions à mener. Il y a des actions d'abord de mise en place,
03:43rien de très original, de cellules de gestion de crise. La plupart des entreprises ont fait pour piloter un petit peu
03:49entre les annonces, les actions de très court terme. Il y a des actions d'influence aussi.
03:55On a vu récemment des entreprises dans le secteur automobile, dans le secteur du high-tech,
03:59aller discuter avec des lobbyistes vers le gouvernement américain
04:04et obtenir des exemptions, un gel, des mesures. On a vu ça sur l'industrie automobile,
04:10on a vu ça sur l'industrie du high-tech. Et donc plutôt que de répondre frontalement dans les médias,
04:15cette stratégie d'influence peut être intéressante.
04:17Et puis après, il y a un certain nombre d'actions plus pratiques.
04:19C'est celle que je regarde moi sur le sujet achat et gestion des chaînes d'approvisionnement,
04:24qui est des choses très court terme, donc de repriorisation, décalage des flux.
04:31On a vu par exemple des constructeurs automobiles type Audi, Jaguar Land Rover,
04:35arrêter en fait d'expédier leur voiture neuve aux Etats-Unis,
04:39s'appuyer sur le stock qu'ils ont déjà dans leur réseau de distribution
04:42pour satisfaire la demande client, en attendant d'en savoir plus,
04:45puisque les droits sont punitifs.
04:48Et puis après, on a des actions un peu plus long terme, de modélisation, des impacts,
04:54de définition des scénarios pour prendre des actions de type chercher des nouveaux fournisseurs,
05:01par exemple, dans des zones moins impactées, même s'il y a un moment d'incertitude.
05:06Et puis faire des scénarios, on en a parlé, pour se préparer une fois qu'on arrivera au 9 juillet
05:12et qu'il y aura peut-être un peu plus de stabilité, mais il ne faut pas avoir l'illusion non plus là-dessus.
05:17– Ce n'est pas garantie. – Pour être capable d'enclencher des scénarios de réponse.
05:21– Alors c'est passionnant, ce qu'on dit, parce qu'il y a à la fois,
05:24il y a toutes les stratégies possibles, parfois il faut agir, parfois il faut attendre.
05:28On est face à une incertitude qui est l'essence même de Donald Trump
05:33depuis qu'il est revenu à la Maison-Blanche.
05:35On a, oui, son contraire, une solution médiane le troisième jour,
05:39il occupe l'espace médiatique comme ça.
05:41C'est quand même compliqué pour les entreprises de prendre des décisions
05:44sur le long terme dans un tel contexte.
05:46– Alors exactement, donc il y a des décisions comme changer des lieux de production,
05:51comme qualifier de nouveaux fournisseurs dans des zones géographiques
05:54qui demandent des investissements massifs.
05:56Donc là, il est urgent d'attendre, mais on se prépare en définissant justement
06:02ces scénarios, utilisant des outils digitaux pour modéliser les impacts
06:06et être prêts. Ceci dit, il y a un certain nombre d'actions
06:09que des sociétés avaient déjà commencé à enclocher,
06:11notamment à l'époque du Covid de l'Ukraine, qu'on est de toute façon en mesure d'accélérer.
06:16Si je prends un exemple, Apple avait commencé à déplacer des moyens de production
06:20de ses iPhones de vers la Chine vers l'Inde, à accélérer ce mouvement ces dernières semaines
06:24pour justement couvrir presque l'ensemble des besoins de la demande aux États-Unis
06:31par ces moyens de production en Inde.
06:33– Par ces moyens de production en Inde. Alors si on parle au niveau européen,
06:36puisque l'Union européenne, après la pause annoncée par Donald Trump,
06:39l'Union européenne a, on va dire, reporté ses représailles.
06:42Alors c'est compliqué parce qu'il faut à la fois répliquer aux États-Unis
06:45sans se jeter dans les bras de la Chine.
06:48C'est quand même une ligne de crête ça dont on parle.
06:50– Oui, donc pour les entreprises européennes, c'est très compliqué.
06:54Il y a des entreprises européennes avec une empreinte de toute façon mondiale
06:58et elles vont accélérer leur politique de régionalisation de leurs moyens de production.
07:04Là on voit par exemple Mercedes-Benz a annoncé des investissements
07:08sur des lignes de production aux États-Unis pour produire certains de leurs modèles.
07:13On a vu LVMH qui avait déjà une usine de production aux États-Unis
07:18qui va continuer à accélérer sur ces choses-là avec des challenges particuliers
07:22puisqu'on a des challenges sur la main d'œuvre qualifiée ou pas,
07:26sur des problèmes des fois de qualité.
07:28– Oui, effectivement, avec des droits de douane qui finalement,
07:32ce que j'entends, qui impactent quand même déjà parfois la résilience des entreprises.
07:37C'est-à-dire que c'est récent mais il y a des effets concrets dès aujourd'hui ?
07:41– Il y a des effets concrets.
07:43– Ce que vous racontiez sur le conteneur bloqué et la valeur de son…
07:49– Non, il y a des effets concrets. On a une entreprise industrielle que je ne citerai pas
07:54mais avec laquelle on a échangé récemment qui produit dans l'ensemble du monde
07:59et qui a récemment en fait redirigé ces flux vers les États-Unis
08:06qui servaient historiquement depuis la Chine, maintenant servaient de base en Asie du Sud-Est
08:13ou de leurs usines en Europe.
08:15Donc on commence à voir un certain nombre de réconfigurations
08:18et donc on parlait de capacité de résilience, d'agilité, c'est absolument clé.
08:22Ça a commencé à être construit au moment du Covid
08:25sur des problématiques de résilience qui étaient dirigées vers assurer la disponibilité des produits.
08:32Là, on est sur assurer le maintien de ma marge autant que possible, c'est compliqué
08:37mais c'est le même genre de dynamique en termes de capacité à réagir vite
08:41et à mobiliser ces moyens de production dans différentes parties du monde.
08:44– Si on reprend le bras de fer États-Unis-Chine,
08:48l'une des annonces de ces derniers jours, c'est l'ouverture de discussions directes
08:54entre l'émissaire américain et chinois qui vont se dérouler en Suisse.
08:57Là aussi, si on parle d'une entreprise mondiale,
09:03il y a des conséquences qui se font déjà sentir.
09:07Est-ce qu'on peut rester ?
09:08Si vous, vous essayez d'anticiper, quand vous conseillez vos clients,
09:11vous dites on ne va pas rester à 145% de droits de douane, ce n'est pas possible.
09:15Parce que les deux économies en souffrent d'une certaine façon.
09:17– Aujourd'hui, c'est tellement difficile d'anticiper.
09:20En fait, on n'essaye pas de deviner quel va être le résultat final.
09:25En fait, on aide nos clients à se positionner autour de différents scénarios.
09:31Donc, il y a des scénarios plus réalistes que d'autres.
09:32Mais il y a des scénarios où on dit oui, les choses vont se tasser.
09:35On va arriver à quand même 10-20% de droits de douane.
09:38Et puis, on a des scénarios extrêmes.
09:39Mais il faut, par rapport à ces scénarios, avoir des plans d'action.
09:43– Il faut avoir une réponse pour chaque scénario.
09:44– Des plans d'action appropriés qu'on est capable d'activer
09:48autour du 9 juillet quand les choses seront peut-être plus claires.
09:52Mais entre-temps, n'importe quoi peut se passer.
09:54– D'ailleurs, laquelle des deux économies ?
09:58C'est la chinoise ou l'américaine qui a plus à perdre de ce bras de fer ?
10:02– Je pense que c'est des deux côtés, pour être clair.
10:06– Ça va dépendre des entreprises.
10:07– On le voit, en fait, les conséquences sont vraiment spécifiques
10:12à chaque type d'industrie.
10:13Et même dans chaque type d'industrie, on a des sociétés
10:17qui sont, en fonction de leur empreinte géographique,
10:20qui sont impactées directement sur l'industrie automobile.
10:22Renault, par exemple, est relativement peu impactée
10:25puisque n'adresse pas le marché américain.
10:27À la différence d'autres entreprises plus globales,
10:30comme Stenantis, par exemple.
10:31– Est-ce que, alors on parlait de l'Europe,
10:33on parlait des opportunités aussi, opportunités de quoi ?
10:38De relocalisation.
10:39Et donc, on est dans une émission qui s'appelle Smart Impact,
10:42de décarbonation ?
10:43– Alors, il y a effectivement des opportunités de relocalisation
10:46de ce qu'on appelle, alors j'ai utilisé un anglicisme,
10:48de « frenchoring », donc de déplacer ces moyens de production,
10:51ces bases fournisseurs vers des pays vus comme un peu plus amis.
10:57Et puis, donc, il y aura un enjeu de décarbonation
10:59puisqu'on produira au plus proche.
11:01Après, je parlais de scénario, de créer de la visibilité sur les impacts.
11:07En fait, ce qu'on fait avec nos clients,
11:09c'est qu'on les aide à cartographier l'ensemble de la chaîne étendue.
11:12C'est quelque chose qu'on avait initié sur les problèmes de résilience
11:15et de Covid, qu'on réactive maintenant dans les problématiques
11:19de droits de douane.
