Budget : le Rassemblement national fixe une nouvelle ligne rouge. Regardez l'interview de Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, membre de la commission mixte partitaire.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 31 janvier 2025.
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00:00RTL Matin
00:04Tout de suite l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez ce matin Jean-Philippe Tanguy,
00:08le député RN, de passage par notre studio avant de retourner,
00:12dès 8h30, s'enfermer pour une durée indéterminée avec les autres
00:16parlementaires, membres comme lui de cette commission mixte paritaire.
00:19Bonjour et bienvenue sur RTL, Jean-Philippe Tanguy. Bonjour Monsieur Soto.
00:22Monsieur Bayrou est un vieux renard, c'est vous qui l'avez dit il y a quelques jours,
00:25c'est un compliment que vous lui avez fait là ou pas ?
00:28Dans la tradition française, dire que quelqu'un est un renard c'est à la fois un compliment
00:31et avec un peu de malice, c'est-à-dire que moi je veux reconnaître,
00:35et aussi alerter au passage les françaises et les français,
00:38que le budget qu'a fait Monsieur Bayrou est beaucoup plus malin,
00:41vicieux selon le regard qu'on a, parce qu'il a effacé toutes les aspérités.
00:45Vicieux ? Oui, il a effacé toutes les aspérités, je l'ai parlé d'un ectoplasme,
00:49c'est un peu fantomatique, donc on a quelque chose qui est très mauvais,
00:53tout le monde sait qu'il est mauvais, il hante le Parlement,
00:56mais on ne sait pas trop quelle forme il a, il n'y a pas d'impôts très élevés
01:00qui pourraient faire peur aux gens, il n'y a pas de mesures de coupe
01:04qui pourraient effrayer par exemple les fonctionnaires.
01:06C'est un budget pour rien et pour fâcher personne ?
01:08Exactement, pour rien qui pèse lourd quand même,
01:10parce que pour par exemple 1 euro d'économie, vous avez 9 euros d'impôts en plus.
01:14Mais c'est tellement dispersé dans des mini-taxes, des mini-contributions,
01:18que c'est très difficile pour les parlementaires d'alerter,
01:21surtout quand vous avez le Parti Socialiste qui trahit tous ses engagements électoraux
01:25pour des chèques aux collectivités territoriales pour préparer les municipales.
01:28Parce que moi je le dis ça depuis presque un mois,
01:31hier j'ai assisté à un carnet de chèques,
01:33et pour les régions, et pour les départements, et pour la mobilité,
01:36et pour les communes, et pour les intercos, des centaines de millions d'euros,
01:40je crois qu'en tout on est à 3 milliards d'euros qu'on a versés aux collectivités territoriales,
01:46pas les petites communes rurales je vous le dis tout de suite,
01:48les métropoles, les régions, pour préparer les municipales des socialistes
01:52pour acheter les clientèles, parce que quand on me dit
01:55oui on a 50 millions pour les enseignants c'est très bien,
01:57j'ai pris les 50 millions pour les enseignants,
01:59mais 50 millions pour les enseignants ça cache 3 milliards pour les collectivités territoriales,
02:03et comme par hasard je n'ai pas vu le PS en faire état hier à la conférence de presse.
02:07Mais du coup vous allez faire quoi avec ce budget que vous qualifiez de vicieux ?
02:10Vous allez vous y opposer ? Vous allez faire tomber le gouvernement ?
02:13C'est quoi votre ligne là ?
02:14Bah écoutez, on proposera avec mes collègues de la commission financière d'analyse de ce budget,
02:19Marine Le Pen et Jean-Denis Bardella.
02:21Vous venez de la faire là l'analyse ?
02:23Oui mais après il faut faire l'équilibre pour ce que ça coûte pour la France de ne pas avoir de budget.
02:30La censure du budget c'est pas un gadget, c'est pas une anecdote.
