partenariat stratégique en pleine mutation. La visite au Maroc du président du Sénat français, Gérard Larcher, marque une volonté affirmée d'approfondir cette coopération à travers un dialogue institutionnel structuré.
Au-delà des discours politiques et des engagements des chefs d’État, le Parlement, en tant qu’organe de représentation et de dialogue, est un levier essentiel pour pérenniser cette dynamique, renforcer la coordination sur les grands dossiers et garantir une stabilité dans la relation bilatérale.
Quels sont les enjeux et les défis de cette diplomatie parlementaire ?
Hassan Alaoui, Directeur de publication de Maroc Diplomatique
Jawad Kerdoudi, Président de l'IMRI
Au-delà des discours politiques et des engagements des chefs d’État, le Parlement, en tant qu’organe de représentation et de dialogue, est un levier essentiel pour pérenniser cette dynamique, renforcer la coordination sur les grands dossiers et garantir une stabilité dans la relation bilatérale.
Quels sont les enjeux et les défis de cette diplomatie parlementaire ?
Hassan Alaoui, Directeur de publication de Maroc Diplomatique
Jawad Kerdoudi, Président de l'IMRI
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00La diplomatie ne se limite pas aux chancelleries et aux négociations entre gouvernements.
00:04Il se joue aussi et surtout au sein des parlements, là où se constituent les compromis, les
00:09engagements durables et la consolidation des alliances.
00:12C'est tout le sens de la visite de Gérard Larcher au Maroc, président du Sénat français
00:15qui vient renforcer le rôle du dialogue parlementaire dans cette relation bilatérale.
00:20Un signal fort qui s'inscrit dans la continuité de la reconnaissance par la France de la marocanité
00:25du Sahara.
00:26Mais que signifie vraiment cette diplomatie parlementaire ?
00:28Eh bien, elle est d'abord une garantie de stabilité, contrairement aux aléas des
00:32relations gouvernementales qui peuvent être soumises au changement d'orientation politique.
00:37Les parlements assurent une continuité des engagements.
00:40Gérard Larcher l'a d'ailleurs rappelé en soulignant que la politique étrangère
00:44de la France n'est pas celle d'un gouvernement mais celle de la République.
00:47Ensuite, cette coopération parlementaire ouvre des perspectives économiques et stratégiques
00:51majeures.
00:52La France et le Maroc partagent des intérêts convergents, notamment en Afrique où le Royaume
00:55s'impose comme un acteur clé de la coopération Sud-Sud.
00:58Et enfin, il ne s'agit pas seulement de discussions bélatérales mais d'une volonté
01:01de structurer une relation qui s'inscrit dans un monde en profonde mutation.
01:06Dans un contexte international marqué par des recompositions d'alliances, des tensions
01:10géopolitiques croissantes et de nouveaux enjeux économiques, la coopération parlementaire
01:15est un levier pour anticiper ces défis et construire une relation résiliente et tournée
01:20vers l'avenir.
01:21L'heure est donc à la construction d'un partenariat parlementaire ambitieux entre
01:25Rabat et Paris qui dépasse les simples échanges diplomatiques et se traduit par des actions
01:30concrètes.
01:31Et c'est ce que nous allons décoder, analyser, essayer de comprendre ce matin avec vos deux
01:35décodeurs attitrés du mercredi, j'ai nommé Hassan Alaoui et Jawad Kerdoudi.
01:39Hassan Alaoui est à ma droite, cofondateur et directeur de publication du magazine Maroc
01:44Diplomatique.
01:45Bonjour Hassan.
01:46Bonjour Cédia Hadil.
01:47Bonjour chers amis, chers auditeurs.
01:49Merci.
01:50Chers auditrices et chers auditeurs, vous allez vous fâcher avec la jante féminine.
01:54Et Jawad Kerdoudi à ma gauche, président de l'IMRI, l'Institut marocain des relations
01:57internationales.
01:58Bonjour, c'est Jawad.
01:59Bonjour, c'est Abdelali.
02:00C'est toujours avec plaisir.
02:01Alors, on a eu la visite, la première visite la plus importante, celle du président français
02:05en octobre 2024 au Maroc.
02:08Dernièrement, on a eu la visite de la ministre de la Culture, Rachida Dati.
02:11Entre temps, il y a eu pas mal de missions économiques avec un forum économique Maroc-France.
02:16Et puis, dernière séquence, si j'ose dire, de cette dynamique positive entre Rabat et
02:22Paris, c'est effectivement la visite de Gérald Arce qui est, corrigez-moi s'il me trompe,
02:27mais la troisième personnalité.
02:28Non, la deuxième.
02:29La deuxième.
02:30La deuxième.
02:31Calmez-vous.
02:32C'est important.
02:33Pardon, pardon.
02:34La deuxième personnalité la plus importante de la République française.
