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00:00Il est 19h14 sur Europe 1, je suis toujours avec Jules Torres et Paul Melin dans ce studio.
00:04On va parler de Mayotte.
00:07Il y a 4 mois, souvenez-vous, l'archipel était dévasté par le cyclone Chido qui faisait près de 40 morts, 41 disparus.
00:15Bilan qui reste encore aujourd'hui incertain, des dégâts impressionnants, près de 3 milliards et demi d'euros de dommages,
00:22des quartiers dévastés, alors que Mayotte est le département le plus pauvre de France.
00:27C'est dans ce contexte de grandes difficultés qu'Emmanuel Macron arrive demain pour faire le point sur la situation.
00:33Il avait promis que Mayotte allait être reconstruite rapidement. Est-ce le cas ?
00:38Bonsoir Ancia Bamana, députée RN de Mayotte. Merci d'être avec nous en direct.
00:46Bonsoir madame, merci de votre invitation.
00:48Merci à vous. Alors je sais que la liaison est un peu compliquée, je le dis aux auditeurs d'Europe 1.
00:55Merci de prendre le temps de nous répondre.
00:58On a vu un petit peu et on a entendu effectivement dans le reportage qui est passé dans le journal
01:03que malheureusement, la situation depuis le passage du cyclone Mayotte ne s'est pas nettement améliorée.
01:12Est-ce que vous pouvez nous dire aujourd'hui à quoi ressemble Mayotte 4 mois après le passage d'abord du cyclone ?
01:19Déjà avant le cyclone Lille était dans des difficultés incroyables.
01:23Aujourd'hui, 4 mois après le cyclone, la reconstruction évidemment n'a pas du tout débuté.
01:32Nous vivons des coupures d'eau régulièrement parce que le réseau d'eau n'est pas entièrement fonctionnel.
01:39L'affaire de l'eau, les Mahorais n'arrivent plus à vivre avec les coupures d'eau.
01:45Malheureusement, toutes les solutions proposées, j'en ai moi-même proposé avec la solution bateau-usune d'eau de l'association Watership.
01:54À ce jour, aucune solution n'est proposée par le gouvernement, estimant que les coupures d'eau sont quelque chose de normal.
02:02Vivre avec des coupures d'eau, madame, c'est tout possible et ça commence à être très très très difficile.
02:10C'est un droit humain.
02:10Nous vivons encore sous les déchets.
02:13Nous avons hérité pratiquement de 12 cas de chikungunya.
02:16Donc nous risquons, tout comme La Réunion, de développer une énième épidémie sanitaire, notamment l'épidémie de chikungunya.
02:24Que vous dire d'autre ? Les entreprises attendent toujours les aides.
02:30Les habitants ne sont pas indemnisés puisque les assurances n'acceptent pas d'indemniser les assurés sous prétexte d'avoir des titres fonciers.
02:40Or, nous savons que le chantier de la régularisation foncière n'a pas été entamé alors que la commission d'urgence foncière a été mise en place par le législateur depuis 2017.
02:50À ce jour, cette commission n'a pas les moyens de régulariser le foncier des Mahorais.
02:57Ce sont des sujets qui importent énormément.
03:00Les Mahorais, à ce jour, rien n'a commencé.
03:04Madame Bamana, c'est députée reine de Mayotte.
03:07Ce que vous nous racontez, effectivement, c'est un état des lieux désastreux.
03:11Dans quel état d'esprit les Mahorais vont-ils accueillir Emmanuel Macron ?
03:16Ça risque d'être un peu tendu, non ?
03:18Les Mahorais sont très mécontents, surtout que quand le ministre des Outrumières vient ici le 8 et le 9 avril dernier nous dire que la France n'a pas d'argent à l'issue de la réunion avec les élus locaux.
03:31Oui, c'est inaudible pour les Mahorais.
03:32C'est inaudible.
03:348 avril dernier, M. Valls dit clairement aux élus locaux que la France n'a pas d'argent.
03:40J'ai moi-même participé à cette réunion.
03:43J'ai participé à la réunion du mercredi 9 avril sur la question de l'eau qui préoccupe énormément les Mahorais.
