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La ministre de l’Éducation nationale était l'invitée de France Inter mercredi 7 mai pour présenter le plan "Filles et maths". La ministre annonce aussi que les portraits de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis trois ans en Iran, seront affichés sur le ministère de l'Éducation nationale.


Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Sonia De Villers, vous recevez la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
00:06Bonjour Elisabeth Borne.
00:08Vous êtes ici pour parler d'un projet qui vous tient à cœur depuis longtemps,
00:11la place des filles dans les filières scientifiques en France.
00:14Mais juste avant d'entrer dans ce studio, vous m'avez confié, Madame la ministre,
00:18que vous avez reçu hier les parents de Cécile Collère.
00:22Cécile Collère, elle est professeure de français.
00:24Elle a été arrêtée en Iran le 7 mai 2022,
00:27c'est-à-dire que ça fait trois ans aujourd'hui qu'elle est en captivité et vous êtes inquiète.
00:33Oui, moi je suis inquiète après avoir échangé avec ses parents.
00:37Et je vous l'avais dit, ça fait maintenant trois ans que Cécile Collère et Jacques Paris sont arbitrairement détenus en Iran.
00:45Moi je veux ce 7 mai dire à nouveau que la France met tout en œuvre pour obtenir leur libération,
00:51les assurer de notre soutien total.
00:54et puis dire aussi qu'aujourd'hui, sur le ministère de l'éducation nationale,
00:59on affichera les portraits de Cécile Collère et de Jacques Paris pour dire qu'on ne les oublie pas.
01:07Bien. Alors je le disais, c'est un sujet qui vous tient à cœur depuis longtemps.
01:11En France, les filles sont trop peu nombreuses dans les spécialités scientifiques au lycée.
01:16Pire dans les filières scientifiques post-bac.
01:18Pire encore dans les métiers d'ingénieur par exemple.
01:21C'est un problème pour qui concrètement ?
01:24Pour les filles ou pour ces secteurs d'activité ?
01:26Alors pour les deux, c'est un problème pour les filles parce que du coup,
01:30elles accèdent à des emplois qui sont moins bien rémunérés,
01:34elles ont moins de perspectives de carrière.
01:36Et puis c'est un problème pour notre pays parce qu'on ne forme pas assez d'ingénieurs,
01:40pas assez de techniciens.
01:42On sait qu'il manque de l'ordre, enfin plus de 20 000 ingénieurs chaque année,
01:4760 000 techniciens et donc c'est un enjeu pour notre compétitivité.
01:50C'est ça, donc mécaniquement, si on augmente le nombre de filles dans ces filières,
01:54on augmentera le nombre d'ingénieurs et techniciens.
01:56Je dis bien qu'effectivement, l'idée est d'avoir plus de filles et pas moins de garçons.
01:59C'est d'augmenter globalement le nombre d'ingénieurs et techniciens.
02:03Vous lancez le plan filles et maths dont la première action sera de former
02:07tous les professeurs de la primaire au lycée.
02:12Quel est le problème avec les profs concrètement ?
02:14Est-ce qu'ils transmettent les stéréotypes qu'ils ont eux-mêmes subis à leur génération ?
02:21Est-ce qu'ils perpétuent consciemment ou inconsciemment le système ?
02:24Oui, je pense que c'est important d'avoir cette sensibilisation et ces formations
02:29qui vont se mettre en place à partir de la rentrée 2025
02:31parce qu'on voit que les biais, les stéréotypes ne reculent pas,
02:37voire se renforcent dans la société et donc dans nos classes.
02:41Et donc, on constate au fur et à mesure de la scolarité
02:45que le goût des filles pour les maths baisse par rapport aux garçons
02:50et donc l'objectif, c'est vraiment d'éviter de reproduire ces stéréotypes.
02:56Franchement, vous annoncez par exemple que vous allez faire afficher une charte
03:01en salle des professeurs, ça va à la salle des professeurs aux primaires
03:04mais ça va également pour le collège et le lycée.
