• il y a 5 heures
Avec Ghislain Benhessa, avocat, auteur de "On marche sur la tête" aux éditions. L'Artilleur (co écrit avec Guillaume Bigot), Fabrice Epelboin spécialiste des médias sociaux, Martin Peltier écrivain

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##POULIN_SANS_RESERVE-2025-01-10##

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News
Transcription
00:00:00Sud Radio, midi 14h, Alexis Poulin sans réserve.
00:00:05La résolution 2025 va écouter...
00:00:08Trois influenceurs algériens ont été arrêtés la semaine dernière.
00:00:11On est les soldats de l'extérieur.
00:00:12Être bienveillants envers tout le monde.
00:00:14On est les soldats dormants.
00:00:16Interpellés pour avoir appelé au meurtre, voire même au viol.
00:00:19Sommé.
00:00:20Si demain, il faut tous devenir des martyrs pour l'Algérie,
00:00:24je préfère même pas parler.
00:00:25Cette ambiance-là...
00:00:28L'État est complice d'un génocide agricole.
00:00:30On ne s'en sort plus.
00:00:31On n'a toujours pas une bonne résolution.
00:00:33Qui accepterait de travailler 40, 50 heures par semaine
00:00:36pour 600 euros par mois ?
00:00:37On n'a plus envie. On n'a franchement plus envie.
00:00:39Voilà, on n'est pas bien là. Tranquille entre nous.
00:00:43Et c'est parti pour la première de l'année.
00:00:44De Poulin sans réserve, 12h, 14h, Sud Radio.
00:00:470826, 300, 300 pour le standard.
00:00:49On va parler, vous l'avez vu, de ces influenceurs algériens.
00:00:53Vous ne les connaissez peut-être pas.
00:00:55Zazou Youssef, Imad Tintin et Doualem.
00:00:58Arrêtés, expulsés et de retour pour certains sur le territoire français.
00:01:03On va en parler dans un instant avec Guylain Benessa, avocat,
00:01:07auteur de « On marche sur la tête » aux éditions de l'Artilleur.
00:01:10On va ensuite parler de cette volonté des censeurs de l'Union européenne
00:01:16via le DSA et Thierry Breton qui voudraient fermer X en Europe
00:01:21parce que la liberté d'expression, mon Dieu,
00:01:23c'est une attaque aux démocraties européennes.
00:01:25Là encore, beaucoup de questions qui se posent sur ce virage
00:01:30de Mark Zuckerberg et de Meta qui suit Elon Musk et X
00:01:34dans la modération des contenus sans les fact-checkers.
00:01:37Et puis, à 13h, on recevra Martin Pelletier, écrivain,
00:01:42qui a été un proche de Jean-Marie Le Pen
00:01:45pour évoquer avec lui la carrière de celui qui a configuré,
00:01:51finalement, la scène politique française par ses outrances
00:01:54et par ses positions et par la création du Front National
00:01:57devenu Rassemblement National.
00:01:59Voilà, 0826-300-300, c'est le standard.
00:02:02On se retrouve dans un instant pour ce sommaire bien chargé
00:02:05de Poulain sans réserve, la première de l'année.
00:02:07C'est Jean-Marie Le Pen.
00:02:09Alexis Poulain, sans réserve, l'invité.
00:02:13Et notre invité, c'est l'avocat et auteur de « On marche sur la tête »
00:02:17aux éditions de l'Artilleur, Guylain Benessa.
00:02:19Bonjour.
00:02:20Bonjour.
00:02:21Pour parler de ce cas emblématique des influenceurs algériens
00:02:27sur le territoire français, plusieurs influenceurs algériens,
00:02:30trois en l'occurrence, il s'agit de Zazou Youssef,
00:02:34Imad Tintin, Doylem, extrêmement suivis sur les réseaux sociaux,
00:02:38que ce soit TikTok ou Snapchat ou autres,
00:02:41et qui ont appelé à l'insurrection
00:02:44ou même des contenus plutôt jugés d'incitation à la haine
00:02:52et qui ont été signifiés d'OQTF.
00:02:55Certains étaient déjà sous OQTF.
00:02:57Et là, on apprend que l'Algérie refuse de recevoir ses influenceurs.
00:03:03Est-ce que vous pouvez nous faire un point sur ce point de droit ?
00:03:07Comment se fait-il qu'aujourd'hui, la France se retrouve coincée
00:03:11avec des gens sur son territoire qui choisissent de faire acte de sédition ?
00:03:18En quelque sorte, je ne sais pas comment on peut dire,
00:03:21extrêmement suivis sur les réseaux sociaux.
00:03:22Et c'est un autre influenceur qui a levé l'alerte
00:03:25et qui, lui, maintenant, se retrouve menacé.
00:03:29Écoutez, en fait, c'est d'une simplicité désarmante.
00:03:32Et on rejoue le même jeu, vous savez, tous les trois mois.
00:03:35Ce n'est pas pour faire un grand topo historique,
00:03:37mais tout de même, Bruno Retailleau, aujourd'hui,
00:03:40fait face au même problème que Gérald Darmanin,
00:03:43qui avait donné lieu, vous rappelez, à un épisode estival absolument invraisemblable,
00:03:47durant lequel Gérald Darmanin voulait expulser un imam radical
00:03:51et s'était heurté de plein fouet à toute une congrégation d'interdits.
00:03:55C'est ça l'idée.
00:03:56Alors, concrètement, ce qui se passe aujourd'hui, c'est très simple.
00:03:59En octobre, Bruno Retailleau a pris une circulaire
00:04:02en demandant au préfet d'obtenir le plus de résultats possibles.
00:04:05En gros, la fermeté sur toutes les questions migratoires.
00:04:08Là, nous étions le 29 octobre 2024.
00:04:12Ce qui s'est passé récemment, c'est que depuis cette date,
00:04:15où Bruno Retailleau a montré les muscles,
00:04:17depuis cette date, on a découvert ou on a redécouvert des influenceurs algériens
00:04:22qui manifestement ont un discours d'appel à la haine ou d'incitation à la violence
00:04:26à l'égard notamment d'opposants au gouvernement algérien.
00:04:31Attendez une seconde, dans un contexte en plus
00:04:33où on a la question de l'arrestation de Boalem Sansalle,
00:04:36ce qui fait que concrètement, les relations sont tendues.
00:04:38Et ce qu'a fait ici Bruno Retailleau cette semaine,
00:04:41c'est qu'il a expulsé, il a poussé à la reconduite à la frontière
00:04:46et donc à l'expulsion en Algérie d'un de ses influenceurs,
00:04:49alors même, et c'est ça la particularité de l'affaire,
00:04:52alors même que le juge administratif n'avait pas saisi,
00:04:55c'est-à-dire il a essayé d'aller le plus vite possible
00:04:58pour éviter Bruno Retailleau que les tribunaux
00:05:01n'interdisent l'expulsion de cet individu de Doualem.
00:05:04Et ce qui se passe maintenant, c'est que l'Algérie dit,
00:05:07très tranquillement, dit moi je n'en veux pas,
00:05:09il est interdit de territoire chez moi, donc vous le gardez chez vous.
00:05:12Ce qui fait que du coup, on l'a reconduit à la frontière,
00:05:14en Algérie pardon, hier, et dans la journée le lendemain,
00:05:18on a dû le récupérer en France parce que l'Algérie n'en veut pas davantage.
00:05:22Mais attendez, alors l'Algérie a le droit de dire
00:05:24il ne vient pas chez nous et la France n'a pas le droit de dire
00:05:26il ne vient pas chez nous, donc on récupère finalement
00:05:29en retour à l'envahir, c'est incroyable quand même.
00:05:31Comment c'est possible que la France ait des lois aussi laxistes ?
00:05:36Ah mais nous sommes, alors là je suis totalement d'accord avec vous,
00:05:39on est dans le caractère ubuesque de la chose,
00:05:42et si je faisais le lien tout à l'heure avec M. Darmanin,
00:05:44c'est parce qu'en fait on se retrouve à chaque fois avec des interdits
00:05:47que nous n'arrivons pas à lever.
00:05:49Et il y en aurait toute une salve.
00:05:51Ici concrètement ce qui se passe, c'est très simple,
00:05:53c'est que vu que cet individu était chez nous,
00:05:57qu'il faisait partie de la société française,
00:06:00il avait un titre de séjour, donc il séjournait en France.
00:06:04Ce qui se passe c'est que nous on l'expulse,
00:06:05mais que vu qu'il est d'abord chez nous, en quelque sorte,
00:06:08et qu'ensuite on l'envoie manu militaris, si je puis dire, en Algérie,
00:06:12l'Algérie entre-temps a fait le nécessaire pour elle-même
00:06:15d'avoir mis en interdiction de séjour.
00:06:17Là où il y a le caractère pour moi le plus cocasse,
00:06:20c'est ce qui, alors il semble, d'après certaines sources sécuritaires,
00:06:25il semble qu'en réalité en 2022,
00:06:28ce brave homme était encore en Algérie pour les vacances,
00:06:30ce qui veut dire qu'il a l'habitude de s'y rendre,
00:06:32et que cette fois-ci l'Algérie en catastrophe, à mon avis en dernière minute,
00:06:35a pris un arrêté elle-même d'interdiction du territoire
00:06:39pour éviter de le reprendre,
00:06:40là où d'habitude elle le reprenait, on va dire tranquillement,
00:06:43le temps des vacances.
00:06:44Ça veut dire qu'en fait l'Algérie bande les muscles
00:06:48rapidement et réagit immédiatement,
00:06:51parce qu'elle n'a pas envie d'avoir sur son territoire
00:06:53des gens qui avaient un titre de séjour sur le territoire français
00:06:56et qui aujourd'hui doivent faire l'objet
00:06:59d'une décision du tribunal administratif en France
00:07:03qui validera ou non la mesure d'expulsion.
00:07:06Donc ce qui se passe c'est qu'on est entre les fourches codines
00:07:09des juges français qui en gros nous interdisent tous les quatre matins
00:07:12d'expulser les individus que nous avons envie d'expulser,
00:07:15et l'Algérie qui profite de cela en disant
00:07:17mais moi je n'ai pas à le reprendre, il est lui-même interdit de séjour.
00:07:21Dans un contexte diplomatique extrêmement tendu,
00:07:23on va justement écouter ce que disaient ces influenceurs
00:07:27sur les réseaux sociaux pour savoir de quoi il est question.
00:07:29On les écoute.
00:07:31Le premier qui touche à l'Algérie,
00:07:33qui essaye de la faire tomber,
00:07:34qui essaye de créer un printemps arabe,
00:07:36qui essaye de faire quoi que ce soit de notre pays,
00:07:39on est les soldats de l'extérieur.
00:07:41On est les soldats dormants.
00:07:43Si demain il faut tous devenir des martyrs pour l'Algérie,
00:07:47je préfère même pas parler.
00:07:51Voilà, alors là il y en a un, mais il y en a trois à avoir ce genre de propos.
00:07:55Comme vous le dites, cibler des opposants algériens en France.
00:07:59Quels sont les recours aujourd'hui au-delà des juges de la France
00:08:03pour faire appliquer la loi et éviter qu'il y ait ce genre d'individu
00:08:08qui continue ses discours sur le territoire français ?
00:08:12On a l'impression qu'on ne peut rien faire finalement.
00:08:15Alors, juste un mot simplement,
00:08:18parce que l'extrait est très intéressant que vous venez de passer.
00:08:20Il se qualifie, cet influenceur, de soldat de l'extérieur.
00:08:23Alors pour ceux, vous savez, qui ont encore la naïveté de croire qu'on n'est pas en guerre,
00:08:27je suis sidéré que nos propres ennemis, si je puis dire,
00:08:30se qualifient de soldats de l'extérieur pour assassiner ou pour frapper la France.
00:08:35Je veux dire, le discours n'est pas très compliqué à saisir.
00:08:38Il est assez clair.
00:08:39Il est assez clair. Alors techniquement, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:08:42Très simple.
00:08:43Je le disais tout à l'heure, d'habitude, une triste vérité,
00:08:46c'est que d'habitude, l'État de droit empêche tout.
00:08:49C'est-à-dire que d'habitude, et c'était le cas de Gérald Darmanin,
00:08:51c'était les juges français ou les juges européens qui interdisaient de faire quoi que ce soit.
00:08:56Je vais un peu vite, on n'a pas le temps d'y revenir,
00:08:57mais c'est, on va dire, l'écueil numéro un.
00:09:00Cette fois-ci, l'écueil numéro deux, c'est la politique menée par l'Algérie
00:09:04pour empêcher, pour s'empêcher de reprendre ce qu'elle ne souhaite pas.
00:09:08Alors là, concrètement, on fait quoi ?
00:09:10Concrètement, et c'est peut-être le plus délicat encore pour Emmanuel Macron
00:09:15et pour nombre de politiques, c'est que la question qui se pose
00:09:18n'est pas une question uniquement juridique,
00:09:20mais une question juridico-politique ou politico-juridique.
00:09:24C'est-à-dire qu'il faut mettre en place un bras de fer immédiat,
00:09:28absolu et, je veux dire, stand égal depuis 50 ans,
00:09:32avec directement le gouvernement algérien.
00:09:34C'est-à-dire, il faut, selon moi, jouer sur tous les leviers possibles.
00:09:38Tout ce qui est relatif à l'aide au développement de l'Algérie,
00:09:42Sarah Knafo en parle régulièrement et elle a complètement raison,
00:09:45c'est une manne financière qu'il faut couper.
