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Vendredi 2 mai 2025, retrouvez Santiago Lefebvre (Président et fondateur, ChangeNOW), Cécile Mazaud (Présidente, Foncière Logement), Ivan Pavlovic (Directeur exécutif Recherche et conseil sur la transition énergétique, Natixis), Bertrand Badré (Ancien directeur des finances de la Banque mondiale et fondateur, Blue like An Orange Sustainable Capital) et Théodore Guyot (Cofondateur, Jam) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00Générique
00:00Bonjour à toutes et à tous, c'est un grand format de Smart Impact que je vous propose aujourd'hui.
00:12Une heure pour creuser les enjeux de transformation environnementale et sociétale avec un grand entretien, 26 minutes face à une personnalité qui compte dans notre économie.
00:22Et cette question, prêt pour l'impact que je poserai à Bertrand Badré, ancien directeur financier de la Banque mondiale, créateur du fonds d'investissement Blue Like and Orange.
00:31Pour ouvrir cette émission, je reçois dans une minute Santiago Lefebvre, le fondateur de Change Now, l'événement mondial de solutions pour la planète qui vient de se tenir à Paris, 10 ans après la signature des accords de Paris.
00:43On fera le bilan. Dans notre débat, on parlera logement, comment lutter contre l'habitat indigne, comment défendre à la fois mixité sociale et impact environnemental.
00:52Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Jam, plateforme de location d'objets entre particuliers.
00:59Voilà pour les titres, c'est parti pour ce Smart Impact en format XXL.
01:10L'invité de Smart Impact, c'est Santiago Lefebvre. Bonjour.
01:14Bonjour.
01:15Bienvenue. Heureux de vous retrouver. Vous êtes le fondateur président de Change Now dont l'édition 2025 vient de se terminer.
01:21Question classique. Quel bilan faites-vous de cette édition ?
01:24Alors déjà, c'est un bilan très positif.
01:26Ça a été une année très particulière parce qu'en fait, on connaît tous le contexte dans lequel on est avec beaucoup d'attaques sur la science, sur la durabilité et le développement durable, sur, je vais dire, même l'information et les démocraties.
01:41Et donc, on a lancé cette édition dans un contexte assez complexe. Mais on a senti beaucoup d'engouement. Justement, c'est un lieu qui a donné beaucoup d'espoir, qui a redonné aussi les priorités dans l'action.
01:52Et je pense que juste le fait de se fédérer, d'y voir plus clair sur comment est-ce qu'on peut faire face à rien que ça a déjà été un grand succès.
01:59Oui, alors on peut rappeler en quoi consiste Change Now. C'est quoi le principe de ce rendez-vous ?
02:04Le principe, c'est de rassembler tous les acteurs de la transition écologique et sociale afin de leur donner les outils qui leur permettent d'avancer plus vite et mieux.
02:14Cette année, c'était le retour au Grand Palais, le Grand Palais historique, maison des expos universelles.
02:23C'est pour ça que cette édition-là a vraiment pris la forme d'une exposition universelle des solutions pour la planète.
02:28Ces mille solutions qu'on est allé chercher un peu partout dans le monde, qui ont été présentées auprès d'investisseurs, de grandes entreprises, de médias, de personnalités politiques
02:38et également du grand public pour que justement elles puissent se développer.
02:42Alors vous l'avez évoqué, ce retour en arrière venu des États-Unis, c'est pas compliqué.
02:49On peut tous les jours trouver une mauvaise nouvelle en matière de défense de l'environnement.
02:55Les auteurs d'un rapport scientifique qui est crucial pour l'avenir de la lutte contre le réchauffement viennent d'être licenciés par mail.
03:00Ça, c'est typiquement américain. Le gouvernement Trump leur dit que, je cite le mail, la portée du rapport est en train d'être réévaluée.
03:08Bon, voilà, on imagine ce qui va se passer. Est-ce que vous craignez quand même, j'imagine que vous avez ressenti l'inverse dans un événement comme Chen Zhao,
03:16mais un effet de contagion ?
03:18Alors, justement, nous, notre message, c'est de montrer, je vais plutôt reprendre même en disant que l'une des stratégies, c'est de faire croire que de toute manière,
03:27la majorité des personnes ne veut plus de développement durable. Donc, le vent a tourné, donc c'est fini.
03:35Et essayer de décourager ceux qui veulent continuer à en être.
03:39À Chen Zhao, on a réussi à montrer, à porter haut et fort le fait qu'on est très nombreux de tous les fonds différents,
03:44que ce soit des acteurs économiques puissants. Il y a beaucoup de grandes entreprises qui sont à Chen Zhao.
03:49Il y a 10 000 entreprises qui sont représentées pendant ces trois jours.
03:51Donc, que ce soit les acteurs politiques, que ce soit les citoyens et d'autres, en fait, on est un très grand nombre à vouloir continuer dans cette démarche-là.
04:02Mais les scientifiques américains, par exemple, est-ce qu'on a les moyens de les accueillir ? Parce que c'est l'un des enjeux urgents du moment.
04:11Alors, je pense que c'est essentiel de les accueillir. En fait, cette attaque sur la science et les...
04:17Pardon. Cette attaque sur la science et les...
04:20Elle s'explique. Elle s'explique parce qu'en fait, cette question de la transition, on pense souvent que c'est une révolution technique ou de process,
04:29mais en vrai, c'est surtout une révolution scientifique. En fait, on s'est rendu compte et on a appris au cours des dernières décennies, des dernières années,
04:37comment fonctionne le système Terre, les limites planétaires. En fait, la science nous a montré qu'il y avait une finitude dans les ressources.
04:43Et c'est finalement face à ça que...
04:48C'est la plus attaquée d'une certaine façon, comme c'est elle qui nous démontre depuis des décennies qu'on va dans le mur.
04:53C'est elle qui est attaquée.
04:54Exactement. Si on veut arrêter cette transition, de casser les fondements scientifiques de celle-ci est en effet une stratégie qui peut fonctionner.
05:02Mais moi, je suis volontairement optimiste. Mais si on revient en Europe, il y a la directive Omnibus qui a été votée au début de ce mois d'avril,
05:11qui met un coup d'arrêt sur un certain nombre de directives européennes, CSRD, CS3D, deux ans de décalage pour l'une, un an pour l'autre.
05:21On est quand même dans un pacte vert, un Green Deal qui revoit ses ambitions à la baisse.
05:25Tout ça étant lié aussi à un processus électoral, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.
05:32Oui, tout à fait. Et nous, notre rôle, justement, c'est de donner de la voix à ceux qui veulent continuer.
05:37Et par exemple, on a rassemblé, on avait des acteurs politiques, et notamment, par exemple, Benjamin Haddad, le ministre chargé justement de l'Europe,
05:46qui est venu à Change Now et qui a rencontré des acteurs de la transition.
05:49Donc lui, il sait maintenant qu'il y a aussi un tissu économique très fort, très large, qui souhaite continuer dans ces démarches-là.
05:57Et donc, nous, voilà, ce qu'on fait, c'est finalement de rendre visible cette voix pour qu'en face, ceux qui disent en fait, il faut du Omnibus, etc., ne soient pas les seuls à parler.
06:07Et alors, c'est intéressant parce que du côté, justement, d'une entreprise, grande, petite ou moyenne d'ailleurs, qu'a pris ce cap de la transformation, de la transition ?
06:16En général, on veut de la vision à long terme quand on est chef d'entreprise et quand on prend un cap,
06:23ce n'est pas pour en changer au bout de six mois ou de deux ans parce qu'un président américain vient d'être élu.
06:29Mais quand même, voilà, est-ce qu'il y a au sein de ces entreprises la tentation de ralentir aussi ?
06:36Alors, c'est toujours très dur de faire de généraliser, bien sûr.
06:39Mais en effet, je dirais, il y a des entreprises qui sont entrées peut-être dans la sustainability plutôt par, avec un souci plus de communication.
06:47Et donc, quand on fait de la communication, c'est vrai que c'est assez facile de changer de cap.
06:53La très grande majorité et les entreprises avec qui on travaille sont des personnes qui sont avec nous depuis plusieurs années,
06:59qui ont vraiment commencé à changer des business models, leurs stratégies.
07:02Et donc, en effet, celles-ci, elles étaient encore là malgré le backlash.
07:06Pourquoi ? Parce qu'en fait, ça commence à être vraiment ancré dans leurs nouvelles activités.
07:10Et donc là, en effet, c'est très difficile de changer de cap.
07:13Quand vous avez créé Change Now, c'était en 2017, c'est ça ?
07:15Ça, c'est la première édition de 2017.
07:17Vous saviez que ce ne serait pas un long fleuve tranquille, tout à fait.
07:19Vous n'êtes pas tout à fait surpris ?
07:21Non, on savait. Et en vrai, ce backlash, pour moi, il était attendu.
07:24Ça faisait deux ans que je disais ce qui est...
07:27Là où on peut s'inquiéter, c'est de savoir quelle va être la force du retour de bâton, en quelque sorte, ou du vent contraire.
07:34Qu'est-ce qu'on a raté sur l'acceptabilité ? Parce que c'est ça, en fait.
07:37Et encore une fois, je le dis à chaque fois, je me mets dans le...
07:41Qu'est-ce qu'on a raté ?
07:42Parce que si une partie des électeurs votent Trump ou pour des listes d'extrême droite ou de droite qui veulent freiner au niveau européen,
07:51c'est bien parce qu'on a raté quelque chose sur l'acceptabilité.
07:53Oui, alors, acceptabilité, je pense que c'est aussi lié au fait que, du côté des acteurs de la transition,
08:02il n'y a pas encore un alignement suffisamment fort.
08:07En fait, on est en train de voir si quelqu'un est vert foncé, vert bouteille, vert clair, un peu.
08:13Il y a un peu de division.
08:14Alors qu'en fait, de l'autre côté, ceux qui veulent le statu quo, il y a un alignement d'intérêt qui est beaucoup plus fort.
08:20Il y a beaucoup moins de division.
08:20Et donc, je pense qu'en fait, la division qu'il y a d'un côté fait que, dès qu'il y a une solution qui sort,
08:27s'il n'est pas parfaite, elle peut être remise en doute, y compris par le camp de la transition.
08:31Or, le mieux est l'ennemi du bien parfois aussi.
08:35Et donc, voilà, il faut aussi avancer.
08:36Ce n'est pas plutôt une histoire de moyens mis en œuvre pour accompagner les plus fragiles,
08:44ceux qui voudraient bien se payer une voiture électrique, mais qui n'ont pas les moyens
08:50et qui se sentent en fait un peu au bord du chemin.
08:54C'est un truc de bobo qui vit dans les grandes villes.
08:56Alors justement, je vais vous prendre un exemple qui démontre...
09:00Alors, il y a une part de vrai, tout à fait, l'accompagnement essentiel.
09:03Et en revanche, ce n'est pas forcément quelque chose pour les bobos,
09:06puisqu'en fait, si on regarde le sujet de la transition agricole, autre sujet majeur.
09:11Bien sûr.
09:12Il y a une étude qui a été faite par M. Jean Covici, justement,
09:17qui montrait que 92% des agriculteurs sont prêts à faire la transition maintenant,
09:21s'ils sont accompagnés d'un point de vue des compétences et financières.
09:25Donc, voilà, et ce sujet-là, ce n'est pas forcément juste bobo parisien.
