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Jeudi 23 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Sébastien Roca (directeur général, Cedrus & Partners)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique et nous allons sortir justement de la logique des marchés boursiers, liquides, cotés pour évoquer le vaste univers du non-coté, on en parle depuis quelques années maintenant et de plus en plus dans cette émission.
00:25Nous en parlons avec les équipes de Cedrus & Partners, son directeur général à mes côtés Sébastien Roca.
00:30Bonsoir Sébastien.
00:31Bonsoir Grégoire.
00:32Merci beaucoup d'être avec nous.
00:33Cedrus & Partners vous construisait depuis 15 ans maintenant des portefeuilles, des solutions d'investissement, notamment dans cet univers d'actifs non-cotés pour le compte de vos clients et de vos grands investisseurs.
00:45Sébastien, l'occasion de rappeler un petit peu ce qui fait la force du non-coté aujourd'hui et pourquoi est-ce qu'on en parle autant dans une émission comme Smart Bourse.
00:53Ça fait peut-être 4 ans maintenant que j'ai des rendez-vous réguliers avec des investisseurs ou des gestionnaires d'actifs non-cotés.
01:00On a tous compris qu'il y avait un vent de démocratisation de ces actifs privés ou de ces actifs non-cotés.
01:07Sébastien, pour quelles raisons et quels sont les drivers de ce mouvement industriel de démocratisation des actifs non-cotés ?
01:15C'est vrai qu'on en parle depuis plusieurs années.
01:18Il y a des initiatives notamment de l'État qui viennent renforcer justement cette volonté de flécher l'argent, pas que des institutionnels mais aussi des particuliers avec la loi Industrie Verte qui est rentrée en vigueur au mois d'octobre dernier en 2024.
01:32Cette loi Industrie Verte devrait rediriger à peu près 67 milliards d'euros vers les marchés non-cotés pour financer la transition écologique d'ici 2030.
01:41C'est quand même beaucoup de flux qu'on n'avait pas par le passé.
01:43C'est vrai que l'État a cette capacité justement de rediriger des capitaux.
01:47C'est un des points qui vient justement soutenir ce marché.
01:50Et après, pourquoi c'est intéressant d'avoir du prêt-exploit dans un portefeuille ?
01:53Nous, c'est vrai, comme vous disiez, on conseille des grandes fortunes européennes dans leur allocation d'actifs.
01:59Vous étiez dans une émission avant où vous parliez des marchés cotés.
02:01On fait des marchés cotés mais on fait aussi des marchés non-cotés.
02:03Et les marchés non-cotés, c'est justement ces grandes fortunes européennes.
02:06Elles ont en moyenne à peu près un tiers de leur portefeuille qui est investi sur les marchés non-cotés alors que les particuliers en ont moins de 1%.
02:11Donc, on voit qu'on en parle beaucoup mais il reste beaucoup à faire encore.
02:16Et pourquoi c'est intéressant ?
02:18Souvent, on explique ça avec les trois S chez Cedrus.
02:21Le premier S, c'est la surperformance.
02:23C'est vrai que le particulier, il faut aussi lui parler de performance.
02:25Si on regarde par exemple sur les dix dernières années, qui était un cycle plutôt porteur,
02:29les marchés non-cotés, notamment le private equity, a surperformé les marchés cotés de l'ordre de 7% par an.
02:35Donc, 7% par an sur 10 ans, ça fait 70% de plus de performance.
02:38C'est le premier S, surperformance.
02:40Deuxième S, c'est la stabilité.
02:42Les marchés non-cotés ont des fréquences de valorisation qui sont plus éloignées.
02:46Souvent, c'est trimestriel alors que les marchés cotés, c'est à toutes les secondes.
02:50En fait, par construction dans un portefeuille, de mettre du non-coté, ça va réduire la volatilité de votre portefeuille.
02:55Typiquement, si on prend des marchés cotés, c'est à peu près 20% de volatilité.
02:59Le private equity, c'est 14%.
03:01Par construction, tout de suite, il y aura moins de volatilité, ce sera plus stable.
03:04Et le troisième S, c'est aussi société de demain.
03:07Société de demain, ça veut dire financer l'économie réelle.
03:09Si on prend l'exemple de la France, par exemple, 99,9% des entreprises ne sont pas cotées en bourse.
03:14Ça fait 4 millions d'entreprises, seulement 800 sont cotées en bourse.
