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00:007h45, est-ce que vous avez déjà ressenti, constaté, le manque de moyens à l'école pour vos enfants, vos petits-enfants ?
00:08C'est la question qu'on vous pose, 0476 46 45 45, parce que la rentrée des classes, c'est pas pour tous les élèves ce matin.
00:14Eh bien oui, une cinquantaine d'écoles en Isère sont touchées par une grève ce matin, 19 sont même carrément fermées,
00:20surtout dans l'agglomération grenobloise et le nord-Isère.
00:23Un rassemblement a lieu à la mi-journée devant le rectorat de Grenoble pour dénoncer ce manque de moyens.
00:28Pour en parler ce matin, non pas une, mais deux invités. Célia Hamel, bonjour.
00:32Bonjour.
00:32Merci d'être avec nous. Vous êtes enseignante à l'école maternelle des Frennes, dans le quartier de la Ville-Neuve à Grenoble.
00:37Et puis Ornelle Rousseau, bonjour.
00:38Bonjour.
00:39Vous, vous êtes ATSEM, agente territoriale spécialisée des écoles maternelles.
00:42Vous travaillez à l'école du Lac, également dans le quartier de la Ville-Neuve.
00:46Alors expliquez-nous d'abord ce qui vous pousse à la grève aujourd'hui.
00:49Concrètement, quand vous dénoncez des manques de moyens, ça veut dire quoi concrètement, Célia Hamel ?
00:54Concrètement, et assez simplement, en fait, on demande simplement le respect de la loi.
01:00On voudrait que ce qui fait actuellement la plus de difficultés dans les classes,
01:05c'est simplement que les enfants qui ont des droits pour être accompagnés parce qu'ils sont en situation de handicap,
01:12ne le sont pas ou ne le sont pas assez.
01:14Et ce manque d'heures fait qu'ils se retrouvent seuls, leurs familles se retrouvent seules face à leurs difficultés.
01:24Et nous, en tant qu'enseignants, on se retrouve également seuls face à ces difficultés.
01:29Les difficultés actuelles, le manque de moyens, ça a des conséquences surtout sur ces élèves en situation de handicap ?
01:34Ça a des conséquences sur ces élèves en particulier.
01:36C'est eux qui, effectivement, actuellement sont en particulièrement difficulté,
01:40mais ça a fait aussi craquer l'ensemble d'un système qui est lui-même très fragilisé.
01:46Ornelle Rousseau, vous qui êtes ADSEM, vous ressentez aussi ce manque de moyens ?
01:50Ça se concrétise comment ?
01:52Ça se concrétise surtout aussi par ce manque de remplacement,
01:57que ce soit pour nous, dans mon métier en tant qu'ADSEM,
02:02où on a très peu de remplacement, ou alors sur du court terme,
02:06les enseignants, c'est à peu près pareil,
02:09quand là, en ce moment, je crois qu'il n'y a plus de remplacement effectif.
02:14Les AESH n'ont même pas de pôle de remplacement du tout.
02:17Ah oui.
02:18Donc quand une AESH est malade, il n'y a personne.
02:22Et l'enfant est tout seul.
02:24Soit on lui dit de ne pas venir, soit il est là, mais il vient,
02:27et il ne faut pas lier à tout ça, à ce manque.
02:31Et donc l'enseignant, l'ADSEM, fait un double boulot.
02:34Oui.
02:35On a parlé beaucoup des manques de remplaçants au collège, au second degré,
02:38mais visiblement, ça touche aussi beaucoup le primaire.
02:41Absolument, oui.
02:42Par exemple, sur la ville neuve, sur le secteur ouest,
02:45donc c'est bien plus large que la ville neuve,
02:46il y a Tesser, Echirol, jusqu'à Mistral,
02:50il manque un enseignant référent.
02:51Alors c'est un enseignant qui n'est pas face classe,
02:53mais qui se charge justement de coordonner les parcours de scolarité
02:57des enfants en situation de handicap.
02:59Et lui, notre collègue, il est absent depuis deux ans
03:01et il n'est pas remplacé.
03:04Alors ça impacte que ces enfants ont besoin de faire des dossiers,
03:08on a besoin de faire des réunions, de coordination,
03:11et elles ne sont pas faites, elles sont faites en retard.
