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Mardi 17 décembre 2024, SMART TECH reçoit Sougata Bhattacharya (expert data & IA, data Iterate) , Emilie Passemard (Directrice du pôle Affaires Réglementaires et Européennes, DNS) , Éric Bothorel (député Renaissance de la circonscription Lannion-Paimpol (Côtes-d’Armor)) , Nicolas Chagny (Président, Internet Society France) et Clément Norodom (Pilote projet, Bioxegy)

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00:00Bonjour à tous. Qu'en est-il de nos données de santé ? Qui fait quoi ? Quels sont les
00:12services aujourd'hui d'hébergement ? Quelles sont les plateformes qui manipulent ces données
00:16médicales des Français ? Ce sera notre grand sujet à la une aujourd'hui de Smartech.
00:20On va aussi avoir un regard sur le biomimétisme. On part dans la nature pour s'intéresser
00:26aux phénomènes de corrosion et regarder comment ça se passe avec la nacre. Quel modèle peut-on
00:30en tirer ? Mais d'abord, je vous propose qu'on parte en Inde. Petit voyage à l'autre bout de
00:35la planète pour nous et on va regarder ce qui s'y passe en matière d'IA là-bas.
00:38Que se passe-t-il en Inde ? C'est un pays dont on ne parle pas souvent dans l'écosystème tech.
00:48Pourtant, c'est évidemment une plateforme majeure pour toute la filière du numérique. Que ce soit
00:54pour recruter des talents, que pour y travailler, que pour y trouver des technologies et une source
01:01d'inspiration. On va porter notre regard sur l'Inde aujourd'hui grâce à vous. Bonjour,
01:06Sugata Bhattacharya. Je prononce bien votre nom ? Oui, parfait. Vous êtes expert data et IA. Vous
01:12êtes le fondateur de l'entreprise Conseil Data Iterate et membre de la Chambre de commerce et
01:18d'industrie franco-indienne. Que représente cet écosystème tech en Inde ? C'est un
01:24enjeu majeur. Le sujet de l'IA en Inde est à l'actualité parce que le premier ministre
01:30indien, Narendra Modi, sera présent pour l'IA Action Summit. Le sommet de Paris ? Voilà,
01:36en février 2025. Le pays a 1,4 milliard d'habitants qui génèrent 20% de données mondiales. Vous
01:45pouvez imaginer ce qu'on peut faire avec ces données, entraîner les modèles d'IA ou utiliser
01:51les données pour les use case, les cas d'usage de l'IA. Cette année, le gouvernement a alloué
02:00un budget de 1,2 milliard de dollars pour tous les projets IA et un projet d'acquérir 10 000
02:07GPU. Je voulais qu'on donne déjà la big picture sur l'écosystème tech. Qu'est-ce que ça
02:15représente en nombre de start-up par exemple ? En nombre de start-up, c'est 31 000 start-up dans
02:21la tech en Inde. En total, c'est le troisième pays le plus important pour le start-up dans le
02:28monde. Et vous avez vu l'évolution ces dernières années, la transformation de cet écosystème ? Oui
02:33bien sûr. C'est plutôt en croissance ? Parce que ici, en Europe et même aux Etats-Unis, il y a
02:40des gros coups de frein qui ont marqué ces derniers mois et ces dernières années. En
02:45effet, il y a une croissance dans tout ce qui est service informatique, bien évidemment vers les pays
02:49occidentaux. Mais maintenant, le pays a de plus en plus envie de devenir le product nation,
02:56c'est-à-dire une nation qui produit des produits technologiques pour le monde. L'ambition est de
03:03devenir le pays qui fait Alama, Gemini, Mistral AI ou Hugging Face. Alors justement, quels sont
03:10ces grands projets d'intelligence artificielle en Inde ? Est-ce qu'il y a des différences peut-être
03:14avec les stratégies qu'on connaît nous en Europe ou aux Etats-Unis ? Oui bien sûr. Donc ce n'est pas
03:20le même parce que l'Inde ne détient pas suffisamment d'infrastructures. Donc il faut
03:25d'abord qu'il commence par obtenir les infrastructures pour stocker les données. Parce