03:17Si vous voulez financer l'économie réelle, il faut passer par ce marché-là.
03:20Qu'est-ce qui change là ? Vous êtes référé au précédent cycle de 10 ans.
03:27On va dire que c'est 2013-2023, c'est ça l'idée de ce cycle précédent.
03:33Qu'est-ce qui a changé à partir de 2023 ou 2022 ? Je ne sais pas comment vous datez les choses.
03:37On sait que depuis, notamment, la violence du resserrement monétaire à partir de 2022,
03:43les équilibres ont changé sur ces marchés-là.
03:47J'imagine que 2023-2024, on l'a décrit ici, ont été des années beaucoup plus compliquées.
03:53Est-ce qu'on voit les choses s'améliorer en 2025 ? De quelle manière ?
03:57Et puis on parlera évidemment de la manière d'en profiter.
04:00Mais est-ce qu'il y a quelque chose qui va changer en 2025 ?
04:02C'est sûr que quand on voit la forte hausse des taux, ça montre qu'en fait dans le marché du non-coté,
04:09déjà il ne faut pas se concentrer que sur le private equity, il faut regarder ça dans son ensemble.
04:12Donc quand on dit marché non-coté, c'est private equity, on en parle souvent du capital d'investissement, du LBO,
04:17mais il y a aussi les entreprises qui sont le venture capital, qui ne sont pas encore rentables, le gros, tout ça.
04:23Mais il y a aussi les infrastructures.
04:25Dans les infrastructures, ça va être réseaux de fibres, data centers, des autoroutes, des aéroports.
04:29Ça va être aussi la dette privée.
04:31Donc plutôt que rentrer au capital, on va venir prêter de l'argent à des entreprises qui ne sont pas cotées en bourse.
04:35Et l'immobilier.
04:36Donc l'immobilier, ça va être acheter des immeubles, les restructurer et les revendre.
04:40Donc ça, c'est l'univers du non-coté au sens large.
04:43Et donc quand on voit que cette hausse des taux brutales vient un petit peu rebattre les cartes,
04:47des stratégies qui marchaient très bien dans le dernier cycle vont être moins performantes le prochain.
04:52Donc c'est pertinent justement de se dire, parmi toutes ces classes actives,
04:55quelles vont être les meilleures pour le prochain cycle.
04:58Donc déjà, il faut être capable justement de naviguer dans tout ça.
05:01Il y a des stratégies qui sont peut-être moins adaptées avec le niveau de taux d'intérêt qu'on a aujourd'hui,
05:07mais d'autres stratégies vont être beaucoup plus favorisées par le niveau des taux d'intérêt justement.
05:13En fait, il y a un chiffre qui peut être intéressant.
05:16Sur le dernier cycle notamment, si on regarde la création de valeur,
05:20il y a à peu près 45% de la création de valeur qui s'explique par l'expansion des multiples.
05:26Donc c'est-à-dire que les actifs étaient de plus en plus chers,
05:29et juste le fait que le prix augmente, ça crée de la performance.
05:32Et ça, c'était justement la baisse des taux.
05:34Dans le nouveau cycle, si on prend les mêmes types de stratégies,
05:36qu'utiliser beaucoup de dettes, on créera beaucoup moins de valeur.
05:40L'autre vecteur de création de valeur, c'est la croissance des revenus.
05:44Comment une entreprise, de façon organique ou avec l'acquisition de concurrents, peut créer de la valeur ?
05:50C'est sur ça qu'il faut qu'on se concentre dans le prochain cycle.
05:53Quelque chose de beaucoup plus fondamental comme approche.
05:55Plus fondamental, exactement.
05:56Quand on construit des portefeuilles, on va regarder ce qu'on appelle deux briques.
06:00La première, c'est quelles sont les histoires de long terme.
06:02Les histoires de long terme, ça peut être du prêt à l'écoute dans la santé,
06:05ça peut être des infrastructures, ça peut être du prêt à l'écoute dans la décarbonation des industries.
06:09Ça, c'est typiquement qu'il y a tellement de visibilité
06:12que justement la partie création de la croissance de la valeur, elle va fonctionner.
06:17Donc ça, c'est des choses qu'il faut être capable de sélectionner et d'y rester plutôt long terme.
06:21Mais il y a aussi des opportunités liées au cycle de marché.
06:24Et donc c'est ça qui peut être intéressant pour 2025 en tout cas.
06:27Ça va être nos convictions.
06:29Des stratégies qui vont permettre de dynamiser la performance.