03:13Donc les dossiers de ces enfants prennent du retard
03:15dans des situations où déjà les structures médico-sociales
03:20sont absolument, comment dire, saturées absolument.
03:24Et du coup, prendre du retard dans cette situation,
03:26ça ne fait qu'aggraver les chances de ces enfants
03:28d'accéder à des soins, à une scolarité qui soit adaptée à eux.
03:34On parle ce matin du manque de moyens dans l'éducation,
03:36surtout dans le premier degré, et on en parle ensemble.
03:39On rappelle que vous pouvez nous appeler, Mathieu,
03:41pour parler de ce sujet.
03:42Comment ça se passe pour vos enfants, vos petits-enfants à l'école ?
03:45Est-ce que justement, vous, vous êtes dans cette situation ?
03:47Votre enfant peut être accompagné, mais se retrouve parfois tout seul,
03:51parce qu'il n'y a pas de remplacement quand il y a des absences.
03:54Est-ce que vous avez ressenti ce manque de moyens ?
03:56Appelez-nous, il reste encore quelques minutes
03:57pour qu'on puisse avoir vos témoignages et qu'on puisse l'entendre aussi.
04:00On vous donne la parole, 0476 46 45 45.
04:04On peut aussi passer par notre page Facebook,
04:06notre poste météo, où on a quelques réactions choisies.
04:08C'est ce qu'a fait Eliane, par exemple, ce matin, qui nous écrit
04:11« Il est évident que les moyens pour l'éducation nationale ont diminué. »
04:15Elle nous donne des exemples au-delà de la vie en classe dans les écoles.
04:19Elle nous dit, par exemple, « Les enfants ne partent plus en classe de neige,
04:23de mer, à la campagne ou en visite culturelle. »
04:250476 46 45 45.
04:28Vous venez justement nous raconter cette situation,
04:31si vous avez ressenti ce manque de moyens à l'école.
04:34Nos deux invités, Célia Hamel, enseignante, et Ornelle Rousseau-Atsem.
04:38Merci d'être avec nous ce matin.
04:40Vous êtes toutes les deux, vous travaillez toutes les deux dans le quartier de la Ville-Neuve.
04:43Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, ce mouvement de grève
04:46qui concerne une cinquantaine d'écoles en Isère,
04:48elle touche surtout les quartiers populaires, ou pas seulement ?
04:51Alors, au départ, c'est vrai que nous, on travaille toutes les deux dans un quartier populaire
04:57et c'est vrai que les quartiers populaires sont particulièrement impactés
04:59parce que c'est là que les familles qui sont le plus en difficulté sont scolarisées.
05:05Et c'est vrai qu'on voit bien, c'est les premières à être abandonnées par le service public
05:09et l'école devient le seul endroit où, effectivement,
05:13elles peuvent avoir un petit peu encore d'écoute, un petit peu de soutien.
05:17Mais nous, on se retrouve bien seules pour gérer des situations de logement,
05:20d'accès aux soins, des fois de protection de l'enfance.
05:23Mais on a été très surpris par le fait que, en en parlant, en disant simplement
05:27« mais nous, on veut arrêter de souffrir en allant au travail,
05:30on veut simplement que les enfants soient heureux à l'école »,
05:32eh bien, en fait, ça a fait écho à plein de collègues
05:35et des collègues qui ne travaillent pas forcément dans des quartiers populaires.
05:38Donc, on sent que cette souffrance-là, alors c'est vrai qu'elle est...
05:40Elle est plus généralisée que seulement les quartiers populaires.
05:42Elles semblent visiblement beaucoup plus généralisées
05:45que simplement centrées sur des quartiers, effectivement, en difficulté.
05:48Dans le tract de l'intersyndical, il a même utilisé le terme de maltraitance institutionnelle.
05:53Alors, on l'a beaucoup entendu pour les soignants, à l'hôpital notamment.
05:57Vous, c'est ce que vous ressentez également, Ornelle Rousseau,
05:59une maltraitance institutionnelle, vous diriez ça ?
06:02Oui, oui, parce qu'au-delà de nous, de nos métiers, on le fait,
06:06on est toujours dans nos métiers-là.
06:09Et pourtant, des fois, ce n'est pas facile, et surtout dans les quartiers où on est,
06:12parce que je pense qu'on fait un métier qui va...