03:31que dans les 20% de données créées, il y a seulement 3% qui est stocké dans le pays et le
03:36reste part à l'étranger pour le stockage et le traitement. Donc ça c'est un enjeu
03:41majeur. Il faudra commencer par avoir l'infrastructure, les data centers et ensuite
03:46bien évidemment les sémiconducteurs. Il y a des designers pour les chips mais la
03:53fabrication de chips reste un enjeu majeur pour tout le monde. Est-ce que vous conseillez d'investir
03:59en Inde aujourd'hui tous ceux qui nous regardent et qui s'intéressent à ce secteur ? Oui bien
04:03sûr. Donc il y a des possibilités d'investissement mais il faut bien choisir les sujets dans lesquels
04:10on investit. Donc il y a évidemment l'infrastructure numérique publique qui est très importante et qui
04:16est en train d'agrandir. Donc ça c'est un domaine d'investissement. Sinon il y a des startups très
04:21prometteurs. Notamment les startups qui vont faire des LLM dans les langues indiennes. Ils vont
04:28agrandir parce qu'il y a 22 langues. Donc il faut faire tous les LLM. C'est un sujet majeur. Donc je
04:34pense qu'il y a de l'avenir. Là on sait qu'il y a de l'avenir. Qu'est-ce que vous attendez que
04:38vous parliez du sommet de Paris pour l'action sur l'intelligence artificielle ? Qu'est-ce que vous
04:43en attendez ? Donc moi je pense qu'il y a des possibilités de faire des partenariats pour
04:49développer le DPI, Digital Public Infrastructure. Et donc il faut faire ça. Donc aussi voir
04:58comment la France peut participer dans le développement de l'infrastructure pour tout ce qui
05:03est données. C'est un partenaire déjà la France aujourd'hui en Inde sur ces sujets ? Oui un certain
05:08nombre de sujets. Oui bien sûr. Donc il y a des partenaires. Il y a la région Île-de-France qui est
05:14présente en Inde. Ils envoient des délégations. Et sinon on a déjà eu pas mal de échanges entre les deux pays.
05:21Mais le principal partenaire j'imagine que c'est les Etats-Unis. Absolument. Donc les Etats-Unis restent
05:26le premier partenaire. Et NVIDIA est très présent dans le pays. Donc c'est le fournisseur principal
05:31des sémiconducteurs en Inde aujourd'hui. Merci beaucoup. Merci pour votre regard que vous nous
05:37offrez sur l'Inde-Sougata. Patacharia, je rappelle que vous êtes expert data et IA cofondateur,
05:43fondateur même d'ailleurs, de Data Iterate. Allez on va continuer à parler des données. Mais cette
05:48fois on va s'intéresser à nos données de santé. On va voir un peu ce qui s'y passe.
05:51Où en est-on sur nos données de santé ? On va parler de Health Data Hub, de EMC2. On va parler
06:00de mon espace santé, de Doctolib. Tout ça en débat avec trois personnes. D'abord Émilie Passemard.
06:06Bonjour. Vous êtes directrice du pôle affaires réglementaires et européenne à la délégation
06:10au numérique en santé, je vais dire plus rapidement l'ADNS, qui définit donc la stratégie qui permet
06:17d'accélérer le développement du numérique pour améliorer le système de santé. L'ADNS est
06:21directement rattachée au ministre en charge de la santé. A côté de vous Nicolas Chani.
06:27Bonjour Nicolas. Vous êtes président d'Internet Society France, donc l'association qui représente
06:32les utilisateurs dans les instances de gouvernance de l'internet en France et dans le monde. Vous avez
06:38déposé un recours devant le conseil d'état pour obtenir l'annulation d'une délibération de l'ACNIL
06:43dont on va parler, qui autorise en fait Microsoft à continuer d'être l'hébergeur des données de
06:48santé des français, je fais court. Et puis avec nous à distance, une parole politique puisque
06:54nous avons le député de la 5e circonscription des Côtes d'Armor, Eric Bottorell. Bonjour.
