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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Maya Lauqué revient sur les questions qui font l’actualité avec Nicolas Mayer-Rossignol, maire PS de Rouen.

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Transcription
00:00Bonjour, vous êtes sur la ligne de départ pour l'élection au poste de procrétaire du PS.
00:09Nous allons évidemment en parler, mais d'abord, je voulais entendre votre réaction après l'agression à Nantes d'adolescents par un camarade de 15 ans.
00:19Agression au couteau, une jeune fille est morte, il y a aussi trois blessés.
00:22Quelle est la réaction de l'élu local, du maire de Rouen que vous êtes ?
00:26Oui, effectivement, je suis maire d'une ville populaire ouvrière qui s'appelle Rouen.
00:30C'est l'effroi absolu.
00:33Quand on vit ce type de situation comme maire, comme papa aussi, comme citoyen, c'est l'assidération.
00:40J'ai envoyé tout de suite un message à Johanna Roland, la maire de Nantes, qui est avec les familles.
00:45Je pense bien sûr aux familles des victimes, les forces de sécurité et de secours qui ont agi très rapidement et très efficacement dans ce drame absolu.
00:55Et puis la communauté enseignante, parce qu'on ne connaît pas encore exactement toutes les circonstances,
00:59mais on sait qu'elle a eu un rôle décisif pour éviter d'autres drames encore.
01:05Bon, c'est le temps à la fois du deuil, du recueillement, de l'assidération, à ce stade de l'incompréhension.
01:11Parce que qu'est-ce qui amène une telle barbarie, finalement ?
01:16Je peux peut-être dire une chose, les questions de santé mentale, chez les jeunes, chez les adolescents.
01:21Je sais bien qu'en France, la santé mentale, c'est souvent un sujet tabou.
01:24Les hôpitaux psychiatriques, on ne veut pas trop en parler, ils n'ont pas assez de moyens.
01:28Des personnalités commencent à soulever le sujet.
01:31Moi, je voudrais qu'on en parle plus.
01:32Il y a un très grand centre psychiatrique dans l'agglomération rouennaise, il y en a aussi à Nantes.
01:37C'est un sujet très fort, notamment depuis la pandémie, la Covid.
01:41On n'en parle pas assez.
01:42Peut-être que c'est une des pistes.
01:43Bien sûr, l'enquête devra déterminer ce qui s'est passé exactement.
01:46Pensons d'abord aux familles, aux élèves, aux élèves qui sont terriblement choqués, évidemment.
01:52Est-ce que dans votre ville, vous êtes concerné aussi les établissements scolaires par l'introduction d'armes blanches ?
01:58Est-ce que certaines ont été saisies ?
02:00Est-ce que vous avez eu des remontées de terrain là-dessus ?
02:03Ah oui, ça peut arriver.
02:04Oui, ça peut arriver.
02:05Vous savez, il y a eu des situations à Rouen, mais comme partout, je dirais,
02:10où il peut effectivement y avoir ce type de tensions, de violences et donc de drames parfois.
02:16C'est terrible.
02:18Bruno Rentailleau, le ministre de l'Intérieur, a parlé hier d'un fait de société, pas d'un fait divers.
02:23Il parle d'ensauvagement.
02:25Est-ce que vous faites le même constat ?
02:27Je vais vous dire, je suis toujours un peu gêné, moi, quand des politiques, en l'occurrence un ministre,
02:33cherchent visiblement à instrumentaliser une situation dramatique.
02:38C'est de la récupération pour vous ?
02:40Est-ce que l'on connaît les raisons qui ont amené ce drame ?
02:44À l'heure où on se parle, la réponse est non.
02:46On ne sait pas ce qui s'est passé exactement.
02:48Pourquoi il y a eu cette agression terrible, effroyable, de la part d'un jeune qui était, si j'ai bien compris,
02:54quelqu'un qui fréquentait cet établissement ?
02:57Donc, je dis juste à tous les politiques qui peuvent donner le sentiment, peut-être à tort,
03:03mais peut-être involontairement, je veux dire.
03:06En tout cas, ce que je constate, c'est qu'ils essaient de se mettre sur cette situation et de la récupérer.
03:11Je crois que ce n'est pas une très bonne idée, non.
