Confrontés à l’axe formé par Donald Trump et Vladimir Poutine, les Européens sont obligés d’augmenter rapidement leurs dépenses militaires. Dans le débat public on entend souvent dire que pour dégager les moyens financiers nécessaires, il faudrait tailler dans les dépenses sociales et les services publics. Seul problème : si on voulait à tout prix pousser nos concitoyens dans les bras des forces politiques prêtes à s’aligner sur l’agenda de Trump et de Poutine, on ne s’y prendrait pas autrement. La baisse des dépenses sociales est loin cependant d’être le seul moyen de dégager les ressources supplémentaires indispensables au réarmement européen. [...]
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00:00Confrontés à l'axe formé désormais par Donald Trump d'un côté et Vladimir Poutine de l'autre,
00:14les Européens sont obligés d'augmenter fortement et rapidement leurs dépenses militaires.
00:20Dans le débat public, on entend souvent dire aujourd'hui que pour dégager les moyens financiers nécessaires,
00:27il faudrait tailler dans les dépenses sociales et les services publics.
00:32Seul problème, si on voulait à tout prix pousser nos concitoyens dans les bras des forces politiques
00:38qui sont prêtes à s'aligner sur l'agenda de Trump et de Poutine, on ne s'y prendrait pas vraiment autrement.
00:45La baisse des dépenses sociales est loin cependant d'être le seul moyen possible
00:51de dégager les ressources supplémentaires indispensables à ce réarmement européen.
00:57On peut tout d'abord recourir à l'emprunt.
01:00Tous les États l'ont toujours fait dans des circonstances analogues.
01:04Certes, pour des pays déjà très endettés comme la France,
01:08un tel supplément de dette est plus compliqué à porter que pour d'autres pays.
01:13Mais on devrait surtout s'endetter de nouveau en commun à l'échelle de toute l'Union européenne,
01:19comme on l'avait décidé en 2020 face à la pandémie de Covid-19.
01:24L'Union n'a en effet quasiment pas de dette pour l'instant.
01:28On devrait également mobiliser les 235 milliards d'euros d'avoir Russes qui sont gelés en Europe,
01:36et plus seulement pour utiliser les intérêts qu'ils dégagent, mais bien l'ensemble de cet argent.
01:42Maintenant que les États-Unis cessent d'être un havre sûr pour les capitaux étrangers,
01:49l'argument de la fuite de ces capitaux hors d'Europe ne tient plus vraiment.
01:55On peut et on doit aussi tordre enfin le bras des paradis fiscaux internes à l'Europe.
02:01Si la France et l'Allemagne sont d'accord, il n'y aurait pas besoin d'envoyer beaucoup de divisions
02:07pour mettre le Luxembourg ou l'Irlande au pas.
02:12Le scandale que constitue l'existence de ces paradis fiscaux intra-européens n'a que trop duré.
02:19Il faut en particulier profiter de cette épreuve de force pour mettre un terme
02:25à la quasi-non-fiscalisation des activités européennes des multinationales de la tech américaine.
02:33On peut enfin mettre davantage à contribution les plus riches de nos concitoyens.
02:39Ils ont tiré en effet un grand profit des politiques menées en Europe au cours des dernières décennies,
02:45et en particulier de la politique monétaire accommodante de la BCE.
02:50Pour financer leur effort de guerre, les États-Unis de Ruhleveld,
02:53et pas l'Union soviétique de Staline,
02:57avaient porté dans les années 40 le taux marginal de l'impôt sur le revenu à 94%.
03:02Il s'agit du taux auquel les derniers euros des revenus des plus riches sont taxés.
03:08On en est à 45% en France aujourd'hui.
03:12Il y a donc de la marge.
03:14Bref, la hausse rapide des dépenses militaires, qui est bien entendu indispensable,
03:17crée bien sûr des contraintes supplémentaires pour les finances publiques des États européens.
03:25Mais tailler dans les dépenses sociales est loin d'être la seule réponse possible face à une telle urgence.
03:33Et cela d'autant plus qu'une telle solution serait contre-productive sur le plan politique,
03:38si on veut éviter que les admirateurs de Trump et de Poutine ne l'emportent aussi en Europe.