09:28Non, bien sûr, mais le fait de ne pas suffisamment accompagner certaines catégories de la population,
09:33ça crée ce sentiment.
09:34Tout à fait.
09:34Et après, la question, c'est mais comment est-ce qu'on finance cela ?
09:38Et donc là, il y a vraiment la question de...
09:40Finalement, l'argent, il est là, sauf que les subventions ne vont pas au bon endroit, tout simplement.
09:45Et ça se voit dans beaucoup de choses.
09:47Aujourd'hui, si on arrêtait de subventionner, par exemple, les énergies fossiles,
09:51les énergies renouvelables seraient toutes moins chères que les énergies fossiles.
09:55Ce qui rend les énergies fossiles moins chères, parfois, c'est qu'elles sont subventionnées.
10:00Eh bien, je pense que c'est la même chose.
10:01Si on amenait des subventions qui vont dans des secteurs néfastes vers la transition agricole,
10:06on aurait les moyens de faire cet accompagnement.
10:08Oui.
10:09Vous avez marqué l'événement des 10 ans des accords de Paris à l'occasion de ce Change Now.
10:17Qu'est-ce qui domine ?
10:18Vous voyez le vert quand même à moitié plein ?
10:20Oui, oui, quand même.
10:22En fait, on a voulu montrer, et c'est ce qui s'est passé, une voie forte autour des accords de Paris.
10:30Les accords de Paris, ils vont avoir 10 ans maintenant, c'est un accord essentiel.
10:35En fait, c'est un symbole même de 196 pays qui ont réussi à se mettre d'accord vers une direction commune.
10:43Ce qui est très rare dans l'histoire, finalement, d'avoir des accords aussi grands.
10:48Et ce n'est pas parce qu'il y a un pays qui en ressort que ça met en cause l'attachement des 195 autres parties à cela.
10:54Et donc, voilà, on a eu vraiment beaucoup de voies très larges, que ce soit politiques, économiques ou autres,
10:59qui ont montré à quel point il faut rester dans cet accord-là, que c'est essentiel,
11:03parce que chaque dixième de degré compte,
11:04et que même si on s'approche très très fortement du 1,5 degré,
11:08mais en fait, la prochaine cible n'est pas beaucoup plus loin, c'est 1,6 degré et pas plus, en fait.
11:16Dernier mot, il nous reste une minute.
11:18Vous êtes l'un des fondateurs de Tech for Good, qui est devenu le mouvement Impact France,
11:22vous en êtes toujours membre.
11:24Est-ce que ce modèle d'entreprise, finalement, que vous défendez, vous avez le sentiment qu'il gagne du terrain ?
11:28Alors, oui, il gagne du terrain, très clairement.
11:31En fait, moi, quand on a commencé en 2017, et aujourd'hui, il gagne du terrain.
11:35Il gagne du terrain à plusieurs niveaux, c'est par le nombre des entreprises qui sont représentées.
11:40C'est-à-dire que nous, on avait déjà une difficulté à trouver 100 solutions il y a 8 ans.
11:44Là, on en trouve 1 000 chaque année, et encore, on fait une grosse sélection.
11:48Puis après, aussi dans les levées de fonds qui vont avec.
11:50La levée de fonds moyenne, il y a quelques années, pour un projet de la transition, il était de 200 000 euros.
11:56Là, aujourd'hui, on navigue entre 3 et 5 millions d'euros.
11:58Donc, en fait, il y a vraiment une grande croissance qui montre qu'il y a une maturité dans les business models de ces entreprises-là.
12:05Merci beaucoup, Santiago Lefebvre.
12:07Et à bientôt sur Be Smart for Change.
12:09On passe à notre débat, le logement au cœur de ces enjeux de transition environnementale et sociétale.
12:14Le débat de ce Smart Impact, on parle logement tout de suite avec Cécile Mazot.
12:25Bonjour.
12:26Bonjour.
12:26Bienvenue.
12:27Vous êtes la présidente de Foncière Logement, Yvan Pavlovitch.
12:30Bonjour.
12:31Bonjour.
12:31Bienvenue à vous aussi, directeur exécutif recherche et conseil sur la transition énergétique chez Natixis.
12:37Peut-être pour commencer une présentation de Foncière Logement ?
12:39Oui, bien sûr. Alors, Foncière Logement, c'est une association qui a été créée en 2002 par les partenaires sociaux, donc organisation paritaire.
12:47Du coup, cette association a comme objectif de créer de la mixité sociale dans les quartiers prioritaires de la ville.
12:54Et donc, on crée à peu près 1 500 logements par an, donc voilà, sur tout le territoire.
12:59Et on va voir comment concilier, mixiter et enjeux environnementaux, évidemment.
13:06Comment Natixis s'engage dans ces questions de décarbonation et logement ?
13:15Voilà, on peut poser la question comme ça.
13:16Alors, en fait, on a un double niveau d'intervention parce que Natixis, c'est la filiale de Gros, de BPCE, qui est le deuxième groupe bancaire européen.
13:27Et en fait, on a une action au niveau de nos caisses et nos banques au niveau local.
13:31Et donc là, on a tout un tas de programmes pour favoriser le développement de logements vertueux.
13:37Et puis, on a également l'action qu'on mène du côté de la CIB, donc l'entité à laquelle j'appartiens,
13:43pour favoriser les émetteurs dans ces secteurs pour des solutions, comment dire, décarbonées.
13:49Donc, vous voyez, on a un double levier d'intervention.
13:51Si on regarde ce secteur du logement, c'est le ministère de la Transition écologique qui nous donne ces chiffres en France.
13:57Le secteur du bâtiment représente 43% des consommations énergétiques annuelles et génère 23% des émissions de gaz à effet de serre.
14:06Ça veut dire que c'est évidemment une part importante de l'empreinte carbone du pays,
14:12mais aussi une part importante de la solution, Ivan Pavlovitch.
14:14– Absolument. Et vous avez raison de souligner le fait que le secteur du bâtiment est un gros consommateur d'énergie fossile.
14:21Et c'est vrai que quand on regarde les chiffres en perspective, on s'aperçoit que dans cet environnement,
14:28le bâtiment, c'est le quatrième secteur d'émissions de gaz à effet de serre.
14:31Donc, c'est là qu'effectivement les efforts doivent porter.
14:34Alors, à tout un tas de niveaux.
14:36Le premier niveau, c'est évidemment d'essayer de substituer au maximum des solutions bas carbone aux solutions existantes aujourd'hui pour le chauffage
14:44qui sont assises sur le gaz et le fuel.
14:47Donc là, il y a des choses qui commencent à émerger, pompes à chaleur, réseaux de chaleur.
14:51– On détaillera tout ça tout à l'heure.
14:52– Et puis l'autre aspect, c'est d'agir en fait sur la construction et la fabrication des matériaux pour le bâtiment.
15:00Et là, on a des économies d'énergie et de CO2 considérables à réaliser
15:06puisque si on prend l'exemple du ciment, aujourd'hui le ciment est un secteur qui est à la fois consommateur d'énergie,
15:12fortement consommateur d'énergie et très émetteur de CO2.
15:16– Oui. L'association Foncière Logement, j'ai vu ça en préparant l'émission,
15:19Zécile Mazou s'est dotée d'un plan climat, d'une stratégie de décarbonation qui s'appelle Futurable.
15:26Futur avec un H Futurable. C'est quoi Futurable ? Expliquez-nous.
15:30– Alors Futurable, c'est notre stratégie, donc pas que bas carbone environnementale, c'est une stratégie forte.
15:34On a pris le temps de la faire avec les administrateurs, avec les équipes.
15:39Un peu plus de deux ans de travail quand même pour se dire finalement
15:41quel impact notre activité va avoir sur la construction, sur l'empreinte carbone,
15:47sur l'usage aussi, pas que la décarbonation, on parle aussi d'usage.
15:50Donc Futurable finalement, ça répond à deux enjeux forts.
15:53Un enjeu du futur, un enjeu de décarbonation, c'est important,
15:57parce que notre parc va croître de 36% et donc notre empreinte carbone
16:02va diminuer de 46% dans les années à venir.
16:04Donc on voit bien qu'il faut mettre les croissances et aussi les croissances au niveau de la décarbonation.
16:09– On peut concilier les deux.
16:09– Exactement. Donc c'est un plan qui est suivi, c'est un plan de décarbonation qui est piloté,
16:15sans oublier la notion d'usage.
16:17Et donc là, c'est la deuxième partie du terme qui est hab, comme habitation.
16:21Et là, il faut travailler sur la qualité, parce que dans ces époques un petit peu compliquées,
16:27on voit que les citoyens, les Français ont besoin d'être logés.
16:29Donc parler de décarbonation, oui, c'est primordial,
16:32mais il faut aussi qu'on loge les salariés dans les quartiers.
16:35– Bien sûr, un logement durable, c'est d'abord un logement frugal.
16:39Ça veut dire quoi ça pour vous ?
16:40– Alors la frugalité, c'est un terme qui peut paraître un peu loin,
16:44mais moi ce que j'aime, c'est surtout le logement doit être durable.
16:47Et donc la qualité répond à cette notion, parce qu'on parle beaucoup d'environnement,
16:53mais finalement, l'environnement, l'environnement, quand on crée un logement de qualité,
16:58on anticipe l'entretien du logement, on anticipe la baisse de la consommation dans le logement,
17:04on anticipe la déconstruction du logement, et parler de qualité,
17:08finalement, c'est mettre l'environnement au cœur du système.
17:11Donc finalement, un logement durable, c'est quoi ?
17:13C'est d'abord une fierté d'habiter, donc c'est très important pour nous,
17:17parce que la mixité dans les quartiers doit se voir par l'architecture,
17:20par cette fierté, ce ressenti de « je suis fière d'habiter cet immeuble »,
17:24donc une architecture, une belle architecture, mais une architecture bioclimatique aussi,
17:28pour répondre aux enjeux de décarbonation et des enjeux environnementaux.
17:32Et la qualité se voit par l'usage.
17:35Donc chez Foncières Logement, on travaille énormément sur les espaces extérieurs,
17:39sur des grands halls lumineux, sur la luminosité aussi dans les appartements,
17:42des appartements qui sont bien équipés.
17:45Tous ces sujets-là, finalement, font que nos équipements répondent aux attentes
17:50des salariés qui viennent vivre dans les quartiers.
17:52On ne va pas parler des solutions d'efficience énergétique, Yvan Palovit,
17:55mais il y a d'abord la question de la réduction de la consommation,
17:59c'est-à-dire faire en sorte de créer des bâtiments ou de les adapter
18:03pour qu'on consomme moins d'énergie, moins d'eau, etc.
18:06Ça fait partie des pistes de travail importantes, ça ?
18:09Alors, ce sont des pistes fondamentales.
18:12Alors, si on situe un petit peu cet enjeu du logement dans la transition énergétique,
18:17et ça rejoindra ce que Mme Mazot vient d'évoquer,
18:19toute l'électricité aujourd'hui bas carbone disponible
18:26a vocation à être fléchée vers des secteurs
18:28où la dépendance aux énergies fossiles est très importante.
18:31Je pense par exemple au transport et à l'industrie.
18:33Et donc, la logique de la sobriété énergétique, c'est d'abord de faire en sorte,
18:38et c'est vrai pour la France, mais c'est vrai dans tous les scénarios de transition énergétique,
18:41que cette électricité bas carbone dont on va avoir besoin de plus en plus
18:45dans les décennies qui viennent, soit fléchée prioritairement vers ces secteurs d'impact.