00:09:47Mais plus généralement, il faut mettre en place des conditions
00:09:51dans lesquelles nous rentrons nous-mêmes dans un bras de fer avec l'Algérie.
00:09:54Exemple, tenter de limiter tous les flux financiers
00:09:57qui vont de la France vers l'Algérie,
00:09:59notamment des familles, en fait, qui envoient l'argent à la maison,
00:10:02si je puis dire, et reprendre intégralement notre politique,
00:10:06notamment toutes les politiques qui permettent d'obtenir un titre de séjour
00:10:11lorsque vous êtes un enfant d'un ressortissant situé sur le sol français, etc.
00:10:16Donc toute la politique d'aide à la famille,
00:10:18tout ce qui relève des aides sociales données en cette période
00:10:21et dans cette façon-là, doit être revoir de fond en comble.
00:10:24Mais ça signifie bien qu'il y a des leviers juridiques qu'il faudra actionner,
00:10:29mais il faut avant tout une fermeté politique fondamentale avec l'Algérie
00:10:33et ensuite reprendre le logiciel de fond en comble.
00:10:36Quand vous dites qu'on ne peut rien faire,
00:10:38je pense plutôt qu'on s'est tellement habitué à ne rien faire
00:10:42qu'on considère qu'on ne peut rien faire du tout.
00:10:44Mais si vous décidez de modifier complètement le logiciel,
00:10:47alors là, j'allais dire, des choses sont possibles.
00:10:50Mais au sommet de l'État, si on prend la position d'Emmanuel Macron
00:10:54diplomatique vis-à-vis de l'Algérie, c'est un grand flou total.
00:10:59Il n'y a pas eu de déclaration, justement,
00:11:01il n'y a pas eu de volonté d'engager un bras de fer.
00:11:03On a l'impression que c'est le louvoiement en même temps systématique
00:11:07qui fait que la France n'est pas respectée à l'international.
00:11:09Je suis tout à fait d'accord avec vous.
00:11:12Vous savez, le plus frappant, si on essaye de comprendre concrètement
00:11:16le piège à loup dans lequel nous sommes,
00:11:18il suffit de reprendre le communiqué de l'agence de presse algérienne
00:11:22à l'époque de l'arrestation de Boalem Sansal,
00:11:25fin octobre, de mémoire, au début novembre, peu importe.
00:11:27Dans ce communiqué de presse,
00:11:29l'équivalent, on va dire, de l'AFP en Algérie,
00:11:31c'est pas rien quand même, avait publié un communiqué
00:11:34dans lequel elle expliquait que la France macronocioniste,
00:11:37c'était le terme employé à l'époque,
00:11:39la France macronocioniste, dans le communiqué officiel,
00:11:43était un ennemi d'Algérie.
00:11:45Mais surtout, et j'aimerais mettre l'accent là-dessus,
00:11:48il y a un petit paragraphe dans ce communiqué
00:11:50dans lequel cette agence de presse officielle algérienne,
00:11:55je vais essayer de rester nuancé et quelque peu poli
00:11:58en sois de forme matinée ou en tant que médiateur,
00:12:00mais tout de même, il y avait une vulgarité et une outrance
00:12:03à l'égard d'Emmanuel Macron en disant que,
00:12:05concrètement, qu'elle se félicitait,
00:12:07l'agence de presse, elle se félicitait
00:12:09de la faiblesse d'Emmanuel Macron sur
00:12:12la colonisation française,
00:12:14la reconnaissance historique de la responsabilité de la France
00:12:17dans l'abaissement de l'Algérie.
00:12:18Donc elle dit, en gros,
00:12:19Macron, ça nous arrange, il est faible
00:12:21et il ne fait que battre sa coulpe historique sur cette question.
00:12:25Et donc, s'étonner qu'à côté d'un homme comme Emmanuel Macron,
00:12:28il existe des individus comme Boualem Sansale
00:12:31qui, eux, portent le fer contre l'Algérie.
00:12:34Ça veut dire quoi ?
00:12:35Ça veut dire qu'Emmanuel Macron,
00:12:37qui est l'apôtre du en même temps,
00:12:39devrait aujourd'hui se découvrir
00:12:41une sorte de petit Boualem Sansale en lui
00:12:43pour reprendre le flambeau et rentrer
00:12:45directement en bras de fer avec l'Algérie.
00:12:47Si Emmanuel Macron reste le bébé président sympathique
00:12:51qui rêve de battre sa coulpe éternellement contre l'Algérie,
00:12:54on n'y arrivera jamais.
00:12:55En gros, Boualem Sansale étant tôle,
00:12:57il faudrait qu'Emmanuel Macron prenne exemple sur lui,
00:13:00commence par là.
00:13:01S'il se comportait un minimum comme lui,
00:13:03on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui.
00:13:04Imposer le respect, c'est un peu ça qui manque.
00:13:06Mais justement, il avait l'occasion,
00:13:08avec ce discours aux ambassadeurs Emmanuel Macron,
00:13:10de mettre les points sur l'EI.
00:13:12Or, il a visé à côté, encore une fois,
00:13:15en insultant des dirigeants africains
00:13:17plutôt qu'en parlant et en prenant à bras le corps
00:13:20ce sujet Boualem Sansale.
00:13:22Est-ce qu'il a eu des mots par rapport à ça
00:13:24lors de son discours face aux diplomates français ?
00:13:27Vous savez, je pense qu'on atteint,
00:13:30M. Poulin, vous savez, on atteint,
00:13:32je suis tout à fait d'accord avec vous,
00:13:34un en même temps macronien qui se décline
00:13:36une année, une tragique et une criminelle fois de plus.
00:13:39C'est-à-dire que face au Sénégal et à d'autres pays,
00:13:43il a concrètement un discours de colon,
00:13:46ou en tout cas d'ex-colon.
00:13:47C'est-à-dire, finalement, l'Afrique,
00:13:49on en fait ce qu'on veut,
00:13:51on repart de chez vous, prenez-vous en main.
00:13:53Vous savez, à l'époque, on a,
00:13:55la France a beaucoup glosé,
00:13:57beaucoup d'observateurs ont glosé sur le discours
00:13:59de Dakar, me semble-t-il, de Nicolas Sarkozy,
00:14:01écrit par Henri Guaino,
00:14:03qui était un discours dans lequel Nicolas Sarkozy
00:14:05fustigeait, ou plutôt mettait en perspective
00:14:07le fait que l'Afrique n'était jamais entrée dans l'histoire.
00:14:10Et il y avait un récit, une mise en récit
00:14:13sur la colonisation française
00:14:15et le lien entre la France et l'Afrique.
00:14:17Ce que fait Emmanuel Macron là,
00:14:19c'est qu'il est à la fois, il reprend quelque part
00:14:21la position de celui qui considère que
00:14:23au fond, les Africains, ils n'ont qu'à faire le job,
00:14:25on l'a fait pour vous, ça n'a rien donné,
00:14:27prenez-vous en main.
00:14:29Mais en même temps, notamment sur la question algérienne,
00:14:31fait preuve d'une faiblesse,
00:14:33d'Emmanuel, d'une faiblesse coupable,
00:14:36qui tranche complètement avec, j'allais dire,
00:14:38le vieux discours de colonisateur blanc
00:14:40à l'égard de l'Afrique noire.
00:14:42Et je pense que là-dessus, comme par hasard,
00:14:44il est à voile et à vapeur,
00:14:46ce qui fait que l'Algérie sait très bien
00:14:48que sa fermeté est d'apparence
00:14:50et que s'agissant de l'Algérie,
00:14:52Emmanuel Macron n'a jamais rien fait d'autre
00:14:54que mettre en place les conditions
00:14:56de notre propre faiblesse.
00:14:58Elle ne date pas du tout d'Emmanuel Macron, absolument pas,
00:15:00mais il est clair que lorsqu'au sommet
00:15:02il y a la faiblesse,
00:15:04ça ne permet pas d'ouvrir une ornière
00:15:06ou d'ouvrir une porte vers la fermeté
00:15:08et vers un bras de fer que nous n'essayons
00:15:10même pas de jouer depuis 40 ou 50 ans.
00:15:12Merci beaucoup
00:15:14Guylain Benessa, avocat,
00:15:16hauteur de remarche sur la tête aux éditions de l'artilleur
00:15:18d'être revenu sur cette
00:15:20énième imbroglio diplomatique
00:15:22avec ses influenceurs algériens.
00:15:24On pense bien fort évidemment à Boilem Sensal
00:15:26qui est toujours retenu en Algérie
00:15:28et on espère qu'il y aura
00:15:30un dénouement prochainement, mais pour ça
00:15:32il va falloir faire acte d'une diplomatie
00:15:34un peu plus musclée. On se retrouve dans un instant
00:15:36sur Sud Radio pour parler d'un tout autre sujet.
00:15:38L'Europe va-t-elle
00:15:40censurer X sur
00:15:42le continent européen ? Visiblement
00:15:44il ne reste que ça à l'Europe, des bouchons
00:15:46en plastique attachés à la bouteille et la
00:15:48censure. A tout de suite, 0826 300 300
00:15:50on est sur Sud Radio.
00:15:52Alexis Poulin, sans réserve
00:15:54l'édito. Et pour cet édito
00:15:56on va parler, essayer de trouver
00:15:58qui est responsable du saccage
00:16:00de l'hôpital public parce qu'en ce moment
00:16:02vous savez il y a une épidémie de grippe
00:16:04apparemment plus sévère qui met
00:16:06l'hôpital sous pression comme chaque hiver
00:16:08on va dire 87 établissements
00:16:10ont déclenché le plan blanc selon le
00:16:12ministère de la Santé
00:16:14et vous avez encore une
00:16:16fois ces nouvelles
00:16:18de ces patients. Ce
00:16:20week-end, 33 heures, 22
00:16:22heures d'attente et au final
00:16:24deux patients sont morts au CHU de Nantes
00:16:2612 heures
00:16:28d'attente pour quelqu'un d'autre.
00:16:30Avant-hier c'est une jeune patiente de 20 ans
00:16:32qui est morte aux urgences de longs jumeaux
00:16:34elle était atteinte d'une maladie génétique
00:16:36et d'une hyperthermie. Elle a attendu
00:16:38encore une fois des heures dans un box sur un
00:16:40grand quart et elle est décédée d'un arrêt cardiaque
00:16:42une enquête a été ouverte
00:16:443 morts qui ne sont pas des faits divers
00:16:46qui sont la conséquence de choix
00:16:48politiques qui s'avèrent être criminels
00:16:50en moyenne, c'est 150
00:16:52patients par mois qui sont tués
00:16:54faute de prise en charge et de moyens
00:16:56suffisants. C'est un
00:16:58chiffre qui a été exposé par
00:17:00le syndicat Samu Urgences France
00:17:02en décembre 2022. Depuis
00:17:04rien n'a changé. On a tous les mois
00:17:06ces nouvelles. Cette vieille galine
00:17:08retrouvée dans une baine à ordures
00:17:10ce jeune homme qui appelle ses parents alors qu'il
00:17:12est en train de mourir aux urgences
00:17:14les hôpitaux sont devenus des mouroirs
00:17:16les services publics sont en lambeaux
00:17:18de Ségur en promesses vides
00:17:20c'est une descente aux enfers pour les Français
00:17:22qui payent toujours plus d'impôts et qui se demandent
00:17:24où va l'argent. Agnès
00:17:26Buzyn, Olivier Véran, Brigitte
00:17:28Bourguignon, François Braune, Aurélien
00:17:30Rousseau, Agnès Firmin-Lebaudot
00:17:32Catherine Vautrin, Geneviève
00:17:34Dariussec, Yannick Neder
00:17:36neuf ministres de la santé en sept
00:17:38ans. Neuf ministres de la santé
00:17:40en sept ans pour rien. Et on peut saluer
00:17:42le travail également de madame
00:17:44Roselyne Bachelot ou madame Marisol Touraine
00:17:46également ministre de la santé en leur temps
00:17:48c'est l'histoire d'un massacre en bande organisée
00:17:50La sécurité sociale, prenons
00:17:52ça, qui était gérée à parité entre
00:17:54les employeurs et les syndicats historiques
00:17:56avait un budget qui allait très bien
00:17:58presque supérieur à celui de l'État qui
00:18:00échappait totalement à l'État. Alors pour le
00:18:02récupérer, il a fallu transférer
00:18:04la gestion de la sécurité sociale à l'État
00:18:06transformer les cotisations sociales
00:18:08et en faire des impôts. C'est
00:18:10pour ça que la CSG a été créée en
00:18:121991. En 1996
00:18:14le budget de la sécurité sociale
00:18:16est transféré aux parlementaires.
00:18:18Les assurés sociaux n'ont plus leur mot à dire
00:18:20sur les dépenses, les recettes et les investissements
00:18:22En 2004, c'est la
00:18:24tarification à l'activité qui impose
00:18:26à l'hôpital une gestion
00:18:28qui va amener le profit
00:18:30une gestion industrielle. L'hôpital
00:18:32doit être rentable, il ne doit plus
00:18:34soigner, il doit rapporter de l'argent. Son
00:18:36budget ne tient pas compte de la situation
00:18:38géographique, démographique
00:18:40du contexte social et du contexte
00:18:42local également. Et puis on a
00:18:44la RGPP, ça c'est en 2007
00:18:46c'est la révision générale des politiques
00:18:48publiques. On ne remplace plus les fonctionnaires
00:18:50qui partent à la retraite, par contre, on va
00:18:52payer grassement les cabinets de conseil
00:18:54qui vont se mettre en oeuvre et continuer
00:18:56avec ce concept de l'hôpital de flux.
