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00:00Mayotte, la situation évidemment toujours aussi catastrophique, le Président Emmanuel Macron vient de prendre la parole depuis écouter ce qu'il dit.
00:09Lyon.
00:10Nos compatriotes vivent le pire à quelques milliers de kilomètres et je me rendrai à leurs côtés dans quelques heures à Mayotte.
00:21Évidemment, je veux ici saluer la réactivité de tous les services de l'État et des forces territoriales aux côtés de la population.
00:30Et nous avons déployé beaucoup de moyens et je vous remercie ainsi que les Nations unies et la capacité à avoir des soutiens rapides pour votre solidarité
00:43après le cyclone que nous avons subi à Mayotte et ce que vivent nos compatriotes sur ce territoire de la République qui nous est si cher.
00:51Voilà pour Emmanuel Macron, on va tout de suite rejoindre sur place dans l'île de Mayotte Wilfried de Villers, l'envoyé spécial d'Europe 1 qui nous décrit ce qui se passe autour de lui. Wilfried.
01:01Oui, dès l'arrivée à l'aéroport, on voit l'étendue des dégâts causés par le cyclone.
01:05La tour de contrôle a tout simplement été soufflée dans la commune voisine de Pamanzi. Les toits des maisons sont pour la plupart arrachés.
01:11Partout, des débris de bois, de béton et des arbres déracinés. Les collines environnantes habituellement vertes sont désormais pelées.
01:18Le cyclone a tout emporté. J'étais tout à l'heure dans un bidonville de petites terres où les habitants ont tout perdu.
01:24Leurs logements de fortune sont en ruine. Seuls les murs des maisons les plus solides semblent avoir résisté.
01:29Des habitants qui n'ont plus d'électricité ni d'eau courante et qui craignent désormais la famine.
01:34Face à la crise, l'aide humanitaire se met en place avec ce pont aérien et maritime entre l'île de la Réunion et Mayotte.
01:4020 tonnes de nourriture et d'eau sont acheminées quotidiennement dans l'archipel, mais aussi du matériel médical et des renforts humains.
01:47800 membres de la sécurité civile doivent arriver dans les prochains jours.
01:51Oui, le frite de Villers-Port-Europens-Oregano, c'est une dévastation complète dans une île déjà qui était en proie à de nombreux problèmes et maux très divers.
02:03D'abord, c'est un problème très compliqué, Mayotte. Mais néanmoins, la leçon, c'est que lorsque vous laissez pourrir un problème, ça finit toujours par vous éclater à la figure.
02:13C'est ce qui est en train de se passer. On a laissé s'installer des milliers de logements précaires, faire vivre des gens dans des conditions...
02:20Le jour où il y a un cyclone, il y a des centaines de morts, voire peut-être davantage. C'est ma première remarque.
02:28La deuxième, c'est que le président de la République a raison dans ce qu'il dit. Je ne suis pas sûr, je suis même certain du contraire, qu'il ait raison d'aller à Mayotte maintenant.
02:35Moi, je suis toujours très agacé ou énervé qu'un premier ministre ou un président de la République se rende immédiatement sur les lieux d'une catastrophe naturelle
02:45parce que forcément, il va gêner les sauveteurs, il va gêner les secours, il va mobiliser une partie de la force publique pour sa protection, pour organiser son voyage.
02:56Ça n'est pas une bonne idée. Il faut pas faire de ces... Il y a le ministre de l'Intérieur, c'est très bien, ça suffit.
03:04On en a fait beaucoup le reproche à François Bayrou, qui a choisi d'aller à Ponts. On lui a dit « Mais pourquoi vous n'êtes pas à Mayotte ? »
03:09Donc, c'est exactement mon raisonnement.
03:10Non, mais il n'avait pas allé à Mayotte non plus. Il aurait pu aller dans sa réunion interministérielle, mais il n'a pas allé à Mayotte.
03:17Il a un gouvernement à former, il y a d'autres choses. Et de toute façon, ça gêne sur place.
03:22Il y a une raison politique qui explique ça ? Il y a une raison politique, selon vous, qui explique le déplacement du président à Mayotte ?
03:29Mais je pense qu'il y a une forme consciente ou inconsciente, moi je n'ai pas sondé les reins et les cœurs, ni les intentions,
03:36mais il y a quand même une forme consciente ou inconsciente d'instrumentalisation à des fins de communication politique de toutes les catastrophes naturelles.
