1000 solutions pour la planète exposées au même endroit, c’est ce qu’on a pu voir au Grand Palais qui a accueilli, fin avril, la 8ème édition du salon ChangeNOW. Cela a été l’occasion de faire un bilan sur les innovations, les réflexions et les investissements pour la planète mis en œuvre depuis la signature de l’Accord de Paris, il y a 10 ans.
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00:00Générique
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Santiago Lefebvre. Bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue. Heureux de vous retrouver. Vous êtes le fondateur président de Change Now, dont l'édition 2025 vient de se terminer.
00:16Question classique. Quel bilan faites-vous de cette édition ?
00:19Alors déjà, c'est un bilan très positif. Ça a été une année très particulière parce qu'en fait, on connaît tous le contexte dans lequel on est,
00:26avec beaucoup d'attaques sur la science, sur la durabilité et le développement durable, sur l'information et les démocraties.
00:37Et donc, on a lancé cette édition dans un contexte assez complexe, mais on a senti beaucoup d'engouement.
00:42Justement, c'est un lieu qui a donné beaucoup d'espoir, qui a redonné aussi les priorités dans l'action.
00:48Et je pense que juste le fait de se fédérer, d'y voir plus clair sur comment est-ce qu'on peut faire face, rien que ça a déjà été un grand succès.
00:54Oui, alors on peut rappeler en quoi consiste Change Now. C'est quoi le principe de ce rendez-vous ?
00:59Le principe, c'est de rassembler tous les acteurs de la transition écologique et sociale,
01:04afin de leur donner les outils qui leur permettent d'avancer plus vite et mieux.
01:11Cette année, c'était le retour au Grand Palais, le Grand Palais historique, maison des expos universelles.
01:18C'est pour ça que cette édition-là a vraiment pris la forme d'une exposition universelle des solutions pour la planète.
01:22C'est 1000 solutions qu'on est allé chercher un peu partout dans le monde, qui ont été présentées auprès d'investisseurs,
01:29de grandes entreprises, de médias, de personnalités politiques et également du grand public, pour que justement elles puissent se développer.
01:38Alors vous l'avez évoqué, ce retour en arrière venu des Etats-Unis, c'est pas compliqué.
01:44On peut tous les jours trouver une mauvaise nouvelle en matière de défense de l'environnement.
01:50Les auteurs d'un rapport scientifique qui est crucial pour l'avenir de la lutte contre le réchauffement viennent d'être licenciés par mail,
01:55ça c'est typiquement américain.
01:57Le gouvernement Trump leur dit que, je cite le mail, la portée du rapport est en train d'être réévaluée.
02:04Bon voilà, on imagine ce qui va se passer.
02:05Est-ce que vous craignez quand même, j'imagine que vous avez ressenti l'inverse dans un événement comme Chen Zhao,
02:11mais un effet de contagion ?
02:12Alors justement, nous notre message, c'est de montrer, je vais plutôt reprendre même en disant que,
02:20l'une des stratégies c'est de faire croire que de toute manière la majorité des personnes ne veut plus de développement durable.
02:28Donc que le vent a tourné et donc c'est fini, et essayer de décourager ceux qui veulent continuer à en être.
02:33À Chen Zhao, on a réussi à montrer, à porter haut et fort le fait qu'on est très nombreux de tous les fronts différents,
02:39que ce soit des acteurs économiques puissants, il y a beaucoup de grandes entreprises qui sont à Chen Zhao,
02:44il y a 10 000 entreprises qui sont présentées pendant ces trois jours.
02:47Que ce soit les acteurs politiques, que ce soit les citoyens et d'autres,
02:52en fait on est un très grand nombre à vouloir continuer dans cette démarche-là.
02:57Mais les scientifiques américains par exemple, est-ce qu'on a les moyens de les accueillir ?
03:02Est-ce que c'est l'un des enjeux urgents du moment ?
03:05Alors je pense que c'est essentiel de les accueillir.
03:10En fait cette attaque sur la science, elle s'explique.
03:17Elle s'explique parce qu'en fait, cette question de la transition,
03:21on pense souvent que c'est une révolution technique ou de process,
03:24mais en vrai c'est surtout une révolution scientifique.
03:27En fait on s'est rendu compte et on a appris au cours des dernières décennies,
03:31des dernières années, comment fonctionne le système Terre, les limites planétaires.
03:35En fait la science nous a montré qu'il y avait une finitude dans les ressources.
03:39Et c'est finalement face à ça que...
03:43C'est la plus attaquée d'une certaine façon,
03:45comme c'est elle qui nous démontre depuis des décennies qu'on va dans le mur,
03:49c'est elle qui est attaquée.
03:49Exactement, si on veut arrêter cette transition,
03:53de casser les fondements scientifiques de celle-ci,
03:55est en effet une stratégie qui peut fonctionner.
