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Le président syrien Ahmad al-Chareh, au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, sera reçu ce mercredi 7 mai à Paris pour sa première visite en Europe.

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Transcription
00:00Il a absolument raison de l'inviter et de le recevoir.
00:04C'est évidemment un risque politique, mais c'est un gain diplomatique en tout cas pour la France,
00:10parce que la France était partie prenante en tout cas des négociations avec nos partenaires en Syrie,
00:15donc les Kurdes en premier lieu, et de créer les conditions pour un rapprochement entre les Kurdes et Ahmad El-Shara
00:23pour arriver au résultat qu'on a aujourd'hui.
00:26Il faut rappeler quand même que tout le monde tend la main à Ahmad El-Shara,
00:31en premier lieu ses ennemis d'hier les Russes, Vladimir Poutine l'a appelé deux fois,
00:35les seuls, disons-le, à envoyer une aide matérielle importante à la Syrie d'Ahmad El-Shara, aujourd'hui ce sont les Russes.
00:43Donc on parle de blé, on parle de pétrole, quatre tankers, et on parle d'argent,
00:48parce que l'argent syrien, toujours avec la tête de Bachar Al-Assad, est imprimé en Russie.
00:53Ils ont envoyé des millions, parce que c'est de ça qu'a besoin aujourd'hui Ahmad El-Shara,
00:57dans un pays qui est sous-sanction, le pays le plus sanctionné au monde,
01:01avec plus de 90% de l'opération sous le seuil de pauvreté.
01:04Est-ce qu'il reste quand même aujourd'hui une figure de l'islam radical ?
01:08On va dire, c'est pas un libéral, c'est un conservateur, mais qui a renoncé à tout ce qui est djihad global et terrorisme,
01:19et par ailleurs, c'est une mue qui a été très longue, les gens le découvrent, mais c'est une mue très longue,
01:24c'est quand même lui qui a fait déclencher la guerre entre l'État islamique et Al-Qaïda en 2013,
01:29il a renié Al-Qaïda, il a combattu Al-Qaïda en 2016, et puis cette mue-là, que j'ai observée moi-même…
01:37– Vous l'avez rencontrée deux fois, oui.
01:38– Justement, j'allais en venir, cette mue-là a fait que j'ai été rencontrée à Idlib en avril 2023,
01:46donc il y a deux ans, pour voir de moi-même, cet homme qui a un CV long comme un bras dans la mouvance djihadiste,
01:51Irak, Syrie, État islamique, Al-Qaïda, est-ce que le changement était vrai ?
01:56Donc j'ai passé du temps là-bas, je l'ai rencontré, c'était du, comme on dit, off the record,
02:01ça veut dire la discussion qu'on a eue ne devait pas être publiée, avec le temps j'ai compris pourquoi,
02:06parce que tout ce qu'il entreprenait à l'époque, et qu'il a appliqué quand il a pu voir à Damas,
02:10était très dangereux pour lui, ne serait-ce que pour sa base, ça veut dire l'ouverture vers l'Occident,
02:16la Russie à l'époque ennemie commun, pas d'attentat, pas d'attaque,
02:19à combattre les djihadistes, combattre l'État islamique,
02:22et surtout, il m'a dit aussi, nous et les Ukrainiens, on mène une guerre pour la liberté,
02:28pourquoi vous aidez les Ukrainiens et pas nous ?
02:30Et donc, à l'époque, en 2023, c'était ses paroles, j'ai vu comment la vie était à Idlib,
02:35j'ai visité les villages chrétiens d'Idlib, où il y avait encore des prêtres,
02:38le prêtre à Idlib est devenu évêque d'Alep, je l'ai revu en décembre 2024,
02:43et j'ai vu par exemple le traitement des minorités, ce qui est très important.
02:46Et je termine là-dessus, quand je suis retourné en Syrie en 1994,
02:50et je suis retourné dans ces mêmes villages chrétiens,
02:52j'ai vu que les églises étaient effectivement restaurées,
02:55que les carillons étaient sonnés,
02:57et que ce qu'il m'a dit, off the record, le dit aujourd'hui publiquement.
03:01Mais ça n'empêche que les exactions se sont multipliées ces dernières semaines
03:04contre les minorités, notamment contre les alawites.
03:07Vous parlez d'une mue crédible de la part du président syrien par intérim.
03:13Qu'est-ce qu'Emmanuel Macron a à gagner à le recevoir officiellement,
03:17comme ça à l'Élysée cet après-midi ?
03:19D'abord, parlant des exactions, rappelez-vous que la Syrie sort de 14 ans de guerre civile,
03:23et 54 ans de dictature des Assad, qui appartient à la communauté alawite.
03:28Il n'y a pas eu d'exaction à la chute de Damas.
03:30On n'a pas vu un exode massif des chrétiens et des alawites.
03:32Ça a pris 4 mois que des anciens du régime qui avaient trouvé refuge dans les montagnes
03:37attaquent les nouvelles forces de l'ordre,
03:40et que la peur ancrée chez la majorité sunnite du retour du régime d'Assad
03:46a fait qu'il y a eu une vengeance.
03:48Il y a eu des exactions.
03:49Il y a eu évidemment plus de 1000 morts,
03:51mais il y a eu aussi 400 morts dans les rangs des forces de l'ordre.
03:54Les combats avec les Druzes aussi, il y a quelques jours,
03:57effectivement, c'était aussi à cause d'un faux audio qui insultait le prophète.
04:01Quand on a ça, même ici en Europe, parfois, les gens descendent dans les rues,
04:05sauf que là-bas, les gens sont armés, et la tension confessionnelle est bien réelle.
04:09Ce que le nouveau pouvoir essaie de faire, c'est calmer ces tensions.
04:13Mais, je terminerai là-dessus, il est sous sanction, encore une fois.
04:17Il n'en a pas les moyens.
04:19Ça veut dire qu'il a une police sans pouvoir la payer.
04:21Il a une armée qui est complètement fractionnée,
04:25parce que ce sont les anciens factions rebelles.
04:27Et tant qu'il est sous sanction, il n'est pas aidé à ce niveau-là,
04:30il aura du mal à tenir le pays.
04:32Et si le pays est mal tenu, on peut s'attendre aussi à encore plus d'exactions
04:36et encore plus de problèmes.
04:38Donc, évidemment qu'Emmanuel Macron a eu raison,
04:40parce qu'encore une fois, la France était partie prenante
04:43de la solution qui est en train de se mettre en place
04:45et de la pacification de la Syrie,
04:47après, encore une fois, 54 ans de dictature d'Assad.
04:51Donc, évidemment, c'est une bonne chose.
04:52Vous êtes en train de se mettre en place.

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