C'est une pollution invisible mais bien réelle, celle de nos téléphones portables. Particulièrement voraces en métaux rares et en C02, ces derniers polluent tout au long de leur cycle, de leur fabrication à leur utilisation, jusqu'à leur fin de vie. Dans un monde ultra connecté où la technologie évolue à vitesse grand V, comment limiter leur impact sur la planète ? Réponse avec Lise Breteau, chargé de plaidoyer à l'association Green IT
Aujourd'hui des solutions existent, comme se tourner vers l'électronique éthique. Illustration avec la société Fairphone qui propose des téléphones réparables et durables. Reportage dans leurs locaux à Amsterdam.
Enfin les opérateurs ont eux aussi un rôle à jouer pour limiter l'impact écologique de nos smartphones. La directrice générale d'Orange, Christel Heydemann, est notre invitée spéciale : elle nous explique les actions de son groupe pour une téléphonie plus respectueuse de la planète.
Année de Production :
Aujourd'hui des solutions existent, comme se tourner vers l'électronique éthique. Illustration avec la société Fairphone qui propose des téléphones réparables et durables. Reportage dans leurs locaux à Amsterdam.
Enfin les opérateurs ont eux aussi un rôle à jouer pour limiter l'impact écologique de nos smartphones. La directrice générale d'Orange, Christel Heydemann, est notre invitée spéciale : elle nous explique les actions de son groupe pour une téléphonie plus respectueuse de la planète.
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00:00Pourvu que ça dure, avec Bureau Veritas, leader des services d'essais, d'inspection et de certification
00:05qui aident ses clients à relever les défis de qualité, de santé, de sécurité et de durabilité.
00:09Bureau Veritas, bâtir un monde de confiance.
00:30Bonjour, bienvenue dans Pourvu que ça dure, l'émission qui rend les co-responsables sur Public Sénat.
00:46Aujourd'hui, on s'intéresse à une pollution invisible mais bien réelle, celle de nos téléphones portables.
00:50Très gourmands en métaux rares et CO2, les téléphones polluent de leur fabrication à leur utilisation jusqu'à leur fin de vie.
00:57Dans un monde ultra connecté où la technologie évolue à vitesse grand V, nous verrons comment limiter leur impact sur la planète.
01:04La bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui, les solutions existent, comme se tournait, vers ce qu'on appelle l'électronique éthique.
01:09La preuve en reportage avec la société Fairphone, qui propose des téléphones réparables et durables dans le temps,
01:15mais aussi fabriqués de manière responsable.
01:17Enfin, les opérateurs télécoms ont aussi un rôle à jouer pour limiter l'impact écologique de nos smartphones.
01:23La patronne d'Orange, Christelle Edman, sera notre invitée spéciale.
01:26Elle nous dira comment son groupe s'engage en faveur d'une téléphonie plus respectueuse de la planète.
01:33Quel est le véritable coût écologique de nos smartphones ?
01:36Réponse avec vous, Lise Bretaud.
01:37Bonjour.
01:38Bonjour.
01:38Merci d'être avec nous, chargée de plaidoyer à l'association Green IT, qui sensibilise aux impacts environnementaux du numérique.
01:45Et c'est notre sujet aujourd'hui notamment.
01:47Si j'ai bien compris, je parle sous votre contrôle, l'impact carbone du mobile, du téléphone portable,
01:50est lié pour 80% à sa fabrication et donc seulement 20% à son utilisation.
01:55C'est ça, la réalité ?
01:56Tout à fait.
01:57Donc, inutile de se culpabiliser au moment où on utilise notre smartphone,
02:02en se demandant s'il faut utiliser plutôt tel ou tel moteur de recherche
02:05ou aller plutôt sur tel ou tel type de site Internet ou de service ou d'appli.
02:10Il vaut mieux se poser la question de savoir est-ce que je l'achète et qu'est-ce que j'achète comme équipement ?
02:15Donc, c'est à la fabrication qu'il faut en priorité s'attaquer, si on veut limiter les émissions de CO2 et l'impact sur la planète.
02:22Chaque année, c'est un milliard et demi de téléphones portables vendus dans le monde, donc ça fait du boulot.
02:27Ce qui pose le plus de problèmes dans la fabrication d'un téléphone, ce sont les composants,
02:32les fameux métaux rares, les lithium, cobalt, nickel, manganèse, graphite et j'en oublie,
02:37qu'il faut extraire à l'autre bout de la planète.
