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Vendredi 24 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Boutros Thiery (Directeur des investissements, France, Mercer Investments)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourges, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir c'est celui de l'année 2025, des thèmes et des opportunités pour
00:18des investisseurs, des professionnels de la gestion d'actifs notamment à travers cette
00:22année 2025.
00:23On est encore dans cette période où on réfléchit évidemment aux perspectives de l'année
00:28à l'avenir.
00:29Boutros Thierry est à mes côtés, directeur des investissements de Mercer France pour
00:32évoquer cet exercice de perspectives qui a été réalisé par les équipes de Mercer.
00:38Bonsoir Boutros.
00:39Merci beaucoup d'être là.
00:41Une partie de votre rapport sur 2025, thèmes et opportunités s'intitule Swing State, l'état
00:48de balancier.
00:49C'est comme ça qu'on peut le traduire Boutros.
00:51Qu'est-ce qu'il faut comprendre derrière ce terme et ce titre qui a été choisi à
00:56dessein bien sûr pour marquer un peu les esprits de vos clients ?
01:00Chaque année on essaie d'avoir une expression imagée pour voir comment on va réfléchir
01:06sur les marchés.
01:07On a en effet choisi le thème de Swing State, on pourrait mettre un S à Swing State.
01:11Bien entendu derrière tout ça il y a la mention aux états pivots, aux Etats-Unis qui ont
01:16été comme toujours mais peut-être encore plus l'année dernière important dans le
01:22basculement.
01:23Vous le disiez Grégoire, un basculement entre Kamala Harris et Donald Trump.
01:27L'élection s'est jouée à 135 000 voix apparemment.
01:29Donc il y a ces états pivots et puis plus largement il y a aussi un phénomène de balancier
01:35avec des états pivots au sens international avec beaucoup d'élections qui ont eu lieu
01:39l'année dernière, l'élection allemande qui arrive bientôt et donc un potentiel basculement
01:45avec des états qui vont être soit alignés avec les Etats-Unis, on parle toujours des
01:49Etats-Unis depuis quelques semaines encore plus que d'habitude, soit qui vont être alignés
01:54avec les Etats-Unis, soit qui vont choisir une autre voie, on voit qu'il y a du populisme
01:58qui progresse qui est parfois alimenté aussi par certaines personnes aux Etats-Unis proches
02:05du pouvoir.
02:06Donc il y a aussi ce balancier-là et puis pour finir sur ces états pivots, il y a beaucoup
02:09de pivots devant nous, la tech par exemple qui n'était pas forcément pro-Trump lors
02:15de la première mandature de Donald Trump, on voit qu'ils se sont tous rangés quitte
02:20à avaler un peu leur chapeau sur certaines choses et donc c'est assez important parce
02:24que la tech qui se range derrière cet alignement-là, ça peut avoir des effets, alors positifs
02:29peut-être pour l'économie, on va en parler, mais en tout cas c'est un changement majeur.
02:33Sur la tech, le FT avait repris sous forme de graphique, alors ils avaient sur la Californie
02:41essayé de voir comment les patrons de la tech étaient soit républicains, soit démocrates
02:46en remontant à travers les décennies passées et c'est vrai que le balancier, je garde
02:50cette image-là, on a toujours l'image que Silicon Valley est très démocrate, etc.,
02:56quand on revient aux années 2000 au moment de la bulle dot-com ou précédant la bulle
03:00dot-com, c'était beaucoup plus équilibré, il y avait un biais démocrate dans la tech
03:06californienne il y a 25 ans en arrière maintenant, d'où l'idée de ce balancier.
03:11C'est un peu ta même inspiration, mais c'est vrai qu'il y a un basculement en tout cas,
03:15tout le monde se range sagement derrière Trump et puis il y a des ambitions de renforcement
03:21en fait de cette tech qui, pour Donald Trump, est aussi un moyen de poursuivre cette croissance
03:26très forte.