02:38Bon, vous avez suivi, j'imagine, ses déplacements, ses faits et gestes et ses prises de parole
02:42depuis son arrivée au Maroc dimanche dernier, il me semble.
02:46Qu'est-ce que vous retenez de ce qu'il a pu dire, ce qu'il a fait lors de ce déplacement?
02:52Au Maroc.
02:53Je commence par vous, Hassan Alaoui.
02:55Bon, alors, je réitère un petit peu, je veux dire, cette vérité qui est celle d'un personnage
03:02très important.
03:03C'est le deuxième personnage de l'État, de France, qui, pourquoi?
03:08Parce que tout simplement, le président du Sénat, c'est pratiquement celui qui, en cas
03:13de grave crise ou de démission du président de la République ou de l'Occident, c'est lui
03:19qui prend le relais.
03:21On se souvient, justement, en 1969, après le départ précipité du général de Gaulle,
03:26c'était Alain Poher qui était président du Sénat, qui a assuré la continuité jusqu'aux
03:31élections.
03:32N'est-ce pas?
03:33Nouvelle.
03:34Et donc, aujourd'hui, Gérard Larcher incarne ce personnage important qui est donc, c'est
03:41la plus haute personnalité après le chef de l'État.
03:44Deuxième chose, la visite de monsieur Larcher au Maroc, bien entendu, et en particulier
03:50et notamment dans les provinces du Sud, je veux dire, s'inscrit dans un contexte très,
03:57très, très particulier.
03:58C'est-à-dire, il y a en fait une espèce d'enthousiasme franco-marocain et notamment français.
04:05On l'a vu avec l'organisation du Salon d'agriculture et le fait d'avoir invité le Royaume qui
04:11est le premier pays étranger à participer.
04:14Invité d'honneur.
04:15Bon, honneur, je ne sais pas, c'est pas si c'est important, bien sûr, mais c'est
04:19surtout la présence du Maroc avec un stand qui dépasse, paraît-il, les 450 mètres
04:25carrés.
04:26Et je veux dire, l'étalage de produits marocains, un étalage inouï, un public de plus en plus
04:33nombreux.
04:34Bref, c'est la dimension, aujourd'hui, la diplomatie française, elle est aujourd'hui
04:39marocaine.
04:40Et je m'en réjouis personnellement parce que, tout simplement, cette continuité avec
04:44cette visite de monsieur Larcher dans le Sud, c'est aussi une deuxième, sinon plus,
04:49c'est une troisième reconnaissance de la Marocanité du Sahara, après celle de Macron
04:55donc en juillet dernier, celle de Rachida Dati qui est allée très loin aussi dans
05:00la visite des sites et le lancement de programmes et de partenariats.
05:04Et donc, aujourd'hui, le fait que monsieur Larcher fasse aussi une déclaration aussi
05:09importante que la reconnaissance par la France du Sahara, vous l'avez dit, ce n'est pas
05:15celle d'un gouvernement, mais celle de la République, c'est-à-dire, en fait,
05:19ça s'inscrit sur le très long terme.
05:20C'est l'État, c'est l'État, tout simplement, qui persiste et signe, comme on dit, si je
05:25vous permets l'expression.
05:26Je donnerai la parole à Jawad Kerdodi pour un premier son de cloche.
05:30Eh bien, je crois que tout baigne dans l'huile entre le Maroc et la France.
05:35Et c'est vrai, cette déclaration où il dit je tiens à réaffirmer qu'il ne s'agit
05:42pas d'une position d'un gouvernement ou d'un exécutif, c'est bel et bien la politique
05:48de la République française, c'est-à-dire de l'État français.
05:51C'est ça.
05:52Et ça, c'est très important.
05:53Ça veut dire que c'est irréversible.
05:56Et donc, pour nous, c'est très important.
05:59Et le fait aussi qu'il est allé à la Lune aussi, c'est encore une reconnaissance physique
06:09de la marocanité du Sahara.
06:12Donc, j'en suis très satisfait.
06:14Et je pense que maintenant, avec la France, d'autant plus que les relations, on devrait
06:23s'en réjouir, mais quand même, les relations entre la France et l'Algérie sont très mauvaises.
06:31Conséquences indirectes.
06:33Absolument.
06:34Elles sont très mauvaises.
06:35Et dernièrement, encore, le ministre de l'Intérieur veut même ne plus laisser les personnalités
06:42algériennes venir en France.
06:44Donc, ça va très mal.
06:45Mais ce qui nous intéresse, c'est nous.
06:47Bien sûr.
06:48Mais vous faites bien de faire le parallèle avec ce qui se passe avec nos amis algériens.
06:54Et Hassan Alawi, tout à l'heure, vous avez parlé, Hassan, d'un enthousiasme franco-marocain
06:59ou maroco-français qui, effectivement, contraste avec le contraire d'enthousiasme, avec la
07:06piètre qualité des relations, en tout cas aujourd'hui, qu'entretient le régime algérien
07:10avec la France.