07:00Je précise du groupe Ensemble pour la République. Alors on va commencer quand même avec ce sujet du
07:04conseil d'état qui, alors il y a eu un recours certes, mais qui a finalement quand même décidé
07:11de valider le fait que Microsoft héberge les données de santé des français et des européens,
07:15puisqu'en fait tout ça se fait dans le cadre d'un projet de plateforme européenne destinée à la
07:20recherche, donc qui s'appelle EMC2. Alors Nicolas, vous faisiez partie donc de ces personnalités qui
07:26sont mobilisées contre cette décision. Quelle était votre motivation déjà ? Pourquoi avoir porté
07:34ce recours devant le conseil d'état ? Alors nous on a considéré qu'il y avait un appel à l'aide de
07:39l'ACNIL dans la décision, dans la délibération qu'elle a rendue. Elle disait elle-même qu'elle
07:46regrettait que la stratégie mise en place n'ait pas permis de trouver un acteur européen qui
07:51réponde à cet hébergement. Donc nous on a un peu répondu à cet appel à l'aide de l'ACNIL qui
07:58ouvrait finalement un peu cette possibilité de recours et on l'a fait plutôt pour des motifs
08:05d'éducation, pour des motifs de sensibilisation, en disant attention, on ne parle pas, on n'est pas,
08:12moi ça ne me dérange pas que quand j'achète une place de concert pour Mylène Farmer, mes données
08:18soient hébergées par un hébergeur éventuellement soumis aux droits américains ou même qu'il
08:24ait hébergé, que ce soit hébergé aux Etats-Unis. Par contre pour mes données de santé, je préfère
08:30que ce soit géré par un acteur européen et du coup c'est pour ça qu'on a fait ce recours. Après il y a une différence entre
08:36préféré et exigé ? Alors préféré c'est pour un certain nombre de données classiques et par
08:45contre pour les données de santé on doit être intransigeant et d'ailleurs la première ministre
08:49Elisabeth Borne avait rappelé dans sa politique sur l'hébergement cloud en disant il y a un certain
08:56nombre de données sur lesquelles on doit être intransigeant et elle avait dit non seulement ça
09:00doit être hébergé en Europe mais en plus par un acteur qui n'est pas soumis à une sorte d'extra
09:06territorialité de loi américaine. Vous parlez de l'ACNIL, vous dites c'est une sorte d'appel
09:15au secours, estimant qu'on n'avait pas aujourd'hui de prestataires prêts, en tout cas dans les délais
09:20et elle ne souhaitait pas qu'on prenne du retard sur ces projets de partage de données au niveau
09:24européen pour la recherche en santé. Il y a aussi eu cette phrase dans la décision de l'ACNIL
09:30qui disait que finalement elle avait jugé le risque acceptable. Il vous semble acceptable ?
09:34En fait il n'est pas acceptable parce que même la décision du rejet du conseil d'état parle
09:42de la pseudonymisation, parle d'un certain nombre d'engagements qui sont pris. On sait aujourd'hui
09:48qu'on est à l'heure de l'intelligence artificielle qui se développe très rapidement et on sait que
09:52tout ce qui est pseudonymisation c'est à un moment donné quelque chose qui a ses limites quand on est
09:58capable de faire des recoupements. Et au-delà de ça nous on s'est dit que finalement si on n'avait
10:03pas trouvé d'acteur européen qui était capable d'héberger ça, ça voulait dire que soit on avait
10:09mal cherché, mais je ne pense pas parce que je respecte les équipes de l'état, mais peut-être
10:15qu'on n'a pas fait ce qu'il faut pour faire émerger le bon acteur qui pouvait répondre à ça, peut-être
10:19qu'on n'a pas mis assez d'argent sur ces sujets-là. Et tous ces sujets de souveraineté, on voit que
10:23c'est des sujets un peu boomerang. On a vu avec le Covid, on s'est rendu compte qu'on n'avait pas
10:27assez de production de masques ou de médicaments. Avec l'Ukraine on s'est rendu compte qu'on avait
10:32un problème de souveraineté alimentaire et on a l'impression un peu que l'histoire se répète et
10:38qu'on n'apprend pas de ces sujets et de ces erreurs. Alors on va faire réagir M. Botorel
10:43puisque le gouvernement, alors le camp présidentiel, on va faire simple parce que ça devient compliqué,
10:48par le passé, s'était engagé à sortir de cet hébergement Azure Microsoft pour le Health Data
10:56Hub, mais ça a été sans effet. Oui, il y a eu plusieurs politiques successives qui se sont menées
11:02autour du cloud. Alors j'entends ce que dit Nicolas à l'instant sur le fait qu'on puisse
11:08percevoir qu'on a eu des sujets de souveraineté sur le milieu qu'on vient de découvrir. Pardon,