11:20Et en fait, une fois qu'on a cartographié cette supply chain étendue,
11:23donc les fournisseurs de rang 1, mais aussi les fournisseurs
11:26de ces fournisseurs de rang 2, rang 3, en fait, on est capable,
11:30puisque vous le savez, près de 60% en moyenne des émissions de carbone
11:34sont produites dans cette supply chain étendue,
11:36c'est de cartographier les émissions de carbone
11:40et de focaliser, en fait, ces efforts en termes de réduction
11:42de cette empreinte.
11:44Et ce que je vois, c'est que dès qu'on travaille sur les problématiques
11:46de résilience et qu'on crée de la visibilité sur l'ensemble
11:49de la supply chain, immédiatement, les équipes autour des sujets
11:53de développement durable viennent se demander
11:54« Ah, est-ce qu'on peut utiliser cette visibilité pour prendre nos actions
11:59sur la réduction de l'empreinte carbone ? »
12:00Merci beaucoup Stéphane Cronier.
12:02A bientôt sur Be Smart for Change.
12:04J'en passe à notre débat, les sciences du comportement
12:07au service de la transformation environnementale et sociétale.
12:10C'est le débat de ce Smart Impact.
12:18Je vous présente tout de suite mes invités.
12:20Stéphane Labranche, bonjour.
12:21Bonjour.
12:21Bienvenue, vous êtes coordinateur scientifique du GIEC.
12:24Amélie Rouvin, bonjour.
12:25La fondatrice d'Ecosophia.
12:28On va déjà découvrir le GIEC.
12:30J'avoue, je ne connaissais pas le GIEC.
12:32C'est une déclinaison du GIEC, c'est ça ?
12:34Non, ce n'est pas.
12:35On est un groupe indépendant d'experts sur les comportements.
12:39L'idée de base, c'est qu'on s'est réunis en se disant, si on regarde la crise écologique,
12:44c'est une conséquence de nos modes de production, de consommation, de nos modes de vie.
12:50Et donc, il nous semblait que l'essentiel du problème n'était pas sur les comportements
12:53de molécules dans l'atmosphère, mais bien du comportement humain.
12:56Et quand on a regardé au niveau international, il y avait pas mal de recherches sur les comportements,
13:02mais il n'y avait rien, en fait, de coordonnées.
13:04D'où l'idée du GIEC, le groupe d'experts sur le changement de comportement,
13:08avec notre premier rapport qui va sortir sur le rôle du facteur humain dans la transition.
13:14D'ailleurs, on parle de quelles sciences du comportement, parce que c'est vaste ?
13:17Oui. En fait, on parle de toutes les sciences, même la philosophie, l'économie, le droit,
13:22la sociologie, l'anthropologie, la psychologie.
13:25Puis on essaie d'aller un peu plus loin, parce que quand on parle de biodiversité, par exemple,
13:29ce sont des humains, on rentre en contact avec des vers de terre, avec des pandas, avec des fourmis.
13:35Et donc, ce qui veut dire qu'on a aussi besoin de travailler avec des écologues,
13:38on a besoin de travailler avec des climatologues.
13:40Mais toujours avec cette emphase sur qu'est-ce qui fait que l'on change ou que l'on ne change pas en tant qu'humain,
13:45même quand on reçoit de l'information scientifique qui nous dit qu'il faut changer,
13:50parce que sinon, ça va être la cata.
13:52Oui, effectivement. Et on est au cœur des gens de l'homme,
13:54parce qu'on se rend compte que l'acceptabilité, finalement, de cette transition,
13:58et peut-être qu'on a une responsabilité collective dans la difficulté à l'accepter,
14:03c'est ce qui la freine.
14:04Donc, on est vraiment au cœur des enjeux dont on parle tous les jours dans cette émission.
14:09Pourquoi vous avez créé Ecosophia ? C'était en 2021, c'est ça ?
14:12Oui. Alors, Ecosophia, c'est en référence à l'écosophie,
14:16qui est un courant de l'écologie profonde.
14:17D'accord.
14:17C'est une approche holistique. Et pourquoi on en a besoin en ce moment ?
14:23Parce qu'en France, l'écologie est plutôt dévoyée.
14:25C'est une écologie politique qui est vue comme punitive ou alarmiste.
14:31Et là, c'est une approche intégrale, holistique,
14:35dans une dimension à la fois philosophique et pragmatique.
14:40Et Ecos est créé avec un H pour apporter la dimension de l'humain,
14:42puisqu'on accompagne les entreprises dans la transition écologique,
14:47au-delà du développement durable, pour aller vers le régénératif.
14:50Et on accompagne aussi les dirigeants et les équipes dans leur propre leadership.
14:54Ça fait quoi ? Ça fait plusieurs décennies, peut-être 50 ans ou plus,
14:57que les scientifiques nous alertent sur la transformation de changement climatique.
15:01Pourquoi leur message ne s'est pas transformé en action collective ?
15:05Oui. 50 ans, effectivement, de 1972, le rapport du Club de Rome limite à la croissance.
15:10Moi, ça fait 20 ans que je travaille dans le développement durable.
15:13Et j'ai cette question clé qui me taraude, c'est pourquoi,
15:17on a beau savoir depuis 50 ans qu'on va dans le mur,
15:19pourquoi on n'arrive pas à faire cette transition sociétale ?
15:23Qu'est-ce qui bloque ?
15:25Et...
15:26C'est compliqué de trouver la réponse.
15:30Au fond, pour moi, on se trompe de constat, donc on se trompe de solution.
15:34On se trompe de constat parce qu'on n'a pas une crise écologique.
15:36Au fond, c'est multi-crise, c'est crise climatique, évidemment,
15:39crise sociale, crise financière, crise de défiance du politique.
15:42Derrière ça, on est...
15:44Notre société est quasiment au bord du burn-out.
15:47Et donc, on arrive à des fausses bonnes solutions.
15:50On se trompe de solution.
15:51La solution, ce n'est pas des véhicules électriques neufs qui pèsent 2 tonnes
15:57avec énormément d'informatique embarquée.
16:00Et la solution, ce n'est pas de capter le CO2 et de l'enfuir dans le sous-sol.
16:05Ça, c'est du techno-solutionnisme.
16:08Donc, avec le développement durable, on a essayé de découpler la consommation de ressources
16:12de la croissance du PIB.
16:14Et ça ne marche pas.
16:15On continue à aller dans le mur.
16:18Donc, c'est vraiment un changement de paradigme, aller aux causes racines.
16:21Vous publiez, je crois que c'est le 2 juillet, le premier rapport du GECO.
16:25Gros travail, vous me disiez ça, justement, qu'on débarque le débat.
16:29Oui, c'est un gros travail parce que l'idée, c'est de recueillir différentes disciplines
16:33qui bossent ensemble.
16:35Et on a tout un processus scientifique derrière.
16:38Donc, chaque chapitre est lu par trois scientifiques extérieurs
16:42qui font des commentaires, des retours.
16:44Et moi, je lis chacune, j'ai lu chacune des phases sur tous les chapitres.
16:48Mais on n'a pas voulu non plus en rester à un constat de ce que la science dit
16:53sur pourquoi on change, on ne change pas.
16:55On a insisté auprès des auteurs pour nous dire, OK, selon vous, dans votre science,
17:01de la communication, de la psychologie, de l'économie,
17:05quels sont les facteurs de changement qui peuvent aller dans le bon sens?
17:08Oui, c'est ça.
17:09Quelles recommandations?
17:10Comment on peut finalement trouver des solutions?
17:13Oui.
17:13Pour moi et pour le GECO, ce n'est pas suffisant d'en rester à un constat,
17:17de dire, ben, ça va mal.
17:19Ben, non.
17:20L'idée, c'est de dire, oui, mais la science a des choses aussi.
17:23Nos sciences comportementales ont des choses à dire très intéressantes
17:26et pertinentes sur, ben, en fait, est-ce qu'il y a des choses
17:28qui ne fonctionnent pas comme en œuvre et des choses qu'on devrait faire
17:31et qu'on ne met pas encore?
17:32Alors, bon, on ne va pas révéler tout ce qu'il y a dans le rapport,
17:35évidemment, en avant-première.
17:37Mais quand même, s'il y a une ou deux recommandations comme ça
17:41qui vous semblent importantes, nées de ce travail de recherche,
17:46de ce travail scientifique, vous diriez quoi?
17:49La première chose, c'est d'arrêter de penser qu'un argument écologique
17:52nous amène à changer de comportement.
17:54Ce n'est pas vrai.
17:55Ce n'est simplement pas vrai.
17:56Il faut penser à tous les autres co-bénéfices.
17:58Si on fait du vélo, c'est bien pour l'environnement,
18:00mais c'est bien aussi pour la santé physique,
18:02ou peut-être que c'est plus rapide, d'ailleurs, que la voiture en pleine ville.
18:04Donc, passer par d'autres bénéfices.
18:07L'autre chose qui me semble très importante,
18:09c'est de ne pas passer simplement par de l'information cognitive.
18:13C'est bien la cognition, mais bon, on en est au sixième rapport du GIEC.
18:18Voilà.
18:19Les émotions sont plus importantes.
18:22Et là, il faut parler des émotions positives et négatives dans leur rôle.
18:25Mais je suis un peu sur la même voie qu'Amélie là-dessus,
18:30c'est de dire que peut-être qu'on devrait parler plus d'émotions positives
18:34par rapport à l'environnement, par rapport à la nature.