03:27Comment est-ce que cette idée de balancier, de swing state, se traduit dans l'univers
03:33des marchés, c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui Boutros ?
03:36D'ailleurs, ces considérations géopolitiques, politiques, bien entendu il y a des impacts
03:42économiques avec cette même question de basculement, c'est-à-dire qu'on est sur
03:47des points de rupture sur beaucoup de critères où c'est très difficile de savoir de quel
03:53côté on va tomber.
03:54Des choses assez binaires en fait.
03:56Assez binaires, exactement, et des choses qui sont interconnectées.
03:59On peut prendre quelques exemples, on a parlé de la tech, l'IA a été le plus gros, le
04:05plus gros provoyeur de croissance pour les fameux 7 magnifiques, mais aussi le reste
04:10du marché sur les 4 dernières années.
04:13Donald Trump veut encore appuyer, il y a eu des annonces de plans de 500 milliards qui
04:18étaient déjà prévues avant, on le sait, mais en tout cas c'est un renforcement clair
04:22et net par rapport à ce qu'on vient de dire sur la tech.
04:25Donc ça, il y a des points de basculement, de savoir est-ce qu'on va continuer dans cette
04:30tendance-là ou pas, et puis on en parlera sur les conséquences encore plus précises
04:33sur les choix de portefeuille.
04:34Deuxième basculement potentiel, c'est la volonté de protectionnisme de la nouvelle
04:42administration avec l'impact sur l'inflation, là aussi il n'y a pas forcément de consensus
04:47de marché, est-ce que ça va avoir un impact inflationniste, on a regardé les derniers
04:50chiffres du point de vue des consommateurs là encore aujourd'hui qui ont une crainte
04:54forte de l'inflation, d'un point de vue des entreprises elles sont plutôt positives
04:59sur ce que ça pourrait apporter, mais on sait qu'il y a une crainte forte d'inflationnisme
05:04et on le disait encore, vous avez l'honneur de nous inviter depuis plusieurs années,
05:09on parlait déjà de potentiel de repricing de l'inflation, l'inflation n'est pas dernière.
05:14Régime inflationniste différent etc, c'était il y a au moins trois ans maintenant qu'on
05:17évoquait ça.
05:18Et on voit bien que la plupart des acteurs de marché se sont trompés sur les baisses
05:22de taux, il faut aussi être humble par rapport à ça, donc d'autres facteurs par exemple
05:27sur l'énergie, on sait bien que ça va être un grand thème qui est lui-même lié à
05:31l'intelligence artificielle, il y a des grandes usines de production d'énergie qui
05:36sont en train de se construire dans le Texas, donc pas dans la Silicon Valley, et puis ce
05:40choix, cet impact de l'énergie va bien entendu impacter le monde entier, aussi par rapport
05:46aux craintes géopolitiques ou peut-être l'optimisme géopolitique si la guerre entre
05:52l'Ukraine et la Russie s'arrête comme le souhaite Donald Trump et aussi le reste du
05:57monde.
05:58Qu'est-ce que ça implique, vous le disiez, dans les choix de portefeuille, les choix
06:02de stratégie d'investissement, les outils qu'on utilise aussi ou les produits, les
06:07classes d'actifs à travers lesquels on investit ?
06:10Alors la première chose, il y a un mantra qui est en train de s'installer du côté
06:13des Etats-Unis, c'est « forer, forer, forer ». Nous, on pourrait réutiliser ce mantra
06:21en disant « diversifier, diversifier, diversifier ». Apparemment quand on répète plusieurs
06:24fois les choses, ça marche bien.
06:25C'est la base de la pédagogie paraît-il.
06:27Exactement.
06:28Donc diversification à outrance.
06:30En termes de consensus par rapport aux incertitudes dont on a parlé, ce qui est assez étonnant
06:36quand on a fait le travail d'analyse de toutes les grandes maisons et puis nous, on
06:40publie nos perspectives, il y a quand même un consensus fort sur certaines choses, toujours
06:44positif sur les actions américaines, bien entendu le cri…
06:47Un peu moins depuis quelques jours peut-être, on verra.