03:13Aujourd'hui, la violence qui monte dans notre pays, elle est aussi liée au trafic de drogue.
03:17Je voulais qu'on dise un mot, encore une fois, de votre ville, ville portuaire.
03:21Beaucoup de trafiquants déroutent leurs marchandises du Havre vers Rouen.
03:26Qu'attendez-vous de la proposition de loi qui doit revenir la semaine prochaine à l'Assemblée nationale ?
03:30De l'efficacité. Le narcotrafic gangrène notre pays. Rouen, vous l'avez dit, est concerné, j'allais dire, comme toutes les villes,
03:38avec une dimension un petit peu particulière, effectivement, qui est la dimension portuaire, donc logistique,
03:43puisqu'il y a un corridor, évidemment, entre le Havre, Rouen et Paris et l'Île-de-France.
03:48C'est très bien de faire des lois, mais moi, je suis maire, élu local, j'attends de l'action concrète.
03:54Si c'est pour se payer de mots, ça ne sert à rien. Il faut de l'action concrète, il faut des moyens.
03:57Il faut des moyens pour la douane, il faut des moyens pour les polices spécifiques, des moyens d'enquête, également.
04:02Et il faut une organisation qui soit beaucoup plus forte.
04:04Et puis, j'insiste, il faut aussi de la prévention, parce que s'il y a de la drogue, c'est parce qu'il y a un marché.
04:10C'est parce qu'il y a des gens, des Françaises et des Français, qui consomment de la drogue.
04:14Alors, prendre leur smartphone, comme veut le faire le garde des Sceaux, quand ils se font attraper,
04:20récupérer les smartphones des dealers et des consommateurs, ça peut être une bonne mesure ?
04:27Pourquoi pas ? Je n'ai pas d'avis a priori, mais est-ce que vous croyez que vraiment qu'enlever un smartphone,
04:32ça va suffire pour lutter contre le narcotrafic ? Je ne crois pas du tout.
04:35Il faut des moyens sur toute la chaîne, c'est ça que j'essaie de dire, et une organisation sur toute la chaîne.
04:40La police, la justice, parce que vous savez, si vous arrêtez des trafiquants,
04:44mais qu'en fait, ils sont relâchés parce qu'il y a des délais, etc., ça ne sert à rien.
04:48Et la prévention aussi en amont, pour expliquer aux consommateurs, notamment chez les jeunes, ce que ça veut dire.
04:54Par exemple, on revient au sujet de santé mentale, on revient au sujet d'addiction.
04:58Je trouve qu'on ne fait pas assez attention à l'ensemble de la chaîne.
05:02On en vient au congrès du Parti Socialiste, qui va se tenir à Nancy du 13 au 15 juin.
05:06Demain, les textes d'orientation, ex-motion, seront déposés.
05:09Celui d'Olivier Fort, premier secrétaire actuel, celui de ses opposants que vous portez,
05:13et puis celui de Boris Vallaud, qui fait cavalier seul.
05:16Alors, sur le rapport de force, on dit que c'est 40% des voix qui se porteraient vers Olivier Faure,
05:2240% pour vous, 20% pour Boris Vallaud.
05:25C'est quoi ? C'est la revanche du congrès de 2023 ?
05:28Ah non, non, pas du tout, non.
05:29Alors, il n'y a aucun esprit de revanche.
05:30D'abord, le contexte a complètement changé, complètement changé.
05:33L'affiche reste la même.
05:35Ah bah non, puisque vous venez de le dire, Boris Vallaud, par exemple,
05:37qui était avec Olivier Faure, aujourd'hui, est candidat.
05:40Non, je pense qu'il faut un débat.
05:41En fait, il y a deux lignes.
05:43Il y a deux lignes assez simples, finalement.
05:45Est-ce qu'on est satisfait de l'état de la gauche et du Parti Socialiste, aujourd'hui ?
05:48Si on est satisfait, c'est le statu quo.
05:50Alors, on continue, on ne change rien.
05:52Moi, je ne suis pas satisfait.
05:54La gauche, aujourd'hui, dans son ensemble, elle fait moins de 30%.
05:57Non seulement elle ne gagne pas l'élection présidentielle,
05:59mais elle n'est même pas au second tour.
06:01Donc, est-ce qu'on ne change rien ?
06:02Ou est-ce qu'on change ?