18:37Oui, on a d'abord été dans un discours alarmiste, anxiogène, voire culpabilisateur.
18:45C'est ça.
18:45Et donc, ça, on sait que ça ne marche pas.
18:46Non, ça, ça ne marche pas.
18:47Donc, il faut faire autre chose.
18:48Et ça, la science, les sciences des comportements, nous le disent, en fait.
18:51Donc, ça, c'est super important.
18:53Et puis, troisième chose, mais ça, c'est un peu plus subtil,
18:56on a tendance à penser que ne pas bouger, ne pas changer,
19:00c'est simplement parce qu'on n'est pas intéressé ou c'est de l'immobilisme.
19:03En fait, c'est faux.
19:05Ne pas bouger est soumise à des forces très, très puissantes de ne pas bouger.
19:09Donc, par exemple, j'ai envie de devenir plus sobre,
19:11mais je vis dans une société qui m'encourage à chaque minute de ma vie à consommer plus.
19:17Et ça, c'est très puissant.
19:18C'est très, très puissant.
19:19Et donc, en fait, analyser et voir les choses de cette manière-là
19:23peut amener les entreprises et les collectivités territoriales, les associations,
19:27à réviser leur positionnement sur comment accompagner les gens.
19:30Amélie Rouvin, comment ?
19:33Si on parle d'une entreprise, tiens, justement,
19:34parce qu'on a quand même beaucoup d'entrepreneurs ou de salariés qui nous regardent,
19:41quels conseils vous pouvez donner, c'est votre métier,
19:45à une entreprise qui, justement, veut aller plus loin
19:48en utilisant les sciences du comportement pour embarquer ces salariés ?
19:52Parce qu'on n'a pas employé le mot « management »,
19:54mais ça rentre dans les leviers comportementaux.
19:58Il y a trois chapitres dans le rapport là-dessus.
20:00Je rejoins ce que vient de dire Stéphane,
20:01parce qu'il y a deux éléments clés pour moi.
20:03On parle des grands groupes, de la finance en responsabilité,
20:07mais au fond, ce n'est pas des coquilles vides.
20:08Derrière, ce sont des hommes et des femmes qui prennent des décisions,
20:11mais principalement des hommes.
20:12Donc, c'est un sujet de facteur humain.
20:15Et deuxième élément, pour moi, qui est hyper important,
20:17et tu as parlé des émotions, c'est la reconnexion au vivant à la nature.
20:22Parce qu'on vit dans une société, ici, où on est déconnecté,
20:25géographiquement, physiquement.
20:27On est éloigné des espaces naturels.
20:30Et des études ont montré que depuis les années 50,
20:33dans la littérature, au cinéma et dans la musique également,
20:40la représentation des animaux, de l'environnement,
20:43a eu tendance à diminuer.
20:44Ça veut dire que même culturellement, à la fois géographiquement, physiquement,
20:47et même culturellement, on est moins entouré de la nature.
20:52Et moins on est en contact avec la nature,
20:54moins on en fait de l'expérience,
20:55moins on va être sensible aux enjeux écologiques et aux politiques proposées.
21:01Donc, vous dites aux entreprises, reconnectez-vous à la nature ?
21:04Alors, oui.
21:04Entre autres, parce qu'il y a plein de leviers à activer, mais c'en est un.
21:07Mais, ce n'est pas juste le dire,
21:09puisque, effectivement, le rationnel ne suffit pas.
21:12La dominance de notre cerveau logico-mathématique
21:15a été faite au détriment dans notre société, dans notre éducation,
21:19des autres intelligences relationnelles, corporelles, intuitives.
21:24Et d'ailleurs, les bons leaders d'entreprise sont intuitifs.
21:27Mais on parle d'approche régénérative pour une entreprise,
21:30c'est un terme qu'on emploie souvent dans cette émission.
21:33Ça peut vouloir dire, d'ailleurs, ça va être le thème du grand entretien dans un instant,
21:38aller jusqu'à changer de modèle.
21:40Complètement.
21:41Changer de modèle en profondeur.
21:43Et c'est ça, l'approche du régénératif, qui va au-delà du développement durable.
21:45Ce n'est pas juste rajouter le pilier du vivant, humain, non humain.
21:50Ce n'est pas à part pour les rapports RSE.
21:53C'est le socle de tout.
21:54Le socle de nos économies, le socle de notre fonctionnement.
21:57Et qu'est-ce que c'est le principe du régénératif ?
21:59C'est mettre le vivant au cœur de tout, de nos décisions et de nos organisations.
22:03C'est le principe de robustesse, alors qu'on est sur un système hyper performant,
22:07mais qui, du coup, rend nos sociétés fragiles.
22:09C'est le principe d'émergence spontanée,
22:11qui est de favoriser les conditions pour que les éléments, les êtres vivants,
22:15et on peut prendre l'organisation, l'entreprise comme un élément vivant en soi,
22:19développent leur plein potentiel.
22:23C'est également le principe de...
22:25C'est la pensée systémique, alors qu'on fonctionne plutôt en linéaire et en silo.
22:27Et également, dernier élément important, la croissance limitée.
22:32Si on s'inspire du vivant, un arbre ne pousse pas jusqu'au ciel.
22:35Et donc, on va interroger les dirigeants à se questionner,
22:39à aller voir ces questions courageuses, profondes,
22:42notamment de renoncement à des activités polluantes,
22:47mais qui peuvent amener à des innovations.
22:49Et donc, courageux, c'est le cœur à l'ouvrage.
22:53Osons remettre du cœur dans les organisations.
22:54Je sais que c'est un gros mot.
22:56Non, mais c'est un mot magnifique, le mot courage.
22:59Mais alors, il en faut peut-être encore plus en ce moment,
23:02avec le backlash, enfin le vent contraire qui s'est levé aux États-Unis,
23:07mais aussi d'ailleurs en Europe, si on prend le résultat des dernières élections européennes.
23:11Votre rapport, il va sortir en plein dans ce contexte-là ?
23:14Oui, carrément.
23:15Donc, ça veut dire quoi ?
23:17Ça veut dire qu'il va falloir encore plus de courage pour tenir la barque malgré ces vents contraires ?
23:25Oui, du courage, mais je pense aussi qu'il serait important de réintroduire un peu de fun dans tout ça.
23:30Oui, vous avez raison.
23:31C'est ce qu'on a dit tout à l'heure, pas trop d'éco-anxiété ou pas trop de mobilisation.
23:34Non, c'est exactement ça.
23:35Oui, oui.
23:36Parce qu'en fait, changer, ça peut être drôle aussi si on le fait correctement.
23:40Si bien entendu, en tant qu'individu, je veux changer le monde,
23:44ben oui, là c'est l'échec, il n'y a pas un seul individu qui peut changer le monde.
23:47Mais même des petits changements en équipe peut améliorer le bien-être au travail,
23:51peut donner du sens à sa vie, se dire, bon, OK, là j'essaye ça, ça a fonctionné, je vais aller un peu plus loin.
23:58Et donc, réintroduire un peu de fun dans cette tentative de transition,
24:02plutôt que de la peur du changement.
24:04Je pense que ça, c'est clé, absolument clé.
24:07Un dernier mot, il nous reste une minute, un mot de conclusion.
24:10Amélie Roux.
24:11Robert Duffen est de l'expérientiel et d'ailleurs, moi j'emmène les dirigeants en forêt
24:16vivre l'expérience de la Deep Time Oak, la marge du temps profond.
24:19On reconnecte aux 3,8 milliards d'années du vivant sur notre planète,
24:24à cet héritage ancestral.
24:26C'est la plus belle R&D de l'histoire.
24:29Il n'y a pas mieux.
24:30Et effectivement, dans le contexte actuel, face au backlash écologique,
24:34face à un dirigeant américain qui nous dit que la faiblesse de l'Occident, c'est l'empathie,
24:38ben non, justement.
24:40La clé, c'est le facteur humain, meilleure intégration du facteur humain et du vivant.
24:45C'est ça qui va nous permettre de réussir la transition sociétale.
24:48Merci beaucoup.
24:49Merci à tous les deux.
24:50On a hâte de lire le rapport du GIECO publié le 2 juillet.
24:56Merci et bravo pour ce travail.
24:58Je vous dis à bientôt sur Bsmart for Change.
25:00On passe tout de suite à notre rubrique Prêt pour l'impact.
25:07Prêt pour l'impact, c'est la question que je pose chaque semaine à une personnalité
25:11qui compte dans notre économie.
25:14Je reçois Éric Duverger.
25:14Bonjour.
25:15Bonjour Thomas.
25:15Bienvenue.
25:16Vous êtes le fondateur de la Convention des entreprises pour le climat.
25:19Avec Bsmart, on a accompagné les toutes premières sessions de la CEC.
25:25Mais on se disait avant de démarrer, c'est quand même la première fois qu'on se rencontre.
25:28Donc ça fait plaisir de vous avoir sur ce plateau.
25:31Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas la Convention des entreprises pour le climat,
25:34de quoi s'agit-il ?
25:35Je dirais que d'abord, on est une association, une association d'intérêt général.
25:40Donc on est là pour essayer de faire bouger le monde économique.
25:44Et ensuite, on a une théorie du changement, c'est-à-dire comment on peut faire bouger les choses.
25:48Et nous, on est très focalisé sur l'humain et à l'ordre 1 sur les dirigeants d'entreprises.
