Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 18/11/2024, il est question de la colère des agriculteurs après que certains pays espèrent profiter du G20 au Brésil pour parvenir à un accord sur le Mercosur.
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00:00Et nous sommes donc, comme je le disais tout à l'heure, avec madame Sophie Lennart qui est là, vice-présidente de la coordination rurale,
00:15éleveuse de vaches laitières à Rois, Boissy dans l'Oise. C'est à combien de kilomètres de Paris ?
00:21Je dirais 80.
00:23Et on va écouter Sébastien Chenu qui est député des Rassemblements Nationaux.
00:27Il était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin et il intervenait sur ce sujet et notamment sur le Mercosur, bien sûr.
00:33Il défend la souveraineté européenne, madame Macron. Nous, on voudrait un président qui défende la souveraineté française.
00:38Les conséquences derrière, ce n'est pas uniquement économique, c'est aussi sur nos paysages.
00:41Si demain, on arase des vignes nos paysages du sud-ouest, du sud-est, etc., c'est aussi exactement ça.
00:49En fait, c'est un plan social de la ruralité qui est en cours.
00:53Et le deuxième extrait que je voulais vous faire partager, c'était Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.
01:00Il était hier sur Radio-Télé Luxembourg.
01:04Le droit de manifester, c'est un droit constitutionnel, évidemment, mais il y a des limites.
01:07Pas d'atteinte aux biens, pas d'atteinte à plus forte raison aux personnes et pas d'enquistement, pas de blocage durable.
01:13Parce que sinon, ce sera tolérance zéro.
01:16Le Mercosur, tout le monde découvre, découvre ou pas d'ailleurs,
01:20parce qu'on sait globalement, à grands traits, les gens qui nous écoutent,
01:24ils savent qu'il y a des règles pour les autres et pas pour la France.
01:28Voilà ce qu'ils retiennent. Et c'est quand même l'essentiel, d'ailleurs.
01:31Après, quand on entre dans le détail, ils ne savent pas qu'un insecticide est permis,
01:37ils ne savent pas que, par exemple, la noisette a été attaquée en France
01:41parce qu'il y a un insecticide qui est interdit en France alors qu'il est permis ailleurs.
01:45Mais qu'est-ce qu'il faudrait faire, surtout ?
01:47Parce qu'est-ce qu'on est obligé, la France, de signer cet accord du Mercosur ?
01:53Ah non ! Que bien non ! Qu'il ne faut pas le signer.
01:57Et ce que je voudrais rappeler aussi, c'est que le Mercosur est un accord
02:01mais qui vient se cumuler avec des tas d'autres accords, de même à Cabi.
02:06Donc ça veut dire que lorsque vous cumulez les entrées de matière agricole de tous ces accords,
02:12et qu'on arrête de produire en France, alors c'est ça que vous voulez ?
02:15Ça veut dire que si demain, pour X ou Y raisons, géopolitique, sanitaire ou autre,
02:20la France n'est plus en autonomie alimentaire.
02:23Mais elle ne l'est déjà plus depuis bien longtemps, visiblement, puisque dans les importations.
02:29Moi j'ai écouté ce matin, et je l'ai cité déjà entre 9h et 9h30, Emmanuel Ducrot,
02:35qui a fait vraiment une intervention formidable où elle a résumé toutes les difficultés des agriculteurs.
02:41Bon, pourquoi on dit non au Mercosur ?
02:45Viande bovine, volaille, sucre sont soumis à une concurrence qui est déloyale,
02:50puisque les pays sud-américains ont accès à des méthodes de production interdites de longue date ici.
02:55Hormones, antibiotiques de croissance pour l'élevage, pesticides,
02:59dont certains sont prohibés sur nos cultures depuis des décennies.
03:03Donc on va autoriser à faire venir, si j'ai bien compris,
03:07des produits, par exemple de la viande bovine, qui est élevée en Argentine, pourquoi pas,
03:13d'une manière complètement différente de ce qu'elle serait élevée en France, c'est ça ?
