Doris Da Silva et Haitham Triki sont chirurgiens et leur mission, c’est prélever des organes sur un donneur pour les amener d’urgence à un receveur. Notre journaliste Leïla Amrouche les a suivi le jour d'un prélèvement de foie.
Category
🛠️
Style de vieTranscription
00:00Actuellement, on est à 150 greffes, donc on part quasiment un jour sur deux.
00:09Ça a permis de sauver en soit 3000 vies.
00:22Ce matin, je me trouve devant l'hôpital Brousse, plus précisément devant le centre
00:29Hépatobilière, où je vais assister exceptionnellement à un processus de prélèvement d'organes.
00:33Alors, je vais accompagner deux chirurgiens qui vont préléver aujourd'hui à l'hôpital
00:38Mondor un foie.
00:39C'est parti, on y va.
00:40C'est la glacière qui contient l'IGS, le liquide de conservation et la glace.
00:45Donc là, c'est juste une glacière pour le foie.
00:47Quand on a le pancréas, on prend un autre type de glacière, c'est un vital pack.
00:50Et souvent, quand il y a des transplantations de pancréas, il y a le rein qui est associé.
00:54Donc pareil, on a aussi une autre glacière, mais c'est un autre format.
00:57Et donc là, on monte dans la voiture.
01:05Nous avons été appelés à 6h du matin pour une proposition de greffons hépatiques à
01:11la PHP.
01:12La proposition concerne un receveur spécifique qui est donc déterminé par l'agence de biomédecine,
01:18l'ABM, selon des critères, c'est-à-dire sa fonction hépatique, le nombre de temps
01:22depuis lequel il est sur la greffe et la gravité de son état.
01:25À Pôle-Brousse, actuellement, on est à 150 greffes, ce qui représente une transplantation
01:33tous les trois jours, sans compter également tous les greffons qu'on est parti évaluer
01:38et malheureusement qu'on n'a pas pris.
01:39Donc on part quasiment un jour sur deux.
01:51C'est parti !
01:56On attend que les urologues fassent la préparation des vaisseaux et la libération des reins.
02:03Et après, on va intervenir pour préparer le foie.
02:06Vous n'avez pas encore vu ce qu'il y a là ?
02:08Non, pas encore.
02:09On en prend connaissance une fois sur place car il y a une anonymisation des donneurs.
02:13Donc on n'a pas accès à l'identité du donneur.
02:15Donc impossible de regarder à distance depuis notre hôpital.
02:22C'est parti !
02:26Voilà ce qu'il y a de mieux.
02:28Là, les chirurgiens vont disséquer tranquillement tous les organes à prendre, peu à peu.
02:33Donc c'est assez long.
02:34Et ils vont disséquer les vaisseaux, pouvoir les clamper et pouvoir retirer les organes peu à peu.
02:39En amont de tout ça, on a un gros travail pour vérifier que le patient est vraiment décédé.
02:43Il ne faut pas partir sur une suspicion de décès, il faut le confirmer.
02:47On a des examens paracliniques qui prouvent à 100% que le patient est décédé.
02:51Des scanners, des enjeux scanners qui vérifient qu'il n'y a plus aucune circulation cérébrale
02:56et que le cerveau est complètement décédé avant de pouvoir partir sur une chirurgie comme celle-ci.
03:00On ne peut pas prendre des organes d'un patient vivant.
03:03C'est strictement impossible.
03:04Il faut que ce soit une mort cérébrale ?
03:05C'est l'état de mort encéphalique.
03:07Il y a plusieurs façons de décréter qu'un patient est mort.
03:12Mais concrètement, l'état de mort encéphalique c'est assez particulier.
03:16Le cœur peut battre encore, il va encore faire respirer le patient grâce à nos machines,
03:21mais c'est le cerveau qui est décédé.
03:23Le cerveau n'a plus aucune mascularisation.
03:25À ce moment-là, on peut dire que le cerveau est décédé.
03:27En France, chaque individu est présumé donneur consentant,
03:31à moins qu'il ait clairement expliqué son refus,
03:35que ce soit en s'inscrivant sur le registre national du refus ou en le communiquant à ses proches.
03:46C'est pour refroidir les organes.
03:49On va arrêter la circulation corporelle du donneur
03:53pour mettre en place notre liquide de conservation et rincer les organes.
04:03C'est bien ouvert de ce côté-là ou pas ?
04:04C'est ouvert.
04:08Les deux côtés sont ouverts.
04:13Là, son cœur vient de s'arrêter.
04:14Il n'y a plus de débit, mais on a clampé et on a vascularisé les organes.
04:17Ce n'est pas grave, c'est normal.
04:45Le coller.
04:58On est escorté par la police pour aller au plus vite sur notre lieu de greffe
05:03où la transplantation a déjà débuté.
05:06Maintenant que l'organe est prélevé, vous avez combien de temps pour le greffer ?
05:09Cela dépend de la qualité du foie,
05:11mais on a jusqu'à 10 heures d'ischémie tolérée.
05:17Nous venons d'arriver à Pôle Brousse avec notre greffon hépatique.
05:19Juste derrière moi, la greffe hépatique a déjà commencé.
05:22Les chirurgiens ont commencé à explanter le foie, à retirer le foie.
05:26On va bientôt s'installer pour faire ce qu'on appelle la back table.
05:29C'est un temps de préparation du greffon où on nettoie,
05:32on fait l'hésiture artérielle et véneuse pour éviter tout problème
05:35lors de l'implantation de notre greffon hépatique.
05:42Là, on fait un prélèvement bactériologique
05:46pour chercher si le greffon a été contaminé lors du prélèvement.
05:51S'il a été contaminé, c'est pour...
05:54S'il y a des signes d'infection chez le receveur,
05:57on peut le mettre sous traitement adapté.
06:00Pourquoi le foie, c'est un organe vitel ?
06:03Il est pur. Tout le son du tube digestif,
06:08il produit beaucoup de protéines,
06:11beaucoup de facteurs de coagulation.
06:14Il récule aussi de la glycémie.
06:17C'est un métabolisme extrêmement complexe.
06:19Et on n'arrive pas à le remplacer.
06:21Par exemple, les rats, on peut les remplacer par la dialyse urinale,
06:24mais on n'a pas encore la technologie pour remplacer le foie
06:27tellement c'est un organe avec des métabolismes complexes.
06:31975.
06:341,575 kg.
06:371,575 kg.
06:39Du coup, il est trop lourd ? Il est bien lourd ?
06:421 500, c'est normal, c'est bien.
06:44On voit les normes.
06:46C'est un beau foie.
06:49Le prélèvement est fini. Maintenant, on laisse place à l'équipe de greffe.
06:53En France, il y a à peu près 1 500 donneurs en état de mort céphalique,
06:56ce qui représente plus de 3 000 patients greffés.
07:00Donc, ça permet de sauver en soi 3 000 vies.
07:03Néanmoins, il y a toujours un taux d'opposition qui est assez important, jusqu'à 35 %.
07:07Et il faut savoir que souvent, ces raisons de l'opposition,
07:10ce n'est pas tant les donneurs qui les ont données,
07:12mais parfois ce sont souvent les proches ou la famille
07:14qui n'ont pas clairement compris les modalités et les bénéfices de la greffe d'organe.
07:19Je pense qu'il est important de continuer à diffuser des messages
07:23autour de la greffe pour maximiser au maximum les chances des patients sur liste.
07:30Sous-titrage Société Radio-Canada