07:12Il y a le cas de cet intellectuel, Bouaillam Sansal, qui est toujours dans les geôles
07:17algériennes.
07:18Les espérants.
07:19Et en France, si vous suivez un petit peu comment les uns et les autres traitent de
07:22cette actualité, il y a une certaine forme de défaitisme parce que face aux agressions
07:29à répétition du régime algérien envers les intérêts de la France...
07:32C'est devenu une guerre maintenant.
07:33Justement.
07:34Non pas militaire, mais une guerre d'une autre forme.
07:37Certains estiment que la France ne réagit pas comme elle devrait réagir avec un régime
07:43algérien qui lui est très hostile.
07:45Mais d'autres estiment au contraire que le fait que, par exemple, que l'Archid Adati
07:50soit envoyé aux missionnaires pour venir visiter le Maroc dans les provinces du sud
07:55et qu'elle dise ce qu'elle a dit et que Jacques Larcher en fasse de même, c'est une certaine
08:00forme de, non pas de réponse, mais de diplomatie proactive pour dire aux uns et aux autres
08:05voilà le sens de la marche pour nous Français et voilà comment les choses se font avec
08:10des partenaires fiables.
08:11Est-ce que vous pensez qu'il y a une part de vérité dans ce que je viens de dire ?
08:14N'oubliez pas que l'un et l'autre, c'est-à-dire le président de la République, Rachid Adati
08:20ou M. Larcher, ont recours à une phrase qui est, à mon avis, à mon sens, très, très,
08:27très pédagogique et exceptionnelle aussi.
08:29Pourquoi ? Parce que la phrase, c'est que le Maroc est dans sa souveraineté, pratiquement
08:34il y a cette souveraineté qui est globale.
08:36Non, ce n'est pas ça la phrase, parce que la phrase, on la connaît par cœur maintenant.
08:40L'avenir et le présent de la...
08:41Oui, s'inscrivent dans la souveraineté, ben oui, mais moi je voudrais abréger, par
08:45pédagogie tout simplement, par pédagogie.
08:48Ben, ça a été répété pourquoi ? Ça veut dire quoi ? Pour Rachid Adati, qui est ministre
08:53de la culture, qui est allé sur les pas, n'est-ce pas, d'un grand écrivain français
08:58qui s'appelait Saint-Exupéry, n'est-ce pas ? Et Saint-Exupéry, c'était à l'époque
09:03le Maroc éternel, c'est-à-dire avant la naissance de l'Algérie même, avant la naissance
09:08du conflit du Sahara, qu'ils appellent occidental, avant même ce problème qui aujourd'hui,
09:15évidemment, j'allais dire, instruit une friction terrible et une incompréhension voire même
09:21une agressivité du gouvernement algérien.
09:23Donc, la visite de Rachid Adati, qui est allé voir les monuments et tout, elle s'inscrit
09:28dans cette continuité historique bien avant l'affaire du Sahara.
09:33Et c'est pour ça qu'il faut louer, je veux dire, cette démarche qui est absolument incroyable.
09:39Trois fois, je veux dire, de suite, c'est-à-dire en trois, depuis la déclaration du Président
09:44de la République, suivie par Monsieur Cambon aussi, qui est le président de la commission
09:49du Sénat, qui est président aussi, je veux dire, de l'association d'amitié franco-marocaine,
09:56qui est aujourd'hui par Madame Adati, et naturellement, il y a une semaine, est aujourd'hui
10:03le président du Sénat, comme on dit, qui est le deuxième personnage.
10:07Donc, il y a tout de suite quelque chose qui est effectif, c'est-à-dire, en fait, un retour
10:12de mémoire, et ça explique un petit peu l'enthousiasme, parce que, finalement, la France était une
10:17puissance coloniale, n'est-ce pas, qui occupait carrément, je veux dire, le Maroc pendant
10:22des décennies, et, naturellement, le problème, la solution du problème lui revient, en quelque
10:27sorte.
10:28Le, j'allais dire, la compréhension, au moins, où là, cette tendance, cette propension
10:32qui est exprimée ici et là, aujourd'hui, pour soutenir la marocanité du Sahara, pour
10:38nous, ça ne peut être qu'une évidence pour nous, marocains, n'est-ce pas ?
10:41Jamais de cas de doute.
10:43Oui, alors, effectivement, c'est une reconnaissance, je crois, je répète le mot, irréversible.
10:50Alors, maintenant, bien sûr, il y a cette diplomatie parlementaire qui va s'accentuer
10:58de plus en plus, mais il y a aussi le fait que la France est le premier investisseur
11:06au Maroc, le deuxième partenaire commercial, le premier fournisseur de tourisme, le premier
11:14pays de transfert de nos travails de RME en France, donc tout cela va encore augmenter.