06:32D'avoir une performance qui va se matérialiser plus rapidement.
06:35Et donc ça, il y en a quelques-unes.
06:37On peut parler du prêt à l'écoute secondaire.
06:39Il faut expliquer un peu, Sébastien.
06:41Un exemple qui peut être parlant.
06:43Si vous êtes propriétaire d'un appartement,
06:45donc souvent l'immobilier, ça parle un peu plus.
06:47Vous êtes propriétaire d'un appartement, vous avez un prêt-relais.
06:49Ce prêt-relais, dans trois mois, il faut vous le rembourser à la banque.
06:52Sauf que le prix, il a un petit peu baissé, ça vous embête.
06:55Finalement, votre appartement, il vaut 100.
06:57Quelqu'un qui vous dit, je te le rachète 80.
06:59Mais au moins, tu peux rembourser ta dette.
07:01C'est ça du secondaire.
07:03Je te revends un actif qui vaut 100, mais je te le vends moins cher.
07:06Avec une décote.
07:07Tu as besoin de liquidité à un moment donné.
07:09Et ça aujourd'hui, comme avec la hausse des taux,
07:11les participations mettent plus de temps à sortir dans les portefeuilles.
07:14Les investisseurs, ils ont besoin qu'on leur apporte de la liquidité
07:17pour faire tourner les positions.
07:19Ça, c'est une super opportunité.
07:21Je rappelle, la base de l'investissement et du private equity,
07:23c'est la rotation du capital.
07:25Ce sont des tunnels de plusieurs années sur lesquels on s'engage.
07:29Mais le capital, à un moment, doit tourner.
07:32Soit revenir dans les poches des partenaires des LPIs,
07:35soit retourner s'investir dans d'autres entreprises.
07:38Justement, si on regarde les investisseurs institutionnels,
07:42depuis la hausse des taux,
07:43ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu une baisse des valorisations.
07:46Les fonds d'investissement du private equity gardent les positions en portefeuille.
07:49Ils se disent qu'on va attendre que la baisse s'arrête un petit peu
07:53ou que ça reparte à l'hausse.
07:54Du coup, comme les positions sont gardées en portefeuille,
07:56les LPIs, les investisseurs institutionnels, ont moins de distribution.
08:00Comme ils ont moins de distribution, ils peuvent moins réinvestir.
08:02S'ils investissent moins, le fonds de private equity,
08:05qui voulait lever un certain montant, va lever moins d'argent.
08:07C'est vrai qu'aujourd'hui, ce marché s'est un peu crispé.
08:10Mais si on regarde ça dans son ensemble,
08:12qu'on ne se dit pas que du private equity LBO qui utilise de la dette,
08:16on peut continuer à garder le même niveau de performance,
08:19mais il faut être capable de trouver les bonnes clés d'actifs
08:21et les assembler entre elles.
08:23Sur la partie opportunité, je parle de private equity secondaire.
08:26Un autre qui est intéressant, ça va être la dette distress,
08:29donc la dette privée.
08:30Pourquoi c'est intéressant ?
08:31Parce que 80% des entreprises qui ont été à yield
08:34vont devoir se refinancer d'ici 3 à 4 ans.
08:38Il y a un mur qui arrive.
08:39Il y a un mur qui arrive.
08:40On en parle souvent.
08:41Ce mur, les banques, par le passé, finançaient à 0 ou à 1%.
08:45Aujourd'hui, elles vont moins pouvoir financer.
08:47Donc des fonds de dette privée qui vont apporter des capitaux transitoires
08:51dans les entreprises qui sont saines, mais qui ont besoin de cet argent,
08:53là, il y a des super opportunités.
08:55Ça, c'est quelque chose qui va venir compléter des allocations.
08:58Un dernier exemple, ça peut être des co-investissements.
09:01Ce qui est intéressant sur ça, c'est qu'un fonds de private equity
09:04a acheté peut-être une entreprise il y a 3 à 4 ans.
09:06Elle connaît cette entreprise.
09:08C'est qu'ils sont en train de créer de la valeur avec cette entreprise.
09:11Par contre, ils veulent acheter un concurrent.
09:13Sauf qu'ils n'ont plus de liquidité parce qu'ils ont levé l'argent.
09:15Ils ont déjà mobilisé leur capital.
09:17Donc, ils vont voir un fonds de co-investissement et ils disent
09:19« Cette boîte, je la connais super bien.