25:54On pense que c'est là que peut démarrer une impulsion qui soit puissante
25:58pour faire bouger son entreprise comme dirigeant
26:01et puis pour faire bouger plein d'entreprises qui ensemble peuvent faire un mouvement de bascule
26:06pour que notre économie devienne régénérative.
26:08Et ça, on va en parler bien sûr avec des détails.
26:11Mais ce qu'on fait nous très concrètement, c'est qu'on fait participer des dirigeants d'entreprises
26:16en collectif à des parcours de transformation qui durent environ 10 mois
26:21dans lesquels ils vont investir 10-12 jours de leur agenda.
26:24C'est beaucoup, 10 jours de l'agenda d'un dirigeant.
26:27Et ils vont finalement faire un constat, ils vont travailler ensemble collectivement
26:32pour mettre leur entreprise à la hauteur des enjeux.
26:34C'est quoi ? C'est un rendez-vous tous les mois à peu près ?
26:36Voilà, c'est un rendez-vous toutes les 6 semaines, pendant 2 jours.
26:39C'est très profond.
26:40Ils ont des conférenciers, ils ont des travaux en équipe, des travaux aussi, des réflexions individuelles.
26:45On essaie d'aller très profondément parce qu'on ne fait pas une petite remise en question.
26:49C'est aussi ça, je dirais, la CEC, notre convention.
26:53On est vraiment parti du constat qu'on devait faire un sursaut majeur
26:56et non pas des petites actions de RSE.
26:59Il faut les faire, les petites actions de RSE.
27:01C'est déjà très bien.
27:02C'est déjà très bien, mais elles sont très loin du compte.
27:04Parfois, il faut aller jusqu'à changer de modèle.
27:05Il faut changer de paradigme.
27:07Économie régénérative, c'est votre mantra.
27:09Ça veut dire quoi ?
27:10L'économie régénérative, c'est tout simple.
27:13C'est une économie qui ne se contente pas de réduire les impacts de l'économie actuelle,
27:20de réduire les impacts négatifs.
27:21C'est une économie qui se met en position d'avoir des impacts positifs nets.
27:26C'est-à-dire qu'au global, une entreprise, elle doit contribuer de manière positive au total pour la société
27:32et bien sûr à l'intérieur des limites planétaires.
27:35Donc en fait, c'est une économie où si on arrive à y basculer,
27:39on pourra de génération en génération confier aux générations futures une planète
27:43et une société dans un meilleur état que celle qu'on a récupérée.
27:46Oui, avec donc un certain nombre d'étapes et cette feuille de route,
27:52on va voir quelques chiffres clés.
27:54Je crois que vous en êtes à plus de 1 400 entreprises embarquées,
27:56de 1 800 dirigeants et dirigeantes embarquées,
27:591 000 feuilles de route rendues.
28:01Ça a dû évoluer depuis que ces chiffres ont été publiés.
28:03Mais rentrons en détail.
28:05C'est quoi une feuille de route ?
28:06Parce que je suis un ou une chef d'entreprise,
28:09je m'engage dans la Convention des entreprises pour le climat.
28:12Ok, à la fin, je vais devoir rendre une feuille de route.
28:14C'est quoi ?
28:15Alors, on revient là un peu à la racine de la CEC.
28:17Parce que moi, j'ai lancé ce mouvement
28:19et j'étais entouré très vite par une super équipe en 2020.
28:23Et on était après la Convention citoyenne pour le climat
28:26que le président Macron avait lancé en 2019.
28:28Et en fait, les citoyens se sont regroupés
28:30et ils avaient fait des propositions pour le monde politique,
28:33en tant que citoyens.
28:34Après, moi, je me suis dit,
28:35qu'est-ce qu'on peut faire pour les dirigeants d'entreprises ?
28:38Eux, ils ne sont pas là pour faire des propositions au monde politique.
28:40Parce qu'à l'ordre 1, il faut qu'ils soient exemplaires.
28:42À l'ordre 1, il faut que leur entreprise
28:44vraiment soit beaucoup plus respectueuse des mille planétaires.
28:48Donc la question qu'on s'est posée, c'est qu'est-ce qu'eux,
28:50quel va être leur engagement et qu'est-ce qu'ils vont remettre à la fin de leur parcours ?
28:54Et donc, on est arrivé sur cette feuille de route.
28:56Et pour toutes les personnes qui sont dans l'entreprise,
28:59je dirais que c'est simplement une feuille de route stratégique.
29:01Quelle est la stratégie de mon entreprise ?
29:03Mais au lieu de se dire, on est là pour faire plus de profits,
29:06on est là pour gagner des parts de marché,
29:08on se pose la question de comment faire que l'entreprise
29:10revienne dans les milles planétaires et contribue à la société.
29:13Donc c'est une feuille de route de redirection
29:15pour mettre, en gros, il faut 5-10 ans pour arriver à le faire,
29:19se remettre dans l'économie régénérative.
29:22Et après, c'est très concret.
29:25Et sur notre site, il y a plus de 1000 exemples.
29:27Donc je suis entreprise dans le bâtiment, par exemple.
29:30Je veux dire, voilà, en 2035, voilà ce que je veux faire.
29:33Voilà mon cap, mon entreprise, comment elle contribue.
29:35Donc c'est ce qu'on appelle le cap régénération.
29:38Et puis ensuite, on a des leviers.
29:39Alors qu'est-ce que je vais arrêter de faire ?
29:40Les renoncements.
29:42Qu'est-ce que je vais faire en plus ?
29:43Parce que ça, c'est bien.
29:44Qu'est-ce que je vais transformer dans les matériaux que j'utilise ?
29:46Ou alors je vais faire plus de rénovation et moins d'artificialisation.
29:49Et puis ensuite, on a un plan d'action qui est décliné très concrètement.
29:52Et il y a un enjeu majeur, on en reparlera, qui est comment j'embarque mon écosystème.
29:57Parce qu'en fait, une entreprise, elle ne travaille pas en vase clos.
29:59Elle a déjà un écosystème interne, des centaines ou des milliers d'employés.
30:02Et puis beaucoup de parties prenantes externes.
30:04Et donc là, le dirigeant, en tant que leader, il doit embarquer son écosystème.
30:07Sinon, ça ne marche pas.
30:10Et évidemment, on pourrait peut-être donner quelques exemples d'entreprises
30:14qui justement ont fait basculer le modèle.
30:17Ce qui est intéressant, c'est le temps que ça prend.
30:19Évidemment, ce n'est pas d'un claquement de doigts, c'est un engagement sur plusieurs années.
30:23Cette feuille de route, dans l'absolu, on pourrait se dire, elle n'est pas contraignante.
30:26Ben si, parce qu'elle est publique, les clients, les partenaires, tout le monde peut la consulter.
30:33Oui, c'est ça.
30:33On n'est pas, nous, on ne croit pas qu'on peut faire quelque chose de coercitif.
30:38On n'est pas là non plus pour labelliser ou pour juger, en fait, les entreprises.
30:41Comme je l'avais dit au départ, on croit dans la transformation humaine du dirigeant et de la dirigeante
30:47et de sa volonté d'être, de faire quelque chose de bien, pour le bien commun.
30:51Et d'embarquer son entreprise autour.
30:53On s'aperçoit, toutes les statistiques qu'on peut avoir,
30:55c'est qu'il y a un embarquement des employés vers ce nouveau projet d'entreprise qui est majeur.
31:00L'employabilité d'entreprise...
31:01Oui, il y a d'abord l'effet interne.
31:03Il y a l'effet interne, c'est-à-dire que c'est hyper motivant.
31:05Personne n'a envie d'aller travailler dans une entreprise qui détruit la planète.
31:08Et surtout les jeunes générations.
31:10Donc là, on a des taux d'engagement dans les entreprises de la CEC
31:13qui sont bien au-delà des entreprises moyennes.
31:16Et puis je donne un exemple, une entreprise assez emblématique de la CEC,
31:20Expanscience, qui est sur Mustela, la marque Mustela pour les bébés.
31:25Et qui a une feuille de route exemplaire.
31:28Et Sophie Robervelu qui est venue sur ce plateau est une personne assez médiatisée maintenant.
31:33Bon, ils ont énormément, au niveau de l'employabilité,
31:35ils ont énormément de personnes qui veulent rentrer dans leur entreprise.
31:38Parce que justement, il y a beaucoup d'employés qui ont envie de trouver du sens dans leur travail.
31:43On peut prendre un autre exemple, je crois que c'est Renault Trucks par exemple.
31:46Parce que c'est bien de voir qu'il y a des entreprises de toute taille, de tout secteur.
31:51Alors Renault Trucks, c'est vrai que nous on nous pose souvent la question,
31:54comment c'est possible de parler d'économie régénérative pour une entreprise qui fait des camions.
31:59Et là, je dirais un premier exemple.
32:01Le PDG de Renault Trucks, Christophe Martin, il a dit publiquement,
32:05et c'est sorti sur une revue, c'est une revue professionnelle,
32:07il a dit, je veux vendre moins de camions.
32:10On doit arrêter la culture des camions Kleenex.
32:13Donc on fabrique un camion, puis au bout de 3-4 ans, il est usé, on le jette, on le met à la casse.
32:17Et donc là, ils ont créé toute une chaîne pour reprendre les camions,
32:20leur donner une deuxième vie, voire une troisième vie,
32:22les faire durer en gros deux fois plus longtemps.