02:39C'est ça le sujet ?
02:40Oui, il faut l'extraire un peu partout sur la planète, effectivement.
02:43Ce qui pose un problème non seulement d'environnement, mais aussi de souveraineté et de compétitivité économique.
02:49Mais en réalité, l'empreinte environnementale d'un smartphone n'est pas que liée à son impact carbone.
02:56Et ce que vous dites sur les minéraux, les terres rares à extraire du sol, etc., c'est ce qu'on appelle l'impact matière.
03:02Mais il faut aussi de l'eau pour construire un smartphone, de l'énergie.
03:06Et donc, quand on parle de l'empreinte environnementale du smartphone ou du numérique en général,
03:12on ne s'attache pas seulement au carbone, qui est un poste relativement faible par rapport au total de l'impact.
03:19Et le principal impact, c'est vraiment la matière, les ressources qu'on extrait du sol et l'eau.
03:25Voilà. Et l'ADEME nous dit que notre téléphone portable, c'est une moyenne,
03:29fait quatre fois le tour du monde avant d'arriver dans notre poche. C'est sidérant.
03:34Et il faut, par an, 62,5 milliards de tonnes de matière à extraire, de terre à travailler dans le sol pour construire nos équipements tous les ans.
03:48Voilà, avec un coût écologique qui est très important, qui est lié à la fabrication de ces téléphones, on l'a compris.
03:54Et pour autant, une fois qu'on a dit ça, il y a quand même près de 90% des usagers, des utilisateurs
04:00qui achètent un nouvel appareil, un nouveau téléphone portable tous les deux ans.
04:03Le nœud du problème, il est là aussi. Et là, il faut changer les mentalités.
04:07Alors, il faut changer les mentalités. Il faut surtout changer les pratiques de marché.
04:11Il y a des mentalités. Il y a une partie de ce marché qui est constituée des utilisateurs, des acheteurs,
04:17donc de nous tous, des entreprises, des individuels, des consommateurs.
04:21Mais il y a aussi des pratiques de marché qui font qu'il est difficile de garder son téléphone aussi longtemps qu'on le voudrait.
04:27Parfois, on serait prêt à garder notre vieux smartphone, notre vieux téléphone,
04:31mais on est bloqué à un moment donné par, par exemple, des mises à jour qui ne se font plus ou qui ne sont plus possibles.
04:36Il doit être vieux, le téléphone, pour ça.
04:37Il faut qu'il soit vieux.
04:38Mais la nécessité d'allonger la durée de vie des smartphones n'est pas qu'aux mains des utilisateurs.
04:48Il y a une loi en France qui a demandé aux distributeurs de pousser davantage commercialement le reconditionné.
04:56C'est compliqué. Le marché a du mal à changer de ce point de vue-là.
05:01Et on sent que la filière du reconditionné a du mal à se faire voir dans toute cette offre si attractive sur les dernières nouveautés.
05:11Maintenant, on va avoir de l'IA.
05:13Qui nous pousse à la consommation.
05:14Qui nous pousse à changer des appareils qui fonctionnent, parce qu'ils n'ont pas les toutes dernières fonctionnalités.
05:20Et il y a parfois des offres commerciales qui sont poussées de manière très agressive,
05:25ce qui n'est pas le cas pour les offres de reconditionnés.
05:27On a 30 millions de téléphones portables qui dorment dans nos tiroirs.
05:31Seuls 15% sont collectés.
05:33C'est dommage quand même de ne pas les remettre dans le circuit.
05:36Là aussi, qu'est-ce qu'on fait pour faire évoluer les mentalités ?
05:39C'est dommage.
05:40On a besoin de sortir ce matériel dormant, qui est à la fois dans les foyers et dans les entreprises,
05:47et de les mettre sur ce qu'on appelle le marché du réemploi pour en faire des appareils qui sont reconditionnés
05:53et qui vont être achetés pour d'autres usages, d'autres utilisateurs,
05:56et qui vont, comme ça, éviter de faire fabriquer de nouveaux appareils neufs.
06:00Et un des nœuds du sujet, c'est que va devenir mon appareil dans lequel j'avais mis beaucoup de photos,
06:08beaucoup de données, et que j'ai potentiellement payé cher ?
06:11Est-ce que j'ai assez confiance dans l'entreprise ou l'association à laquelle je vais donner mon ancien téléphone ?