03:06On se demande, qu'est-ce qu'il va y avoir écrit sur cette charte ?
03:09Par exemple, vous voyez, les filles ont moins confiance en elles
03:13et moins confiance en elles dans les maths.
03:15Et donc, elles lèvent moins la main quand on fait un cours de maths
03:18et si on n'est pas attentif à ça, on interroge tout le temps les garçons
03:23et pas les filles.
03:24On envoie les garçons au tableau et pas les filles.
03:27Et puis, quand on regarde les appréciations,
03:30les filles, on leur dit qu'elles sont consciencieuses
03:31et les garçons, on leur dit qu'ils sont brillants.
03:33Donc, vous voyez, ça n'encourage pas.
03:35Tout ça, c'est documenté.
03:35Tout ça, c'est documenté.
03:36Vous annoncez également ce matin, Madame la Ministre,
03:39la création de classes spécialisées sciences
03:41en quatrième et en troisième.
03:44Alors, comment elles vont fonctionner, ces classes ?
03:46Est-ce que c'est des classes dans lesquelles il y aura
03:47plus d'heures d'enseignement et plus d'heures d'enseignement
03:50en maths, en physique et en SVT ?
03:53Alors, je veux effectivement créer des classes aménagées maths et sciences
03:59en quatrième et en troisième, c'est des dispositifs qui existent aujourd'hui
04:04pour la musique, pour le théâtre, par exemple.
04:07Et l'objectif, c'est de développer aussi la culture scientifique et technique,
04:12donc d'avoir des activités supplémentaires pour découvrir les sciences,
04:18les maths autrement, avec des chercheurs, avec des partenaires
04:21que les chefs d'établissement, les recteurs sont en train de rechercher
04:25et donc de pouvoir sensibiliser des jeunes à la recherche,
04:31à l'expérimentation dans les sciences.
04:33Des jeunes, autant de filles que de garçons ?
04:35Et alors, du coup, ces classes, le cahier des charges, si je peux dire,
04:38c'est qu'elles doivent accueillir 50% de filles.
04:40Quotas ? C'est-à-dire qu'on en vient au quota ?
04:42C'est une présence équilibrée de filles et de garçons
04:46dans ces futures classes à horaires aménagées pour les maths et les sciences.
04:51Qui existeront là, dès la rentrée ?
04:53On va expérimenter dans 5 académies dès la rentrée.
04:57On veut le généraliser, c'est-à-dire avoir au moins une classe aménagée de ce type,
05:02à horaire aménagée de ce type, dans chaque département à la rentrée suivante.
05:07Et quota encore dans les classes préparatoires aux grandes écoles ?
05:11Alors, il faut agir à tous les niveaux.
05:13J'ai dit le collège, le lycée, on pourra y revenir,
05:16c'est d'avoir plus de filles qui vont vers les spécialités maths et vers les maths experts.
05:23Et effectivement, moi, ce que je constate, c'est qu'en classe prépa,
05:26la part des filles ne progresse pas et qu'on a même certaines classes prépa
05:30dans lesquelles il y a moins de 10% de filles.
05:33Les filles, quand elles voient des formations où il y a aussi peu de filles,
05:36où il y a autant de garçons, on va le dire,
05:38Et que des profs de maths et de physique qui sont des hommes.
05:40Et que des profs de maths aussi qui sont des hommes,
05:41donc il faut aussi agir sur ce point.
05:44Les filles hésitent à aller.
05:45Et moi, j'entends ces témoignages de jeunes filles qui disent
05:48« je ne veux pas aller dans une filière qui est trop masculine ».
05:52Alors, combien de filles dans les classes préparatoires aux grandes écoles ?
05:54L'objectif, c'est d'avoir, à partir de la rentrée 2026,
05:59au moins 20% de filles dans chaque classe préparatoire
06:02et de viser 30% en 2030.
06:05Bien, et c'est une polytechnicienne qui nous parle,
06:08qui peut donc passer par ces classes-là.
