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Ouverture du conclave pour l'élection du nouveau Pape : une élection qui se joue entre spirituel et politique. Écoutez l'analyse de Jean-François Colosimo, théologien, historien et directeur général des éditions du Cerf.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 07 mai 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud au coeur de l'actualité à la télé, on appellerait ça le loft, au Vatican on appelle ça le conclave.
00:12Les cardinaux chargés d'élire le nouveau pape vont s'enfermer tout à l'heure jusqu'à la fameuse fumée blanche qui nous dira qui ils ont choisi pour succéder à François.
00:19Alors ce matin Amandine, vous avez choisi un homme qui sait ce qu'il se passe dans le secret des conclaves, c'est Jean-François Colosimo. Bonjour et bienvenue à vous.
00:26Bonjour et merci beaucoup d'être avec nous ce matin. On va essayer avec vous de jouer un peu les petites souris de ce conclave qui doit donc débuter cet après-midi.
00:34Ils sont 133 à voter, 133 cardinaux, on le rappelle, tous ceux âgés de moins de 80 ans qui vont donc être réunis dans la chapelle Sixtine.
00:42Concrètement comment ça se passe ? Est-ce que c'est comme on le voit par exemple dans le film conclave qui est sorti sur les plateformes il n'y a pas très longtemps et qui a beaucoup beaucoup de succès ?
00:51Ils sont comme ça les uns côte à côte ?
00:53Oui absolument. Alors il faut dire que le film dont après on peut apprécier plus ou moins la fin surprenante,
01:01mais ce film jusqu'à ce point-là est d'une exactitude totale, n'est-ce pas ?
01:07Et à la fois sur la manière dont ça se déroule, ce vote, avec ces cardinaux qui se font face, qui se déplacent, qui vont mettre leur bulletin dans l'urne.
01:17Un par un.
01:17Un par un en ayant cette formule tout à fait extraordinaire selon laquelle ils se mettent face à Dieu, n'est-ce pas ?
01:25Ils vont être jugés pour leur vote en quelque sorte dans l'éternité et donc il faut bien se rendre compte que là il n'y a pas de conversation, etc.
01:32Donc admettons que vous soyez le 70ème à voter, il y en a 70 qui ont voté avant vous.
01:37A chaque fois on se déplace, on va solennellement devant l'urne, on dépose son vote et puis il y en a 50 qui vont suivre.
01:44Donc vous voyez que c'est une atmosphère très particulière, une atmosphère assez pesante, une atmosphère de recueillement, une atmosphère assez lourde.
01:53Très solennelle.
01:54Et très solennelle, bien sûr.
01:55Et tout est effectivement très codifié, il y a ces petits papiers sur lesquels il est écrit, j'ai lu en latin comme souverain pontife et chacun doit compléter le nom puis plier le papier en deux.
02:08En quatre.
02:09En quatre, deux fois.
02:10Et puis en mettant tout à fait de manière ostensible son bulletin au bout de la main, n'est-ce pas, le bras levé, le cardinal sort de la place où il est assis, n'est-ce pas, va vers la grande table où il y a l'urne en bronze doré, là prononce cette fameuse formule où il s'en remet au jugement de Dieu, n'est-ce pas, dépose son bulletin, repart à sa place, vient le tour du suivant.
02:38Donc oui, c'est une atmosphère très particulière.
02:41Ce qui n'empêche pas que ces cardinaux, une fois qu'ils ont quitté la chapelle Sixtine, se retrouvent à Sainte-Marthe, cette fameuse hôtellerie qui est prévue principalement pour les conclaves et qui sert le reste du temps à recevoir les hôtes de marque, de passage, qui viennent voir le pape.
02:57Et là, là, ils ont des dîners.
02:59Il y a des tractations, comme on le voit, je reprends encore l'exemple de ce film, parce que vous dites, même si la fin, on peut en juger, mais il est parfait sur ce qui s'y passe.
03:08Alors bon, le film, évidemment, il est un peu caricatural dans le sens où les conservateurs sont ultra conservateurs, les progressistes sont ultra progressistes.