00:18:58Et puis, en 2023,
00:19:00vous savez comment le budget de financement
00:19:02de la sécurité sociale s'est réglé ?
00:19:04Par un 49-3, évidemment.
00:19:06Avec une évolution des dépenses
00:19:08seulement de 4,1%
00:19:10alors que l'inflation dépassait les 6%.
00:19:12Au total, c'est 8 milliards, c'est le trou
00:19:14budgétaire manquant pour l'hôpital
00:19:16public entre le manque à gagner à cause de
00:19:18l'inflation et le manque d'investissement.
00:19:20Et pourtant, il y en a eu, des ségures et des
00:19:22déclarations. D'autres chiffres,
00:19:2429 800 lits d'hôpitaux
00:19:26qui ont été supprimés entre fin
00:19:282016 et fin 2022.
00:19:30Deux tiers des soignants qui sont soins en burn-out
00:19:32et un quart qui ont des pensées suicidaires.
00:19:34Avec ce syndicat,
00:19:36l'association
00:19:38Soins aux Professionnels de Santé, SPS
00:19:40qui sort le chiffre de trois soignants
00:19:42qui se suicideraient tous les deux jours.
00:19:44Voilà où nous en sommes, c'est un tableau
00:19:46bien noir mais, rassurez-vous,
00:19:48Dame Brigitte, Brigitte
00:19:50Macron, elle est présidente de la
00:19:52Fondation des Hôpitaux de France et elle
00:19:54vous demande la charité avec vos petites pièces jaunes.
00:19:56Vous savez qui est vice-présidente
00:19:58de la Fondation des Hôpitaux ?
00:20:00On y retrouve Anne Barrère, ancienne
00:20:02conseillère de communication de
00:20:04Bernadette Chirac, elle-même ancienne
00:20:06présidente de la Fondation des Hôpitaux.
00:20:08Et, pour finir, il y a
00:20:10Jean-François Cyrelli, président de
00:20:12BlackRock Europe, qui est lui aussi vice-président
00:20:14de la Fondation des Hôpitaux. Alors, plutôt que de
00:20:16demander des pièces jaunes et de faire l'aumône aux
00:20:18Français, il serait temps que
00:20:20les gouvernements successifs et que l'Etat
00:20:22investissent réellement dans l'hôpital
00:20:24pour qu'on arrête d'avoir ces nouvelles catastrophiques.
00:20:26Alexis Poulin,
00:20:28sans réserve, l'invité.
00:20:30Et tout de suite, pour parler
00:20:32d'un autre sujet ô combien important
00:20:34la censure de la libre-parole
00:20:36sur les réseaux sociaux, nous recevons
00:20:38Fabrice Eppelboin. Bonjour !
00:20:40Bonjour !
00:20:42Alors, on a un problème d'écho.
00:20:44On va régler ça tout de suite.
00:20:46Ça va, c'est réglé ? Oui.
00:20:48Ça va peut-être mieux comme ça.
00:20:50Je vais me rapprocher de mon micro.
00:20:52C'est impeccable. Alors,
00:20:54Fabrice, bonjour. La question qui se pose
00:20:56évidemment, c'est
00:20:58les annonces de Thierry Breton,
00:21:00l'ancien commissaire européen
00:21:02qui était chargé du numérique et qui
00:21:04a été viré par Madame von der Leyen
00:21:06mais qui continue d'expliquer que
00:21:08sa loi, le DSA,
00:21:10Digital Single Act, est
00:21:12une loi totalement exceptionnelle
00:21:14pour protéger les citoyens européens.
00:21:16On va l'écouter. Il était en plateau
00:21:18hier ou avant-hier pour parler
00:21:20de ça et puis on va réagir par rapport à ses déclarations.
00:21:22Je suis certain que
00:21:24précisément, on va prendre toutes les mesures
00:21:26pour s'assurer qu'il respecte la loi.
00:21:28S'il ne la respecte pas, il y a des amendes
00:21:30et si jamais il continue à ne pas respecter,
00:21:32il y a également dans la loi
00:21:34la possibilité d'interdiction. Donc, on est
00:21:36maintenant équipé. Il faut faire
00:21:38appliquer cette loi pour protéger nos
00:21:40démocraties en Europe.
00:21:42Voilà. Alors,
00:21:44est-ce que c'est une loi qui protège les démocraties
00:21:46en Europe, le DSA ? Est-ce qu'on en est là ?
00:21:48Le DSA,
00:21:50c'est une loi qui met en place
00:21:52une architecture de
00:21:54modération ou censure, comme vous voulez,
00:21:56qui consiste à ce que
00:21:58chaque autorité nationale
00:22:00européenne, l'ARCOM en France,
00:22:02désigne des signaleurs de confiance
00:22:04qui ont le rôle
00:22:06de chérif de la liberté d'expression.
00:22:08Ils vont pointer auprès des réseaux sociaux
00:22:10des contenus indésirables
00:22:12destinés à être supprimés.
00:22:14L'arbitrage final est dans les mains des réseaux sociaux
00:22:16et si ceux-ci n'obtempèrent pas,
00:22:18alors il peut y avoir
00:22:20des conséquences judiciaires.
00:22:22Le problème est en fait plus complexe.
00:22:24Le premier problème, c'est que
00:22:26le DSA est en application depuis
00:22:28mars dernier et
00:22:30on ne sait toujours pas qui sont ces
00:22:32signaleurs de confiance. Donc, on a
00:22:34des entités qui sont a priori
00:22:36des associations ou des groupes privés
00:22:38qui ont été désignées par l'ARCOM dans le plus grand secret
00:22:40pour jouer les chérifs de la liberté d'expression
00:22:42qui ne rendent de compte à personne
00:22:44et qui opèrent dans la plus grande opacité.
00:22:46C'est un premier problème.
00:22:48Mais le plus gros problème, il n'est pas là.
00:22:50Le plus gros problème,
00:22:52et c'est ce que met en place
00:22:54Mark Zuckerberg et qui a mis en place
00:22:56Elon Musk il y a déjà deux ans,
00:22:58le filtre préalable avant même
00:23:00l'arrivée dans les fourches codines du DSA
00:23:02des réseaux sociaux par
00:23:04les fact-checkers associés aux réseaux sociaux
00:23:06ainsi que tout un tas d'outils du type
00:23:08intelligence artificielle pour filtrer un peu
00:23:10l'expression préalablement
00:23:12c'est le deuxième filtre qu'est le DSA
00:23:14ce premier gros filtre, il va disparaître.
00:23:16Et donc le DSA qui auparavant
00:23:18faisait un travail de finition
00:23:20en quelque sorte dans la censure des réseaux sociaux
00:23:22va se retrouver du jour au lendemain
00:23:24à faire le gros œuvre
00:23:26et ça demande une force de travail
00:23:28que le DSA est incapable d'aligner.
00:23:30Pour donner une idée
00:23:32de la quantité de travail nécessaire
00:23:34les Chinois
00:23:36qui ne sont pas avares en censure sur leurs réseaux sociaux
00:23:38alignent 2 millions
00:23:40de salariés pour censurer
00:23:42le contenu de 800 millions
00:23:44d'utilisateurs de réseaux sociaux en Chine.
00:23:46Ramené par une simple règle de 3
00:23:48sur le territoire européen, ça voudrait dire
00:23:50qu'on aligne 1 million
00:23:52de salariés destinés à faire
00:23:54la censure des réseaux sociaux en Europe
00:23:56soit grosso modo 100-150 000
00:23:58en France. C'est complètement irréaliste.
00:24:00On en repense quelque chose comme entre 100 et 200
00:24:02fact-checkers officiels. Ils ne vont pas pouvoir
00:24:04faire le travail de
00:24:06150 000 censeurs chinois.
00:24:08Même s'ils ne censurent pas autant qu'en Chine
00:24:10la disproportion est telle que ça ne marchera pas.
00:24:12On a l'impression aussi que l'Europe
00:24:14encore une fois est à contre-courant puisque
00:24:16les plateformes ont décidé
00:24:18de revoir totalement leur règle de modération.
00:24:20Alors, Elon Musk le premier avec
00:24:22les notes de la communauté et maintenant
00:24:24Mark Zuckerberg voyant le vent tourner
00:24:26avec l'élection de Trump et déjà un peu avant
00:24:28l'élection de Trump avait revu
00:24:30la règle d'utilisation des fact-checkers.
00:24:32C'est maintenant
00:24:34Meta, Facebook,
00:24:36Whatsapp, etc. qui va utiliser
00:24:38également ce système de notes
00:24:40de la communauté qui permet à tous
00:24:42de faire ce travail de fact-checking
00:24:44et de vérifier l'information
00:24:46et les dires des uns et des autres sur les réseaux sociaux.
00:24:48Est-ce que
00:24:50il n'y a pas là en Europe
00:24:52encore une fois
00:24:54le ratage du train
00:24:56et de prendre un retard
00:24:58phénoménal et de n'utiliser les lois
00:25:00que pour la censure,
00:25:02l'amende, récupérer de l'argent de ces plateformes
00:25:04qui, elles, continuent
00:25:06de faire du business. Mais l'Europe,
00:25:08finalement, c'est uniquement
00:25:10faire de la loi de censure.
00:25:12Je ne suis pas sûr qu'on puisse dire que l'Europe
00:25:14soit contre-courant.
00:25:16On est dans une vie où concrètement
00:25:18l'Europe
00:25:20a une vision de la démocratie
00:25:22qui intègre la censure. La liberté d'expression
00:25:24en France, elle n'est pas totale.
00:25:26Si je veux chanter les louanges d'Adolf Hitler,
00:25:28je n'en ai pas le droit en France.
00:25:30Si je veux tenir des propos racistes,
00:25:32c'est illégal en France. Alors qu'aux Etats-Unis,
00:25:34c'est mon droit le plus strict
00:25:36en tant que citoyen américain et ce droit
00:25:38quitte à chanter les louanges aux petits liens
00:25:40d'Adolf Hitler est garanti par la Constitution
00:25:42américaine. On a deux visions très différentes
00:25:44de la démocratie et on a
00:25:46et ça, on va s'en apercevoir au fur et à mesure
00:25:48des commissions d'investigation qui va y avoir
00:25:50dans les mois qui viennent aux Etats-Unis,
00:25:52des Etats-Unis
00:25:54qui ont dérivé vers une vision finalement très
00:25:56européenne de la démocratie et de la censure
00:25:58depuis monso-mojo 2016
00:26:00et qui se sont rapprochés
00:26:02de la vision européenne de la démocratie
00:26:04et du contrôle
00:26:06de la liberté d'expression.
00:26:08Avec Trump, on a un retour aux fondamentaux
00:26:10avec la liberté d'expression
00:26:12absolutiste, le socle de la démocratie
00:26:14américaine. Après tout, c'est le premier amendement
00:26:16qui garantit cette liberté d'expression
00:26:18et du coup, on creuse l'écart
00:26:20entre la vision européenne de la démocratie
00:26:22et la vision américaine
00:26:24du jour au lendemain.
00:26:26C'est plus les Etats-Unis qui ont lentement
00:26:28dérivé ces dix dernières années
00:26:30la vision européenne de la démocratie.
00:26:32– Et là, Trump remet la barre côté américain
00:26:34en disant on respecte la Constitution
00:26:36à la lettre et
00:26:38on n'en a rien à foutre, excusez-moi
00:26:40de l'expression, de ces lois européennes
00:26:42mais du coup, est-ce que cette
00:26:44liberté d'expression à l'américaine
00:26:46transférée
00:26:48aux démocraties européennes,
00:26:50c'est un danger pour les démocraties européennes ?
00:26:52La démocratie américaine, c'est bien.
00:26:54– Oui, bien sûr, il faut être honnête.
00:26:56Le fait que toutes les démocraties européennes
00:26:58ou presque se soient construites
00:27:00sur l'interdiction de la parole rapide,
00:27:02l'interdiction de la parole antisémite,
00:27:04ce genre de choses, c'est pas du tout le cas
00:27:06de la démocratie américaine.
00:27:08C'est clair que si on passe de l'un à l'autre
00:27:10du jour au lendemain, ça va être une catastrophe.
00:27:12– Non mais c'est une chose,
00:27:14mais on avait déjà
00:27:16l'équipement législatif
00:27:18pour contrôler cette parole.
00:27:20Vous avez des gens comme…
00:27:22– Non, non, non, on a juste
00:27:24des textes de loi, mais dans la pratique,
00:27:26on n'a pas les ressources judiciaires.
00:27:28Si demain, vous vous mettez à faire des procès
00:27:30sur toute parole raciste
00:27:32exprimée sur Twitter et sur Facebook,
00:27:34vous allez engueuler les tribunaux
00:27:36pour les 50 prochaines années.
00:27:38On n'a pas les moyens de faire ça.
00:27:40Pour faire ça, il faut des filtres automatiques,
00:27:42il faut une intelligence artificielle,
00:27:44ou il faut une force de travail considérable
00:27:46pour aller faire le tri dans tout ça.
00:27:48L'Angleterre a tenté de faire ça,
00:27:50ça a donné quand même, ces 10 dernières années,
00:27:52plus de 5 000 personnes qui ont fait un séjour en prison
00:27:54pour avoir posté un statut sur Facebook.