06:19Est-ce que j'ai assez confiance pour me dire, oui, elle va effectivement effacer mes données,
06:23il n'y aura plus rien dessus, il est entre de bonnes mains ?
06:27Et on a besoin peut-être de labels ou d'un cadre réglementaire pour fiabiliser et pour rassurer les utilisateurs de ce point de vue-là.
06:36Le téléphone portable, il pollue au moment où il est fabriqué, on l'a dit,
06:39mais aussi tout au long de sa vie, même si c'est moins.
06:42Et là, on est tous fautifs, puisqu'on fait tous pareil,
06:47on va voir ses mails, on va sur les sites d'actu, les réseaux sociaux, on visionne des vidéos,
06:51et il faut le rappeler, c'est tout sauf anodin d'un point de vue environnemental,
06:56mais on n'a pas confiance en cette pollution parce qu'elle n'est pas visible.
06:59Oui, alors la phase d'usage est paradoxalement un petit peu moins problématique, en tout cas aujourd'hui,
07:08mais le problème va s'accroître avec les usages, avec les nouveaux services qui se développent,
07:14les nouvelles offres, les nouveaux usages, la 5G, l'intelligence artificielle, etc.
07:18Cette phase d'usage va monter en puissance sur l'impact environnemental.
07:24Donc effectivement, on va vers un accroissement des impacts parce qu'on va aussi vers un accroissement des usages.
07:31Il y a quelques années, personne ne regardait de série dans le métro, par exemple.
07:34Et donc, ça veut dire que si on continue comme ça, c'est-à-dire des équipements encore plus énergivores ?
07:41Si ça continue comme ça, si la tendance de marché actuelle se poursuit, on est sur un triplement de l'impact en 2050.
07:49L'impact de ?
07:50De tout, en fait, du numérique sur l'environnement en général, donc carbone, matière, eau.
07:56Parce que là, on parle du téléphone portable, aujourd'hui.
07:57Tout à fait, mais c'est vrai que le téléphone porte beaucoup le marché parce qu'on est tous équipés, quasiment.
08:05En moyenne, il y a 70 millions de smartphones en France.
08:10Donc, il y en a un par personne, grosso modo, en moyenne.
08:13Et en plus de tous les autres équipements, naturellement.
08:17Et donc, il y a effectivement la question des usages.
08:21Mais ça pollue moins que les transports, ça pollue moins que l'avion, ça pollue moins que...
08:24C'est le secteur qui connaît la plus forte croissance.
08:27Donc aujourd'hui, on le compare au secteur du transport aérien, grosso modo.
08:33Mais on est sur des courbes de croissance exponentielle.
08:35On parle de cette pollution numérique en lien avec les téléphones portables.
08:38Mais en même temps, la technologie, ça a du bon aussi.
08:42On pense à toutes ces applis anti-gaspillage, les applications de partage, les réunions visio,
08:47qui permettent d'éviter, de nous déplacer et donc d'émettre, d'éviter des émissions de CO2.
08:52Est-ce qu'on ne sous-estime pas aussi, il faut en parler, les bénéfices du numérique ?
08:57En fait, on nous vend beaucoup le numérique en nous parlant des émissions évitées.
09:02Ce que vous dites sur le télétravail, c'est ce qu'on appelle les émissions évitées.
09:07Le problème avec les émissions évitées et avec les économies d'énergie qu'on peut faire,
09:12c'est qu'il y a un phénomène qu'on appelle l'effet rebond, qui est documenté scientifiquement
09:18et qui montre que dès lors qu'on fait une économie d'énergie sur un poste,
09:22on va aller la dépenser sur un autre.
09:24Je m'explique, si vous avez un appareil, si vous achetez un appareil neuf
09:28qui est plus performant en énergie,
09:33vous allez avoir tendance à vous en acheter un deuxième.
09:36Donc au lieu de faire une économie, vous allez augmenter votre usage en réalité.
09:41En conclusion ?
09:42Et c'est ce qu'on constate.
09:43Et alors en conclusion, c'est que premièrement,
09:48la vraie décision sur l'environnement en matière de smartphone,
09:54c'est est-ce que j'achète un appareil neuf ?
09:56Combien de temps je le garde ?
09:58Combien de temps je le garde ?
09:59Est-ce que je le chouchoute ?
10:00Et est-ce que je prévois vraiment un budget réparation pour mon téléphone ?
10:04Et puis quelques années après, est-ce que je le rapporte pour le faire reconditionner ?