03:16Bon, mais oui, il y a des échanges, mais ce ne sont jamais, en fait, les leaders, n'est-ce pas, du vote qui échangent.
03:25Ils ont des émissaires, ils ont des représentants, des gens qui sont en compagnie, des gens qui sont en dialogue depuis longtemps, et qui vont essayer de trouver, en fait, ce pape.
03:35Et le trouver, ça veut dire, en fait, arriver à une majorité, n'est-ce pas, de 88 votes, ou 89, en l'occurrence, et la majorité des deux tiers, parce qu'un pape doit être bien élu.
03:50Alors, le deuxième point pour être bien élu, c'est qu'il faut être quand même assez rapidement élu.
03:54Alors, justement, ils sont 133, on le disait, à voter, c'est du jamais vu pour un conclave en nombre.
03:59Alors, majorité, donc, à 89 voix, d'après vous, ça va être long ?
04:06Entre des cardinaux qui ne se connaissent pas, forcément, des cardinaux qui viennent pour la première fois dans un conclave, c'est une immense majorité.
04:14Donc, aussi, je dirais, un avantage donné à ceux qui sont plus expérimentés, qui vont un peu encadrer ces gens, si on ne passe l'expression, qui débarquent, en quelque sorte.
04:24Alors, voilà, le conclave, il est prévu pour ça.
04:26Si vendredi soir, à l'issue de quelques tours, puisqu'on va avoir le premier tour, vraisemblablement, cet après-midi, encore que ce ne soit pas obligatoire...
04:35Ah bon, ce n'est pas obligatoire ?
04:36Non, le premier tour peut être organisé, mais ça dépend de l'heure à laquelle ça va commencer, vers 17h.
04:42Alors, ce premier tour, évidemment, on peut marquer sa préférence, son rêve, son amitié, mais il rapidement se dessine, en fait...
04:49En fait, on rappelle qu'on vote pour qui on veut.
04:52Officiellement, il n'y a pas de candidat.
04:53Bien entendu.
04:54Et normalement, on ne doit pas voter pour soi-même.
04:56Normalement, mais en même temps, personne ne vient vérifier.
04:59Oui, mais enfin, bon, faisons leur crédit, quand même, qu'eux comprennent un peu la gravité de ce qu'ils font, et que, voilà, on n'est pas...
05:06Bon, pour vous, on sera fixé avant vendredi, ou pas ?
05:08Non, ce n'est pas sûr du tout, parce que ça va se passer de la façon suivante, tout de même.
05:12On a trois groupes qui vont se dessiner.
05:14Un groupe de conservateurs, vraisemblablement mené par le cardinal Erdo de Budapest, hongrois.
05:22Un groupe de la Curie, les Italiens, qui veulent reprendre les choses en main.
05:26Donc, les premiers sont un peu pour l'ordre moral, les deuxièmes sont pour l'ordre structurel.
05:30Donc, ils ont quand même quelque chose en commun.
05:33Et puis, ceux qui veulent continuer François de manière plus modérée, en mettant de l'ordre...
05:36Alors, le candidat de la Curie, c'est Paroline, le Premier ministre du Vatican, le secrétaire d'Etat.
05:42Et il y a les troisièmes qui, donc, veulent continuer François, même s'ils veulent rééquilibrer tout de même l'héritage de François.
05:48Et le cardinal Aveline figure parmi les têtes de file, puisque...
05:54Donc, l'archevêque de Marseille.
05:56Parce que ceux qui se murmurent, c'est que des cardinats italiens ont déjà opté pour lui.
06:02Ah bon ? Donc, on a vraiment une chance d'avoir un pas de français ?
06:06Disons qu'on n'a jamais été, dans l'histoire récente, avec un candidat qui était un candidat tout de même d'évidence.
06:16Et qui a des chances de l'emporter.
06:17Jean-François Colossimo, ce serait un bon pape ?
06:21Ce serait un pape extraordinaire.