00:27:56– Oui, mais c'est grave. – On ne peut pas envisager ça
00:27:58décemment au niveau européen.
00:28:00– Là, c'est une attaque quand même
00:28:02aux droits d'expression, même si la parole est sanctionnée,
00:28:04aller en prison pour ça, pour des posts Facebook,
00:28:06on passe quand même des lignes rouges
00:28:08en Grande-Bretagne avec ces pratiques.
00:28:10– Ça fait longtemps, ça fait facilement,
00:28:12peut-être pas 10 ans,
00:28:14mais ça fait 7 ou 8 ans qu'il est assez courant…
00:28:16L'Angleterre est l'un des endroits
00:28:18au monde où on enferme le plus
00:28:20pour une expression sur les réseaux sociaux,
00:28:22bien plus que des pays,
00:28:24typiquement des pays au Maghreb
00:28:26où ça arrive aussi,
00:28:28ou la Turquie,
00:28:30où il y a bien plus de gens qui ont fait un séjour en prison
00:28:32pour s'exprimer sur les réseaux sociaux en Angleterre qu'en Turquie.
00:28:34– Ça, c'est incroyable.
00:28:36On va revenir sur ce point et sur aussi
00:28:38le fait qu'Elon Musk s'attaque à Keir Starmer,
00:28:40Premier ministre britannique.
00:28:42Emmanuel Macron, d'ailleurs, était en visite
00:28:44hier en Grande-Bretagne.
00:28:46On marque une courte pause
00:28:48et on se retrouve avec notre invité Fabrice Epelboin
00:28:50pour parler de la censure des réseaux sociaux,
00:28:52du contrôle de la parole
00:28:54dans nos démocraties
00:28:56attaquées, selon certains.
00:28:58Si vous souhaitez réagir ou poser des questions,
00:29:000826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
00:29:02– Alexis Poulin,
00:29:04sans réserve, l'invité.
00:29:06– Et on se retrouve avec notre invité
00:29:08Fabrice Epelboin pour parler
00:29:10de ce débat important
00:29:12sur la modération
00:29:14des réseaux sociaux,
00:29:16sur Facebook,
00:29:18vu que Mark Zuckerberg suit Elon Musk
00:29:20dans l'arrêt
00:29:22du fact-checking sur ses plateformes.
00:29:24Elon Musk
00:29:26s'est attaqué à Keir Starmer,
00:29:28Premier ministre britannique,
00:29:30à propos de cette affaire
00:29:32tragique des gangs pédocriminels
00:29:34pakistanais qui ont été couverts
00:29:36en quelque sorte par les autorités britanniques
00:29:38il y a de ça une dizaine d'années.
00:29:40Et tout le monde
00:29:42parle d'ingérence.
00:29:44Le fait d'être l'homme le plus riche
00:29:46de la planète, d'avoir acheté sa plateforme
00:29:48et de l'utiliser pour dire ce qu'on pense
00:29:50et attaquer des figures politiques nationales,
00:29:52c'est de l'ingérence ?
00:29:54– Oui, c'est de l'ingérence.
00:29:56Ça n'a strictement rien d'illégal,
00:29:58c'est pas la première fois
00:30:00qu'on a ce genre d'ingérence.
00:30:02Il faut quand même reconnaître
00:30:04qu'habituellement, les multimilliardaires
00:30:06qui interfèrent dans
00:30:08les affaires internes
00:30:10depuis les souverains,
00:30:12c'est de la façon plus subtile, plus discrète
00:30:14et généralement avec beaucoup plus
00:30:16de moyens financiers, parce que pour l'instant
00:30:18Elon Musk n'a pas dépensé des fortunes.
00:30:20– 44 milliards pour l'achat de X, c'est tout ?
00:30:22– Oui, alors ça,
00:30:24c'était pas destiné à faire de l'ingérence
00:30:26en Angleterre. En Angleterre, il semblerait
00:30:28qu'ils financent Moose Parade
00:30:30mais par rapport à d'autres
00:30:32pervers qui font de l'ingérence,
00:30:34c'est pas non plus phénoménal.
00:30:36Si vous regardez les patrons de presse,
00:30:38il y a un grand patron de presse australien
00:30:40qui a montré un immense groupe
00:30:42de presse, dont Sky News
00:30:44est l'un des avatars,
00:30:46pour interférer dans les affaires
00:30:48des États-Unis qui sont un pays souverain.
00:30:50Des exemples comme ça, on peut en citer
00:30:5213 à la douzaine, c'est très classique
00:30:54mais habituellement, c'est plus subtil,
00:30:56c'est plus discret, c'est plus élégant.
00:30:58Il faut quand même remarquer
00:31:00qu'Elon Musk est un peu
00:31:02brutal et un peu brut de décoffrage
00:31:04dans ses interférences. Mais les interférences
00:31:06de milliardaires dans les affaires d'État souverain,
00:31:08c'est absolument courant.
00:31:10C'est systématique, même, on va dire.
00:31:12C'est la façon dont sont faites les choses.
00:31:14On a l'impression, en fait, que parce qu'Elon Musk
00:31:16a placé la barrière au niveau
00:31:18mondial, les milliardaires
00:31:20qui achetaient des titres de presse
00:31:22nationaux, locaux, etc.,
00:31:24se retrouvent un peu dépassés,
00:31:26concurrencés de manière
00:31:28totalement
00:31:30hors normes, et que leur
00:31:32réaction est d'essayer
00:31:34de préserver leur précaré d'influence.
00:31:36C'est normal,
00:31:38mais pour avoir place, si vous aviez
00:31:40investi des milliards dans des groupes de presse
00:31:42et que vous aviez
00:31:44des dizaines de milliers d'employés
00:31:46sous la forme de journalistes, et que tout d'un coup, vous avez
00:31:48un abruti dans la Silicon Valley qui,
00:31:50avec Twitter et quelques centaines,
00:31:52même pas quelques milliers d'employés,
00:31:54a une puissance de feu absolument
00:31:56colossale, vous auriez...
00:31:58Leur modèle économique est complètement dépassé.
00:32:00Aux États-Unis,
00:32:02CNN fait 100 000 téléspectateurs
00:32:04en pics d'audience, c'est ridicule,
00:32:06c'est même pas ce que fait LCI en France.
00:32:08Les médias aux États-Unis sont
00:32:10morts, MSNBC étant
00:32:12faillite,
00:32:14CBS également,
00:32:16CNN
00:32:18est sur le point de plier boutique,
00:32:20ils sont quasiment tous morts.
00:32:22Aujourd'hui, ce qui fait
00:32:24les politiques, ce qui fait l'opinion publique aux États-Unis,
00:32:26c'est les fameux podcasts. Jordan fait
00:32:2823 millions de downloads
00:32:30à chaque épisode.
00:32:32Ça permet d'avoir des 100 000 téléspectateurs
00:32:34de CNN. Le paysage
00:32:36médiatique aux États-Unis a basculé
00:32:38dans le numérique.
00:32:40Et dans ce territoire du numérique,
00:32:42Twitter domine de la tête et des épaules.
00:32:44C'est assez logique. Mettez-vous à la place
00:32:46de ces pauvres gouverneurs qui investissent des sommes
00:32:48colossales depuis des générations
00:32:50pour constituer des groupes de presse,
00:32:52c'est normal qu'ils défendent leur précaré.
00:32:54– Ils se sont retrouvés ringardisés. Est-ce que c'est
00:32:56une révolution finalement ?
00:32:58Ça y est, les médias entrent dans l'ère
00:33:00du numérique et les médias
00:33:02alternatifs vont avoir
00:33:04finalement le rôle
00:33:06des anciens médias classiques
00:33:08avec le podcast et avec
00:33:10l'influence des algorithmes, des plateformes,
00:33:12avec cette question bien sûr de
00:33:14la transparence du choix
00:33:16algorithmique, de ce qui met en avant
00:33:18tel ou tel contenu.
00:33:20– Alors,
00:33:22la transition
00:33:24est faite aux États-Unis,
00:33:26elle est beaucoup moins évidente
00:33:28en France et en Europe,
00:33:30mais c'est clair que les podcasts et les médias
00:33:32sont importants, grandissants en Europe,
00:33:34mais on n'est pas du tout dans cette situation
00:33:36aux États-Unis où les médias ont littéralement
00:33:38disparu. Vraiment,
00:33:40j'insiste, CNN 100 000 téléspectateurs,
00:33:42c'est ce que fait
00:33:44un podcast qui commence à avoir
00:33:46un bon succès d'estime
00:33:48pour un network d'information
00:33:50qui coûte une fortune
00:33:52à entretenir dont les staffs ont payé des millions
00:33:54de dollars chaque année, donc on est
00:33:56vraiment dans un basculement total du côté américain
00:33:58et on est dans
00:34:00une transition qui est en cours du côté
00:34:02européen et français en particulier.
00:34:04C'est clair que l'opinion publique
00:34:06aujourd'hui n'est plus faite par les médias,
00:34:08la fabrique du consentement d'Owen Chomsky
00:34:10s'est finie, c'était le XXème siècle,
00:34:12Édouard Bernays,
00:34:14le père de la propagande,
00:34:16c'est non pas fini parce que
00:34:18ces théories se sont adaptées au monde
00:34:20du numérique, mais malgré tout, le système
00:34:22politico-médiatique qui faisait que le pouvoir politique
00:34:24reposait sur un relatif contrôle
00:34:26d'un pouvoir médiatique,
00:34:28c'est terminé dans la mesure où ce pouvoir médiatique
00:34:30n'a plus des maladies en soi, je vous le dis,
00:34:32c'est fini ça.
00:34:34C'est un changement, est-ce qu'il y a
00:34:36une volonté, enfin
00:34:38quelle est la stratégie d'Elon Musk
00:34:40qui va avoir un rôle dans l'administration
00:34:42Trump ? Est-ce qu'il y a là
00:34:44une offensive diplomatique
00:34:46de l'État américain
00:34:48via ces plateformes ?
00:34:50J'ai du mal à appeler ça diplomatie
00:34:52parce que diplomatie c'est quand même rattaché
00:34:54à une certaine délégorance
00:34:56des us et coutumes, des pratiques
00:34:58qui sont piétinées,
00:35:00aussi bien par Donald Trump que par
00:35:02Elon Musk. On ne va pas appeler ça diplomatie,
00:35:06c'est une façon brutale
00:35:08et assez violente d'interférer dans les
00:35:10États étrangers,
00:35:12mais c'est quand même, reconnaissons-le,
00:35:14infiniment moins violent que
00:35:16la façon dont George Bush est intervenu
00:35:18dans un État souverain comme l'Irak,
00:35:20mais malgré tout,
00:35:22ça reste extrêmement violent et
00:35:24dans la mesure où il s'attaque en Europe
00:35:26aux démocraties
00:35:28progressistes qui sont
00:35:30à ce stade dans une fragilité
00:35:32extrême parce que sans le moindre
00:35:34soutien populaire,
00:35:36Emmanuel Macron n'est pas le seul
00:35:38dirigeant européen qui repose
00:35:40sur une impopularité incroyable
00:35:42et une base démocratique
00:35:44et ultra-minoritaire.
00:35:46Donc ça peut, au même titre que
00:35:48Justin Trudeau, ça peut
00:35:50provoquer la chute
00:35:52de nombreux régimes européens.
00:35:54Pas tous, Mélanie,
00:35:56elle dort sur ses deux oreilles, mais c'est clair
00:35:58qu'en Allemagne, en Angleterre,
00:36:00en France, ça va secouer.
00:36:02Est-ce qu'il va réussir
00:36:04à décapiter ses chefs d'État ?
00:36:06On va voir. Est-ce que ça sera la première fois
00:36:08que les États-Unis jouent
00:36:10avec les gouvernances européennes ?
00:36:12Évidemment que non, mais encore
00:36:14une fois, c'était plus subtil, plus élégant,
00:36:16plus discret auparavant.
00:36:18Et ce temps de l'élégance
00:36:20diplomatique,
00:36:22visiblement derrière nous, il reviendra peut-être,
00:36:24mais pour l'instant,
00:36:26ce n'est pas au programme.
00:36:28Et dans les quatre prochaines années, ce n'est plus au programme.
00:36:30On gardera un appareil diplomatique
00:36:32élégant et discret qui est
00:36:34le fameux, ce que
00:36:36les Trumpistes appellent le « deep state »,
00:36:38qui est très présent sur le sol européen.
00:36:40Est-ce qu'ils vont démanteler le bout
00:36:42du « deep state » qui est sur le sol européen ?
00:36:44Je n'en ai aucune idée. Ils ont l'intention de s'attaquer
00:36:46déjà au bout qui les concerne, qui est à Washington.
00:36:48Est-ce qu'ils vont réussir ?
00:36:50Je n'en ai pas la moindre idée,
00:36:52mais très clairement, ils s'y sont préparés.
00:36:54Ça fait quatre ans qu'ils s'y préparent,
00:36:56et autant la première fois, clairement, c'était
00:36:58de l'amateurisme total, autant
00:37:00là, on peut...
00:37:02Mais pas d'amateurs. Ils se sont
00:37:04clairement préparés, ils savent ce qu'ils font
00:37:06et ils ont des objectifs très clairs.
00:37:08– Cette fois-ci, Donald Trump s'est entouré,
00:37:10il va régler ses comptes
00:37:12et utiliser la méthode Trump,
00:37:14c'est-à-dire pas faire avec des pincettes.