10:07Est-ce que je le fais reconditionner ?
10:09Et de manière plus générale, on va dire, en tant que citoyen,
10:14quels sont nos usages du numérique ?
10:15Et est-ce qu'on ne veut pas arbitrer aussi, dans une certaine mesure, nos usages du numérique ?
10:21Est-ce qu'à un moment donné, c'est une ressource épuisable le numérique ?
10:25On ne se rend pas compte, c'est complètement invisible.
10:28Mais aujourd'hui, pourquoi est-ce qu'on a besoin d'autant de terre ?
10:33Je parlais tout à l'heure du fait qu'on a besoin de 62,5 milliards de tonnes de terre
10:39pour fabriquer de terres rares, de toutes sortes de terres,
10:42de mines, d'extractions minières,
10:46pour construire nos téléphones, nos équipements informatiques.
10:49À un moment donné, cette ressource n'est pas renouvelable.
10:51Ce n'est pas comme le vent ou le soleil, ce n'est pas renouvelable.
10:54Donc, on va arriver à un moment donné où on va arriver en situation de pénurie.
10:59Et on a déjà des pénuries sur les semi-conducteurs, les puces, etc.
11:03et les batteries.
11:04Et donc, qu'est-ce qu'on veut faire, en fait, nous, en tant que citoyens ?
11:07On pourrait peut-être avoir un débat de société sur, à un moment donné,
11:11est-ce qu'on va arbitrer sur les usages du numérique qu'on considère être prioritaires
11:15et ceux qu'on considère être superflus ?
11:17Allez, merci pour cette explication, signée Lise Bretaud,
11:20chargée de plaidoyer à l'association Green IT. Merci à vous.
11:23Merci.
11:24Alors, des solutions existent pour limiter cette pollution numérique
11:27comme se tourner vers l'électronique éthique.
11:29Illustration avec la société Fairphone, qui propose des téléphones réparables et durables
11:33dans le temps. Reportage à Amsterdam, signé Manuel Aigre.
11:38Les téléphones portables sont omniprésents dans nos vies.
11:42Mais derrière ces objets ultra-connectés se cachent des réalités bien moins séduisantes.
11:47Chaque année, près d'un milliard de smartphones sont vendus dans le monde,
11:51entraînant une surconsommation des ressources naturelles
11:53et une empreinte écologique massive.
11:56Extraction de métaux rares, pollution liée à la fabrication.
11:59Et ce n'est pas tout.
12:00Le stockage de nos données numériques dans des datacenters énergivores en surchauffe
12:05aggrave toujours plus la situation.
12:07Alors, face à ces enjeux, comment concilier technologie et durabilité ?
12:13À Amsterdam, une start-up défie les géants de la tech.
12:17Toi, ça, c'est le dernier du Fairphone 5.
12:20Donc, c'est là que tu peux voir tous les modules.
12:22Nous sommes chez Fairphone, une entreprise pionnière
12:25dans la fabrication de smartphones éthiques et durables.
12:28Mais concrètement, ça veut dire quoi ?
12:30On a 50% environ des composants de nos téléphones qui sont recyclés.
12:36Ensuite, les téléphones sont assemblés en Chine, notamment.
12:39Et on veut faire en sorte que les gens qui assemblent ces téléphones soient mieux payés.
12:43Depuis 2017, près de 100 000 ouvriers bénéficient de salaires deux fois supérieurs à la moyenne.
12:49Côté environnement, l'entreprise a déjà collecté et réutilisé 25 tonnes de déchets électroniques.
12:55Enfin, ces smartphones affichent une durée de vie
12:58deux fois supérieure à celle des modèles concurrents.
13:01Il faut savoir que si ton téléphone, tu le gardes 7 ans plutôt que 3 en moyenne,
13:05on diminue fortement les émissions de gaz à effet de serre.
13:0844% à peu près par an.
13:10Et pour augmenter la durée de vie des appareils,
13:12l'entreprise révolutionne l'industrie du smartphone
13:15en permettant à ses clients de les ouvrir et de remplacer eux-mêmes les pièces défaillantes.
13:20Si tu peux l'ouvrir, ton téléphone, tu le possèdes.
13:23Donc on a un design dit modulaire, comme un petit Lego.
13:26Écran, appareil photo, coque, port USB, haut-parleur,
13:29chaque pièce détachée du téléphone est disponible sur le site de la marque.
13:33Et le client peut la remplacer à l'aide d'un simple tournevis.