03:50M. Valls nous dit que toutes ces solutions demandent de l'argent.
03:54Les Mahorais sont très mécontents, madame, je vous le dis.
03:57Les Mahorais sont très mécontents et on peut les comprendre.
04:01C'est vrai que les conditions de vie sont extrêmement, extrêmement difficiles.
04:05Est-ce que vous allez rencontrer Emmanuel Macron ? Est-ce que vous allez échanger avec lui ? Est-ce que c'est prévu ?
04:11Évidemment. J'ai été élue pour représenter la population et défendre les intérêts de la population.
04:17Donc je serai à l'aéroport demain à 7h du matin pour accueillir le président de la République pour insister sur les demandes des Mahorais.
04:28M. Valls a promis un projet de loi de co-construire avec les élus locaux.
04:34Or, on constate que tout ce que les élus veulent ici, l'abolition du titre de séjour territorialisé qui pénalise et qui concentre les illégaux à Mayotte,
04:44les Mahorais demandent à rentrer totalement dans le droit commun, abolir toutes ces exceptions qui pénalisent le territoire.
04:53Or, on constate aujourd'hui que tout ce qui a été demandé par les élus n'a pas été retenu à travers un courrier que M. Valls a écrit au président du département.
05:03Donc c'est très tendu ici, mais je vous réponds oui, en tant que représentant de la population, je serai à l'aéroport pour accueillir le président de la République.
05:12Mais est-ce que vous pensez que sa visite va servir à quelque chose ? Franchement, Mme Bamana, est-ce que vous pensez que le fait qu'Emmanuel Macron vienne sur place,
05:21ça va peut-être faire accélérer les choses ? Je me souviens que François Bayrou s'était rendu sur place, il avait promis le rétablissement de l'eau à la fin du mois de janvier.
05:32On voit effectivement qu'on est en avril, la promesse n'a pas été tenue. Est-ce que vous ne craignez pas qu'Emmanuel Macron s'engage et que ses promesses restent en l'air ?
05:40Nous vivons dans des coupures d'eau depuis bien avant Chido. Aujourd'hui, la situation ne s'est pas améliorée après Chido.
05:49Or, à Paris, le gouvernement, en tout cas M. Valls, pour lui c'est normal de vivre avec des coupures d'eau.
05:56Pour lui, il n'y a que 30% de la population à Mayotte qui n'a pas accès à l'eau.
06:01Alors, je lui ai dit très clairement en tant que député élu par la circo de deux Mayottes, la coupure d'eau n'est pas normale, madame.
06:10Aucun Français d'Hexagone ne vit et n'accepterait de vivre avec des coupures d'eau.
06:16Non, non, mais c'est une évidence.
06:18Les Mahorais seront vent debout pour défendre leurs droits au sein de la nation,
06:23parce que nous estimons que nous sommes des Français à part entière, comme tous les Français de la France.
06:28Bien sûr. Est-ce que vous avez eu vent peut-être de manifestations, de mobilisations, de manifestations de colère autour du déplacement d'Emmanuel Macron ?
06:36Bon, ici, ça commence à être une habitude au niveau de la représentation de l'État ici,
06:45c'est qu'on souhaite étouffer toute initiative de manifestation, ce qui n'est pas normal,
06:51parce que le droit de grève, le droit de manifester son mécontentement quand une haute personnalité,
06:59à savoir le président de la République vient sur un territoire qui vit en très grande difficulté,
07:04eh bien, tout cela, on a tendance ici à l'étouffer, ce qui n'est pas normal.
07:09Ah, d'accord. C'est-à-dire que ce que vous nous dites, c'est que...
07:11La population de Mayotte est très en colère.
07:13Mais on fait en sorte qu'il n'y ait pas de manifestation demain ?
07:16Comment ça s'organise, cette pression sur la population ?
07:21En tout cas, la semaine dernière, quand Valls était venu, le 8 et le 9 avril,
07:27les manifestants, les collectifs, des citoyens qui ont des choses à dire aux ministres,
07:33c'est impossible de le rencontrer.
07:36Je vous dis, toute tentative de manifestation est étouffée, ce qui n'est pas normal.