00:37:16Et la question, bien sûr,
00:37:18qui reste, est-ce que
00:37:20l'Union européenne aura les moyens de répondre
00:37:22et est-ce que l'interdiction
00:37:24de X est possible ? On en reparlera
00:37:26sans doute dans les semaines qui viennent,
00:37:28compte tenu de l'ampleur que prend ce débat.
00:37:30Merci beaucoup, Fabrice Epelboin, d'avoir été
00:37:32avec nous. Dans un instant,
00:37:34on se retrouve à 13h
00:37:36avec notre invité Martin Pelletier, écrivain,
00:37:38pour parler de Jean-Marie Le Pen
00:37:40et de cette carrière qui a été
00:37:42au cœur, finalement, du jeu politique français.
00:37:44Voilà,
00:37:46le leader du Front National
00:37:48disparu lundi. On va revenir sur
00:37:50cette vie et cette carrière avec notre invité.
00:37:520 826 300 300
00:37:54si vous souhaitez réagir ou poser des questions,
00:37:56à tout de suite sur Sud Radio.
00:37:58Et on se retrouve pour cette deuxième heure
00:38:00avec Martin Pelletier, écrivain
00:38:02qui a été celui qui a aidé
00:38:04Jean-Marie Le Pen à faire ses mémoires,
00:38:06à regarder un peu dans toute cette vie
00:38:08pour parler, justement, de
00:38:10l'itinéraire politique, mais aussi personnel
00:38:12de Jean-Marie Le Pen,
00:38:14ce patron
00:38:16du Front National qui a
00:38:18structuré la vie politique française pendant
00:38:20une cinquantaine
00:38:22d'années, on peut le dire.
00:38:24Bonjour, Martin Pelletier.
00:38:26– Bonjour. – Vous publiez un livre
00:38:28prochainement,
00:38:30« Le vrai nom du grand bordel » aux éditions
00:38:32du Verbe Eau. – Oui. – On en parlera
00:38:34peut-être à la fin de cet entretien.
00:38:36Je voulais parler avec vous
00:38:38de votre relation déjà avec Jean-Marie Le Pen.
00:38:40Comment vous l'avez rencontrée
00:38:42et quelles étaient vos relations ?
00:38:44– Je l'ai rencontrée pour dire du mal
00:38:46de lui. Enfin, j'étais jeune journaliste
00:38:48au quotidien de Paris de Philippe Tesson
00:38:50et il n'y avait absolument aucun volontaire
00:38:52pour aller suivre Le Pen.
00:38:54Et j'y suis allé et
00:38:56j'avais une plume assez ironique
00:38:58à l'époque, et donc j'étais chargé
00:39:00finalement d'écouter son
00:39:02repas annuel, c'était en
00:39:041979, à l'Orée du Bois,
00:39:06pour en probablement dire
00:39:08et j'en ai dit certainement des méchancetés,
00:39:10je ne me souviens plus. Mais en même temps
00:39:12j'écoutais et j'étais
00:39:14très surpris. Très surpris
00:39:16de voir qu'il avait été
00:39:18déjà regardisé
00:39:20mais qu'il disait des choses fortes,
00:39:22intéressantes que je n'entendais pas
00:39:24dans le reste de la politique. Alors
00:39:26après cela, j'étais au service
00:39:28culture-spectacle
00:39:30et après cela, j'ai fait
00:39:32de la politique, je l'ai suivi
00:39:34et je l'ai tellement suivi
00:39:36en tant que journaliste que j'ai sauté
00:39:38le pas. J'étais d'ailleurs
00:39:40à un moment donné candidat pour le
00:39:42Front National à l'époque et puis après j'ai laissé
00:39:44tomber ça. Mais je suis toujours resté
00:39:46journaliste et d'ailleurs étais à
00:39:48Minute Nationale Hebdo, etc.
00:39:50Et à d'autres et dans la presse
00:39:52dite bourgeoise. Mais je l'ai
00:39:54toujours suivi et
00:39:56finalement j'ai, pendant plusieurs
00:39:58années, travaillé avec lui. Voilà.
00:40:00Et
00:40:02j'ai trouvé que l'homme était
00:40:06beaucoup plus intéressant qu'on ne le disait
00:40:08et qu'il n'avait rien à voir
00:40:10avec l'image qu'on en donnait.
00:40:12C'est-à-dire, c'est quoi la différence
00:40:14entre l'image du tribun public
00:40:16qui a été condamné plus de 25 fois
00:40:18pour ses sorties antisémites et racistes
00:40:20etc. En privé, c'était pas
00:40:22le cas ? Il y avait une vraie différence ?
00:40:24La différence...
00:40:26Je crois que Serge Moati
00:40:28en a très bien parlé. Il était
00:40:30passionné par l'homme et moi aussi.
00:40:32Je veux dire que c'est quelqu'un de très
00:40:34intelligent, de très cultivé
00:40:36et de très vrai surtout.
00:40:38Bon alors, on pourra toujours
00:40:40épiloguer. Je ne souhaite pas tellement
00:40:42épiloguer dessus parce que
00:40:44ses propos ont été
00:40:46tellement déformés et ensuite
00:40:48il a joué de la déformation
00:40:50pour en faire un gain
00:40:52politique que ça n'a pas beaucoup
00:40:54d'intérêt. Ce que je pense fondamentalement
00:40:56c'est que c'était un homme
00:40:58épris de liberté et de vérité
00:41:00parce que son patron
00:41:02il s'appelait Jean-Marie
00:41:04son patron était Jean-Baptiste
00:41:06mais il avait un grand
00:41:08goût pour Jean l'évangéliste
00:41:10qui a rapporté la parole du Christ
00:41:12vous savez, la vérité vous rendra libre
00:41:14alors ça fait un peu
00:41:16bizarre de dire ça maintenant mais je crois que
00:41:18c'était presque un mystique Jean-Marie
00:41:20Ah oui, il avait ce côté-là
00:41:22Il avait ce côté
00:41:24Il était en mission ?
00:41:26Oui, bien sûr qu'il était en mission
00:41:28On se demande
00:41:30pourquoi en
00:41:321965
00:41:34il a plusieurs
00:41:36vies Jean-Marie Le Pen
00:41:38et la première vie se termine en 65
00:41:40après l'échec de Tixé Vignancourt
00:41:42à la présidentielle
00:41:44et après il est un peu demi-sol, il ne sait pas quoi faire
00:41:46et puis des jeunes gens
00:41:48des jeunes gens fascistes
00:41:50entre guillemets, Alain Robert et quelques autres
00:41:52viennent lui demander
00:41:54d'être la potiche du Front National
00:41:56qu'ils sont en train de fonder en 72
00:41:58C'était déjà pour adoucir les angles
00:42:00du Front National qui sont allés chercher Jean-Marie Le Pen
00:42:02C'est pour dire
00:42:04c'est très amusant et alors
00:42:06il dit oui, mais là où c'était
00:42:08complètement trompé ces jeunes gens c'est que
00:42:10se servir de Jean-Marie comme
00:42:12potiche, ça ne marche
00:42:14pas vraiment, au bout d'un an et demi
00:42:16il les avait mangés
00:42:18parce qu'il avait un fort appétit, donc il était
00:42:20un chef
00:42:22un dur d'ailleurs
00:42:24c'était aussi dans la vie un jouisseur
00:42:26il aimait beaucoup la vivre
00:42:28mais il avait un côté mystique
00:42:30et on se demande pourquoi il est resté, parce que quand même
00:42:32en 74 il fait 0,74%
00:42:34à la présidentielle contre Giscard
00:42:36et puis après ça ne démarre pas du tout
00:42:38Non, ça a resté longtemps
00:42:40une traversée du désert
00:42:42et comme il le disait avec le chameau sur le dos
00:42:44Une traversée du désert
00:42:46mais quand même on va l'écouter
00:42:48en 76
00:42:50il est victime
00:42:52d'un attentat
00:42:54à la Villa Poirier
00:42:56un attentat énorme à 20 kilos d'explosifs
00:42:58l'immeuble s'effondre
00:43:00pas de mort, c'est un miracle
00:43:02et voilà ce qu'il disait à l'époque
00:43:04au JT
00:43:06C'est évident que cette explosion
00:43:08cet attentat
00:43:10visait de toute évidence à tuer
00:43:12à tuer aveuglément, sauvagement
00:43:14et que c'est un don du ciel
00:43:16on peut le dire si
00:43:18le résultat n'a pas été atteint
00:43:20Ce n'est pas la première fois que vous êtes victime d'un attentat
00:43:22Oui, c'est le troisième
00:43:24c'est un record peu enviable
00:43:26Alors quel est votre sentiment ?
00:43:28Je ne peux relier ça qu'à notre congrès national
00:43:30dont le thème était justement
00:43:32la sécurité des français et la lutte contre le crime
00:43:34alors je pense que c'est
00:43:36un retour de manivelle
00:43:38des criminels
00:43:40Trois tentatives d'attentats
00:43:42je ne crois pas qu'il y ait d'autres hommes politiques
00:43:44qui aient suscité autant de haine
00:43:46et de violences
00:43:48ça a été fondateur
00:43:50pour Marine Le Pen, elle était dans l'appartement
00:43:52elle avait 8 ans, elle explique que c'est un moment
00:43:54où elle a compris que son père était
00:43:56différent et qu'il faisait de la politique
00:43:58et que sa vie allait changer
00:44:00on ne sait toujours pas
00:44:02aujourd'hui qui ont été les auteurs
00:44:04de cet attentat, est-ce qu'il en parlait souvent
00:44:06de ces attaques contre sa vie ?
00:44:08Il n'en parlait pas souvent mais quand il
00:44:10l'en parlait, il se
00:44:12demandait toujours, parce qu'il avait
00:44:14fait faire des recherches lui-même
00:44:16la police avait abandonné
00:44:18et personne n'a jamais trouvé
00:44:20et je défie
00:44:22je ne sais pas, je connais
00:44:24beaucoup de gens qui ont cherché, qui ont discuté
00:44:26aucune
00:44:28piste ne se dégage
00:44:30ce que vous disiez est très vrai
00:44:32personne, aucun homme politique
00:44:34actuel n'a suscité
00:44:36de telle haine, même
00:44:38Trump, ils n'ont essayé que deux fois
00:44:40Trump qui, si on regarde les choses
00:44:42est un peu un héritier de
00:44:44Le Pen, à la fois dans le genre qu'il
00:44:46prend et dans sa stratégie
00:44:48la stratégie de déplaire
00:44:50c'est la stratégie inverse que celle qu'a
00:44:52choisie Marine, qui est de
00:44:54plaire et de se dédiaboliser
00:44:56Le Pen et Trump sont des
00:44:58autodédiabolisateurs
00:45:00On va écouter justement pour
00:45:02voir le parallèle incroyable
00:45:04entre Jean-Marie Le Pen
00:45:06et Donald Trump, c'est le Congrès
00:45:08de Strasbourg en 97
00:45:10voilà ce qu'il disait à l'époque et on a l'impression
00:45:12d'entendre Donald Trump
00:45:14Il prospère sur le fumier
00:45:16de la corruption politique
00:45:18la décomposition morale
00:45:20la pédophilie, l'insécurité
00:45:22le chômage
00:45:24démoralisateur et le
00:45:26fiscalisme ruineux
00:45:28l'injustice sociale et judiciaire
00:45:30le totalitarisme
00:45:32pointe son mufle hideux
00:45:34Voilà, c'est des mots
00:45:36Alors, la Le Pen est extrêmement
00:45:38fort, mais on a l'impression
00:45:40presque d'un discours de Trump d'aujourd'hui
00:45:42Oui, il était en avance là-dessus aussi
00:45:44c'est vraiment un précurseur
00:45:46Alors, le
00:45:48morceau que vous avez choisi est très net
00:45:50mais il y a une chose
00:45:52qu'il ne montre pas
00:45:54et qui pour moi était déterminant
00:45:56chez Le Pen, c'est
00:45:58l'empathie et l'humour
00:46:00qui pour moi sont
00:46:02vraiment la marque de
00:46:04l'homme et qu'on ne trouve pas tellement
00:46:06enfin, que je ne trouve pas tellement, je suis peut-être
00:46:08mal informé, chez Trump, c'est la différence
00:46:10Il est quand même aussi un showman
00:46:12lors de ses différents meetings
00:46:14Oui, mais il est moins
00:46:16poète
00:46:18Oui, c'est à l'américaine on va dire
00:46:20D'accord, parce que vous dites
00:46:22mystique, poète, c'était
00:46:24quelqu'un qui se prenait au sérieux ou pas ?