09:21Je sais qu'on va faire fois 2, fois 3, fois 4,
09:23mais il faudrait que tu m'apportes un peu de capitaux. »
09:24Donc là, un fonds de co-investissement, ça, c'est intéressant.
09:26Pourquoi ? Parce qu'il vient se mettre en milieu de vie.
09:29Et comme c'est en milieu de vie, la durée d'investissement va être plus courte.
09:32Du coup, on va créer de la performance plus tôt.
09:34On n'est pas au même stade de la création de valeur.
09:36On n'est pas dans la même échelle.
09:37C'est pour ça que nous, on aime bien construire des choses,
09:40opportunités de cycles qui vont avoir des retours rapides.
09:43Parce que dans le long côté, ce que vous disiez,
09:45il faut quand même recycler le capital.
09:47Il y a aussi des choses où on a de très bonnes visibilités sur le long terme.
09:49On sait qu'on dort sur ses deux oreilles.
09:52Mixer les deux, ça permet de passer les cycles.
09:55C'est ça.
09:56Pour préciser un petit peu ce point-là,
09:58quand on s'adresse effectivement à des clients,
10:01des grandes fortunes ou des moins grandes fortunes,
10:04puisque c'est aussi l'idée de cette démocratisation,
10:06qu'est-ce que vous recommandez dans une allocation ?
10:10Vous dites que les particuliers sont à 1% ou moins,
10:13contre 30% pour les grandes fortunes.
10:16Jusqu'où un particulier peut aller ?
10:19Comment est-ce qu'il organise sa poche non cotée pour dormir tranquillement ?
10:24Sébastien, c'est quoi les grands axes que vous pouvez recommander de ce point de vue-là ?
10:29Les grands axes, c'est que déjà,
10:31il y a davantage de solutions qui sont disponibles dans le marché.
10:34Il peut demander à son banquier, à son conseiller en gestion de patrimoine,
10:38j'aimerais avoir du prêt equity ou du non coté,
10:40parce que c'est pertinent d'avoir au moins une dizaine de pourcents,
10:43d'avoir au moins 10% dans son portefeuille, c'est totalement pertinent.
10:46Du coup, demander à son CGP quelles sont les solutions que tu as référencées.
10:50Ce que je trouve intéressant, c'est les solutions qui sont diversifiées,
10:53qui vont venir mixer, du-delà d'aides privées, du prêt equity, des infrastructures.
10:58Parce que ça justement, on fait le travail d'allocation pour le particulier.
11:00C'est difficile pour le particulier de dire, je vais mettre du venture capital,
11:04puis je vais mettre de la dette privée.
11:05Et en plus, il faut avoir le bon fonds au bon moment, alors que là...
11:08Puis ce n'est pas des boîtes qu'on connaît forcément.
11:10Autant dans un fonds large cap Europe, on connaît à peu près toutes les sociétés,
11:13autant là, il y a un vrai travail d'expertise, de terrain qui est important.
11:17En fait, il y a un double travail, un travail d'allocation des bonnes classes actives
11:21et un travail de sélection des bons gérants.
11:24Parce que typiquement, en prêt equity, on parle souvent du premier quartile.
11:28Le premier quartile, ça va être les 25% les plus performants.
11:32Si on ne prend pas le premier quartile, la différence avec à peu près la moyenne de marché,
11:36c'est 5% de performance.
11:38Énorme dispersion de performance dans cet univers des gérants d'actifs non cotés.
11:43Alors que dans les marchés cotés, beaucoup plus faible.
11:45Plus homogène.
11:46Beaucoup plus homogène.
11:47Parce qu'en fait, le terrain de jeu dans les marchés cotés, c'est le même.
11:50C'est en France, 800 entreprises.
11:52Dans le non coté, une fois que vous êtes investisseur, c'est vous qui êtes investisseur tout seul.
11:55Donc vous vous trompez, vous avez faux.
11:57Par contre, vous réussissez, vous réussissez tout seul par rapport aux autres.
12:00Merci beaucoup Sébastien.
12:01Merci d'être venu parler de cet univers, ces univers, ces segments de marché dans le non coté.
12:06Effectivement, c'est un univers très riche de ce point de vue-là,
12:10aux côtés, en parallèle des marchés liquides traditionnels.
12:13Sébastien Roquet, directeur général de Cedric & Partners,
12:16était l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
12:18Merci.
12:22Sous-titrage Société Radio-Canada

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