Samedi 21 décembre 2024, SMART WOMEN reçoit Ericka Cogne (directrice générale, association Telemaque)
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00:00Bonjour Erika Cogne. Bonjour Marie-Claire.
00:06Bienvenue dans Spartwoman.
00:08Donc Erika, vous êtes la Directrice Générale de l'association Télémac et vous êtes d'ailleurs engagée depuis longtemps
00:15dans tout ce qui est égalité des chances, inclusion, puisque auparavant, ça fait 8 ans que vous êtes dans le Télémac,
00:20mais auparavant, vous avez également dirigé la fondation Accenture.
00:24Alors, tout d'abord, parlez-nous en quelques mots de Télémac.
00:28Que fait Télémac ? C'est une association qui va avoir 20 ans l'an prochain, donc que fait-elle ?
00:32Oui, Télémac, nous existons depuis 20 ans en 2025, 20 ans pour promouvoir l'ascenseur social
00:40pour des jeunes issus de milieux modestes, garçons ou filles, on reviendra plus spécifiquement sur les filles,
00:46qui sont identifiés par des professeurs dès la cinquième comme ayant un potentiel,
00:51mais effectivement scolarisés dans des collèges d'éducation prioritaire, dans des territoires fragiles,
00:56et nous allons les accompagner jusqu'au baccalauréat et même au-delà, dans leurs études supérieures, on y reviendra,
01:03et dans leur insertion, et également en voie professionnelle, où il y a des pépites,
01:10ce sont nos jeunes Télémac, et nous les accompagnons à travers un double mentorat,
01:14une aide financière en plus de la Bourse d'Etat, et plein d'activités pédagogiques,
01:18des visites d'entreprise, une formation à confiance en soi, des visites culturelles.
01:22Très bien. Vous adressez aux garçons et aux filles, vous l'avez dit, vous les prenez sur qualité de dossier en cinquième,
01:30les filles dans cet environnement, est-ce que c'est spécifique ? Est-ce qu'il y a des comportements particuliers ?
01:36Quelle est la proportion de filles dans vos promotions, dans votre accompagnement ?
01:40Quand nous sélectionnons les jeunes, de façon assez étonnante, nous avons plus de jeunes filles,
01:47et d'ailleurs, si nous ne régulions pas le point, nous aurions plus de 70% de jeunes filles. Pourquoi ?
01:54Parce qu'en fait, en cinquième, les jeunes filles ont une attitude plus positive face au travail,
01:59elles sont plus sérieuses, et elles sont plus motivées à réussir. Trois de nos critères, en plus du critère de milieu social.
02:08Mais effectivement, on rejoint malheureusement un certain nombre d'études, notamment ceux de l'ADEP,
02:14qui attestent qu'au fur et à mesure, et ce malgré l'accompagnement de Télémac, l'autocensure est plus présente chez les jeunes filles.
02:22Et donc, de facto, à la fin de notre accompagnement, ou déjà avec un premier temps au baccalauréat,
02:29nous avons moins de jeunes filles qui ont des mentions, et puis au final, un faible pourcentage des jeunes filles qui font des études scientifiques.
02:39— Et ça, c'est vraiment regrettable. Donc on n'a que 18% de nos jeunes filles qui, à la fin, vont dans des études d'ingénieurs, alors qu'on a 30%...
02:49— Donc vous partez au départ... Parce que bon, vous disiez que c'était étonnant. Mais moi, à la limite, ça ne m'étonne pas,
02:53parce que, effectivement, les filles sont travailleuses. Donc on va pas dans les stéréotypes. Mais néanmoins, c'est un petit peu ça.
02:58Et donc au fil du temps, ce chiffre se réduit de façon très excessive, d'arriver à la sortie. Alors finalement, vous parlez d'autocensure.
03:07Autocensure, c'est sans doute plus large. C'est l'environnement. C'est qu'est-ce qui se passe exactement. Et qu'est-ce que vous avez mis en place en réponse à cela,
03:14puisque votre but, c'est quand même d'arriver à avoir autant de filles que de garçons, sans doute ?
03:18— Oui. Alors l'autocensure... Et c'est approuvé par le CNESCO, donc avec une équipe de 22 chercheurs. C'est à la fois l'autocensure de la jeune,
03:30de son environnement familial, de ses professeurs et de l'ensemble de son quartier. Donc en fait, finalement, pour les jeunes filles, c'est double peine,
03:40parce que cette autocensure, elle est encore plus présente pour elles, dans sa famille, dans son quartier et même dans son école.
03:48Donc ce sont vraiment des barrières mentales qu'il est nécessaire de dépasser. Alors pour dépasser ces barrières, on a mis en place plusieurs programmes innovants.
03:59Tout d'abord avec la région Île-de-France, qui a soutenu plus de 300 jeunes filles qui vont vers des études scientifiques, donc avec du mentorat,
04:08avec plein d'activités. Vous parliez d'intelligence artificielle, donc effectivement de la sensibilisation à l'intelligence artificielle,
04:16le forum de la science, des visites d'entreprises, voilà, comme Schneider, comme Vinci. Et donc au fur et à mesure, on arrive vraiment à travailler
04:26cette ouverture socio-culturelle au milieu scientifique. Deuxième programme très innovant, avec Colette Lewiner, qui est normalienne et sa famille.
04:38Nous avons, cette fois-ci, pour les jeunes en première et terminale et dans les études supérieures, les jeunes filles qui veulent faire des études d'ingénieur ou de médecine,
04:47fait un programme vraiment sur mesure où chaque jeune fille est accompagnée par un mentor ingénieur en data science, en cybertechnologie, en biotechnologie ou en médecine,
04:58notamment en partenariat avec la Fondation Académie de Médecine. Et dernier point, et ça j'y tiens, on a monté aussi des partenariats avec des écoles prestigieuses,
05:08donc Paris Tech, Ix, Ginette. Et là, on a des mentors alumni qui accompagnent notamment nos jeunes filles pour lutter contre cette autocensure et c'est vraiment très précieux.
05:20Et donc, on a très peu de temps, mais les perspectives, très rapidement, les succès des perspectives, on a une minute.
05:27Oui, alors les perspectives, aujourd'hui, nous avons un programme en région Île-de-France. Or, nous sommes dans 11 régions, donc nous sommes à l'écoute des autres régions.
05:35Nous souhaitons avoir plus d'entreprises qui nous rejoignent, industrielles au-delà des classiques, EDF, Vinci, et toutes les tailles d'entreprises et de mentors peuvent nous rejoindre,
05:46donc telemac.org. Et enfin, je rêve d'une grande campagne qui valorise les profils scientifiques pour donner envie aux jeunes avec des rôles modèles.
05:57Et c'est important d'avoir des rôles modèles. Je pense à Amira, malgré le fait que nous existions depuis 20 ans, qui est notre première jeune fille à intégrer Central Paris,
06:07qui a été mentorée par Annie, vice-présidente Schneider. Et des jeunes filles comme Amira, on peut en accompagner des milliers.
06:14Bon, mais écoutez, avec ce témoignage très, très convaincant, bravo, merci. Par anticipation, très bon anniversaire à Télémac pour l'année prochaine.
06:21Continuez. Et d'ailleurs, vous avez parlé des partenariats, et je vais justement recevoir, juste après vous, Marianne Barbalayani, donc l'AMF, et elle est également partenaire.
06:33Donc on va reparler d'engagement à ce titre. Merci beaucoup, Érica.
06:37Merci, Marie-Claire. Merci.