00:46:26Ah, je crois qu'il prenait sa
00:46:28mission au sérieux, oui
00:46:30Lui-même, il avait assez
00:46:32fait le tour de la question pour savoir
00:46:34que nous sommes
00:46:36tous à la fois
00:46:38finis et pécheurs
00:46:40Il en était, de ce point de vue, il était très catholique
00:46:42On voit bien l'ancien enfant
00:46:44de chœur, il a été enfant de chœur
00:46:46et ça lui est resté, si j'ose dire
00:46:48parce que finalement ça ne se
00:46:50transparaissait pas dans les jours
00:46:52tous les jours
00:46:54mais ça lui restait, oui
00:46:56cette conviction profonde
00:46:58que malgré tout
00:47:00on n'est pas grand chose
00:47:02et il disait toujours
00:47:04voilà
00:47:06on remplirait
00:47:08des bibliothèques
00:47:10avec notre ignorance, et c'est vrai
00:47:12c'est pas du tout
00:47:14c'est pas quelqu'un de vain
00:47:16c'est quelqu'un d'orgueilleux, il le faisait tout à fait
00:47:18coq, au départ, coq de village
00:47:20c'est un breton orgueilleux
00:47:22c'est pas du tout quelqu'un de vain
00:47:24il connaissait sa limite
00:47:26que la limite humaine normale
00:47:28est-ce que lui
00:47:30c'était pas finalement l'appétit du pouvoir
00:47:32est-ce que c'était pas plutôt l'appétit du spectacle
00:47:34la carrière de Jean-Marie Le Pen
00:47:36Ecoutez, alors là
00:47:38c'est une très très bonne question
00:47:40et elle est rebattue, mais elle est vraie
00:47:42la question, en 74
00:47:4475, 76
00:47:46il va faire l'héritage
00:47:48de, comment s'appelle-t-il, de Lambert
00:47:50qui va lui permettre
00:47:52de tenir financièrement
00:47:54mais il n'a aucun écho
00:47:56aucun écho
00:47:58dans les médias, nulle part
00:48:00les gens ne s'intéressent plus
00:48:02à la nation, etc.
00:48:04et il continue, vous pensez que c'est pour faire le spectacle ?
00:48:06pas du tout
00:48:08je pense qu'il a continué
00:48:10parce que c'était son devoir
00:48:12c'est un homme de devoir
00:48:14alors après qu'il fait du chose bise
00:48:16évidemment, il lui disait, Martin, tu sais
00:48:18il l'a dit quinze mille fois
00:48:20en politique ne paraît que ce
00:48:22qu'il... n'existe
00:48:24que ce qu'il paraît, c'est vrai
00:48:26alors il en rajoutait
00:48:28et puis il en rajoutait pas mal
00:48:30et tout le monde a pu en profiter
00:48:32trouver ça drôle, pas drôle
00:48:34crétin, pas crétin, quoi qu'il en soit
00:48:36mais c'était un showman
00:48:38mais c'était du show pour
00:48:40arriver à délivrer son
00:48:42message, parce qu'il devait
00:48:44tenir ça, je crois que
00:48:46Le Pen c'est vraiment
00:48:48quelqu'un qui pensait devoir
00:48:50perdurer, continuer dans l'être
00:48:52il a continué son père
00:48:54il a continué la France qu'il aimait
00:48:56On va parler du rapport avec son père
00:48:58également, dans un instant on va marquer
00:49:00une courte pause et si vous souhaitez
00:49:02poser des questions à notre invité
00:49:04Martin Pelletier ou réagir, 0826 300 300
00:49:06à tout de suite sur Sud Radio
00:49:08Sud Radio
00:49:10midi 14h, Alexis Poulin
00:49:12sans réserve
00:49:14Et on se retrouve avec
00:49:16notre invité Martin Pelletier pour évoquer
00:49:18le parcours, la carrière
00:49:20de Jean-Marie Le Pen et aussi parler
00:49:22de la scène politique française parce qu'il a été
00:49:24structurant, n'en déplaise
00:49:26à certains, de par
00:49:28sa position, de par le fait
00:49:30qu'il était le seul à dire des choses que les
00:49:32autres n'osaient pas dire ou ne voulaient pas dire
00:49:34il a été celui qui a permis
00:49:36à la gauche de se positionner, à Mitterrand
00:49:38de fractionner la droite
00:49:40et au FN de devenir le
00:49:42Rassemblement National, un parti
00:49:44maintenant extrêmement populaire
00:49:46Qu'est-ce qui s'est passé en fait pour que
00:49:48ce parti de Paris
00:49:50Interdit de Média
00:49:52devienne un parti
00:49:54d'abord en 2002
00:49:56où il se retrouve au second tour de la présidentielle
00:49:58et puis un parti aussi important
00:50:00finalement.
00:50:02Tout démarre en 1982
00:50:04c'est le moment où
00:50:06Mitterrand commence à patiner
00:50:08dans le yaourt juste avant 83
00:50:10qui est le tournant de la rigueur
00:50:12et bon ça marche plus
00:50:14la droite
00:50:16remonte aux éjections
00:50:18partielles et
00:50:20ensuite en 83
00:50:22il y a l'histoire de Dreux
00:50:24où Jean-Pierre Cirbois
00:50:26fait liste commune au deuxième tour
00:50:28avec le candidat RPR
00:50:30et emporte la mairie
00:50:32à ce moment-là il y a
00:50:34une espèce d'appel d'air
00:50:36et comment s'appelle-t-il
00:50:38Le Pen demande par lettre
00:50:40à François Mitterrand
00:50:42qui est président de la République
00:50:44pourquoi
00:50:46il ne passe pas
00:50:48dans les grands médias
00:50:50Mitterrand se fend d'une lettre
00:50:52lui-même aux grands médias
00:50:54et c'est alors que
00:50:56François-Henri de Virieu
00:50:58qui dirige l'émission
00:51:00vraiment phare à l'époque qui s'appelle L'heure de vérité
00:51:02invite Le Pen
00:51:04qui fait un tabac
00:51:06en février 84
00:51:08pourquoi fait-il un tabac ?
00:51:10parce qu'il parle d'immigration
00:51:12parce qu'il parle d'insécurité
00:51:14mais surtout parce qu'il parle de tout
00:51:16sans tabou
00:51:18et notamment il demande une minute de silence
00:51:20à la mémoire
00:51:22des victimes du communisme
00:51:24à l'époque ça ne s'était pas fait
00:51:26ça paraît une libération
00:51:28et le lendemain
00:51:30moi j'ai écouté ça à la télévision
00:51:32le lendemain au siège
00:51:34du Front National vous avez des milliers
00:51:36de gens qui se présentent
00:51:38pour intégrer ce petit parti
00:51:40dont personne n'avait jamais entendu
00:51:42cette exposition médiatique l'a rendu
00:51:44connu du grand public
00:51:46d'un seul coup
00:51:48et c'est Mitterrand qui par calcul l'a fait
00:51:50le plan c'était de fracturer la droite
00:51:52Mitterrand l'a fait par calcul bien entendu
00:51:54c'est du pain béni
00:51:56parce qu'il était en train de descendre
00:51:58gravement
00:52:00non seulement dans les sondages
00:52:02mais dans les législatives partielles
00:52:04alors qu'est-ce qui se passe
00:52:06alors que lors de
00:52:08l'affaire de Dreux ni l'UDF
00:52:10ni le RPR ne s'étaient positionnés
00:52:12contre l'union des droites
00:52:14en quelque sorte, à ce moment-là
00:52:16Chirac
00:52:18décide de mettre
00:52:20ce qu'il appelait à l'époque
00:52:22à la demande de Bernard-Henri Lévy
00:52:24d'ailleurs, un cordon
00:52:26sanitaire autour de Le Pen
00:52:28ce qui surprend énormément
00:52:30ses amis, j'ai connu
00:52:32personnellement à l'époque
00:52:34Philippe Malot, Michel Junot
00:52:36qui était au Centre National des Indépendants
00:52:38et Paysans et à la droite du RPR
00:52:40qui préparait
00:52:42une sorte d'accord
00:52:44entre le FN
00:52:46et le RPR
00:52:48étant entendu qu'ils envisageaient
00:52:50de donner peut-être
00:52:52un ministère à Le Pen
00:52:54et ça faisait
00:52:56vraiment tout pour avoir une grosse
00:52:58majorité en 86
00:53:00et ensuite aller
00:53:02ensemble à la
00:53:04présidentielle de 88
00:53:06où Chirac aurait été élu les doigts dans le nez
00:53:08parce que
00:53:10l'équilibre des forces
00:53:12était très à droite à l'époque
00:53:14Mais justement, le RPR de Chirac de cette époque-là
00:53:16n'était pas très loin finalement
00:53:18des idées du FN
00:53:20Je peux vous dire que j'ai été
00:53:22journaliste
00:53:24envoyé par le Quotidien de Paris
00:53:26aux assises du RPR
00:53:28à Grenoble si je me souviens
00:53:30où je discutais avec Juppé à l'époque
00:53:32et Michel et Léomarie étaient là
00:53:34et la base du RPR
00:53:36parce que je faisais les deux
00:53:38était plus à droite que celle du FN
00:53:40c'était tout à fait extraordinaire
00:53:42alors tout le monde s'est demandé
00:53:44pourquoi Chirac
00:53:46a décidé de tomber
00:53:48dans le piège de Mitterrand
00:53:50pourquoi a-t-il refusé en fait
00:53:52d'être président en 88
00:53:54Vous voyez peut-être le risque aussi avec ces accusations
00:53:56d'antisémitisme, les sorties
00:53:58de Jean-Marie Le Pen
00:54:00et c'est là que justement
00:54:02la chronologie est intéressante
00:54:04parce que le détail
00:54:06date de septembre
00:54:0887 alors que
00:54:10le cordon
00:54:12sanitaire date de fin 84
00:54:14Bien avant, 3 ans avant
00:54:16la déclaration sur...
00:54:18Et moi je me souviens
00:54:20d'un article
00:54:22de Tribune Juive
00:54:24un hebdomadaire communautaire
00:54:26à droite évidemment
00:54:28et qui disait
00:54:30nous avons passé en revue
00:54:32les déclarations et les actes
00:54:34de Jean-Marie Le Pen depuis 1956
00:54:36et nous n'avons rien trouvé d'antisémite
00:54:38donc
00:54:40vraiment on a l'impression
00:54:42que l'histoire du détail
00:54:44où il s'est planté
00:54:46c'est pas ça le problème Le Pen
00:54:48a été montée
00:54:50comme un piège pour justifier
00:54:52ensuite
00:54:54le cordon sanitaire
00:54:56Au FN, mais est-ce que le FN
00:54:58en 84 était
00:55:00un parti
00:55:02important pour le RPR ou est-ce que finalement c'était un micro-parti
00:55:04qui ne fallait pas grand chose ?
00:55:06Tout est parti
00:55:08en 84 que tous nous
00:55:10parce qu'aux élections européennes
00:55:12de 84
00:55:14le Front National qui ne pesait
00:55:16rien du tout a fait plus de
00:55:1811% dépassant
00:55:20le parti communiste
00:55:22donc ça devenait vraiment une grosse force
00:55:24ça a été la bascule à ce moment-là
00:55:26sur le vote populaire qui passait du PCF
00:55:28au FN
00:55:30il y avait un monsieur
00:55:32qui s'appelait André Isoardo
00:55:34qui était un ancien du PC
00:55:36qui a rejoint
00:55:38avec Perzefraka
00:55:40le Front National à ce moment-là
00:55:42c'était le moment de grosse poussée
00:55:44du FN où il y avait à la fois
00:55:46un vote populaire qui venait de la gauche
00:55:48et encore un vote bourgeois
00:55:50parce que justement c'était pas encore diabolisé
00:55:52je me souviens très bien que le FN
00:55:54était en queue des manifestations
00:55:56pour l'école libre
00:55:58qui étaient pourtant pas très
00:56:00assez bourgeois
00:56:02On va écouter justement parce que
00:56:04Jean-Marie Lefebvre parlait souvent de ses origines modestes
00:56:06donc cette vision
00:56:08de la société bourgeoise
00:56:10à laquelle il a appartenu finalement
00:56:12voilà ce qu'il disait
00:56:14aux lectrices de Elle
00:56:16lorsqu'il était invité pour je crois que c'était une présidentielle
00:56:18on l'écoute
00:56:20Est-ce que vous voyez des aspects positifs à l'immigration
00:56:22qui était la question, la deuxième partie de la question
00:56:24Dans un certain sens oui
00:56:26quand c'est bien sûr
00:56:28si c'est Léonard de Vinci c'est sûr
00:56:30bon
00:56:36Le gros avantage que j'ai
00:56:38sur votre auditoire
00:56:40c'est que moi j'ai été travailleur manuel
00:56:42j'ai eu des camarades immigrés
00:56:44marocains dans les mines
00:56:46vous n'en avez jamais vu
00:56:48qu'au cinéma j'ai été marin pêcheur
00:56:50de chalutier, j'ai été mineur de charbon
00:56:52quand vous en aurez fait autant
00:56:54vous viendrez me donner des leçons
00:56:56et voilà
00:56:58qui peut se targuer d'avoir été
00:57:00travailleur
00:57:02de cette façon là
00:57:04alors il se mettait bien en scène
00:57:06parce qu'il n'a pas été non plus pendant des années
00:57:08oui c'était quelques mois
00:57:10mais n'empêche que c'est très dur
00:57:12et il disait toujours, parce qu'on en parlait
00:57:14qu'est-ce qui est plus dur, mineur
00:57:16ou marin pêcheur
00:57:18il me dit marin pêcheur
00:57:20c'est beaucoup plus dur pendant le temps où on y est
00:57:22voilà, moi je ne fais ni l'un ni l'autre
00:57:24je ne peux pas vous dire
00:57:26d'ailleurs il emploie le terme camarade
00:57:28qui est un terme plutôt communiste
00:57:30c'est très intéressant parce qu'il s'était
00:57:32quand même assez frité, assez méchamment
00:57:34avec les étudiants communistes
00:57:38quand il était étudiant
00:57:40mais après il en a revu
00:57:42et c'était très étonnant de l'entendre chanter
00:57:44c'est un international, il la connaissait par cœur
00:57:46c'est un personnage complexe
00:57:48sur cette question
00:57:50ce rapport aussi à l'anticommunisme
00:57:52qui a été
00:57:54un des piliers du Front National
00:57:56on va revenir
00:57:58bien sûr sur
00:58:00toutes ces anecdotes
00:58:02mais au-delà des anecdotes sur ce qu'elles disent de la vie politique française
00:58:04et du choix politique
00:58:06de Jean-Marie Le Pen
00:58:08on va marquer une courte pause et on se retrouve dans un instant
00:58:100826 300 300
00:58:12et avec nous Martin Pelletier écrivain
00:58:14qui a été un proche de Jean-Marie Le Pen
00:58:16pour parler de la carrière
00:58:18et des points importants
00:58:20de la vie de celui qui a fondé
00:58:22le Front National
00:58:24mort ce lundi
00:58:26décédé ce lundi
00:58:28c'était quand la dernière fois que vous avez vu
00:58:30Jean-Marie Le Pen ?