13:37On est à peu près à 5 ans de durabilité du téléphone, ce qui est le double de la moyenne.
13:43Bien que l'extraction inévitable des métaux pour la fabrication des téléphones
13:47demeure une activité polluante,
13:49Fairphone a tout de même permis d'éviter l'émission de 944 tonnes de CO2 dans l'atmosphère.
13:54Un modèle que la concurrence pourrait bien être obligée de suivre.
13:58À partir de juin 2025, la législation européenne
14:02imposera à toute l'industrie des smartphones des normes plus strictes en matière de réparabilité,
14:07notamment l'obligation de fournir les pièces détachées pendant au moins 7 ans.
14:13Comment repenser la fabrication et l'usage du smartphone pour une téléphonie plus responsable ?
14:21La réponse avec notre invitée Christelle Edman, bonjour.
14:23Bonjour.
14:23Merci d'être avec nous sur Public Sénat, directrice générale d'Orange.
14:26On vient de voir un reportage sur Fairphone et leur téléphone éthique.
14:29Il se trouve que chez Orange, vous le connaissez bien
14:32puisque vous avez été l'un des premiers à lui donner sa chance.
14:35Finalement, ce modèle de téléphone, il est en adéquation avec vos valeurs, avec les valeurs du groupe ?
14:40Absolument, ce modèle est en adéquation
14:42puisqu'on est engagé à décarboner notre industrie.
14:47On a pris des engagements forts, objectif d'être net zéro carbone en 2040,
14:51ce qui veut dire 10 ans avant la moyenne et les objectifs globaux de la GSMA, qui est notre industrie.
14:59Et évidemment, le téléphone portable est un élément de l'empreinte carbone
15:04quand on parle de télécom et de connectivité.
15:07Et Fairphone, évidemment, c'est de l'innovation européenne
15:10autour de la réparabilité du téléphone.
15:13Donc, on leur a donné leur chance.
15:14Effectivement, vous pouvez trouver des téléphones Fairphone
15:17si vous allez dans les boutiques Orange.
15:19Mais ce n'est pas le plus vendu.
15:21Ce n'est pas le plus vendu.
15:22Apple, les grands noms restent les plus vendus.
15:26Néanmoins, on est très engagé.
15:28On a pris des engagements forts de collecte, de réparation de téléphone
15:33et on vend de plus en plus des téléphones reconditionnés dans nos boutiques.
15:39Vous parliez du plan climat net zéro, neutralité carbone,
15:42il faut le dire comme ça, à horizon 2040.
15:44Vous serez au rendez-vous de ce plan climat ?
15:46Vous en êtes où s'il faut déjà faire un bilan aujourd'hui ?
15:48Alors, évidemment, quand on pense 2040, comme on est des industriels,
15:52on se donne des échéances.
15:53On s'est donné un objectif 2025 de réduire nos émissions de scope 1 et 2.
15:58On est largement en ligne puisqu'on a déjà réduit de 30% scope 1 et 2.
16:03On a une étape en 2030.
16:05Scope 1 et 2, ça correspond à vos émissions directes.
16:09Nos émissions directes, donc la consommation d'énergie de nos réseaux.
16:12Et puis la consommation, par exemple, on met de l'essence dans les voitures des techniciens.
16:16Voilà, ça, c'est le scope 1 et 2.
16:18Bon, et le scope 3, d'ailleurs, qui correspond à l'usage de nos clients.
16:22L'usage des clients.
16:22La fabrication des téléphones, c'est beaucoup, évidemment, nos fournisseurs.
16:25Donc, fabrication des téléphones, fabrication des équipements de réseau.
16:29Pour alimenter vos équipements télécom, vous accélérez un peu plus chaque année
16:33avec des fermes solaires en Europe, en Afrique.
16:37Certaines mauvaises langues vous diront que c'est de la com, que c'est de l'affichage
16:41et que finalement, c'est une goutte d'eau dans le désert.
16:42On leur répond quoi ?
16:44Non, ce n'est pas du tout une goutte d'eau dans le désert,
16:45puisque nous, on consomme beaucoup d'énergie, enfin on consomme de l'énergie.
16:50Et donc, verdir notre énergie, on le fait.
16:54On consomme de l'énergie bas carbone.
16:55Aujourd'hui, deux tiers de l'énergie qu'on consomme,
16:58plus de deux tiers de l'énergie qu'on consomme en Europe, c'est de l'énergie bas carbone.
