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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Mais l'un seul de David Cronenberg arrive enfin sur nos écrans.
00:03Après la mort de sa femme, un homme d'affaires invente une technologie
00:06pour se connecter au corps de nos êtres disparus jusque dans la tombe, Philippe.
00:12Oui, c'est un grand récit d'amour fou parce qu'on connaît l'attrait de Cronenberg pour le corps dans tous ses états.
00:18Et là, c'est une proposition d'accompagner l'être qu'on aime dans l'au-delà.
00:23Et voilà. Et en même temps, c'est ça qui est beau, c'est que c'est une comédie romantique.
00:28C'est ça le paradoxe. Et il faut oser rire. Il faut oser rire à ce film Cronenberg.
00:34On est parfois assommé, c'est un film sur le deuil.
00:39On sait que Vincent Cassel s'est fait la tête de David Cronenberg
00:42et que David Cronenberg a tourné ça après la mort de sa femme et tout ça.
00:45Il est venu ici en parler. Il a dit que ce n'était pas une thérapie.
00:48Il disait qu'il y avait la comédie aussi.
00:49Voilà. Et il disait que c'était une comédie.
00:51Et pour ça, je vous apportais un extrait, un extrait du début.
00:54Et donc, notre héros, joué par Vincent Cassel, a ce qu'on appelle un date.
00:59Et donc, il l'a invité au resto, dans son resto, qui est dans un cimetière.
01:03Alors, c'est une vision très spéciale du rendez-vous galant.
01:06Mais regardez l'extraordinaire abattage de Vincent Cassel.
01:11L'un des fesses.
01:12L'un des fesses.
01:13Réalement, c'est ça qui?
01:17C'est ça qui?
01:17C'est que ça se dit quelque chose,
01:19des, ce, les, les...
01:21...mendous, metallique, ninja things.
01:25Les seules sont les garages.
01:27«Graises »
01:29Vous j'avez envie de voir les garages ?
01:31Oui.
01:31Je l'ai inventé.
01:35Vous avez entendu le Shroud de Turin ?
01:38Je pense que ça pré-dates votre restaurant
01:41à environ 2 000 ans.
01:43Peut-être 700 ans.
01:45Mais c'est certainement faux.
01:48Ma Shrouds n'est pas faux.
01:51Et votre femme ?
01:52Elle était bien avec le business de céréales ?
02:01Ce qui est extraordinaire, il prend son temps avant de répondre.
02:07Et tout à coup, cette réplique,
02:09vous êtes prête aux ténèbres,
02:11c'est une réplique qui s'adresse évidemment au spectateur.
02:13On est au début du film,
02:15et à quel point vous êtes prête aux ténèbres ?
02:17Est-ce que vous étiez prête pour les ténèbres ?
02:19Ma chère Chloé.
02:20J'attendais beaucoup des ténèbres.
02:22Effectivement, il y a quelque chose de très autobiographique.
02:24Tu le disais, Cronenberg ayant perdu sa femme
02:26un petit peu auparavant.
02:27Et moi, ce personnage de la femme,
02:28c'est celui qui me passionne le plus.
02:29Surtout le rapport du protagoniste à la femme et à son corps.
02:33Il y a quand même quelque chose
02:34de l'ordre du contrôle total sur le corps de la femme
02:36qui va engendrer une forme de paranoïa
02:38et même une rivalité avec le médecin
02:40qui a traité la femme,
02:41qui lui a réussi à la pénétrer de façon chirurgicale.
02:44Ça, je trouve ça brillant.
02:45C'est un peu tout ce qu'on aime chez Cronenberg,
02:46en quelque sorte.
02:47Le rapport au corps,
02:48il y a quelque chose de très organique
02:50qui va parfaitement avec la mise en scène de Cronenberg.
02:52En revanche, ce qui me dérange un peu plus,
02:54c'est que je trouve que le film dévie
02:56vers quelque chose de beaucoup plus théorique.
02:58Est-ce que ça croise le film de complot, d'espionnage ?
03:01Ça croise d'autres films possibles, cette question du deuil ?
03:04Il me semble que ça croise plein d'impasses
03:06parce que ça nous dit aussi
03:07que c'est un film de complot
03:08qui ne peut pas vraiment devenir un film de complot.