11:13on ne découvre pas qu'on est en retard sur le cloud et que les cloudeurs américains ont pris
11:17une avance technologique extrêmement forte depuis des années et que ça a compromis évidemment une
11:22partie de notre souveraineté puisque pour le coup on n'a pas d'offres concurrentielles,
11:25toute chose égale par ailleurs, à opposer. C'est un vieux sujet, le sujet de l'aide de santé avec
11:32le Data Health, etc. Ce qu'a fait le gouvernement, il a pris plusieurs initiatives, d'ailleurs
11:36certaines initiatives sont plus ambitieuses que certains projets de règlement européen,
11:42je pense à l'UCS, qui sont moins disants et moins disants sur le sujet de l'ambition
11:48qu'est la nôtre d'être insensible aux lois extraterritoriales américaines. Alors je ne dis
11:53pas que tout est parfait parce que par définition, d'ailleurs, on ne sait pas trop comment s'appliquerait
11:57cette extraterritorialité du droit. Chacun a sa conception des choses. Elle a peu été mise en
12:02œuvre et quand on interroge les spécialistes du droit, tout le monde s'accorde à dire qu'en fait
12:07on ne sait pas très bien quel risque il y a, mais il y a un risque. On est autour de ça. Après cela,
12:11que la CNIS s'exprime, le Conseil d'État s'exprime, le gouvernement par ses initiatives successives,
12:18je pense à la stratégie cloud au centre, je pense aux révisions successives de référentiels autour
12:24du secteur cloud. Je pense qu'on fait la démonstration qu'au moins par la régulation
12:28et par les autorités qui sont en charge d'eux, le sujet est pris très au sérieux. Est-ce qu'on a
12:35mis assez d'argent sur la table pour avoir des offres concurrentielles à Microsoft ? On ne
12:39citait que, puisqu'on parle du Hot Dogs, probablement que non, mais ce n'est pas maintenant qu'on va
12:43rattraper le retard, ça c'est ma conviction. Sur cette question du projet EMC2, est-ce qu'il
12:52faut aller plus vite ? On a raison de dire qu'on n'a pas le temps à perdre finalement, tant pis,
12:56on n'ouvre pas un appel d'offres parce qu'en France, on estime qu'on n'est pas suffisamment
13:02prêt pour répondre, donc on avance, on fonce. Quel est votre regard là-dessus ? Sur ce sujet,
13:08d'abord je rejoins vraiment ce qui a été dit par M. Botorel et par Nicolas, je crois qu'en effet,
13:16on est face à une situation un peu de compromis, puisque on a ce projet là, EMC2, qui est un
13:23projet ponctuel de recherche avec des données relativement limitées, je le rappelle quand même,
13:29ce n'est pas toutes les données des Français, ce n'est pas toutes les données des Européens,
13:32c'est certaines données limitées, et avec l'idée d'aboutir sur une recherche qui va améliorer la
13:38santé des Français et des Européens. Vous parlez de données limitées, c'est-à-dire que ça dépend
13:42en fait des programmes de recherche qui seront réalisés, potentiellement ça peut être...
13:47C'est des volumes qui restent quand même relativement limités malgré tout, et qui sont
13:52des données pseudonymisées, alors je comprends les réserves qu'on peut attacher à ça, mais tout
13:55de même, ça présente aussi une garantie. En revanche, ce que je souhaite rappeler aussi,
13:59sur le Health Data Hub au sens large et sur la plateforme des données de santé, parce que je
14:04vais plutôt utiliser la terminologie française, c'est que depuis la loi Sécuriser et réguler
14:10l'espace numérique de santé, qui a été adoptée au printemps dernier, la plateforme de santé doit
14:14obligatoirement migrer, c'est écrit dans la loi, c'est prévu, et les démarches ont été enclenchées,
14:19doit migrer vers un clouder souverain. Donc ça c'est acté, c'est prévu, c'est enfin...
14:25A chaque fois l'échéance est repoussée.
14:27Jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'acte aussi fort qu'un acte législatif, donc ça c'est quand même
14:31un jalon qui est posé. Simplement, évidemment, on est dans des marchés publics, donc ça prend du
14:36temps, il faut rédiger le marché, il faut faire un appel d'offres, il faut recevoir les offres et
14:40il faut changer, il faut migrer, donc ça prend un peu de temps. Donc ça va se faire avec certainement une solution...
14:44Donc ma question du timing, justement, est-ce qu'on se dit pas, finalement, on se donne ce temps parce que
14:49c'est tellement stratégique aujourd'hui qu'il faut le prendre, ou non, on va risquer de passer
14:55à côté de choses majeures dans le domaine de la santé, de révolutions tellement importantes qu'on doit foncer...
