Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00Qu'on le veuille ou non, la voiture électrique prend ses marques, elle se développera et on va en parler avec Smart Automobiles.
00:06Merci Cyril Bravard d'être avec nous, président de Smart Automobiles.
00:10Alors c'est vrai qu'il y a de moins en moins d'aides, le gouvernement a décidé de limiter, réduire, voire supprimer certaines aides.
00:16Donc ce n'est pas très incitatif. Malgré ça, vous allez à fond dans l'électrique.
00:19Oui, on y va à fond, on y est déjà. Pour la simple et bonne raison, c'est qu'à très court terme, ça reste le meilleur moyen de décarboner nos transports.
00:28Et la décarbonation, elle est indispensable par rapport au dérèglement climatique, évidemment.
00:32Oui, je suis d'accord avec vous. Mais là, vous êtes avec une gamme 100% électrique. Fini la voiture essence.
00:37Depuis 2019, Smart est la première marque européenne à avoir fait le choix du 100% électrique.
00:42Donc depuis 2019, on ne fabrique que des voitures 100% électriques.
00:45Et vous avez perdu des parts de marché ?
00:47Alors, on n'a pas perdu de parts de marché puisqu'on s'est étendu depuis deux ans.
00:52Smart, ce n'est plus que la petite véhicule citadine de place, micro-citadine de place depuis deux ans.
00:57C'est un SUV 5 places, la Smart Hashtag 1. Cette année, on a lancé un SUV coupé, Smart Hashtag 3.
01:03L'année prochaine, on lancera une Hashtag 5. Donc une vraie famille. On a donné des grandes sœurs à la Fortouz.
01:09D'accord. Mais quand on avait la petite Smart que l'on a toutes vues en ville, quand elle est passée de l'essence à l'électrique, ça a marché ?
01:15Alors, inévitablement, quand vous êtes pionnier comme ça, vous le payez un petit peu.
01:19Inévitablement, tout le monde n'a pas passé le câble de l'électrique. Il y a encore énormément de travail à faire à ce niveau-là.
01:25C'est quand même risqué de tout miser sur l'électrique dix ans avant la fin de la voiture essence en vente.
01:30C'est un pari, mais comme je le disais, on est pionnier, on est engagé. La décarbonation, elle est indispensable.
01:38Donc on s'est engagé à fond là-dedans et toutes nos technologies vont dans ce sens.
01:42Sinon, la marque aurait disparu ?
01:45Sinon, la marque, potentiellement, aurait pu disparaître. Si vous êtes sur un monoproduit, sur un segment de niche,
01:51il y a des risques que vous disparaissiez. Il n'était pas question que cette marque européenne à laquelle on est attaché disparaisse.
01:57On va préciser que Smart est née en Suisse. On peut rendre hommage à Nicolas Hayek, le patron fondateur des montres Swatch.
02:03C'est lui qui avait eu l'idée au départ. Il a travaillé ensuite avec Mercedes. D'ailleurs, vous êtes chez Mercedes.
02:08Et puis aussi les Chinois qui sont à 50 % dans cette marque. Ça veut dire qu'il n'y a plus d'usines en Europe ?
02:14Cette marque est née, comme vous le disiez, il y a 25 ans par Mercedes et Nicolas Hayek.
02:20Et depuis quelques années, c'est une co-entreprise entre Mercedes-Benz et Geely.
02:24Donc Mercedes-Benz à 50-50. Mercedes-Benz conçoit les voitures.
02:28Les voitures sont designées dans les studios de design de Mercedes-Benz.
02:32Et Geely les fabrique en Chine. Donc on bénéficie de toute la technologie électrique de Geely.
02:38Vous étiez à Anbar avant, en Moselle, si je me souviens bien. Ça devait être plus cher de produire en France.
02:43Oui, sûrement. Mais ce que nous apporte vraiment Geely, c'est tout le savoir-faire électrique.
02:49Donc toutes les plateformes, la technologie, sa supply chain, tous ses fournisseurs.
02:53Donc pour nous, c'est un moyen d'avoir des véhicules premium très bien équipés, performants à des prix compétitifs.
02:59C'est des Chinoises, donc elles vont peut-être souffrir des droits de douane.
03:02Comment vous allez faire pour entrer en Europe et ensuite aux Etats-Unis ?