06:03Nous, on propose qu'on change.
06:05Est-ce qu'on reste dans le flou, dans l'ambiguïté,
06:07parfois dans la compromission, il faut bien le dire,
06:09ou bien est-ce qu'on va vers la clarté ?
06:11Le flou, vis-à-vis de quoi ?
06:13Par exemple, dans les alliances.
06:15Avec Aléfi ?
06:16Oui, absolument.
06:17Je pense qu'il faut qu'on soit extrêmement clair.
06:18Mais Olivier Faure, il a acté une rupture avec...
06:21On verra.
06:21Il faut poser la question de manière très claire.
06:23Si demain, il y a une dissolution,
06:24est-ce qu'on fait encore une alliance
06:25avec des partis ou des partenaires en passé
06:29qui, aujourd'hui, prônent la brutalisation du débat public,
06:33sont dans la fracturation de la société,
06:35flirte, il faut bien le dire, avec l'antisémitisme,
06:37le populisme, le communautarisme.
06:39Pour nous, c'est clair.
06:40Moi, je veux de la clarté.
06:42Non, non, non merci.
06:44Pas d'alliance de ce type.
06:45En fait, ce qui manque au Parti Socialiste,
06:47c'est de s'affirmer, c'est d'avoir un projet.
06:49On a réussi, là, vous venez de le dire,
06:51un rassemblement qui est le plus large rassemblement.
06:54Il y avait six contributions.
06:55Il m'en prie de Valot.
06:55Est-ce que vous espérez qu'il vous rejoigne ?
06:57Bien sûr que nous sommes évidemment ouverts à cela.
06:59Vous allez discuter encore ?
07:01Vous discutez encore avec lui ?
07:01Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
07:03D'abord, on fait partie de la même famille politique.
07:04Moi, je discute avec tous les socialistes.
07:06Bien sûr.
07:07Mais ce que j'essaie de vous dire,
07:07c'est que c'est un vrai débat.
07:09Est-ce qu'on veut le statu quo
07:10ou est-ce qu'on veut le renouveau ?
07:13Est-ce qu'on veut l'ambiguïté, le flou,
07:15ou est-ce qu'on veut la clarté ?
07:17Et il y a une équipe formidable
07:18avec des nouvelles têtes.
07:19C'est pour ça que je vous dis
07:20que ça n'a rien à voir avec les congrès précédents.
07:22Je pense à Philippe Brun, par exemple,
07:23que vous avez reçu il n'y a pas longtemps
07:25dans les cas de vérité.
07:25Je pense à Karim Boamran,
07:27maire extraordinaire de Saint-Ouen,
07:29Hélène Geoffroy, maire de Vaud-en-Vla.
07:30Ce sont des communes populaires quand même.
07:32Ça parle aussi.
07:33Moi, je suis en Normandie,
07:34qui est un territoire aussi rural.
07:35Bon, voilà.
07:36Et imaginons, vous êtes élu premier secrétaire.
07:38Le lendemain, vous vous asseyez à table avec qui
07:40pour discuter de quoi ?
07:42Vous savez la vérité.
07:43Aujourd'hui, il y a plus de socialistes
07:45à l'extérieur du Parti socialiste
07:47qu'en sont sains.
07:48Donc, la première des choses à faire,
07:50c'est de remettre le Parti socialiste au travail
07:53avec les militants dans toutes les fédérations
07:55qui n'attendent que ça,
07:57qui n'ont pas été suffisamment écoutés,
07:58qui n'ont pas été suffisamment valorisés,
08:00et de travailler avec tous ceux qui sont autour
08:02dans la société civile,
08:04dans des partis, dans des conventions...
08:05Raphaël Gluckman, par exemple.
08:06Par exemple, je pense à Bernard Cazeneuve,
08:08je pense à Yannick Jadot,
08:09je pense à Benoît Hamon,
08:10il y en a beaucoup d'autres
08:11qui sont en réalité sur les mêmes valeurs,
08:13qui sont quoi ?
08:14Une gauche, un Parti socialiste,
08:16clairement à gauche,
08:17clairement républicain,
08:18résolument pro-européen
08:20et profondément laïque.
08:22Merci beaucoup Nicolas Maillard-Rossignal.
08:24Merci à vous.
08:24Merci.

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