03:58Moi je suis volontairement optimiste,
04:00mais si on revient en Europe,
04:02il y a la directive Omnibus qui a été votée au début de ce mois d'avril,
04:07qui met un coup d'arrêt sur un certain nombre de directives européennes,
04:11CSRD, CS3D, deux ans de décalage pour l'une, un an pour l'autre.
04:16On est quand même dans un pacte vert, un Green Deal qui revoit ses ambitions à la baisse.
04:21Tout ça étant lié aussi à un processus électoral,
04:25que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe.
04:27Oui, tout à fait.
04:28Et nous, notre rôle, justement, c'est de donner de la voix à ceux qui veulent continuer.
04:33Et par exemple, on a rassemblé, on avait des acteurs politiques,
04:36et notamment par exemple Benjamin Haddad,
04:39le ministre chargé justement de l'Europe,
04:41qui est venu à Change Now et qui a rencontré des acteurs de la transition.
04:44Donc lui, il sait maintenant qu'il y a aussi un tissu économique très fort, très large,
04:49qui souhaite continuer dans ces démarches-là.
04:52Et donc nous, voilà, ce qu'on fait, c'est finalement de rendre visible cette voix
04:56pour qu'en face, ceux qui disent en fait il faut du Omnibus, etc.,
05:00ne soient pas les seuls à parler.
05:02Et alors c'est intéressant parce que du côté justement d'une entreprise,
05:05grande, petite ou moyenne d'ailleurs,
05:07qui a pris ce cap de la transformation, de la transition,
05:10en général, on veut de la vision à long terme quand on est chef d'entreprise
05:17et quand on prend un cap, ce n'est pas pour en changer au bout de 6 mois ou de 2 ans
05:21parce qu'un président américain vient d'être élu.
05:25Mais quand même, voilà, est-ce qu'il y a au sein de ces entreprises
05:29la tentation de ralentir aussi ?
05:31Alors c'est toujours très dur de faire de généraliser, bien sûr.
05:34Mais en effet, je dirais, il y a des entreprises qui sont entrées peut-être
05:38dans la sustainability plutôt avec un souci plus de communication.
05:42Et donc quand on fait de la communication, c'est vrai que c'est assez facile
05:45de changer de cap.
05:48La très grande majorité et les entreprises avec qui on travaille
05:51sont des personnes qui sont avec nous depuis plusieurs années,
05:54qui ont vraiment commencé à changer des business models, leur stratégie.
05:57Et donc en effet, celles-ci, elles étaient encore là malgré le backlash.
06:01Pourquoi ? Parce qu'en fait, ça commence à être vraiment ancré
06:03dans leurs nouvelles activités.
06:05Et donc là, en effet, c'est très difficile de changer de cap.
06:08Quand vous avez créé Change Now, c'était en 2017, c'est ça ?
06:11C'est la première édition en 2017.
06:11J'imagine, vous saviez que ce ne serait pas un long fleuve tranquille,
06:14vous n'êtes pas tout à fait surpris ?
06:16Non, on savait. Et en vrai, ce backlash, pour moi, il était attendu.
06:20Ça faisait deux ans que je disais ce qui est...
06:22Là où on peut s'inquiéter, c'est de savoir quelle va être la force
06:25du retour de bâton, en quelque sorte, ou du vent contraire.
06:30Qu'est-ce qu'on a raté sur l'acceptabilité ?
06:31Parce que c'est ça, en fait.
06:32Et encore une fois, je le dis à chaque fois, je me mets dans le...
06:36Qu'est-ce qu'on a raté ?
06:38Parce que si une partie des électeurs votent Trump
06:40pour des listes d'extrême droite ou de droite
06:43qui veulent freiner au niveau européen,
06:46c'est bien parce qu'on a raté quelque chose sur l'acceptabilité.
06:48Oui, alors, acceptabilité, je pense que c'est aussi lié au fait
06:52que du côté des acteurs de la transition,
06:58il n'y a pas encore un alignement suffisamment fort.
07:02En fait, on est en train de voir si quelqu'un est vert foncé,
07:06vert bouteille, vert clair, un peu.
07:08Il y a un peu de division.
07:09Alors qu'en fait, de l'autre côté,
07:11ceux qui veulent le statu quo,
07:13il y a un alignement d'intérêt qui est beaucoup plus fort.
07:15Il y a beaucoup moins de division.
07:16Et donc, je pense qu'en fait, la division qu'il y a d'un côté
07:19fait que dès qu'il y a une solution qui sort,
07:22si elle n'est pas parfaite, elle peut être remise en doute,
07:24y compris par le camp de la transition.
07:26Or, le mieux est l'ennemi du bien parfois aussi.
07:30Et donc, voilà, il faut aussi avancer.
07:32Ce n'est pas plutôt une histoire de moyens mis en œuvre
07:36pour accompagner les plus fragiles,
07:39ceux qui voudraient bien se payer une voiture électrique
07:43mais qui n'ont pas les moyens.
07:46et qui se sentent, en fait, un peu au bord du chemin.
07:49C'est un truc de bobo qui vit dans les grandes villes.
