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Transcription
00:00On va parler Iran à présent avec vous, Armin Arifi, bonjour.
00:03Bonjour.
00:03Gros reporter au point, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient,
00:06auteur d'un printemps à Teheran, la vie, la vraie vie en République islamique,
00:11chez Plon.
00:11Actualité chargée puisqu'il y a d'abord cette explosion,
00:14c'était samedi au port de Shahid Rajay, le plus grand d'Iran,
00:18et dont le bilan s'est encore alourdi, aujourd'hui au moins 65 morts.
00:22La déflagration, ce qu'on sait, c'est qu'elle s'est produite dans des dépôts de produits chimiques.
00:25Les autorités iraniennes l'imputent aujourd'hui à une négligence.
00:30Oui, exactement.
00:31Pour l'instant, les autorités en cas officiels iraniennes parlent de négligence.
00:36D'autres sources, notamment une source proche des gardiens de la révolution,
00:40l'armée idéologique du régime, ont parlé au New York Times
00:42et évoquent le stockage de perchlorate de sodium,
00:46donc cette substance qui entre dans la composition du carburant servant aux missiles balistiques,
00:52les fameux missiles balistiques iraniens qui ont visé notamment à deux reprises l'État d'Israël
00:56au cours de l'année dernière.
00:58En tout cas, il apparaît...
01:00Enfin, ça nous rappelle un peu ce qui s'était passé à Beyrouth.
01:03Au port de Beyrouth en 2020.
01:03Au port de Beyrouth, où là, c'était justement du stockage de nitrate d'ammonium
01:07appartenant probablement au Hezbollah libanais, même si ça n'avait jamais été confirmé,
01:12qui avait provoqué une explosion dantesque.
01:14Il s'avère que le port de Chahid Rajahid, donc dans la ville de Bandarabas, le plus important port en Iran,
01:23avait bénéficié d'une livraison récente durant le premier trimestre 2025 de ce fameux perchlorate de sodium
01:30qui venait en provenance de Chine.
01:33Et on sait que ce stockage a été fait sans l'aval des autorités.
01:38En tout cas, les gardiens de la Révolution ou les entreprises liées aux gardiens
01:42l'avaient caché aux autorités officielles douanières du port de Chahid Rajahid.
01:48Donc, pour l'instant, il n'y a aucune indication que ce soit une origine criminelle,
01:57vu que les autorités iraniennes et les autorités israéliennes démentent toute origine criminelle.
02:05Donc, on serait davantage sur une négligence, une négligence qui, quand même, concerne une substance hautement dangereuse,
02:11qui n'avait rien à faire à cet endroit-là, surtout dans des conteneurs.
02:14On sait que la ville de Bandarabas est soumise à des températures estivales extrêmement chaudes,
02:19plus de 45 degrés.
02:21Visiblement, ça a favorisé cette catastrophe qui a fait, comme vous l'avez dit, 65 morts au moins et plus d'un millier de blessés.
02:27On sait, dans le cas de l'explosion du port de Beyrouth, les dégâts étaient considérables.
02:30Ils sont même encore visibles aujourd'hui à l'œil nu dans la ville.
02:32Et ils avaient alimenté, nourri la colère à l'encontre, à l'époque du Hezbollah.
02:36Est-ce qu'en Iran, aujourd'hui, on voit déjà des réactions ? Il est trop tôt pour le dire.
02:41Je pense que les enquêtes n'ont pas encore dévoilé toutes les difficultés,
02:47toutes les négligences et toutes les erreurs humaines qui ont pu avoir lieu.
02:49Maintenant, on sait que chaque incident en Iran impliquant les autorités
02:54provoquent, on va dire, un grand mécontentement qui est déjà extrêmement important en Iran
03:00entre une population majoritairement opposée à la République islamique, donc le régime iranien,
03:05et qui n'a plus confiance dans les autorités.