18:51Et donc, la sobriété énergétique, à travers notamment l'isolation des bâtiments,
18:55le développement de nouveaux matériaux innovants pour l'isolation,
18:59répond justement à cet objectif vraiment de réserver l'électricité
19:02là où elle est la plus nécessaire dans la décarbonation de l'économie.
19:06C'est facile à faire quand on construit un bâtiment neuf.
19:09Qu'est-ce qu'on fait quand c'est un bâtiment déjà existant,
19:12pour l'adapter et le rendre moins gourmand ?
19:14Oui, la question est très intéressante.
19:16En 2033, on aura 100% de notre parc en étiquette A, B et C.
19:20Ça veut dire que la stratégie environnementale, on doit l'avoir comme une nécessité
19:24et comme une véritable politique d'investissement.
19:27Il faut travailler, vous l'avez bien dit, sur la construction, sur l'aspect neuf.
19:32On travaille sur les matériaux, ça a été rappelé, des matériaux biosourcés, des matériaux géosourcés.
19:37On travaille un petit peu sur les systèmes avec des pompes à chaleur,
19:40un peu de panneaux photovoltaïques et solaires.
19:42Mais attention au système, ils sont coûteux.
19:44Et on fait souvent travailler à des pays loin de l'Union européenne.
19:49Donc, on doit être vigilant.
19:50Sur la partie rénovation, voir les investissements vraiment comme, on va dire, des charges,
19:59mais des charges pour notre patrimoine.
20:01Chez Foncières Logements, nous gardons nos logements, nous gardons notre parc
20:04et nous le transférons après à Agir Carco.
20:07Donc, on a une vraie vision patrimoniale de notre parc de logements.
20:10Et donc, on l'entretient.
20:11C'est que l'investissement pour rendre un bâtiment ancien moins gourmand en énergie,
20:16finalement, ça le valorise ?
20:17Exactement, ça le valorise.
20:18Donc, c'est vraiment une démarche patrimoniale.
20:20Et donc, ça permet aux locataires de baisser leurs charges par la suite
20:24et donc, du coup, d'avoir un parc qui est attractif quand il est bien rénové.
20:28Sur les solutions d'efficacité énergétique,
20:32effectivement, si on parle de panneaux solaires, par exemple,
20:35ils viennent à 95 ou 98 ou 99% d'Asie et notamment de Chil.
20:42Est-ce que c'est une fausse bonne solution ?
20:44Alors, c'est une solution qu'on met sous le vocable d'autoconsommation.
20:49Ça permet effectivement de réduire la dépendance énergétique des logements,
20:53comment dire, à des sources extérieures.
20:55C'est une solution.
20:56Mais voilà, je pense qu'on l'a évoqué en préambule de notre échange.
21:00En fait, l'électricité la moins chère, c'est celle qu'on ne consomme pas.
21:04Donc, à travers l'isolation.
21:04On revient à la frugalité dont on parlait tout à l'heure.
21:07Et donc, je pense que la vraie priorité,
21:09et c'est vraiment inscrit dans les textes de loi,
21:11notamment la loi climat et résilience,
21:14c'est faire en sorte que dans les décennies qui viennent,
21:17on n'ait plus de passoires thermiques.
21:19Et donc, cette électricité économisée sera la moins chère
21:22et elle sera disponible pour d'autres secteurs d'impact.
21:24Oui, si on regarde ces chiffres qui datent d'octobre 2024
21:28sur les logements indignes, on évalue aujourd'hui
21:30entre 400 000 et 600 000 logements indignes en France.
21:35Comment faire baisser ces chiffres, Cécile Mazot ?
21:37Ce n'est pas seulement de la responsabilité d'une association comme la vôtre,
21:41évidemment, c'est une question de volonté politique ?
21:43C'est une notion de partenariat.
21:46Comme vous dites, lutter contre le logement insalubre,
21:48foncer le logement, le fait que ça marque d'Inéo.
21:50On voit bien que finalement, seul, on n'y arrive pas.
21:53On travaille avec l'État, on travaille avec l'ONRU,
21:55on travaille avec les élus, bien évidemment.
21:57Et donc, les partenaires sociaux, finalement,
21:59c'est toute cette équipe qu'il faut monter
22:03pour arriver à répondre à ce logement indigne.
22:06Et ce ne peut pas être uniquement foncière logement.
22:10On le voit bien sur les problèmes de sécurité,
22:12sur les problèmes aussi de collège,
22:15parce qu'on voit bien que finalement,
22:16les familles switchent de logement à l'entrée du collège.
22:20Donc si le collège n'est pas assez attractif,
22:23du coup, les familles partent.
22:24Donc, il y a vraiment, on a tout un tas de sujets
22:26qu'on doit travailler avec les élus
22:27pour créer une dynamique au niveau des quartiers.
22:30Et moi, j'y vois vraiment un axe favorable.
22:32C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
22:34on arrive à mettre de l'innovation
22:36dans ces quartiers prioritaires.
22:37Et donc, du coup, on les rend plus attractifs.
22:40Et c'est là, finalement, cette notion
22:42qu'il faut développer et accélérer avec les élus.
22:44Oui, c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
22:45Un logement durable, c'est un logement habitable et habité.
22:48Oui.
22:49Alors, ça semble une évidence.
22:50Sauf que quand on n'est pas fier de l'endroit où on vit,
22:53on en prend moins soin.
22:54C'est ce qu'on comprend tout simplement de ce que vous dites.
22:56Il y a ça.
22:57Et il y a cette activité.
22:58C'est-à-dire que l'objectif,
22:59c'est de faire venir des salariés dans les quartiers.
23:01Et donc, du coup, on recrée une dynamique.
23:03Oui, c'est-à-dire qu'on crée une dynamique
23:05au niveau des écoles, au niveau des commerces.
23:07Vous y arrivez déjà sur certains projets ?
23:08Oui, on a tous nos projets qui sont remplis.
23:11Et donc, nos projets sont attractifs.
23:13Parce que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
23:14au niveau de la qualité, ils sont plus grands.
23:16Ils sont bien orientés.
23:17Ils ont des espaces extérieurs.
23:19En vrai, toutes les attentes des Français
23:21en termes de logement sont retranscrites
23:23dans notre conception.
23:25Et alors, à l'autre bout de la chaîne,
23:26je pense à ces programmes immobiliers
23:29qui ont été mûs par le gain fiscal.
23:32Vous voyez ce que je veux dire ?
23:33Il y a des dispositifs fiscaux
23:34et on a construit parfois du neuf
23:35dans des quartiers où, finalement,
23:37il n'y avait pas la population
23:38pour remplir ces immeubles.
23:40Ça existe toujours, ça, Ivan Pavlovitch ?
23:41Ou alors, on a arrêté cette absurdité ?
23:45Alors, il me semble que les dispositifs
23:47d'incitation fiscale ont été arrêtés en 2018.
23:51Donc, je dirais que cet aspect du bâtiment
23:55dont le développement a été ému
23:57par des considérations fiscales,
23:58c'est largement arrêté
23:59pour des raisons de contraintes budgétaires.
24:02Sur les solutions énergétiques dont on parlait,
24:05l'efficience énergétique,
24:06on a parlé de panneaux solaires,
24:08il y a les pompes à chaleur,
24:09il y a beaucoup d'options sur la table aujourd'hui ?
24:14Alors, il y a des options sur la table
24:15et comme toujours dans la transition énergétique,
24:17en fait, chaque option va être déployée
24:19en fonction d'un contexte local.
24:21Si on prend le cas de la biomasse,
24:22la biomasse peut être intéressante,
24:24mais elle va être intéressante
24:25pour répondre à une nouvelle exigence réglementaire
24:28qui est l'interdiction des chaudières au fuel
24:30depuis 2022.
24:31Et donc là, très concrètement,
24:33quand le changement de chaudière
24:35s'avère trop coûteux
24:36ou trop contraignant d'un point de vue technique,
24:39pourquoi ne pas passer par une solution
24:41à partir de biomasse
24:42pour quelque part tirer parti de l'existant ?
24:44Les réseaux à chaleur,
24:46c'est très intéressant,
24:47mais oui, j'ai fait une petite recherche
24:48et je me suis aperçu
24:50qu'habitant pas très loin d'ici,
24:52il n'y a pas de réseau de chaleur
24:53en fait à proximité de mon logement.
24:55Et donc, il y a d'autres options
24:56qui me sont proposées
24:56pour réduire l'intensité carbone
24:59de mon chauffage
25:01et c'est plutôt la sobriété.
25:03Il y a également les pompes à chaleur,
25:05mais les pompes à chaleur sont coûteuses
25:06et c'est vrai que leur déploiement
25:08requiert une aide de l'État.
25:09Donc vous voyez,
25:10il y a tout un tas d'options possibles.
25:13C'est-à-dire que la réglementation,
25:14pardon, on s'interrompt,
25:15parce qu'il y a la loi climat résilience,
25:17il y a la R20-20, etc.,
25:19elle est adaptée ou elle est trop générale ?
25:21Parce que là, ce que vous nous dites,
25:22c'est qu'il faut des solutions
25:24qui sont pointillises,
25:26soit d'une certaine façon
25:26qui dépendent de chaque mairie,
25:28presque de chaque quartier.
25:30Alors, je pense qu'il y a
25:31une vision d'ensemble,
25:32mais est-ce qu'il y a une adéquation
25:33entre les moyens financiers
25:35et la vision d'ensemble ?
25:36Parce qu'en réalité,
25:37quand on regarde les solutions
25:38d'isolation,
25:40en fait, les solutions
25:41sont souvent partielles,
25:42en tout cas celles qui ressortent
25:43des dispositifs publics.
25:45Il y a peut-être un manque
25:46en fait d'une vision globale
25:47et d'instruments de politique publique
25:49et notamment de subvention
25:50pour répondre à la globalité
25:51des problèmes
25:52dans les logements existants.
25:54Votre avis là-dessus ?
25:54Un dernier mot,
25:55Cécile Mazot,
25:55sur les dispositifs réglementaires existants.
25:59Est-ce qu'ils vous semblent adaptés ?
26:00Est-ce qu'il faut les revoir ?
26:02La réglementation,
26:03elle pousse à agir,
26:04donc ça,
26:04c'est plutôt une bonne chose.
26:06Attention à ne pas étouffer
26:07non plus l'innovation.
26:09Je pense qu'il faut se fixer
26:10des objectifs
26:10et laisser les acteurs
26:12trouver de l'innovation,
26:13trouver des partenariats
26:14pour trouver les bonnes solutions.
26:15Attention à ne pas non plus
26:16faire trop de réglementations.
26:18Nous avons besoin
26:18de loger les Français,
26:19trop de réglementations
26:20freinent la création de logements.
26:22On le voit bien aujourd'hui
26:23avec la crise du logement.
26:24Donc moi,
26:24je serais plutôt à dire
26:25oui pour la réglementation,
26:27mais avec des retours d'expérience,
26:29il faut se pousser,
26:30se poser
26:30et du coup,
26:31pouvoir se dire
26:32est-ce qu'on va dans la bonne direction
26:33ou pas aller trop vite.
26:34Je pense qu'aujourd'hui,
26:35on a besoin
26:35d'un petit temps de pause
26:36pour comprendre
26:38ce qu'on crée,
26:39ce qu'on réalise
26:39et surtout favoriser
26:40l'innovation dans le logement.