03:45Il y a toujours quelqu'un qui y va. Enfin, quelqu'un au Premier ministre ou au Président de la République qui se précipite sur place.
03:52On le reproche s'ils n'y vont pas. L'opinion publique se le reproche.
03:56Bruno Rotailleau y est allé, le Président pouvait tout appeler. J'ai demandé au ministre de l'Intérieur de se rendre, et c'est ce qu'il a fait.
04:03C'est sa place, le ministre de l'Intérieur. C'est ce qu'a dit Bayrou.
04:07Le ministre de l'Intérieur, c'est sa place, puisque c'est lui qui est au cœur du processus de secours.
04:14Mais il faut juste être capable de l'expliquer, on le reproche.
04:19Et alors, nous avons des responsables politiques qui ne sont pas capables d'expliquer que s'ils y allaient, ils gèneraient les secours.
04:24Personne ne peut comprendre ça.
04:26Quand les dégâts du sifflot ne seront réparés, Mayotte aura les mêmes problèmes.
04:30L'immigration à contrôler. Ce seront les mêmes problèmes. Le système de santé sera dans le même état.
04:35C'est la France, c'est un département français. Dans un état qui était catastrophique avant, qui est maintenant dans une situation apocalyptique.
04:42Et effectivement, comment on va pouvoir aider les comores à reconstruire tout ça ?
04:48Donner un peu plus une autre image de la France, parce que c'est quand même une image qu'on donne qui n'est pas exceptionnelle.
04:52Et deuxièmement, comment on empêche derrière ? Parce qu'on ne parle pas de ce qui s'est passé.
04:56Mais les comores sont aussi dans une situation extraordinaire.
04:58Personne n'en parle.
04:59Personne n'en parle. Mais les comoriens vont essayer de venir à Mayotte, où ils sont dans une situation plus favorable, malgré les circonstances, que ce qu'ils connaissent.
05:07Parce qu'il y a l'État français, c'est sûr.
05:09Ce qui est vrai, c'est que ça va être extrêmement compliqué.
05:12Vous avez les comoriens qui vont vouloir venir, parce qu'il n'y a pas d'État central aux comores.
05:16Donc eux, ils sont vraiment livrés à eux-mêmes.
05:18Alors qu'à Mayotte, vous avez quand même l'État français.
05:20Il y a des moyens, alors insuffisants, tout ce qu'on veut.
05:22Mais l'État est présent.
05:24Vous avez Bruno Retailleau qui s'est rendu sur place, Emmanuel Macron ensuite.
05:27Et l'immense difficulté, c'est que l'État français, je ne vois pas comment l'État va reconstruire des logements qui étaient illégaux.
05:35Non, mais c'est assainir la situation.
05:37Assainir la situation, c'est ça qu'on demande à l'État français.
05:40Ce qui me choque particulièrement, c'est la récupération politique qu'essaient de faire certaines personnes à gauche.
05:45Bruno Retailleau s'est fait accuser.
05:47Il y a une polémique en ce moment, parce que Bruno Retailleau a osé évoquer la question de l'immigration à Mayotte.
05:52Quand vous ne connaissez rien à Mayotte, je comprends éventuellement qu'on puisse faire des débats.
05:56Mais à Mayotte, la question de l'immigration est au cœur de tout.
06:00Tout est lié à l'immigration.
06:02Vous avez quasiment la moitié de la population qui est clandestine à Mayotte, ou alors sont des anciens clandestins.
06:09Donc moi, pour le coup, je m'indigne de voir la gauche s'indigner.
06:13Parce qu'en fait, soit ils font vraiment de la politique politicienne, soit ils ne sont jamais allés à Mayotte de leur vie.
06:18Ils ne connaissent rien à la situation sur le terrain.
06:20Il y a encore pire de ne pas se rendre à Mayotte.
06:23Il y a ouvrir des livres d'histoire et de géographie.
06:26C'est-à-dire que toute l'histoire de Mayotte, depuis l'esclavage arabo-musulman, la relation avec les Comores,
06:33les questions évidemment d'immigration et autres.
06:37En fait, juste ouvrez des livres et après prenez position.