03:16Mais c'est complètement ça, et pour revenir sur l'exemple que vous donniez de la noisette,
03:20elle n'est pas plus loin, nous avons subi exactement la même problématique avec la betterave,
03:25où on nous a supprimé un produit de soin pour les plantes,
03:28ce qui fait que ça déclenche la jaunisse par les piqûres de pucerons,
03:31c'est qu'aujourd'hui, on est impuissant pour soigner nos plantes,
03:35alors que, n'allez pas chercher même pas au pays des Mercosur,
03:39d'autres pays de l'Europe ont l'autorisation de certaines de ces molécules qui nous sont interdites à nous.
03:44Et ce plus blanc que blanc, aujourd'hui pénalise,
03:47ce qui fait qu'on nous demande à nous quasi de ne plus produire,
03:50pour laisser rentrer ces produits agricoles.
03:53Mais j'entends bien, la solution c'est évidemment de refuser le Mercosur,
03:56l'intégralité de notre classe politique le refuse,
03:59mais est-ce qu'on peut seul, la France, dire on ne signe pas ?
04:03Écoutez, il y a des outils, alors excusez-moi pour les auditeurs, c'est peut-être un peu technique,
04:07mais si le traité peut être voté dans son intégralité,
04:12alors il faut l'unanimité des états membres pour voter.
04:17Donc on peut dire non, mais pourquoi Madame von der Leyen a dit il y a quelques instants
04:22qu'on était en bonne voie de le signer ?
04:24Vous nous le direz après la pause, parce que c'est un sujet qui nous passionne.
04:29Les agriculteurs français, évidemment, il faut les aider,
04:31mais j'ai le sentiment qu'on est au même niveau qu'au mois de janvier, février,
04:36lorsque M. Attal était venu avec ses bottes de paille.
04:38On est pire ?
04:39On est pire !
04:40Alors M. Attal est venu avec ses bottes de paille, il a fait…
04:42Un sketch ?
04:43Pardonnez-moi, c'est un peu trivial de le dire, mais c'est le cirque qu'il a fait.
04:45Un sketch ?
04:46Voilà, c'est un sketch et ça ne sert à rien.
04:47Donc ce n'est pas convenable de prendre les gens pour des imbéciles.
04:5011h26, à tout de suite.
04:51Restez bien avec nous, la suite de Pascal Praud et vous, c'est dans un instant,
04:54et vos réactions bien sûr au 01-80-20-39-20.
04:5811h13, Pascal Praud sur Europe 1.
05:01Et nous sommes toujours avec Sophie Lenertz, qui est vice-présidente de la coordination rurale
05:07et leveuse de vaches laitières à Rois-Boissy dans l'Oise.
05:10On est d'accord que pour le moment, les blocages, c'est uniquement pour le Mercosur ?
05:15C'est un ensemble. Le Mercosur, comme je le répète, c'est une goutte d'eau.
05:19On a toujours cette problématique qu'il n'y a pas les revenus qui reviennent sur nos exploitations,
05:24et ça, c'est pas d'aujourd'hui.
05:26Ça fait des années et des années, comme ce que nous avons dit quand nous sommes sortis en début d'année,
05:31c'était pas pour un problème d'aujourd'hui, c'était récurrent,
05:34et on ne gère pas les problèmes ici, on les accumule, et puis après on s'étonne que ça fait boum.
05:39Alors, je vais reciter Emmanuelle Ducrot, mais elle parlait du coût du travail,
05:45et elle soulignait que le prix d'un fruit est composé entre 50 et 60% du coût de la main d'oeuvre en France.
05:52Et elle rapportait ces chiffres que le surcoût de notre travail agricole, ce chiffre a plus de 22% par rapport à l'Allemagne,
06:0135% avec l'Espagne et 45% avec les Pays-Bas.
06:05Mais j'ai envie de dire que c'est vrai pour tout le coût du travail en France sur tous les autres secteurs d'activité.
06:12Ça ne concerne pas que le secteur agricole.
06:15Non, c'est sûr, et quand vous trouvez la main d'oeuvre, parce que nous, nous avons cette problématique dans l'agriculture,
06:21c'est que pour venir récolter les fruits, la terre est basse, donc il n'y a pas beaucoup de monde qui se bouscule.
