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David Cavaillolès, le président exécutif d'Arianespace, fort de deux premiers succès en 2025, l'assure mercredi 6 mai, "cette année, c'est l'année de l'accélération".

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Transcription
00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, l'Europe est de nouveau dans la course spatiale grâce aux deux lancements réussis en quelques semaines seulement des deux lanceurs d'Ariane Espace dont je reçois le président exécutif ce soir.
00:18Bonsoir David Cavaioles.
00:19Bonsoir.
00:20Invité éco de France Info ce soir, lancement commercial réussi donc pour Ariane 6 début mars avec à son bord un satellite militaire et puis pas plus tard que la semaine dernière,
00:28autre réussite avec le lancement d'une plus petite fusée, Vega C, après des retards, après des déboires.
00:35Qu'est-ce que vous vous dites aujourd'hui ? Vous vous dites ouf enfin ?
00:38Effectivement, c'était extrêmement important qu'on réussisse ces deux premiers lancements.
00:43On peut dire que l'an dernier ça a été une année de transition, après des retards, après des difficultés comme vous l'évoquez.
00:48On avait fait des lancements peu nombreux mais très importants, on a vu le premier vol d'Ariane 6 en 2024, le retour en vol du lanceur Vega.
00:54Cette année, c'est l'année du rebond, c'est l'année de l'accélération puisqu'on a l'ambition de faire jusqu'à huit lancements, ce qui est considérable.
01:02Donc les deux premiers ont été des grands succès, évidemment maintenant on veut accélérer.
01:05Ariane Espace est un acteur européen, filiale d'Ariane Group, quelques 8300 salariés en France, en Allemagne, entreprise détenue à 50-50 par Safran et Airbus.
01:16Ses lancements réussis, c'est un carnet de commandes qui est rempli pour la suite ?
01:20Alors en fait, le lanceur Ariane 6, il commence son exploitation, il commence sa vie, c'est un lanceur qui est jeune.
01:26On a fait deux lancements mais évidemment on va faire beaucoup plus.
01:28Aujourd'hui, on a plus de 30 lancements en carnet de commandes, ça veut dire qu'on a des années d'activité déjà assurées devant nous.
01:36Évidemment, l'enjeu premier maintenant, c'est de réussir les lancements, c'est que nos clients soient contents, qu'ils aient envie de revoler avec nous.
01:41Mais le second enjeu, c'est de continuer de remplir ce carnet de commandes avec à la fois des clients publics, l'Union Européenne, les Etats membres ont des fortes ambitions en matière spatiale.
01:51Mais également avec des clients commerciaux à l'export partout dans le monde.
01:54Et qu'on se rende bien compte, ça représente des retombées pour l'économie française, pour l'industrie française ?
02:01Je crois que ce qui est fabuleux dans le spatial, c'est que c'est une technologie qui est phénoménale, c'est extrêmement compliqué, c'est impressionnant de voir un lancement.
02:08Mais en fait, notre activité, elle va bien au-delà des lancements.
02:11Parce que les satellites qu'on met en orbite, ils ont des retombées directes pour les citoyens.
02:17Typiquement, vous évoquiez le premier lancement qu'on a fait cette année, c'était un lancement pour l'armée française, pour un satellite de reconnaissance, un satellite d'observation.
02:25Et donc d'ores et déjà, grâce à ce lancement, on permet à nos forces armées partout dans le monde d'avoir accès à des informations extrêmement précieuses.
02:34Plus récemment, la semaine dernière, on a lancé un satellite qui s'appelle Biomasse, qui vise à surveiller les forêts, à les analyser, à les étudier partout dans le monde.
02:42Ça va nous aider à lutter contre le changement climatique, ça va nous aider à préserver la biodiversité et tout cela évidemment au bénéfice des citoyens.
02:49Alors comment est-ce qu'on se positionne quand on y est Arianespace face à la domination américaine ?
02:55On pense évidemment à Elon Musk et SpaceX, la forte présence des Chinois, les nouveaux acteurs que sont les Indiens.
03:02Quelle est la valeur ajoutée, la spécificité d'Arianespace ?
03:05Alors moi, j'ai pris mon poste il y a un peu plus de trois mois et j'ai déjà rencontré des clients aux quatre coins du monde.
03:11Et ce qui est frappant, c'est quasiment à l'unisson, tous les clients me disent, on ne peut pas accepter de dépendre d'un seul fournisseur.
03:18C'est insupportable, c'est un risque qui est bien trop grand et donc on a besoin d'Arianespace, on a besoin d'Arianespace.
03:25Donc ça explique la dynamique commerciale et je pense que plus que jamais, aujourd'hui, dans un monde qui est quand même complexe,
03:31avec une dynamique géopolitique qui est incertaine, les acteurs en Europe, mais au-delà, ont besoin d'un lanceur européen au rendez-vous, fiable et c'est ce qu'on fait.
03:40Et effectivement, dans votre carnet de commandes, il y a une multitude d'acteurs, dont des acteurs américains.
03:45Amazon, qui fait appel à vous pour développer sa constellation de satellites de télécommunications, Kuiper.