06:40Là, les positions qui sont prises, et notamment avec cette fausse polémique,
06:43comme si on était dans le temps de la polémique par rapport à ce drame,
06:46par rapport au ministre de l'Intérieur, finalement,
06:49à le pointer du doigt comme si c'était une personne raciste une nouvelle fois,
06:52les vieilles marottes, etc.
06:54C'est absolument détestable.
06:57En fait, nous avons fait une erreur collective quand nous avons départementalisé Mayotte.
07:02Parce que la départementalisation empêche d'adapter nos lois et nos règles à la situation très particulière de Mayotte.
07:12Et c'est une question qu'on ne va pas pouvoir désormais éviter très longtemps.
07:16C'est-à-dire qu'à partir du moment où c'est un département, il a les mêmes droits et les mêmes lois que partout ailleurs.
07:20Et à Mayotte, ça ne peut pas marcher pour toutes les raisons qui viennent d'être évoquées.
07:26Donc, il faut peut-être réfléchir à la manière dont on pourra adapter le droit national à la situation particulière de Mayotte.
07:35Parce que nous manquons à tous nos devoirs vis-à-vis des Mahorais qui, eux, sont devenus des citoyens français.
07:45Et en n'adaptant pas le droit, en fait, on les prive de tous les droits.
07:49Et c'est vrai que ça serait terrible que les conséquences de cette tempête terrible, de ce drame humain,
07:53ce soit de dire qu'en fait on n'y arrive pas et donc on va changer le système.
07:57Parce qu'eux, ils ont voté...
07:58Ils ont un système un peu adapté.
07:59Oui, mais ce n'est pas normal.
08:03Même le droit migratoire n'est pas le même.
08:06Ce qui n'est pas normal.
08:07Ils ont voté pour être département français.
08:09On doit leur donner les mêmes droits.
08:11C'est nous qui avons décidé d'en faire un département.
08:14Ils ont voté pour rester français.
08:17Maintenant, il faut assumer et essayer de reconstruire dans des conditions plus décentes pour les Mahorais.
08:23Une dernière question, Henri Guaino.
08:25François Bayou va pouvoir former facilement un gouvernement, vous pensez, dans les prochaines heures ?
08:29D'abord, il n'a pas le temps.
08:31Il n'a pas le temps parce qu'il va falloir quand même voter une loi de finances.
08:35Or là, le Parlement va se mettre en vacances.
08:38Et ensuite, il faut faire le discours de politique générale et il faut faire voter le plus vite possible.
08:43Il faut donc construire un nouveau budget qui ne soit pas le même que le précédent et le faire voter.
08:48Ça, c'est indispensable.
08:49La loi spéciale ne va pas résoudre le problème pour très longtemps.
08:52Donc, il se retrouve aujourd'hui devant une difficulté très grande.
08:57Parce que d'abord, le personnel politique capable de constituer un gouvernement est quand même très rare aujourd'hui.
09:03Et deuxièmement, il se retrouve au cœur de toutes les contradictions d'une assemblée qui est à l'image du pays.
09:09C'est-à-dire fracturées, radicalisées et auxquelles se rajoutent les ambitions des uns et des autres.
09:13Ambitions légitimes, mais qui viennent percuter un gouvernement qui chercherait à reconstituer un paysage politique stable.
09:24Et surtout, il faut qu'il évite une erreur qui me paraît revenir,
09:28qui a été l'erreur de Michel Barnier, pour qui j'ai par ailleurs beaucoup d'estime, mais qui a fait cette erreur.
09:33On ne peut pas dire, je suis un Premier ministre de plein exercice, je suis un gouvernement comme les autres,
09:38je vais réformer le pays. Non.
09:40Quand on est dans cette situation, ce qu'on a à faire, c'est assurer la continuité de l'État,
09:45faire voter un budget, à minima, parce qu'il n'est pas possible de faire autre chose,
09:51et puis réagir aux événements.
09:53Par exemple, Mayotte, ça fait partie de la continuité.
09:56Il nous faut un gouvernement qui puisse affronter ce genre de problèmes.
10:00Et c'est déjà énorme.
10:02Merci beaucoup, Henri Guaino.
10:03Merci, Louis de Raguenel, Rachel Kahn, François Buponi, Sabrina Maïgeveur et Jean-Sébastien Ferjour.
10:08Dans un instant, Pierre De Villeneuve sur Europe 1 et Christine Kelly sur CNews.
10:11Bonne soirée à vous sur nos deux antennes. À demain.

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