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  • 11/03/2025
Dans un ouvrage hautement inflammable intitulé "MeTooMuch ?", Philippe Bilger, magistrat honoraire et ancien avocat général à la Cour d'assises de Paris, examine la transformation du mouvement #MeToo. Initialement perçu comme une libération de la parole, Philippe Bilger estime que ce mouvement s'est mué en un "jeu de massacre" ciblant principalement les hommes célèbres, les rendant doublement présumés coupables en raison de leur notoriété et de leur genre. À travers l'analyse de diverses affaires en cours, l’auteur décortique les rouages de cette mécanique qu'il qualifie "d’infernale". Le personnage de son essai, un avocat de renom, s'interroge également sur sa propre vulnérabilité face à cette dynamique, se demandant si des actes passés pourraient le conduire à l'opprobre et à la condamnation. Ce livre propose une réflexion sur les dérives potentielles du mouvement #MeToo et sur l'impact médiatique et sociétal des accusations portées contre des personnalités publiques. Le temps presse : le tranchant glacé du couperet se rapproche dangereusement…

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Transcription
00:00Magistrat honoraire, avocat général à la cour d'assises de Paris pendant plus de 20 ans.
00:10Bonjour Philippe Bilger.
00:11Bonjour.
00:12Alors vous publiez un ouvrage hautement inflammable, Me Too Much, Too Much aux éditions Heliopole
00:18et c'est un ouvrage que vous pouvez acheter sur le site TVL, vous allez à la boutique de TVL, vous connaissez le chemin.
00:24À travers l'analyse de diverses affaires, le narrateur, c'est un avocat renommé, décortique les rouages de la mécanique du mouvement Me Too.
00:32Philippe Bilger, selon vous Me Too est passé, je vous cite toujours et je vous citerai tout le temps, d'une libération de la parole à un jeu de massacre
00:40et vous avez même cette phrase décisive, Me Too c'est l'éthique fanatique d'un monde sans éthique.
00:46Oui, alors bien sûr il y a d'autres pensées peut-être moins outrancières et plus équilibrées mais vous avez raison.
00:54En réalité, j'ai voulu montrer dans ce petit livre qu'il était possible d'avoir un point de vue équilibré sur un mouvement dont les origines étaient tout à fait positives,
01:08ses lumières en quelque sorte mais en revanche au fil de son développement, sans doute à cause du succès qu'il a eu, il y a eu des ombres et notamment judiciaires
01:22et c'est ce que j'ai essayé de dénoncer dans ce livre de la même manière que j'ai loué les débuts de ce mouvement et je continue à penser que par beaucoup d'aspects il demeure positif.
01:36Mais on a le droit de le mettre en cause, il n'est pas sanctifiable ni sanctifié et on a le droit de pointer certains inconvénients.
01:46Effectivement, vous avez parfaitement raison, je vous l'indiquais dans l'ouvrage, vous ne niez pas que ce mouvement a permis de briser en sorte que l'on met retard sur les violences longtemps passées sous silence.
01:57Alors vous dites en contrepoint mais je ne suis pas un de ces malades pourris fustigeant Me Too, mais ce sont qui ces malades pourris qui fustigent Me Too ?
02:03Donc comprenez bien, d'ailleurs vous l'avez très bien présenté, c'est un grand avocat qui parle, c'est une sorte de monologue intérieur, un songe au sein duquel il introduit parfois l'actualité
02:19et il craint par-dessus tout un jour d'être ciblé par Mediapart et donc il est à la fois lucide voire dur à l'égard de certaines dérives et il cherche à être honnête en tant qu'avocat.
02:36Vous voyez donc bien sûr, il dénonce des errements graves, des dérives, des stigmatisations complètement abusives et dangereuses pour ceux qui en sont victimes et en même temps il veut chercher à être totalement équitable.
02:52Et contrairement à des livres écrits aujourd'hui par des avocats, cet auteur qu'il est, est totalement libre, il n'a pas de client dans ce milieu qui est aujourd'hui menacé par Mediapart.
03:08Donc on peut assurer que celui qui parle dans ce livre est totalement libre de sa pensée et de son expression.
03:16Il y a dans le phénomène MeToo une exigence de justice bien évidemment et le magistrat que vous faites, que vous êtes, a souligné plusieurs faits graves dans cet ouvrage.
03:25Et le premier exemple, et il est important, c'est la présomption d'innocence car là elle est souvent totalement mise à mal et vous affirmez ainsi que la justice fonctionne à plein dans la démagogie au faisant fi de la prescription.
