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00:00Il est 7h11 sur Europe 1, Jacques Serret, vous recevez ce matin Noël Lenoir, présidente du comité de soutien de Boislem-Sensal.
00:08Bonjour Noël Lenoir.
00:09Bonjour.
00:10Merci d'être avec nous dans ce studio ce matin au lendemain de la grande soirée de soutien de Boislem-Sensal qui a eu lieu hier à l'Institut du Monde Arabe.
00:15Cela fait maintenant plus de 3 mois que Boislem-Sensal est emprisonné, précisément 95 jours.
00:21Ce matin vous signez avec 9 autres membres du comité de soutien une tribune collective
00:26avec Arnaud Bellinetti, Georges Marc Benhamou, Jean-Michel Blanquer mais aussi Xavier Driancourt.
00:30Vous exhortez Emmanuel Macron à prendre des mesures fortes afin de pousser Alger à libérer l'écrivain.
00:36On va y venir, mais pour commencer Noël Lenoir, on aimerait savoir comment se porte Boislem-Sensal, 95 jours de détention.
00:42Quelles sont les dernières nouvelles, comment va-t-il ?
00:45Alors c'est un peu le trou noir, puisque les seuls contacts que l'on a, c'est via sa femme, pas moi personnellement,
00:52mais qui évidemment est écoutée et ne parle pas, et ne tient pas à dramatiser.
00:57Son avocat commis d'office, qu'il n'a pas choisi en Algérie, a des contacts avec son avocat français,
01:05qui ne peut rien faire puisqu'il est privé de visa, ce qu'il ne s'est jamais vu entre la France et l'Algérie,
01:11c'est-à-dire un avocat français d'un français, puisque Boislem est français, qui ne peut pas visiter son client.
01:18Et l'ambassadeur est privé aussi du droit de visite, c'est-à-dire de ce qu'on appelle la protection consulaire.
01:25Donc c'est le trou noir. Ce que l'on sait, c'est qu'il a été transféré dans sa prison après avoir eu, semble-t-il,
01:35une radiothérapie pour un cancer de la prostate. Est-ce que vraiment c'est adapté aujourd'hui ?
01:40Boislem-Sensal a un cancer aujourd'hui ?
01:42Oui, ça a été annoncé dans la presse et ça a été confirmé. Il a 80 ans et il est retourné en prison,
01:50c'est-à-dire qu'il n'est même pas dans un hôpital comme ses soins l'exigent.
01:54Donc nous considérons qu'il y a non-assistance à personne en danger et même, comme on dit en droit international public,
02:01traitement inhumain et dégradant pour un détenu d'opinion.
02:04Vous écrivez dans votre tribune publiée hier ou ce matin, je cite que Boislem-Sensal est une victime sacrificielle.
02:10Expliquez-nous pourquoi, selon vous, il est emprisonné ?
02:13Alors, il est emprisonné, c'est un dégât collatéral, si je puis dire, le mot n'est pas très approprié,
02:21de la dégradation des relations franco-algériennes du fait que la France, et c'est son choix,
02:28a opté pour le Maroc sur l'affaire du Sahara occidental, c'est-à-dire un problème de frontières.
02:36Et comme vous le savez, le Polisario, qui est une organisation terroriste, est soutenu par l'Algérie.
02:43Et donc, il a été arrêté, contrairement à ce qu'il s'imaginait, le 16 novembre 2024,
02:50lorsqu'il venait chercher ses dernières affaires pour s'installer en France.
02:54Donc il est un dommage, disons, humain et dramatiquement humain de cette option française de politique étrangère.
03:04J'aimerais vous faire écouter un son, un sonore, de Bruno Retailleau,
03:08qui était l'invité d'Europe 1C News et des Échos dimanche dernier,
03:11et qui a parlé de Boilem Sansalle avec des mots forts.
03:14Nous devons défendre Boilem comme une cause humanitaire.
03:17Moi, je n'en peux plus, voilà.
03:18On ne peut pas se dire, le pays représentant les droits de l'homme est finalement laissé faire.
03:25C'est intolérable.
03:27C'est intolérable, nous dit Bruno Retailleau.