07:51Oui.
07:52Alors justement, je vais vous prendre un exemple qui démontre...
07:55Alors, il y a une part de vrai, tout à fait,
07:56l'accompagnement essentiel.
07:58Et en revanche, ce n'est pas forcément quelque chose pour les bobos
08:01puisqu'en fait, si on regarde le sujet de la transition agricole,
08:05autre sujet majeur.
08:06Bien sûr.
08:07Il y a une étude qui a été faite par M. Jean Covici,
08:11justement, qui montrait que 92% des agriculteurs
08:14sont prêts à faire la transition maintenant
08:16s'ils sont accompagnés d'un point de vue des compétences et financières.
08:20Donc, voilà.
08:21Et ce sujet-là, ce n'est pas forcément juste bobo parisien.
08:23Non, bien sûr.
08:24Mais le fait de ne pas suffisamment accompagner
08:26certaines catégories de la population,
08:28ça crée ce sentiment.
08:29Tout à fait.
08:30Et après, la question, c'est comment est-ce qu'on finance cela ?
08:33Et donc là, il y a vraiment la question de...
08:35Finalement, l'argent, il est là,
08:37sauf que les subventions ne vont pas au bon endroit, tout simplement.
08:40Et ça se voit dans beaucoup de choses.
08:43Aujourd'hui, si on arrêtait de subventionner, par exemple,
08:45les énergies fossiles,
08:47les énergies renouvelables seraient toutes moins chères
08:49que les énergies fossiles.
08:50Ce qui rend les énergies fossiles moins chères, parfois,
08:53c'est qu'elles sont subventionnées.
08:55Eh bien, je pense que c'est la même chose.
08:56Si on amenait des subventions qui vont dans des secteurs néfastes
09:00vers la transition agricole,
09:01on aurait les moyens de faire cet accompagnement.
09:05Vous avez marqué l'événement des 10 ans des accords de Paris
09:08à l'occasion de ce Change Now.
09:12Qu'est-ce qui domine ?
09:14Vous voyez le vert quand même à moitié plein ?
09:16Oui, quand même.
09:17En fait, on a voulu montrer, et c'est ce qui s'est passé,
09:22une voix forte autour des accords de Paris.
09:25Les accords de Paris, ils vont avoir 10 ans maintenant.
09:29C'est un accord essentiel.
09:30En fait, c'est un symbole même de 196 pays
09:34qui ont réussi à se mettre d'accord vers une direction commune.
09:38Ce qui est très rare dans l'histoire, finalement,
09:40d'avoir des accords aussi grands.
09:43Et ce n'est pas parce qu'il y a un pays qui en ressort
09:45que ça met en cause l'attachement des 195 autres partis à cela.
09:48Et donc, voilà, on a eu vraiment beaucoup de voix très larges,
09:52que ce soit politique, économique ou autre,
09:54qui a montré à quel point il faut rester dans cet accord-là,
09:57que c'est essentiel, parce que chaque dixième de degré compte
10:00et que même si on s'approche très, très fortement du 1,5 degré,
10:04mais en fait, la prochaine cible n'est pas beaucoup plus loin,
10:07c'est 1,6 degré et pas plus, en fait.
10:09Dernier mot, il nous reste une minute.
10:13Vous êtes l'un des fondateurs de Tech for Good,
10:16qui est devenu le mouvement Impact France,
10:17vous en êtes toujours membre.
10:19Est-ce que ce modèle d'entreprise, finalement, que vous défendez,
10:21vous avez le sentiment qu'il gagne du terrain ?
10:23Alors, oui, il gagne du terrain, très clairement.
10:26En fait, moi, quand on a commencé en 2017
10:28et aujourd'hui, il gagne du terrain.
10:31Il gagne du terrain à plusieurs niveaux.
10:32C'est par le nombre des entreprises qui sont représentées.
10:35C'est-à-dire que nous, on avait déjà une difficulté à trouver sans solution.
10:38Il y a 8 ans, là, on en trouve 1 000 chaque année
10:41et encore, on fait une grosse sélection.
10:43Puis après, aussi, dans les levées de fonds qui vont avec.
10:46La levée de fonds moyenne, il y a quelques années,
10:47pour un projet de la transition, il était de 200 000 euros.
10:51Là, aujourd'hui, on navigue entre 3 et 5 millions d'euros.
10:54Donc, en fait, il y a vraiment une grande croissance
10:55qui montre qu'il y a une maturité dans les business models
10:58de ces entreprises-là.
11:00Merci beaucoup, Santago Lefebvre.
11:02En plaisir.
11:02Et à bientôt sur Bsmart4Change.
11:04On passe à notre débat, le logement,
11:05au cœur de ces enjeux de transition environnementale et sociétale.
11:10à bientôt sur Bsmart4Change.
11:12Sous-titrage Société Radio-Canada
11:13à bientôt sur Bsmart4Change.
11:14Sous-titrage Société Radio-Canada