26:42Merci beaucoup.
26:43Merci à tous les deux
26:43et à bientôt
26:44sur Bsmart for Change.
26:46On passe tout de suite
26:46à notre rubrique
26:47prêt pour l'impact.
26:53Êtes-vous prêt pour l'impact ?
26:55Chaque semaine,
26:56je pose cette question
26:57à une personnalité
26:58qui compte
26:58dans notre économie
26:5926 minutes d'entretien
27:01avec Bertrand Badré.
27:02Bonjour.
27:03Bonjour.
27:03Heureux de vous accueillir,
27:04ancien directeur financier
27:05de la Banque mondiale,
27:06créateur du fonds d'investissement
27:07Blue Like an Orange.
27:08L'impact,
27:09je pose souvent cette question
27:11pour ouvrir
27:11le grand entretien.
27:12C'est vrai que c'est un mot
27:13qui est sur ce mur
27:15qu'on met un peu
27:16à toutes les sauces.
27:16Quel sens il a pour vous ?
27:18Il a un sens émotionnel
27:19et un sens réglementaire.
27:21Il faut trouver
27:22la bonne focale
27:23entre les deux angles.
27:25Il a un sens émotionnel
27:25dans le sens
27:26où avoir de l'impact,
27:27c'est laisser sa trace,
27:28faire que le monde
27:29est un peu différent
27:30après que vous ayez agi
27:31qu'avant.
27:31C'est vrai que tout petit,
27:34je me suis toujours dit
27:35j'espère que je laisserai
27:36une petite trace derrière moi.
27:38Il a un aspect réglementaire
27:39qui est aussi important
27:40aujourd'hui.
27:42Il ne suffit pas de dire
27:43je fais de l'impact
27:43pour faire de l'impact.
27:44Ce n'était pas forcément le cas
27:45il y a une dizaine d'années.
27:46Quand on a commencé
27:47Blue, Light & Orange,
27:48c'était un peu le Far West.
27:49Il suffisait de s'auto-proclamer
27:51je fais de l'impact
27:51pour dire je fais de l'impact
27:52parce que je fais de l'impact
27:53et donc je fais de l'impact.
27:55Aujourd'hui,
27:55il y a tout un appareil
27:56qui s'est mis en place,
27:57notamment en Europe.
27:59Mais si je veux
27:59vraiment revenir au cœur
28:01par rapport à tout ce
28:03qu'on évoque aujourd'hui
28:04sur l'ESG,
28:05la prise en compte
28:06des critères environnementaux,
28:07sociaux et de gouvernance,
28:08dans ce cas-là,
28:09si je veux être un peu simpliste
28:10et en faisant du franglais,
28:11c'est des best efforts.
28:12C'est-à-dire qu'on va faire
28:13les meilleurs efforts
28:14pour prendre en compte
28:15une dimension environnementale,
28:16une dimension sociale,
28:17une dimension de gouvernance.
28:18C'est déjà bien.
28:19C'est déjà bien.
28:19Mais ça,
28:20ce n'est pas un changement de modèle.
28:21L'impact, en revanche,
28:22c'est dire par mon action,
28:24je fais la différence,
28:25ce qu'on appelle
28:26de l'additionnalité.
28:27Sans moi,
28:27ça ne se serait pas fait.
28:28Que je dise ce que je souhaite.
28:30Je souhaite qu'on s'occupe
28:31de tant de personnes,
28:32de tant d'enfants,
28:33qu'on change telle ou telle situation,
28:35qu'on diminue
28:36les émissions de CO2,
28:37peu importe.
28:37Et on se met en position
28:39d'être évalué
28:40sur l'objectif qu'on a pris.
28:42Et donc,
28:42on rentre dans une dynamique
28:43assez vertueuse
28:44d'engagement
28:45et de mesure
28:46de cet engagement.
28:47Avec une notion,
28:50si on pousse le curseur,
28:51c'est le fait de,
28:53par exemple,
28:53partir dans une logique
28:55de SBTI,
28:57c'est-à-dire
28:57d'engagement
28:58basé sur la science.
29:00C'est quoi ?
29:00Dans le cas de l'environnement,
29:02c'est le cas.
29:03Mais je veux dire,
29:04quand on parle
29:04d'une politique
29:05d'égalité homme-femme,
29:06ce n'est pas forcément
29:06basé sur la science.
29:08C'est basé
29:08sur l'indicateur de mesures,
29:10des conditions de travail,
29:11des rémunérations,
29:11des responsabilités
29:12de l'entreprise.
29:13Mais le sens de ma question,
29:14c'est qu'il faut des métriques
29:15d'une certaine façon.
29:15Bien sûr.
29:16L'impact,
29:17c'est un engagement
29:17qui est exigeant.
29:18Encore une fois,
29:19il ne suffit pas de dire
29:19j'ai de l'impact
29:20parce que grâce à moi,
29:22des enfants se portent mieux,
29:23il y a moins de CO2.
29:24C'est super, ça.
29:25Moins de CO2,
29:26combien ?
29:26Des enfants que vous avez soignés,
29:27combien ?
29:28L'agriculture régénérative,
29:30combien ?
29:31Il faut rentrer
29:32dans une logique de mesure.
29:34Et en fait,
29:34ce que je dis
29:35depuis un certain nombre d'années,
29:36c'est finalement
29:36modifier l'équation
29:38que tous les financiers
29:39connaissent bien
29:39qui est l'équation
29:40risque-rendement
29:41en lui ajoutant
29:42cette dimension d'impact.
29:43En réalité,
29:44c'est un saut
29:44qui est à la fois gigantesque
29:46et pas gigantesque.
29:47Quand on a mis en place
29:48ces équations
29:49risque-rendement
29:49les années 50
29:50à l'université de Chicago,
29:51c'était assez simple.
29:52Combien ?
29:52On tracait ces courbes.
29:53Il n'y avait pas encore Excel.
29:54On faisait ça à la main.
29:55On disait,
29:56voilà, j'investis sur 10 ans.
29:57Ça va me rapporter tant.
30:02Déjà, des tas de dimensions.
30:03Donc, d'en intégrer davantage,
30:04ce n'est pas un problème en soi.
30:07Simplement, il faut le faire.
30:08Pas seulement la tonne de CO2.
30:09Comment est-ce qu'on va intégrer
30:10d'autres dimensions
30:11dans cette équation
30:12risque-rendement ?
30:13En 2016,
30:14en octobre 2016,
30:15vous avez publié
30:16Money Honey
30:16et si la finance
30:17sauvait le monde,
30:18on est 8 ans,
30:198 ans et demi plus tard.
30:20Qu'est-ce que vous répondez
30:21à la question ?
30:23Je répondrai
30:23ce que je réponds depuis toujours.
30:24La finance,
30:25elle peut sauver le monde
30:26mais pas toute seule.
30:27C'est-à-dire que la finance
30:28est un outil extraordinaire.
30:29On est tous les deux
30:30dans ce studio
30:30et sans bouger,
30:32on peut,
30:32à partir de là,
30:33en sortant mon téléphone,
30:34on peut investir
30:35pour dans 20 ans
30:36à 10 000 kilomètres d'ici.
30:37Il y a assez peu de choses
30:38qui permettent ça quand même.
30:40Bon, la question,
30:40c'est qu'est-ce qu'on fait
30:41de ce pouvoir ?
30:42C'est comme dans les séries télévisées.
30:43On a le super pouvoir.
30:44Qu'est-ce qu'on en fait ?
30:46Est-ce qu'on l'a utilisé
30:47comme je l'espérais
30:48il y a 8 ans ?
30:49Pas vraiment.
30:50On a fait des progrès.
30:51Je ne veux pas dire
30:51qu'il ne s'est rien passé.
30:52Il y a quand même
30:53un certain nombre de choses
30:54qui sont faites.
30:54On voit quand même
30:55que les préoccupations
30:56dont on parle,
30:57même s'il y a un peu
30:57de backlash,
30:58de retour en arrière
30:59en ce moment,
31:00il y a quand même
31:01un certain nombre de choses
31:02qui se sont faites.
31:02On ne peut plus faire
31:03comme si ça n'existait pas.
31:05Mais en même temps,
31:06quand on regarde
31:06les engagements,
31:07on va fêter cette année
31:08les 10 ans des accords de Paris.
31:09On va fêter cette année
31:10les 10 ans
31:11des objectifs de développement durable.
31:12C'est le PINSE.
31:13On me demande encore
31:13ce que c'est les 17 objectifs
31:14adoptés aux Nations Unies.
31:16Et on va fêter,
31:17c'est un peu moins connu,
31:18les 10 ans du partenariat
31:19pour le développement.
31:19On voit bien
31:20avec ce qui se passe
31:20aux Etats-Unis
31:21ou même en France.
31:21C'est un peu compliqué.
31:22En gros,
31:23on a pris des engagements
31:23il y a 10 ans,
31:2410 ans après où on en est.
31:26Les Nations Unies
31:26avaient publié,
31:27je crois l'année dernière,
31:28une espèce d'évaluation
31:29en disant que sur plus de 80%
31:31des engagements pris,
31:32on était soit en retard,
31:33soit en marche arrière.
31:34Donc,
31:34ce n'est même pas
31:35l'épaisseur du trait.
31:36C'est-à-dire qu'on n'y est pas,
31:36point barre.
31:37Donc, voilà,
31:37il y a encore un peu de boulot.
31:39On a cet instrument extraordinaire
31:40de la finance.
31:41Qu'est-ce qu'on en fait ?
31:43Mais alors,
31:43quand vous voyez,
31:44c'est un exemple très récent,
31:45l'Alliance des banques
31:46pour le climat,
31:47revoir ses objectifs
31:48à la baisse
31:49après le départ
31:50des banques américaines,
31:51qu'est-ce que ça vous inspire ?
31:52Du dépit,
31:53de la colère,
31:54l'envie de se retrousser
31:55encore plus les manches ?
31:57Un peu,
31:58non,
31:58pas de dépit ou de colère.
32:00Je pense que
32:00il faut être réaliste.
32:03C'est-à-dire qu'il s'est aussi
32:05passé des choses depuis 10 ans.
32:06Ce n'est pas comme si
32:07on n'avait pas eu le Covid,
32:09ce n'est pas comme si
32:09il n'y avait pas eu la guerre,
32:10ce n'est pas comme si
32:11il n'y avait pas eu
32:11des mouvements sur les taux,
32:12ce n'est pas comme s'il y avait
32:13une vague populiste
32:13un peu partout,
32:14dont les Etats-Unis, etc.
32:16Donc, il faut aussi
32:16se regarder dans la glace.
32:17Est-ce qu'on a bien vendu tout ça ?
32:19Oui.
32:19Et je pense que c'est le moment
32:20où il faut ne pas nier
32:22les nouvelles dimensions.
32:24Aujourd'hui,
32:24vous êtes patron d'une boîte
32:25aujourd'hui,
32:26vous avez effectivement
32:27ce souci de poursuivre
32:28parce que c'est un choix stratégique
32:30d'être durable,
32:31mais vous devez aussi
32:32faire attention à la souveraineté,
32:33à la sécurité
32:34et à un certain nombre
32:35d'autres dimensions.
32:35Donc, comment est-ce
32:36qu'on remet ça ensemble ?