03:38Oui alors d'abord le cœur de ce livre c'est de dire, après avoir célébré ce que MeToo a de positif, c'est d'affirmer qu'il est dangereux de considérer que parce qu'une femme dénonce et se plaint, elle a forcément raison.
03:59Ça c'est le cœur du livre. On peut dénoncer des agissements, des délits voire des crimes, même dénoncer par une femme aujourd'hui en plein dans le mouvement MeToo, on peut avoir le droit de douter de cette parole, de cette dénonciation et en tout cas de réclamer à leur sujet une justice équitable.
04:23Deuxième élément, vous avez raison de parler de la prescription, il y a un mouvement qui est fatal et dangereux. La prescription c'est un élément capital de l'état de droit. Il y a une période à partir de laquelle on ne peut plus poursuivre les infractions, même celles qu'on estime les plus graves.
04:44Et pour les féministes, les agressions et les viols sont naturellement des infractions extrêmement graves. Mais on a l'impression aujourd'hui que la prescription n'est plus un droit qui est accordé aux mises en cause mais au contraire une stigmatisation supplémentaire puisqu'en quelque sorte on lui reproche de nous avoir pas permis de l'accabler encore davantage.
05:09Puisque c'est scandaleux, n'est-ce pas ? Les faits sont prescrits mais il ne nous permet pas, puisqu'il va en bénéficier, de continuer à l'accabler. C'est une dérive tout de même qui marque profondément la dégradation de la pensée judiciaire.
05:29– C'est-à-dire, pour être clair, que si les faits sont prescrits, vous considérez qu'on n'a pas à mener d'enquête dès lors qu'ils sont prescrits ? Même si ça peut entraîner une explication de la situation qu'on va vivre 20 ans plus tard.
05:40– Je me rappelle par exemple Richard Berry, je n'ai pas une sympathie particulière pour lui, mais lorsqu'on a annoncé qu'il y avait une prescription pour ce qui lui était reproché et qu'il contestait, eh bien il fallait en prendre acte.
05:58Mais j'ai senti dans les opinions exprimées quelque chose qui ressemblait presque à un esprit vindicatif. Comment il ose bénéficier d'une prescription alors qu'il n'y est pour rien ? C'est tout simplement l'état de droit dont beaucoup de gens nous rebattent les oreilles.
06:19Mais quand il l'advient au bénéfice de mise en cause, là on oublie qu'on le vantait avant.
06:26– La présomption d'innocence, elle est mise à mal, la prescription ne tient plus. Est-ce que d'ailleurs il ne faut tout simplement pas abandonner la prescription ?
06:35– Non, c'est utile, il est clair qu'on ne peut pas poursuivre au-delà d'un certain temps des infractions, surtout agressions sexuelles ou viols, parce que tout simplement la preuve à laquelle j'attache une énorme importance ne pourrait plus être apportée de manière opératoire.
06:59En réalité, ce que je dis, s'il vous plaît, il n'y a aucune raison pour que le mouvement MeToo n'admette pas que même compte tenu de la validité de la cause qu'il défend, il faut tout de même se préoccuper de la preuve.
07:16Et il y a des preuves qui ne sont pas apportées, ou il y a des preuves qu'on ne veut même pas apporter, et lorsqu'on prétend apporter la preuve parfois, on est, je dirais, presque stigmatisé tout simplement parce qu'on veut une justice normale.
07:33Ça me paraît extrêmement dangereux.
07:35– Tout au long de l'ouvrage, vous dénoncez, vous l'avez fait à l'instant sur ce plateau, l'attitude de certains médias qui organisent, amplifient ou participent à ce que vous appelez une chasse à l'homme.
07:45Votre cible dans l'ouvrage, elle est très clairement indiquée, c'est Mediapart, vous appelez même les méthodes de la bande à Plenel.
07:54– Oui, alors, je sais que j'ai le droit à la nuance, bien sûr, chez vous comme ailleurs, Mediapart, j'ai un sentiment contrasté.
08:04Je trouve que c'est un site très remarquable sur le plan de l'inquisition, et je dirais même de l'investigation, et contrairement à ce qu'ont prétendu certains, il va aussi bien à gauche qu'à droite.
08:19En revanche, j'ai toujours détesté son idéologie à Edouard Plenel, que je connais par ailleurs, et donc j'ai imaginé que Mediapart était là comme une sorte de sentinelle délétère
08:33qui attendait les fautes de certains acteurs, de certains comédiens, de telle ou telle personnalité pour les accabler.
08:41Et donc, naturellement, Mediapart m'est apparue comme la menace la plus plonsible, la plus opératoire pour le grand avocat qui parle et qui est inquiet devant certains de ses comportements.