00:58:32En 2023
00:58:34parce que nous avions une fête
00:58:36qui avait été
00:58:38une fête qui avait été
00:58:40en 2023 parce que nous avions
00:58:42une façon de nous voir
00:58:44on se téléphonait
00:58:46directement
00:58:48quand il faisait
00:58:50mauvais sur ma côte
00:58:52parce qu'il écoutait
00:58:54les nouvelles
00:58:56climatiques
00:58:58et il pensait qu'il y avait des
00:59:00ouragans terribles alors que ce n'est pas le cas
00:59:02mais quoi qu'il en soit
00:59:04à un moment donné je l'ai appelé
00:59:06et la liaison s'est coupée
00:59:08probablement parce que
00:59:10une structure se mettait
00:59:12en place parce qu'il vieillissait
00:59:14si vous voulez
00:59:16et donc la dernière fois c'était en 2023
00:59:18et d'ailleurs nous avions piri rendez-vous
00:59:20et ce rendez-vous ne
00:59:22calait pas très bien avec l'ensemble
00:59:24des autres rendez-vous
00:59:26donc je me suis fait engueuler
00:59:28par la secrétaire, par Yann aussi
00:59:30et ses filles
00:59:32mais enfin on a quand même discuté
00:59:34et on a discuté
00:59:36des plus importants
00:59:38enfin de ce qui lui importait le plus
00:59:40à ce moment là
00:59:42c'est-à-dire
00:59:44des fins dernières tout simplement
00:59:46et à un moment donné
00:59:48comme ça c'est tombé vraiment comme Mars en carré
00:59:50il me donne, Martin est-ce que tu crois ?
00:59:52Je lui ai dit
00:59:54je crois
00:59:56et il m'a dit tu as de la chance
00:59:58et on a parlé
01:00:00comme ça de Dieu
01:00:02de la...
01:00:04et je lui ai demandé aimez-vous
01:00:06parce qu'il a été enfant de coeur
01:00:08quand même et puis après il a été
01:00:10terriblement anticalical
01:00:12on n'en parle pas beaucoup
01:00:14et à un moment donné j'ai un jeune homme
01:00:16il faisait des phrases épouvantables
01:00:18mais sur la fin de sa vie
01:00:20il est revenu vers
01:00:22quelque chose qu'il avait toujours aimé
01:00:24et c'était dire
01:00:26la religion catholique
01:00:28et d'ailleurs il s'est marié
01:00:30il me disait toujours tu sais je ne suis pas marié
01:00:32j'ai eu deux femmes mais je ne suis pas marié
01:00:34puisque je ne suis pas marié devant Dieu
01:00:36alors je crois que
01:00:38l'abbé Laguerie l'a convaincu
01:00:40d'épouser sa seconde
01:00:42femme qui est Janie et donc
01:00:44il est mort marié
01:00:46mais c'est très important
01:00:48pour lui c'était un acte
01:00:50un acte de foi ou d'espérance
01:00:52dans la foi
01:00:54et puis ensuite
01:00:56tout le monde a entendu
01:00:58les quelques bribes d'interview
01:01:00dans ces dernières
01:01:02semaines où il parlait également
01:01:04de ce qui
01:01:06peut venir après
01:01:08et l'abbé Laguerie d'ailleurs
01:01:10qui est un abbé traditionnel
01:01:12lui a donné l'extrême option
01:01:14ce qui est correspondé
01:01:16à sa volonté et à son
01:01:18souci qu'est-ce qu'il y a après
01:01:20en fait qu'est-ce qu'il y a après
01:01:22ça veut dire aussi qu'est-ce qu'il y a pendant, qu'est-ce qu'il y a avant
01:01:24parce que sinon
01:01:26que signifie cette vie
01:01:28c'était sa vraie question
01:01:30mais finalement il avait plus
01:01:32de questions sur l'après
01:01:34sur l'au-delà
01:01:36que la peur de laisser quelque chose
01:01:38enfin ça marque dans l'histoire
01:01:40finalement c'est pas quelque chose qui l'intéressait plus que ça
01:01:42pas plus que ça
01:01:44c'est pas de ça qu'il parlait à la fin
01:01:46en tout cas pas à moi, peut-être qu'à d'autres
01:01:48je ne peux dire
01:01:50que ce qu'il m'a dit
01:01:52je ne sais rien d'autre
01:01:54et je pense que
01:01:56quand on en parlait c'est ça qu'il importait
01:01:58ce qu'il lui importait, pardon
01:02:00parce que pour le reste il était conscient
01:02:02d'avoir fait, comme il disait
01:02:04j'ai fait ce que je pouvais
01:02:06il faut citer
01:02:08c'est très intéressant
01:02:10parce qu'il parlait comme le peintre
01:02:12Van Eyck, dont la devise était
01:02:14als ik kein, comme je sais
01:02:16comme je peux
01:02:18alors
01:02:20c'est ce qu'on dit, il y avait un vieux
01:02:22dicton, fais ce que dois
01:02:24advienne que pourra
01:02:26c'est ça
01:02:28je crois que sa philosophie
01:02:30humaine était celle-ci
01:02:32et son autre philosophie
01:02:34c'est mon dieu
01:02:36pourquoi suis-je là
01:02:38est-ce qu'il y a autre chose
01:02:40et vous parlez
01:02:42d'une de ses filles, Yann
01:02:44donc il a eu trois filles
01:02:46Marion-Anne
01:02:48devenue Marine, Marie-Caroline
01:02:50et Yann
01:02:52Marie-Caroline qui devait
01:02:54prendre la suite politique de son père
01:02:56trahi, choisi maigret au moment
01:02:58de la scission
01:03:00et c'est Marine finalement qui va reprendre
01:03:02quelle était sa relation avec
01:03:04ses trois filles
01:03:06je n'étais pas dedans
01:03:08comme disait Bachand
01:03:10j'en ai connu certaines
01:03:12Marie-Caroline est une copine
01:03:14je la connaissais bien à un certain moment
01:03:16et
01:03:18elle était effectivement
01:03:20à mon avis à l'époque du moins
01:03:22la plus préparée, la tête politique
01:03:24qui avait fait d'ailleurs
01:03:26des essais électoraux
01:03:28à Neuilly, à Mante-la-Jolie
01:03:30etc.
01:03:32et qui touchait bien sa bille
01:03:34en politique
01:03:36et puis elle n'a pas trahi
01:03:38il ne faut pas utiliser des mots comme ça
01:03:40elle a choisi quand même
01:03:42Bruno Maigret au moment de la scission
01:03:44elle a choisi Philippe Olivier
01:03:46qui était un des lieutenants de
01:03:48Bruno Maigret et qui était
01:03:50je cite les
01:03:52paroles de Jean-Marie
01:03:54elle a choisi son Jules
01:03:56qui est d'ailleurs
01:03:58son époux depuis
01:04:00plusieurs dizaines d'années et qui lui a
01:04:02fait une belle famille
01:04:04rien de politique finalement
01:04:06c'était le coeur qui parlait
01:04:08alors si quand même politique
01:04:10c'est à dire que parmi
01:04:12au Front National
01:04:14beaucoup de gens et moi-même d'ailleurs
01:04:16se demandaient
01:04:18en 97-98
01:04:20comment ça allait finir
01:04:22s'il ne fallait pas mieux essayer de structurer
01:04:24sur le
01:04:26terrain, au municipal etc
01:04:28bon et puis
01:04:30il y a eu une scission
01:04:32sur laquelle je n'ai rien à dire
01:04:34parce que je crois que tout le monde avait tort
01:04:36et je m'inclus
01:04:38dans tout le monde parce qu'à l'époque
01:04:40on était très proche de tout ça
01:04:42bon tout le monde avait tort, ça s'est mal passé
01:04:44et le Front National
01:04:46a failli mourir
01:04:48disparaître, c'est un cheveu
01:04:50qu'il fasse
01:04:52quelques points
01:04:54pour avoir des
01:04:56députés aux élections de 99
01:04:58voilà
01:05:00depuis évidemment ça a remonté
01:05:02mais c'est la difficulté
01:05:04alors
01:05:06évidemment ça a laissé des traces
01:05:08aussi bien dans le parti
01:05:10que dans la famille, Marie-Caroline
01:05:12n'a pas vu Jean-Marie
01:05:14pendant 20 ans
01:05:16c'est quand même assez
01:05:18définitif
01:05:20c'était le cas de tout le monde
01:05:22moi-même je n'ai pas vu
01:05:24Jean-Marie pendant 20 ans
01:05:26je ne suis pas une seule fille évidemment
01:05:28mais d'autres
01:05:30François Brignot qui était quand même quelqu'un
01:05:32très proche de lui, ne l'a plus jamais revu
01:05:34vous savez que les bretons
01:05:36c'est blanc ou noir
01:05:38et quand la porte est fermée, c'est fermé
01:05:40mais justement il y a
01:05:42le FN qui
01:05:44a failli disparaître à l'issue
01:05:46de la scission et qui devient ensuite
01:05:48le Rassemblement National et puis il y a
01:05:50l'autre trahison, alors peut-être que vous allez me dire
01:05:52que ce n'est pas une trahison mais quand il est exclu du FN
01:05:54en 2015, on va écouter ses réactions
01:05:56c'est Marine Le Pen qui choisit d'exclure
01:05:58son père à ce moment-là alors qu'il lui a donné
01:06:00les rênes du parti quelques années auparavant
01:06:02on l'écoute
01:06:04Je suis indigné parce que j'ai le sentiment
01:06:06d'avoir été victime cet après-midi
01:06:08devant le bureau politique
01:06:10croupion, ils auraient dû
01:06:12tous se retirer
01:06:14compte tenu du fait qu'ils n'avaient
01:06:16aucune qualification
01:06:18pour me juger, moi
01:06:20Jean-Marie Le Pen, fondateur
01:06:22du mouvement,
01:06:24continuateur pendant 40 ans
01:06:26et de surcroît
01:06:28président d'honneur du Front
01:06:30Comment il a vécu ce moment-là ?
01:06:32Poser la question
01:06:34c'est y répondre mal
01:06:36très mal
01:06:38et c'est vrai que
01:06:40la méthode et la décision
01:06:42n'ont pas été
01:06:44on va dire les choses poliment
01:06:46n'ont pas été très élégantes ni très
01:06:48heureuses
01:06:50et d'un autre côté
01:06:52Il était trop gênant pour la normalisation
01:06:54du racisme national
01:06:56Une fois qu'on admet
01:06:58la stratégie
01:07:00de dédiabolisation sur laquelle
01:07:02je n'ai rien à dire parce que je ne fais pas de politique
01:07:04ici on parle d'un homme
01:07:06une fois qu'on admet ça, il est évident
01:07:08que Marine allait
01:07:10l'éliminer
01:07:12mais c'est la même raison
01:07:14pour laquelle
01:07:16Marie-Caroline
01:07:18et Bruno Maigret
01:07:20l'auraient éliminé
01:07:2220 ans plus tôt
01:07:24c'est très simple
01:07:26Jean-Marie Le Pen
01:07:28voulait être
01:07:30un homme libre
01:07:32complètement libre
01:07:34et bien
01:07:36on lui a fait payer sa liberté
01:07:38c'est-à-dire
01:07:40ce que je me disais
01:07:42c'est très intéressant tout ça
01:07:44en 1998
01:07:46Marie-Caroline disait
01:07:48d'une façon un peu imagée
01:07:50au chef
01:07:52du Front National
01:07:54dissident
01:07:56si vous tuez pas papa, il vous tuera
01:07:58ah oui c'était quand même violent
01:08:00mais non mais tuer
01:08:02on est bien d'accord
01:08:04mais c'est ce qui est arrivé d'ailleurs
01:08:06la lutte politique
01:08:08n'est pas
01:08:10une affaire d'enfant de coeur
01:08:12non clairement pas
01:08:14quand je suis parti
01:08:16du FN
01:08:18on a eu une dernière entrevue
01:08:20avec Jean-Marie donc c'était en 98
01:08:22il m'a dit
01:08:24dans une guerre
01:08:26comme ça, on ne fait pas
01:08:28ce qu'on veut et on fait parfois
01:08:30des choses laides et difficiles
01:08:32il en était
01:08:34pleinement conscient
01:08:36c'est un homme qui était tout
01:08:38sauf un menteur
01:08:40et un hypocrite
01:08:42il était
01:08:44il a porté ce mouvement
01:08:46avec ses erreurs
01:08:48ses outrances, moi je m'en fiche, c'est pas le problème
01:08:50on n'est pas là pour parler de ses erreurs
01:08:52avec cette foi
01:08:54cette mission dont vous parliez tout à l'heure
01:08:56d'aller au bout
01:08:58et c'est pour ça qu'il a
01:09:00réagi si durement en 99
01:09:02et c'est pour ça aussi qu'il s'est fait
01:09:04blackbouler
01:09:06par sa propre fille
01:09:08en 2015
01:09:10et puis il y a ce moment quand même
01:09:12historique où la première fois
01:09:14en 2002
01:09:18c'est le second tour
01:09:20de l'élection présidentielle
01:09:22et on écoute
01:09:24l'annonce de la surprise
01:09:26pour la France
01:09:28en fait
01:09:30Jacques Chirac 20% des voix
01:09:32énorme surprise Jean-Marie Le Pen
01:09:34semble devoir être le second avec 17%
01:09:36des voix
01:09:38énorme surprise et là
01:09:40d'un parti qui a failli disparaître
01:09:42au second tour de la présidentielle
01:09:44est-ce qu'il s'y attendait ?
