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L’acteur Raphaël Quenard était l’invité de Sonia Devillers, ce jeudi. Il publie son premier roman "Clamser à Tataouine", aux éditions Flammarion. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-08-mai-2025-6274586

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Transcription
00:00Et Sonia De Villers, vous recevez l'acteur que le cinéma français s'arrache et qui
00:04publie la semaine prochaine chez Flammarion son tout premier roman « Clam C » à Tataouine.
00:09C'est le titre.
00:10Un vrai bon titre de série B, voire de série noire, depuis quand n'avions-nous pas utilisé
00:15le verbe « Clam C » ? Bonjour Raphaël Quenard.
00:18Bien le bonjour.
00:19Bien le bonjour.
00:20C'est où Tataouine ?
00:21Alors Tataouine, en réalité, c'est en Tunisie, sur une carte, un planisphère digne de ce nom.
00:27Et dans mon imaginaire, c'est un autre endroit dont on révélera l'existence, si jamais
00:34le livre se vend bien, puisqu'on a prévu de proposer un ticket d'or qui permettra
00:41de partir pour une semaine à Tataouine, pour deux personnes, au Tataouine de mon imaginaire
00:50dont je promets qu'il est paradisiaque et je me propose d'être la deuxième personne.
00:53Ah formidable !
00:54Si jamais le regagnant.
00:55Et il ne devait pas être publié sous pseudo, ce roman ?
00:58Effectivement, il devait être publié sous pseudonyme, mais l'idée a été mise sous
01:04le tapis, parce que le pseudonyme accompagné d'une photo…
01:07Voilà, sur la jaquette, il y a vous ! Il y a vous !
01:10L'incarnation du paradoxe !
01:12Voilà, l'incarnation du paradoxe, l'incarnation du personnage, on va en parler.
01:17Après avoir raté son suicide, un marginal révolté se venge sur la société dont il entend
01:21punir toutes les couches. Le sang va couler avec force couteau de cuisine et éclaboussures.
01:28Gorr ! Il choisit les femmes. Ce sont des femmes qu'il va tuer les unes après les autres.
01:33Alors pourquoi des femmes ?
01:34D'abord, je tiens à préciser que je présente un personnage et bien évidemment, je ne m'en
01:41fais pas le défenseur. Ce n'est pas une plaidoirie d'avocat et c'est un tueur en série qui,
01:47comme beaucoup d'entre nous d'ailleurs, est caractérisé par sa lâcheté et les statistiques
01:54racontent quand même que les meurtres concernent majoritairement des femmes quand il s'agit
01:59de tueurs en série.
02:01Et votre personnage adore les statistiques.
02:03Votre personnage adore les statistiques, effectivement il y a un petit développement sur le thème.
02:09Particulièrement quand ils sont issus d'études américaines.
02:12Alors ça, l'étude américaine...
02:14Ça c'est imparable, c'est le comble de...
02:17Et il y a une phrase dingue, mais vraiment dingue, je vous la cite.
02:21C'est l'histoire d'une misandrie qui faisait qu'une misanthropie prenait l'apparence d'une misogynie.
02:27Explication au texte.
02:28Ça rejoint un peu ce que vous disiez juste avant.
02:31On invite les lecteurs à se plonger dans la piscine de ce cerveau malade
02:36pour en découvrir les contours de la signification de cette phrase.
02:41Mais dans quoi vous êtes allé puiser votre écriture Raphaël Quenard ?
02:44Est-ce que c'est l'histoire d'un serial killer, mais c'est farceste, farcesque ?
02:48C'est grotesque ?
02:49C'est poussé à l'excès ?
02:50C'est drôle ?
02:51C'est-à-dire que c'est bourré de références à la série B ?
02:55Alors oui, effectivement.
02:58Et moi je trouve que l'inspiration elle est partout.
03:03Elle est à chaque coin de rue, chaque coin de regard, chaque coin de conversation.
03:08Et donc tout est bon pour être passé au crible de nos dessins artistiques.
03:14C'est ça.
03:15La création est omnivore.
03:16C'est ça, mais comme dans la série B, il y a du second degré tout le temps.
03:19C'est-à-dire que par exemple ce serial killer qui n'a pas de mode opératoire,
03:24donc il est un peu foiré comme serial killer.
03:26C'est-à-dire qu'un coup il poignarde, un coup il pousse, un coup il empoisonne, un coup il jette par la fenêtre.
03:32Il ne faut pas en dévoiler trop non plus là, je vois que vous avancez.
03:36Non plus, non plus, non plus.
03:38Mais c'est-à-dire qu'il y a le plaisir d'utiliser des poncifs et de faire savoir qu'on utilise des poncifs.
03:44Après pour le coup, les meurtres ne concernent qu'une infime partie du récit.
03:49Et le récit c'est plus un récit de voyage entre les classes sociales et qui propose, on va dire, une galerie de personnages propres à s'émerveiller du grand n'importe quoi qu'est ce monde.
04:04Avant tout.
04:05De quel milieu social vous ? Parce que vous les catégorisez, c'est-à-dire que réellement on part de l'aristocrate jusqu'à la SDF.
04:13De quel milieu social vous êtes issu ?
04:15Moi je suis issu, on va dire, de classe moyenne. Mon père, il travaille dans un centre scientifique.
04:22Maintenant il est désormais retraité, il se prélasse.
04:27Et ma mère est travaillée à la Massif.
04:31Ma mère qui n'est pas connue pour être un modèle d'acharnement au travail.
