• il y a 2 mois
Avec Morad Aït-Habbouche, réalisateur de la série “Sale temps pour la planète”
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##COMMENT_VA_LA_PLANETE-2024-10-27##

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Transcription
00:31Petit retour en arrière.
00:33Dans ma dernière chronique, souvenez-vous,
00:35on évoquait les conséquences du réchauffement planétaire
00:38sur ces îles des Antilles.
00:40Avec l'effondrement des falaises
00:42et forcément des dizaines de maisons installées au bord du gouffre
00:46qui sont en danger imminent.
00:48A tout moment, on l'a dit, elles peuvent tomber.
00:50Il faut dire qu'ici, les fléaux naturels et climatiques
00:53ne manquent pas 100% de risques dans l'archipel.
00:57Les risques qui sont les plus importants,
00:59c'est la hausse cyclonique, le mouvement de terrain et l'inondation.
01:02C'est ça qui est pris en compte.
01:03Mais on peut rajouter le volcan, l'astéisme et les tsunamis.
01:06Ça fait beaucoup sur un petit territoire, oui.
01:08Mais on y vit depuis de nombreuses années,
01:10donc il faut faire preuve de résilience,
01:11mais en accompagnant les populations.
01:13Pour Reni Saint-Charles, face à toutes ces calamités,
01:16la Guadeloupe doit évidemment s'adapter
01:18et mieux protéger ses habitants
01:20et ses infrastructures les plus sensibles.
01:23Et bien sur place, Jean-Marie, au Nînoges,
01:25symbole de la nouvelle politique d'aménagement,
01:27le nouvel hôpital.
01:29Le CHU, il est flambant neuf.
01:31C'est Laurent Marc-Fischer, l'un des architectes
01:33qui nous propose une visite en avant-première.
01:35Il dirige le cabinet Architecture Studio.
01:38Là, nous sommes dans la rue Caraïbes
01:39qui distribue tout l'hôpital.
01:41La rue des Caraïbes, c'est l'artère principale
01:44et le cœur de l'hôpital.
01:46Ici, l'été, la température peut monter à plus de 50 degrés.
01:50Mais la structure des bâtiments est pensée
01:53pour limiter les îlots de chaleur.
01:55Imaginez des patients affaiblis
01:57qui attendent sous cette étuve.
01:59Ce serait vraiment, et c'est vraiment très étouffant.
02:02Eh bien, et c'est une première,
02:04on a pensé à un dispositif très pertinent.
02:07Il y a un interstice qui permet aux alizés
02:09de ventiler naturellement.
02:11On est presque comme si c'était naturellement
02:13et gratuitement climatisé.
02:14Orienté vers l'est ici.
02:16L'est, c'est de là que viennent les alizés,
02:19des vents qui vont rafraîchir les bâtiments.
02:21L'architecte et ses équipes s'inspirent en fait de la nature
02:25pour réussir cette prouesse technologique.
02:27Le toit peut aussi bouger ou plier,
02:30comme un roseau, sans jamais se rompre.
02:32En cas de cyclone, la structure, elle résiste.
02:34Et donc, c'est grâce à ces poteaux-là
02:36qui vont fonctionner un peu comme des roseaux
02:38ou des palmiers, qui vont être souples
02:40et qui vont, comme ça, ne pas se rompre face à un cyclone
02:43et qui vont rester en place.
02:44Ils peuvent bouger d'un mètre, 50 cm à droite et à gauche,
02:47là-haut, sans aucun problème.
02:49Vous vous rendez compte, Jean-Marie,
02:51ils bougent sur un mètre.
02:52Mais ce n'est pas tout.
02:53Le bâtiment de 80 000 mètres carrés,
02:55soit 12 terrains de foot,
02:57accueillera plus de 600 lits.
03:00Ici, tout a été pensé pour éviter
03:02la moindre interruption des activités.
03:05Une tempête, un cyclone, la structure tient bon.
03:08Un séisme, on fait juste le dos rond.
03:10On attend que ça se calme et c'est reparti.
03:13La rue Karib, en temps normal, elle fonctionne.
03:15Mais bien sûr, lorsqu'il y a un cyclone,
03:17on n'y accède pas.
03:18Ça n'empêche que l'hôpital, le CHU, fonctionnera toujours
03:21parce qu'il y a une galerie logistique en bas
03:23qui interconnecte tous les bâtiments
03:25et qui permet d'assurer la continuité
03:27du fonctionnement médical, même pendant un cyclone.