03:07On se souvient notamment de ces frappes des gardiens de la Révolution
03:12qui avaient visé par erreur un avion civil de l'Ukrainien Airlines,
03:16alors qu'on était en pleine tension avec les États-Unis suite à l'élimination du général iranien Qassem Soleimani.
03:24Donc, effectivement, ce genre de catastrophe nourrit encore davantage le ressentiment
03:30d'une partie de la population vis-à-vis des autorités,
03:33qui s'interroge notamment des mesures de sécurité qui ne sont pas prises en compte
03:37pour des, on va dire, buts d'avantages militaires, que ce soit en Iran ou à l'extérieur du pays,
03:42soutien au Hamas ou au Hezbollah, plutôt que pour le bien-être de la propre population.
03:46Même si, côté du régime iranien, on parle, en ce qui concerne en tout cas le programme balistique,
03:51de défense du pays face à une éventuelle attaque,
03:55que ce soit de la part des États-Unis ou d'Israël sur les sites nucléaires iraniens.
03:58Armin Arefi, vous êtes là aussi, j'ai même envie de dire avant tout,
04:00pour nous parler de Mardier Efsan Diari, cette traductrice iranienne
04:04qui résidait à Lyon depuis 2018.
04:07On était sans nouvelles d'elle depuis le 28 février.
04:09Or, on a appris le mois dernier qu'elle a été mise en examen
04:11pour écrouer, pour apologie de terrorisme en lien avec des publications sur Telegram,
04:17sur les massacres du Hamas en Israël.
04:20C'était le 7 octobre 2023, on s'en souvient évidemment de cet événement.
04:23Et donc, elle aurait posté des messages à ce sujet.
04:25Probablement, aucune trace de ces posts sur les réseaux sociaux que vous avez enquêté.
04:30Effectivement, alors, pendant un mois, on n'a pas eu,
04:32on n'a eu aucune information sur le sort de Mardier Efsan Diari,
04:35donc une linguiste persan anglais-français qui vivait à Lyon,
04:41comme vous l'avez dit, depuis 2018,
04:42et qui, le 28 février 2025, a reçu la visite de policiers
04:47qui sont rentrés chez elle, par réfraction,
04:51mais avec un mandat d'arrêt,
04:54qui ont tout mis en dessous-dessous,
04:55et qui l'ont enlevé.
04:56En tout cas, c'est ce qu'ont déclaré les membres de sa famille.
05:00Côté français, on assure, en tout cas, côté de la justice française,
05:03que la famille et le consulat iranien ont été informés.
05:07Ce qui est intéressant, c'est que pendant un mois,
05:09on n'a eu aucune trace, aucune nouvelle
05:11de cette ressortissante iranienne de 39 ans,
05:13avant que, pour la première fois,
05:15le ministère iranien des Affaires étrangères, à Teheran,
05:18annonce qu'une citoyenne iranienne avait été enlevée.
05:23Probablement, disait-il, en raison de postes favorables
05:26à la population de Gaza.
05:28C'est comme ça qu'il le présentait.
05:30On a mené au point notre enquête
05:32et on a découvert qu'elle avait été arrêtée le 28 février,
05:35qu'elle avait été placée en détention provisoire
05:37dans la prison de Fresnes le 2 mars,
05:39et que, d'après la justice française,
05:42d'après le parquet de Paris
05:43qui la poursuivait pour apologie du terrorisme,
05:47elle s'était également rendue coupable,
05:49elle et son compagnon,
05:50d'incitation en ligne à provoquer le terrorisme,
05:54mais également d'injure vis-à-vis d'une communauté
05:57en raison de sa religion.
05:59Et il s'avère, d'après les sources proches du dossier
06:02que l'on a pu contacter au point,
06:04que c'est notamment un canal télégramme qui a été visé,
06:08qui a fait l'objet d'une information judiciaire,
06:11d'un signalement tout d'abord le 30 octobre 2023,
06:13puis d'une information judiciaire en novembre 2024,
06:16parce que, en tout cas,
06:19ce collectif, dont faisait partie Mardi Esfaniari,
06:22et son compagnon, ainsi que d'autres personnes,
06:24auraient appelé, je cite,
06:25à réaliser une opération type déluge d'Alaxa,
06:29donc la façon dont le Hamas nomme les massacres du Hamas du 7 octobre.
