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00:00Avec Gilles Boutin et avec Jean-Michel Salvator pour commenter l'actualité qui est dominée par la mort de Louise
00:08et la recherche évidemment de ce qui a pu se passer avec ce dernier suspect.
00:14Encore rien n'est formel mais qui semble avoir quand même un lien avec cette affaire
00:21puisque l'ADN de cet individu de 23 ans a été retrouvé sur les petites mains de la victime de 11 ans.
00:28Écoutez ce que disait Linda Kebab secrétaire nationale du syndicat de police unité SGP police force ouvrière ce matin chez Sonia Mabrouk.
00:36Quand on entend des politiques qui seront lourdement sanctionnées, nous ne les laisserons pas s'en sortir.
00:41En fait déjà un, il y a l'indépendance de la justice donc le politique là-dessus n'a absolument pas son mot à dire.
00:45La seule chose sur laquelle le politique peut agir c'est la prévention, éviter que les événements arrivent.
00:49Et donc à chaque fois qu'un événement de ce type arrive, la seule chose que le politique devrait dire c'est
00:53nous avons failli et nous devons travailler à faire en sorte que ça n'arrive plus.
00:56Nous avons failli.
00:57Oui bien sûr.
00:58Faillite collective.
00:59Bien sûr c'est une faillite.
01:00Vous savez quand des faits qui portent atteinte à des enfants dans un pays aussi pacifié, aussi riche, aussi développé que le nôtre arrive,
01:07c'est qu'il y a une faillite collective.
01:08Mais comment est-ce que des individus qui sont connus des services de police et de justice parviennent à commettre des faits pareils
01:13sans qu'ils n'aient été sérieusement pris en charge, sans que les moyens n'aient été mis en oeuvre.
01:18Qu'est-ce qu'on fait ?
01:19Gilles Boutin.
01:21Elle parle de faillite mais c'est surtout l'impuissance qui prédomine je trouve dans ce genre de fait.
01:26Ça fait partie de ces faits divers qui semblent entrer dans la catégorie des drames incompressibles.
01:32On ne les voit pas arriver.
01:34Quelle prévention ?
01:36Mais là, Lola, Elias, je ne vais pas tous les citer.
01:40Oui mais ça dépend lesquels.
01:41Et puis vous avez quand même un élément nouveau j'allais dire depuis 2-3 ans, c'est le couteau.
01:47Le couteau c'est tous les jours.
01:48Le couteau est omniprésent.
01:49Alors on va voir ce qui a caractérisé ce fait divers là.
01:53Quel est le pédigré de ce garçon ?
01:55Comment les choses se sont enchaînées ?
01:56Et dans quelle mesure c'est révélateur ou non d'impuissance,
02:00enfin plutôt de faillite dans la gestion de ce dossier.
02:03Mais en l'état de ce dont on dispose,
02:05on a vraiment l'impression de quelque chose où il est extrêmement difficile de l'anticiper.
02:09Quelle société veut-on ?
02:10Quel niveau de protection veut-on ?
02:12Par exemple, il y a des choses qui existent en Espagne,
02:15mais c'est à l'échelle de centres-villes, de petites villes,
02:18où tous les adultes sont de connivence pour s'assurer que les enfants
02:23qui ont toute liberté de se mouvoir dans l'espace public,
02:26de toujours garder un oeil sur eux.
02:28Donc ça c'est intéressant comme initiative.
02:29Mais à l'échelle d'une zone pavillonnaire comme ça,
02:31où les faits se sont produits,
02:33comment voulez-vous mettre en place ce genre de choses ?
02:35Les caméras ça sert à savoir ce qui s'est passé ensuite,
02:39mais après le drame.
02:40Donc on est vraiment dans un état de difficulté à dire
02:45comment faire pour éviter ça, comment le voir venir.
02:47Là, on manque vraiment de clés.
02:50Moi je trouve qu'il faut quand même faire attention,
02:53il ne faut pas surinterpréter ce genre de faits divers,
02:55parce que des assassinats d'enfants, il y en a toujours eu.
02:58L'affaire Grégory en 1984,
03:01c'est une affaire qui rappelle d'ailleurs pas mal l'affaire d'Estelle Mouzin,
03:04je ne sais pas si vous en souvenez, mais c'était en 2003.
03:06C'était une petite fille qui rentrait de l'école,
03:09elle habitait à Guermande, en Seine-et-Marne,
03:12et elle avait rencontré Michel Fourniret,
03:15on le sait maintenant avec une quasi-certitude,
03:17et Michel Fourniret l'avait assassinée.
03:20C'est vrai que je trouve qu'il faut être un peu prudent,
03:24encore une fois parce que ce sont des faits divers qui arrivent,
03:27mais il faut quand même reconnaître
03:30qu'on peut rapprocher cette affaire
03:32de chiffres qui sont assez glaçants
03:34et qui ont été publiés ces derniers mois,
03:37et qui montrent l'explosion des tentatives d'homicides en France.
03:42Et ça c'est quand même quelque chose qui est très spectaculaire.
03:46Entre 2016 et 2023,
03:52le nombre de tentatives, je ne parle pas de domicile,
03:54mais le nombre de tentatives d'homicides
03:56a augmenté en France de 78%.
04:00C'est-à-dire qu'on est passé en 2016
04:02de 2500 tentatives d'homicides
04:05à 4000 tentatives d'homicides en 2023.