32:24C'est un changement de posture.
32:26Ils vont faire moins de chiffre d'affaires.
32:27Mais au global, ils vont peut-être gagner plus d'argent.
32:30Et sur Renault Trucks, on a vraiment cet exemple,
32:33le taux d'engagement des employés est en France 15% plus haut
32:38que le meilleur deuxième pays de la galaxie Renault Trucks.
32:41Donc vraiment, il y a quelque chose, il y a un engouement qui se crée autour de la feuille de route.
32:45Comment vous avez recruté les 150 premières entreprises
32:50qui ont décidé de jouer le jeu de la convention des entreprises pour le climat ?
32:55Parce que, j'imagine, la scène, vous arrivez, vous avez quoi ?
32:59Vous avez l'idée, quoi ?
33:01On a l'idée et 5 slides PowerPoints.
33:03C'était ça, ce qu'on avait au début.
33:05Une autre force de conviction.
33:06Je dirais qu'on a fait un petit hacking, qu'on dirait, dans le milieu.
33:11C'est-à-dire qu'on a profité de l'effet de souffle de la convention citoyenne pour le climat.
33:15Moi, je connais plein de personnes qui se sont dit
33:17« Ah, j'aurais bien aimé de tirer au sort pour pouvoir contribuer ».
33:20Et donc, il y a beaucoup de dirigeants d'entreprise qui ont envie de s'engager plus,
33:23qui ont envie de s'engager pour la société.
33:25En fait, on a du pouvoir quand on est en entreprise,
33:28on a un super pouvoir quand on est leader en entreprise
33:29et qui ont répondu à cet appel.
33:31Donc, c'est vrai que, pour l'anecdote, c'était en décembre 2020.
33:35On a fait un communiqué de presse, mais personne ne nous connaissait.
33:38Donc, il était très peu relayé.
33:39Jean-Marc Jacofissi a fait un post LinkedIn.
33:41Et puis, voilà, on a eu 2-3 échos dans la presse.
33:44Et on s'est préparé.
33:45On avait écrit un petit site Internet où il y avait un formulaire de candidature.
33:48Et au bout d'une semaine, on a déjà 90 candidatures.
33:50On a été surpris, nous-mêmes, de cet engouement.
33:52Donc, il y avait, je pense, l'envie des dirigeants de contribuer plus pour la société.
33:57Vous aviez passé, je crois, plus de 20 ans chez Michelin.
34:01Cette expérience, elle vous a servi, j'imagine.
34:04Et en quoi elle vous a servi ?
34:05Elle me sert, je dirais, tous les jours.
34:08Parce que, quand on a cette ambition un peu déraisonnable
34:12d'essayer de transformer le monde économique,
34:15on connaît son inertie.
34:16On sait aussi, ce paradigme, il est très installé.
34:18Les forces d'argent, elles sont très installées.
34:20Donc, on a un côté idéaliste.
34:22Mais c'est vrai que dans les équipes CEC,
34:24on vient tous du monde de l'entreprise.
34:26Donc, on connaît hyper bien l'entreprise.
34:28Moi, j'ai travaillé chez Michelin, dans plein de fonctions,
34:30finance, marketing, commercial,
34:32dans plein de pays aussi.
34:34Moi, j'ai passé 5 ans aux Etats-Unis.
34:36Donc, c'est vrai que, je pense pouvoir dire que, de l'intérieur,
34:39je comprends assez bien les mécanismes,
34:41mais aussi les inerties, les prises de décisions.
34:43Et donc, je crois qu'on est assez pertinent dans nos parcours.
34:46Et d'ailleurs, on a un taux de participation très fort des dirigeants.
34:49Un dirigeant d'entreprise, son agenda, c'est très précieux.
34:52Donc, le fait qu'ils viennent, qu'ils reviennent de session,
34:54qu'ils s'investissent comme ça 10-12 jours de leur agenda,
34:57chaque minute est précieuse.
34:58Mais on fait attention à ce que ce soit pertinent pour les dirigeants.
35:00C'est une pertinence, je crois, qu'on peut avoir.
35:02Quelques chiffres, justement, sur ce bilan de la ou des conventions.
35:07Parce qu'on va expliquer qu'elles se sont démultipliées des entreprises pour le climat.
35:1067% des entreprises déploient leurs feuilles de route dans le calendrier fixé.
35:1491% des entreprises ont mis en place des dispositifs d'acculturation,
35:18une sensibilisation des collaborateurs.
35:21Et puis, autre chiffre, 53% des entreprises ont intégré leur partie prenante dans la gouvernance.
35:27Et 40% ont déjà opéré des renoncements dans l'évolution de leur modèle économique
35:31pour venir vers cette logique régénérative.
35:33Je voudrais justement qu'on parle des parties prenantes.
35:36Parce que vous parliez d'écosystème tout à l'heure.
35:40Ce n'est pas si simple, là aussi.
35:41Parce que ça suppose de définir toute la chaîne de valeur et le cycle de vie d'un produit.
35:48C'est deux choses différentes.
35:49Mais déjà, restons sur la chaîne de valeur.
35:51Tous ceux qui y participent, parfois pour des grands groupes,
35:54c'est très compliqué de remonter sa chaîne de valeur,
35:56d'aller jusqu'à un sous-traitant qui est lui-même le sous-traitant d'un sous-traitant
36:01très loin, à l'autre bout de la planète.
36:03Donc, comment on embarque l'écosystème ?
36:05Je vais prendre un exemple.
36:07C'est une entreprise qui est en Nouvelle-Aquitaine qui s'appelle Belco,
36:10qui fait du café.
36:13Et donc, on va suivre aussi, puisqu'ils vont faire la transat Jacques Vabre,
36:15aux couleurs de la CEC.
36:17Donc, le dirigeant est très engagé.
36:19C'est la deuxième génération.
36:20C'est son père qui lui a légué l'entreprise.
36:23Et sur le café, il y a une interrogation sur la filière.
36:26Et donc, là, il le dit très clairement, il est allé dans ces pays-là,
36:31notamment en Éthiopie, en Colombie, pour comprendre où était produit le café,
36:36quel était le type de culture qu'il y avait, est-ce que c'était intensif
36:38ou plutôt diversifié, et de repenser la filière.
36:43Ils ont installé, par exemple, c'est les premiers à le faire,
36:46des transports par voilier.
36:47Et je dirais, il crée une relation très particulière en local avec les producteurs de café,
36:56qui sont très challengés actuellement, puisqu'ils doivent remonter de plus en plus haut
36:59dans les montagnes pour pouvoir produire.
37:01Et donc, c'est cette intimité, finalement, avec la chaîne de valeur.
37:05Donc, le PDG de Belco, il le dit lui-même, s'il ne va pas à la racine de la graine de café,
37:10en fait, il n'y aura plus de production d'ici dix ans.
37:14Donc, voilà, c'est vrai que les grands groupes sont plus challengés,
37:18parce que leur filière, leur fournisseur, c'est en centaines, parfois.
37:23Donc, c'est là où on a besoin d'un gros relais dans les équipes achats,
37:26notamment, sur tout ce qui est l'amont, les approvisionnements,
37:30qui doivent s'impliquer à fond.
37:31Et puis, il y a aussi beaucoup de logique sur le marketing,
37:34donc plutôt en aval, et dans les grands groupes.
37:36Moi, j'ai occupé cette fonction-là, de créer des offres marketing.
37:39Et c'est là où, je crois qu'il faut qu'on en parle,
37:41c'est qu'il faut toucher le cœur du réacteur.
37:43C'est-à-dire, quel est le modèle économique ?
37:46Est-ce que mon modèle économique, à la base,
37:48il va être gagnant si je vends de plus en plus de choses ?
37:50Si j'ai un modèle volumique ?
37:52Dans 95% des cas, c'est ce qu'on a en entreprise.
37:54– Mais oui, c'est le modèle linéaire dans lequel on a tous grandi.
37:59– 93% de l'économie mondiale est linéaire aujourd'hui.
38:01Seulement 7% est circulaire.
38:04Et donc, la question, c'est créer un modèle économique,
38:06dès le départ, qui est vertueux,
38:07qui va permettre de recycler, de travailler sur toute la filière,
38:11de faire beaucoup plus de services,
38:13et donc de moins user les produits.
38:14Et donc, c'est vraiment là, on va à la racine des modèles économiques.
38:17– Alors, effectivement, il y a eu la première session
38:20qu'on a accompagnée ici, dans cette émission.
38:22On recevait un binôme…
38:23– Merci beaucoup, d'ailleurs.
38:24– Ben non, c'était un plaisir.
38:25Ensuite, vous avez décliné le concept,
38:27à la fois régionalement et en thématique, c'est ça ?
38:30C'était ça l'idée ?
38:31– Oui, on est toujours sur cette théorie du changement de la CEC,
38:35et puis on a beaucoup de partenaires, qui est de se dire
38:38qu'on a besoin de couvrir les territoires.
38:43Donc, là, on peut annoncer qu'il nous reste trois territoires,
38:46c'est le centre-val de Loire, l'Occitanie et le Grand Est,
38:49qui seront couverts d'ici la fin de l'année.
38:52Donc, on aura des parcours CEC,
38:55je dirais des équipes CEC partout en France.