03:10C'est un film paranoïaque
03:11qui ne peut pas vraiment devenir un film paranoïaque.
03:13C'est une histoire d'amour scandaleuse,
03:15sulfureuse,
03:16qui n'est pas non plus si explosive que ça.
03:18Pourquoi ? Parce que moi,
03:20j'ai toujours été un peu frappé au cinéma
03:22quand on me racontait des histoires de deuil
03:23en me disant
03:24on va voir comment cette personne se sort de son deuil.
03:26Moi, ce que je trouve très beau,
03:27c'est que Cronenberg ose nous dire,
03:28sans que ce soit désespéré pour autant,
03:30ben non, moi, je vais vous raconter
03:31qu'en fait, le deuil, ça n'a pas de fin.
03:32Ça bloque un peu tout le reste.
03:33Ça aubère le reste de la vie.
03:35Je trouve que c'est très beau et très sensible
03:37et très sincère.
03:38Et puis, moi, il y a un truc qui me fascine absolument.
03:39C'est l'histoire d'un type qui veut réussir
03:42à nous donner en image ce que normalement
03:44on ne peut pas voir en aucune façon.
03:46Quel est le dernier stade de l'humanité
03:49quand le corps se décompose ?
03:51Ben, le cinéma, ce n'est pas autre chose.
03:52Le cinéma, c'est toujours essayer de voir
03:54ce qu'on ne pourrait pas voir.
03:55C'est unique, cette chose-là.
03:56Ça, c'est le scandale.
03:57C'est le scandale qui ouvre le film.
03:58Ce qui est véritablement un scandale.
03:59Ça veut dire regarder sous la tombe,
04:01regarder dans la tombe
04:02la décomposition du corps de la personne aimée.
04:04Mais après cette exposition
04:06que je trouve ressemblant à celle
04:08qu'on peut attendre de Cronenberg,
04:10moi, le film, justement, me perd sans cesse
04:12dans ses impasses.
04:13J'ai ce qui arrive parfois
04:15à ce que j'avais eu avec
04:16Crimes of the Future,
04:17c'est-à-dire cet aspect théorique de Cronenberg
04:19qui mélange évidemment
04:21presque une sorte de peau pourrie
04:22de tous les thèmes qu'on a vus
04:23dans son cinéma.
04:24Je me suis retrouvé dans un labyrinthe
04:25face à des impasses en permanente
04:27et je n'arrivais pas,
04:28je n'arrivais jamais
04:29à...
04:30Mais ça ne peut pas justement
04:31apporter quelque chose,
04:32du deuil, de l'empêchement,
04:33de la folie...
04:34Je crois que je suis complètement d'accord
04:35avec Frédéric.
04:36Ah oui, c'est-à-dire que cette ouverture,
04:38elle me saisit parce que je vois
04:39ce film Somme,
04:40ses parties autobiographiques
04:41et je trouve que malheureusement
04:43le film est ponctué,
04:44je ne le trouve pas complètement raté
04:45du tout,
04:46mais je le trouve vraiment ponctué
04:47de phases de mauvais goût.
04:49C'est-à-dire qu'il y a notamment...
04:50Ah, mais ça peut être marrant.
04:51Ça peut être marrant
04:52et l'humour, c'est subjectif,
04:53ça n'a pas marché sur moi.
04:54Il y a notamment tout un truc
04:55avec cette espèce de personnage
04:57d'intelligence artificielle,
04:58son espèce d'Alexa version matérialisée
05:01qui ressemble à sa femme.
05:03Moi, ça ne fonctionne absolument pas sur moi.
05:06Je trouve ça cringe,
05:07mais sauf qu'en même temps,
05:09et je dois bien l'admettre,
05:10ça fait partie du cinéma de Cronenberg
05:12de se sentir dérouté.
05:13Donc, c'est tout le paradoxe.
05:14C'est ce qu'on accepte.
05:15Moi, je l'ai vu il y a presque un an
05:16en ce film.
05:17Moi, je l'ai vu trois fois
05:18parce que je l'ai revu il y a un an
05:19et je l'ai revu déjà deux fois.
05:21Je ne peux pas utiliser cet argument.