02:33Mais c'est une hypothèse ? Est-ce que c'est une hypothèse pour le RN ce matin ?
02:36Ça a toujours été une hypothèse.
02:37Moi, les commentateurs et une fois plus les entourages de M.Berroux,
02:42comme l'entourage de M.Barnier,
02:44qui ne comprend pas que le RN ne met jamais rien sur la table au hasard,
02:48qu'on fait ce qu'on dit et on dit ce qu'on fait,
02:51là, ça me rappelle quand même un peu ce qui s'était passé au moment du projet de loi de finances de la sécurité sociale avec M.Barnier,
02:58où l'entourage de M.Bernier, qui ce qu'on disait n'avait pas beaucoup d'importance,
03:03qui courait encore derrière les socialistes,
03:05et puis c'est le RN qui a décidé à l'époque de censurer,
03:08puisqu'il y avait notamment un manque de sérieux sur les retraités.
03:12Là je vous écoute et je me dis, on est à la moitié de la commission mixte paritaire à peu près,
03:16vous y retournez tout à l'heure avec les 13 autres parlementaires à partir de 8h30,
03:20je me dis, il n'est pas emballé par le budget et je ne serais pas étonné qu'il vote la censure.
03:24Est-ce que je vais trop loin ou pas ?
03:26Est-ce qu'il y a des lignes rouges encore ?
03:28Il y a toujours eu des lignes rouges.
03:30Par exemple, vous savez qu'il y a des lignes rouges qui ne sont pas dans l'actualité.
03:34Et ça, ce n'est pas de ma faute.
03:36Par exemple, l'enjeu du nucléaire.
03:38Alors je suis désolé, c'est un peu technique,
03:40mais vous avez dans ce budget le sort de l'électricité nucléaire pour les 10 prochaines années,
03:44avec l'article 4.
03:46Et moi j'alerte les gens, j'ai fait mes petits calculs.
03:48Pour moi, si cet article passe, ça veut dire dans la décennie qui vient,
03:51une augmentation du prix de l'électricité pour les entreprises, pour les ménages, encore de 10%.
03:56Sauf que cet article 4, il a été voté hier, on est d'accord ?
03:58Malheureusement, il a été voté hier.
04:00D'ailleurs, à part le Rassemblement national, personne n'a alerté là-dessus.
04:03Les républicains qui depuis des années disaient,
04:05oui, c'est très grave, le marché de l'électricité pour les entreprises, on perd des industries.
04:09Ils ne sont pas moustés, ils n'ont pas dit un mot sur cette dérive.
04:12Ça veut dire, pardon, c'est important ce que vous dites,
04:14ça veut dire que si cet article 4 qui a été voté par la majorité de la CMP hier
04:18est dans le projet de loi de finances qui sortira de cette CMP,
04:22vous censurerez le gouvernement ?
04:24Pour moi, c'est un élément très difficile et très dur bloquant,
04:27et donc je solliciterai, enfin j'alerterai, évidemment mon groupe,
04:31sur la gravité de cette mesure, mais je pense que mon groupe le sait déjà, on en avait déjà parlé.
04:35Pardon, mais votre réponse n'est pas très claire.
04:36Mais parce que ce n'est pas moi qui décide.
04:38Mais votre conviction à vous, vous êtes le monsieur économiste.
04:40Moi, ma conviction, c'est que la France ne pourra pas se remettre
04:43d'une prolongation de ce dispositif européen,
04:47et du fait, si vous voulez, c'est comme si l'Arabie Saoudite perdait le contrôle de ses puits de pétrole.
04:51Donc votre conviction, c'est que si...
04:52La France perd le contrôle de son parc nucléaire.
04:53Votre conviction, c'est que si cet article figure dans le budget,
04:56comme c'est le cas ce matin, comme ça a été voté hier par la CMP, en tout cas adopté,
05:00vous dites, il faudra censurer le gouvernement.