17:02Nucléaire en France, mais de plus en plus renouvelable en Europe.
17:06Dans des pays, en Pologne par exemple, où le mix énergétique est très carboné.
17:11Donc pour nous, c'est très important.
17:12On a ce rôle en plus d'aider la filière d'énergie renouvelable,
17:15parce qu'on prend des engagements de consommation d'énergie renouvelable dans la durée.
17:19Et en Afrique, où on déploie encore des réseaux mobiles,
17:22on déploie de plus en plus des nouveaux sites mobiles
17:25qui sont équipés de panneaux solaires en bas des sites mobiles, qui sont autonomes.
17:31Et donc, c'est évidemment un enjeu clé.
17:33Aujourd'hui, en Afrique, 25% de nos sites mobiles consomment de l'énergie renouvelable.
17:39Et comme c'est un continent dans lequel on déploie encore beaucoup de sites,
17:42c'est absolument indispensable.
17:44Donc le déploiement des énergies renouvelables,
17:45c'est un levier important de la décarbonation de votre activité.
17:49C'est un levier important de la décarbonation de notre activité.
17:51Ensuite, on a un autre levier.
17:53C'est qu'aujourd'hui, nos technologies les plus modernes sont plus efficaces.
17:57La fibre, qui consomme trois fois moins d'énergie que le cuivre.
18:00Évidemment, la 5G, qui est plus efficace que la 2G ou la 3G
18:05quand on regarde les réseaux mobiles.
18:06Donc, c'est un levier de performance énergétique de vos réseaux,
18:09de passer de les moderniser, c'est-à-dire de passer de la 4G à la 5G.
18:12Les moderniser.
18:14Et puis, c'est beaucoup d'intelligence dans le système pour faire en sorte que,
18:18par exemple, la nuit, on consomme moins quand il y a moins de clients sur le réseau,
18:22qu'on n'ait pas des systèmes qui sont en pleine puissance.
18:25Donc, tout ce qu'on va aller chercher d'automatisation, d'optimisation,
18:30c'est quelque chose qu'on fait depuis des années,
18:32parce qu'en fait, on a des réseaux qui ont toujours plus de trafic.
18:36Il faut bien penser qu'on a 25% de croissance de trafic dans nos réseaux.
18:42Arriver à maintenir, voire à baisser la consommation énergétique de nos réseaux,
18:45c'est une vraie gageur.
18:46C'est ça. Et typiquement, d'ailleurs, on sait que la 5G consomme moins que la 4G.
18:50Mais en même temps, comme tout ça va très vite,
18:53ça pousse à consommer plus de data parce qu'on télécharge tout plus rapidement.
18:57On se dit que le gain est quelque part immédiatement effacé par l'augmentation de l'usage.
19:02Et on se dit qu'on a toujours un temps de retard et que c'est peut-être un combat perdu d'avance
19:06parce que ce qu'on gagne d'un côté, on le repère de l'autre.
19:08Non, parce que ce que je disais, la fibre, c'est beaucoup plus de capacité de trafic
19:14et ça consomme trois fois moins que le cuivre.
19:16Donc, en fait, il y a de la marge.
19:19Et puis derrière, évidemment, on est les premiers à promouvoir des usages numériques responsables.
19:24Alors, qu'est-ce que c'est des usages numériques responsables ?
19:27Il y a beaucoup de débats, mais on voit bien qu'éviter des déplacements,
19:32nous-mêmes, nos techniciens, une grande source d'efficacité dans nos réseaux,
19:36quand on met de l'intelligence dans nos réseaux, de la data, parfois de l'IA,
19:39éviter d'envoyer des techniciens sur des réseaux parce qu'on a mieux ciblé où sont les pannes.
19:45On a fait de la prévention.
19:47Donc, le numérique, c'est une source d'efficacité industrielle
19:50qui évite évidemment des émissions carbone, de l'inefficacité dans les process.
19:54Avec l'idée aussi qu'il faut sensibiliser celles et ceux pour avoir un usage plus responsable de son téléphone.
20:00Ce n'est pas facile.
20:01Mais on se dit qu'est-ce qu'on est obligé de regarder sur son écran une vidéo en HD ?
20:05Pas sûr. C'est des messages aussi qu'Orange doit faire passer,
20:07peut faire passer auprès de ses clients ou ce n'est pas facile ?
20:10Ce sont des messages qu'on fait passer,
20:13mais c'est aussi des messages et un travail qu'on fait avec les grandes plateformes.
