Les entreprises ont-elles raison de vouloir sortir de leur « couloir de nage » ? Ont-elles raison de vouloir peser sur le débat public, de se positionner dans le jeu politique, ou d’afficher leur « wokisme » ? Certaines sont convaincues que ces prises de position sont bénéfiques pour leur marque employeur ; d’autres veulent profiter de la confiance que les citoyens leur accordent toujours, alors qu’ils l’ont retirée aux politiques. Mais est-ce un bon calcul, commercialement parlant ? Trois exemples incitent à répondre par la négative. [...]
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Les entreprises ont-elles raison de vouloir sortir de leur couloir de nage ?
00:14Ont-elles raison de vouloir peser sur le débat public,
00:17de se positionner dans le jeu politique ou d'afficher leur wokisme ?
00:22Certaines sont convaincues que ces prises de position sont bénéfiques pour leur marque employeur.
00:26D'autres veulent profiter de la confiance que les citoyens leur accordent toujours
00:29alors qu'ils l'ont retirée aux politiques.
00:32Mais est-ce un bon calcul, commercialement parlant ?
00:35Trois exemples incitent à répondre par la négative.
00:39Le cas le plus emblématique est sûrement celui de Disney.
00:42Pour ne pas risquer de froisser la sensibilité d'une communauté,
00:45Disney a passé plus de temps à effacer ou à transformer des personnages
00:50qu'à inventer de belles histoires.
00:52Le PDG nommé en 2005, Bob Iger, un démocrate affiché,
00:56ne s'était pas caché de vouloir faire du groupe un fer de lance de la diversité.
01:00Il s'était mis à traquer ce que les activistes wok appellent le racisme systémique.
01:05Les corbeaux de Dumbo, le petit éléphant du dessin animé éponyme,
01:09véhiculaient des clichés racistes contre les Noirs.
01:12Les Siamois, des Aristochats, s'attaquaient à la communauté asiatique.
01:17Les peaux rouges dans Peter Pan pouvaient être embarrassants.
01:20Les traits moyen-orientaux des voleurs dans Aladdin et la lampe merveilleuse étaient stigmatisants.
01:26Ces dessins animés ont été retirés de la partie enfant de la plateforme.
01:29Il faut désormais une autorisation parentale pour les voir.
01:33Le comble des ridicules a été atteint quand deux journalistes américains
01:37ont accusé le film Blanche-Neige de promouvoir la culture du viol
01:42à cause de la scène finale où le prince réveille Blanche-Neige
01:45avec un baiser non consenti, évidemment puisqu'elle est inconsciente.
01:49Ne riez pas, dans la version qui sortira en 2025, cette scène a été coupée.
01:55Comme l'a dit l'actrice Métis qui jouera le rôle de Blanche-Neige, on n'est plus en 1937.
02:00La jeune fille ne rêvera pas de prince et de grand amour, mais voudra devenir une leader.
02:06C'est moins romantique, évidemment, et sûrement moins émouvant.
02:09Quant aux sept nains, comme ils stigmatisaient les personnes de petite taille,
02:13ils ont été remplacés par des créatures magiques de toutes les couleurs et de tous les sexes.
02:17Finis les simplets, grincheux ou dormeurs qui nous ont émus de génération en génération.
02:23Pour respecter leur programme d'inclusivité, les studios ont refusé pléthore de scénarios tradits
02:30et sans doute jeté le bébé avec l'eau du bain.
02:33Résultat, la firme s'est mise à perdre de l'argent,
02:36elle a reculé de la 4e à la 77e place des entreprises préférées des Américains
02:42et sa valeur boursière a été divisée par deux.
02:46Mais il semble qu'une prise de conscience ait eu lieu
02:48et que pour les prochaines années, on revienne aux belles histoires.
02:52Disney n'est pas seul à s'être fourvoyé.
02:55Le brasseur américain Budweiser a perdu une bonne partie de sa clientèle
02:59à cause d'une campagne publicitaire détonante
03:02convoquant Dylan Mulvaney, un célèbre trans américain.
03:06Même sortie de route pour Gillette, dont les clients conservateurs n'ont apparemment pas apprécié
03:12la campagne mettant en scène pour vendre ses rasoirs
03:14les représentants de la communauté LGBT+,
03:18et notamment le youtubeur Simon Vandemme et son petit ami Snake.
03:22La leçon de ces histoires ?
03:24Pour Peter Drucker, le consultant en management qui a disparu au début de ce millénaire
03:29mais avec qui j'ai eu la chance de travailler en 1998,
03:32la corporate governance à outrance pouvait être dangereuse.
03:37Les entreprises passaient déjà trop de temps à essayer de plaire aux actionnaires ou aux stakeholders
03:42au lieu de se préoccuper de leurs clients.
03:44Peter Drucker disait avec sagesse,
03:47les entreprises sont là pour faire des parfums, des journaux ou des voitures,
03:51il aurait pu dire des rasoirs, de la bière ou des dessins animés,
03:55mais souvent, elles l'oublient.