06:10Il y a d'autres dossiers bouillants sur votre bureau,
06:14Elisabeth Borne,
06:16notamment l'accueil des chercheurs étrangers dans les labos
06:18et les universités françaises.
06:20Ça a fait grincer des dents cette semaine.
06:22C'est-à-dire que d'un côté, l'Europe et Emmanuel Macron
06:24ont annoncé des enveloppes très conséquentes
06:26pour attirer les scientifiques, particulièrement menacés aux Etats-Unis.
06:29Et on ne peut que s'en réjouir.
06:30En revanche, ça a été pointé par l'intersyndical
06:34et par beaucoup de représentants de ce secteur.
06:37En ce moment, le gouvernement supprime par décret
06:41des budgets conséquences, eux aussi alloués à la recherche.
06:44Est-ce que ça n'est pas là le grand écart ?
06:46D'un côté, on supprime des budgets alloués à la recherche,
06:48de l'autre côté, on ouvre des enveloppes
06:51pour accueillir des scientifiques étrangers.
06:52Aucun organisme de recherche, aucune université n'a vu une baisse de son budget
06:58et on a annulé des crédits qui étaient en réserve.
07:01Et je voudrais rappeler que depuis qu'on a lancé la loi de programmation de la recherche,
07:05c'est 6 milliards d'euros de plus pour la recherche.
07:08Donc on est très engagé parce que la recherche, c'est l'avenir de notre pays
07:12pour la recherche en France.
07:14Et c'est très important, vous voyez, à un moment où la recherche est menacée
07:18dans de nombreux pays dans le monde et on voit ce qui se passe aux Etats-Unis,
07:22d'être une terre d'accueil pour ces chercheurs.
07:24Il y a néanmoins de grandes universités françaises qui sont dans le rouge,
07:27dont les budgets sont dans le rouge et gravement dans le rouge.
07:29Il y a des cas particuliers et on peut l'examiner avec elles.
07:33Mais globalement, je peux vous assurer qu'on a augmenté les crédits de la recherche
07:36et accueillir ces chercheurs qui sont menacés, dont les travaux sont menacés,
07:41pouvoir héberger les données qui sont aussi menacées,
07:45c'est important parce que quand la science vacille aux Etats-Unis,
07:48c'est un peu toute la science mondiale qui est en danger.
07:50Et alors, dans ces dossiers majeurs, on ne s'attendait probablement pas
07:54à avoir une convention citoyenne sur les temps de l'enfance.
07:57C'est le président de la République qui l'a annoncé.
08:00Est-ce que c'était une urgence ?
08:02C'est un sujet qui le préoccupe depuis longtemps
08:05et je pense qu'on peut tous constater.
08:08Vous savez, moi, quand je vais dans un collège,
08:10je rencontre des collégiens qui me disent
08:11« Quand est-ce qu'on aura des journées moins chargées ? »
08:13Des collégiens aussi, dont malheureusement,
08:16ils peuvent se coucher peut-être tard
08:17et ils sont longtemps sur leur smartphone, sur leurs écrans,
08:21qui sont fatigués.
08:23Je pense que c'est important qu'on puisse réfléchir ensemble
08:26et donc c'est ce qui sera demandé aux citoyens de la convention citoyenne,
08:30un meilleur respect des rythmes biologiques de l'enfant.
08:33Et pourquoi passer par une convention citoyenne ?
08:36C'est vraiment là la question qui a émergé,
08:39notamment du côté des professeurs et des enseignants.
08:41Alors, passer par une convention citoyenne,
08:44ça veut dire écouter tous les Français
08:47sur un sujet qui nous concerne tous.
08:49Mais ce qui est très clairement dit
08:51dans la lettre de Cézine
08:53pour cette convention citoyenne,
08:54c'est que les mesures feront l'objet d'une concertation
08:57si elles doivent être retenues.
08:58Donc il y aura bien une concertation
09:00avec ceux qui sont directement concernés.
09:01Donc les profs.
09:02Donc les profs.
09:03Elisabeth Borne, merci.

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