11:24Et je rappelle que, lors de la visite du président français, il y a eu 40 accords qui ont été
11:32signés et donc il y a du concret, parce qu'à part, si vous voulez, la politique, il faut
11:39qu'il y ait du concret et il y a eu donc 40 accords, dont 22 qui représentent 10 milliards
11:49d'euros et qui concernent l'ONCF, l'aéronautique avec Safran, l'OCP, Tangemed, etc.
11:59Donc, c'est une coopération multiforme et c'est le secteur privé qui a signé.
12:06Cela veut dire que ce n'est pas uniquement l'État et quand le secteur privé signe
12:11des accords, en général, il les réalise.
12:14Donc, je suis aussi optimiste sur l'avenir des relations économiques entre les deux pays.
12:21Alors, Gérald Archer, parlez-nous.
12:22Je rajouterai une petite chose, rapidement.
12:25Il ne faut pas oublier que le Sénat, le Sénat français, c'est une institution verticale
12:32parce que de ce Sénat dépendent ce qu'on appelle les collectivités locales françaises,
12:37c'est-à-dire territoriales et tout ça.
12:39Et donc, cette prise d'opposition du président du Sénat engage aussi la France profonde
12:45et nous nous en réjouissons aussi parce que là, c'est évidemment au-delà de l'État,
12:51au-delà de tout ce qui peut être un petit peu officiel, etc.
12:54et qui surpasse un petit peu les déclarations, je veux dire, d'intention ou quelque chose,
13:00il y a la profondeur du rôle du Sénat français.
13:04Très bien.
13:05Bon, on va marquer une petite pause, on va poursuivre le débat avec vous, messieurs,
13:07juste après le journal de 9h.
13:10On va d'ailleurs faire un focus sur un élément qui a été évoqué par Gérald Archer,
13:13à savoir l'importance de promouvoir et de soutenir la diplomatie parlementaire.
13:19Et j'imagine que ça doit vous rappeler aussi...
13:21Parallèle.
13:22Parallèle et parlementaire.
13:24Et ça nous rappelle aussi l'un des éléments de langage évoqués par Sa Majesté...
13:28Dans son discours.
13:30On va en parler juste après, on parlera aussi de Donald Trump,
13:33de ce qui se passe en Ukraine, de la Russie,
13:35parce que les choses avancent à une vitesse grand V.
13:38Et je sais que, bon, ce que j'ai à dire à nos auditeurs,
13:42c'est de rester jusqu'à la fin de l'émission,
13:44parce que je sens que les dernières minutes seront électriques entre Hassan Alawi et Jawad Kordodi.
13:48À tout de suite.
13:49Le réveil de l'info, c'est Atlantique Radio.
13:52La suite des Décodeurs d'Atlantique matin, toujours avec Hassan Alawi et Jawad Kordodi.
13:56On parle ce matin des relations France-Maroc avec cette visite du deuxième personnage,
14:02le plus important de la République française au Maroc, Gérard Larcher.
14:06Et Gérard Larcher a dit pas mal de choses très intéressantes lors de cette visite.
14:11Et parmi les choses qui ont tiré mon attention,
14:13et j'aimerais avoir votre commentaire par rapport à cet élément,
14:15c'est la nécessité, selon lui, de renforcer de part et d'autre ce qu'il appelle la coopération interparlementaire.
14:22Et ça fait écho, et c'est ce qu'on disait tout à l'heure,
14:25à l'un des éléments contenus dans le dernier message, le dernier discours royal,
14:32quand Sa Majesté avait appelé les parlementaires justement à faire preuve de beaucoup plus de prises d'initiatives
14:37pour défendre notamment la cause du Sahara marocain.
14:39Est-ce que vous voyez un lien entre ces deux prises de parole ?
14:42Est-ce que ça va dans le même sens ?
14:43Est-ce qu'il y a une continuité dans l'approche ?
14:45Il va de soi qu'il y a une continuité, bien sûr.
14:50Et, naturellement, le discours royal rebondit sur quelque chose qui existe, à vrai dire, depuis longtemps.
14:56C'est-à-dire, en fait, il y a ce qu'on appelle l'international parlementaire ou interparlementaire,
15:02à laquelle participent depuis la fondation de nos institutions démocratiques et parlementaires au Maroc,
15:10à laquelle participent, je veux dire, des délégations très significatives du Royaume, n'est-ce pas ?
15:16Et donc, on rebondit là sur quelque chose, évidemment, qui a été reprise avec force par Sa Majesté,
15:23parce que Sa Majesté, évidemment, souhaite dynamiser un petit peu une diplomatie, je dirais parallèle,
15:32mais en même temps, c'est pratiquement quasiment la réelle,
15:35c'est-à-dire, en fait, une diplomatie qui se passe un petit peu des discours officiels et officieux,
15:40mais qui agit sur place, sur le terrain, au niveau des sociétés civiles différentes du monde entier,
15:44au niveau des institutions parlementaires européennes, américaines, africaines notamment, et arabes, n'est-ce pas ? Asiatiques aussi.