06:28Parce que c'est difficile.
06:29Parce que c'est difficile, parce que c'est physique, parce que vous êtes dehors par toutes les intempéries.
06:33Bien sûr, et parce que vous ne gagnez pas votre vie.
06:35Comment ?
06:36Et parce qu'en plus, on gagne mal sa vie.
06:37Et en plus, ce n'est pas le métier qui paye bien sûr le plus.
06:40Après, par rapport au Mercosur et par rapport à ces accords de libre-échange,
06:46je voudrais quand même rappeler, la coordination rurale avait quand même été assez visionnaire,
06:50parce que depuis 1992, nous n'arrêtons pas de dire, et j'ai plaisir à l'entendre dans la catégorie de la classe politique,
06:58cette exception agriculturelle.
07:00Si vous sortez les échanges hors matière agricole, vous pouvez résoudre en tout cas une grosse partie du problème.
07:11On ne peut pas échanger dans nos pays civilisés un steak de qualité, une volaille, avec tout le bien-être animal qui nous a été demandé,
07:20contre une voiture, contre du lithium, contre des produits divers et variés qu'on a besoin.
07:25Alors je l'entends que commercialement parlant, nous ne sommes pas habilités à bloquer l'économie d'un pays.
07:31Ce n'est pas du tout ça.
07:32Ce que nous disons, c'est que l'agriculture ne peut pas être une monnaie d'échange comme l'est une voiture.
07:38Alors j'entends que l'Allemagne a des problèmes économiques par rapport à ses véhicules,
07:42mais je rappelle quand même que les agriculteurs allemands sont contre ces accords de libre-échange.
07:46Donc vous voyez qu'au sein d'un même pays, selon la catégorie professionnelle où vous êtes, on n'a pas le même regard.
07:52Combien d'agriculteurs aujourd'hui en France ?
07:54398 000.
07:55Et chaque année, évidemment, il y en a de moins en moins.
07:57On a perdu 100 000 exploitations depuis ces 10 dernières années.
08:00Donc en termes de plan social, ça vaut 20 à 30 fois les plans sociaux qui sont en cours en ce moment,
08:06que je déplore bien sûr, parce que c'est quand même une catégorie...
08:09Enfin, j'ai l'impression que dans notre pays, toute la partie production est sanctionnée au profit de choses plutôt improductives.
08:18Et ça, c'est pas normal.
08:19Jean-Louis est avec nous, il est agriculteur et il est dans le Pas-de-Calais.
08:24Je crois qu'il est sur un blocage.
08:25Bonjour Jean-Louis.
08:27Oui, bonjour Jean-Louis Frenard.
08:29Jean-Louis, vous êtes à Amiens, me dit-on.
08:32Je suis à Amiens, sur un point de blocage.
08:34Nous sommes arrivés avec de nombreux tracteurs.
08:36Nous sommes 60 environ devant l'ASP.
08:41L'ASP, c'est le service de paiement des aides européennes.
08:45Et c'est vrai qu'on a été reçus.
08:49On a posé des questions précises.
08:51Et on va attendre les réponses qu'on fera remonter aussi.
08:55Et c'est vrai que cette année, tout va au plus mal.
08:58On a eu des rendements céréaliers catastrophiques comme on n'a jamais eu.
09:02Pour quelles raisons ?
09:04D'excès d'eau aussi.
09:06Donc ça a impacté très fortement les rendements.
09:10Les éleveurs ont leurs problèmes avec la FCO.
09:13Ça va partir peut-être même pour plusieurs années.
09:17On nous dit ça également.
09:18Donc les éleveurs ont des problèmes d'avortement sur le cheptel et tout ça.
09:23Et pour couronner le tout, les aides PAC sont en diminution importante.
09:28PAC, c'est la politique agricole commune.
09:31J'ai une question sur l'excès d'eau.
09:34Parce qu'évidemment, je ne suis pas un spécialiste du tout de cela.
09:37Mais on me dit que les normes françaises qui empêchent de travailler les fossés
09:44ont accéléré l'eau et les inondations.
09:47Alors que par exemple, aux Pays-Bas, il y a la même quantité d'eau qui est tombée.
