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La nomination du gouvernement a de nouveau été repotée. François Bayrou est-il dans l'impasse ? Pour en parler, Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis (9e circonscription) et Présidente de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.
Regardez L'invité de RTL Matin avec Olivier Boy du 23 décembre 2024.

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Transcription
00:006h-9h, RTL Matin, avec Olivier Bois.
00:04Et on m'accueille sur RTL, le patron de Lidl, je vous le disais, donc Michel Biraud, bonjour monsieur.
00:09Bonjour Olivier.
00:10Donc nous sommes le 23 décembre, évidemment, on l'entend sur RTL, c'est la dernière ligne droite avant le réveillon de Noël demain d'abord.
00:18Est-ce que c'est le cas dans vos magasins aussi ? Les gens sont prévoyants que c'est vraiment vraiment le rush, le dernier jour avant fermeture.
00:26Alors cette année, il y a eu les deux écoles, donc il y a eu ceux qui ont prévu et qui ont fait leur course il y a déjà 10 jours, 15 jours,
00:34et il y a toujours les derniers, et c'est vrai qu'aujourd'hui et demain vont être deux journées très très très très fortes pour la distribution et dans nos magasins.
00:42Donc on est prêts, on les attend, et en tout cas les clients cette année, c'est vrai qu'il y a eu cette inflation, même si dans l'alimentaire nous sommes en déflation aujourd'hui,
00:50malgré tout on sent que l'achat plaisir n'y est plus comme l'an passé, même si les jouets, vous voyez les jouets en bois par exemple, ça a bien bien fonctionné,
00:58mais il y a un recul, c'est net, les gens veulent malgré tout se faire plaisir et vont aller acheter les foie gras, les saumons et autres huîtres pour le réveillon de demain soir.
01:09On va en parler dans le détail effectivement, l'inflation, les mois à venir, ça nous intéresse beaucoup, évidemment vous avez un oeil dessus,
01:15mais c'est vrai que les grandes tendances que vous avez vues pour ce Noël-là, qu'est-ce que vous diriez là-dessus ?
01:22Je pense que les clients vont plutôt sur les petits prix, donc c'est vrai qu'on a fait de gros gros efforts sur nos marges pour essayer de baisser les prix au maximum,
01:35pour essayer de faire venir les clients dans nos magasins, parce qu'on sent vraiment qu'ils veulent se faire plaisir, mais ils ne peuvent plus dépenser les prix qu'ils dépensaient les années passées.
01:49C'est ça, il y a toujours un budget sanctuarisé où c'est de volonté de se faire plaisir, mais par rapport effectivement à l'hyperinflation qu'on a connue il y a deux Noëls,
01:58celui de l'année dernière était aussi marqué par la hausse des prix, il n'y a pas de marge de manœuvre financière qui se sont dégagées, vous n'avez pas cette impression-là, ça reste toujours extrêmement contraint,
02:07et disons que le panier moyen n'a pas forcément augmenté ?
02:10En fait le panier a plutôt diminué et c'est la fréquence qui a augmenté, c'est-à-dire que les gens viennent plus souvent et dépensent moins, et comme ça ils ont plus une impression de faire des économies.
02:19Forcément ils font des arbitrages, c'est-à-dire que là où avant ils se faisaient plaisir sur des produits non alimentaires, aujourd'hui ils vont se concentrer sur l'alimentaire.
02:30Et pendant ces fêtes, vous l'avez dit, ils réservent malgré tout un budget pour les jouets, et on le voit dans nos ventes de jouets qui ont performé cette année,
02:39on est sur le même niveau que l'an dernier ou il y a deux ans, donc on voit clairement qu'ils réservent un budget pour ces fêtes et ils veulent se faire plaisir.
02:47Je pense qu'ils ont passé une année qui n'a pas été simple, et on sent qu'ils veulent se faire plaisir.
02:52Et qu'est-ce qu'ils achètent pour le menu de demain par exemple, les grandes tendances ?
