Samedi 25 janvier 2025, SMART WOMEN reçoit Mathieu Corneti (Président fondateur, Impact Partners)
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00:00Bonjour Mathieu Cornetti. Bonjour Marie-Claire. Ravi de votre présence sur ce plateau.
00:09Alors Mathieu, nous nous connaissons depuis longtemps parce que vous avez été un précurseur de l'investissement à Impact en France et maintenant en Europe.
00:18D'ailleurs, vous avez démarré en 2007, c'est-à-dire qu'une époque où le terme d'Impact ne prévalait pas encore. C'était le tout début.
00:25Alors en quelques mots, dites-moi déjà ce qu'est Impact Partners puisque c'est bien le nom du portefeuille de fonds d'investissement que vous dirigez.
00:35Alors ce qu'est aujourd'hui Impact Partners, et vous avez rappelé que c'est une longue aventure de plus de 15 ans et qui nous a donné l'occasion de nous rencontrer à de multiples reprises.
00:47C'est aujourd'hui une société de gestion européenne. On gère 350 millions d'euros, on est une cinquantaine de professionnels et notre particularité c'est d'être centré sur les sujets sociaux.
00:59C'est aussi d'être européen puisqu'on a des équipes qui sont basées à Copenhague, à Francfort, à Milan et à Barcelone.
01:06Et puis en 15 ans d'avoir montré qu'on pouvait associer une vraie performance financière à une performance sociale.
01:13Parfait, donc là vous avez tout dit. Alors au départ Mathieu, si on ne veut pas rafraser les jeunes, on dit « à la base ».
01:21Non, on peut dire aussi « de base ».
01:24Ou de base, c'est vrai. Vous êtes plus jeune que moi, c'est normal.
01:28Là c'est ma fille de 10 ans, de base.
01:31Donc vous n'êtes pas particulièrement sensible à la thématique femme.
01:36Mais c'est pour ça que j'ai eu envie de vous inviter parce que justement je voudrais que néanmoins compte tenu de tout ce que vous pouvez observer dans les entreprises dans lesquelles vous investissez,
01:44je voudrais que vous nous disiez s'il y a des spécificités ou non que vous avez constatées et en quoi elle consiste le cas échéant.
01:52Alors de base, je suis extrêmement attentif à l'enjeu de la méritocratie.
01:58C'est ce qui m'anime, c'est un sentiment de justice.
02:04Je pense que c'est ce qui nous réunit tous au-delà des enjeux de genre.
02:10Ce que je constate, c'est qu'en fait on a des situations qui sont différentes selon le secteur d'activité, selon nos stratégies.
02:19Aujourd'hui chez Impact Partners, on a trois univers de stratégie.
02:24On a un univers qui est sur la création d'entreprises, mais de façon très particulière c'est du commerce dans les quartiers populaires.
02:30Un univers plus « venture » dans l'inclusion des personnes réfugiées, là c'est étiquette plutôt de 1 à 2 millions d'euros.
02:37Et puis il y a un univers qu'on appelle « growth » qui est européen.
02:41Moi ce qui m'intéresse, c'est si je prends l'exemple des quartiers populaires et de la ruralité,
02:48et d'accompagner des entrepreneurs qui ouvrent leur commerce, on a des différences sectorielles très fortes.
02:55Evidemment on a beaucoup plus d'entrepreneurs femmes dans la coiffure et même la pharmacie que dans la réparation automobile.
03:02Dans la restauration c'est différent.
03:05Ce qu'on met en place, c'est un accélérateur dédié à la restauration.
03:11D'ailleurs on avait une promotion hier qui commençait.
03:15Je pense qu'on a la moitié des entrepreneurs qui sont femmes.
03:18Donc il faut prendre les sujets plus en amont.
03:21Après moi ce qui me motive, c'est que ces entrepreneurs ont tous commencé avec peu, voire rien.
03:28On s'entend...
03:31Leur capital à eux.