32:38C'est ça qui est, je pense,
32:40le défi auquel
32:41à tous les niveaux
32:42on est confronté aujourd'hui.
32:44Ça ne veut pas dire
32:45que c'est impossible,
32:45ça veut dire
32:45que c'est un peu plus difficile.
32:47En 2017,
32:48vous avez créé ce fonds
32:50Blue Like an Orange
32:51avec pour ambition
32:51de devenir, je cite,
32:53une référence en matière
32:54d'investissement durable
32:55et à un pacte
32:56dans les pays émergents
32:57et en développement.
32:58On va faire, en quelque sorte,
33:00le bilan,
33:00huit ans après la création.
33:02Et pour ça,
33:02on va passer par la question
33:03que celle qui était assise
33:04à votre place
33:05il y a quelques jours,
33:06Virginie Gattin,
33:07la directrice RSE,
33:08du groupe Le Grand
33:10a choisi de vous poser.
33:11On écoute tout de suite
33:12Virginie Gattin.
33:14Bonjour, M. Badré.
33:16On voit en ce moment
33:17beaucoup de problématiques
33:20autour des engagements RSE.
33:21Il y a beaucoup de challenges
33:23venant des Etats-Unis notamment
33:24mais aussi en Europe
33:25avec l'omnibus.
33:26Donc on sent que c'est quand même
33:27un sujet plus compliqué
33:28qu'il y a 2-3 ans.
33:31Est-ce que vous voyez,
33:32est-ce que cela impacte
33:33ou est-ce que cela influence
33:34vos investissements
33:35dans votre métier ?
33:36Merci.
33:37Avant de répondre
33:38à l'acquisition de Virginie Gattin,
33:39il faut peut-être réexpliquer
33:40ce qu'est ce fonds d'investissement,
33:42Blue, Black & Orange.
33:43Alors, ce fonds d'investissement,
33:45en fait,
33:45je l'ai créé avec mes associés,
33:47vous l'avez dit,
33:47il y a 8 ans,
33:48après avoir quitté
33:49la Banque mondiale,
33:50avoir été très engagé
33:51dans tous les engagements
33:51que j'ai rappelés en 2015.
33:52ce qui était intéressant
33:54dans ces engagements,
33:55c'est qu'on s'est beaucoup mobilisés
33:57sur les objectifs,
33:591,5 degré,
34:00éradiquer la pauvreté,
34:01accéder à la santé,
34:02enfin, tous ces sujets-là,
34:03qui, au fond,
34:05si je suis un peu provocateur,
34:08c'est assez facile.
34:09Vous et moi,
34:09on va se mettre d'accord,
34:10on a plutôt envie
34:11que la population mondiale
34:12se porte mieux
34:12que plus mal.
34:13Voilà.
34:14Donc se mettre d'accord
34:14sur les objectifs,
34:16c'est assez simple.
34:17Là où on a fait
34:18un peu l'impasse,
34:19c'est de savoir
34:19combien ça coûte,
34:20qui paye,
34:21est-ce que notre système
34:21est prêt à supporter ça.
34:23On a fait le pari
34:24un peu pascalien
34:25de dire,
34:26comme les objectifs
34:27sont nobles et généreux,
34:28la main invisible,
34:29elle est dans la bonne direction.
34:29Tout le monde va y aller.
34:30En fait, non,
34:31ça ne s'est pas passé comme ça.
34:32On ne devrait pas être
34:33complètement surpris,
34:34mais c'est vrai qu'à l'époque,
34:34on y a cru.
34:35On a eu notamment,
34:36vous vous souvenez peut-être,
34:37à l'automne 2015,
34:38une poignée de main,
34:39ça paraît très, très, très,
34:40très ancienne,
34:41entre Barack Obama
34:42et Xi Jinping
34:42sur le thème
34:43« On va y arriver ».
34:44Évidemment,
34:44on sait ce qui s'est passé
34:45par la suite.
34:46Donc, on a eu ce mouvement
34:48très, très généreux,
34:49planétaire,
34:50enfin vraiment,
34:50il y a eu un élan en 2015
34:51qu'il ne faut pas nier
34:52et qui s'est malheureusement
34:53fracassé un peu après.
34:55Donc,
34:55Blue Lake and Orange,
34:56ça naît de ça.
34:57C'est de se dire,
34:58les engagements qu'on a pris,
34:59que ce soit sur le climat
35:00ou plus généralement
35:01sur les objectifs
35:02de développement durable,
35:03ces engagements,
35:03ils sont universels.
35:04Ce n'est pas un engagement
35:05pour la France,
35:06l'Allemagne,
35:06nationale des Etats-Unis.
35:07C'est un engagement
35:08pour la Colombie,
35:09pour le Brésil,
35:10pour le Nigeria,
35:11pour l'Inde.
35:11Et donc,
35:12vous investissez
35:13dans ces pays-là
35:14sur des projets spécifiques ?
35:15Absolument.
35:16Pour moi,
35:16la clé,
35:17prenons l'exemple du climat,
35:18mais on peut le prendre
35:19sur tous les sujets.
35:20Le combat pour le climat,
35:22il ne sera pas gagné
35:23juste en France.
35:24C'est d'ailleurs
35:24une des questions compliquées
35:25parce que les Français disent
35:26on nous demande
35:26de faire des efforts
35:27et pendant ce temps-là,
35:28l'Inde ne fait pas d'efforts.
35:29Mais en même temps,
35:30on n'investit pas beaucoup
35:30dans ces pays.
35:31Il y a plein de contradictions
35:32qu'on a du mal à résoudre.
35:34Donc pour moi,
35:35la clé,
35:35c'était de dire
35:35qu'il faut qu'on puisse
35:36investir dans ces pays
35:37avec la même décontraction
35:39d'une certaine manière,
35:40donc les mêmes métriques,
35:41les mêmes mesures,
35:41les mêmes instruments
35:42que ce qu'on peut faire
35:43dans Paris VIIIe.
35:44Et pour moi,
35:45c'est clé.
35:46Si on ne réussit pas
35:47dans ces pays-là,
35:49dans les pays
35:49Amérique latine,
35:50Asie, Afrique,
35:51on ne réussira pas
35:51au niveau mondial.
35:52Point barre.
35:53C'est vrai qu'à l'époque,
35:54j'ai parté
35:55encore une mondialisation
35:57assez ouverte
35:58où finalement
35:59les flux de capitaux
36:00notamment allait.
36:02Malheureusement,
36:02on se heurte
36:03à un certain nombre
36:03de réalités géopolitiques
36:04aujourd'hui
36:04qui fait que c'est
36:05un peu plus difficile.
36:06Et alors effectivement,
36:07ça permet de répondre
36:07à la question
36:08de Virginie Gattin.
36:10Comment vous,
36:11vraiment dans vos choix,
36:12dans vos investissements,
36:13éventuellement dans les partenariats
36:14que vous pouvez avoir,
36:16est-ce que vous sentez
36:17ce coup de frein,
36:18ce backlash,
36:19pour reprendre l'expression américaine ?
36:21C'est très intéressant
36:22parce qu'on a des mouvements
36:23qui vont en sens contraire.
36:24C'est-à-dire que
36:25du côté de nos investissements,
36:27on a plutôt
36:28un appel d'air impact.
36:29C'est-à-dire que
36:29le chef d'entreprise
36:30qu'on finance
36:30en Amérique latine
36:31ou en Afrique,
36:31j'étais récemment au Kenya
36:32où j'ai vu
36:33deux Américains
36:35dont un médecin
36:35diplômé de Harvard
36:36et son épouse
36:38avec un MBA
36:39qui ont créé
36:40une série de dispensaires
36:42pour les quartiers difficiles
36:43de Nairobi.
36:44Incroyable.
36:45Incroyable.
36:46Business model fantastique.
36:48Ils utilisent l'IA.
36:49Ils ont passé un accord
36:49avec OpenAI
36:50qui leur a fait de l'IA
36:51pour que dans le dispensaire,
36:52le médecin puisse regarder
36:54à la fin de son diagnostic,
36:55vérifier avec l'IA
36:56que l'IA dit
36:56ton diagnostic est bon ou pas bon.
36:58Est-ce que tu as prescrit
36:59est bon ou pas bon ?
37:00Tout ça pour 2 dollars
37:00pour la visite.
37:01Je ne suis pas sûr
37:02que tous les médecins français
37:03aient le même outil en France.
37:04Donc voilà.
37:05Donc ça,
37:05il y a une demande d'impact.
37:07On a beaucoup de gens
37:08chez qui on investit
37:09qui ont entre 30 et 40 ans
37:10et qui veulent de l'impact.
37:12Il y a 10 ans,
37:14les gens cherchaient du financement
37:15et si l'impact
37:15était le prix à payer,
37:16ils payaient le prix impact.
37:17Aujourd'hui,
37:17ils viennent autant
37:18pour chercher de l'impact
37:19que du financement.
37:19Et donc ces gens-là,
37:20ils sont sur ce choix ?
37:21Alors là,
37:21on n'a pas de problème.
37:22On trouve des projets,
37:24on n'a aucun souci
37:25du côté de l'investissement
37:26et y compris du côté
37:26de la rentabilité
37:27de l'investissement.
37:28Là où c'est plus difficile,
37:29c'est que le contexte
37:30du côté de la levée de fonds,
37:31au-delà des difficultés
37:32générales de levée de fonds
37:33que tous les secteurs
37:34connaissent en ce moment,
37:36aujourd'hui,
37:37on a un petit sujet,
37:38notamment aux Etats-Unis,
37:39vous ne pouvez pas lever
37:40de l'argent sur ces thématiques
37:41aux Etats-Unis aujourd'hui.
37:42Point barre.
37:43Le marché est fermé.
37:44C'est quand même
37:44un petit problème.
37:46Et en Europe,
37:48il y a la concurrence
37:48de la défense, etc.
37:49Et puis, c'est vrai
37:51que dans un monde
37:52où USAID,
37:54l'organisme d'aide américaine,
37:56supprime ses financements
37:56à un certain nombre de pays,
37:57il n'y a pas un climat
37:58qui est porteur
37:59pour le Sud.
38:01D'ailleurs,
38:02ça a des conséquences
38:03aussi géopolitiques.
38:04C'est qu'on a un Sud
38:04qui est un peu agacé
38:06du comportement du Nord.
38:07Je vais agacer
38:08probablement un neuf émise.
38:09Donc voilà,
38:10on voit tout ça.
38:11Donc moi, sur le fond,
38:12je n'ai plutôt pas changé
38:13et on a plutôt renforcé
38:15notre dynamique d'impact.
38:16Je trouve que les deals
38:17qu'on fait maintenant
38:18sont probablement
38:19plus d'impact
38:19que ceux qu'on faisait
38:20au début
38:20parce qu'on apprend aussi.
38:22Mais on est dans un environnement
38:23qui est plus difficile.
38:24On peut prendre
38:25quelques exemples.
38:26Là, vous avez parlé
38:26du Kenya,
38:28vous en revenez,
38:29mais je ne sais pas,
38:30le dernier gros projet
38:31sur lequel vous investissez,
38:33c'était celui-là.
38:35J'en ai vu un autre.
38:36Par exemple,
38:36ça se passe au Pérou.
38:3715 millions de dollars
38:38investis pour soutenir
38:40l'accès à Internet
38:41au débit au Pérou.
38:42Pourquoi vous vous lancez
38:43dans un projet comme ça ?