03:30Il a des groupes électrogènes qui fonctionnent.
03:32Il a une réserve d'eau pour 72 heures.
03:34Ça fonctionne.
03:35Et imaginez, ce bunker peut résister
03:38à tous les fléaux qui menacent le territoire.
03:41Ça, vous voyez, ce sont ce qu'on appelle
03:43les joints parasismiques.
03:44C'est-à-dire un joint qui permet, à la passerelle ici,
03:46de se déplacer quand il y a un séisme,
03:48de pratiquement 40 cm qui va venir là,
03:50qui va pouvoir repartir même plus loin
03:52et qui va bouger alors que ça, ce bâtiment,
03:54ne bouge pas.
03:55Mais ça veut dire quoi en pratique ?
03:57L'architecte a une formule
03:59qui résume assez bien la situation.
04:01Ça veut dire que pendant un séisme,
04:03le chirurgien ne risque pas de découper
04:05un peu trop de patients dans la salle d'opération.
04:07Mais surtout aussi, les grosses machines
04:09ne sont pas affectées par l'accélération sismique.
04:11Tous les bâtiments sont protégés, sont parasismiques.
04:14Mais celui-là, en plus,
04:16il ne ressent pas les secousses et l'accélération sismique.
04:19C'est rassurant.
04:20Exactement, mais dans un cyclone,
04:21il arrive que des objets se transforment en missiles.
04:24On a déjà vu des containers s'envoler
04:26comme des fêtues de paille.
04:28Impressionnant.
04:29Eh bien, là aussi, pas de souci.
04:31Dans une galerie comme ça,
04:33même les vitrages sont super renforcés.
04:35C'est presque du béton.
04:37Justement, bétonner toutes les options possibles
04:40et limiter les risques,
04:42c'est le credo et le parti pris des responsables locaux.
04:44Mais si je vous dis qu'au départ,
04:46les bâtiments devaient résister à des vents extrêmement violents,
04:49près de 250 km heure.
04:51On n'a jamais connu ça en métropole.
04:53Eh bien, après le passage du cyclone Irma,
04:55qui a détruit une grande partie des îles voisines,
04:57Saint-Martin et Saint-Barthélémy,
04:59en septembre 2017,
05:01il a fallu entièrement repenser l'hôpital.
05:04Déjà, dès le départ,
05:05on avait pensé à beaucoup de choses.
05:07Il y avait beaucoup de dispositions paracycloniques.
05:09Il y avait toutes les dispositions parasismiques.
05:11Mais après Irma, on nous a demandé
05:13de relever le niveau encore plus
05:15avec des cyclones de catégorie 5,
05:17c'est-à-dire avec des vents de 350 km heure.
05:19Il faut juste imaginer qu'à 80 km heure,
05:21un homme ne tire pas debout.
05:23Alors, 350 km heure,
05:25c'est un laboratoire à ciel ouvert
05:27et un exemple forcément à suivre.
05:29Ça peut être un exemple pour beaucoup de territoires
05:31tropicaux, sismiques, soumises aux cyclones,
05:34mais aussi pour des territoires métropolitains,
05:37en Europe, où on peut avoir des crises,
05:39une augmentation de la température,
05:41des changements climatiques.
05:43Effectivement, là, ici, on les a anticipés.
05:45L'archipel de la Guadeloupe prouve, Jean-Marie,
05:48qu'elle peut appréhender le dérèglement climatique
05:50en devenant une vitrine pour les Caraïbes,
05:52les Antilles, mais aussi pour le monde entier.
05:55Elle n'est pas belle, la vie ?
05:56C'est extraordinaire, en tout cas,
05:58ce génie civil déployé au service
06:00de la résilience de cet archipel.
06:02Merci beaucoup, Maura d'Haïtabouche.
06:04Ça fait du bien d'entendre aussi parler
06:06des Antilles françaises en bien sur l'innovation.
06:08Alors même qu'on parle aussi beaucoup
06:10de la crise sociale.
06:11Et on y reviendra également sur Sud Radio.
06:13Merci à vous.
06:14On vous retrouve dans un documentaire
06:16demain soir sur France 5.
06:18Sale temps pour la planète.
06:19Guadeloupe, beauté fragile.
06:21C'était le cas de le dire ?
06:22Exactement.
06:23Tout est dit dans le titre.
06:24À dimanche prochain.

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