"Il s'agit de la survie de notre pays" : François Bayrou tire la sonnette d'alarme sur la dette, mais sans donner de solution. Écoutez le sentiment de Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis (1re circonscription) et président de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale depuis 2022.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 16 avril 2025.
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00:00RTL Matin
00:02Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Thomas Vaud, recevez le député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis
00:09et président de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, Éric Coquerel.
00:12Et c'est important les finances en ce moment. Bonjour et bienvenue sur RTL, Éric Coquerel.
00:17Bon dis donc, est-ce que vous travaillez assez vous ?
00:19Je crois, ouais.
00:22Parce que François Bayrou trouve qu'on ne produit pas assez, qu'on ne travaille pas assez.
00:26Vous êtes d'accord avec ça ou pas ?
00:27Non, non, je ne suis pas du tout d'accord. Enfin, ce qu'il dit exactement, ce n'est pas que les Français pris un par un,
00:31ceux qui travaillent ne travaillent pas assez, le nombre de travailleurs est la même que, par exemple, en Allemagne et autres.
00:36C'est que globalement, il n'y a pas assez de Français qui sont en état de travail qui travaillent.
00:41Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
00:42Et ça, vous n'êtes pas d'accord non plus avec ça ?
00:44Il prend quelque chose d'assez simple. Ils regardent. Ils ont fait une réforme des retraites.
00:50Ils ont poussé de 62 à 64 ans. Et ils regardent et ils disent, entre 62 et 64 ans, tout le monde ne travaille pas.
00:56Oui, la belle découverte qu'on ne travaille pas. Parce que je vous rappelle que le taux d'employabilité des seniors, justement, il est très faible.
01:03Vous avez plus de 60 ans, c'est moins de 60 ans.
01:04Tout simplement parce que peut-être que les gens devraient être à la retraite.
01:06Il faut plus s'interroger à l'autre courbe, l'autre côté.
01:10Là, on pourra effectivement s'interroger. Mais ça a peut-être un rapport avec le fait qu'on demande aux gens de travailler toujours plus longtemps.
01:14C'est les jeunes. Effectivement, il y a un taux d'employabilité qui n'est pas très bon avant 27 ans.
01:19Ça, ça peut être un vrai problème.
01:20Mais qu'on n'aille pas à dire à des gens qui, jusqu'à maintenant, partaient à la retraite de 60 ans,
01:24vous ne partez plus à la retraite et vous ne travaillez pas.
01:26Donc, il faut travailler plus. Vous voyez bien que c'est aberrant.
01:29Au-delà de cette phrase, qu'est-ce que vous retenez de l'intervention de François Bayrou hier ?
01:33Vous étiez sur place.
01:35Écoutez, d'abord, j'ai été assez étonné, premièrement, parce que vous savez qu'on nous a fait un grand coup de communication.
01:42On nous a dit, maintenant, tout va changer par rapport à ce qui s'était passé en 2024,
01:46où les prévisions n'ont pas eu tout correspondu aux chiffres.
01:49J'ai fait une commission d'enquête qui a rendu son dossier hier.
01:51Donc, on va beaucoup plus associer les parlementaires, les syndicats, les organisations.
01:56C'est ce qu'il a fait hier.
01:56Oui, sauf que ce qui était étonnant, c'est que la réunion du matin qu'on a eue avec Éric Lombard
02:02n'avait aucun rapport avec ce qui a été dit par M. Bayrou.
02:05C'est un peu bizarre.
02:06Vous avez vu l'économie avant et après, il y avait...
02:08Non, le matin, c'était sur 2025, les budgets.
02:11Et l'après-midi, il nous a fait un grand plan à la US pour nous dire, en gros,
02:15voilà, il y a un cyclone, il y a un tsunami, il y a un ouragan,
02:19et on ne va rien changer, on fait la même politique.
02:21On va baisser les dépenses publiques, alors que chacun sait que...
02:24Il n'a pas dit tout à fait ça.
02:25Il a dit, je vous dirai, d'ici juillet, sur quoi je mise pour aller chercher ces fameux 40 milliards d'économies.
02:32Il a raison de prendre son temps ? Il joue la montre ?
02:34Non, non, il a dit ça, excusez-moi, il a dit ça à Thomas Soto.
02:37Ce que je veux dire par là, c'est que depuis 2017, on a perdu environ 3 points de recettes
02:42qui ont été favorisés les plus riches.
02:44C'était la logique de la politique de M. Le Maire et de M. Macron,
02:48c'est de dire, si vous avantagez les capitaux, ça va ruisseler dans l'économie.
02:51Ça n'a pas ruisselant l'économie, tous les chiffres sont en train de s'aligner vers le bas.