02:58Olivier Dauvert par exemple qui nous donne les secrets de la Conso tous les jours nous disait que la volaille avait la cote, est-ce que c'est le cas chez vous ?
03:05Qu'est-ce que vous voyez comme tendance se dessiner pour demain ?
03:08Alors rappelez-vous l'an dernier, la volaille il y en avait très peu, le foie gras il y en avait très peu parce qu'il y avait la grippe aviaire et donc on a eu beaucoup de difficultés d'approvisionnement.
03:17Cette année le foie gras est revenu dans les étals, les volailles également, et j'ai envie de dire que c'est assez classique quand même en France.
03:24C'est le foie gras, le saumon, ça c'est vraiment les stars de la table du réveillon, foie gras, saumon, huîtres en entrée.
03:32Alors même certains se font plaisir, on a du caviar aujourd'hui dans nos rayons à même pas 9 euros la petite boîte.
03:38Et ensuite bien sûr les volailles, le chapon, la pintade, tous ces produits-là sont les produits stars.
03:45Et les crustacés, les crustacés viennent de façon assez importante, que ce soit du tourteau entier, que ce soit des gambas ou autres noix de Saint-Jacques, ça, ça marche bien.
03:57Mais on reste assez classique quand même en France.
04:00Michel Biraud, patron de Lidl, je voulais vous poser la question, effectivement vous avez commencé à l'évoquer, le contexte d'inflation qu'on connaît et qui reste tout de même sur un plateau.
04:10Je lis un titre du journal Le Figaro, industriel distributeur face au défi d'une consommation qui ne repart pas.
04:17Vous êtes d'accord avec ce constat-là, la consommation ne repart pas malgré cette inflation qui a ralenti quelque part seulement ?
04:26Alors encore une fois, l'inflation en général ralentit, dans l'alimentaire elle est en recul depuis maintenant plus de 10 mois et Olivier Dauvert le dit souvent sur vos antennes.
04:35Mais en tout cas chez nous, on a un nombre de clients qui augmente, un nombre d'unités vendues, de passages en caisse qui augmentent, donc on sent quand même des notes positives.
04:47C'est vrai que 2024 a été difficile, 2023 a été compliqué, je suis très optimiste et je pense que 2025 ça va repartir.
04:56Les gens vont consommer différemment, encore une fois ils priorisent l'assiette plutôt que des achats plaisir, ils vont faire plus attention.
05:05Mais je pense qu'ils veulent malgré tout et ils vont revenir je pense en 2025 pour que la consommation, en tout cas dans l'alimentaire, redémarre et qu'on retrouve des niveaux d'il y a 2 ans, 3 ans.
05:17Donc sur les prix, à quoi est-ce qu'on peut s'attendre pour les mois qui viennent peut-être ?
05:21Si on prend les produits qui ont énormément augmenté ces derniers mois et ces dernières années, sur la viande, sur le sucre, sur l'huile par exemple, ça va ressembler à quoi les 6 prochains mois pour le portefeuille des Français ?
05:34Il faut des baisses et c'est ce que nous sommes en train de chercher dans les négociations avec les multinationales et surtout les multinationales qui, les deux dernières années, n'ont passé que des hausses.
05:46Alors certes, parfois justifiées et parfois non.
05:49Hiroshima a baissé là, vous avez l'impression, parce que vous avez été l'un de ceux, y compris sur Airtel, à nous dire qu'on ne reviendra pas au niveau d'il y a 2 ans.
05:56Pourquoi ? Parce qu'on va en profiter pour faire un peu plus de marge maintenant que quelque part le consommateur s'est habitué à ce prix-là ?
06:03Nous n'avons jamais fait aussi peu de marge dans la distribution aujourd'hui parce que nous rognons nos marges pour offrir des pouvoirs d'achat aux consommateurs.