09:52Mais qu'on peut agir sur, est-ce les fossés ?
09:56Je n'en sais rien.
09:57Je répète, je ne suis pas un spécialiste.
09:59Est-ce que cela est exact, M. Jean-Louis ?
10:02C'est quand même tout à fait vrai.
10:04Mais je veux dire, le problème, c'est que nous, les cours d'eau ne sont pas entretenus,
10:08sont envasés.
10:09Il faut faire des bassins de rétention, comme on fait également pour la Seine.
10:15En amont de la Seine, il y a des bassins de rétention importants.
10:18Nous, c'est pareil.
10:19Dans tout l'ouest du département du Pas-de-Calais, vous avez bien vu,
10:22Blandec, Ardres, Arc plutôt, étaient sous les eaux.
10:26Et on craint que ça puisse revenir rapidement aussi.
10:30Et c'est totalement insupportable.
10:31Donc, il faut de l'entretien des cours d'eau,
10:35et faire des réserves, des bassins de rétention également.
10:38Jean-Louis est agriculteur, il est céréalier, il est amien, vous êtes sur Europe 1.
10:42Votre message s'adresse aussi, je crois, aux jeunes, Jean-Louis.
10:46Les jeunes.
10:47Moi, j'ai 65 ans, et je dois me mettre quand même à réfléchir à la transmission.
10:52Et ça m'inquiète, ça m'inquiète, parce que les jeunes sont moins motivés,
10:56et c'est vrai que les anciens ont un langage parfois pas suffisamment positif sur le métier,
11:01alors que c'est le métier le plus beau du monde, et le plus indispensable du monde.
11:04Mais dans les demandes que vous avez faites, par exemple, tout à l'heure,
11:07à ce que vous appelez l'AFP, dans les demandes précises,
11:10Comment ?
11:11ASP.
11:12ASP, pardonnez-moi l'AFP, j'avais compris.
11:14C'est autre chose.
11:15C'est aussi autre chose, mais je pensais que l'ASP.
11:17Dans les demandes précises, il y a le Mercosur,
11:20mais est-ce qu'il y a d'autres demandes ?
11:22Bien sûr qu'il y a d'autres demandes.
11:24Il y a bien d'autres demandes.
11:25Il nous fait également voir un petit peu où sont fléchées les aides,
11:30parce qu'on a des budgets qui sont toujours les mêmes,
11:32et les agriculteurs touchent de moins en moins,
11:34alors qu'on perd des surfaces avec l'artificiation des sols.
11:38Donc c'est quand même totalement insupportable ces histoires-là.
11:40Et puis aussi, les contrôles.
11:42Les contrôles, on n'accepte plus trop les contrôles.
11:45Mais je croyais que c'était tombé à l'eau, si j'ose dire,
11:48les contrôles que M. Gattal avait dit qu'on serait plus cool là-dessus,
11:53qu'on vous met en permanence des bâtons dans les rues.
11:56Donc son intervention sur les pailles n'a servi à rien.
11:59Dans le village à côté, il y a eu deux jours de contrôles.
12:03Deux jours, pourquoi ?
12:04Parce qu'il avait des pâtures à 100 km de son siège,
12:08il a fallu faire le tour de toutes les pâtures,
12:10si bien même qu'il y avait deux contrôleuses qui sont venues,
12:13il y en a une des deux qui était un petit peu fragile,
12:15qui est tombée en burn-out.
12:16Donc même les contrôleurs,
12:18ils sont mal de voir les agriculteurs souffrir.
12:21Et donc ça, c'est totalement intolérable.
12:24Donc bien sûr, il y a une vache qui manquait de boucle.
12:26Ah bah voilà, ah bah voilà.
12:27Donc c'est dramatique, c'est dramatique.
12:29Mais par exemple, Anne Genevard, à l'instant,
12:32je vois, il y a deux heures, elle a tweeté,
12:34« Je m'y étais engagé, les agriculteurs bénéficient désormais
12:38de deux nouveaux dispositifs d'aide à la trésorerie.
12:41C'est vrai ou pas ? » ce qu'elle dit.