02:55Et donc, par rapport à ça, on pourrait se dire, si on veut réduire la déficit,
02:58puis si on veut peut-être aussi, parce qu'il en a reparlé, permettre...
03:02Moi, ce n'est pas mon opinion, je pense qu'il ne faut pas mettre plus dans l'armement,
03:05mais eux le disent.
03:06Moi, je pense qu'il faut mettre plus dans l'écologie, pour investir.
03:08Il dit 3 milliards de plus pour la défense.
03:09Si on dit tout ça, peut-être qu'il faut aller chercher du côté des recettes qui nous manquent.
03:13Pas baisser les dépenses publiques.
03:14Juste, pardon, sur les 3 milliards pour l'armement, pour la défense,
03:17vous n'êtes pas d'accord ?
03:18Ça ne vous soutenait pas ?
03:18En fait, en réalité, déjà, ça montre qu'on est loin des 100 qui avaient été annoncés en 2030
03:23par rapport aux 70 qui sont prévus pour la programmation militaire.
03:27Ça dépend pour quoi faire.
03:27Moi, si c'est pour assurer la défense du territoire, pas de problème.
03:31Si c'est pour que la France, en réalité, j'allais dire,
03:36participe à cette espèce de montée en puissance de blocs
03:40avec toujours plus de production d'armement,
03:42dont il faudra bien un jour trouver des débouchés,
03:44et donc avec des logis guerrières, je ne suis pas d'accord.
03:46Mais moi, ce qui m'inquiète plus, là,
03:49laissons de côté, les Allemands mettent 500 milliards d'investissement
03:52pour leur économie, notamment pour l'armement
03:55qui va certainement remplacer en partie leur industrie automobile.
03:58Nous, c'est quoi ? Nous, on fait une politique d'austérité.
04:00Voilà. On va baisser les dépenses publiques,
04:02ça va avoir un effet récessif.
04:04On ne va pas répondre aux besoins des Français en matière de logement,
04:06d'éducation, d'écologie,
04:08et on va être encore à la traîne.
04:10Donc, c'est une politique qui ne tient pas compte
04:12qu'on a changé de moment.
04:13Comment vous faites, vous, pour trouver ces économies,
04:15ces 40 milliards, pour rester dans les 4,6% de déficit ?
04:18D'abord, c'est important de rester dans les 4,6%.
04:20Premièrement, je pense que l'urgence
04:23n'est pas forcément de dire
04:25qu'il faut à tout prix réduire les déficits.
04:26Je ne dis pas qu'il faut cultiver la dette pour la dette.
04:28Mais on peut les laisser filer ?
04:30C'est marrant, parce que vous me passez d'une logique
04:32qui est de dire qu'il faut les laisser filer.
04:34Je pense que l'urgence n'est pas forcément
04:36de les diminuer là, au moment où nous parlons,
04:39au moment où on voit bien qu'avec
04:40la désorganisation qu'amène Donald Trump,
04:43les problèmes de récession,
04:44la consommation populaire, par exemple,
04:46il est absolument urgent qu'en France,
04:48c'est le moteur de l'économie.
04:49Il faut qu'elle reste.
04:50Or, quand vous baissez les dépenses publiques,
04:52c'est peut-être un peu difficile à comprendre,
04:54mais en fait, en réalité,
04:55vous jouez sur l'activité économique
04:56et sur la consommation.
04:58Donc, ce n'est peut-être pas l'urgent.
04:59On a 58 milliards de charges de la dette.
05:0158 milliards de charges de la dette,
05:02c'est moins 0,3% de l'inflation.
05:05Autrement dit, la dette augmente moins
05:07que l'inflation.
05:08Donc, je ne dis pas qu'il faut le cultiver,
05:10encore une fois, entendons bien,
05:12mais je pense que ce n'est pas l'urgence absolue.
05:14Il faut être un peu plus souple.
05:15Et si, voilà, je pense que l'urgence absolue,
05:17c'est de soutenir l'activité économique,
05:19donc d'investir.
05:20Donc, ce n'est pas forcément
05:21d'avoir les yeux rivés sur la dette.
05:23Et d'ailleurs, Éric Lombard,
05:24le 4 avril, dit la même chose.
05:26Et puis, là, tout d'un coup,
05:27on lui a tapé sur les doigts
05:29pour lui dire, non, ça ne va pas,
05:31tu ne peux pas faire ça.
05:32Mais maintenant, il est revenu
05:33sur un discours plus classique.
05:35Je pense qu'on ne doit pas se produire.
05:37Et puis, surtout,
05:37si on veut réduire les déficits,
05:39y investir,
05:40moi, je pense qu'on peut très facilement
05:41trouver 40, 50, voire 60 milliards d'euros
05:44dans les cadeaux fiscaux
05:45qui ont été faits aux plus riches
05:46depuis des années.