20:17Puisqu'aujourd'hui, la croissance dans nos réseaux,
20:21aujourd'hui, c'est en fait cinq grandes plateformes de streaming.
20:25Donc, ce n'est pas les GAFA, mais presque.
20:27On rajoute TikTok, les YouTube, les Netflix.
20:31Et avec ces gens-là, on travaille pour leur montrer les effets sur nos réseaux de leurs plateformes.
20:38Alors, pour certains, c'est typiquement d'éviter d'envoyer du trafic de la vidéo en très haute définition sur un écran de portable
20:45parce que ça a peu d'intérêt.
20:46Donc, d'arriver et ça, c'est de l'intelligence évidemment, de l'intelligence qu'on met dans les réseaux.
20:50Mais il y a encore du chemin.
20:51Est-ce que les GAFA et compagnie devraient aussi prendre leur part et financer un petit peu le redimensionnement des infrastructures
20:58qui est amené à croître ?
20:59On parle des tuyaux, tout ce qu'on ne voit pas, les tuyaux, les câbles, les câbles sous-marins, ça coûte cher.
21:04Et pour l'instant, je crois qu'il n'y a que les opérateurs qui mettent la main à la poche, si je ne me trompe pas.
21:08Alors, si on regarde sur les grandes infrastructures mondiales, le trafic Internet,
21:12il faut rappeler que plus de 99% du trafic international, si vous allez sur les plateformes américaines, ça passe par les câbles sous-marins.
21:19Les grandes plateformes, elles investissent dans des câbles sous-marins.
21:22Par contre, effectivement, ce qui coûte le plus cher dans les réseaux télécoms, ce n'est pas le grand backbone international.
21:28C'est évidemment le dernier kilomètre et Orange est l'opérateur qui a le plus investi dans la fibre.
21:34Sur ce sujet-là, effectivement, il y a un débat au niveau européen pour se dire qui doit financer ces infrastructures dans la durée,
21:40avec un trafic qui est toujours plus croissant.
21:42Ces grandes plateformes qui ont un modèle économique qui est parfois basé, qui repose sur cette croissance de trafic,
21:49qui génère des coûts pour les opérateurs et pas forcément pour eux.
21:52On a beaucoup parlé, Christelle Edman, de l'usage du téléphone et de cette pollution numérique.
21:57C'est un peu la partie émergée de l'iceberg.
21:59On l'a vu en début d'émission, l'aspect le plus problématique, c'est la fabrication du smartphone.
22:03Je rappelle que l'impact carbone du mobile est lié à 80% à sa fabrication.
22:08Et je sais qu'Orange est investie sur ce sujet-là depuis plusieurs années avec un programme qui est le programme RE.
22:13Expliquez-nous.
22:14Si on prend les téléphones, on a pris un engagement de collecter, réparer, vendre du reconditionné ou alors recycler de plus en plus.
22:22Aujourd'hui, il se vend plus de 100 millions de téléphones portables tous les ans en Europe.
22:28Et malheureusement, moins de 10% des téléphones sont recyclés, reconditionnés.
22:35Donc, on voit bien qu'on a...
22:36Comment on change les habitudes ?
22:37Alors, changer les habitudes, c'est pour ça...
22:39C'est pour ramener, de rapporter déjà son vieux smartphone.
22:42Et ils sont des millions à dormir dans les tiroirs.
22:45Dans les tiroirs, c'est des sujets sur lesquels on est...
22:46Et ensuite, de les acheter quand ils sont reconditionnés.
22:48Absolument. Donc, c'est des sujets sur lesquels on est très engagé.
22:51Noël dernier, notre pub à la télé, elle était autour du téléphone reconditionné.
22:57Il y a beaucoup de freins parce qu'effectivement, on a toute sa vie dans son téléphone.
23:01On a ses données, on a ses photos de famille, etc.
23:03Et donc, rendre à n'importe qui un téléphone, on n'a pas forcément envie de le faire.
23:09Donc, c'est pour ça que nous, on s'engage à enlever toutes les données personnelles téléphones.
23:12Et ensuite, on crée une filière de reconditionnement.
23:15Donc, on travaille avec des associations pour justement les...
23:20Alors, soit les reconditionner quand ils sont suffisamment récents et ensuite les revendre.
23:25Alors, soit les revendre en Europe, soit les revendre parfois dans des pays,
23:28dans d'autres pays où on opère, ou alors les recycler.