15:52Donc là, c'est un petit peu l'écho qui est lancé, si vous voulez, au discours royal par M. Larcher.
16:00Sans compter, si vous voulez, une autre dimension, c'est qu'aujourd'hui, la diplomatie ne peut pas être isolée d'un contexte, si vous voulez, institutionnel, bien entendu,
16:14mais aussi, j'allais dire, des peuples et de la société civile.
16:18Alors, nous nous réjouissons aussi, encore une fois, de cet aspect, de cette dimension,
16:24qu'évidemment, la visite de M. Larcher, je veux dire, permet,
16:32et donc, il n'y a aucune contradiction entre ce qui se dit ici, au niveau royal, n'est-ce pas ?
16:41Et puis, alors, il faut voir, maintenant, autre chose, et je termine, parce que Jawad doit parler aussi,
16:46c'est que la visite de M. Larcher, il l'a dit, c'est qu'il est venu pour faire un constat,
16:52c'est-à-dire découvrir de visuelles réalisations, si vous voulez, avec une série de rencontres qu'il a eues avec le président de la région qui s'appelle M. Larcher, n'est-ce pas ?
17:02Avec les élus locaux, avec des personnalités privées, aussi, de la société civile, des jeunes et tout ça.
17:10Donc, tout ça, c'est un constat, mais lui-même, il dit, maintenant, il faut aller de l'avant,
17:16et ça rejoint un petit peu ce que, donc, le discours de Sa Majesté, il faut aller de l'avant pour aller voir autre chose,
17:22parce que le Sahara, quand il était occupé, quand il a été libéré, en 1975, n'était pas terranilius sur un plan politique et humain,
17:31mais il était, évidemment, j'allais dire, vide sur un plan des infrastructures et des réalisations,
17:37mais le miracle que le Maroc réalise depuis 1975, c'est quelque chose qui ne peut pas ne pas frapper les esprits,
17:46et notamment ces personnalités françaises qui sont en train de découvrir la réalité immense, j'allais dire, de ce territoire,
17:55et de la volonté politique du Maroc royal, notamment, d'aller de l'avant.
18:00Alors, je reviens à cette question de la coopération interparlementaire à laquelle fait référence Gérard Larcher.
18:07Quels sont, pour vous, Javad Khaldouni, les axes prioritaires de cette coopération ?
18:10Alors, les axes prioritaires, c'est d'abord les échanges entre parlementaires, je crois qu'ils vont se multiplier dans l'avenir,
18:19soit des parlementaires marocains qui vont aller au Parlement français ou à l'inverse,
18:25et puis une activation de groupes de travail, des groupes d'amitié.
18:31Il y a un groupe d'amitié Maroc-France, aussi bien à l'Assemblée nationale qu'au Sénat,
18:37et il y a aussi l'Assemblée parlementaire francophone où M. Larcher a dit que le Maroc aura toute sa place dans cette Assemblée parlementaire.
18:48Et au-delà de ça, pour moi, ce qui est important aussi, c'est qu'il a parlé d'investissement français dans les provinces sahariennes, dans nos provinces.
19:01Et ça, c'est très important, à la fois sur le plan économique et aussi sur le plan politique, et aussi l'ouverture d'un consulat général français à la UNE.
19:13Donc tout ça est très positif. Et personnellement, je suis très optimiste pour l'avenir des relations entre les deux pays.
19:21Je pense que vous n'êtes pas le seul dans ce cas de figure.
19:23Jawad Kadhoudi et Hassan Alaoui sont avec nous jusqu'à 9h30. On va marquer une petite pause.
19:28Le point info de Karim Drone. Et juste après, nous allons aborder le deuxième sujet qui nous intéresse aujourd'hui, l'avenir de l'Ukraine et ce qui se joue actuellement en ce moment au sein des Nations unies.
19:40C'est tout sauf anodin. Les Américains et les Russes votent ensemble.
19:44Ça fait une belle durète qu'on n'avait plus vu le représentant des Américains et celui des Russes voter un seul texte en commun.
19:53Bon, on va marquer une pause. Karim Drone pour les infos. Et nous, on se retrouve juste après pour la suite du débat. A tout de suite.
20:00Alaoui, à ma droite, directeur de publication du magazine Maroc Diplomatique.
20:05Alors, dans le dernier numéro de Maroc Diplomatique, vous avez mis Donald Trump en une avec cette interrogation.
20:12Donald Trump, le monde en otage. Alors, on voit Donald Trump, le président américain, de profil.