06:11Non, je pense, et je le redis, on ne reviendra pas sur les prix d'il y a 2 ans parce que les salaires ont augmenté, l'énergie a augmenté, il y a eu énormément de hausses sur toutes ces dépenses qui sont nécessaires et qui sont des dépenses obligatoires pour les Français.
06:25Donc on ne reviendra pas, les salaires ont augmenté, on ne reviendra pas aux prix d'avant.
06:29Par contre, nous on est, encore une fois, notre travail c'est de protéger le pouvoir d'achat des Français et on rogne sur nos marges.
06:36Donc les prix sont en train de baisser.
06:37Et les industriels, les multinationales dont vous parliez alors qu'on vous attaquait, vous êtes en pleine négociation sur les prix de l'année prochaine, est-ce que tout le monde joue le jeu à ce niveau-là ?
06:46Non, tout le monde ne joue pas le jeu et c'est pour ça qu'on réclame de la transparence, il faut beaucoup plus de transparence dans les relations commerciales, dans les discussions entre distributeurs et industriels.
06:56Donc aujourd'hui, les multinationales viennent avec beaucoup de hausses, mais on va se battre pour leur demander des baisses et surtout qu'ils les justifient ces hausses.
07:04J'allais vous poser la question, comment est-ce qu'ils justifient ces hausses ? Alors que là, justement, on a l'impression, d'après ce que vous nous dites, qu'elles ne sont pas justifiées précisément parce que la hausse des prix ralentit.
07:16Très souvent, elles ne sont pas justifiées et très souvent, ils ne les argumentent pas.
07:20Et c'est notre travail de négociateur, on veut de la transparence et c'est ce que nous demandons tous les jours à ces gens.
07:26Après, il reste des produits comme le cacao qui explose, donc tout ça, on est parfaitement conscient et on connaît ce type de marché et donc on répondra.
07:36Mais de façon générale, après deux ans, et vous l'avez dit, d'hyperinflation, il faut aujourd'hui que les prix baissent, il faut que les multinationales jouent le jeu et redonnent du pouvoir d'achat aux Français.
07:46Et une France sans gouvernement, pour le moment en tout cas, sans budget et qui tarde à arriver, ça va continuer à être négocié, est-ce que ça pèse sur votre activité ?
07:56Alors, au quotidien, ça ne pèse pas dans nos magasins, mais c'est vrai que nous avions des relations assez étroites avec les différents ministères et je vous avoue que depuis 6-7 mois, enfin depuis la dissolution du mois de juin, c'est plus de son, plus d'image.
08:10Donc il y a une espèce d'instabilité qui règne, qui n'est bien évidemment pas propice à la consommation et qui n'est pas bonne pour les Français.
08:18Donc on a hâte de voir ce nouveau gouvernement, en espérant qu'ils vont rapidement voter ce budget, parce que forcément, il y a tellement de sujets sur la table.
08:27Il y a la colère des agriculteurs, il ne faut pas l'oublier, à qui on a promis énormément de choses il y a exactement un an.
08:34Ces promesses n'ont pas été tenues, parce que dissolution, parce que changement de gouvernement et aujourd'hui, cette instabilité pèse.
08:41Donc il faut effectivement, rapidement, qu'on revienne à des choses un peu plus normales.
08:45Et sur un autre sujet important dont on parle beaucoup, puisque vous évoquez vous-même les agriculteurs, sur les négociations à propos de l'accord de libre-échange avec les pays d'Amérique latine du MERCOSUR.
08:54Qu'est-ce que vous ferez, Lidl, dans les mois à venir, si jamais l'accord se conclut ?
09:00Il y a énormément de viandes brésiliennes, par exemple du poulet, du bœuf, qui arrivent sur le marché. Vous en vendez-vous dans vos magasins ?
09:07Est-ce que l'obsession du prix et d'offrir à vos clients des produits pas chers, ça passe forcément par proposer ce genre de produit qui vient de l'étranger et qui ne subit pas les mêmes coûts de production ?