23:32Alors, au final, en France, il y a une filière de recyclage dans l'électronique.
23:36Mais l'enjeu numéro un, c'est la collecte, parce qu'il n'y a pas assez de téléphones qui sont collectés.
23:41Je le disais, plus de 100 millions de téléphones vendus, moins de 10 % qui sont collectés.
23:47Comment poussent les Français à rendre leur téléphone ?
23:49Alors, nous, on a des...
23:50Alors, évidemment, il y a de l'éducation, mais il y a aussi un intérêt de pouvoir d'achat.
23:55Donc, on fait des promotions.
23:57Vous rendez un téléphone, vous avez un discount quelque part pour un nouveau téléphone.
24:04Et puis ensuite, on met en avant, vous allez dans la boutique Orange, le premier comptoir,
24:07vous voyez les téléphones reconditionnés.
24:10Aujourd'hui, j'ai envie de dire que la tendance du prix des téléphones portables,
24:14qui augmente de plus en plus sur les téléphones de haute gamme,
24:18fait que, de toute façon, on ne va pas forcément changer aussi souvent son téléphone,
24:22parce que les prix d'entrée, on est au-delà de...
24:25Pour certains, les derniers haut de gamme, on est à plus de 1500 euros le téléphone.
24:29Et puis, c'est une catastrophe pour le climat que de changer tous les deux ans son téléphone, il faut le rappeler.
24:32Donc, c'est vrai que nous, on pousse beaucoup à la réparation.
24:36Et puis, quand on change, de s'assurer que celui qu'on rend, on va pouvoir le réutiliser.
24:41Ensuite, on travaille beaucoup aussi avec les fabricants pour que le logiciel embarqué sur ces téléphones,
24:46la mise à jour du logiciel, le fameux iOS ou Android, puisse suivre le hardware.
24:51Parce qu'effectivement, il ne faut pas qu'on soit dans de l'obsolescence à cause du logiciel.
24:57Donc, ça, c'est des sujets dont on voit bien qu'ils dépassent largement la France, ils dépassent Orange.
25:01Mais on a ce rôle d'opérateur leader pour embarquer notre filière.
25:04Bon, dernière question.
25:05Christelle Edman, comment vous voyez l'avenir de la téléphonie mobile avec l'explosion notamment de l'IA ?
25:10Certains y voient déjà une potentielle menace, un impact déjà effectif pour l'environnement.
25:16Puis d'autres se disent pourquoi pas au contraire, en voyant le potentiel de l'IA.
25:19Alors, on dit quoi ? On dit l'IA sauveur ou faux soyeur de la planète ?
25:23Comme toujours dans le progrès technologique, il y a toujours des gens qui craignent
25:26et puis des gens qui voient toutes les réponses dans la technologie.
25:30Non, il faut être vigilant.
25:31Nous, on a ce rôle évidemment de démocratiser la technologie.
25:35L'IA, déjà, il faut arrêter de se faire peur en parlant de l'IA.
25:38On parle beaucoup de l'IA générative qui est très nouveau.
25:41Mais en fait, l'IA, on l'utilise déjà tous les jours.
25:43Quand vous utilisez plein d'applications sur votre téléphone portable,
25:46ça embarque déjà énormément d'IA et on ne le sait pas.
25:50Mais c'est ce qui fait qu'on a des usages qui répondent,
25:52qu'on a des modèles de trafic routier qui soient pertinents sur le temps de transport.
25:56Et nous, on l'embarque nous-mêmes déjà dans beaucoup de nos systèmes.
26:00Mais effectivement, il faut se poser la question.
26:04On ne va pas mettre de l'IA partout si ce n'est pas rentable.
26:07De toute façon, les entreprises, l'IA a un coût aussi pour les entreprises.
26:10Donc, on ne va pas déployer de l'IA s'il n'y a pas un intérêt derrière à le faire.
26:14Merci pour cet entretien.
26:16Christelle Edman, de la Défense générale d'Orange. Merci.
26:18Merci à vous.
26:19Voilà, c'est la fin de Pourvu que c'est dur,
26:20l'émission qui rend les co-responsables sur Public Sénat.
26:22Émission tournée depuis l'atelier Covivio à Paris.
26:25Pourvu que ça dure, c'est aussi du replay sur publicsenat.fr.
26:28Rendez-vous dans deux semaines.
26:55Sous-titrage Société Radio-Canada