20:16Derrière lui, une scène apocalyptique. Le monde en feu, qui part en feu. Et cette interrogation.
20:22Alors, c'est quoi le message que vous voulez adresser? C'est un petit message subliminal adressé à Jawad Kadhoudi pour lui faire plaisir.
20:28Écoutez, je... Vous voulez que je réponde ou c'est Jawad qui...
20:33Non, mais je vous taquine. En tout cas, j'imagine que les éléments qui sont à l'intérieur de ce numéro sont intéressants.
20:41D'ailleurs, il n'y a pas une semaine qui passe sans que nous n'abordons...
20:44C'est l'homme qui fait l'actualité.
20:46Évidemment. Et tous les sujets, de près ou de loin, nous ramènent finalement à Donald Trump.
20:52Regardez, il vient de faire une proposition incroyable. C'est d'offrir, je veux dire, la résidence et éventuellement la nationalité
21:00contre 5 millions de dollars à tous ceux qui veulent s'installer aux Etats-Unis.
21:04Il a appelé ça la résidence Trump.
21:05Bien sûr, c'est exactement l'esprit, pardonnez-moi, transactionnel, quoi.
21:09Oui, au moyen-an, 5 millions de dollars, quand même.
21:11C'est ça, il faut les trouver.
21:13Oui, mais c'est pas notre sujet de jour. Notre sujet de jour, c'est l'Ukraine. Parce que là, pour le coup, les choses commencent à se clarifier.
21:18Là, il n'y a plus d'interrogations possibles et de doutes.
21:22Les Etats-Unis s'alignent sur le narratif de Moscou et notamment et surtout à l'ONU.
21:28Les Russes ont voté en commun avec... Les Américains ont voté en commun avec les Russes une résolution qui ne condamne pas forcément la Russie
21:39et qui ne défend pas l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
21:45Il y a eu deux votes importants ces dernières heures.
21:47Celui-ci en question et puis un autre, un texte présenté par l'Ukraine, qui est passé le cap du vote.
21:55Et le Maroc a voté pour ce texte qui condamne bien sûr l'invasion de la Russie et qui rappelle que l'intégrité territoriale des nations ne peut en aucun cas être violée.
22:07Rien de surprenant là-dessus.
22:08Mais revenons au premier texte.
22:10Pourquoi, selon vous, les Américains ont franchi le pas et ont voté un texte proposé par la Russie et qui ne condamne pas la Russie ?
22:22Alors, effectivement, comme vous l'avez dit, c'est la première fois, je pense, depuis la Seconde Guerre mondiale que les Etats-Unis votent la même chose que la Russie
22:34pour cette question très importante qui est la guerre en Ukraine.
22:39Et d'ailleurs, Jean-Yves Le Drian, l'ancien ministre des Affaires étrangères, parle d'un renversement des alliances.
22:46C'est quand même très, très grave.
22:49Et François Bayrou, le premier ministre, d'un basculement du monde.
22:55Donc, il y a effectivement un nouvel ordre mondial qui est en train de se faire devant nos yeux.
23:02Alors maintenant, votre question est pertinente. Pourquoi ? Pourquoi Donald Trump fait-il ça ?
23:10À mon avis, il y a plusieurs raisons.
23:13D'abord, c'est un conservateur.
23:15Il faut dire les choses telles qu'elles sont.
23:17Et d'ailleurs, il a assisté à la fameuse messe des conservateurs qui a eu lieu le 21 février 2025, donc près de Washington.
23:29Et les conservateurs sont plutôt du côté des régimes autoritaires plutôt que des régimes progressistes.
23:41Et donc, il y a sur le plan idéologique un rapprochement entre Trump et Poutine, puisque tous les deux sont des régimes autoritaires.
23:53Donc, il y a ça.
23:54Il y a aussi sur le plan géopolitique, peut-être, le fait de se rapprocher de la Russie pour l'éloigner de la Chine,
24:05parce que les Américains considèrent que le principal adversaire, c'est la Chine, c'est pas la Russie.
24:14Donc, c'est aussi peut-être une manœuvre pour séparer, pas séparer quand même,
24:21mais pour éloigner la Russie de la Chine.
24:26Et puis, il y a le côté économique.
24:31Trump pense peut-être, il veut faire des affaires avec, parce qu'il n'oublie jamais,
24:39si vous voulez, que c'est d'abord un homme d'affaires plutôt qu'un homme politique et donc faire des affaires avec la Russie.
24:50Et donc, tout cela, il faut qu'on le suive de très près.
24:54Et pour terminer, il y a quand même la réaction de Macron qui, le 17 et le 19 février, a réuni à Paris les Européens,
25:07parce que ce que craignent les Européens, c'est qu'il y ait un accord entre la Russie et les Etats-Unis en dehors de l'Ukraine et en dehors de l'Europe.
