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Pour son interview d'actualité, Télématin reçoit Damien Delseny, chef du service police/justice chez "Le Parisien".

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Transcription
00:00Bonjour Damien Delceny, merci d'être avec nous ce matin pour réagir à cette attaque sanglante hier sur le marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne.
00:07Une voiture a foncé sur la foule, faisant deux morts et au moins 68 blessés. Que sait-on des faits là, à cette heure ?
00:15Alors que l'acte a été commis par un homme apparemment seul, un homme qui a une cinquantaine d'années, 50 ans, qui est médecin, psychiatre,
00:23qui était un demandeur d'asile, qui avait obtenu l'asile en 2006 en Allemagne, qui venait d'Arabie Saoudite.
00:29Son profil est un peu étrange et en même temps pas tellement surprenant dans ce type d'affaires.
00:34C'est quelqu'un dont on sent qu'il est à la marge de problèmes psychiatriques, plus peut-être que d'endoctrinements religieux.
00:41Il avait d'ailleurs pris des positions qui étaient plutôt contraires à l'islamisme au cours des dernières années.
00:47Simplement, il y a apparemment des messages sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, ces derniers mois,
00:51qui émanaient de ses comptes, qui étaient des messages un peu étranges justement, où il se sentait persécuté par l'Allemagne.
00:57On sent que c'est quelqu'un qui a un profil psychologique compliqué, ce qui est assez fréquent dans ce type d'attentats individuels.
01:04Alors ce qui est terrible dans ce que vous nous dites, c'est que si de tels messages existaient,
01:09ça veut dire que c'est quelque chose que peut-être son entourage ou qu'on aurait pu constater.
01:15Alors oui, mais qui étaient des messages, encore une fois, pas des messages de fondamentalisme religieux,
01:21qui étaient des messages en plus parfois très ambivalents, qui pouvaient être contre l'islamisme un jour,
01:26et puis après contre l'Allemagne, mais avec des choses assez confuses.
01:30On n'en sait pas trop sur son entourage direct, familial, mais c'est quelqu'un qui était connu dans la communauté,
01:35notamment saoudienne en Allemagne, qui était médecin, donc qui était quelqu'un plutôt inséré, a priori.
01:42Mais très souvent, on voit dans ces affaires, dans ces attentats individuels,
01:47justement des personnalités qui sont fragiles psychologiquement et qui basculent relativement vite dans un acte terroriste.
01:54On verra s'il y a vraiment une revendication.
01:57– C'est la question que vous avez posée, parce que les autorités ont parlé d'attentats,
02:00vous avez prononcé ce mot-là, c'est une attaque ou un attentat ?
02:04– Alors un attentat, ça peut être un attentat, après ce qu'on cherche toujours à savoir dans ce cas-là,
02:09c'est le mobile derrière, est-ce qu'il sera revendiqué ?
02:11Si c'est un homme qui est seul, qui a monté ce projet seul,
02:14qui s'est entre guillemets auto-radicalisé, quel que soit le type de radicalisation,
02:19on peut toujours parler d'attentat, mais encore une fois, ce n'est pas un profil nouveau,
02:23et c'est un profil qu'on a déjà connu en France aussi,
02:26des personnes qui se sont radicalisées en quelques jours, voire quelques heures,
02:29qui sont allées commettre un acte comme ça, contre…
02:33– Les fameux loups solitaires, est-ce que ça existe vraiment ce concept de loups solitaires ?
02:39On entend des observateurs qui disent non, on ne peut pas,
02:42à un moment, on cherche du soutien, on s'adresse à quelqu'un…
02:46– Ça existe, moi je ne suis pas tellement fan de l'expression non plus,
02:49mais moi je préfère parler de terrorisme individuel,
02:52c'est-à-dire que c'est des personnes qui, malgré tout,
02:54sont capables de commettre des actes extrêmement lourds, extrêmement violents,
02:58seules, encore une fois là, il suffit d'avoir une voiture,
03:00très compliqué à se procurer, souvent c'est des attaques au couteau ou au marteau,
03:05c'est des objets qui ne demandent pas une logistique très importante,
03:09et on remarque quand même que, mis à part le fait que souvent,
03:13ils se radicalisent sur les réseaux sociaux ou en tout cas,
03:16la pression monte sur les réseaux sociaux,
03:18il n'y a pas forcément ni de consigne qui vient d'un groupe particulier,
03:21ni d'une complicité particulière,
03:23on peut très bien réaliser ce type d'attaque tout seul.