15:02Parce que si finalement on change d'hébergement, je sais pas, dans 3 ans, il se sera passé tellement de choses...
15:09Oui, oui, et non, et en même temps, on migrera à ce moment-là, l'entrepôt MCE9, vers le nouveau
15:15cloudeur souverain. Et en 3 ans, il n'y aura peut-être pas eu beaucoup d'exploitation malgré tout, mais
15:20l'idée c'est quand même d'avancer, et c'est aussi la volonté qu'a eue la CNIL, justement, de ne pas freiner
15:25et de ne pas mettre un stop...
15:26L'EHS Data Hub, c'est les données de santé de tous les Français, quand même ?
15:30Alors, non, pas du tout...
15:32Alors, dites-nous, qu'est-ce qu'il y a dans l'EHS Data Hub, exactement, aujourd'hui ?
15:35Alors, il y a en fait des projets de recherche ponctuels, et par exemple...
15:38Dans la plateforme Données de Santé, par exemple.
15:40Il y a des projets de recherche ponctuels et des ressources de données ponctuelles, et par exemple,
15:45le Système National des Données de Santé, qui sont là, pour le coup, les données de tous les Français, vous avez raison,
15:50ce SNDS, il n'a pas été migré vers l'EHS Data Hub, et vers la plateforme...
15:56Pour ses raisons de souveraineté, on est d'accord.
15:57Absolument.
15:59Et donc, on attend qu'il y ait une migration vers...
16:03Alors, il y aura peut-être une solution intermédiaire qui sera trouvée avant d'aller vers une prestation
16:09qui couvre tous les besoins, parce que ça a été dit aussi, malheureusement.
16:13En fait, le mécanisme qui est prévu, qui est ultra sécurisé, qui est ultra protecteur des données,
16:18qui est prévu dans la mécanique de la plateforme Données de Santé,
16:20c'est de donner accès aux données dans une bulle sécurisée,
16:23qui est un environnement ultra complexe, qui fait appel à tout un tas de technologies,
16:28et malheureusement, c'est là que les clouders européens ne peuvent pas vraiment,
16:33ou difficilement en l'état, concurrencer des clouders européens.
16:36Peut-être en s'unissant, en pensant justement au niveau européen, bon...
16:40Exactement, et le bénéfice de ce projet...
16:41C'est là où on a besoin d'une impulsion politique aussi, Éric Bottorel.
16:46Si on veut réussir justement à être au niveau de ces grandes offres,
16:51on sait que de toute façon, ça passe par un engagement politique,
16:56à faire travailler l'écosystème ensemble, à lui donner de la commande publique.
17:01Oui, bien sûr, je pense qu'en la matière, un certain nombre de choses ont été faites,
17:05encore une fois depuis 7 ans, il est encore un peu tôt pour faire le bilan de tout ça,
17:08mais sur le champ du numérique et globalement de l'écosystème,
17:12l'animation de l'écosystème, je pense notamment à la cybersécurité,
17:15il y a des choses qui se sentent pareilles, qui ont été faites depuis quelques mois.
17:19Juste peut-être une précision sur la migration du ZETA.
17:23Ce n'est pas 3 ans, il me semble que c'est fin 2026 dans la loi SREN, telle que ça a été actée,
17:28et donc ça ne nous laisse plus que 2 ans.
17:31Mais oui, il y a une incarnation politique...
17:33Oui, mais ça fera bien plus de 3 ans, au final, mais vous avez raison de le préciser.
17:38Oui, oui, entre le moment qui nous sépare et l'échéance, c'est 2 ans à l'espèce.
17:44Mais oui, vous avez raison de rappeler qu'il y a la nécessité de l'implication du politique sur le sujet,
17:52de rang national comme de rang européen,
17:55parce que je pense que ces problématiques méritent aussi d'être traitées à l'échelle européenne en matière de régulation,
18:00et la souveraineté, elle ne peut pas être qu'une souveraineté française.
18:03L'autonomie stratégique européenne est importante dans la situation internationale que l'on connaît,
18:08que ce soit sur les situations géopolitiques ou géoéconomiques.
18:10Donc oui, on va continuer de porter les choses là-dessus.
18:13Je pense que le prochain texte qui va arriver à l'Assemblée nationale,
18:17parce qu'il y aura des textes à l'Assemblée nationale l'année prochaine,
18:20c'est Nice 2 sur la partie cyber, là aussi, il y aura des choses.
