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00:00Europe 1, il est à 6h moins le quart. Votre invité ce matin, Alexandre, est opticien, membre du bureau du rassemblement des opticiens de France.
00:07Bonjour Didier Cohen. Bonjour.
00:08Les mutuelles veulent lever le pied sur les remboursements des audioprothèses et des lunettes.
00:15Alors ce n'est pas une bonne nouvelle, sans doute, ni pour les patients, qui sont aussi les clients des opticiens, ni pour les opticiens eux-mêmes.
00:22C'est une proposition qui, tout d'abord, va éloigner les Français de leur professionnel de santé.
00:28Et en espaçant les délais de remboursement, on va espacer les visites.
00:34Et cela va contribuer à faire passer sous les radars les changements de correction et surtout le suivi et le dépistage.
00:41Donc c'est un véritable problème de santé publique.
00:43Oui, parce qu'aujourd'hui, il faut bien préciser que l'idée de la mutualité, des mutuelles, c'est d'allonger le délai de remboursement d'une paire à une autre,
00:52qui est aujourd'hui en moyenne de deux ans, c'est ça ?
00:54Alors, il est passé de un an à deux ans lors de la réforme du 100% santé et les mutuelles souhaitent aujourd'hui le faire passer à trois ans.
01:03Aujourd'hui, quand on regarde un petit peu les pourcentages des gens qui vont dans les magasins,
01:08on a à peu près la moitié, 49% des gens qui viennent renouveler leur équipement entre un an et trois ans.
01:14Et ce renouvellement, il est systématiquement lié à un changement de correction,
01:20soit par intermédiaire d'une ordonnance de l'ophtalmologiste en 85% des cas,
01:25soit lorsque la vue a changé, l'opticien est en capacité de modifier la correction
01:28et permettre aux patients de se faire rembourser par la sécurité sociale et ensuite par la complémentaire santé.
01:35Et donc, il y a un véritable besoin visuel et je crois qu'il faut vraiment se battre contre l'idée de la surconsommation.
01:41Aujourd'hui, elle n'existe pas.
01:43Il y a un véritable besoin d'un équipement à la vue et précisément à la vue pour les Français.
01:49Alors, l'idée de surconsommation, je reprends les mots du patron de la mutualité française, Eric Chenu,
01:53qui dit lui, aujourd'hui, les gens ne se rendent plus compte de combien ça coûte une paire de lunettes.
01:59Il y a donc, derrière cette idée, celle d'en finir avec le sentiment ou la situation de pseudo-gratuité des lunettes.
02:06C'est ce qu'il dit.
02:07Alors, les complémentaires santé ont basé l'essentiel de leur activité, en ce qui concerne notre activité, sur des garanties.
02:18Ça existe aussi au niveau de l'eau du prothèse, ça existe aussi au niveau du dentaire.
02:23Donc, les mutuelles complémentaires, aujourd'hui, insistent sur la prise en charge qu'elles font, en complément de la sécurité sociale.
02:32Il faut savoir, par exemple, que pour les équipements optiques hors 100% santé, qui est un cas à part,
02:39l'influence de la sécurité sociale est mineure.
02:42Elle rembourse 5 centimes à 60%, ce 3 centimes par verre, et 3 centimes pour la monture, soit au total 9 centimes pour la totalité.
02:51Et donc, les complémentaires santé sont dans leur rôle.
02:54Elles prennent, en fonction des garanties, tout ou partie de ce qui reste, a priori, une partie seulement.
03:00Et elles sont là pour ça, et les gens coquissent pour ça.
03:03Avec une bonne mutuelle, alors je sais que les situations varient, mais ça coûte combien, une paire de lunettes ?
03:08Je veux dire, le reste à charge pour le client-patient, il est de quel ordre, en général, à l'heure actuelle ?
03:12J'ai quelques chiffres à vous communiquer.
03:15En moyenne, le reste à charge s'établit entre 125 et 130 euros par équipement.
03:21avec un petit peu moins pour les verres simples, une petite myopie pour les gens qui ne sont pas presbites,
03:26pardonnez-moi d'être un petit peu techniques,
03:28un petit peu plus pour les personnes qui ont des verres progressifs,
03:31où on va plutôt vers 165 à 185 euros.
03:35Ça, c'est le reste à charge payé par les patients.
03:37Bon, et là, si demain, les mutuelles, en effet, passent à un allongement des délais,
03:43si on veut continuer à suivre le déclin de sa vue au même rythme, là, on va devoir payer plein pot.
03:51Alors, ce que j'ai lu des déclarations du président de la mutualité,
03:55c'est qu'en cas de changement majeur, les complémentaires santé interviendront.
04:00Mais ça existe déjà.
04:03C'est encadré déjà à ce niveau-là, dès que la vue varie.
04:08Alors, là aussi, je ne veux pas être trop technique de 0,25 d'autrice,
04:11c'est-à-dire qu'en fait, vous perdez à peu près deux dixièmes d'acuité visuelle,
04:14deux à trois dixièmes d'acuité visuelle.