25:18Et ça, il ne l'accepte pas. Il l'a dit à Trump.
25:22Maintenant, Trump a répondu d'une façon très floue lors de cette réunion.
25:29Et donc, il faut attendre, à mon avis, les prochaines semaines pour savoir est-ce qu'il va tenir compte de cette intervention ?
25:39La réponse, vous la connaissez, Jawad Karzaudi.
25:41Il ne va pas tenir compte.
25:42Il ne va pas tenir compte ni de ce que dit Emmanuel Macron, ni de ce que pensent les Européens sur cette question.
25:48Il n'y a pas de doute là-dessus.
25:49Maintenant, je reviens sur un élément très important que vous avez évoqué.
25:51C'est vrai que c'est une grille de lecture que je lis et j'entends depuis un certain temps et qui est très pertinente à mon sens.
25:58C'est effectivement pourquoi, in fine, Donald Trump fait les yeux doux, en quelque sorte, à Vladimir Poutine et à la Russie.
26:04Et l'un des éléments qui revient le plus, c'est effectivement la plus grande crainte côté américain.
26:10C'est que l'alliance entre la Chine et la Russie se renforce.
26:14Et si, effectivement, vous mettez d'un côté la puissance économique de la Chine et la puissance militaire et nucléaire de la Russie,
26:21là, vous avez en face de vous un sacré concurrent pour l'hégémonie mondiale.
26:25Hassan Alawi, est-ce que vous pensez effectivement que ce qui motive et ce qui pousse Donald Trump, in fine, à non pas s'aligner sur le narratif russe,
26:35parce que là, ce serait trop excessif, mais à changer de politique, on va dire ça comme ça, par rapport à son prédécesseur et à ses prédécesseurs.
26:42C'est effectivement cette crainte ou cette volonté de vouloir briser ce lien indéfectible entre Pékin et Moscou ?
26:50Écoutez, moi, je vais revenir aux fondamentaux, si vous permettez, c'est-à-dire l'affaire, puisqu'on parle, l'émission est consacrée ici, à l'Ukraine.
26:57Oui, mais tout est lié.
26:58D'accord, oui, mais l'histoire, si vous voulez de briser un petit peu ce cercle, je dirais pas vertueux, mais vicieux envers la Chine,
27:08c'est qu'évidemment, c'est une volonté qui a toujours dominé la pensée et l'action de Trump depuis sa première législature.
27:16Effectivement, si Jawa l'a bien dit et exposé, tout ça, c'est une volonté de neutraliser un petit peu la Chine, de neutraliser la Russie aussi d'abord, n'est-ce pas ?
27:26Un rapprochement politique avec la Amadoui, si vous permettez, la Russie, se rapprocher, lui donner enfin de l'importance sur un petit peu sa vision,
27:38même si elle s'engrave et pas du tout approuvée par le reste du monde, en l'occurrence l'Europe,
27:43et bien donner l'impression que Poutine est important, etc., etc., et que dès qu'on fait un petit peu, on revient à cette histoire de ce qu'on appelle le duopole de la guerre froide,
27:54c'est-à-dire les deux superpuissances qui s'allient, enfin, avec une résolution qui est complètement, je veux dire, floue et abstraite, surtout injuste,
28:04parce qu'on nous a rebattu les oreilles pendant des années qu'il faut aider l'Ukraine, et même le président américain précédent avait mis de l'argent et des armes et tout ça,
28:14et aujourd'hui, tout tombe à l'eau comme si de rien n'était, c'est-à-dire, en fait, le peuple ukrainien est sacrifié,
28:22et la résolution qui a été votée sur l'intégrité territoriale, c'est important, et le Maroc, pourquoi il l'a ? Parce que le Maroc vit justement le problème de l'intégrité territoriale.
28:32C'est un élément fondamental de la diplomatie marocaine.
28:34D'accord, et tant que le Maroc approuve, soutient le principe fondamental de l'intégrité territoriale, d'où qu'elle vienne, où elle se trouve, n'est-ce pas ?
28:43Et voilà l'explication. Maintenant, le calendrier de Trump, il est connu, on l'a dit et on est d'accord que c'est un transactionnaliste, je dirais, n'est-ce pas ?
28:53Et tout ce qu'il veut, c'est, bien entendu, élever le rang des États-Unis, quitte, évidemment, à jouer avec le diable, pardonnez-moi entre guillemets,
29:05c'est-à-dire, comme dit Faust, c'est-à-dire, diaboliser avec le diable, n'est-ce pas ?
29:10Partiser avec le diable.
29:11Pardon, partiser avec le diable, et donc, aujourd'hui, l'entente, je ne sais pas combien de temps elle va durer avec la Russie,
29:20est désormais, tout simplement, construite, imaginée, échafaudée.
