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Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Laurent Valdiguié, grand reporter à Marianne.
Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Laurent Valdiguié, grand reporter à Marianne.
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00:00L'affaire dite des viols de Mazan et le calvaire de Gisèle Pellicot aurait pu être évitée, c'est ce qu'on se dit.
00:05En refermant le livre de notre invité, bonjour Laurent Valviguier.
00:08Bonjour.
00:08Vous êtes grand reporter au magazine Marianne et vous venez de publier, on le voit à l'image,
00:12Fétiche 45, les autres vies de Dominique Pellicot, c'était aux éditions du Seuil.
00:15Fétiche 45, c'était le pseudo de son compte secret.
00:19Compte sur lequel il recrutait les violeurs de sa femme et à la nausée de l'affaire de Mazan s'ajoute la colère,
00:24car avant Pellicot, il y a Pellicot et c'est ce que vous racontez dans cette enquête extrêmement minutieuse et aussi terrifiante que passionnante.
00:34Oui, c'est gentil. En fait, mon point de départ, c'était de voir comment à 59 ans, quand la décennie des viols de Mazan commence en 2011,
00:42qu'est-ce qui s'était passé avant ? Qui est Pellicot d'avant ?
00:45Et c'est vrai que le Pellicot d'avant, il s'était déjà fait arrêter en 2010 dans un supermarché de la région parisienne,
00:51à filmer sous les jambes des femmes. Ça, c'était soldé par une amende de 100 euros,
00:57parce qu'à ce moment-là, la mécanique policière et judiciaire ne s'étaient pas enclenchées,
01:02mais il avait dû donner son ADN. Et ça, c'est ce que j'ai découvert avec stupeur,
01:08c'est qu'en 2010, le 9 novembre 2010 très précisément,
01:13le fichier, on a un fichier pour ça depuis les mœurs de Guy Georges,
01:17pour le fichier national des empreintes génétiques, le fichier dit,
01:22à cause de cette petite arrestation au carrefour de collégiens,
01:27c'est lui, c'est Dominique Pellicot, la tentative de viol avec arme de Ville-Parisie en 1999 sur Marion.
01:35C'est une tentative de viol avec arme que je raconte dans le livre.
01:38Marion s'en est sortie par elle-même, grâce à elle,
01:41à la fois par sa ténacité et par un coup de chance énorme,
01:44parce qu'il y avait, dans la chambre où elle est attaquée,
01:47il y avait un kajibi qui fermait la clé, elle a pu s'y réfugier.
01:50Elle dit, elle l'a dit à l'époque, elle le dit aujourd'hui,
01:53j'ai cru mourir.
01:55Et c'est vrai que ce jour-là, le 9 novembre 2010,
01:58le fichier identifie Dominique Pellicot,
02:00il aurait dû être arrêté,
02:02un rapprochement aurait été fait immédiatement
02:04avec une autre identique, en beaucoup de points,
02:07agression d'agents immobiliers en 1991 à Paris,
02:10Sophie Narmes est retrouvée violée et tuée.
02:13Et en réalité, il ne se passe rien.
02:16Alors, c'est l'histoire d'un fiasco, de ratés multiples.
02:20Et puis, il y a ce portrait que vous dressez de Dominique Pellicot
02:25et vous évoquez l'agression de Marion.
02:27Elle est méticuleuse, elle est très préparée,
02:30ce n'est pas une agression d'opportunité,
02:33c'est plutôt la signature d'un prédateur.
02:36C'est quelqu'un qui se présente à Mitrimori en 1999,
02:41il veut visiter un appartement tout de suite,
02:44il donne un faux nom, il donne un faux numéro de téléphone,
02:47il est sous une fausse identité,
02:49et il a dans la poche des cordelettes,
02:51un flacon d'éther et vraisemblablement un cutter.
02:54Alors lui, il a reconnu un peu tout ça,
02:57puisqu'il est confondu par son ADN,
02:58mais il ne reconnaît pas un cutter,
03:00il dit que c'est ses clés de voiture,
03:01qu'elle a dû confondre, etc.