03:30Il sous-entend, le ministre de l'Intérieur, que le quai d'Orsay, que l'Elysée, finalement, n'agit pas assez suffisamment.
03:37Vous êtes d'accord avec son analyse ? C'est ce que vous dénoncez aujourd'hui ?
03:40Nous n'en savons rien. Nous avons demandé un rendez-vous à Jean-Noël Barrault que nous n'avons pas encore.
03:45Et c'est vrai que cette tribune, au bout de trois mois, c'est éneuf et zéneuf.
03:51C'est-à-dire, assez, c'est assez.
03:53Il faut vraiment que la France se positionne par rapport à un cas humanitaire.
03:57Alors, je dois indiquer, quand même, pour clarifier, que nous, nous sommes dans la défense d'un détenu d'opinion français,
04:03qui est le meilleur promoteur de la culture française et du modèle français de laïcité,
04:08et que la France ne doit pas laisser tomber.
04:10Or, c'est pour nous le trou noir.
04:12Nous ne savons rien, nous sommes un comité de soutien, et la pire des choses, c'est qu'il tombe dans l'oubli.
04:17Et donc, nous demandons au Président de la République, au titre de ce qu'on appelle encore aujourd'hui le domaine réservé,
04:23eh bien, d'utiliser l'ensemble des leviers en sa possession, un peu à la Trump, finalement.
04:27Vous lui demandez de faire quoi aujourd'hui ?
04:29Eh bien, on lui demande de revoir les relations franco-algériennes,
04:32et de mettre dans ce rééquilibrage des relations franco-algériennes,
04:36notamment les visas,
04:38notamment le problème de l'expulsion des Algériens qui menacent gravement l'ordre public.
04:44Nous demandons, dans ce rééquilibrage, qu'il y ait une demande insistante, publique et solennelle,
04:51avec des mesures de levier, c'est-à-dire de rétorsion possible, pour libérer Boilem qu'à 80 ans.
04:57Car nous ne pouvons anticiper, et surtout envisager, la mort de Boilem Sansalle en prison,
05:03ou une quelconque condamnation, qui, évidemment, pèse sur lui comme une épée de Damoclès,
05:09pour un crime qu'il n'a pas commis, soi-disant une atteinte à la sûreté de l'État,
05:13pour avoir écrit des ouvrages en alertant sur les risques de l'islamisation
05:18qui se sont matérialisés en Algérie, et qui pourraient se matérialiser en France sous une forme de pseudo-guerre civile.
05:26C'est quand même très salutaire comme discours.
05:28Donc, on ne peut accepter cette éventualité, et il faut que le Président de la République,
05:33dont c'est la responsabilité, en politique étrangère, réagisse comme il se doit, d'une manière forte.
05:38Aujourd'hui, vous avez le sentiment qu'il ne réagit pas assez suffisamment fort,
05:41vous diriez qu'il est faible dans ce rapport de force avec son homologue algérien ?
05:44Alors, on pense qu'il y a des tractations, mais ces tractations, au bout de trois mois,
05:50qui est un délai considérable pour une personne de 80 ans qui est gravement malade,
05:54ça n'aboutit pas, et au contraire, l'Algérie multiplie les mesures d'agressivité, en quelque sorte, contre la France,
06:03en refusant par exemple, contrairement aux droits internationals publics dont ce pays se réclame,
06:09de recevoir des étrangers qui sont expulsés ou reconduits à la frontière depuis la France,
06:16pour des motifs qui sont absolument contraires aux droits internationaux,
06:19à savoir qu'ils n'ont pas de laissé-passer consulaire, qui n'est absolument pas indispensable dans ce cas.
06:25Donc, je vois que l'Algérie continue de nous attaquer, et que nous, finalement, en dehors de Bruno Retailleau,
06:32qui fait un travail remarquable, on est dans le brouillard,
06:36et il n'est pas normal que le comité de soutien ne soit pas informé de ce qui se passe dans ce schéma-là,
06:43et franchement, malheureusement, et je le regrette, la diplomatie doit faire des efforts, mais ça ne marche pas.
06:50Merci beaucoup Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien de Boilem-Sansalle.
06:53Merci d'être venue sur Europe 1 ce matin. Très bonne journée à vous.