09:19Non, absolument pas. On n'a jamais vendu chez Lidl un seul poulet en provenance du MERCOSUR, et nous ne le ferons jamais, pas plus que mes collègues de la distribution.
09:27On n'est jamais allé chercher du poulet du MERCOSUR, ce serait une aberration.
09:32Le MERCOSUR, le problème, il y a plusieurs problèmes. C'est d'une, la restauration collective.
09:38Ça, c'est un vrai problème, parce que ce sont des produits transformés, et souvent, les poulets viennent du Brésil.
09:43Mais au-delà de ça...
09:44Donc dans les plats cuisinés que vous vendez, par exemple, là, il peut y en avoir ?
09:49Non, absolument pas. Dans la distribution, encore une fois, il n'y a pas de produit en provenance du MERCOSUR. Il n'y en a jamais eu et il n'y en aura jamais.
09:56Par contre, la problématique du MERCOSUR, il faut la voir différemment.
10:00Le problème aujourd'hui, c'est que les agriculteurs, et à juste titre, ne sont pas contents des produits qui viennent de ces pays, mais on n'a pas besoin d'aller jusqu'au MERCOSUR.
10:08On peut rester en Europe. Il faudrait des clauses miroirs.
10:12Je ne suis pas contre ou pour le MERCOSUR. Je dis juste que si le traité est signé, il faut des clauses spéciales pour le monde agricole.
10:19Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si demain, il y a des tomates qui viennent de l'autre bout de la planète, ou même, on peut parler de l'Espagne, qui viennent en France,
10:27il faut qu'elles soient soumises aux mêmes normes que la production française.
10:31Et c'est ça, le problème. Les agriculteurs ne sont pas contre le libre-échange, eux-mêmes exportent des produits.
10:38Ce qu'ils veulent surtout, c'est qu'il y ait une totale transparence, et surtout, les mêmes normes pour les importations qui se font en France par rapport à leur propre production.
10:47Ce qui est tout à fait logique et plein de bon sens.
10:50Michel Miro, une dernière question sur les tickets restaurants.
10:52Là encore, c'est une conséquence un peu de cet immobilisme et de ce budget, de ces lois qui ne peuvent pas être votées.
10:58Normalement, ça devait être prolongé, pouvoir payer avec des tickets restaurants ces courses à partir du 1er janvier.
11:04Comme la loi n'est pas votée, on ne sait pas exactement où on en est, ce sera quoi dans vos magasins ?
11:09Quelle sera la règle ?
11:10Techniquement, c'est assez compliqué, parce qu'on a le droit à partir du 1er janvier de les accepter pour du snacking,
11:18donc pour des sandwiches, pour une boisson qu'on peut emmener et qu'on peut consommer immédiatement.
11:22Et on n'aura plus le droit de les utiliser, soi-disant, pour les produits de première nécessité.
11:27Il faut savoir qu'en 2023, c'est plus de 6 millions de clients qui utilisaient les tickets ou les titres restaurants pour faire leurs courses dans les supermarchés.
11:36Ça aussi, c'est enlever du pouvoir d'achat aux Français.
11:38Et donc, ça aussi, on parlait de cette instabilité, il est urgent que le gouvernement se mette en place et qu'on peut l'utiliser.
11:47Concrètement, dans les magasins, je pense que ça va être difficile.
11:51On a passé le message, bien évidemment, dans l'ensemble de nos 1600 magasins, mais ça va être difficile de respecter que certaines caissières ou certains caissiers ne les acceptent pas.
12:03Merci beaucoup, Michel Biraud, d'avoir été avec nous ce matin sur RTL.
12:06Je rappelle que vous êtes le patron de l'enseigne Lidl et que vous vous préparez aux grands rushs de Noël, ces deux prochains jours avant le réveillon.
12:14Merci à vous, bonne journée, à bientôt.
12:16Merci beaucoup.

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