18:23Probablement qu'on parlera d'une manière ou d'une autre des notions d'hébergement.
18:29Espérons. Alors je voulais qu'on parle aussi de cette polémique d'Octolib, mon espace santé,
18:33parce que ça a quand même un peu étonné tout le monde.
18:37On a vu Octolib annoncer une nouvelle fonctionnalité, un onglet,
18:40qui permettra de partager ses documents de santé avec les professionnels,
18:45et les professionnels entre eux aussi, voilà.
18:48Et on s'est dit, bon bah super, pourquoi pas.
18:50Après tout, Octolib est une plateforme incontournable.
18:53Sauf que là, mon espace santé s'est senti directement visé.
18:56Il y a eu une prise de parole du directeur général de l'assurance maladie,
19:00qui nous dit qu'en gros, il y a une vraie ambiguïté
19:03à proposer un autre lieu de référence sur l'hébergement des données de santé.
19:09Donc là, on se retrouve avec deux offres, finalement, en frontal,
19:13une publique, une privée,
19:16avec d'un côté mon espace santé, je crois que c'est 15 millions d'utilisateurs ?
19:2025 presque.
19:2225 presque.
19:23Et d'Octolib, bah le double, le double d'inscrits aujourd'hui.
19:29Quelle est la réaction du côté de la DNS,
19:32qui aurait participé à faire tourner une tribune
19:37s'insurgeant justement contre ce nouveau service d'Octolib ?
19:41Alors, moi, je ne souhaite pas rentrer dans la polémique.
19:44En tout cas, ce que je peux dire, c'est que je rejoins ce qu'a dit Thomas Fatome,
19:48et la DNS rejoint ce qu'a dit Thomas Fatome.
19:51C'est-à-dire qu'il y a quelque chose d'un peu étrange
19:54à avoir d'un côté un carnet de santé numérique de tous les Français
19:58souverains et proposés par la puissance publique,
20:02parce qu'il concerne les données de tous les Français, pour le coup.
20:05Et là, on ne parle pas de données pseudonymisées,
20:07on parle de données directement identifiantes,
20:09qu'on héberge en France.
20:11Et puis, un service qui serait du coup proposé par le privé,
20:16avec des conditions qui sont évidemment très différentes,
20:20avec des personnes qui acceptent des conditions générales d'utilisation.
20:23Enfin, on n'est pas du tout dans les mêmes cadres, dans les mêmes garanties.
20:26Nous, on a une loi, on a un décret qui a été pris en Conseil d'État,
20:29après, à vie de la CNIL, enfin bref, on est soumis à un contrôle,
20:32et qui est hyper sain, que j'adore et que je trouve super.
20:35Et de notre côté, un opérateur privé.
20:38Donc voilà, on a juste, il y a quelques...
20:40Alors, je peux dire, la chance qu'on a finalement,
20:42c'est quand même que c'est un opérateur privé français,
20:44pour une fois, pour le moment.
20:47On a eu l'exemple, on a eu le même exemple dans l'éducation nationale,
20:51où on avait en fait un opérateur français qui s'appelait Pronote,
20:55et puis un jour, on s'est rendu compte qu'il allait peut-être être vendu,
21:00et du coup, il allait peut-être être vendu à une puissance,
21:03enfin, en tout cas, à un acteur qui serait un fonds d'investissement,
21:05qui serait dans une puissance étrangère.
21:07Et là, on s'est dit, ouh là là, ça héberge toutes les notes
21:10et tous les carnets notes de tous les collégiens, tous les lycéens.
21:14Et du coup, il y a une prise de conscience.
21:16Et en fait, je pense que, déjà, il y a un...
21:18— Pronote, c'est chez Docapost.
21:19— Maintenant, ça a été du coup racheté par Docapost.
21:21Et en fait, sur mon espace santé, c'est un petit peu la même chose.
21:26C'est-à-dire qu'en fait, il y a un effort énorme
21:29qui a été fait par la puissance publique pour qu'il y ait un service
21:31qui soit un service de qualité.
21:33On en parlait juste avant.
21:34Donc il faut souligner que les choses sont bien faites
21:39et sont effectivement hébergées en France et sécurisées.
21:43Mais là, on est vraiment dans un sujet d'éducation aussi.