05:48Par l'impôt, par la fiscalité,
05:50par moins de crédit d'impôt,
05:51par certainement réduire
05:53des aides aux entreprises
05:54ou en tout cas de les conditionner.
05:56Non, c'est un tenable
05:57pour les plus riches.
05:58Excusez-moi,
05:58les gens qui ont gagné
06:00de l'argent dans ce pays
06:01depuis 2017,
06:02c'est, on va dire,
06:04les 1 à 2 % les plus riches.
06:06Alors, ils ont tellement gagné,
06:07ça va peut-être paraître incroyable
06:09pour les gens qui nous écoutent,
06:10mais ils ont tellement gagné
06:10que ça coûte
06:12des dizaines de milliards d'euros
06:13à l'État.
06:14Donc, moi, je demande une chose,
06:15c'est qu'on aille
06:16leur reprendre un peu
06:17cet argent qu'ils ont gagné
06:17depuis 2017,
06:19qu'ils fassent un effort
06:20et qu'on le mette dans l'économie
06:21et ça permettra
06:21d'éviter de baisser
06:22les dépenses publiques.
06:23Éric Coquerel,
06:23le patron du Medef,
06:24Patrick Martin était lui aussi
06:25à la réunion avec François Bayrou,
06:26il dit qu'il faut tailler
06:27dans les dépenses de santé,
06:29il y a du gras par là,
06:30il faut aller chercher.
06:31Il prend l'exemple
06:31de la vaccination gratuite
06:32et il dit
06:33quand un patient refuse
06:34de se faire vacciner
06:35mais qu'il tombe malade derrière,
06:36il doit payer les soins.
06:37Oui, oui, enfin bon.
06:39Globalement,
06:40ce qu'il ne dit pas,
06:41c'est qu'en réalité,
06:42quand on creuse,
06:43ils veulent remettre en question
06:44le système assurantiel
06:46et le système de la sécurité sociale.
06:47Universel ?
06:48Universel,
06:49c'est ça qui est derrière.
06:49Où chacun cotise pareil
06:50et paye pareil.
06:51Par exemple,
06:51d'ailleurs,
06:51ça a été repris
06:53par François Bayrou
06:55qui n'a pas exclu
06:57le fait qu'à l'avenir,
06:58les plus riches
06:59soient moins remboursés.
07:00Je suis totalement
07:01en train de faire ça.
07:01Ce qui s'est en Allemagne,
07:02est-ce que suggère
07:02la Cour des comptes ?
07:03Oui, mais nous,
07:03on a la sécurité sociale
07:04issue du Conseil national
07:05de résistance
07:06qui nous a permis
07:07d'avoir un système de santé
07:08ou mine de rien quand même.
07:10Vous pouvez vous faire soigner
07:10dans ce pays
07:11si vous n'avez pas
07:12les moyens théoriques
07:13de vous faire soigner.
07:14Ce n'est pas une bonne idée
07:15de faire soigner
07:16les plus riches ?
07:17Pour que ça,
07:18ça tienne,
07:19il faut que
07:20ceux qui cotisent,
07:21ceux qui sont très riches,
07:22aient le droit aussi
07:23au même service.
07:24Parce que s'ils n'ont pas
07:25le droit au même service,
07:25ils diront
07:26écoutez, c'est bien gentil,
07:28vous faites ce que vous voulez,
07:29mais moi,
07:30ça va me coûter moins cher
07:31d'aller prendre
07:31une assurance privée.
07:32Je ne suis pas d'accord
07:33avec ça.
07:34Je pense que c'est
07:34une remise en question
07:35extrêmement grave
07:36de ce système de santé.
07:37Ce n'est pas seulement
07:38une question de principe.
07:39Figurez-vous,
07:40ça fonctionne.
07:40aux Etats-Unis,
07:42par exemple,
07:42où il n'y a pas
07:43ces systèmes-là,
07:44vous pouvez vous retrouver
07:44demain si vous êtes malade
07:46à ne pas pouvoir
07:46vous faire soigner
07:47si vous n'avez pas d'argent.
07:48Je ne suis pas d'accord
07:48avec ce système-là.
07:50Et donc,
07:50je ne suis pas pour démolir.
07:51Donc voilà,
07:52ça, c'est une de mes réactions.
07:53Et par rapport
07:55au président du MEDEF
07:56dont vous m'avez parlé,
07:58moi, il est bien gentil.
07:59Je l'ai entendu hier.
08:00C'était un de vos confrères,
08:01il a dit cette phrase.
08:03Enfin,
08:03il n'y a qu'un corps
08:04de la population
08:05sur lequel il estime
08:06que c'est absolument normal
08:08qu'il ne contribue à rien.
