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Le nouveau dirigeant syrien par intérim Ahmad al-Chareh s'est entretenu avec Emmanuel Macron ce mercredi. L'Élysée précise que c'est "le président de la République qui a pris l'initiative" de cet entretien.

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Transcription
00:00On va s'intéresser au nouveau maître de la Syrie. Hier, le président Emmanuel Macron a eu une première conversation téléphonique avec, donc, celui qui est présenté comme le nouveau maître, le nouveau patron de la Syrie, Ahmad al-Sharé. Il l'a même invité à l'Élysée.
00:13Ça, c'est ce que dit la présidence syrienne, qu'il a été invité à l'Élysée.
00:16Vous avez raison.
00:17Et effectivement, c'est plutôt valorisant. Et ça crée une certaine polémique dans la presse française, mais ce n'est pas là-dessus qu'on va se focaliser aujourd'hui.
00:24On va plutôt parler du contenu de leur discussion. La discussion entre le nouveau maître de Damas, qui a, au terme d'une offensive éclair de novembre à début décembre, chassé la famille Assad au pouvoir depuis 54 ans en Syrie.
00:39Et donc, hier, premier coup de fil entre Emmanuel Macron et Mohamed al-Jolani, c'était son nom de guerre.
00:47Les deux hommes ont discuté des attentes françaises avant tout, à savoir un processus de transition qui fasse de la place aux aspirations du peuple syrien.
00:58Ça signifie en clair protéger les minorités ethniques et religieuses, assurer une pleine intégration des Kurdes syriens.
01:07Ce qui veut dire là aussi, en clair, ne pas permettre que les combattants turcs viennent assassiner à la demande d'Erdogan les alliés occidentaux.
01:15Et enfin, la nécessaire poursuite de la lutte contre le terrorisme.
01:19Alors, c'est là, c'est cette question-là qui est la plus problématique, la plus polémique au vu du profil du nouveau maître de Damas.
01:25Oui, elle est même nécessaire, cette question. Elle n'est pas du tout provocatrice. Il faut se la poser.
01:30Car Ahmad al-Sharay était connu jusque là sous son nom de guerre al-Jolani, en référence au Golan, parti occupé, parti syrienne occupée par Israël,
01:40et qui signifiait aussi son animosité vis-à-vis de Jérusalem.
01:44Et c'est à la tête d'une coalition de groupes islamistes armés, sunnites, qu'il a pu chasser le dirigeant de la Syrie.
01:53Et mettre un terme, on l'espère, à 13 ans de guerre civile, pour mieux cerner le personnage.
01:59On peut rappeler qu'après être né en Arabie Saoudite, grandit à Damas, il a commencé à combattre les Américains en Irak en 2003.
02:07Il a été arrêté à la prison d'Abu Ghraib, passé quelques années, et puis en 2011, il retourne en Syrie.
02:13Et là, il ne cesse de passer des alliances avec Al-Qaïda et aussi l'État islamique,
02:18qu'il trahit à chaque fois, pour finir à la tête d'un mouvement qu'il crée, avec lequel il va conquérir et contrôler une partie du nord-ouest de la Syrie, Idleb.
02:27Et là, pendant quelques années, il fait régner une règle islamiste assez dure, jusqu'à ce qu'il décide de l'assouplir.
02:34L'année dernière, il a levé et interdit la police des mœurs à la demande des femmes de cette région.
02:40Il a aussi autorisé les signes extérieurs de religion pour les chrétiens et d'autres branches de l'islam,
02:48ce qui nous a amené, avec de nombreux observateurs, à considérer qu'il avait un sens politique aigu et vis-à-vis d'Israël.
02:54Il fait preuve d'une retenue aujourd'hui qui est absolument unique parmi les islamistes.
02:59Néanmoins, cette religion dont il a fait la ligne directrice de son action politique, ce n'est pas un habillage, comme on peut parfois avoir envie de le penser.
03:09C'est véritablement une conviction et un moment à illustrer au mieux cet état de fait, c'est la visite de Jean-Noël Barraud,
03:17notre ministre des Affaires étrangères, et d'Anna-Léna Baerbock, le 3 janvier dernier, à Damas.
03:22Et là, on voit bien ce qu'il se passe. Le dirigeant syrien serre la main de Jean-Noël.
03:27Mais pas de la ministre allemande.
03:29Voilà. Il se contente d'un salut musulman sur le cœur.
03:32Ça a développé une très longue polémique. L'Allemagne est venue mettre un terme à ça en disant « soyons pragmatiques, ce n'est pas là que ça se joue ».
03:38Ce n'est pas maintenant dont il faut parler de ça.
03:40C'est vrai, mais il va y avoir maintenant des épreuves de réalité. Nous avons formulé nos attentes.
03:46Nous verrons à partir du 13 février une conférence internationale sur la Syrie, si le nouveau maître syrien est prêt à ses concessions.

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