03:26– Comment ça se passe pour les enquêteurs en ce moment,
03:29juste après ce type d'attaque sanglante, et l'urgence c'est quoi ?
03:33C'est d'établir un profil, de voir s'il a des connexions, de revoir toute sa vie ?
03:39– Oui, l'urgence c'est d'abord d'essayer de comprendre comment il s'est préparé,
03:44si effectivement, la vraie urgence c'est de savoir s'il y a des complices,
03:46parce que s'il y a des complices qui sont encore en liberté,
03:49il faut aller les chercher, donc c'est vraiment ça la première urgence,
03:52après c'est évidemment de comprendre l'enchaînement,
03:54comment on passe de quelqu'un qui a priori n'a jamais fait parler de lui
03:56depuis qu'il est en Allemagne, depuis qu'il est en Allemagne il y a presque 20 ans,
04:00et qui d'un seul coup se met à commettre cet acte,
04:02mais ça c'est presque secondaire, l'urgence c'est vraiment de savoir
04:04s'il n'y a pas d'autres risques, d'autres menaces autour de lui.
04:07– Cette attaque, elle survient 8 ans presque jour pour jour,
04:10après une attaque similaire sur le marché de Noël de Berlin,
04:13nos confrères du Figaro disaient que le 12 novembre dernier,
04:15la police allemande a arrêté un jeune homme radicalisé
04:17qui prévoyait d'attaquer une foule probablement sur un marché de Noël
04:20dans le nord de l'Allemagne, pourquoi ces marchés de Noël ?
04:24Est-ce que c'est pour la dimension symbolique ?
04:26– Oui, c'est-à-dire que quand on est radicalisé,
04:31c'est le type d'événements, de dates qui font écho, qui font sens,
04:36et puis qui permettent à ceux qui téléguident un peu ce genre de profil fragile,
04:41un peu d'exciter, de motiver quelque part ce type d'acte,
04:45donc on sait, on l'a connu nous à Strasbourg aussi il y a quelques années,
04:49les Allemands l'ont déjà connu, on sait que c'est une période,
04:51les périodes de fêtes religieuses sont toujours des périodes sensibles,
04:55et elles le sont en France d'ailleurs.
04:57– C'est la question que j'allais vous poser.
04:58– Hier, avant même l'attaque de Magdebourg, Bruno Retailleau
05:02qui est ministre des Missionnaires de l'Intérieur
05:04a envoyé un télégramme à tous les préfets de France,
05:07pour leur dire d'abord d'une part que la menace était très élevée,
05:10elle ne l'a jamais vraiment baissée en France depuis presque dix ans maintenant,
05:13mais qu'elle était très élevée pendant cette période de fêtes,
05:15il leur a demandé un certain nombre de mesures à prendre sur les lieux de culte,
05:20puisque cette année il y a à la fois Noël,
05:22il y a la fête juive d'Hanoukka aussi qui tombe dans des dates similaires,
05:26il leur a demandé une attention particulière autour de ces lieux de culte,
05:29donc ça transcrit bien qu'il y a un climat
05:33qui n'est jamais très simple à gérer à ce moment-là.
05:35– On sait si des attaques ont été déjouées ces dernières semaines ?
05:39– Le principe d'une attaque déjouée c'est qu'en général
05:42on n'est pas tellement au courant tout de suite en tout cas,
05:44mais on sait en tout cas qu'au cours de ces dernières semaines,
05:47ces derniers mois, il y a des groupes qui ont été démantelés avant d'agir,
05:51ce qui est l'objectif des services de renseignement aujourd'hui.
05:54Après il y a une menace encore une fois qui est permanente,
05:57qui est diffuse depuis des années,
05:59mais la difficulté c'est de prévenir le type d'actes qu'on connaît en Allemagne,
06:03c'est-à-dire quelque chose qui est très individuel,
06:05qui est presque indétectable dans la mesure où,
06:08à moins de surveiller tous les réseaux sociaux en permanence,
06:10ce qui est impossible, on ne peut pas…
06:13il n'y a pas d'ailleurs dans ce qu'il a écrit de menace particulière,
06:16donc c'est très compliqué de gérer des personnes seules.
06:19– Merci beaucoup Damien Delsigny.

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