05:02Moi, je pense que c'est un élément de gravité qui devrait nous mener à refuser ce budget,
05:07et là, je m'adresse quand même au gouvernement Beyrou.
05:09Notre demande, non seulement, c'est 0 euros de dépenses publiques,
05:12mais c'est pour protéger l'économie française.
05:14On ne demande pas de chèque, nous.
05:15Moi, je pense que cet article 4 devrait sortir du budget
05:19et faire lieu d'une discussion parlementaire, ce qu'on appelle ad hoc,
05:22c'est-à-dire une loi, uniquement sur cela.
05:24Vous êtes très ferme dans la démonstration, mais pas dans la conclusion.
05:26Parce que moi, j'appartiens à un groupe.
05:28Moi, je ne me prends pas pour une diva, je ne fais pas l'appui et le beau temps,
05:32je ne prends pas mes collègues au dépourvu,
05:35et j'alerte, avec le mandat, évidemment, que m'avaient donné Jordan Bardella et Marine Le Pen,
05:39sur la gravité de cet article.
05:41Vous pouvez reprendre les séances du précédent PLF.
05:44Le gouvernement avait plus ou moins compris qu'il fallait le retirer.
05:47Je regrette que le gouvernement de M. Beyrou ait essayé de nous entuber,
05:51en présentant ça comme quelque chose de naturel, alors que c'est quelque chose de très grave.
05:55Vous avez dit depuis le début, le budget est vicieux, il est ectoplasmique.
06:02Est-ce que M. Beyrou essaye de nous entuber ?
06:05Oui, mais c'est une situation très compliquée.
06:08Pourquoi vous n'allez pas au bout ? Pourquoi vous faites du en même temps, vous aussi ?
06:11Parce qu'à la fin, M. Soto, on va arriver en février, et la France n'a pas de budget.
06:17Donc vous allez avaler la coulove ?
06:19Non, ce n'est pas la coulove, M. Soto.
06:21C'est que c'est très facile de dire, si vous voulez, sur des plateaux, il n'y a qu'à Faucon.
06:25Moi, je vous dis, il y a des sujets extrêmement graves dans ce budget,
06:27mais dans la balance, toute décision rationnelle, c'est une décision de balance.
06:31Il y a aussi la nécessité d'avoir un budget pour nos entreprises.
06:35Il y a l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu qui est quand même dans la balance.
06:39Il y a des enjeux d'inquiétude, il y a les marchés financiers.
06:41Là, on a 8 milliards de coûts de la dette en plus sur cette année.
06:45Ce n'est pas à cause de la censure, mais ça pourrait s'aggraver si ça durait.
06:48La vie, c'est une balance.
06:50On ne peut pas dire que c'est une balance, c'est-à-dire qu'il y a des lignes rouges ?
06:53C'est aussi un appel. Il y a des lignes rouges, mais il y a aussi un effet de balancier.
06:57C'est trop facile de dire oui en voyant tout valser, il peut falloir le faire.
07:02Quand j'explique à mes enfants, Jean-Philippe Tanguy,
07:05mais la politique, ce n'est pas juste des effets de manche.
07:09C'est vous qui utilisez le mot ligne.
07:10Moi, quand j'explique à mes enfants, il y a une ligne rouge, je leur dis ça c'est interdit.
07:13C'est interdit, il ne faut pas le faire.
07:15Si vous dites c'est interdit, mais tu peux le faire quand même parce que voilà,
07:18ils ne comprennent rien.
07:19Et là, les Français, ils ne comprennent rien.
07:20On n'est pas des enfants.
07:21Et la ligne rouge, là je vous ai dit avant, il n'y a plus les grandes lignes rouges
07:25parce que Marine Le Pen a obtenu qu'elle n'existe plus,
07:28qu'il y avait dans le précédent budget.
07:29C'est comme ça que je l'ai commencé.
07:30C'est pour ça que c'est compliqué pour mobiliser aussi l'opinion publique
07:33et les Françaises et les Français sur ce budget.