03:34Un exemple d'entreprise 1000 euros et puis 10 ans plus tard vous avez 8 employés.
03:38Donc on sait que c'est de l'acharnement.
03:42Et tout ça vous ne pouvez le faire qu'avec une société de gestion et des collègues qui partagent ces convictions.
03:50Je reviens sur l'enjeu de la parité, de la mixité.
03:54C'est d'abord d'être convaincu que si vous voulez accompagner des entrepreneurs et faire table rase de vos a priori,
04:04il faut que déjà dans l'équipe ce soit vécu.
04:08Et si je prends une statistique du capital investissement en France,
04:13je crois qu'il y a 7% des professionnels du private equity dont les études ont terminé par la fac.
04:23Et je pense que dedans on a l'université Paris Dauphine.
04:27Donc il y a un enjeu sur le diplôme.
04:31Il y a un enjeu sur le milieu parental, familial, quartier populaire, monde rural.
04:37Il y a un enjeu, évidemment, homme-femme.
04:40Il y a un enjeu sur vos origines.
04:43Et puis ce qui est le plus compliqué quand on se lance, c'est l'apport financier.
04:48Justement, le financement, juste pour terminer, on sait que c'est un vrai facteur d'inégalité.
04:55Parce que là, les baromètres, Sista, etc. démontrent que surtout en matière de fonds propres,
05:01le financement en fonds propres des entreprises dirigées par des femmes est bien plus faible que dirigé par des hommes.
05:09Alors en deux mots, il y a une solution à ça pour vous ?
05:12Au-delà du fait de ne pas faire de différence ?
05:15Il faut avoir le bon benchmark aussi.
05:18On n'est pas dans l'univers du venture, qui est un peu moins champagne aujourd'hui qu'avant.
05:25Ce n'est pas parce qu'un homme lève 100 millions d'euros que je trouve ça bien.
05:33Et si c'était une femme, je vais vous dire, je mets cet argent-là à risque et je peux tout perdre.
05:40Je pense qu'on peut faire beaucoup de choses aussi avec cet argent-là.
05:43Et d'ailleurs, vous avez une invitée qui, à mon avis, vous montrera les choses très terrain sur c'est quelle industrie dans des territoires qui ont besoin d'activité.
05:51J'ai donné cet exemple du financement de commerce.
05:57Si en amont, sur des programmes d'accélération, vous pouvez avoir un ciblage particulier pour que justement tous ces entrepreneurs puissent être bien préparés à la levée de fonds, ça fonctionnera mieux.
06:11Mais je ne pourrais pas vous dire...
06:16– Vous restez convaincu qu'il n'y a pas matière à faire spécifiquement quelque chose. Très bien.
06:23– En fait, ce dont je suis convaincu, c'est que, je vais vous prendre un autre exemple que celui des femmes.
06:28– Très court. – Oui, celui des quartiers.
06:30C'est qu'en fait, il ne faut pas coller une étiquette à un entrepreneur en disant que tu es là parce que tu viens d'un quartier.
06:37– On est bien d'accord là.
06:38– On a des entrepreneurs femmes qui réussissent superbement, il faut juste qu'elles se voient plus et on a des équipes superbes aussi.
06:45– Alors justement, pour qu'elles se voient plus, juste pour conclure, donc merci pour cette action et cette conviction sur l'impact.
06:52Et je voudrais légèrement recommander à nos auditeurs d'écouter ou de réécouter ce genre de cas.
06:57Je l'avais fait venir dans cette émission Catherine Huard-Lefin, qui était venue en mai 2023,
07:02qui a créé une entreprise adaptée, c'est-à-dire avec des handicapés, qui s'appelle E-Tech Way.
07:07Et c'était vous qui l'avez financé notamment et qui me l'avez présenté.
07:11Voilà, donc un bel exemple d'impact.
07:13– Merci Mathieu, merci bien.
07:15– Merci Marie-Claire.