06:49Un peu moins depuis quelques jours, on verra si c'est un rebalancement sur l'Europe.
06:54Prudence sur le crédit, on est très prudent sur le crédit.
06:58Notamment le crédit High Yield, à part peut-être le High Yield asiatique qui a encore des poches
07:02de…
07:03C'est prêt à être trop serré vous dites là aujourd'hui ?
07:04Beaucoup trop serré.
07:05Beaucoup trop serré.
07:06Et même le portage ?
07:07Le portage est là, mais le portage c'est ce qui couvre le risque et le risque pris.
07:11En tout cas, il y a des valorisations qui sont tout à fait fortes.
07:14Donc il y a un consensus fort sur les actions, sur une baisse des taux, mais on l'a vu
07:19ce ne sera pas aussi simple.
07:20Donc on pousse à diversifier les portefeuilles, poursuivre les réallocations vers le non-coté.
07:28Alors pas n'importe où, le private equity est aussi en train de souffrir sur le large-cap,
07:33mais aussi diversifier sur les hedge funds par exemple, c'est un thème qui revient
07:38très fortement.
07:39C'est une classe d'actifs qui revient ?
07:40Si on considère les hedge funds de gestion alternative comme une classe d'actifs, c'est
07:43un thème qui revient ?
07:44Oui, et qui avait un peu disparu de toutes les allocations, parce qu'en fait sur la
07:47période de répression financière 2012-2022, c'était le long only qui marchait, le directionnel.
07:54Depuis 2022, comme par magie, tout le monde se dit, tiens être directionnel, action taux,
08:01il y a une recorrélation action taux, avoir un peu de convexité c'est intéressant.
08:05Nous on s'y est toujours intéressé, et ça revient dans les portefeuilles aussi parce
08:09que les clients le demandent.
08:11C'est ça, il y a de la demande qui va avec.
08:13Dans les banques privées, c'est une tendance très forte, les clients redemandent la convexité,
08:19et puis même chez les institutionnels qui ne sont pas toujours les plus friands sur
08:24ce type de stratégie, notamment les assureurs, parce qu'il y a une forte charge en capital,
08:28se réintéressent à ces stratégies, et quand on connecte ça au monde du directionnel,
08:33on peut avoir des choses assez intéressantes.
08:35Nous, par exemple, on voit, et on l'a toujours été dans nos portefeuilles, aussi une réallocation
08:42Europe vers US.
08:43Vous venez de discuter dans votre précédent plateau sur peut-être l'intérêt de l'Europe,
08:49si on reste macro et pas seulement à une ou deux semaines, il y a certains investisseurs
08:53qui depuis dix ans avaient un biais en France très fort sur l'Europe, qui se disent qu'on
08:57ne peut pas se permettre de continuer à avoir ça, donc ils réallouent plutôt sur les
09:02Etats-Unis ou en tout cas les actions internationales.
09:04On parle d'horizons différents, des investisseurs qui ont des horizons très longs, qui prennent
09:07des décisions au rythme de leurs horizons de temps.
09:11Il y a eu des assureurs connus français, des gros assureurs, qui ont décidé sur des
09:17gros portefeuilles de plusieurs milliards, pas de tout mettre sur le pays, il reste diversifié
09:22aussi, mais de réallouer.
09:23Donc quand on réalloue, la question se pose de savoir comment on le fait.
09:26Est-ce qu'on fait de la gestion passive ? On a vu même des stratégies équiponérées
09:31pour éviter d'avoir une trop forte exposition aux 7 magnifiques qui sont très très valorisées,
09:37voire même des stratégies un peu plus audacieuses en disant on est long, indiciel, actions US,
09:42et on short les 7 magnifiques.