07:42La question migratoire, évidemment, est en première ligne à Mayotte.
07:47Il y a des bidonvilles qui ont été dévastées lors de Chido.
07:50Est-ce que, d'abord, il y en a une partie qui a été reconstruite de ces bidonvilles ?
07:55Est-ce que vous pensez que...
07:57Parce qu'on l'entendait aussi dans le reportage, les maorés parfois se disent,
08:00mais ce n'est pas possible. On nous laisse tomber au profit de ceux qui viennent chez nous.
08:07Est-ce que vous aussi vous partagez un peu ce sentiment ?
08:12C'est le sentiment général de la population, je peux vous dire.
08:15À J2J3 de Chido, tous les bidonvilles étaient reconstruits.
08:20Il y a de plus en plus de bidonvilles, ça s'étend, mais comme il n'y a plus d'arbres maintenant,
08:27on les voit s'étendre sur les hauteurs, sur des zones complètement en insécurité,
08:33sur des pentes en bordure de mer, la situation s'empire.
08:37Nous avons une recrudescence de l'insécurité, madame.
08:40Ce week-end, ce dimanche dernier, il y a un gendarme qui rentrait trop,
08:45qui l'ont chez lui en civil, qui a été attaqué en pleine route.
08:49Les malfrats barrent la route avec des cailloux, des arbres,
08:53et se sont abattus sur ce gendarme qui a été fortement mutilé, madame.
09:00C'est terrible.
09:00Il y a un gendarme qui rentre dans les établissements scolaires,
09:03au lycée du Nord, au lycée d'Embény.
09:06L'insécurité est encore de plus belle,
09:10et c'est l'une des missions de l'État qui n'est que d'assurer la sécurité de ses concitoyens.
09:17Actuellement, cette mission n'est absolument pas rassurée.
09:20Que demandez-vous justement ?
09:22Quelles mesures attendez-vous ?
09:23Vous allez peut-être échanger là-dessus avec Emmanuel Macron.
09:27Demandez-vous face à l'immigration...
09:28L'immigration trans-clandestine.
09:33Excusez-moi.
09:34Oui, sur l'immigration clandestine.
09:35Vous allez évidemment évoquer le sujet avec Emmanuel Macron demain, on l'imagine.
09:39Demain, c'est la protection des frontières,
09:41avec les moyens de la marine nationale,
09:43militariser le canal de Mozambique,
09:47faire de ce canal une quatrième région maritime,
09:50et déployer les moyens nécessaires.
09:53C'est de la responsabilité du chef de l'État en tant que chef des armées
09:57pour enfin protéger nos frontières.
10:00Parce que tant qu'il n'y a pas cette politique volontariste de protéger nos frontières,
10:06et toute la partie diplomatienne en fait avec les Comores,
10:10pour asseoir la souveraineté de la France ici à Mayotte,
10:16alors les Mahorais seront vent debout pour réclamer
10:19à ce que le territoire soit considéré à part entière comme un territoire de la nation.
10:26Oui, parce que les Mahorais n'ont pas le sentiment,
10:28c'est ce que vous nous dites aujourd'hui, de faire partie de la France.
10:32C'est très clairement exprimé ici,
10:34et on le voit quatre mois après Chido.
10:38Moi je suis désolée,
10:39M. Valls prend la parole il y a deux jours à travers une vidéo
10:42pour dire les raisons étaient établies,
10:45l'eau a été rétablie,
10:46et ce n'est pas vrai, il y a des déchets partout,
10:50nous risquons une deuxième grosse épidémie de chikungunya,
10:53on a déjà 14 cas,
10:55dont 6 autochtones,
10:57ça veut dire que l'épidémie va se développer ici à Mayotte.
11:02Jules Thorey, ça...
11:03Donc non, la reconstruction n'a pas commencé,
11:06les toits sont un état sans toit.
11:09Mais ça Emmanuel Malcon, on va le voir demain en arrivant à Mayotte.
11:13Madame Bamana, députée RN de Mayotte,
11:15Jules Thorey, c'est une question à vous poser.
11:17Bonsoir Madame la députée,
11:19il y a souvent chez les Mahorais une critique des déplacements
11:22qui sont faits par des membres du gouvernement.