21:46Parce que quand vous allez dans une pharmacie au coin de la rue
21:50et qu'on vous propose d'envoyer votre ordonnance sur Gmail
21:56pour vous faire la délivrance plus rapidement,
21:58là, ça veut dire qu'on a loupé quelque chose en expliquant à ce pharmacien
22:02qu'il y avait cet espace de santé.
22:04Et en fait, c'est une éducation de tous les jours, de tout le monde.
22:08— C'est peut-être un déficit de communication.
22:10Alors j'ai vu, du coup, là, apparaître des communications sur mon espace santé.
22:14Il y a une sorte de réveil pour dire aux Français
22:17« Voilà, aujourd'hui, on a un outil, service public ».
22:21— Pour moi, le seul réveil, c'est le réveil du médecin généraliste.
22:24C'est-à-dire si votre médecin généraliste vous dit
22:26« Votre ordonnance, elle est là », même qu'il vous aide à l'activer,
22:29eh bien finalement, vous allez l'utiliser.
22:31Moi, à titre personnel, c'est comme ça que j'ai commencé à utiliser mon espace santé.
22:35— Je vais vous dire, c'est pas gagné, parce que les médecins que je croise
22:39me disent tout le bien qu'ils pensent de Doctolib,
22:41toute la facilité, la simplicité de l'interface.
22:45Et c'est pas forcément le cas avec la plateforme de service public qu'ils doivent utiliser.
22:50Donc bon, il y a quand même du travail.
22:53— Je voulais juste vous entendre, M. le député, là-dessus,
22:56sur ce risque, finalement, de financiarisation de la santé.
22:59Est-ce que ça vous préoccupe ?
23:00Est-ce que, face à ça, vous dites « Après tout, au secteur privé,
23:03s'il est bon, il fait... Voilà, c'est normal, il offre de nouveaux services ».
23:08— Non, mais c'est pas judicieux de mettre en concurrence
23:11quelque chose que l'on cherche à porter depuis quelques années, déjà.
23:14Il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits, y compris, à l'instant,
23:16et ça a été rappelé, la sensibilisation des médecins généralistes.
23:19C'est pas toujours très simple, parce que c'est pas leur métier de base
23:22que de faire l'administratif ou de gérer informatiquement
23:25et numériquement les données de leur patientèle.
23:29Et pour avoir pris part à un certain nombre d'ateliers
23:31à l'origine de mon espace santé – il y a eu plusieurs tentatives,
23:35d'ailleurs, pour lancer ce projet-là –,
23:37je trouve pas ça très judicieux qu'on puisse,
23:40dans l'esprit des patients et des citoyens, finalement, créer la confusion.
23:45Est-ce que les données qui seront sur l'octolib, d'ailleurs,
23:47seront partagées avec mon espace santé ? Est-ce que ceci...
23:51– Peut-être que l'ADNS a la réponse, d'ailleurs, à cette question,
23:56puisque vous êtes une autorité de tutelle, nous dit l'octolib.
23:58Donc, nous, ils disent, nous, on a tout fait, on est dans les clous.
24:01– Alors, on n'exerce aucune tutelle sur l'octolib, juridiquement, en tout cas.
24:05C'est pas comme ça que ça fonctionne.
24:07– Vous êtes un régulateur, quand même.
24:08– Oui, mais l'octolib, après, est soumis au respect du RGPD, par exemple,
24:11et à un certain nombre de réglementations.
24:14Nous, après, la réglementation qu'on a posée,
24:16et qui existe dans le Code de la santé publique,
24:18c'est l'obligation pour les médecins, dont on a parlé,
24:20pour les pharmaciens, pour les établissements de santé,
24:22d'alimenter mon espace santé avec un certain nombre de documents,
24:25donc à partir de leur logiciel.
24:27Alors, évidemment, s'ils utilisent le logiciel d'octolib,
24:29parce que l'octolib, ce n'est pas que la prise de rendez-vous,
24:31c'est aussi un logiciel de patientelle,
24:34eh bien, le logiciel doit alimenter mon espace santé,
24:37et du coup, il va aussi aller alimenter la nouvelle fonctionnalité de l'octolib.
24:42– Donc, il alimentera les deux, finalement.
24:44– Oui.
24:44– Bon, merci beaucoup.
24:46On a largement dépassé le temps qui était imparti,
24:48mais c'est un sujet passionnant,
24:49et on va continuer à en parler, évidemment, dans Smartech.
24:52Merci, M. le député Botorel, d'avoir été avec nous,
24:55Émilie Passemard, de l'ADNS,
24:56et Nicolas Chani, d'Internet Society France.