12:43C'est sans doute vrai,
12:45mais avec des taux d'intérêt qui sont sans doute peut-être trop élevés.
12:48Et c'est un pansement sur une jambe de bois,
12:50parce qu'un prêt comme les PGE, ça se rembourse.
12:53Donc si on n'a pas de perspective de prix à court terme...
12:57Un taux réduit de 1,75% dit-elle.
13:00Certes, certes.
13:01Pour un emprunt disponible de 50 000 euros, ça c'est vrai ou pas ?
13:05Ce taux pourrait être amélioré encore pour les jeunes installés.
13:09C'est sans doute vrai,
13:11mais les prêts, il faut les rembourser.
13:13Mais pour ça, il faut des perspectives.
13:15Oui, mais là, c'est à 75.
13:17On n'a pas de perspective.
13:19J'aimerais bien emprunter à 75.
13:21Moi aussi, mais quand on peut autofinancer, c'est quand même beaucoup mieux.
13:25Je suis d'accord.
13:26Oui, mais j'essaye de donner les éléments de chaque côté,
13:30là, manifestement, et c'est pour ça, Mme Genevard,
13:33elle dit qu'elle a fait quelque chose.
13:35Donc ça, c'est quelque chose qui est au crédit quand même du gouvernement.
13:38C'est impossible.
13:39Avec des budgets limités aussi.
13:41Avec des budgets limités, je pense que c'est pas open bar.
13:44Oui, mais c'est pas open bar pour tout le monde.
13:46Non, mais c'est 50 000 euros.
13:47C'est sûr que c'est pas des sommes folles.
13:49Alors, je vais compléter, si vous voulez bien, votre information.
13:52Donc, les PGE, oui, sont prévus pour cette fin d'année.
13:55Donc, vous avez raison.
13:561,75, plafonner à 50 000 euros.
13:5950 000 euros, c'est pour payer vos factures.
14:01Donc, ça veut dire que vous êtes face à une profession
14:03qui n'est pas capable de payer ses factures.
14:06Donc, ça, c'est difficilement entendable.
14:09Je rappelle quand même que tous ces prêts-là
14:11avaient déjà été proposés par le gouvernement précédent,
14:14dont on n'a jamais vu la couleur.
14:16Et moi, je demande aussi qu'on m'explique,
14:18parce qu'on sort des sommes phénoménales.
14:20On avait parlé de 400 millions d'euros
14:22ramenés à 400 000 exploitations.
14:24Ça fait 1 000 balles par exploitation.
14:26Vous faites quoi avec ça ?
14:27Bon, on marque une pause.
14:29Je remercie Jean-Louis.
14:30On se dit au revoir avec Mme Lenert dans une seconde.
14:33Vous allez repartir dans la ferme.
14:35Alors, par exemple, ce matin, qui a attrait les lâches ?
14:38Alors, j'ai la chance d'avoir pu installer ma fille.
14:42Donc, ma fille est à ma place.
14:44Quel âge a votre fille ?
14:45Elle a 30 ans.
14:46Bon, et elle a accepté quoi ?
14:47Elle a fait ce métier par plaisir, par passion ?
14:49Elle a été salariée chez nous pendant 5 ans.
14:51Donc, franchement, c'était son choix personnel.
14:54Je pense qu'elle est en adéquation avec ce qu'elle aime.
14:59Mais physiquement, c'est très lourd.
15:02Je fais encore toute la partie administrative qui n'est pas satisfaite.
15:07On marque une pause.
15:09Mais j'aime bien parler aussi de la vie des agriculteurs.
15:12Votre fille, par exemple, quelle vie elle a ?
15:15Est-ce qu'elle a un fiancé ?
15:16Est-ce qu'elle va au cinéma ?
15:17Est-ce qu'elle a la vie d'une jeune femme d'aujourd'hui ?
15:20Ou est-ce que c'est vrai, parfois, être agriculteur,
15:23c'est aussi se couper d'un type de vie qu'ont les uns et les autres ?
15:27Il est 11h44.
15:28A tout de suite.
15:29Vous êtes européen, Pascal Praud.
15:36Pourquoi pas ?