38:44Je vois bien
38:44ce que ça peut provoquer.
38:46Souvent,
38:48quand je dis
38:49que je fais
38:49de l'investissement
38:50développement durable
38:51dans les pays émergents,
38:52les gens ont parfois
38:53deux idées un peu opposées.
38:54Soit ils croient
38:54qu'on fait du panneau solaire
38:55au kilomètre,
38:56soit ils croient
38:56qu'on fait de l'humanitaire.
38:57On fait un peu
38:58de panneau solaire,
38:59mais ce n'est pas
39:00de l'humanitaire.
39:00On cherche des investissements
39:01rentables qui ont un impact.
39:03Et donc,
39:03il faut que,
39:05quand on regarde
39:06un comité d'investissement
39:07à dossier,
39:07il faut qu'il passe
39:08les deux barres,
39:09la barre financière
39:10et la barre impact.
39:11Si je prends l'exemple
39:12de celui-là,
39:12mais il y en a d'autres,
39:14aujourd'hui,
39:15on voit bien,
39:16le numérique
39:16fait partie
39:17de la vie
39:17de tous les jours.
39:18Ce n'est pas
39:18parce que vous êtes
39:19dans un pays émergent
39:20qu'on n'avez pas
39:20accès au numérique.
39:21Au contraire.
39:21D'ailleurs,
39:21ça va même
39:22souvent plus vite.
39:22On prend l'exemple
39:23en Afrique,
39:25c'est au Kenya précisément,
39:27que les développements
39:27de la monnaie
39:28sur téléphone
39:29ont été les plus rapides
39:30au monde.
39:31Donc,
39:31pour nous,
39:32c'est très important.
39:33Il y a des étapes
39:33qu'on n'est pas obligé
39:34de repasser.
39:34On passe l'étape
39:37du fil de cuir,
39:37on va directement...
39:39Et alors là,
39:39au Pérou,
39:40quand l'Internet
39:42à haut débit
39:42arrive dans un village
39:43un peu reculé,
39:44qu'est-ce qui se passe ?
39:45Ça change tout.
39:45C'est ça,
39:46ce que vous racontez.
39:46Ça change tout.
39:47C'est l'accès
39:47à un certain nombre
39:48de choses,
39:49de produits,
39:50de services,
39:51etc.
39:51D'éducation ?
39:52Éducation,
39:53accès à des produits
39:54financiers,
39:54peu importe.
39:55L'exemple amusant
39:56qui date de la Banque Mondiale
39:57mais qui vous donnera
39:58une image,
39:59pour moi,
40:00ça avait été vraiment
40:00l'image,
40:01une des plus frappantes.
40:03J'avais été en voyage
40:04officiel en Mongolie.
40:06La Mongolie,
40:06c'est très grand.
40:07La moitié de la population
40:08ou l'Ambattor,
40:08l'autre moitié
40:09dans la steppe.
40:10Ils vivent dans
40:10ce que nous,
40:12en français,
40:12on appelle yourte
40:13et qu'ils appellent gure.
40:14Donc, je suis allé
40:14dans la steppe.
40:15Effectivement,
40:15on voit de loin en loin
40:16des gens sous leur tente.
40:18Et là,
40:18vous rentrez dans la tente
40:19et là,
40:19vous avez l'écran plat.
40:21Et vous avez...
40:23Un des produits
40:24qu'on a fait,
40:24c'est proposer
40:25l'accès à Internet.
40:26Et grâce à cet accès
40:27à Internet
40:28sur leur téléphone,
40:28ils peuvent acheter
40:29une assurance
40:30pour leur bétail,
40:30pour le yak.
40:31Donc, vous avez une photo,
40:32vous arrivez,
40:34le cheval,
40:34la tente,
40:35comme Jean Giscan,
40:36mais vous avez l'accès
40:37et des gens
40:38qui peuvent protéger
40:39leur récolte
40:39et leurs animaux.
40:41Ce qui rendait
40:42l'émission de Frédéric Lopez
40:43à l'époque,
40:43rendez-vous
40:44au terrain inconnue,
40:44de plus en plus difficile
40:45à réaliser
40:47pour trouver
40:48les endroits.
40:48Ce qui est formidable,
40:49c'est dans ces pays-là,
40:49on peut faire justement
40:50ce saut
40:51et apporter directement
40:52des services
40:52plutôt bon marché.
40:55On a regardé
40:56au Guatemala
40:57un peu dans le même genre,
41:00des gens
41:00qui proposent
41:01ce qu'on appelle
41:02les bureaux de tabac ici,
41:03en gros,
41:04le petit commerce
41:04dans les villages,
41:05qui proposent
41:06une boîte
41:07d'accès,
41:08je ne sais pas si
41:09Starlink
41:09ou autre chose,
41:10d'accès Internet
41:11où les gens
41:11peuvent aller
41:12tous les soirs
41:13faire le plein.
41:15Donc,
41:15ils ont accès
41:16au monde,
41:16comme ça.
41:18Est-ce que,
41:19votre objectif,
41:20ce n'est pas
41:21d'investir en France,
41:22mais est-ce que
41:22vous pourriez le faire ?
41:25Ou est-ce que
41:25vous dites
41:25qu'il y a suffisamment
41:27de fonds
41:28qui travaillent là-dessus,
41:29ça ne sert à rien ?
41:29Je pourrais le faire.
41:30Parfois,
41:30j'ai des regrets
41:31parce que ça aurait été
41:32infiniment plus simple.
41:34Mais il y a des gens
41:35qui le font.
41:36Même dans des...
41:38Parce qu'il y a aussi
41:39la diagonale du vide,
41:40il y a aussi des lieux
41:41en France
41:42où on se sent
41:43un peu abandonné,
41:44etc.
41:44Ce que je fais,
41:45c'est que quand les gens
41:45me demandent des conseils,
41:46je leur donne.
41:47Quand ils me demandent
41:48de les aider,
41:48je leur donne un coup de main
41:49que ça,
41:49je n'ai pas de problème.
41:50Mais voilà,
41:51moi je crois fondamentalement
41:53que dans les pays émergents,
41:56pour le coup,
41:56il y a vraiment
41:57des besoins gigantesques,
41:58il n'y a pas beaucoup de monde.
41:59C'est là que j'ai acquis
42:01mon expérience,
42:02ma crédibilité,
42:02etc.
42:03Donc à un moment donné,
42:04il faut se concentrer
42:05sur ce qu'on aime
42:06et qu'on sait faire.
42:06Je voudrais qu'on revienne
42:07sur une question
42:08très importante,
42:09vous l'avez évoquée tout à l'heure,
42:10la question de l'acceptabilité
42:12de cette transformation
42:13environnementale
42:14et sociétale
42:15et le fait
42:16qu'on l'ait sans doute
42:17loupé
42:18explique la situation
42:20dans laquelle on est.
42:21Je vais m'appuyer
42:21sur une citation
42:21de notre livre,
42:23Monet Honey,
42:24« Qui que nous soyons,
42:25nous avons le pouvoir
42:26d'influer sur le cours
42:27des choses
42:28en tant que consommateurs,
42:29investisseurs,
42:30comme citoyens
42:31ou dans notre travail,
42:31non pas les pauvres
42:32contre les riches,
42:33non pas le peuple
42:34contre les élites,
42:35mais tous ensemble,
42:36pour le bien de tous
42:36et celui de notre planète. »
42:39Pourquoi on n'a pas réussi
42:40ce tous ensemble
42:41pour le bien de tous
42:43et la planète ?
42:45On a eu une forme
42:46d'élan en 2015
42:47et c'est vrai que
42:48Monet Honey
42:48et puis l'inverseur américaine
42:50un peu amélioré
42:51que j'ai sorti
42:52deux ans plus tard,
42:52« Can finance save the world »,
42:54elle était sur cette vague.
42:56Il y avait le côté,
42:57c'est formidable,
42:57on a des objectifs
42:58universels,
42:59on va y arriver,
43:00on n'a jamais eu
43:00autant de moyens
43:01en commun,
43:02de ressources financières,
43:03d'intellect,
43:04etc.
43:05Donc il y avait
43:05une forme de,
43:07je dirais peut-être
43:07de naïveté.
43:09Et c'est vrai que...
43:12On n'a pas su trouver
43:12le bon récit,
43:13un récit de...
43:15de désirabilité
43:16alors qu'on était
43:17beaucoup dans la culpabilité.
43:19Oui,
43:19la culpabilité
43:20ou le risque
43:20ou la crise,
43:21le scénario d'apocalypse,
43:23etc.
43:24On n'a pas réussi
43:25à dire
43:25que ça sera quand même
43:26mieux après
43:26s'il y a moins de pollution,
43:28moins de carbone,
43:29si l'eau est plus propre,
43:30si on est moins malade,
43:31c'est quand même
43:31un monde meilleur.
43:32Si on obtient
43:33tous les objectifs
43:34de développement durable,
43:35on pourra quand même dire
43:35qu'on vit collectivement
43:36un peu mieux.
43:38Je pense que
43:38quand je réfléchis
43:39à cette période
43:40et j'en prends ma part
43:41puisque je faisais partie,
43:42même si j'étais un de ceux
43:42qui a poussé sur
43:43« il faut qu'on parle d'argent »,
43:45on a en fait vendu
43:47tout ça
43:50avec un discours
43:51un peu inoffensif
43:53sur le thème
43:54« ça va être une transition,
43:56la croissance verte,
43:57etc. »
43:58Donc tout le monde
43:59va en bénéficier.
44:00Il suffit de baisser
44:01nos émissions de CO2
44:02de 1 ou 2% par an,
44:03on oubliait de dire
44:04que c'était pendant 30 ans.
44:05Il suffit de réallouer
44:06notre épargne
44:07de 1 ou 2% par an,
44:08virgule,
44:08pendant 30 ans.
44:10Je fais parfois
44:10la comparaison avec un régime.
44:11Il suffit de perdre 100 grammes,
44:12virgule,
44:13tous les jours
44:13pendant 3 mois.
44:15Et donc on a dit
44:16que ça serait finalement
44:17assez facile.
44:18Tous les jours,
44:18vous allez faire un petit pas
44:19puis vous allez vous retourner,
44:20vous aurez fait le travail,
44:21même pas mal.
44:22Et en fait,
44:23on se rend compte
44:23que ça n'a pas marché comme ça
44:24parce que même réallouer
44:262% de son épargne,
44:27c'est beaucoup.
44:28Il y a des tas de règles
44:28dans tous les sens,
44:29c'est assez difficile.
44:30Même, on l'a vu avec le Covid,
44:32il a fallu le Covid
44:32pour qu'on se rende compte
44:33de ce que ça voulait dire,
44:34baisser les émissions de CO2.
44:35Et donc le constat
44:37qu'on fait 10 ans plus tard,
44:39c'est que cette transition,
44:40ce n'est pas une transition,
44:41c'est une transformation.
44:43Transformation qui touche
44:44le consommateur,
44:44l'investisseur, etc.
44:45Et dans cette transformation,
44:46il y a des gens qui gagnent
44:48et ceux-là, en général,
44:49ils se taisent.
44:50Et il y a des gens qui perdent
44:51et ceux-là, en général,
44:52ils ne sont pas contents
44:52et le font savoir.
44:53Et ils votent.
44:54Et ils votent,
44:54comme les agriculteurs,
44:55par exemple.
44:55Oui, mais bien sûr.