11:25Il y a eu François Bayrou,
11:26il y avait eu Emmanuel Macron, le président de la République,
11:28M. Valls y était allé également en compagnie d'Elisabeth Borne,
11:32mais on les avait accusés de ne pas avoir été sur le terrain,
11:36de ne pas avoir vu la réalité.
11:38Alors c'est très bien, on va voir le préfet,
11:39on va voir le bureau de crise,
11:41on fait un tour par l'hôpital qui est ravagé,
11:43on discute avec les policiers, les militaires,
11:45mais on ne va pas vraiment dans les bidonvilles,
11:47on ne va pas vraiment dans les quartiers qui sont reconstruits.
11:49Est-ce que ça, c'est quelque chose qui est toujours le cas ?
11:52Est-ce que quand Emmanuel Valls est venu la semaine dernière,
11:55est-ce qu'il est allé sur le terrain
11:56ou est-ce que justement il a continué à faire une visite purement officielle ?
12:00C'est vrai qu'il est d'habitude au niveau des fonctionnaires de l'État ici à Mayotte,
12:06de nettoyer un peu partout, de cacher la réalité des choses.
12:11Mais nous sommes là, les parlementaires, les élus locaux,
12:13nous racontons, nous leur disons,
12:16ils viennent, ils voient la réalité des choses.
12:19Maintenant, entre le discours, les visites et passer à l'acte,
12:23on est encore très loin.
12:25Ils viennent en visite, mais rien ne se fait actuellement.
12:29Oui, ça ne bouge pas.
12:30Est-ce que vous pensez qu'Emmanuel Macron va se rendre dans les bidonvilles demain ?
12:33Mais les actions n'ont pas encore commencé.
12:35Madame Bamana, est-ce que vous pensez qu'Emmanuel Macron
12:38peut se rendre dans les bidonvilles demain ?
12:41Emmanuel Macron connaît très bien les bidonvilles de Mayotte.
12:45Quand vous faites le tour en illipocoptère,
12:47vous les voyez très clairement.
12:49Et puis Suta Chido, vous savez ce que ça veut dire Chido à maorais ?
12:52Ça veut dire miroir.
12:53Donc le miroir a tout montré, on n'a plus d'arbre, on n'a rien.
12:57Ça se voit.
12:58Donc quand vous faites le tour en hélicoptère, il le fait.
13:01On voit les bidonvilles.
13:03Elles ne sont pas cachées.
13:04Et il y en a de plus en plus, madame, je peux vous dire.
13:07Il y a de plus en plus de bidonvilles.
13:10Ancha Bamana, merci d'avoir été avec nous en direct,
13:13députée, reine de Mayotte.
13:15Merci d'avoir pris le temps de nous répondre.
13:17On attend évidemment de découvrir quelle tonalité
13:20la visite d'Emmanuel Macron prendra demain.
13:22Comment sera-t-il accueilli par les maorais ?
13:25Mais on a bien compris, au vu de ce que vous nous expliquez,
13:28parce que finalement, rien n'a bougé.
13:30Deux mois, rien.
13:32Les promesses n'ont pas été tenues,
13:34notamment sur le rétablissement de l'eau.
13:35Comment Emmanuel Macron va-t-il être accueilli ?
13:38On vous suivra ça évidemment sur Europe 1.
13:40Merci d'avoir été en direct avec nous.
13:41Dans un instant, on va parler avec Jules, avec Paul de Pâques.
13:46Tiens, le député LFI, Antoine Léaumont,
13:49propose de supprimer les jours fériés liés à la religion catholique.
13:53C'est bien ça !
13:54Ça ne nous étonne pas de lui nommer.
13:55Il est dans la droite lignée de son chef, Jean-Luc Mélenchon,
13:57et de la France Insoumise ces derniers mois.
13:59Donc Pâques, là-dessus.
13:59Il continue à creuser.
14:01Voilà, c'est ça.
14:02Noël !
14:02Voilà, c'est ça, on va en parler.
14:04Il ne veut pas supprimer le 1er mai.
14:06Il propose beaucoup de choses.
14:08On va en parler tout de suite sur Europe 1.