15:38C'est vrai que les Français ont un rapport avec leur agriculteur
15:43qui est un rapport, j'ai envie de dire, d'affection, sinon d'amour.
15:48Pourquoi ?
15:49Parce que dans chaque famille, à une, deux ou trois générations,
15:52on est tous des enfants de ruraux.
15:54C'est-à-dire qu'au début du siècle,
15:56il y avait 80% de ruraux dans toutes les familles.
15:59Donc c'est un rapport particulier.
16:01Et on le voit au salon de l'agriculture, chaque année,
16:04où l'affection qu'on vous porte est grande.
16:07Mais, et c'est la dernière fois que je citerai Emmanuelle Ducrot ce matin,
16:11lorsqu'elle dit que la France surinterprète les règles environnementales européennes,
16:15qui sont déjà les plus rigoureuses du monde,
16:17que ce soit pour la gestion des zones humides,
16:19pour le fatras administratif qui entoure les installations d'élevage,
16:23ou pour les phytosanitaires,
16:25et elle racontait ce matin
16:27combien la filière noisette,
16:29en interdisant un produit insecticide
16:31autorisé partout en Europe,
16:33a terminé.
16:35Combien elle a été sabotée.
16:37Ce sabotage est aussi à l'oeuvre sur les salades,
16:39me dit-on, les pommes, les betteraves,
16:41les pommes de terre, le blé.
16:43La France lave plus blanc que blanc.
16:46Mais alors pourquoi ?
16:47Mais pourquoi madame ?
16:49Parce qu'il faut justifier d'alourdir notre métier,
16:56pour pouvoir justifier de faire rentrer.
16:58Pourquoi on est pire qu'en Europe ?
17:00Pourquoi on est pire que les autres pays européens ?
17:02J'ai l'impression que c'est une stratégie de très longue date,
17:04il faut plomber le monde agricole,
17:06pour justifier les importations.
17:08Et quel est l'intérêt ?
17:10Les échanges mondiaux.
17:12Mais pourquoi les autres ne le font pas ?
17:13Pourquoi l'Allemagne, l'Angleterre lorsqu'il y a des terres en Europe ?
17:16Pourquoi l'Espagne ? C'est ça que je ne comprends pas.
17:18Ils le font, mais ils le font sur d'autres secteurs.
17:20J'aimerais, vous avez abordé tout à l'heure
17:24l'avis des agriculteurs,
17:26et vous me disiez, déjà j'ai une pensée
17:28pour tous mes collègues qui sont en train de semer du blé là,
17:31et ce matin je vous disais que quand on travaillait,
17:33on n'écoutait pas la radio,
17:35et bien je dois saluer mes collègues
17:37qui m'envoient des messages en disant,
17:38mais si on vous écoute en sement du blé ?
17:40Vous avez combien d'enfants ?
17:41Trois.
17:42Est-ce que les trois sont agriculteurs ?
17:43Non, deux.
17:44Et qu'est-ce qui fait la première ?
17:46Ma première est installée, je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est ma fille.
17:48Elle a fait des études évidemment dans ce sens.
17:50BTS agricole en lait,
17:52et mon garçon du milieu,
17:54il va s'installer garagiste,
17:57et mon troisième et mon fils,
18:00lui veut faire l'éculture.
18:02Votre fille, elle a la passion de ce métier ?
18:04Oui.
18:05Est-ce que vous diriez qu'elle a une vie
18:06comme les jeunes femmes d'aujourd'hui ?
18:07Non.
18:08J'entendais que vous disiez
18:10cinéma, elle n'y va pas,
18:12donc elle est maman,
18:13elle est maman d'une petite fille qui va avoir deux ans,
18:15son conjoint est également agriculteur,
18:17il s'est également installé l'année dernière,
18:19donc en fait ils se croisent,
18:21ils ont des vies où ils se croisent,
18:22parce que ma fille a l'horaire très tôt
18:24et très tard par rapport à l'élevage,
18:27elle a un creux au milieu,
18:28creux où son mari, lui, il est en pleine,
18:30enfin son conjoint est en pleine,
18:32donc en fait ils ont...