05:22C'est vraiment formidable,
05:23mais j'ai vu trois fois
05:24parce qu'il y a trois fois
05:25Diane Crugère,
05:26il faut quand même le dire,
05:27dans le film.
05:28Elle joue parce qu'elle joue
05:29la femme morte
05:30et il y a des flashbacks
05:31ou des séquences oniriques.
05:33Voilà.
05:34Elle joue sa sœur jumelle
05:36et avec tout le trouble
05:37que le type se retrouve,
05:39il lui dit,
05:40ben, t'as le corps de ma femme.
05:41Alors, elle dit,
05:42ben non, c'est mon corps.
05:43Ben, oui, mais d'accord.
05:44Enfin, bon,
05:45avec tout ce que ça peut avoir...
05:46Une embrouille de cimetières.
05:47De cimetières et tout ça.
05:49Et puis, effectivement,
05:50cette intelligence artificielle
05:51qui est très facétieuse,
05:53qui se déguise en panda,
05:54qui peut se mettre toute nue,
05:55qui fait des choses vraiment
05:57que les intelligences artificielles
05:58ne devraient pas faire.
05:59Et donc...
06:00Je ne trouve pas
06:01que les scènes les plus marquantes
06:02sont liées au corps réel
06:03de cette femme.
06:04Il y a une scène, moi,
06:05qui me hante,
06:06c'est le corps qui se brise
06:07de cette femme.
06:08Mais celles,
06:09en comparaison,
06:10celles de l'intelligence artificielle,
06:11je suis d'accord,
06:12sont quand même assez décevantes.
06:13Non, parce que...
06:14Mais non, parce que...
06:15Le travail pour la chair
06:16est plus intéressant que le travail.
06:17D'une part, c'est assez drôle,
06:19et d'autre part,
06:20c'est ce contrepoint paranoïaque.
06:21C'est-à-dire que ce type,
06:23il confond son chagrin
06:25et les régulations
06:27dont il est la victime.
06:29Donc, il a l'impression
06:30que c'est un complot.
06:31Au départ,
06:32il est tellement dans le deuil
06:33qu'il peut y avoir
06:34que la Chine et la Russie
06:35pour lui chercher des droits.
06:36Ça fait son univers.
06:37Alors que non,
06:38il est malheureux.
06:39C'est intéressant.
06:40Oui, et puis justement,
06:41il y a aussi quelque chose
06:42que je trouve incroyable.
06:43Alors, il y a toutes ces séquences
06:44qui sont parfois un peu déroutantes.
06:45On ne sait pas exactement
06:46où elles veulent mener.
06:47Et tout d'un coup,
06:48toute leur étrangeté
06:49ou le ridicule de la situation
06:50s'incarne dans une idée incroyable.
06:51C'est ce type
06:52qui est tellement obsédé
06:53par son deuil
06:54qu'il va se foutre dans un sueur.
06:55En fait, évidemment,
06:56il doit bouger
06:57parce qu'il sent bien
06:58qu'il a l'air d'un con.
06:59Mais je suis d'accord,
07:00il y a des idées
07:01qui viennent vraiment,
07:02encore une fois, ponctuées.
07:03Mais revoyez-le !
07:04Et Vincent Cassel,
07:05c'est sa troisième collaboration
07:07quand même avec Cronenberg.
07:08C'est sa troisième, Vincent Cassel.
07:10Moi, c'est un acteur que j'adore.
07:11Et c'est assez fascinant.
07:12C'est un désintérêt du film.
07:13C'est-à-dire, c'est un acteur que j'adore.
07:14J'adore en particulier
07:15la voix de Vincent Cassel.
07:17Il a une voix extrêmement claire.
07:18Il change, là.
07:19Il a fait une voix différente, là.
07:21Je trouve que ça l'a remplacé.
07:22Il a rapproché de Cronenberg,
07:23sa voix, là.
07:24Donc, il a imité volontairement.
07:25Il a fait tout un travail.
07:26Il a déplacé sa voix.
07:29On le voit bien dans l'extrait.
07:30C'est très révélateur.
07:32Il y a un boulot énorme derrière tout ça.
07:34Sous-titrage Société Radio-Canada

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