38:59Pourquoi ? Parce que c'est en territoire
39:01qu'on fait vraiment atterrir l'économie régénérative.
39:04C'est une économie de la coopération,
39:06où les déchets de l'un peuvent devenir les ressources de l'autre.
39:10Et donc, on a maintenant plus de 25 parcours qui ont eu lieu,
39:14et des répétitions de parcours qui ont eu lieu sur le territoire partout en France.
39:18– Et à chaque fois, il y a plusieurs dizaines d'entreprises qui participent ?
39:20– Et à chaque fois, il y a entre 50 et 70 entreprises,
39:23qui viennent toujours en binôme.
39:24On a la dirigeante ou le dirigeant accompagné,
39:27ce qu'on appelle son Planet Champion,
39:29donc c'est son relais dans l'entreprise.
39:31Donc, ça fait des cohortes d'environ 150 personnes,
39:35ce qui nous permet d'avoir des intervenants de très grande qualité.
39:37Et en France, on a plein d'intervenants, plein de scientifiques de grande qualité.
39:42Et puis, on se dit aussi que pour transformer l'économie,
39:45il y a une question aussi de verticale, de filière.
39:48Je prends l'exemple de la finance,
39:50où l'exemple là, on a le monde agricole.
39:51En ce moment même, on a une cohorte sur le monde agricole.
39:54– Alors, c'est quoi ? On va parler de la finance juste après.
39:56Le monde agricole, qu'est-ce que vous êtes en train de mettre en place ?
39:59– Le monde agricole, en fait, on a 70 entreprises de toute la filière agricole,
40:05des agriculteurs, mais aussi des distributeurs, des transformateurs,
40:09et qui sont en train de travailler justement en équipe.
40:12Et là, ils ont deux livrables.
40:13Ils ont cette feuille de route,
40:15donc chaque entreprise doit se questionner et faire sa feuille de route.
40:18Et aussi, ils ont beaucoup de travail en collectif
40:21pour avoir des projets de coopération.
40:23Donc, ça peut être, sur le monde agricole,
40:25on sait que ça sera des demandes aux législateurs,
40:29mais il y aura aussi beaucoup de projets sur
40:32qu'est-ce que nous, filière, si on se prend en un,
40:34qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ?
40:36Parce que souvent, on reporte la balle,
40:38on transmet la balle, en fait, aux législateurs, au gouvernement,
40:42mais déjà, on peut faire énormément.
40:44Le monde économique, lui-même, tout seul, peut faire déjà énormément.
40:46– Alors, vous parlez de la finance, justement,
40:48sur ces conventions thématiques.
40:50Je vous propose la question de l'ancien directeur des finances
40:52de la Banque mondiale, qui était à votre place
40:54la semaine dernière, le fondateur du fonds d'investissement
40:56Blue, la canne orange, Bertrand Badré.
40:59– Éric, je ne suis pas surpris, mais très heureux
41:02que tu me succèdes sur ce plateau.
41:04D'abord, félicitations pour le succès de la CEC en général,
41:10et plus précisément pour celui de la Convention des entreprises citoyennes
41:13pour la finance.
41:14Tu m'avais demandé d'être le parrain,
41:15j'étais un parrain heureux et comblé.
41:17Je suis de nouveau parrain pour la deuxième session.
41:19Pour moi, c'est essentiel d'avoir une approche spécifique
41:21pour la finance.
41:23Et ce que je souhaite, ce n'est pas une question,
41:26je connais ton enthousiasme, ta vision,
41:29c'est que tu poursuives le plus longtemps possible.
41:32Il faut innerver la finance.
41:34Et donc, la question, c'est, est-ce que tu as l'énergie
41:35de continuer pour toutes les années qui commencent ?
41:37Merci.
41:38– Alors, peut-être d'abord, pourquoi est-ce qu'il faut
41:40une approche spécifique pour la finance ?
41:42– Alors, on a pas mal de sujets thématiques,
41:46mais la finance, c'est, j'allais dire, l'enjeu de tous les enjeux.
41:51Pourquoi ? Parce qu'il y a un effet des multiplicateurs.
41:53Je disais tout à l'heure qu'un dirige d'entreprise
41:55avait un super pouvoir parce qu'il a son entreprise,
41:57ses offres, ses employés, son écosystème.
42:00Mais c'est vrai que dans la finance, il y a un super, super pouvoir
42:03qui est de flécher, en fait, nos économies,
42:06les économies d'un gouvernement, les budgets d'un gouvernement,
42:10d'un fonds, d'un fonds impact, d'une banque.
42:12Tout cet argent qu'il y a dans le système,
42:14c'est de flécher au bon endroit.
42:15Alors, ils le disent eux-mêmes, les financiers,
42:18s'il n'y a pas d'économies régénératives,
42:20de vrais projets régénératifs,
42:22en fait, ils ne savent pas où flécher.
42:24Donc, on a besoin d'un double mouvement,
42:27de multiplier le nombre de projets qui sont régénératifs
42:29et d'entreprises qui font une vraie bascule,
42:32et très vite, d'avoir le monde financier
42:34qui vient flécher des grands montants,
42:37des gros montants, là, on parle de dizaines de milliards d'euros,
42:40vers cette économie-là pour lui donner les moyens
42:42d'opérer ce mouvement de bascule.
42:44Et donc, c'est cette prise de conscience qu'on a beaucoup travaillé.
42:47Le problème avec le monde financier,
42:48c'est qu'on a eu beaucoup de green,
42:51de green bonds,
42:53d'investissement green,
42:54plus ou moins à impact,
42:56où en fait, l'impact, il est quand même très minime.
42:58Et donc, on fait,
43:00on est dans le système actuel,
43:01et on fait des petits ajustements à la marge,
43:04et on a l'impression qu'on a verdi le portefeuille.
43:05Or, on est très, très loin du compte.
43:08Déjà, l'expression en soi veut tout dire,
43:09verdir le portefeuille.
43:10Voilà, c'est...
43:11Et donc, voilà, il ne s'agit pas de verdir le portefeuille,
43:14il s'agit d'avoir toute une économie qui bascule,
43:16et c'est vrai que...
43:17Mais est-ce que vous manquez d'énergie,
43:18pour prendre la deuxième question de Bertrand Badré,
43:21parce que c'est peut-être le monde le plus difficile à convaincre,
43:24si je vous entends ?
43:24Par rapport au monde financier,
43:26je dirais que...
43:27Est-ce que c'est le plus difficile à convaincre ?
43:29Pas forcément,
43:30parce qu'on touche des êtres humains,
43:31des êtres humains qui sont aussi des parents,
43:34des gens qui vont dans la nature,
43:36qui voient quand ils font...
43:37Ils vont en montagne,
43:39ils voient que ça change,
43:40le paysage change,
43:41les gens qui font la plongée sous-marine
43:42voient que les fonds marins changent.
43:44Donc, dès qu'on prend ce moment de se reconnecter,
43:47même avec ces personnes-là,
43:48on s'aperçoit que le shift se produit très vite,
43:51émotionnellement.
43:53Et ensuite, je vais prendre un exemple,
43:54Marc Wormseur,
43:55qui est le PDG de la banque Wormseur,
43:57c'est une banque qui est...
43:58Une banque parisienne,
43:59une banque privée,
44:00a fait un shift très puissant.
44:02Et là, il est en train de remettre en question fondamentalement
44:05les investissements de sa banque
44:07et les recommandations d'investissement de sa banque.
44:09Donc là, ça peut aller très vite.
44:11Donc je dirais, oui,
44:11c'est peut-être plus difficile,
44:13parce que cette population-là,
44:14elle est vraiment bien ancrée dans son système,
44:16mais ça vaut plus le coup,
44:17parce que quand on fait shifter,
44:19on a des effets dominos,
44:20ils sont d'autant plus puissants.
44:21Alors, il y a une question qu'on doit vous poser souvent,
44:23c'est la question de la rentabilité.
44:25On a bien compris que
44:26ce n'était plus l'objectif principal,
44:28mais en même temps,
44:28si ces entreprises régénératives
44:30prouvent leur efficacité,
44:32il faut qu'elles durent le plus longtemps possible.
44:34Et donc, il faut qu'elles continuent
44:35de gagner de l'argent.
44:36Est-ce que ça leur coûte d'abord de l'argent ?
44:38Qu'est-ce que vous pouvez répondre à ça ?
44:40Je pense que c'est une question fondamentale.
44:42Il faut dire deux choses.
44:43Déjà, les gens qui veulent le beurre
44:45et l'argent du beurre
44:45et la bonne conscience,
44:47ça, ça n'existera pas.
44:48On ne va pas pouvoir,
44:50parce que simplement,
44:51il faut revenir dans l'ennemi planétaire.
44:53On a une économie qui est en surchauffe
44:55et le drill baby drill de Trump,
44:57de faire toujours plus,
44:58et cette accélération,
45:00elle va nous emmener plus vite
45:01vers un moment très compliqué
45:03où on va avoir des pénuries de tous les côtés.
45:05Donc, oui, on doit opérer une redescente.
45:08Cette redescente,
45:09c'est la redescente des activités humaines,
45:11de la pression qu'on met sur les ressources.
45:14Et donc ça, ça veut dire
45:15une économie qui est plus smart,
45:17smart impact,
45:18une économie qui est plus smart,
45:19qui fait plus attention.
