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Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN et proviseur de la cité scolaire Buffon à Paris.

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Transcription
00:00Une lycéenne décédée, trois autres blessés hier, c'est un adolescent de 15 ans qui a agressé ses camarades au couteau dans son lycée de Nantes.
00:09On en parle avec notre invité de 8h15.
00:11Bonjour Bruno Bobkiewicz, merci d'être avec nous, vous êtes le secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale,
00:18proviseur de la cité scolaire Buffon à Paris. Cette agression suscite une immense émotion et on imagine évidemment que vous la partagez.
00:25Bien sûr, je pense qu'on avait déjà malheureusement vécu deux assassinats traumatisants de nos collègues, Dominique Bernard et Samuel Paty.
00:35Et là aujourd'hui on a dans un établissement scolaire, un élève de son établissement qui vient poignarder et assassiner effectivement une élève.
00:43C'est Agnès Lassalle aussi, professeur, tué à Saint-Mont-le-Luz.
00:47Exactement, tout à fait.
00:48Alors l'émotion c'est une chose, elle n'empêche évidemment pas la lucidité. Est-ce que vous êtes surpris de ce qui se passe ?
00:54Forcément, on accueille 12 millions d'élèves par jour et évidemment qu'on n'imagine pas que dans un établissement scolaire un tel drame puisse se produire.
01:03Donc c'est évidemment très traumatisant et surprenant.
01:07Et pourtant, l'enquête est en cours sur ce qui s'est passé hier et on ne va pas forcément commenter une enquête qui est en cours.
01:15Ce qui est certain c'est que ça soulève la question de l'introduction d'armes blanches dans les établissements.
01:21Est-ce que vous avez des remontées de terrain ? Est-ce qu'il y en a dans votre établissement ? Ou est-ce que des collègues vous en font part aussi ?
01:29C'est des situations qui ne sont pas forcément nouvelles.
01:31C'est-à-dire qu'il peut y avoir effectivement introduction d'objets dangereux et auquel cas on a des réponses.
01:36Donc on saisit évidemment le parquet, on fait des signalements et puis on engage quasi systématiquement, voire systématiquement, des procédures disciplinaires.
01:45Donc c'est des choses qui peuvent arriver. J'entends beaucoup parler de sécurisation des établissements et de portiques.
01:51Il faut admettre que de ce point de vue, on a déjà beaucoup progressé sur la question de l'accès, de la sécurisation des établissements.
01:58Je ne suis pas certain que l'installation de portiques ou de détecteurs de métaux soit possible dans les établissements scolaires.
02:03Ce serait souhaitable, mais pas possible ?
02:06C'est à la fois une question de faisabilité et une question d'image envoyée.
02:11La question de la faisabilité, c'est l'idée que dans un établissement, on n'accède pas uniquement par l'entrée et que potentiellement, on le voit bien à travers des reportages récents sur les prisons.
02:22On peut introduire des objets au-delà même de l'entrée de l'établissement.
02:27Et le deuxième sujet, c'est la question de l'image qu'on envoie.
02:31Donc est-ce qu'on considère que chaque élève qui entre dans un établissement doit être considéré comme un terroriste potentiellement en puissance ?
02:39Et l'image qu'on en verrait est extrêmement négative.
02:41Et les élèves, ils vous disent quoi ? Et leurs parents, j'imagine que vous leur parlez aussi, est-ce qu'ils ont peur ?
02:47Je ne crois pas. Je crois que si… Alors encore une fois, il ne s'agit pas de nier ce qui s'est passé et dire que ça n'est pas grave.
02:55Mais je crois que la vie quotidienne d'un établissement scolaire n'est pas faite de ce type d'incident.
03:01Encore une fois, on réunit 12 millions d'élèves.
03:03Et quand on fait le ratio entre le nombre de personnes accueillies et le nombre d'incidents constatés,
03:08on peut admettre qu'encore une fois, du côté des établissements scolaires, la vie est plutôt sereine et paisible.
03:14Ça n'exclut pas, évidemment, malheureusement, ce type de situation.
03:17Néanmoins, ça n'est pas la vie quotidienne d'un établissement scolaire.
03:19C'est une situation qu'il faut analyser malgré tout, et notamment sur l'utilisation des armes par ces jeunes
03:25qui ont 13, 14, 15 ans, est-ce qu'ils assimilent le couteau à une arme ?
03:31De toute évidence, avec une influence forte des écrans et des réseaux sociaux.
03:37Et je pense que là, on a un sujet qui est bien plus grave et bien plus à traiter
03:41que celui de la sécurisation des établissements.
03:44Tout comme on parle peu, j'ai entendu certains en parler quand même,
03:47de la santé mentale, en réalité.
03:49Je crois qu'on est sur cette situation davantage sur une question d'accompagnement et de santé mentale
03:54que sur une question de sécurisation des établissements scolaires.
03:57Ça veut dire quoi ? Que c'est un signe, d'une certaine manière, d'un mal-être plus global des jeunes ?
04:03Oui, je crois que depuis le Covid, il y a des signaux importants et des analyses qui sont faites sur ces questions.
04:09Et je crois qu'on n'a pas encore pris suffisamment la mesure de cette problématique globale,
04:14influencée à la fois, on parle beaucoup du Covid, mais aussi par l'usage des réseaux sociaux, notamment.
04:19Et aujourd'hui, on parle de déserts médicaux.
04:21Il y a un désert médical qui est l'établissement scolaire, parce qu'il y a peu de médecins scolaires.
04:25Oui, on a à la fois une difficulté structurelle, c'est-à-dire le fait qu'il n'y ait pas suffisamment d'infirmiers,
04:32de médecins et de psychologues au sein des établissements.
04:36Mais en plus, même quand les postes existent, ils ne sont pas forcément pourvus.
04:39C'est la remarque que j'allais faire. Il y a deux types, j'allais dire, d'utilisation d'armes blanches.
04:42Il y a la violence, l'ensauvagement de la société, entre guillemets, dont on parle.
04:46Et puis, il y a le sujet psychiatrique quand même.
04:49Et l'affaire d'hier, encore une fois, il ne faut pas s'immiscer, il faut attendre l'enquête.
04:52Mais on voit bien que peut-être que la médecine scolaire, avec des signalements et une prise en charge psychiatrique,
04:57aurait peut-être été une solution pour prévenir.
04:59Oui, tout à fait. Je pense qu'encore une fois, le sujet numéro un, en tout cas à ce stade de l'enquête,
05:04apparaît plutôt comme une difficulté psychologique ou psychiatrique, et donc de santé mentale,
05:11plutôt qu'une question de sécurisation.
05:13Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
05:15Merci à vous.

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