18:34Ils ont pris des vacances cet été ?
18:35C'est une question que je pose souvent.
18:36Non.
18:37Et leur revenu annuel, on peut l'estimer ?
18:39Eux pas, parce que c'est leur première année d'installation,
18:42ma fille s'est installée le 3 mai,
18:44donc là aujourd'hui elle n'a pas encore pris de revenu,
18:47de salaire sur l'exploitation,
18:49Vous l'avez aidée j'imagine un peu ?
18:50Elle a eu des aides,
18:52le fait qu'elle a quitté,
18:54elle a arrêté son emploi pour s'installer,
18:56donc elle a eu des aides à la reconversion,
18:58son conjoint également,
18:59donc ils n'ont pas pris de salaire.
19:01Je l'ai aidée, oui,
19:02j'ai donné mes parts à ma fille.
19:05J'ai donné mon exploitation à ma fille,
19:07parce que si elle aurait dû me le payer,
19:09elle n'aurait pas su me le rembourser.
19:12Moi ça me touche toujours ce que vous me dites,
19:14parce que je trouve ça émouvant,
19:16et puis c'est une...
19:17Et dans ce que je vous dis là,
19:19c'est aussi la raison du salaire,
19:23de ce qu'on doit avoir,
19:25et c'est aussi le thème de la retraite.
19:28Parce que je viens de donner,
19:30je ne suis pas à l'âge de la retraite.
19:31Non mais vous êtes très jeune.
19:32J'ai 50...
19:33Pour une fille de 30 ans,
19:34ben si vous êtes très jeune.
19:35J'ai 58 ans.
19:3658 ans, je suis bousillée physiquement,
19:38donc de toute façon je n'ai pas eu le choix.
19:40Vous trouvez que vous êtes...
19:41Vous ne le voyez peut-être pas physiquement,
19:43mais j'ai trois hernies discales,
19:45j'ai déjà une prothèse du genou,
19:46la deuxième est prévue,
19:47mais je n'ai pas le temps maintenant.
19:48Donc je verrai ça après la deuxième partie de 2025.
19:52Donc physiquement, moi je suis usée.
19:54Et j'ai dit à ma fille,
19:55dans tout ce que tu peux faire en investissement,
19:58ce que ton entreprise te permet de le faire,
20:00tu le fais pour ta santé.
20:02Je t'interdis d'investir pour produire plus,
20:04pour satisfaire des usines ou des entreprises.
20:07La seule chose que tu dois faire,
20:09c'est investir pour protéger ton squelette.
20:11Vous vous rendez compte que je dois parler comme ça ?
20:14À ma fille ?
20:16À mes enfants ?
20:18Et les trois hernies discales que vous avez,
20:20évidemment c'est parce que ce métier est incroyablement rude.
20:22Oui, et puis c'est vrai que j'ai mal géré les efforts.
20:27Voilà, vous n'avez pas fait attention sans doute, bien sûr.
20:28Et il faut toujours que...
20:30C'est au moment où ça fait crac,
20:32que vous dites, punaise,
20:33pourquoi est-ce que je n'ai pas mieux ?
20:34Alors aujourd'hui on parle des redoures thérapies...
20:36Mais parce que vous êtes courageuse,
20:37parce que vous travaillez,
20:38parce que vous êtes courageuse.
20:39Parce que je n'avais pas le choix.
20:40Mais parce que vous êtes dure au mal,
20:41enfin c'est des profils qu'on connaît dans votre profession,
20:44de gens qui ne se plaignent jamais.
20:46Prenez pas une journée...
20:47Il n'y a pas de journée de carence pour les grâches.
20:49Mais j'ai envie de vous dire,
20:51c'est finalement peut-être un tort de notre part,
20:55et aujourd'hui il faut que vous entendiez
20:58ce que nos campagnes veulent vous dire.
21:00Le cri de détresse.
21:01Et tout ce que vous allez pouvoir voir,
21:04ou ce que vous avez vu en début d'année,
21:06ça ne nous fait pas plaisir.