04:37confondant parfois le télétravail avec le téléglandage.
04:44Et alors il y a aussi une plongée en piquet dans le foot, parce que là je ne veux pas trop révéler, mais il y a…
04:53Ah oui, ça va naviguer dans le monde du foot.
04:56Dans le monde du foot, que vous avez côtoyé.
04:59Que j'adore.
05:0016 ans de football.
05:01Et alors c'est une petite vengeance contre une carrière avortée, cet assassinat ?
05:05Ah non, pas du tout, pas de frustration aucune.
05:08Moi je savais que mon niveau me faisant défaut, je ne pourrais pas prétendre au professionnalisme.
05:14Pourquoi votre personnage ne bute personne dans le milieu du cinéma ?
05:18Parce qu'il aurait pu buter une actrice, une productrice, un chef opérateur…
05:22Ah rien de productrice.
05:23Il décide de vivre au crochet d'une vieille dame dont la profession était par le passé productrice de cinéma, si vous vous souvenez.
05:31Et il aurait pu, il aurait pu évidemment, mais la vie a fait que, peut-être dans un tome ultérieur madame.
05:39Alors, ces féminicides sanguinolents, ça n'a pas loupé.
05:44Sabrina Champenois, dans Libération, a publié un papier il y a quelques jours.
05:48Pourquoi je ne lirais pas Raphaëlle Quenard ?
05:51Elle explique que de nos jours, les serial killers, ils n'existent plus.
05:54Et elle en conclut, je la cite,
05:56« Toujours est-il qu'à l'heure où les violences faites aux femmes se sont imposées comme un enjeu de société,
06:01mais où les bouffées masculinistes se multiplient,
06:04et bien on se passera, pour notre part, d'une plongée dans un carnage du féminin annoncé avec des roulements de tambour du divertissement,
06:11comme si de rien n'était. »
06:13Alors, pour le coup, j'ai l'impression que, pour le coup, moi je propose une histoire au même titre que des séries télévisées vont proposer
06:22Dexter, Dahmer, The End Of The Fucking World, des true crime en veux-tu en voilà, faites entrer l'accusé.
06:29Là, je raconte une histoire, moi je ne me fais pas l'avocat de cette personne qui est détestable, immorale à souhait, etc.
06:36Il y a même une mise en garde au début du livre, je ne suis pas un exemple.
06:40Exactement.
06:41Et c'est surtout que vous anticipez ça.
06:42La moralité n'a pas de place dans l'art.
06:43Parce que si on commence à ne décrire que des personnages sans faille, sans obscurité, sans zone d'ombre, on risque de s'ennuyer quand même, je trouve.
06:52Vous allez me faire le coup, la littérature est le dernier espace de liberté.
06:57C'est vrai quand même qu'il y a cet espace-là qui permet d'atteindre une intimité confondante.
07:05En fait, le truc c'est qu'il n'y a pas beaucoup de filtres en littérature, contrairement à d'autres arts.
07:13Il peut y avoir plus de filtres, notamment le cinéma, entre le cœur et le cerveau de l'artiste et ce que le lecteur ou le public a consommé.
07:22Pourquoi au cinéma il y a plus de filtres ?
07:24Vous n'auriez pas pu la tourner cette histoire ? Vous avez voulu l'écrire plutôt que la porter à l'écran ?
07:30D'abord, c'est dans un premier temps, peut-être que plus tard elle sera portée.
07:35Mais au cinéma il y a quand même un milliard de fois plus de filtres qui viennent s'interposer, que ce soit les producteurs, les financiers.
07:45Il y a quand même toute une chaîne de financement et des enjeux économiques qui sont plus larges
07:50et qui donc rendent plus difficiles les descriptions de certaines natures.
07:56Parce que la question qu'elle pose, c'est jusqu'où va la provoque ? C'est un livre de grands provocateurs, évidemment.
08:03Là n'est pas mon but, vous vous fourvoyez.
08:06Bien sûr que si. Et qui parle ? C'est une vraie question parce que, évidemment, vous vous êtes en photo sur la jaquette,
08:13évidemment en tenue, avec un sourire ultra bright, avec la rose. Qui parle, Raphaël Quenard ?
08:20Dans le livre ? Oui.
08:22Ah bah c'est moi qui écris.
08:23À la première personne.
08:24Voilà, à la première personne.
08:26Vous mettez en scène un personnage qui tue pour écrire.
08:29Qui tue pour écrire, exactement.
08:31Qui va en faire un roman.
08:32Exactement.
08:33Et qui anticipe déjà la réaction des journalistes.
08:35Exactement.
08:37Et donc, qui parle dans les artistes ?
08:40Après, vous savez, l'inspiration ça reste quand même un gloubi-boulga de choses qu'on entend,
08:46de références qu'on grappille ça et là. Et ça serait bien ennuyeux si on avait à raconter que soi-même.
08:53Et donc, je raconte surtout les gens qui m'entourent, que j'ai à côtoyer au quotidien, plus que moi au final.
09:00Parce que si je prenais que des théories qui étaient de ma propre conception,
09:04peut-être que l'ouvrage se limiterait à 2-3 pages.
09:07Clamsé à Tataouine.
09:09Bientôt, un ticket d'or et un voyage avec Raphaël Quenard.
09:12Ça paraît la semaine prochaine, chez Flammarion, le 14 mai.
09:15Merci.
09:16Et merci Sonia de Villers.

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