24:59– Merci.
25:00– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
25:06– On termine cette édition avec notre rendez-vous
25:08sur le biomimétisme.
25:10Et Clément Nanrodome, qui m'a rejoint, bonjour.
25:12– Bonjour.
25:13– Vous êtes ingénieur projet expert chez Bioxigie,
25:15et aujourd'hui, notre sujet d'intérêt,
25:17c'est le phénomène de corrosion.
25:19– Effectivement, la corrosion, qu'on appelle plus communément la rouille,
25:22c'est une de ses manifestations principales,
25:24c'est un phénomène qui s'attaque aux métaux.
25:26C'est forcément, du coup, omniprésent dans toutes les industries,
25:29puisque les métaux eux-mêmes le sont.
25:31Lutter contre la corrosion, c'est un enjeu, évidemment, de sécurité,
25:34et puis même de durabilité et de performance,
25:36pour tous ces industriels-là.
25:37On estime, à peu près, que lutter contre la corrosion,
25:40de manière directe ou indirecte,
25:41ça représente plus de 3% du PIB mondial,
25:43donc c'est vraiment énorme.
25:44– Ah oui, quand même, ok.
25:45– Effectivement, c'est un sujet que chez Bioxigie,
25:48on traite très régulièrement,
25:49et on a des modèles dans la nature qui peuvent nous permettre
25:51d'améliorer les coatings anti-corrosion.
25:53– Et notamment l'anacre.
25:55– Effectivement, alors l'anacre, c'est un peu inattendu,
25:57c'est ce matériau qu'on va retrouver dans la coquille de certains mollus,
26:01certains coquillages, ce matériau, justement,
26:03d'acrée, comme le nom l'indique,
26:05qui a la propriété d'être extrêmement, à la fois rigide,
26:07mais aussi résistant.
26:08Ça, ce n'est pas si courant.
26:09Si on pense à du verre, par exemple, c'est très rigide,
26:11mais c'est cassant, donc on va avoir un petit impact,
26:14tac, on va avoir plein de morceaux.
26:16Comment ça marche, du coup, dans l'anacre ?
26:17En fait, on va combiner deux matériaux
26:18avec une structure qu'on appelle briques et mortiers,
26:21qui, ben voilà, on a des plaquettes dures,
26:23un petit peu une sorte de dérivé du calcaire, donc assez cassant,
26:26mais qui sont noyées dans une sorte de ciment,
26:28voilà, cette structure en feuillet aussi, on pourrait dire,
26:32qui permet, en fait, qu'une fissure, pour se propager,
26:35va devoir contourner toutes les briques.
26:37Ça rallonge son chemin, elle a plus de mal à se propager,
26:39donc le matériau n'est moins cassant, tout simplement.
26:42Et ça, c'est un phénomène qu'on va retrouver aussi
26:44un petit peu dans certains coatings d'anticorrosion,
26:45qui sont souvent des résines,
26:47qui vont, lorsqu'elles vont sécher,
26:48avoir tendance aussi à avoir des petites fissures
26:49qui vont apparaître, et forcément, la performance s'en ressent.
26:54Il y a des chercheurs qui, en incluant un peu de plaques de graphite,
26:57en fait, donc exactement ce qu'on a dans un crayon de papier
26:59quand on le dépose, c'est des plaques de carbone,
27:01dans cette matrice en résine,
27:03vont permettre justement d'allonger, du coup,
27:05de la même manière que dans l'anacre,
27:07la longueur de ces fissures-là,
27:08et donc d'améliorer l'imperméabilité, si on veut, de ce revêtement.
27:12Les résultats qu'ils ont eus, qu'ils ont obtenus,
27:14c'est à peu près 1 000 fois moins de corrosion,
27:16donc c'est quand même assez exceptionnel.
27:18Super efficace, le biomimétisme.
27:19Effectivement.
27:20Merci beaucoup, Clément Norodom,
27:22ingénieur, projet expert chez Bioxégie.
27:24Merci pour votre regard sur le biomimétisme,
27:26et merci à tous de nous suivre.
27:28C'était Smartech, votre émission sur la tech, sur le numérique
27:31et tous ces enjeux que vous regardez sur Bsmart4Change.
27:34Vous nous suivez aussi en podcast, je le sais,
27:36et je vous dis à très bientôt.
27:37Bonne journée.

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