04:09Et quand on regarde les chiffres
04:11qui portent sur les tentatives d'homicides à Paris,
04:14l'année dernière, c'est-à-dire en 2024,
04:17on enregistre une augmentation de 32%.
04:21Donc, bien sûr, il ne faut pas surinterpréter
04:24le fait divers et la mort de Louise, bien sûr,
04:27mais on ne peut pas ne pas faire le rapprochement
04:30avec ces chiffres et avec cette montée en puissance
04:33de ce qu'on pourrait appeler une violence d'atmosphère.
04:37Et c'est bien pour ça que c'est un fait divers
04:41qui émeut la France entière,
04:43parce que tout le monde se reconnaît dans cette histoire.
04:46Tout le monde se dit, ma fille ou mon fils
04:48pourraient être dans cette situation-là.
04:50Et c'est ce qui explique...
04:51C'est-à-dire qu'avant, pour riposter,
04:53on donnait une claque ou un coup de poing
04:55et maintenant on sort un couteau.
04:56Alors il y a ça, bien sûr.
04:58Le fait d'un couteau, je pense que vous avez tout à fait raison.
05:00Je parle de ça parce que,
05:02souvenez-vous de cette séquence
05:04qui a été filmée par une caméra de surveillance
05:06dans le métro de Lyon.
05:07Vous avez ce type qui embouscule un autre
05:09et puis l'autre revient sur ses pas
05:11et il file un coup de couteau dans le cou.
05:13Et la victime a eu 5 jours d'ITT.
05:15C'est-à-dire qu'on est sur un truc invraisemblable.
05:18Oui, mais là, ce qui est compliqué,
05:20c'est qu'en fait, visiblement,
05:22l'enquête le dira, mais ils se connaissaient.
05:24Ils étaient à un moment dans le quartier.
05:26Là, c'est comme j'allais vous dire,
05:27vous m'avez parlé de Fourniret.
05:28On n'est pas du tout dans la même histoire.
05:30Fourniret, c'est un tueur en série.
05:32Il chassait.
05:33Il était parti à la chasse avec sa camionnette.
05:35Il voit cette jeune fille au bord de la route.
05:37Il la ramasse.
05:38Et après, il s'est passé ce qui s'est passé
05:40après des années et des années de cold case.
05:43Aujourd'hui, on se retrouve quand même visiblement
05:47sur un jeune homme qui a 23 ans,
05:51qui est connu pour des faits de petites délinquances,
05:54qui est là, qui habite le quartier,
05:56qui effectivement a dû peut-être lui parler
05:59en lui disant qu'il se retrouvait dans le bois.
06:01Et puis après, il y a encore beaucoup de zones d'ombres
06:03dans cette histoire.
06:04Ce n'est pas exactement sur le même sujet.
06:06Ce que je voulais dire, c'est que c'était un meurtre d'enfant
06:08qui revenait de l'école.
06:09Ce qui est très frappant dans cette affaire-là...
06:11Il n'avait pas de passif, cet homme de 23 ans.
06:13Ce qui est frappant là, c'est la rapidité de l'enquête.
06:15La rapidité de l'enquête qui est due, je pense,
06:18d'abord à la vidéosurveillance.
06:20C'est vrai que ça a permis d'avoir un cliché très rapide
06:24de ce garçon.
06:26Tout le monde dans le quartier l'a reconnu.
06:29Il s'est manifesté auprès de la police en disant
06:31qu'on le connaît, qu'il n'habite pas loin, etc.
06:33Donc évidemment que l'enquête va beaucoup plus vite
06:37avec la vidéosurveillance, avec les réseaux sociaux,
06:39parce que c'est bien ça dont il s'agit,
06:41et puis évidemment l'ADN, mais ça c'est plus ancien.
06:43Il y a un autre aspect.
06:45Il y a encore beaucoup de points à éclaircir,
06:47mais ce qui a mis la puce à l'oreille de la police,
06:49c'est notamment les versions incohérentes,
06:51semble-t-il, des parents du jeune homme qui a été arrêté
06:53et de sa petite amie.
06:55C'est quand même surprenant de se retrouver,
06:57alors que ces gens connaissaient le contexte,
06:59devaient bien se douter de quelle affaire il s'agit,
07:01de se dire qu'il semblerait opportun
07:05de noyer le poisson,
07:07peut-être même ignorer-t-il
07:09si le fils ou la petite amie
07:11était trempée là-dedans.
07:13Mais le simple fait d'avoir ce réflexe
07:15de maquiller la réalité,
07:17ou en tout cas de se méfier de la police,
07:19pour le coup est révélateur d'un mouvement
07:21vraiment sous-jacent dans notre société
07:23où le policier
07:25n'est pas du tout associé à la protection.
07:27C'est un empêcheur
07:29de vivre et de magouiller
07:31tranquillement dans son coin.
07:33Donc là, il y a un vrai problème.
07:35Oui, mais très souvent dans ces histoires-là,
07:37les entourages n'imaginent pas une seconde
07:39que leur enfant ou leur frère...
07:41Pourquoi on entretient un rapport un peu étrange ?
07:43En tout cas, il faut attendre
07:45quelques résultats de l'enquête,
07:47mais cette affaire, évidemment,
07:49est totalement sidérant.