08:55– Si Plenel est le grand inquisiteur, il y a aussi les tribunaux populaires, c'est les réseaux sociaux.
09:01Est-ce que ça aussi, vous mettez en cause directement ces réseaux sociaux dans ce processus ?
09:05– En effet, et c'est un autre problème. Au moins, lorsque quelqu'un est mis en cause et que la justice va être saisie, il est normal que je réclame dans ce domaine
09:17une justice, dans le bon sens du terme, normale, c'est-à-dire une preuve qui ne confirme pas qu'il y a d'emblée une présomption de culpabilité
09:28à l'égard du mis en cause, quel qu'il soit. Mais les réseaux sociaux, vous avez raison de les évoquer, la justice ne peut plus être saisie.
09:37Et simplement, on se retrouve dans ce cas qui était admirablement évoqué par un avocat américain qui consiste à dire la culpabilité par dénonciation.
09:50Et lorsque les réseaux sociaux vous ont pris en grippe et c'est un euphémisme, eh bien, on est littéralement coincé.
09:59Ou on cherche à se défendre, bien sûr, on est coupable. Ou on se tait et c'est grave, on est coupable.
10:06Autrement dit, l'alternative, c'est entre une culpabilité par silence ou une culpabilité par dénégation.
10:15– Permettez-moi quand même de vous dire, à cet instant de notre discussion, de notre dialogue,
10:20je vais me faire l'avocat du diable, face à l'avocat général, c'est pas mal.
10:23Dans ce domaine comme dans d'autres, l'emballement médiatique a toujours existé, y compris avant MeToo.
10:28Pourquoi le dénoncer spécifiquement sur ce cas ?
10:31– Alors, ça prend une importance, ça a toujours existé, bien sûr, il y a toujours eu.
10:39Mais je dirais, ça n'a jamais pris cette ampleur, à partir du moment, me semble-t-il,
10:46où la juste importance qu'on donne aux femmes dans notre société
10:51et le poids de leurs paroles et de leurs dénonciations,
10:55et peut-être le remords d'un univers qui a longtemps trop toléré les rapports de force et de domination,
11:03nous conduisent aujourd'hui à faire peut-être de la démagogie, peut-être de la surenchère,
11:11et à considérer que cette catégorie de délinquance et de criminalité
11:17est tellement importante et traumatisante qu'en réalité, elle dépasse toutes les autres.
11:23Ça n'est pas du tout mon point de vue.
11:25J'en parle pour dénoncer des risques de déruits judiciaires,
11:29mais j'attache rigoureusement la même importance à toutes les infractions,
11:34et pas seulement en tant qu'ancien avocat général.
11:37– Vous parlez aussi, par exemple, de la notoriété de l'accusé
11:40qui aggrave systématiquement son traitement médiatique,
11:43mais ça peut se comprendre aussi par la notion tout simple du fameux vendre plus, ou faire vendre.
11:48Mais vous, vous allez plus loin en disant que, vous prenez le cas de Nicolas Bedos,
11:52vous dites qu'un homme, et un homme en plus célèbre,
11:56ça aggrave le jugement non pas médiatique, mais aussi le jugement judiciaire.
12:01– Je le crains parfois.
12:03Il est évident qu'il y a une espèce de…
12:06mais pas seulement de la part des magistrats, de la part des journalistes.
12:10Regardez parfois avec quel voluptueux vorace
12:14ils se jettent sur certaines destinées qui ont le tort d'être célèbres.
12:19Et j'ai parfois l'impression, peut-être même la certitude,
12:24qu'il y a une joie amère, ou au contraire très triomphante,
12:31à rabaisser le caquet de gens trop connus, trop célèbres,
12:36qui malheureusement ont fauté, ont transgressé.
12:40Je ne dis pas que c'est toujours le cas,
12:42mais je dirais que lorsqu'on est homme, lorsqu'on est célèbre,
12:47et lorsqu'on est accusé par une femme, même 20, 30 ans plus tard,
12:52on a du mal à sortir du guépier.
12:55Qu'il soit judiciaire ou qu'il soit sorti du terreau,
13:01ou parfois du cloaque des réseaux sociaux.
13:06– Pourtant la justice blanchit ceux qui doivent l'être.
13:10– Oui, vous avez raison, je me félicite d'entendre de votre part
13:14une question qui me change de certains plateaux de télévision.
13:19Bien sûr, la justice fonctionne la plupart du temps
13:24de manière très satisfaisante, de mon point de vue.