04:16Un remboursement complémentaire est toujours possible.
04:18Donc, ce sont des mesures, des effets d'annonce qui sont un petit peu dommageables.
04:22Ce qui nous embête quand même vraiment là-dessus, c'est vraiment le manque et le dépistage est suivi
04:29parce que nos compatriotes n'iront plus chez le médecin à aller faire vérifier tout ça.
04:34Bon, il faut quand même rappeler le contexte.
04:36Le contexte, c'est celui du déficit de l'assurance maladie qui atteint 15 milliards d'euros cette année.
04:40Alors, lorsque vous parlez de santé publique, naturellement, Didier Cohen,
04:43mais pour assurer sa pérennité, il va bien falloir les trouver, les économies.
04:47Vous savez, ça fait depuis une vingtaine d'années
04:49que tout gouvernement confondu, on essaye d'adopter ce qu'on appelle la maîtrise comptable des dépenses de santé.
04:57Ce qu'on constate aujourd'hui, les déserts médicaux, difficulté d'accès aux soins, difficulté de rendez-vous.
05:03Je pense que ce n'est pas la bonne façon d'équilibrer, en ce qui concerne l'optique en particulier,
05:08les comptes de la sécurité sociale.
05:10Vous parliez justement de changements majeurs dans la vue des patients.
05:15Une autre piste qui est évoquée pour réduire les dépenses,
05:20les mutuelles veulent aussi faire la chasse aux soins inutiles.
05:23Ça serait quoi, les soins inutiles, quand on parle de lunettes, quand on parle de sa vue ?
05:27Bonne question. Je n'en ai pas la moindre idée.
05:29Je voulais juste vous dire que, pour à peu près 40% de la population,
05:35aller consulter un ophtalmologiste, c'est déjà compliqué.
05:38Il faut attendre, vous le savez aussi bien, les déserts médicaux, maintenant,
05:45c'est quelque chose qui est parfaitement identifié.
05:47Peut-on imaginer...
05:48Si on parle d'en logement des délais, là, il est très net, celui-ci, pour avoir un rendez-vous chez l'opté.
05:52Voilà. Est-ce qu'on peut imaginer quelqu'un qui passait entre 2, 3, 4 ou 5 mois
05:56pour avoir un rendez-vous, pour le plaisir de changer ses montures,
06:01alors que sa vue n'a pas changé ?
06:02C'est juste pas possible.
06:03C'est quelque chose qui ne correspond pas à la réalité.
06:05C'est compliqué d'aller voir le médecin.
06:07C'est compliqué d'aller, des fois, faire 20, 30 ou 40 km dans certaines zones
06:12pour avoir une consultation.
06:14Donc, si les gens vont consulter, c'est qu'il y a un véritable besoin.
06:18J'insiste encore, il n'y a pas de dépense inutile dans notre filière.
06:22Tous les gens qui viennent ont des prescriptions médicales
06:24ou alors, on remet en cause la liberté de prescription des hostalvaux.
06:27Bon, les mutuelles évoquent aussi le renforcement de la lutte contre la fraude.
06:31C'est répandu, la fraude, quand on veut des lunettes,
06:35quand on veut changer les lunettes ?
06:36Tous les rapports que nous avons lus sur les maîtrises des dépenses de santé
06:40parlent dans certaines filières de fraude.
06:43Il y a, évidemment, dans notre filière, comme dans d'autres, des fraudes.
06:45Il faut savoir que le syndicat que je représente
06:47travaille aujourd'hui sur une solution de traçabilité
06:50qui permettra de vérifier qu'un produit qui a été commandé a été livré au patient,
06:54que ce patient existe et qu'il n'y a pas de fraude dans notre filière.
06:58C'est un petit peu difficile à mettre parce que nous sommes contraints
07:01par ce qu'on appelle le RGPD, c'est-à-dire la protection des données personnelles.
07:04Donc, c'est difficile d'échanger des dossiers
07:06qui sont normalement couverts par le secret médical.
07:09On y travaille.
07:10Je pense que dans quelques mois, voire une année au plus tard,
07:12on aura une solution à proposer
07:14et à nos amis des complémentaires santé
07:17et au ministère de la Santé.
07:20Didier Cohen, si l'on se place maintenant du point de vue des opticiens,
07:22ça va représenter forcément des pertes pour vous ?
07:25Il peut paraître évident que si les remboursements sont espacés,
07:30la visite de nos clients patients seront espacées également.
07:36Cependant, le changement de la vue, lui, restera le même.
07:40Donc, on arrivera peut-être à une solution qui ne sera pas très efficace,
07:45c'est-à-dire des dérogations systématiques parce que la vue a changé.
07:48Je pense que, très franchement, avec cette proposition,
07:51le remède sera pire que le mal.
07:53Merci Didier Cohen,
07:54membre du bureau du rassemblement des opticiens de France ce matin sur Europe 1.
07:58Merci à vous.
07:59Merci, au revoir.

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