03:05Alors c'est des véhicules européens qui sont effectivement produits en Chine.
03:09Comme vous le disiez, il y a des droits de douane qui s'appliquent sur les véhicules pour les marques européennes qui fabriquent en Chine.
03:16Pour autant, on a décidé, nous, de garder des prix compétitifs.
03:20Et d'ailleurs, jusqu'à la fin de l'année, on a décidé de compenser ces taxes et de maintenir des tarifs attractifs jusqu'au 31 décembre 2024.
03:29Ah oui, 31 décembre 2024, vous gardez des tarifs bas, mais les droits de douane, ils arrivent quand ?
03:33Ils sont déjà en vigueur. On compense déjà.
03:35C'est combien aujourd'hui ?
03:36En ce qui nous concerne, c'est 18,8% payés par Smart que nous compensons jusque-là.
03:41Sinon, la voiture coûterait 20% de prix ?
03:43Si on devait répercuter l'intégralité, ça ferait plusieurs pourcentages de plus pour le client, mais pour l'instant, on les compense.
03:48Et ce serait un barrage ?
03:50Ça n'aide pas, évidemment. Si on répercutait l'intégralité de ces taxes, on le ressentirait.
03:57C'est pour ça qu'on a pris la décision pour l'instant de tout prendre en charge.
04:00Et pour le marché américain, ça posera problème ?
04:03On n'a pas prévu d'intégrer le marché américain.
04:07Même si ce ne sont plus les petites deux places, ce sont des véhicules cinq places.
04:11Pour autant, ce sont des véhicules qui restent compacts.
04:14Pour le marché américain, on n'a pas encore de trucks Smart.
04:18Vous parliez de Jilly, votre actionnaire chinois.
04:21Il possède aussi Volvo, Lotus, plusieurs marques chinoises qui sont maintenant connues,
04:26qui vont se faire de plus en plus connaître.
04:27Ils doivent quand même être inquiets, les Chinois, de voir ce qui se passe en Europe.
04:30Ça les agace ?
04:32Les mesures de protectionnisme, par définition industrielle, les craignent.
04:36Pour la simple et bonne raison qu'une mesure comme ça peut être décidée en quelques semaines
04:42via une loi ou un décret.
04:44Alors qu'à contrario, le temps industriel s'exprime en années.
04:48Il faut plus de deux ans à un industriel pour relocaliser une production,
04:51s'il le souhaite, pour s'affranchir d'une mesure protectionniste.
04:55Donc clairement, le temps industriel est beaucoup plus long que le temps législatif.
05:01Donc oui, c'est craint par tous les industriels et l'automobile, évidemment.
05:05Est-ce que c'est pour ces raisons qu'aujourd'hui le monde automobile souffre, ralentit ?
05:09On le voit avec des plans sociaux chez Valeo, ArcelorMittal.
05:13On le voit aussi chez Michelin.
05:14C'est quand même un mauvais signe ?
05:16C'est une des raisons.
05:17Cette fiscalité mouvante est probablement une des plus grandes raisons
05:22pour lesquelles l'industrie automobile est aujourd'hui dans la difficulté.
05:25Il faut fixer des trajectoires, c'est important.
05:28Et cette trajectoire, il faut s'y tenir.
05:30On ne peut pas réguler tous les 6 mois, tous les ans, changer la trajectoire.
05:34Le temps industriel, comme je le disais, il est sur plusieurs années
05:36entre la recherche, développement, la phase de production, de mise sur le marché.
05:40C'est plusieurs années, donc on ne peut pas changer de fiscalité tous les 6 mois ou tous les ans.
05:45Smart, il faut rappeler ce que ça veut dire.
05:46Swatch, Mercedes, Art, c'était l'origine.
05:49Exactement.
05:50C'est devenu une marque ?
05:51C'est devenu une marque avec une gamme.
05:53Ce n'est plus devenu qu'un seul modèle.
05:55C'est vraiment une marque avec une gamme, avec des véhicules 5 places,
05:58ce qui permet aux amoureux de la marque de rester dans la marque,
06:01même s'ils ont des enfants ou que la famille s'agrandit.
06:05Ça permet de rester dans la marque Smart.
06:08Donc c'est un tournant pour Smart.
06:09En tout cas, merci d'être venu pour nous apporter ces précisions.
06:11Cyril Bravard, président de la marque Smart Automobile.
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