07:35Avant, il y avait des lignes rouges effectivement claires.
07:37La désindexation des retraites, le déremboursement des médicaments, 3 milliards.
07:4125 minutes, vous m'avez dit qu'il y a une ligne rouge sur l'article 4 pour lorger la berlue.
07:44Tout ça, on l'a obtenu.
07:45Marine Le Pen a obtenu la fin de la taxe de 3 milliards sur l'électricité,
07:49elle a obtenu la désindexation des retraites, l'indexation des retraites
07:52et elle a obtenu le remboursement des médicaments.
07:54Ça, c'était des lignes rouges évidentes pour les Français.
07:57Là, je vous alerte et j'alerte nos compatriotes
07:59sur des choses qui sont plus difficiles à mettre dans le débat public.
08:03Moi, je trouve que c'est assez courageux de la part du Rassemblement National
08:06de dire attention, vous avez des mesures très techniques et on vous alerte là-dessus.
08:10Les socialistes, eux, ils pensent qu'à leur pomme et qu'à leur chéquier
08:13pour les collectivités territoriales.
08:15Moi, je trouve qu'on est quand même beaucoup plus responsable
08:17que nos adversaires sur ce sujet-là encore.
08:19Bon, quand c'est flou, il y a un loup, disait Martine Aubry.
08:21Il y a un gros loup, oui, il a 5,4% de déficit,
08:24mais ça fait 50 ans qu'il y a un gros loup dans la pièce.
08:27Hier, ici même, le patron du Medef, Patrick Martin,
08:29disait que ceux qui peuvent partir, partent et ils ont raison.
08:31Il réagissait aux propos de Bernard Arnault.
08:34Il disait qu'ils ont raison de délocaliser en quelque sorte.
08:36On a l'impression que la notion de patriotisme économique n'est plus du tout à la mode.
08:40Ça vous choque ou pas ?
08:42Oui, ça me choque parce qu'il faut dénoncer ce qui se passe pour les entreprises.
08:46Bon, le Medef et toute la clique de représentation a toujours soutenu Macron.
08:51Ils ont toujours fait barrage au Rassemblement National.
08:53Il y a une candidate et un candidat qui ont toujours soutenu la production en France.
08:57C'est Marine Le Pen et c'est Jordan Bardella.
08:59Donc, tout ce petit monde, au lieu d'appeler nos entreprises à délocaliser,
09:02aurait dû prendre leur responsabilité et appeler à nous soutenir.
09:05Notre programme était très clair.
09:07Maintenant, ils pleurnichent sur les conséquences des causes qu'ils ont provoquées.
09:11Moi, j'appelle au contraire les entrepreneurs à se battre à nos côtés
09:14pour défendre la production en France, pour défendre leurs salariés et leurs compétences
09:17qui, eux aussi, se lèvent le matin comme eux pour faire la richesse de la France.
09:21Il faut être solidaire.
09:23Je sais que les entrepreneurs qui sont restés en France sont patrioteux
09:26parce que ça fait des années qu'ils ont réussi.
09:28J'ai une toute petite question pour finir avec une réponse rapide parce que ça doit être clair.
09:31Normalement, il y a une autre campagne qui approche, celle des municipales.
09:33Elles auront lieu l'an prochain.
09:34Marion Maréchal a fait part de son intérêt pour la mairie de Paris.
09:36Est-ce qu'elle pourrait être, oui ou non, la candidate du Rassemblement National ?
09:38Écoutez, nous, on a un candidat à Paris, c'est Thierry Mariani.
09:41Donc, ce ne sera pas Marion Maréchal.
09:42On peut toujours avoir des accords, mais moi, c'est Thierry Mariani que je soutiens
09:45et que le Rassemblement National soutient.
09:46Voilà qui est clair.
09:47Merci beaucoup Jean-Philippe Tanguy.