06:23Oui.
06:24Bon, alors évidemment, je suis un peu...
06:25Parce que français, déjà ?
06:26Non, parce que je suis un peu partiel, puisque je suis son éditeur, par ailleurs.
06:31Mais c'est un homme tout à fait accompli, qui est véritablement dans le sens de sa mission,
06:38qui est un grand théologien, mais qui est aussi un pasteur éminent.
06:41Il a montré à Marseille...
06:42C'est lui qui avait fait venir, voilà, on le rappelle, le pape François, à Marseille, avec ce...
06:46Le stade vélodrome plein.
06:47Le stade vélodrome plein, c'était dingue !
06:48Et cet homme, qui est un grand théologien du dialogue interreligieux, qui est un spécialiste
06:52des relations avec l'islam, en même temps, il était capable de commander à Castelbajac
06:57mille étoiles, vous savez ce que portent les prêtres dans la messe, aux couleurs de l'OM.
07:01Donc, vous voyez qu'il a les deux, il y a une grande, grande intellectualité, et un sens très fort du peuple.
07:07Et alors, son petit point faible, en tout cas, c'est ce que j'ai lu, c'est qu'il ne parlait pas très bien italien.
07:14Ah bah écoutez, il semble qu'il ait passé l'examen, parce que lorsqu'il est arrivé, il a fait sa messe à Saint-Louis-des-Français.
07:21Vous savez qu'on a des églises, traditionnellement à Rome, c'est l'église de notre ambassade près de Saint-Siège,
07:29et il a fait une homélie dans un Italien qui a épaté les Italiens.
07:32Et il s'est un peu excusé au départ en disant pardonnez-moi pour mon Italien, mais effectivement...
07:36Vous voyez que le grand communicant qu'il est au passage, excusez-moi, et puis bing !
07:40Bon, donc ça, vous y croyez vraiment ?
07:43J'y crois pas, je pense qu'il ferait un très grand pape qui serait, je dirais, ramené, parce que c'est ça le problème de l'église catholique aujourd'hui,
07:52de la médiation, de la liaison entre des tendances qui aujourd'hui ne se parlent plus vraiment, ou ne se comprennent plus vraiment.
08:00Le souci du pape, c'est l'unité. Lui, il serait un pontife d'unité tout à fait remarquable.
08:05Toute dernière question, Jean-François Colosimo.
08:07Une fois qu'un homme, qu'un des cardinaux obtient ses 89 voix ou plus, on lui pose la question, acceptez-vous d'être pape ?
08:15Oui.
08:15Il peut refuser, vraiment ?
08:17Il peut refuser, mais généralement, tout de même, on ne va pas poser la question à quelqu'un sur lequel on aurait des doutes,
08:22et ceux qui veulent vraiment refuser, vous voyez Romero, qui est un Espagnol, qui est au Maroc,
08:28il a d'ores et déjà dit que lui refuserait, qu'il fuirait dans sa...
08:31Bon, donc, non.
08:33Et puis, les votes ont fait grandir l'évidence.
08:38Maintenant, encore une fois, si vendredi soir, il n'y a pas eu de pape élu,
08:45dans ce cas-là, samedi, c'est une journée de méditation, de prière, d'échange, une suspension,
08:51et là, on va vers ce qu'on avait connu avec Jean-Paul II, par exemple,
08:54le blocage lors du conclave de Jean-Paul II était total entre les deux parties,
08:58et donc on va chercher un troisième homme.
09:00Et là, ce troisième homme pourrait être David, le philippin David,
09:10un beau David, qui est un philippin,
09:14et qui a extraordinairement marqué les esprits par son discours lors des congrégations,
09:18il était le dernier à parler, et il a fait un très gros effet.
09:22Par exemple, ça pourrait être lui.
09:24En tout cas, c'est un troisième, quelqu'un dont on n'a pas parlé.
09:26Quand il y a un blocage, on va chercher un tiers.
09:27Merci beaucoup Jean-François Colosimo, c'est passionnant.

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