13:28Je la défends, mais je ne voudrais pas, parfois,
13:31je l'ai connu dans d'autres catégories, délictuelles ou criminelles,
13:36que l'importance que la mode donne à certaines infractions
13:40fasse perdre de vue que l'équité doit demeurer.
13:45Et j'ai eu très peur moi-même, en tant qu'avocat général hier aux Assises,
13:51j'étais très attentif à ce que je pouvais engendrer parfois,
13:57peut-être par rapidité, précipitation, une petite forme d'injustice.
14:05Donc ce que je dis là, c'est quelque chose que je me suis appliqué
14:10et dont je ne voudrais pas que la France judiciaire et la démographie furent altérées.
14:16– Vous donnez la liste des gens célèbres, entre guillemets,
14:20rattrapés par ce phénomène MeToo, vous insistez par exemple
14:23sur les personnalités de Depardieu ou de Patrick Poivre d'Arvant,
14:26et vous évoquez très peu les politiques, mettant en cause la masculinité toxique,
14:31mais il y a une femme politique qui s'est spécialisée dans l'Inquisition sans preuve,
14:38c'est Sandrine Rousseau, et alors là, surprise, votre critique se fait presque douce,
14:43reprochant à cette députée d'extrême-gauche sa volonté de globalisation.
14:47Je me suis même dit que Julien Bayou a eu des mots beaucoup plus durs
14:50à l'endroit de cette personne que vous.
14:52Pourquoi protéger Sandrine Rousseau ?
14:53– Je ne la protège pas, simplement ce qui s'est passé avec Julien Bayou est un scandale.
14:59Je vous rejoins totalement, puisque voilà un homme,
15:03non seulement qui n'a pas bénéfié d'un classement, mais qui était totalement innocent,
15:08et médiatiquement on l'a présenté comme coupable.
15:11Ça a entraîné, paraît-il, quelques nuits d'insomnie
15:15de notre écologiste en chef Marine Tondelier,
15:20mais pour Sandrine Rousseau, ça n'a pas altéré son enthousiasme vindicatif,
15:26puisqu'elle a dit, mais de toute façon il est coupable,
15:30puisqu'il a pu faire des relations, avoir de l'empathie pour des femmes
15:35au sein du milieu où il était.
15:37Alors bien sûr, Sandrine Rousseau, ce que vous évoquez,
15:41c'est que l'étincelle de certaines des controverses qu'elle a suscitées
15:47n'étaient pas toujours totalement absurdes.
15:50Je trouve qu'après elle les a très mal développées.
15:53– Est-ce que vous le trouvez aussi normal, à ce moment-là,
15:56ça concerne Bayou, ça peut concerner Harry Habitant, etc.,
16:00qu'une fois que la justice est passée, avec des non-lieux,
16:04certaines voies politiques, comme celle de Sandrine Rousseau,
16:07vous voyez, elle ne s'excuse pas, mais elle poursuit d'ailleurs,
16:10elle et d'autres, l'idée que malgré tout il y a une culpabilité.
16:14– Ah mais c'est scandaleux en effet, et rappelez-vous,
16:17dans le livre je parle d'Harry Habitant, j'espérais que le non-lieu
16:22dont il a bénéficié engendrerait quelque chose de plus stable,
16:27de plus équilibré.
16:29Apparemment ça n'a pas altéré le mouvement vindicatif
16:34qui veut à tout prix mettre en avant la présomption de culpabilité.
16:38Mais vous avez des gens qui portent en eux, en réalité,
16:42la présomption de culpabilité, qui n'ont qu'une envie,
16:46c'est de développer à outrance contre des gens qu'ils n'aiment pas,
16:50et je reprends ce que j'appelais tout à l'heure la volupté un peu sadique,
16:55c'est-à-dire à l'encontre des gens qui ont eu trop de succès,
17:00qui ont eu trop de lumière et dont on est ravi de rabattre
17:04le caquet médiatique ou humain.
17:07Et si vous le permettez, je ne voudrais pas oublier une pensée,
17:13peut-être c'est prénom de Dieu de la qualifier de pensée,
17:17qui me tient à cœur, c'est que je suis évidemment tout à fait,
17:23et je dénonce les délits et les crimes qui sont liés
17:27au juste opprobre engendré par MeToo,
17:31mais en même temps j'ai une sainte erreur, une sainte horreur
17:36pour tous les témoins qui sur les plateaux ou ailleurs
17:40ont vu les indélicatesse, les grossièretés, les vulgarités,
17:46les attouchements, les agressions, voire parfois même,
17:50qui sait, les viols, et qui n'ont jamais rien dit
17:54dans le feu de l'horreur, mais se réveillent plus tard
17:58quand l'homme qu'ils mettent en cause est à terre.