45:21Après, je prends l'exemple
45:23de Renault Trucks
45:24ou de Mustela.
45:25On a des entreprises
45:26qui vont peut-être avoir
45:27des chiffres d'affaires
45:28et des impacts volumiques plus réduits,
45:31mais la pérennité économique,
45:32c'est majeur.
45:33Parce qu'autrement,
45:34ces acteurs,
45:34s'ils viennent péricliter,
45:36en fait,
45:36on va se retrouver
45:37avec une économie plus petite,
45:38mais qu'avec des entreprises
45:40qui ont des impacts négatifs.
45:42Donc, oui,
45:42on a besoin de pérennité.
45:44En revanche,
45:44on remet en question
45:45la maximisation des profits,
45:46qui a été posée
45:48à un certain moment
45:49par Friedman.
45:49C'est ce que j'ai appris
45:50en école de commerce
45:51il y a 25 ans.
45:52La finalité de l'entreprise,
45:53c'est la maximisation
45:54des profits pour les actionnaires.
45:56Donc ça,
45:56c'est un paradigme
45:58qu'on remet en question.
46:00Ce qu'on veut,
46:00c'est une entreprise pérenne
46:02qui crée autour d'elle,
46:03dans son écosystème,
46:04un partage de valeurs cohérents.
46:06Et c'est là
46:07un changement de lunettes
46:08et je dirais même
46:09un changement d'imaginaire.
46:10Mais si on prend,
46:11il y a plein d'autres exemples,
46:12il y a le groupe
46:12Pierre et Vacances,
46:13il y a Bouygues Immobilier,
46:14enfin voilà,
46:15concrètement,
46:16leur feuille de route,
46:17elle change quoi ?
46:18Sur Pierre et Vacances,
46:20si vous allez
46:21dans le dernier village
46:23qu'ils ont ouvert
46:23dans les Landes,
46:24il est complètement différent
46:25de celui qu'ils avaient construit
46:27il y a 30 ans.
46:28Au niveau du rapport
46:29à la nature,
46:30au niveau des constructions
46:31en bois,
46:31au niveau de comment
46:32ils recyclent l'eau,
46:33au niveau des modalités
46:34de chauffage,
46:35tout est différent.
46:36Au niveau de la nourriture
46:37qui est proposée,
46:38c'est différent.
46:39Et quand on parle
46:39avec Franck Gervais,
46:41le PDG de Pierre et Vacances,
46:42il l'a dit dans la CEC,
46:44il a dit,
46:44nous sommes là pour proposer
46:45des expériences de nature.
46:47C'est aussi hyper important,
46:48c'est-à-dire que tous les clients
46:49qui vont dans un Center Park
46:51ou un Pierre et Vacances,
46:52l'idée c'est aussi
46:53de les reconnecter à la nature,
46:54c'est aussi une opportunité.
46:55Donc chacun participe
46:56comme ça
46:56à la bascule systémique.
46:58Évidemment,
46:59c'est très dur,
46:59il ne faut pas se leurrer,
47:00si on n'y est pas arrivé
47:01en an 2025,
47:03on est très loin du compte,
47:04c'est que c'est très dur,
47:04c'est une remise en question
47:05fondamentale,
47:06mais très concrètement,
47:07on s'aperçoit quand même
47:08qu'il y a des effets
47:08d'entraînement.
47:09On va évidemment parler
47:10du bâclage,
47:11du retour en arrière américain
47:13et je m'appuie sur
47:14une de vos citations,
47:15vous disiez
47:16j'attends le point de bascule,
47:18ce moment où les groupes
47:18qui font passer leur profit
47:20avant la préservation
47:21de l'humanité
47:21et de la planète
47:22seront ringardisés.
47:24Le mot ringardisé,
47:25évidemment,
47:26il est très important.
47:28Est-ce que vous avez
47:28le sentiment quand même
47:29que ce point de bascule,
47:30c'est-à-dire cette date
47:32où on sera arrivé
47:34à cette ringardisation
47:35de ceux qui ne font pas
47:35les efforts de transformation
47:37et de régénération,
47:38il s'éloigne
47:39avec le backlash américain ?
47:44Alors,
47:45pas forcément.
47:46Je dirais oui et non.
47:49Là où il s'éloigne,
47:51c'est que pour nous,
47:52on pose la question
47:53de mon énergie,
47:54pour nous,
47:54le monde de la transition
47:55et j'ai énormément
47:57de contacts
47:58avec d'autres leaders
47:59du monde de la transition,
48:00de mouvements
48:01et je le sens
48:02dans les équipes,
48:03c'est un moment
48:03très difficile à vivre
48:04en ce moment.
48:06On avait quand même
48:06du vent dans les voiles
48:07ces dernières années.
48:09Peut-être pas assez,
48:10mais maintenant,
48:11on se rend compte
48:11que ce n'était pas si mal.
48:12Je parle de la France aussi.
48:14Il faut qu'on soit fiers
48:15aussi de ce qui se passe
48:15en France.
48:17Je voyage en plein de pays
48:17et on a quand même
48:18un écosystème unique au monde.
48:21J'étais en Angleterre
48:21il n'y a pas longtemps,
48:22on nous envie énormément
48:23de ce qu'on a en France
48:24avec le Shift Project,
48:26des grandes personnalités,
48:28les fresqueurs,
48:28on a quelque chose
48:30de puissant.
48:31Donc on a un écosystème
48:32de la transition
48:32qui est plus puissant
48:33qu'ailleurs.
48:34Qui est beaucoup
48:34plus puissant qu'ailleurs,
48:35très diversifié.
48:36On a aussi une économie sociale
48:37et solidaire
48:38qui vient de très loin en France.
48:39On a aussi un milieu associatif
48:41avec du bénévolat,
48:42plein d'associations en France.
48:43Donc en fait,
48:44on a un tissu
48:44de personnes
48:45qui sont déjà embarquées
48:46sur le monde de demain.
48:48Et on est en fait
48:48des centaines de milliers,
48:49voire des millions.
48:50En revanche,
48:51on n'a pas encore fait
48:51complètement écosystème
48:52entre nous
48:53et parfois,
48:53il y a des querelles de chapelle
48:54qui nuisent.
48:55Donc c'est vrai
48:57que moralement,
48:58moralement,
49:00c'est particulièrement difficile
49:01en ce moment.
49:02Et il faut se le dire aussi,
49:03on fait des trucs incroyables
49:03avec des bouts de chandelles.
49:04On est très peu soutenus.
49:06La philanthropie en France
49:07n'est pas énorme
49:09par rapport à d'autres pays.
49:11Et donc les modèles économiques
49:12du milieu associatif,
49:13c'est très compliqué.
49:14Donc ça,
49:15effectivement,
49:16ça nous coûte
49:16de l'énergie,
49:17de l'enthousiasme.
49:19Et en même temps,
49:19à ce qu'on se rapproche
49:20du point de bascule,
49:20moi, j'en suis convaincu
49:22parce que quand on voit
49:23la crispation qu'il y a,
49:25notamment aux Etats-Unis,
49:27de l'ancien modèle,
49:28pour moi,
49:29c'est vraiment,
49:29je dirais,
49:30la dernière crispation
49:31avant le déblocage.
49:34Oui,
49:34mais alors,
49:34si on prend l'exemple
49:35du vêtement
49:37des marques
49:38de l'ultra fast fashion,
49:39pour l'instant,
49:39elles sont loin
49:39d'être révingardisées,
49:41notamment auprès
49:41des jeunes consommateurs
49:43et consommatrices.
49:44C'est vrai.
49:45Après,
49:45moi,
49:46j'ai des jeunes ados
49:47et ils sont
49:48dans une ambivalence,
49:49effectivement,
49:50culturellement.
49:52ces marques-là,
49:53elles sont encore
49:53mises en avant
49:54et en même temps,
49:55ils sentent bien
49:55qu'il y a une dissonance
49:56très forte
49:57et dans les métiers
49:58qu'ils veulent faire,
49:59les jeunes,
50:00aujourd'hui,
50:00veulent des métiers
50:01à impact,
50:02des métiers
50:02qui ont du sens.
50:03Donc,
50:03effectivement,
50:04on a tous
50:04des dissonances
50:05mais là,
50:06elle devient énorme
50:06aussi à certains endroits.
50:08Donc,
50:08quel est le moment
50:09où les gens
50:09consommateurs
50:11et, je dirais,
50:12engagés en entreprise
50:13vont vouloir se réaligner ?
50:15Là,
50:15on sent que ce moment-là,
50:17il est de plus en plus puissant.
50:19Donc,
50:19il y a beaucoup d'énergie
50:19aujourd'hui,
50:20de réalignement.
50:21Ce qu'il faut espérer,
50:22c'est qu'il y a un effet
50:23d'entraînement
50:23et que tout ça se débloque.
50:25On est dans une économie
50:26quand même
50:27et une France
50:28de tradition
50:29très jacobine.
50:30on attend beaucoup
50:31du pouvoir central.
50:34Vous avez signé,
50:35prôné avec une soixantaine
50:36d'acteurs
50:37de l'économie circulaire
50:38la création
50:38d'un ministère dédié.
50:40Alors,
50:40c'est intéressant
50:41parce que vous dites
50:41à la fois,
50:42c'est les entreprises
50:42qui font le job
50:43mais pourquoi il y aura
50:44un ministère
50:45sur l'économie sociale
50:46et solidaire ?
