Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:0013h, 14h, Europe 1 13h.
00:03Europe 1 13h, la suite à 13h32 sur Europe 1.
00:05Vous écoutez Céline Giraud et aujourd'hui avec vous Céline, l'écrivain essayiste Paul Melun
00:08et Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef du site Boulevard Voltaire.
00:13Et cette information qu'Europe 1 vous dévoilait dès ce matin, avant même la confirmation officielle,
00:18et bien demain à l'Elysée, Emmanuel Macron va donc recevoir Ahmed El Alshara,
00:23le président par intérim de la Syrie.
00:25On va ne pas rebrosser son CV,
00:26On va simplement rappeler que c'est l'ancien bras droit du commanditaire des attentats du Bataclan.
00:31William Molinier nous expliquait aussi que les Etats-Unis doutaient de la rédemption de cet ancien djihadiste.
00:39On va évidemment réagir à tout cela, mais je vous propose d'abord d'écouter Charles de Courson, député Elliot de la Marne.
00:46Il a réagi justement à cette visite.
00:48Vous êtes bien obligé de négocier avec des gens dont vous ne partagez pas forcément des orientations.
00:53C'est lui qui aujourd'hui est censé, essaie d'exercer le pouvoir en Syrie, il faut bien le recevoir.
01:01Essayer de lui expliquer que l'intérêt bien compris de la Syrie, et s'il veut l'aide occidentale, c'est de respecter l'extrême diversité du peuple syrien.
01:10Voilà, Charles de Courson qui était donc l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur CNews et Europe 1.
01:15Gabriel Cluzel, comment est-ce que vous jugez cette annonce ?
01:18On voit ce qu'il veut faire, il essaie de faire de la réelle politique, il se dit ça y est, je vais reprendre la main, la diplomatie française va reprendre la main.
01:26Mais se rend-il compte quand même du caractère terrifiant de cette visite ?
01:30C'est assez curieux parce que par ailleurs, ah oui moi, terrifiant, oui je le dis, de voir quelqu'un qui a tous les attributs du terrorisme.
01:40Il était Al-Qaïda, c'est le même raisonnement que je trouve complètement fou, c'est un raisonnement à la Walt Disney extrêmement binaire,
01:48de se dire, à un moment il y a eu une scission, ils ont créé une autre branche, ils se sont fâchés les uns avec les autres,
01:54donc c'est pas tout à fait les mêmes terroristes, bien sûr qu'Al-Nusra était un mouvement, ce qu'il a fondé est un mouvement terroriste,
02:00il a fait partie d'Al-Qaïda, il était contre Bachar Al-Assad, alors on a fait le schéma Bachar Al-Assad est le méchant,
02:06donc comme lui il était contre Bachar Al-Assad, c'est gentil, non vous pouvez avoir deux méchants, il y a la peste et de choléra, c'est possible, ça peut cohabiter.
02:12Donc si vous voulez, cette façon de faire de la diplomatie me paraît folle, et puis à la limite il a des mots plus durs pour un Trump, pour un Orban,
02:18que pour ce genre d'individu, pardonnez-moi, mais moi ça me laisse pantoise, je rappelle qu'Al-Nusra, sauf erreur de ma part,
02:24avait soutenu les attentats du Bataclan, là c'est pas en Syrie que ça se passe, c'est en France.
02:28Et Marine Le Pen a réagi il y a quelques minutes, stupeur et consternation, écrit-elle sur son réseau social,
02:34Emmanuel Macron abîme l'image de la France et discrédite son engagement, notamment auprès de ses alliés dans la lutte contre l'islamisme.
02:40Moi je ne suis pas tout à fait d'accord avec ça, je pense que quand vous êtes au pouvoir, vous êtes obligés de discuter, de recevoir,
02:47en cela le député Courson a bien parlé, vous êtes obligés de discuter et de recevoir des gens avec lesquels vous ne partagez absolument rien,
02:53des gens que vous condamnez moralement, éthiquement et évidemment, Jolani, c'était son nom de chef de guerre, est un homme terrifiant.
03:00C'est le premier dirigeant, et n'est-ce pas à dessein tout cela de la part d'Emmanuel Macron ?
03:04Parce que c'est le premier dirigeant européen à le recevoir.
03:06Est-ce qu'il ne veut pas marquer, comme le dit Gabriel Caudel, reprendre la main, occuper le terrain ?
03:11Oui, mais il a raison. En fait, si vous voulez, ce que veut faire le Président de la République, en recevant Jolani,
03:16c'est défendre les intérêts de la France.
03:17Et les intérêts de la France, c'est quoi ? C'est la stabilité dans la zone là-bas,
03:21c'est le retour des réfugiés syriens qui sont en France là-bas.
03:24Comment voulez-vous qu'on puisse expulser ou faire repartir les réfugiés syriens français
03:28si on ne négocie pas avec le pays émetteur ?
03:30On nous parle sans cesse, par exemple avec l'Algérie,
03:32du fait que l'Algérie ne veuille pas reprendre ses ressortissants.
03:35Il faut demander, j'espère que ça va être au menu des discussions,
03:37et je crois savoir que ça le sera, de dire à ce Président par intérim...
03:39Mais l'Algérie, est-ce que l'urgence, elle n'est pas justement en Algérie avec Bolan Kansal ?