03:02Et c'est vrai qu'il va se passer dans cette pièce
03:05une scène d'une extrême violence,
03:08d'ailleurs il l'étrangle, elle se débat,
03:11elle parvient à le faire lâcher prise,
03:14c'est d'une extrême violence.
03:15Déjà en tant que telle, cette scène,
03:17alors c'est vrai que le commissariat de ville parisie
03:19il fait son boulot, ils font un portrait robot,
03:21ils vont voir les commerçants,
03:22ils essayent de... ça ne donne rien.
03:25Mais la juge d'instruction de mots,
03:27elle va classer l'affaire en deux ans.
03:29En réalité, en tant que telle,
03:31un voyant aurait dû s'allumer quelque part
03:33dans la PJ parisienne, la région parisienne,
03:36pour dire, le gars qui a fait ça,
03:38il faut le chercher,
03:39parce que ce n'est peut-être pas la première fois
03:41et ce n'est peut-être pas la dernière.
03:42D'autant plus que depuis 1991,
03:45la brigade criminelle a dépensé des moyens énormes.
03:48Je raconte tout ça,
03:48parce qu'en réalité, une enquête,
03:50l'enquête de Sophie Narbe,
03:52il y a eu plein de suspects.
03:53On découvre que pendant la décennie,
03:55ils n'ont pas trouvé Polico,
03:56mais ils ont soupçonné plein d'autres gens.
03:58Ça brise des dizaines de vies.
04:02Et on le voit parce que,
04:04on voit le témoignage,
04:06soit des personnes qui ont connu Sophie Narbe
04:08qui sont réinterrogées,
04:10soit Marion elle-même qui revit dans sa chair
04:13au moment où elle est interrogée,
04:15cette agression des années après.
04:18Ce sont effectivement des vies brisées,
04:19ce sont des paroles de victimes.
04:21Ça raconte aussi ça,
04:22les victimes d'agressions qui ne sont pas toujours entendues.
04:25Ça raconte à quel point ça dure.
04:27Il y a un petit détail idiot,
04:29c'est que Marion, à chaud,
04:31elle dit au policier,
04:32c'est du white spirit.
04:33Il m'a mis un produit,
04:34je crois que c'est du white spirit.
04:35Alors dans les fichiers de la police,
04:37c'est white spirit.
04:38Du coup, personne ne fait le rapprochement
04:39avec l'éther.
04:40Le white spirit,
04:41ça n'a jamais endormi personne.
04:43Donc quand 23 ans plus tard,
04:45la brigade criminelle reprend l'affaire,
04:48d'ailleurs le policier,
04:49il est astucieux,
04:49il a préparé deux flacons,
04:51le flacon A et le flacon B.
04:53Il ne dit pas ce qu'il y a dedans.
04:54Il dit je vais vous présenter deux produits
04:55et vous allez me dire
04:56duquel vous vous souvenez.
04:59Il n'a pas dit,
04:59le policier,
05:00qu'il dans le Val
05:00a eu le white spirit
05:01et d'enlever les terres.
05:0223 ans plus tard,
05:04Marion, elle ouvre les deux flacons,
05:06le white spirit,
05:06ça ne lui dit évidemment rien
05:08et les terres,
05:09elle se met tout de suite à pleurer.
05:10C'est ça que ça raconte.
05:12Ça raconte comment ça ne passe jamais.
05:15Il y a quelques semaines,
05:16Caroline Darian,
05:17la fille de Gisèle Pellicot,
05:18était sur ce plateau
05:19et elle nous disait avec effroi
05:22que son père rejoint la liste
05:23des pires criminels sexuels.
05:25Elle nous a parlé de François Vérove,
05:27de Fourniré.
05:29Vous les évoquez d'ailleurs dans ce livre,
05:31la manière dont ils ont pu en série,
05:35continuer pendant ces années,
05:36vous évoquez le procès lollandais également.
05:39Est-ce qu'on a affaire
05:41à ce type de personnage-là selon vous
05:43et est-ce qu'il y a potentiellement
05:44d'autres victimes ?