50:47En quoi ce sera
50:47un effet d'accélération ?
50:48Et l'économie circulaire ?
50:49Oui.
50:49C'est vrai que...
50:51L'économie circulaire,
50:52oui.
50:52L'économie circulaire.
50:53C'est vrai que
50:54Nicolas Hulot
50:55en avait parlé
50:56à un moment donné
50:56en disant
50:57oui,
50:57on a 10-12%
50:58de l'économie française
50:59qui est sociale
51:00et solidaire.
51:01On a peut-être
51:015-7%
51:02qui est circulaire.
51:04Il disait
51:05mais finalement
51:05je ne comprends pas
51:06pourquoi toute l'économie
51:07n'est pas comme ça.
51:08Si on additionne tout ça,
51:10sociale et solidaire,
51:11circulaire,
51:11nous les entreprises
51:12de la CEC,
51:13les entreprises
51:13de Mouvement Impact France,
51:15les entreprises
51:16de Bilab,
51:17en fait,
51:18on a 20-25%
51:19de notre économie
51:20avec des dirigeants
51:21et des conseils
51:21d'administration
51:22qui sont en phase
51:23avec cette nouvelle visée,
51:26ce nouvel imaginaire
51:27d'entreprises
51:27qui font du bien
51:28à la société.
51:29Si on regroupe tout ça
51:30et si ce ministère
51:32ou en tout cas
51:32s'il y a du soin
51:33apporté par l'État
51:34sur cette économie-là
51:36et qu'on la met en avant
51:37et qu'on la met en situation
51:38de réussir,
51:39c'est là où on peut
51:39provoquer un mouvement
51:40de bascule.
51:41Merci beaucoup
51:42Éric Duverger
51:43et bravo encore
51:44pour toutes ces CEC,
51:46ces conventions
51:47des entreprises
51:47pour le climat.
51:48On passe tout de suite
51:48à notre rubrique
51:49Startup.
51:50Smart Ideas
51:57avec Thibaut Lemarié,
51:58bonjour.
51:59Bonjour.
51:59Bienvenue,
51:59vous êtes le fondateur
52:00de Blanc Blanc Blanc.
52:02Avec vous,
52:03on va se transporter
52:04déjà dans un site,
52:06on est près de Laval,
52:07ça s'appelle
52:07La Manufacture du Blanc.
52:08C'est un site historique.
52:10Faites-nous visiter
52:10en quelque sorte.
52:11Tout commence en 1768
52:14où un entrepreneur
52:15ayant beaucoup de prêts
52:18comme tous les blanchisseurs
52:18de l'époque
52:19se fait un peu challenger
52:21par les faubourgs
52:22de la ville d'à côté
52:23et doit s'installer
52:24dans un territoire
52:24où il a plus d'espace.
52:26Donc il arrive là
52:26et là,
52:27cet entrepreneur
52:28qui s'appelait
52:28Jean-René Pierre Leclerc
52:30de l'âge Berthière
52:31s'installe
52:32et est très innovant.
52:34Et donc,
52:35sa blanchisserie rayonne
52:37vers les années 1800
52:38devient la plus belle du royaume
52:39selon les historiens
52:40donc c'est quand même pas rien
52:41et exploite jusqu'à
52:43300-400 personnes
52:44qui bossent là-bas
52:45et qui exportent le textile
52:46de l'Espagne à la Hollande
52:48jusqu'aux Etats-Unis.
52:49Alors comme je vous le disais,
52:50hélas,
52:51et c'est là où ce site
52:52qui a 250 ans
52:53est extrêmement contemporain
52:54finalement
52:55à cause de l'esclavage
52:56aux Etats-Unis
52:57dans les plantations de coton.
52:58Le coton américain
53:00arrive à la Rochelle
53:00moins cher
53:01que le lin
53:02n'est produit dans l'Ouest.
53:03Et donc la blanchisserie
53:04fait faillite en 1811.
53:05Et donc vous réhabilitez
53:07ce lieu déjà ?
53:08Oui, exactement.
53:09Alors ce lieu
53:09a une vraie personnalité
53:10et c'était sur une propriété
53:12de famille
53:12donc on n'était pas du tout
53:13partisan de le voir tomber
53:14en ruine
53:14et la gravité ne s'arrête jamais.
53:17Et donc on a élaboré
53:18tout un projet
53:19autour de l'histoire
53:20de ce lieu.
53:21Moi je suis paysagiste
53:22de formation
53:22et on parle souvent
53:23de génie du lieu.
53:25C'est-à-dire qu'on ne crée
53:26pas un paysage,
53:26on le révèle.
53:27Et tout l'enjeu
53:28de blanc blanc blanc
53:28a été effectivement
53:30de prendre ce lieu
53:31qui a son histoire
53:31et de le révéler.
53:32Parce qu'il avait aussi
53:33des méthodes,
53:34on va dire,
53:35avec des ménages d'aujourd'hui
53:36de management
53:36qui étaient révolutionnaires
53:39pour l'époque.
53:41Et donc finalement
53:42dans ce lieu
53:43vous allez porter
53:44ces valeurs ?
53:45Exactement.
53:46Alors c'est là
53:47où ce lieu est très très riche
53:48et dès ses écrits
53:50de 1797
53:51donc les techniques
53:53de blanchiment
53:53à la mesure
53:54il n'avait aucun complexe
53:56à dire que
53:56ce qui écrivait Diderot
53:58n'était pas
53:58à la hauteur
53:58de ses écrits.
53:59Donc vous voyez
53:59c'est un vrai entrepreneur
54:00on va dire.
54:01Et en fait
54:02il avait déjà des notions
54:03effectivement
54:03pour que ses collaborateurs
54:04aient du cœur à l'ouvrage.
54:06Donc ce qui est assez intéressant.
54:07Et nous
54:07on va orienter cet endroit
54:09pour être un lieu d'accueil
54:10autour de la formation
54:11principalement
54:11mais un peu de séminaire aussi.
54:13Et l'enjeu
54:13c'est dans un monde contemporain
54:15qui est assez challengé
54:16au niveau de l'engagement
54:17comment essayer
54:18de redonner
54:18du cœur à l'ouvrage
54:20aux collaborateurs.
54:21Et c'est pour ça
54:22qu'on lance
54:22une expérimentation
54:23que l'on a appelée
54:24équilibre vie pro-vie pro
54:26et le principe
54:27est devant cette appétence
54:28de sens
54:29de beaucoup de collaborateurs
54:30au lieu de faire un choix
54:32entre rester dans un job
54:32de bureau
54:33et basculer vers un métier manuel
54:35ce qui est souvent
54:35un vrai impact
54:36dans le niveau de vie
54:37de négocier avec son entreprise
54:39un compromis gagnant-gagnant
54:40où on a une partie du temps
54:41pour ce métier manuel.
54:42Par exemple
54:43un quart du temps.
54:44Et donc vous restez
54:45un pied dans votre entreprise
54:46et un pied
54:47dans ce métier manuel
54:49et l'enjeu d'une étude
54:50qu'on va lancer
54:50avec une grande université
54:51c'est justement
54:53de savoir
54:53quel est l'impact
54:54sur la productivité
54:56des collaborateurs
54:57qui font cela.
54:58il sera aussi
55:00enfin vous allez
55:00on est dans un lieu
55:02de l'industrie textile
55:03il sera beaucoup question
55:05de réinventer
55:06l'industrie textile ?
55:08Alors sur le plan manuel
55:09justement
55:09dans les bâtiments
55:11qui le restent
55:11parce que la moitié
55:12ont disparu quand même
55:13avec le temps normalement
55:13on a un atelier partagé
55:16et là la base
55:18c'est de partir toujours
55:19de textiles upcyclés.
55:20D'accord.
55:21Donc on va prendre
55:21des vieux draps
55:22des vieilles nables
55:23qui vous savez
55:23dès qu'elles ont un trou
55:24ou une tâche indélébile
55:25et jeter
55:26et nous on va la valoriser
55:28et ce qui est assez chouette
55:29c'est que ce lieu
55:30on lui souhaite
55:31d'avoir une vraie aura internationale
55:33comme le faisait à l'époque
55:34notre Jean-René Pierre
55:35et l'idée est d'avoir
55:36des résidents artisans
55:37artistes designers internationaux
55:39qui arrivent
55:40et qui font des motifs
55:41du design, de l'art
55:42autour de ce textile
55:43et de retransformer
55:44la vision de ce déchet.
55:46Il devrait ouvrir quand ?
55:47A l'automne là
55:48en septembre.
55:48Au mois de septembre
55:49et donc à Laval
55:51près de Laval
55:51c'est ça ?
55:51Juste à côté de Laval
55:52Juste à côté de Laval
55:53la manufacture du blanc
55:54à découvrir.
55:55Merci beaucoup Thibaut Lemarié
55:57et bon vent
55:58à votre manufacture du blanc
55:59et à ce site
56:00cet organisme de formation
56:02qui s'appelle donc
56:03Blanc Blanc Blanc.
56:04Exactement.
56:04Voilà c'est la fin
56:05de ce Smart Impact.
56:05Merci à toutes et à tous
56:06de votre fidélité
56:07à la chaîne des audacieuses
56:08et les audacieux.
56:10Salut.
56:19Sous-titrage Société Radio-Canada