44:56Et donc on arrive
44:57à ce moment où, en fait,
44:58on a laissé croire
45:00que c'était bénéfique
45:01pour tout le monde,
45:02alors qu'en fait,
45:03c'est comme tous les changements
45:04de régime,
45:05les gagnants, les perdants,
45:06il y a des coûts,
45:06ça crée de l'inflation.
45:07Mais donc c'est quoi ?
45:08C'est une question de budget,
45:10de moyens alloués,
45:11finalement,
45:13à l'aide à ceux
45:14qui ne peuvent pas se payer,
45:16je ne sais pas,
45:16des légumes bio
45:17ou une voiture électrique.
45:18Ce n'est pas seulement
45:19une question de budget,
45:20c'est une question
45:21de dire en face
45:22que ça sera mieux demain,
45:23mais ça coûte d'y aller
45:25et il faut partager les efforts.
45:27Parce qu'il y a quand même
45:27des gains,
45:28il y a quand même des gens
45:28qui gagnent dans cette affaire.
45:30Enfin, je ne dis pas
45:31qu'il faut prendre
45:31tous les gains des gens
45:32qui gagnent
45:32et donner tous les gens
45:33qui perdent.
45:34Il faut reconnaître ça
45:35et expliquer qu'on y va ensemble.
45:37Et ça, probablement,
45:37on ne l'a pas bien fait.
45:39Avec des outils
45:40qui sont aussi
45:41des outils réglementaires.
45:42Et alors là,
45:42je voudrais qu'on rentre
45:43dans un chapitre
45:44un peu plus européen
45:45puisqu'il y a notamment
45:47la CSRD,
45:48la directrice
45:48sur le bilan extra-financier,
45:51qui, depuis que les parlementaires
45:54européens ont voté,
45:57finalement, on a appuyé
45:58sur le frein très clairement.
45:59C'est-à-dire que c'est
45:59deux ans de plus
46:00pour le mettre en œuvre.
46:02Sur la CS3D,
46:03c'est un an de plus.
46:05Alors là aussi,
46:06on peut dire,
46:06écoutez,
46:07les électeurs ont voté
46:08en juin dernier.
46:10On tient compte
46:11de ce qu'ils nous ont demandé.
46:13Mais c'est un peu
46:13ce que je disais tout à l'heure.
46:14C'est qu'on a avancé
46:16à marche forcée.
46:17Encore une fois,
46:18les outils
46:19qu'on a mis en place.
46:19Et c'est vrai
46:20que l'Europe,
46:20elle a eu une approche
46:21totalement holistique des choses.
46:22Parce qu'il y a
46:23non seulement CSRD,
46:24mais il y a des directives
46:25sur les fonds,
46:26ce qu'on dit aux épargnants,
46:27partout.
46:27On a eu une approche
46:29qui englobait
46:30l'ensemble du sujet.
46:32Avec peut-être
46:32trop de règlements ?
46:34Côté marche forcée,
46:35rapide,
46:36et l'Europe fait
46:37ce qu'elle sait faire,
46:38c'est-à-dire du réglementaire,
46:39de la norme.
46:41Et on voit bien
46:41que c'est là
46:42qu'on se heurte
46:43à la réalité.
46:44Je ne crois pas
46:45qu'il faille abandonner
46:46les objectifs.
46:46Ce qui est très intéressant
46:47dans les forums
46:48dans lesquels je suis aujourd'hui,
46:50et je pense notamment,
46:51je suis au Board of Trustees
46:52de la fondation IFRS,
46:55qui nous rappellent
46:55à l'ordre aujourd'hui,
46:56à votre avis.
46:58Les Asiatiques,
46:59c'est très intéressant.
47:01Les Asiatiques,
47:01qui en général
47:02ne sont pas ceux
47:03qui parlent le plus,
47:04vous disent,
47:04attendez,
47:04on comprend que les Américains
47:06disent au revoir,
47:07et vous les Européens,
47:08qu'est-ce que vous faites ?
47:09Nous, on continue.
47:11D'ailleurs,
47:11le bien extra-financier,
47:13il est quasiment
47:14en train de se mettre
47:15en place en Chine,
47:15c'est ça ?
47:16Bien sûr,
47:16ils vont plus vite.
47:17Et quand vous êtes l'Indonésie,
47:18la Chine,
47:19alors évidemment,
47:19la Chine,
47:19ils ont choisi résolument,
47:20c'est d'ailleurs intéressant,
47:21de dire,
47:22on sera l'arsenal
47:22de la transition,
47:23avec tout ce que ça comporte.
47:25Alors,
47:25on est très agacé,
47:26etc.
47:26N'empêche qu'on aurait pu
47:27faire la même chose.
47:29Mais vous êtes l'Indonésie,
47:30vous allez devoir déménager
47:31votre capitale
47:32parce que la vôtre part sous l'eau.
47:33Vous êtes le Vietnam
47:34avec un delta du Mekong
47:35qui est menacé.
47:36Oui,
47:36ce n'est pas une vision de l'esprit.
47:39Donc,
47:39c'est intéressant de voir,
47:40on a un discours
47:40qui est un peu centré
47:41sur notre Occident,
47:43et on oublie que
47:44le reste du monde dit
47:44on y va.
47:45Sur ces sujets-là,
47:46on est pressé
47:46par le reste du monde.
47:47Mais ça veut dire
47:48que ça pourrait même
47:49ou ça devrait même
47:50être un avantage
47:52économique
47:54pour l'Europe
47:55de garder ce cas.
47:55Bien sûr,
47:56alors il faut le faire
47:56et je pense qu'effectivement
47:58les débats
47:59sur le caractère
47:59bureaucratique,
48:01lourd,
48:01coûteux,
48:02etc.
48:02Et c'est vrai
48:02qu'il y a beaucoup de gens
48:03qui en ont profité
48:04pour facturer dans tout ça.
48:06Voilà,
48:06c'est comme ça.
48:08On est arrivé là.
48:10Mais ce que je crois
48:10et on voit bien,
48:12on revient à la géopolitique,
48:13c'est qu'aujourd'hui
48:13l'Europe,
48:14elle a vraiment
48:15un avantage naturel
48:16à aller parler à l'Asie,
48:18à aller parler au Brésil,
48:19à aller parler à l'Afrique
48:20en disant
48:20on peut travailler ensemble
48:21en étant un peu moins
48:22donneur de leçons
48:23et un peu plus
48:24en tendant la main.
48:26Est-ce que vous,
48:26quand vous arrivez
48:27dans l'un de ces pays
48:29dans lesquels
48:29vous investissez,
48:32on vous tient
48:34ce type de discours ?
48:35C'est-à-dire
48:35attention à l'arrogance européenne
48:37ou à l'arrogance française.
48:38Vous arrivez,
48:39vous êtes persuadé
48:39d'avoir la solution.
48:40Non, non,
48:41très clairement,
48:43des mots
48:43que je n'avais jamais entendu
48:44comme colonialisme vert,
48:45oui, ça existe.
48:46Donc, il y a le côté
48:48vous nous faites la morale,
48:49les flux privés
48:50restent très limités
48:51et baissent,
48:52les flux publics,
48:53il n'y a pas que USAID,
48:54le budget français
48:55de l'aide au développement
48:55a baissé,
48:56les Anglais ont fait
48:57un peu de bruit
48:58en disant
48:58on va passer de 0,5%
48:59à 0,3%,
49:0040% de baisse,
49:01les Britanniques.
49:03Le contrat de coalition allemand
49:04dit la même chose,
49:05les Suédois,
49:06tout le monde baisse.
49:08Donc, les gens disent
49:08vous nous mettez
49:09un certain nombre de règles,
49:10vous nous dites
49:10que ce n'est pas bien,
49:12les flux privés,
49:13on n'en voit pas beaucoup,
49:13les flux publics,
49:14qui baissent
49:14et en plus,
49:15vous voulez qu'on vous embrasse
49:16sur la bouche.
49:16C'est beaucoup.
49:18On peut reprendre
49:19d'autres exemples de projets
49:21pour bien comprendre
49:21ce que vous faites
49:22parce qu'on est dans le concret,
49:24on n'est pas dans la stratégie,
49:28on va dire,
49:28dans le jus de crâne.
49:29Par exemple,
49:29j'en ai noté plein,
49:31une entreprise de VTC
49:32pour des zones mal desservies
49:33en Amérique latine.
49:35Alors, c'est quoi ce projet-là ?
49:37C'est une entreprise de VTC
49:37qui dessert,
49:39je ne vais pas faire du lycée
49:41pour des concurrents
49:41comme Uber
49:42mais ça parlera peut-être plus
49:43à nos unitaires.
49:43C'est l'équivalent
49:45pour l'Amérique latine.
49:47Et c'est vrai,
49:48quand on a discuté avec eux,
49:49ce qui était très intéressant
49:50quand on a investi avec eux,
49:51c'est qu'on a un patron
49:51qui vit par l'impact.
49:53Quand on l'a présenté
49:54à nos investisseurs,
49:55ils ont été retournés
49:55et les gens m'ont dit
49:56que c'est une drôle idée
49:56que tu fais de l'impact
49:57et que tu veux investir
49:58dans du VTC,
50:00c'est grotesque.
50:00Et quand ils ont vu le gars,
50:01ils ont compris qu'eux.
50:03Et donc,
50:03il y a plusieurs dimensions
50:04à l'impact.
50:05Une des dimensions
50:05qui n'a pas été
50:06très intéressante,
50:07c'est que dans leurs algorithmes,
50:10etc.,
50:10on a des villes,
50:12des grandes villes américaines
50:13qui sont des mégalopoles.
50:14C'est vraiment des villes
50:14de dizaines de millions d'habitants.
50:15Pensez à Mexico,
50:16à San Paolo,
50:17etc.
50:17Il y a des transports en commun
50:20mais limités
50:21et il y a des zones
50:22absolument pas desservies.
50:23Et donc,
50:24il y avait deux axes
50:24qui nous ont plu
50:25dans cette entreprise.
50:26Le premier,
50:27c'est de faire en sorte
50:28qu'il y ait plus de voitures
50:29qui vadrouillent,
50:30qui maraudent
50:31d'une certaine manière
50:32dans ces zones non desservies.
50:33Et par ailleurs,
50:34un programme intéressant,
50:35il faut des conducteurs femmes
50:36pour des passagers femmes.
50:38Ce qui paraît savoir,
50:38ce n'est pas forcément
50:39un truc auquel on penserait,
50:40mais c'est vrai
50:41qu'un certain nombre de villes,
50:42il y a des femmes
50:43qui n'osent pas prendre un VTC
50:44pour toutes les raisons
50:44que vous imaginez.
50:45Donc, si elles savent
50:46que ce sera une femme
50:47qui ira aller chercher,
50:47elles sont plus détendues.
50:49Et puis derrière,
50:49ils sont passés
50:50à l'électrification
50:51de leur flotte
50:51comme tout le monde.
50:52Mais quand le gars
50:53pense impact,
50:54il y a plein d'options.
50:56Et pendant le Covid,
50:57cette même entreprise
50:57a mobilisé,
50:58et ça leur a coûté,
50:59ses chauffeurs
51:00pour emmener
51:00les patients à l'hôpital.
51:03Dernier mot,
51:03il nous reste une minute.
51:06On va recevoir
51:06la semaine prochaine
51:07le fondateur
51:09de la Convention
51:09des entreprises
51:10pour le climat.