21:07On est très heureux quand on est au milieu des pommiers,
21:10des vignes, de nos étables, avec nos bêtes,
21:13de pouvoir regarder si elles vont bien,
21:14d'analyser comment elles se comportent
21:17pour pouvoir répondre à leurs attentes.
21:19Mais tout ce qu'on fait là,
21:21ça ne faisait pas partie de notre ADN.
21:23Mais à un moment donné,
21:24quand vous êtes au bout du bout,
21:26et que vous n'avez plus que ça pour vous faire entendre,
21:28et de dire...
21:29Alors j'ai eu longtemps à comprendre
21:31que c'était la classe politique qui gérait notre avenir.
21:35Les gars, arrêtez quoi !
21:37Vous allez mettre la France
21:39dans une situation où il n'y aura plus de nourriture française,
21:43de qualité.
21:44Parce que moi je ne sais pas si c'est la société qui nous l'a demandé,
21:46ou si c'est la politique qui nous l'a demandé,
21:48mais nous on a des contraintes
21:50exponentielles pour faire des choses
21:53d'extrême grande qualité.
21:55Et là vous nous dites,
21:56Banco très bien,
21:57mais on va faire rentrer des produits à bas prix,
22:00mais produits de manière...
22:02Je pense que...
22:04J'essaye de le répéter le plus que je peux,
22:06pour que le consommateur se rende compte
22:08que là-bas, un animal n'a même pas une boucle à son oreille.
22:11On ne peut pas !
22:12C'est des fidlots de 30-35 000 animaux,
22:14dans des grands parcs.
22:16Bon après ils ont un autre climat, ils ont...
22:19Et pour prolonger ce que vous dites,
22:21le pays est passé de la seconde à la sixième place mondiale
22:24des exportations agricoles en 15 ans,
22:26et il importe maintenant 60% de ses volailles,
22:2960% de ses fruits et légumes,
22:3220% de son bœuf,
22:34et ses importations se font de chez nos voisins,
22:37même avant le bout du monde.
22:39Alors qu'on est capable de le faire, je le répète.
22:41La France, si vous nous en donnez la possibilité,
22:44nous sommes capables de faire des produits,
22:46alors pas à la même compétitivité,
22:48donc ça c'est aussi du rôle de nos dirigeants
22:51au niveau des charges et des prix.
22:53Il faut absolument taper des prix
22:55pour la répartition des marges
22:57qui est scandaleuse aujourd'hui.
22:58Eh bien merci, vraiment merci,
23:00parce qu'il y a toujours beaucoup d'émotions
23:02lorsqu'on interroge un agriculteur,
23:04parce qu'il y a une sincérité, une authenticité
23:06qu'on ne trouve pas toujours chez ceux qu'on interroge,
23:08et chers certains militants notamment,
23:11qu'on interroge régulièrement à ce micro.
23:14Il y a beaucoup d'émotions, et effectivement
23:16on a toujours envie de vous aider,
23:18et tellement ce combat nous paraît légitime et juste.
23:20Merci beaucoup Madame Sophie Lennartz,
23:23vice-présidente de la coordination rurale,
23:25SVE, éleveuse de vaches détiérées à Rois,
23:28voici dans l'Oise,
23:29et puis on pense à vos enfants,
23:30on pense à votre fille notamment.
23:32Quel âge est-elle le plus jeune ?
23:3418 ans.
23:35Qui fera des cultures.
23:36Exactement.
23:37Il est 11h56, merci à tous.
23:39Que se passe-t-il M. Guedec ?
23:40Vous entendez la petite musique ?
23:41Oui.
23:42Qui nous avait manqué,
23:43c'est parti, un petit point Facebook.
23:44Exactement.
23:45Elle est horrible cette musique.
23:46Marie nous dit tout mon soutien aux agriculteurs,
23:49à terme on va tout importer,
23:51ne plus rien produire.
23:53On a Ciroche qui nous dit également,
23:55c'est fou de se dire que les réponses
23:58aux revendications de la précédente manifestation
24:00n'ont pas du tout été apportées.
24:02Et on termine avec Phil,
24:03je suis contre le Mercosur à 100%.
24:05Par contre, quand j'entends certains céréaliers
24:07quémander, je dis stop.