03:51Est-ce qu'aujourd'hui, avec la nouvelle donne géopolitique que vous avez mentionnée, est-ce que vous craignez que demain, Amazon ne fasse plus appel à vous ?
04:00Alors, depuis des années, depuis des décennies, on a des coopérations extrêmement fructueuses avec les Américains.
04:06Le fameux télescope James Webb, le télescope le plus cher de l'histoire, l'un des plus utiles aussi, j'espère, a été lancé avec succès par Arianespace.
04:14Effectivement, plus récemment, on a signé ce contrat absolument majeur avec Amazon.
04:18Moi, j'ai rencontré le patron d'Amazon Kuiper récemment.
04:21Plus que jamais, ils comptent sur nous, ils comptent sur notre fiabilité, ils comptent sur notre capacité à monter en cadence pour les aider à déployer cette constellation.
04:29Et donc, nous, notre job, c'est d'être au rendez-vous pour que ces clients, encore une fois, soient satisfaits et continuent l'aventure avec nous.
04:36Et donc, ça veut dire que demain, Amazon ne peut plus renoncer à faire appel à vous parce qu'il aura une consigne gouvernementale
04:44ou parce que ça coûtera trop cher avec la perspective de la hausse des trois douanes ?
04:49Alors moi, ce que je veux, c'est qu'Amazon ne puisse plus renoncer à travailler avec nous parce qu'on rend un service de grande qualité.
04:54C'est ça l'enjeu. Et donc, d'ici la fin de l'année, on fera le premier lancement pour Amazon.
04:59Au passage, pour moi, c'est quand même une preuve de la qualité de ce qu'on fait,
05:03qu'une des entreprises les plus innovantes au monde fasse appel à Arianespace.
05:07Et donc, on met tout en œuvre. Les équipes sont pleinement mobilisées, aux côtés des équipes d'Amazon d'ailleurs,
05:12pour permettre la réussite de ce premier lancement. Et ensuite, on va accélérer.
05:15Et la nouvelle donne géopolitique, est-ce qu'elle vous apporte aussi de nouveaux clients,
05:21des clients institutionnels qui se disent que c'est mieux de faire appel à un acteur européen aujourd'hui ?
05:26Alors en fait, depuis des années, chez Arianespace, on explique que l'autonomie stratégique,
05:31la capacité à lancer soi-même ses satellites, où on veut, quand on veut, sans dépendre d'un tiers, c'est capital.
05:36Et aujourd'hui, effectivement, on est plus entendu que jamais.
05:41Au niveau européen, il y a énormément de projets.
05:43Au niveau de la Commission européenne, en France, en Allemagne, en Italie,
05:46il y a énormément de projets d'infrastructures spatiales,
05:49parce qu'aujourd'hui, les décideurs se rendent compte de l'importance du spatial
05:53pour des usages civils, mais aussi pour des usages militaires.
05:56Maintenant, évidemment, il faut que ces projets deviennent concrets,
05:59mais on travaille main dans la main avec les pouvoirs publics pour rendre tout cela concret.
06:04Et ça, ça veut dire concrètement, David Cavaiolet,
06:07est-ce que ces acteurs institutionnels, ces clients européens,
06:11ils ne peuvent pas faire appel à un Américain ou un Chinois demain ?
06:13Alors en réalité, ils pourraient, et c'est une spécificité,
06:16c'est qu'autant les marchés américains, chinois, russes sont captifs, d'accord ?
06:20Les Américains lancent avec SpaceX, ils lancent avec ULA,
06:23ils ne lancent pas avec Ariane, les Chinois et les Russes non plus, exactement.
06:28En Europe, c'est différent.
06:29Et donc nous, évidemment, on prône pour un principe de préférence
06:33qui nous met simplement à égalité des autres grandes puissances.
06:36Et maintenant qu'Ariane 6 est là, maintenant qu'Ariane 6 fait la preuve de sa fiabilité,
06:40je pense qu'il est grand temps de rendre concret ce principe de préférence.
06:43Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour cette année 2025, David Cavaiolet ?
06:49Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter ?
06:50Une montée en cadence, une fusée réutilisable aussi, j'ai cru comprendre.
06:54Alors à court terme, la priorité, c'est de réussir les silencements qui sont devant nous.
06:58Ça va être extrêmement intense.
07:00Il faut avoir en tête que pour Ariane 5, il a fallu 10 ans pour arriver à faire 5 lancements par an.
07:06Là, on y sera quasiment en un an.
07:08Donc c'est une révolution, c'est un vrai défi.
07:10Je peux vous dire que les équipes travaillent dur et sont mobilisées.
07:12Mais on va tout mettre en œuvre pour que ça fonctionne.
07:14Évidemment, nous, on est là pour durer.
07:16Donc on a un carnet de commandes, on a plusieurs années de visibilité.
07:18C'est bien.
07:19Maintenant, on veut aussi se projeter sur l'avenir plus lointain,
07:22avec notamment la réutilisabilité et ce genre de technologies.
07:25Bien sûr, ce sont des sujets qu'on regarde.
07:27Merci beaucoup David Cavailloles, tout nouveau patron d'Ariane Espace.
07:32Vous étiez l'invité Éco de France Info ce soir.
07:34Merci beaucoup.

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