29:25Je ne dirais pas entente, je dirais surtout détente, et que le dialogue a été surtout renoué, parce que pendant l'ère de Joe Biden, le dialogue était complètement recul.
29:38Aucun contact, disons détente.
29:41Quand vous faites la diplomatie, c'est une erreur à ne pas commettre, même avec vos adversaires, vous devez maintenir un lien, un canal de discussion possible.
29:49Le langage, autrefois, précisait qu'il s'agissait de la détente avant l'entente.
29:55Aujourd'hui, nous sommes évidemment au niveau de la détente, bien sûr, ce rapprochement spectaculaire, je ne sais pas qu'est-ce que ça prouve,
30:03mais il est là, parce qu'avec simplement un objectif dans la tête du président américain, c'est tout simplement parce que, lui, la Chine lui inspire des craintes, des craintes de graves craintes.
30:14Oui, et surtout l'alliance russo-chinoise, ou sino-russe.
30:17Et il la brise, il veut la briser.
30:19Les grands perdants de cette affaire, c'est évidemment le peuple ukrainien et les millions et l'Europe.
30:24Attendez. Et surtout, bon, déjà, c'est ce qu'on en parle depuis février 2022.
30:29Mais il y a eu quand même Obama, selon les estimations de la CIA, un million de morts dans cette guerre.
30:37Et effectivement, comme l'a dit Hassan El Aoui, les Européens.
30:40Moi, j'ai en mémoire comme ça les déclarations de certains responsables européens, notamment un, en l'occurrence Bruno Le Maire,
30:46ancien ministre français de l'économie, qui avait dit aux premières semaines du début de cette guerre qu'Europe et que, lui, et que la France allaient mettre à genoux l'économie russe.
30:57On voit les résultats que ça a donné et tout ça pour ça, in fine.
31:02Exactement.
31:03Donc, juste si vous permettez, un petit élément nouveau, parce que Trump n'oublie jamais les affaires.
31:11C'est un homme d'affaires. Et j'ai appris ce matin que finalement, l'Ukraine serait d'accord pour signer un accord avec les Etats-Unis sur les terres rares.
31:24Et donc, et même Trump a invité Zelensky à venir aux Etats-Unis, à Washington pour signer l'accord.
31:36Donc, peut-être qu'il va quand même modifier un petit peu sa position, parce qu'il a obtenu satisfaction.
31:45Parce que juste, je termine, il était en colère parce que la première version de l'accord, Zelensky l'avait refusé en disant « moi, je défends mon pays, je ne vends pas mon pays ».
31:57Et là, c'est quelque chose de nouveau.
31:59Mais qu'est-ce qui a changé ?
32:01Ils vont signer l'accord initial qui a été proposé par Donald Trump, à savoir que les Américains vont s'accaparer de l'Ukraine.
32:08Attendez, attendez, attendez. Il y a quand même la concession qui est une exigence, si vous voulez, de Poutine, à savoir les territoires, le Donbass, la Crimée comme la Crimée, tout le reste.
32:22Tout ça n'a pas encore été clarifié.
32:24On ne le voit pas sur le papier des négociations.
32:26Non, ce que je veux dire, très rapidement, c'est qu'avec cet accord où Trump a obtenu cet accord sur le terrain, et d'ailleurs, Poutine lui-même a dit « je ne suis pas contre la présence de l'Ukraine et des Européens aux négociations ».
32:48Peut-être que ça va se faire à quatre avec les États-Unis, la Russie, Zelensky et l'Europe.
32:58Et là, effectivement, peut-être qu'il y aura un petit changement, pas peut-être sur le fond, mais je pense qu'il y aura, parce que Trump tient beaucoup à cet accord sur les terres rares.
33:13On va suivre l'évolution de cette affaire. Effectivement, on verra comment sera reçu le président ukrainien Zelensky à la Maison-Blanche, parce qu'avec Donald Trump, les images sont très révélatrices.
33:24Et contradictoires. N'oublie pas qu'il y a une semaine, il le traitait de président non élu.
33:29Dictateur, il a dit. Dictateur.
33:31Oui, c'est ça.
33:33Il est 9h30. On doit rendre l'antenne. Merci beaucoup.
33:35Merci beaucoup. Alors, vous avez une conférence, Jawad Kerdoudi, aujourd'hui au siège de l'IMRI. C'est ça, c'est le 26 février, sur le thème « Avenir de la Méditerranée à l'horizon 2050. Études du rapport prospectif mai 2050 ».
33:47Absolument. Je vous remercie de l'annoncer. Pour nous, la Méditerranée, c'est très important. Et donc, on va se pencher sur l'avenir de la Méditerranée.
33:57Si ça vous intéresse, vous n'avez qu'à y aller. C'est au siège de l'IMRI. Merci beaucoup, Jawad Kerdoudi. Karim Droneh revient dans quelques instants pour le journal de 9h30.