06:17Enfin, nos métiers, même s'ils sont différents, ils se rejointent,
06:20on le fait au-delà de notre métier, on le fait aussi pour les enfants.
06:24On est là pour les enfants en priorité.
06:26Et des fois, en fait, c'est là où on se sent un mal,
06:28parce qu'on a l'impression qu'on ne peut plus être là pour eux.
06:34Et c'est là où c'est très difficile d'être compris sur ça.
06:39On est contraint à mal faire son travail, entre guillemets,
06:42parce qu'il y a trop d'enfants à s'occuper.
06:44Oui, même si on a l'impression, je pense qu'on continue à bien le faire.
06:47Mais des fois, c'est dur, c'est lourd.
06:50Et je pense que ce qui rajoute à la souffrance
06:53et qui va vers la maltraitance institutionnelle,
06:57c'est qu'on ne sent pas d'écoute, on ne sent pas de soutien de nos hiérarchies.
07:02On essaye d'alerter, on essaye de faire les choses le plus justement possible.
07:09On fait le meilleur.
07:10Alors c'est vrai qu'on reçoit des courriers nous remerciant,
07:12nous disant qu'on est des fonctionnaires qui faisons un travail formidable.
07:15Mais quand on alerte sur des situations où il nous manque des heures d'AESH,
07:18il nous manque des remplaçants, là, il n'y a plus personne.
07:21On se retrouve tout seul.
07:23Quand on alerte plus haut nos hiérarchies, on nous dit, bah oui,
07:25mais là, il n'y a pas de moyens.
07:27Mais voilà, c'est ça qui fait...
07:30C'est qu'on nous demande de fonctionner alors qu'on n'a pas les moyens de fonctionner.
07:34Donc on bricole.
07:35Alors effectivement, exactement comme dit Ornel, on bricole parce que...
07:37Ça peut être très frustrant.
07:38Parce que, oui, c'est très frustrant.
07:40Et on le fait parce que ces enfants-là, en fait, ils sont dans nos classes.
07:44Donc de toute façon, il faut qu'on leur offre quelque chose qui tienne la route.
07:47Mais de faire comme ça sans moyens, c'est vrai que c'est très rude, très difficile.
07:54Et en même temps, on a un nombre d'élèves qui diminue ces dernières années.
07:59Par conséquent, on a envie de dire, c'est normal que les classes ferment, non ?
08:03Alors, c'est vrai.
08:05On pourrait profiter, en tout cas, je pense qu'on pourrait profiter du fait qu'il y ait moins d'élèves.
08:09Une démographie scolaire qui est effectivement en baisse pour augmenter les taux d'encadrement.
08:14Je ne crois pas...
08:14Pour qu'il y ait moins d'élèves par classe.
08:15Exactement.
08:16Je ne crois pas que ce soit ça qui soit envisagé.
08:19Je ne suis pas dans le cœur des décisions ministérielles,
08:22mais je n'ai pas entendu que c'est ça qui avait été envisagé.
08:25Je crois que c'est plutôt de s'adapter à la démographie scolaire.
08:29Donc, effectivement, de baisser le nombre d'enfants par classe.
08:33Le lieu de garder le nombre d'enfants par classe, c'est de baisser le nombre d'enseignants.
08:37Oui.
08:37Il y a une cinquantaine d'établissements qui sont mobilisés aujourd'hui.
08:40Vous vous attendiez à un tel mouvement, Renel Rousseau ?
08:43Non.
08:43On en parlait tout à l'heure.
08:45En fait, on est super contente.
08:48C'est inquiétant.
08:50C'est inquiétant.
08:51La fierté de se dire qu'effectivement, ça y est, on redonne la parole à des collègues
08:56qui souffrent, mais ne le disent pas ou ne l'expriment pas.
09:03Et là, c'est une occasion.
09:04Et c'est vrai que c'est quand même...
09:05On a la fierté d'avoir pu libérer cette parole.
09:08Et en même temps, c'est vraiment très triste.
09:11Ça veut dire qu'on a un système qui est vraiment à bout de souffle.
09:13Et ça se concrétise donc par un rassemblement ce midi devant le rectorat de Grenoble.
09:18Merci en tout cas à toutes les deux d'avoir été avec nous ce matin sur l'antenne d'ici.
09:22Isère, belle journée.
09:23Merci.

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