51:11Est-ce qu'il y a une...
51:12Alors, on a vraiment
51:13beaucoup travaillé avec eux
51:14ici,
51:15on a vu beaucoup
51:15d'entreprises
51:16qui étaient en train
51:17de modifier leur modèle,
51:19justement,
51:20leur modèle économique.
51:21La finance,
51:22elle rentre où
51:22dans cette révolution ?
51:26Je suis ravi
51:26que vous travailliez
51:27avec Éric Duverger.
51:28Alors, comme on dénonce
51:30ces conflits d'intérêts,
51:31j'ai un conflit d'intérêts.
51:32Je le connais.
51:32Il était venu me présenter
51:33ses projets dès l'origine.
51:35Et je suis le parrain
51:36de la Convention
51:36des entreprises
51:37pour le climat
51:37pour le secteur financier.
51:39J'ai été le parrain
51:39la première année.
51:40Ils vont lancer
51:40la deuxième année
51:41et je suis toujours parrain.
51:43Et donc,
51:44j'ai trouvé ça très intéressant
51:45qu'il y ait une approche
51:45spécifique sur la finance.
51:47Et donc,
51:49avec,
51:50comme toujours dans cette convention,
51:51l'objectif d'être concret.
51:52C'est-à-dire qu'ils se mettent
51:53en groupe
51:53et ils proposent des choses
51:54dans leurs entreprises.
51:56Et donc,
51:56je ne sais pas
51:57si j'ai une question
51:57ou un bravo à lui dire,
51:59mais en tout cas,
52:00je suis admiratif
52:01de cette capacité
52:02à faire ce travail
52:03à la base.
52:04et je lui dis,
52:05un,
52:05je suis heureux
52:06de t'accompagner,
52:07deux,
52:08ne lâche pas
52:08et trois,
52:09continue à étendre
52:10dans tous les secteurs.
52:11Voilà,
52:12quels sont tes projets
52:12pour la suite ?
52:13Merci beaucoup Bertrand Badré
52:16et à bientôt
52:17sur Bsmart 4Change.
52:18On passe tout de suite
52:19à notre rubrique
52:20Startup.
52:20Smart Ideas
52:28avec Théodore Guyot,
52:30co-fondateur de Jam.
52:31Bonjour.
52:31Bonjour.
52:32Entreprise toute jeune
52:32que vous venez de créer
52:33avec Gaston Guyot,
52:34votre frère,
52:35et Xavier Cassel.
52:36Et avec quelle idée ?
52:37L'idée,
52:38c'était de créer
52:38une alternative à l'achat.
52:39Donc Jam,
52:40c'est une plateforme
52:41qui permet de louer
52:42des objets entre particuliers.
52:43On cherchait à trouver
52:44un moyen pour permettre
52:45de gagner de l'argent
52:46et de faire des économies
52:47en se prêtant
52:48et en empruntant
52:49des objets
52:49avec les gens
52:49qui habitent autour de nous.
52:51Tout simplement,
52:52on s'est rendu compte
52:52qu'on possède tous
52:53des centaines d'objets
52:54qui traînent à la maison.
52:55Donc on se sert très peu.
52:57On n'utilise quasiment pas
52:57tous les jours,
52:58à part notre smartphone.
52:59On n'a vraiment pas grand-chose
52:59qu'on utilise vraiment au quotidien.
53:00Et on s'est rendu compte
53:01qu'il y a beaucoup de gens
53:02qui habitent à côté de chez nous
53:03qui ont besoin
53:04de ces mêmes objets
53:04pour les mêmes raisons que nous,
53:05mais qu'on ne soit pas les moyens,
53:07soit pas l'espace de stockage
53:08ou pas l'envie d'investir
53:09pour des objets
53:10qu'on utilise seulement
53:11pour des usages occasionnels
53:12ou saisonniers.
53:13Alors comment marche la plateforme ?
53:14Il y a une logique
53:15de géolocalisation aussi,
53:16faire en sorte que des gens
53:17qui n'habitent pas
53:18à 200 kilomètres l'un de l'autre
53:19rentrent en contact.
53:21Tout à fait.
53:21En fait, la location,
53:22on connaît ça depuis déjà
53:23quelques années,
53:23mais surtout, nous,
53:24c'était à innover
53:25sur le côté accès à l'objet.
53:27Donc on sait exactement
53:28où sont situés les objets,
53:29à quelle heure ils sont disponibles.
53:30On a structuré un système
53:31de calendrier hebdomadaire.
53:33Donc les utilisateurs indiquent
53:34quand est-ce qu'ils sont disponibles
53:35pour échanger.
53:35Donc moi, je sais à l'avance
53:36que quelqu'un qui est au bureau
53:38potentiellement entre midi, 14h,
53:40le mardi,
53:41s'il est à côté de moi,
53:42je pourrais emprunter son objet.
53:43Et pareil quand on est à la maison
53:44ou à différents endroits.
53:46Et l'idée, c'est vraiment
53:46sophistiquer en fait cet accès-là
53:49pour rendre ça
53:49beaucoup plus attractif
53:50que l'achat
53:51et permettre en fait
53:52en un claquement de doigts
53:52d'aller récupérer un objet
53:53ultra facilement.
53:54L'innovation, elle est là ?
53:56Elle est dans la géolocalisation
53:57essentiellement ?
53:58Elle est dans plein
53:58de petites fonctionnalités
53:59qu'on met en place
54:00pour rendre ça
54:01beaucoup plus simple
54:01et plus fluide en fait.
54:02Donc d'un côté aussi sécurité,
54:03on s'assure que
54:04les paiements sont sur la plateforme,
54:05qu'on a un système de caution,
54:07donc un dépôt de garantie
54:08qui permet d'assurer
54:09la sécurité de l'objet emprunté
54:10en cas de casse, perte ou vol.
54:11Et puis ensuite,
54:12ça va être aussi
54:12dans l'ajout d'objets.
54:13On sait que c'est une contrainte,
54:15surtout qu'on possède
54:15beaucoup d'objets
54:16potentiellement louables,
54:17de les ajouter,
54:18de rédiger des titres,
54:19des descriptions,
54:20des catégories,
54:21même le prix
54:21qui est quelque chose de nouveau.
54:22On ne sait pas
54:23à quel prix on met ça,
54:24on ne sait pas de l'allocation.
54:25Donc nous, on a créé
54:26un système
54:26avec une intelligence artificielle
54:27qui fait tout pour vous en fait.
54:29Donc vous avez juste
54:29à prendre votre objet en photo
54:30et il va se charger
54:31de renseigner tous les champs
54:33et même vous choisir
54:33le bon prix
54:34et la bonne caution
54:35pour s'assurer
54:36que vous n'avez rien à faire.
54:37Donc 30 objets
54:38en moins de 10 minutes.
54:39Votre modèle économique,
54:40c'est quoi ?
54:40C'est un pourcentage
54:42de l'échange ?
54:44C'est ça ?
54:44C'est le prix de l'allocation.
54:46Exactement.
54:47Donc c'est la charge
54:47de la personne
54:47qui emprunte l'objet.
54:48Donc on va venir prendre
54:49à peu près 15%
54:50sur la valeur totale
54:51de l'emprunt.
54:53Et nous, c'est marrant
54:53d'avoir ce site d'affaires
54:54généré là.
54:55Alors c'est trop tôt
54:55j'imagine pour répondre
54:56à la question
54:57mais on trouve
54:58quelle famille d'objets
54:59et puis est-ce qu'il y a
54:59déjà un best-of ?
55:00Alors oui, il y en a justement
55:01et on vient de lancer
55:02une nouvelle fonctionnalité
55:02qui était justement
55:03les objets les plus recherchés.
55:04On sait que les gens
55:04sont parfois en manque
55:05d'inspiration.
55:06On possède plein de choses
55:07mais on ne sait pas
55:07quoi mettre obligatoirement.
55:09Donc on a créé ce classement
55:10des objets les plus recherchés
55:11donc sur l'application.
55:12Aujourd'hui, c'est du traditionnel.
55:13On trouve beaucoup
55:14des outils par exemple
55:15pour des travaux à la maison,
55:16des articles de sport.
55:17En plus, ça s'est bientôt l'été
55:19donc ça risque de devenir
55:19très très tendance.
55:21Mais on voit aussi
55:21qu'on recherche des objets
55:23peut-être moins réputés.
55:24Des jeux vidéo,
55:25des jeux de société,
55:26des déguisements,
55:27de la décoration en fait.
55:29Toutes ces choses
55:29qu'on stocke
55:30mais qu'on n'utilise
55:31que très peu souvent.
55:32Qui vous ont surpris finalement
55:33de les retrouver
55:34dans la liste des plus demandés ?
55:36Alors oui et non
55:37parce que c'est vrai que nous
55:38dans notre grande réflexion
55:39autour de Jam,
55:39en fait on est tombé
55:40très rapidement sur des cas
55:41d'usages ultra variés.
55:43Les fêtes d'Halloween
55:43du coup où on va acheter
55:44son déguisement dans un magasin
55:46et qu'on ne puisse plus
55:46ou voire même qu'on jette.
55:48Même les fêtes d'Halloween,
55:49les déguisements,
55:50des sabins de Noël
55:50qu'on a pu découvrir
55:51sur l'appli.
55:52Donc vraiment c'est très très varié
55:54et selon chacun
55:55toutes les conditions
55:56sont bon à prendre.
55:56L'idée c'est quoi ?
55:57C'est de sortir
55:58de l'économie de la possession
55:59ou en tout cas de la réduire ?
56:01C'est de faire rupture
56:02avec le réflexe
56:04de l'achat compulsif
56:05à chaque fois.
56:05On a un besoin aujourd'hui
56:06c'est très facile
56:06d'aller en ligne,
56:07d'acheter,
56:07on se fait livrer en 48 heures.
56:09Nous l'objectif
56:09c'est déjà de rendre ça
56:10beaucoup plus attractif
56:10en termes de valeur temporaire.
56:12Vous pouvez avoir un objet
56:13potentiellement dans 30 minutes
56:14voire moins que ça
56:14et rendre ça en fait
56:16valoriser l'usage
56:17plus que la possession.
56:18On est souvent aujourd'hui
56:19très poussé
56:20et la société nous pousse à ça
56:21c'est être propriétaire
56:22de quelque chose
56:23ça nous donne de la valeur.
56:24Ben non en fait
56:25nous c'est l'usage
56:25qu'on valorise beaucoup plus.
56:26Donc c'est donner accès
56:27à des gens qui n'ont peut-être
56:28pas les moyens
56:29ou qui n'avaient pas
56:29justement envie d'investir
56:30pour pouvoir faire
56:30de nouvelles activités
56:31et les quelques personnes
56:32qui ont déjà investi
56:33de rentabiliser les objets.
56:35D'un point de vue environnemental
56:36on sait que le plus grand impact
56:37c'est la production
56:38donc si on évite
56:39de produire un objet supplémentaire
56:40et on le réutilise
56:40au maximum de sa durée de vie
56:42on y gagne beaucoup.
56:43Merci beaucoup Théodore Guyot
56:45et bon vent à Jam.
56:46Voilà c'est la fin
56:47de ce Smart Impact.
56:48Merci à toutes et à tous
56:49de votre fidélité.
56:50A très vite sur la chaîne
56:51des Olacieux
56:52et les Olacieuses.
56:53Sous-titrage Société Radio-Canada