18:01Je déteste les témoins qui viennent après la bataille.
18:05– Ça m'amène d'ailleurs à mes deux dernières questions,
18:08certains estiment quand même que de critiquer les dérives réelles
18:13certaines de MeToo revient quand même à discréditer
18:16l'ensemble du mouvement et donc d'alimenter la défiance générale
18:19envers la parole des victimes, ça qu'est-ce que vous répondez
18:22à cette critique qui se fait accusatoire d'ailleurs ?
18:24– C'est l'inverse de mon point de vue parce que même ceux
18:27qui apprécient MeToo lorsqu'ils acceptent de parler librement
18:31ne sont pas loin de partager peut-être autrement mon avis
18:36et mon appréciation, la manière dont je tente à la fois
18:40de louer MeToo mais de dénoncer ses errements et ses dérives,
18:45c'est la seule manière de faire comprendre et l'utilité
18:50et la légitimité de ce mouvement et je parle au fond,
18:55encore une fois totalement libre, au nom de tous les hommes
19:00qui ou mis en cause injustement ou jamais impliqués
19:05dans de tels débats n'ont pas le courage de le dire.
19:08Très immodestement, ce petit livre vise grand finalement
19:13pour tous ceux qui ne parlent pas.
19:15– Alors MeToo a modifié durablement, vous le dites aussi,
19:18peut-être même à jamais d'ailleurs, les relations entre les hommes
19:20et les femmes et en votre qualité d'ancien magistrat,
19:23quels sont les pistes que vous proposez pour garantir la justice
19:26des victimes d'abord tout en évitant les dérives du mouvement ?
19:30– Au fond, je vais vous décevoir Martial Bill mais d'abord
19:37je demande à la justice et probablement elle le fait,
19:42elle n'a pas besoin de moi, d'être très attentive à la preuve
19:47même dans ces affaires-là et il est fondamental
19:51qu'elle s'interroge avec scrupule et intelligence
19:56sur la qualité des preuves qui lui sont fournies
19:59aussi bien par la plaignante avant qu'elle devienne victime
20:03que par le mis en cause.
20:05Et le deuxième point c'est le fait qu'en réalité je considère
20:13que le mouvement MeToo représente la quintessence d'un monde
20:22qui est obligé de passer par la judiciarisation pour apprendre
20:28à l'humanité qu'elle doit être polie, qu'elle doit refuser
20:32le rapport de force, qu'elle a le droit à la séduction
20:35mais pas une séduction faite de violence.
20:38Au fond, malheureusement, avant même la judiciarisation
20:43de toutes ces horreurs délictuelles et criminelles,
20:47il y a le constat très amer que je fais d'une civilisation
20:52qui ne sait plus ce que c'est que la qualité relationnelle,
20:56la politesse, l'urbanité entre un homme et une femme.
21:00– Et le respect. Est-ce que vous avez pleinement conscience
21:03que vous vous êtes attaqué à un thème, je me disais,
21:06en lisant l'ouvrage où règne totalement le terrorisme intellectuel,
21:11et je me suis dit, il y a des gens qui vont se dire
21:16il a écrit ça parce qu'il n'y a pas de fumée sans feu.
21:19Je vous cite encore, pour que les termes soient bien,
21:23ce sont les vôtres, ringard, passéiste, réactionnaire,
21:25fachos ou pour le moins insupportable dissident.
21:28Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
21:32– Totalement. Totalement.
21:34D'abord, le fait de cultiver l'art de déplaire ne m'a jamais gêné.
21:41Et dans la magistrature, j'en ai peut-être abusé.
21:44Deuxième élément, je pense que la qualité qui manque
21:51dans beaucoup de secteurs, et notamment dans le nôtre,
21:55si j'ose vous intégrer au mien, c'est le courage.
21:59Je suis complètement indifférent aux réactions aigres,
22:05acides que ce livre peut engendrer.
22:08J'espère très immodestement qu'il aura du succès,
22:12mais ça n'est pas ma pensée personnelle.
22:17Elle est très heureuse d'avoir pu s'exprimer
22:21dans une belle maison d'édition et d'avoir été compris,
22:25et je n'ai peur de rien à partir du moment
22:28où j'ai droit, comme c'est le cas aujourd'hui,
22:31comme ça a été le cas avant,
22:33à des questionnements profonds, intelligents et courtois.
22:36Une fois qu'on me donne cela, je suis tranquille.
22:39– Eh bien, vous êtes bien un TVL alors.
22:41Merci beaucoup Philippe Bilger.
22:42– Merci.
22:43Sous-titrage Société Radio-Canada

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