03:42On a aussi beaucoup de personnes en Syrie qui doivent repartir chez elle,
03:44puisque désormais, ils ne sont plus menachés par Bachar Al-Assad.
03:47Par conséquent, je ne vois pas, si vous voulez, comment une coupure nette des relations diplomatiques
03:52en disant, effectivement, ce Président par intérim est un homme terrifiant,
03:56ce qu'il a été, évidemment.
03:57Et donc, on ne parle pas, on ne règle pas les problèmes,
03:59on n'utilise pas notre diplomatie pour travailler dans la zone,
04:02on n'utilise pas notre diplomatie pour défendre nos intérêts
04:05et renvoyer ce qui doit être renvoyé.
04:07On ne va pas être bien avancé.
04:08Le but de la géopolitique et de la réale politique,
04:10c'est de défendre nos intérêts nationaux,
04:12quitte à devoir, malheureusement, dialoguer avec des gens
04:15avec lesquels on n'a rien en commun,
04:17avec des gens que l'on n'apprécie pas.
04:17Mais vous comprenez que ça puisse choquer, que ça puisse déranger ?
04:19Bien sûr, mais de la même manière, lorsque, par exemple,
04:21Donald Trump était parlé avec Kim Jong-un,
04:23Kim Jong-un, si vous voulez, ce n'est pas un saint,
04:25c'est quelqu'un de terrifiant, qui envoie les gens dans des camps de travail,
04:27qui zigouille des gens.
04:28Pour autant, les puissances occidentales ont, à un moment donné,
04:31fait un pas vers lui.
04:32C'est comme ça, la réale politique.
04:33On a reçu et discuté avec des gens,
04:35lorsque Nicolas Sarkozy recevait Mouammar Kadhafi,
04:37c'était pareil, ce n'était pas un modèle de vertu, Mouammar Kadhafi.
04:40Vous mettez au même niveau, ces deux visites ?
04:42Mouammar Kadhafi, oui, c'était quelqu'un de terrifiant,
04:44qui torturait dans les prisons, etc.
04:46Vous avez une foultitude de chefs d'État dans le monde entier
04:49qui sont des gens pas fréquentables.
04:50Si on discute qu'avec des démocraties libérales,
04:52on va faire de la diplomatie avec la Suisse, le Luxembourg et l'Andor.
04:55Non, mais déjà, précisément, il y a un deux poids et deux mesures,
04:58c'est évident, parce que si je suis votre raisonnement,
05:00on se demande pourquoi Emmanuel Macron ne reçoit pas Vladimir Poutine
05:03pour pouvoir renvoyer chez eux les Tchétchènes
05:06et les terroristes du Daïstan qui nous enquiquinent chez nous.
05:09À un moment, la réelle politique, il faut la faire jusqu'au bout.
05:11Donc, si vous voulez, on voit bien qu'au fond de tout ça,
05:14il y a autre chose que cette volonté de parler avec tout le monde,
05:17parce que dans les faits, il ne parle pas avec tout le monde
05:19et ne reçoit pas avec tout le monde.
05:22Encore une fois, je pense qu'il essaie de jouer
05:24une carte de politique étrangère singulière,
05:27mais qui devient extrêmement choquante.
05:32Parce que, quand je vous parlais du Bataclan,
05:34c'est des enfants français qui sont morts là-bas.
05:37Ce n'est pas...
05:38Il a été, je le rappelle, bras droit du commanditaire de ces attaques.
05:41Non, il faut quand même réfléchir à ce qui s'est passé.
05:44Si vous voulez, une chose est de dire
05:45« Oui, nous, on défend les intérêts de la France,
05:47peu importe ce qui s'est passé à l'étranger. »
05:49Et une autre, quand même, de penser aux Français
05:51qui sont morts dans des attentats terroristes.
05:53C'est ça qui me choque profondément.
05:55Par ailleurs, dire qu'il est très miséricorieux, Dieu,
05:58et dire qu'il s'est repenti, pardon,
06:01mais c'est faire montre d'une naïveté absolue.
06:04Enfin, on n'a pas dit ça par le passé,
06:06avec, et Dieu merci, les dignitaires des grandes dictatures.
06:09Une rédemption dont doutent les États-Unis.
06:11Une rédemption dont doutent les autres États européens,
06:15d'autres États européens aussi.
06:16Je crois qu'il essaie d'être le premier,
06:20mais d'être le premier sur quelle ligne de départ,
06:23ça risque du reste d'être proprement choquant à la fin.
06:26C'est une position qui a été quand même partagée
06:28par certains États européens,
06:29j'en veux pour preuve l'Allemagne,
06:30qui avait dépêché sa ministre des Affaires étrangères,
06:32qui était partie avec Jean-Noël Barraud,
06:33voir Jolani quelques jours, quelques heures,
06:36après qu'il ait été en poste.
06:38Le problème, c'est que si on ne veut pas
06:40que ce soit une poudrière,
06:41on est obligé aussi de mettre aussi la pression sur Jolani,
06:44précisément pour qu'en tant que chef d'État,
06:47il évite de commettre des exactions,
06:48pourquoi pas mettre des pressions occidentales.
06:50Moi, je pense que ce n'est pas une mauvaise stratégie.

Recommandations