06:33Alors, on ne sait pas si c'est en France ou dans un autre pays,
06:36mais également à s'en prendre dans la rue
06:40à des gens,
06:42donc pour mener cette opération déluge d'Alaxa,
06:44à l'aide de couteaux,
06:46de hachoirs ou d'armes à feu.
06:48Et lors de la perquisition qui a été menée par la police française
06:51en novembre 2024,
06:53ont été retrouvées, alors,
06:55pas forcément des armes létales,
06:57mais en tout cas,
06:58des armes factices,
07:00ainsi que des exemplaires de Mein Kampf,
07:03donc le brûlant antisémite de Hitler,
07:05ainsi que de la propagande pro-république islamique.
07:09Donc, au départ,
07:10les autorités iraniennes affirment
07:12que c'est lié uniquement à ces postes
07:14en soutien à la population de Gaza.
07:16Comme vous l'avez dit,
07:17on n'a aucune trace, en tout cas, publique de ces postes.
07:19Il s'avère que,
07:21effectivement, c'est une affaire un peu plus grave
07:23et même beaucoup plus grave
07:24avec des, encore une fois,
07:27l'apologie du terrorisme
07:28et de l'incitation au terrorisme sur le sol français.
07:31Ces éléments que vous mentionnez,
07:32ils semblent accréditer, en tout cas,
07:34la thèse de l'apologie du terrorisme
07:36face à ceux qui soupçonnaient peut-être
07:39la volonté d'en faire une monnaie d'échange
07:41face aux otages français.
07:42Il y en a deux actuellement,
07:43Cécile Collère et Jacques Paris,
07:44retenus en Iran.
07:45Alors, il s'avère que,
07:47tout d'abord,
07:48c'était son compagnon qui était visé,
07:51qui a été arrêté en novembre dernier,
07:52qui est une nationalité française,
07:53qui est ambulancier de son État.
07:55Le problème étant que,
07:57après son arrestation,
07:58les messages se sont poursuivis
07:59sur ce fameux canal Telegram.
08:01C'est là que,
08:01Mardi Esfandhiari,
08:02a été appréhendé par la police,
08:05mis en examen,
08:06placé en détention provisoire.
08:07Le souci étant que,
08:08visiblement,
08:09encore une fois visiblement,
08:10on n'a pas encore tous les éléments.
08:11Il ne s'agirait pas que de soutien oral
08:14au Hamas
08:16et au groupe palestinien armé de Gaza.
08:21Il y aurait d'autres éléments,
08:22comme je le dis,
08:22donc l'appel à réaliser une opération
08:24d'éluge à l'Axa,
08:25à l'aide de couteaux d'armes,
08:27également de hachoir.
08:29Il s'avère aujourd'hui,
08:30et c'est ça qui est intéressant,
08:31qu'on n'a pas eu depuis un mois
08:32de réaction officielle
08:33des autorités françaises.
08:34En revanche,
08:35il se dit,
08:36de source,
08:37en tout cas proche du dossier,
08:38que cette affaire
08:39pourrait aider la France
08:41à obtenir la libération
08:43des deux citoyens français
08:45arbitrairement détenus en Iran
08:46depuis trois ans,
08:47Jacques Paris
08:48et Cécile Collaire,
08:50et que,
08:51côté français,
08:51on ne verrait pas
08:52d'un mauvais oeil
08:53de se servir,
08:54justement,
08:54de cette affaire
08:55pour faire pression
08:56sur les autorités iraniennes,
08:58notamment les gardiens
08:59de la révolution,
09:00pour obtenir la libération
09:01des deux Français
09:02qui sont considérés
09:03comme des otages d'État.
09:05Merci beaucoup,
09:06Armin Arifi,
09:06du point d'être venu
09:07nous donner les éclaircissements
09:09sur cette affaire.

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