05:45D'ailleurs, vous en parlez notamment de Coralie.
05:47C'est sûr que la série sur Gisèle Pellicot,
05:50elle est déjà hors norme.
05:52Il y a un dictionnaire de la perversion,
05:55des perversions sexuelles.
05:56Le cas Pellicot n'existe pas
05:59puisqu'il y a la somnophilie
06:00quand vous abusez de personnes qui dorment
06:02et la nécrophilie
06:04quand vous abusez de personnes mortes.
06:07Gisèle Pellicot,
06:08elle n'était pas endormie
06:10en ce sens qu'elle n'avait aucune chance
06:12de se réveiller
06:13et elle n'était pas non plus totalement morte.
06:15Elle était à demi-vivante, à demi-morte.
06:18Alors c'est vrai que c'est ça
06:19qui est vertigineux,
06:21surtout si on met la durée du parcours.
06:24Alors c'est vrai, comme vous dites,
06:25il y a aussi un autre cas.
06:27Est-ce qu'il y avait de la pédophilie
06:29dans le parcours de Dominique Pellicot
06:31en 1995 ?
06:33Alors elle s'est manifestée
06:34devant sa télévision récemment.
06:36Elle avait 12 ans en 1995,
06:38Coralie,
06:39et elle raconte qu'un monsieur
06:41avec un sang-froid
06:42est venu chez elle
06:44sonner à sa porte à Paris
06:45dans le 15e arrondissement
06:46en se faisant passer
06:48pour un agent EDF.
06:50Il s'est déchaussé.
06:51Alors ça, rien n'indique
06:53informellement que ça soit
06:54Dominique Pellicot,
06:54même si elle le reconnaît aujourd'hui.
06:56Mais Dominique Pellicot,
06:57il est très miniculeux,
06:59il est très maniaque.
07:00Il range toujours bien ses affaires,
07:02il range toujours ses saucures
07:03côte à côte.
07:04C'est des signes de lui.
07:05Et c'est vrai qu'il va lui inventer
07:07tout un truc,
07:09comme quoi il a un copain
07:10qui veut faire une publicité
07:12avec des enfants
07:12pour Coca-Cola sur une plage,
07:14il a besoin de l'avoir en maillot.
07:15Alors la petite fille,
07:16elle se met en maillot de bain,
07:17elle ferme un peu
07:18la porte de sa chambre
07:19parce qu'elle dit,
07:20elle a peur qu'il vole
07:21l'argenterie de mes parents.
07:22Et puis tout d'un coup,
07:23il demande d'aller aux toilettes,
07:24il ressort des toilettes
07:25et il a un torchon
07:26imbibé des terres.
07:27Alors c'est vrai qu'à l'époque,
07:28elle dépose plainte,
07:29elle s'en sort parce que
07:30grâce à Dieu pour elle,
07:31ses frères et sœurs
07:33et sa maman arrivent,
07:34alors il ne perd pas ses moyens
07:35à l'individu.
07:36Il remet bien ses chaussures
07:37et il s'en va
07:38sans que personne
07:39n'ait le temps de rien.
07:40Mais malheureusement,
07:41comme d'autres scellés
07:42dans l'affaire Sophie Narbe,
07:44le torchon avec les terres
07:45a été perdu.
07:46Je précise évidemment
07:47que Dominique Pellicot
07:48est présumé innocent
07:49sur toutes les affaires
07:50dont nous venons de parler.
07:51Fétiche 45,
07:52les autres vies de Dominique Pellicot
07:54s'est publié au seuil.
07:55C'est une enquête
07:55à la fois glaçante
07:56et passionnante.
07:57Et je précise aussi
07:58que le garde des Sceaux
07:59a lancé une enquête
07:59justement sur suite
08:01au dysfonctionnement
08:01que vous avez signalé.
08:02Merci Laurent Valédigué.
08:03Merci à vous.
08:04Bintili, on va ouvrir
08:06tout le temps.