09:43D'accord, oui c'est ça.
09:44On achète le marché hors 7 magnifiques.
09:46Une stratégie long short qui rappelle des hedge funds.
09:50Nous on a toujours été très diversifié, plus alloué, même sur nos plans d'épargne
09:54retraite français sur l'international et ça a plutôt bien marché.
09:59Il nous reste deux minutes pour évoquer, alors toujours cette idée de balancier ou
10:02de basculement comme vous dites, sur le plan industriel.
10:05Vous regardez beaucoup aussi les tendances industrielles chez Mercer, les tendances
10:09de l'industrie, de la gestion d'actifs.
10:12Les conséquences sont assez claires.
10:15Elles sont sous nos yeux là.
10:16Elles sont sous nos yeux oui, le début de l'année le prouve.
10:19Des fusions, des fusions acquisitions entre petits acteurs et aussi entre gros acteurs.
10:25Natixis et Generali ont lancé cette semaine un protocole de fusion.
10:29Leur logique est souvent interne en fait, c'est de dire à 300, 500 milliards on est
10:35trop petit.
10:36Ce n'est pas faux.
10:37Il y a une grosse pression réglementaire.
10:40Dans une certaine partie du club, ce n'est pas faux.
10:44Maintenant, il faut être à 1000 milliards en fait, même beaucoup plus.
10:47Il y a des phénomènes de synergie et de baisse des coûts et puis de proposer des gestions
10:53qui sont moins chères.
10:54On peut adhérer ou pas, en tout cas nous, dans ce qu'on regarde, on se rend compte
10:59qu'il va y avoir un barbel entre des gros acteurs de plus en plus gros qui vont faire
11:05du low cost.
11:06Un terme négatif, on peut appeler ça un supermarché en fait, il y a quelques stratégies
11:12qui peuvent être bonnes chez ces grands groupes et puis des acteurs qui seront petits qui
11:16seront obligés de se spécialiser à outrance et être extrêmement bons sur leurs quelques
11:21stratégies.
11:22L'expertise et la spécialisation, ça aussi on en a beaucoup parlé ces dernières années.
11:27C'est déjà une tendance effectivement.
11:29Alors là, il y a des grands mécanos qui se mettent en place, AXA, BNP, Generali, Natixis
11:34et d'autres à suivre peut-être, mais ces tendances-là étaient déjà inscrites.
11:37Ces tendances étaient fortes et en tout cas comme ça s'accélère, nous on va suivre
11:42de plus en plus et faire attention quand on investit sur un gérant sur cette capacité
11:46à aussi trouver de nouvelles idées parce que quand il y a des fusions, il y a aussi
11:49de la casse en termes de performance de gérants qui partent et donc pour les investisseurs
11:53finaux, il va aussi falloir diversifier les gérants et aller chercher de nouvelles idées
11:58peut-être plus originales dans un monde qui aura par construction, c'est ce qu'on anticipe,
12:04moins de gérants spécialistes parce que tous ne pourront pas tenir.
12:08Bon, ces idées de basculement, merci beaucoup d'être venu nous en parler, c'est le thème
12:12que vous avez choisi pour 2025, il y a une année c'était le thème de la métamorphose,
12:16c'est ça l'an dernier ?
12:17Qui se poursuit, il y avait la métamorphose et puis il y avait aussi des tendances fortes
12:22de diversification par le passé.
12:23Ça ne s'arrête pas à la fin de l'année, c'est des thèmes qui sont censés se prolonger
12:27dans le temps.
12:28On a des vues à court terme, on a aussi des vues à 3, 5 ou 10 ans dans l'industrie parce
12:33que quand on investit, il faut aussi mettre en place des gouvernances qui vont être résilientes
12:37sur une longue période.
12:39Merci beaucoup Boutros.
12:40Boutros Thierry qui venait évoquer ce thème du Swing State pour 2025, directeur des investissements
12:45de Mercer France.

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