08:10C'est justement,
08:10non pas les entreprises.
08:12Parce que je ne mets pas
08:13sur le même plan
08:13une PME,
08:14TPE,
08:14Artisan,
08:15et les très grosses entreprises
08:16qui ont des actions,
08:17des dividendes et autres.
08:18Mais c'est ceux
08:19qui ont largement bénéficié
08:20des cinq années
08:22qu'on vient de voir,
08:23notamment à travers les dividendes.
08:24Bon,
08:24l'objectif pour vous,
08:25c'est de faire tomber François Bayrou,
08:26c'est de renverser ce gouvernement ou pas ?
08:28L'objectif,
08:28c'est d'en finir
08:29avec la politique appliquée
08:30parce que je pense
08:30qu'elle est mauvaise.
08:30Donc de le censurer ?
08:31Je ne connais pas d'autre moyen
08:32que de faire tomber le gouvernement
08:33démocratique.
08:35Ce qui permettra peut-être
08:36qu'on ait enfin un gouvernement
08:37qui corresponde au vote
08:38de juillet dernier.
08:39Ce n'est pas le cas,
08:39je vous rappelle.
08:40Quelques mots pour finir
08:41sur la situation avec l'Algérie.
08:42Le torchon brûle toujours
08:43entre Paris et Alger.
08:4512 fonctionnaires
08:45expulsés par Alger hier.
08:47Riposte identique côté français.
08:50Paris qui décide également
08:51de rappeler son ambassadeur.
08:52On a raison.
08:53C'est la bonne attitude.
08:54Non,
08:55je ne crois pas.
08:55Et ce que je ne comprends pas,
08:56c'est à quel point
08:58Bruno Retailleau
08:59peut,
09:00comme ça,
09:00enfreindre
09:01la ligne tenue.
09:02C'est pas Bruno Retailleau là ?
09:04C'est lui le problème là ?
09:05Je pense que celui
09:06qui à un moment donné
09:07décide qu'on arrête
09:08trois personnes
09:09dans l'ambassade
09:10en urgence
09:10alors même que
09:11les deux présidents
09:13d'Algérie
09:13et de la France
09:15avaient commencé
09:16à entamer
09:16un apaisement.
09:18Alors l'apaisement,
09:19ça veut dire
09:19qu'il faut rediscuter
09:20en termes de diplomatie,
09:22ne pas faire des coups
09:22comme ça.
09:24Vous n'êtes pas
09:25instrumentalisé par l'Algérie
09:26quand vous reprenez
09:27les armes
09:28du gouvernement algérien
09:28dans ces Retailleau ?
09:28Non,
09:29instrumentalisé par rien du tout.
09:30Je ne dis pas
09:31que qui a raison
09:32qui a tort.
09:32Ce que je sais simplement
09:33c'est qu'on sait très bien
09:34qu'avec l'Algérie
09:35si vous décidez
09:37d'arrêter
09:38trois de leurs membres
09:39de leur ambassade
09:40il y aura
09:40inévitablement
09:41des représailles.
09:42On le sait
09:42c'est comme ça
09:43que ça fonctionne.
09:44Donc soit
09:44on veut apaiser
09:45réellement les relations
09:46par rapport à ce qui s'est passé
09:47depuis l'été dernier.
09:49Ils ne veulent pas reprendre
09:49des OQTF
09:50Ils ne veulent pas...
09:50Comment voulez-vous
09:52le savoir ?
09:53D'abord vous savez que...
09:54Parce qu'il y en a
09:54qui ont pris l'avion
09:55dans un sens
09:55Vous savez que M. Retailleu
09:57est au Maroc là.
09:58D'accord.
09:59Il n'y a pas plus
09:59moins de QTF repris
10:01et de laisser passer consulaire
10:03au Maroc,
10:04en Tunisie,
10:04au Mali
10:05qu'en Algérie.
10:06Voilà.
10:06Donc arrêtons
10:07de mettre
10:08les choses
10:09les pires en avant
10:10pour essayer de penser
10:11à une tension.
10:12On va aller jusqu'où
10:12comme ça ?
10:13C'est quoi notre intérêt ?
10:14Notre intérêt
10:15alors même qu'il y a
10:16des conflits ailleurs
10:16notamment en Europe
10:17c'est de plutôt
10:19avoir des relations
10:19apaisées avec nos voisins
10:21avec qui on a
10:21beaucoup de relations
10:23notamment un certain nombre
10:24de millions de personnes
10:25qui ont la double nationalité.
10:27Merci beaucoup
10:28Eric Coquerel
10:28d'être venu sur RTL ce matin.
10:29Vous restez pour...