01:09:46je ne crois pas
01:09:48le mot de Pujadas
01:09:50semble devoir
01:09:52quand on me l'a annoncé
01:09:54j'étais à Madagascar
01:09:56c'est un petit garçon qui me dit
01:09:58Le Pen est en tête
01:10:00et est au deuxième tour
01:10:02alors j'ai dit oh oh oh
01:10:04personne n'y croyait
01:10:06et je crois que
01:10:08on n'a pas pris garde à une chose
01:10:10c'est que si il est au deuxième tour
01:10:12c'est précisément
01:10:14parce que le Front National
01:10:16était en très mauvaise posture
01:10:18il est passé en dessous des radars
01:10:20personne ne l'a vu
01:10:22monter, on fichait un peu la paix
01:10:24pour une fois il n'était pas diabolisé
01:10:26à l'époque c'était
01:10:28Jean-Pierre Chevènement qui était annoncé
01:10:30comme le troisième homme
01:10:32donc tout le monde a vu
01:10:34la paix à Le Pen
01:10:36au premier tour et puis évidemment
01:10:38quand il est passé au deuxième c'était
01:10:40la fantasmagorie la plus extraordinaire
01:10:42oui on va en parler après
01:10:44des réactions des uns et des autres
01:10:46et de ce moment qui a été
01:10:48un choc politique pour beaucoup
01:10:50y compris pour l'intéressé
01:10:52on marque une courte
01:10:54pause et on se retrouve pour la dernière partie
01:10:56de l'émission avec notre invité Martin Pelletier
01:10:58vous êtes sur Sud Radio, à tout de suite
01:11:00Alexis Poulin, sans réserve
01:11:02l'invité
01:11:04et on se retrouve pour cette dernière partie d'émission
01:11:06avec Martin Pelletier, écrivain
01:11:08proche qui a bien connu
01:11:10Jean-Marie Le Pen, pour revenir sur
01:11:12les moments clés de ce parcours
01:11:14politique, avant la coupure
01:11:16on parlait de 2002
01:11:18où il se retrouve au second tour
01:11:20contre toute attente
01:11:22face à Jacques Chirac
01:11:24la réaction était immédiate
01:11:26il fallait faire barrage
01:11:28à ce moment là au Front National
01:11:30de Jean-Marie Le Pen
01:11:32il avait été laissé tranquille au premier tour mais alors au second tour
01:11:34en revanche on voit qu'il y a une mobilisation
01:11:36de la société française contre
01:11:38Jean-Marie Le Pen et le Front National
01:11:40oui, une mobilisation et ça veut dire
01:11:42que c'est pas du tout spontané
01:11:44tous les appareils
01:11:46sans exception ont
01:11:48participé
01:11:50il y a évidemment les partis politiques
01:11:52il y a les médias
01:11:54il y a peut-être
01:11:56Éric Zemmour qui était journaliste à l'époque
01:11:58n'a-t-il pas participé
01:12:00à la chasse
01:12:02mais il y a les syndicats
01:12:04il y a les associations
01:12:06il y a même des associations de boullistes
01:12:08il y a les sportifs
01:12:10il y a la culture
01:12:12il y a tout le monde
01:12:14tous les corps intermédiaires
01:12:16il y a les anciens
01:12:20les rescapés de l'amiante
01:12:22c'est incroyable
01:12:24tout le monde
01:12:26on dit les enfants des écoles
01:12:28peuvent crier
01:12:30et je voudrais à ce sujet
01:12:32ajouter quelque chose
01:12:34on s'est, à juste titre
01:12:36étonné
01:12:38que sur la place de la République
01:12:40ou dans quelques villes françaises
01:12:42des jeunes
01:12:44plutôt des jeunes
01:12:46mais pas seulement
01:12:48se soient amusés à festoyer
01:12:50le soir de la mort de Jean-Marie Le Pen
01:12:52en chantant, en criant
01:12:54notamment à la République à Paris
01:12:56en buvant du champagne
01:12:58champagne pour la haine
01:13:00mais il faut comprendre que ces gens-là
01:13:02du moins les plus jeunes
01:13:04il faut le pardonner
01:13:06parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font
01:13:08ils ont été conditionnés
01:13:10parce qu'ils sont les petits-fils
01:13:12du deuxième tour de 2002
01:13:14on leur a appris
01:13:16à haïr ce qu'on leur présentait
01:13:18comme le mal absolu
01:13:20et bien ils haïssent de bonne foi
01:13:22c'est répugnant
01:13:24mais ceux qui les condamnent
01:13:26devraient condamner en même temps
01:13:28ceux qui les amenaient là
01:13:30c'est-à-dire
01:13:32ce front républicain
01:13:34comme on l'appelle
01:13:36ce barrage républicain
01:13:38qui n'a aucune espèce de fondement
01:13:40moral puisqu'on l'a bien vu
01:13:42il change suivant
01:13:44les intérêts politiques
01:13:46c'est ce barrage républicain
01:13:48qui est en fait
01:13:50un moteur de haine
01:13:52contre la nation
01:13:54et contre Jean-Marie Le Pen
01:13:56il y a aussi le fait qu'il a été
01:13:58volontiers provocateur
01:14:00il a été condamné, je le rappelais en introduction
01:14:0225 fois pour des propos antisémites ou racistes
01:14:04ça compte aussi dans la diabolisation
01:14:06il en est responsable
01:14:08d'une certaine façon
01:14:10bien entendu ce qui m'intéresse tout de même
01:14:12c'est que l'extrême gauche qui est à la manœuvre
01:14:14oublie qu'elle a été
01:14:16pendant des siècles
01:14:18et même très récemment
01:14:20contre les décisions de justice
01:14:22contre la justice au pouvoir
01:14:24qui est le chien de garde
01:14:26de la bourgeoisie
01:14:28et là il suffit
01:14:30d'être condamné par la justice
01:14:32pour être mauvais
01:14:34mais je ne sais pas
01:14:36il faudrait regarder toutes les condamnations de Jean-Marie
01:14:38il y en a peut-être qui ne sont pas
01:14:40entièrement
01:14:42méritées
01:14:44en fait il faudrait
01:14:46là pour une fois je suis assez macroniste
01:14:48le jugement à porter
01:14:50c'est le jugement de l'histoire
01:14:52et moi je l'attends avec beaucoup d'intérêt
01:14:54c'est ce que disait le communiqué de l'Élysée
01:14:56c'est pour ça que vous dites que vous êtes macroniste
01:14:58je crois que pour une fois le président de la république a dit quelque chose de très vrai
01:15:00ce n'est pas
01:15:02à tel ou tel juge qui peut avoir
01:15:04ses humeurs ou qui peut être
01:15:06politiquement intéressé
01:15:08notamment du syndicat national de magistrature
01:15:10de décider qui était Jean-Marie Le Pen
01:15:12et voilà
01:15:14et donc ces gens là quand même il faut bien le dire
01:15:16ont formaté
01:15:18la mentalité de ces pauvres jeunes
01:15:20qui sont à mon avis
01:15:22plus bêtes que méchants
01:15:24oui mais il y a quand même
01:15:26ce qui se passe c'est que
01:15:28cette surprise, ce choc, cette mobilisation
01:15:30et puis si on regarde le jugement de l'histoire
01:15:322017-2022
01:15:34Marine Le Pen systématiquement
01:15:36au second tour et avec des scores incroyables
01:15:38les européennes, les législatives
01:15:40anticipées
01:15:42aujourd'hui le Rassemblement National
01:15:44est une force politique majeure
01:15:46il est là le jugement de l'histoire peut-être ?
01:15:48il est en partie là et le deuxième jugement
01:15:50qui est assez intéressant
01:15:52vous venez de le dire
01:15:54le Rassemblement National est très fort
01:15:56soutenu par le peuple
01:15:58on le voit bien, or
01:16:00en juillet
01:16:022024
01:16:04il y a quand même eu le barrage républicain
01:16:06alors que Marine, contrairement
01:16:08à son père
01:16:10n'a jamais fait de dérapage
01:16:12et non seulement n'a jamais fait de dérapage
01:16:14mais n'est pas dans l'idée d'en faire
01:16:16c'est tout l'inverse, d'ailleurs il était
01:16:18contre, Jean-Marie Le Pen était contre
01:16:20ce lissage de l'image du Front National
01:16:22exactement, il était contre
01:16:24c'est là qu'on en revient
01:16:26au prétexte
01:16:28qui a été choisi pour éliminer Le Pen
01:16:30parce que même si
01:16:32on n'est pas d'accord avec lui sur cette question
01:16:34même si on est
01:16:36vraiment
01:16:38je crois qu'elle est blanche comme neige
01:16:40de ce point de vue là Marine
01:16:42ça n'empêche pas le Front
01:16:44républicain, le barrage républicain
01:16:46d'agiter toujours
01:16:48les mêmes épouvantails
01:16:50j'ai écouté l'autre jour sur
01:16:52Elisabeth Lesvie
01:16:54de Causeur qui disait
01:16:56à mon avis très justement que c'était
01:16:58un prétexte choisi
01:17:00alors que Jean-Marie Le Pen
01:17:02comment dirais-je
01:17:04soit bien taillé pour le prétexte
01:17:06c'est une chose, c'était l'épouvantail parfait
01:17:08il se plaisait dans ce rôle là aussi
01:17:10on est tous
01:17:12d'accord, vous avez parlé de son côté provocateur
01:17:14mais ça n'est plus le cas de Marine Le Pen
01:17:16et ça ne change
01:17:18rien, parce qu'il y a le nom, il y a la marque
01:17:20il y a le nom, il y a la marque
01:17:22et puis il y a surtout
01:17:24attention, il y a surtout le but
01:17:26de ce barrage républicain
01:17:28quel est le but du barrage républicain ?
01:17:30c'est d'empêcher
01:17:32la voie nationale
01:17:34de sortir de ce désordre
01:17:36voilà, or
01:17:38s'il n'y avait pas ce barrage républicain
01:17:40il est clair que
01:17:42notamment en juillet
01:17:44au premier tour
01:17:46le Rassemblement National
01:17:48arrive parfaitement en tête
01:17:50mais est-ce qu'il n'y a pas un risque
01:17:52dans cette stratégie, on va parler un peu politique
01:17:54quand même, de dédiabolisation
01:17:56qui va très très loin
01:17:58de voir le Rassemblement National
01:18:00perdre tout ce qui a fait son succès
01:18:02quand on voit les déclarations de Jordan Bardella
01:18:04quand on voit les positionnements
01:18:06aussi sur la politique étrangère
01:18:08sur certaines thématiques
01:18:10qui ont
01:18:12extrêmement évolué
01:18:14souverainisme ou autre
01:18:16il y a des questions sur l'avenir du Rassemblement National
01:18:18alors là, il ne faudrait pas que le Rassemblement National
01:18:20le Rassemblement National
01:18:22jette
01:18:24le bébé Riquelot du Bain
01:18:26parce que bon
01:18:28qu'on puisse contester
01:18:30l'érapage
01:18:32de Jean-Marie Le Pen
01:18:34c'est de la politique
01:18:36en revanche
01:18:38si effectivement
01:18:40on perdait les marqueurs principaux
01:18:42le Rassemblement National n'aurait plus d'intérêt
01:18:44je ne sais pas si on y approche
01:18:46quand même, parce que sur la question
01:18:48de l'immigration marine
01:18:50est assez ferme
01:18:52sur
01:18:54l'Europe, à mon avis
01:18:56elle est tout à fait
01:18:58sur la ligne de l'Europe des Patries
01:19:00bon, c'est sur les
01:19:02questions de société qu'on pourrait s'interroger
01:19:04parce que moi personnellement
01:19:06je ne vois pas autant
01:19:08je suis assez d'accord avec Jean-Marie Le Pen pour dire
01:19:10qu'il ne faut pas faire ce qu'il appelle la police
01:19:12des braguettes, autant
01:19:14il n'est pas nécessaire
01:19:16de changer toute la morale
01:19:18dite bourgeoise
01:19:20ou judéo-chrétienne
01:19:22Merci beaucoup Martin Pelletier d'avoir été avec nous
01:19:24pour évoquer la vie
01:19:26et l'oeuvre de Jean-Marie Le Pen
01:19:28qui nous a quitté lundi
01:19:30fondateur du Front National
01:19:32tout de suite la suite
01:19:34pour Sud Radio, vous retrouvez Brigitte Lahaye
01:19:36et vous êtes sur Sud Radio, merci

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