• il y a 8 mois
Avec Morad Aït-Habbouche, fondateur de la plateforme 2 degrés de plus.
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##COMMENT_VA_LA_PLANETE-2024-04-28##

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Transcription
00:00 Sud Radio, comment va la planète ?
00:03 Comment va la planète ? C'est une question qu'on va poser à notre envoyé spécial du jour.
00:07 Bonjour Maurad Haïtabouche.
00:08 Bonjour Jean-Marie.
00:10 Réalisateur de la série "Sale temps pour la planète", faites-nous rêver Maurad.
00:14 Vous êtes de l'autre côté de l'Atlantique.
00:16 Où êtes-vous et quelle température avez-vous ?
00:18 Alors Jean-Marie, je suis un peu au paradis sur terre à Glosier en Guadeloupe.
00:24 Dans la journée, il fait ici en moyenne 32 degrés.
00:28 C'est un peu chaud quand même, je dois vous l'avouer.
00:30 Car la température ressentie, c'est plutôt 40 degrés.
00:34 Le taux d'humidité est très fort, mais je ne vais pas me plaindre.
00:37 Je crois savoir qu'à Paris, vous êtes plutôt autour des 16 degrés.
00:41 Allez, encore un petit chiffre.
00:43 La température de l'eau dans le lagon à quelques mètres de moi est à 28,7 degrés.
00:50 Un record en cette période de l'année.
00:52 Oui, ça a l'air féérique, mais vous connaissant ce record, ce n'est pas un bon signe en fait.
00:57 Il n'y a plus de saison, Jean-Marie, ici comme ailleurs.
01:00 Et c'est vrai que cette canicule a des effets sur les systèmes marins.
01:04 Aujourd'hui, la barrière de corail par exemple n'est que l'ombre d'elle-même.
01:09 90% de perte ces deux dernières années, c'est historique.
01:13 Et c'est forcément inquiétant, car cela interroge sur les effets collatéraux.
01:18 Moins de corail, c'est moins d'habitats pour les poissons et les juvéniles.
01:23 Les petits poissons et la reproduction en particulier.
01:26 C'est aussi un rempart, vous le savez sûrement, qui saute en cas de tempête ou d'ouragan.
01:31 Plus rien ne vient freiner les vagues et la houle.
01:35 Et d'après les responsables de Météo France que j'ai rencontrés ici,
01:38 il y a de vrais risques de cyclone à l'avenir.
01:42 Pour les plus anciens, on se rappelle d'Hugo en 1989, qui a été assez dévastateur.
01:48 Sinon, ces dernières années, il y en a eu d'autres.
01:51 Et ce n'est évidemment pas rassurant pour les 350 000 habitants de l'archipel de la Guadeloupe.
01:57 Alors, Morade, est-ce qu'on peut dire qu'avec le dérèglement climatique en cours,
02:01 on va avoir des fléaux qui vont se multiplier ?
02:06 Bien sûr que oui. Malheureusement, Jean-Marie, on est dans une terre qui a 100% de risques naturels ou climatiques.
02:13 Ça veut dire que où que vous soyez, vous pouvez être en danger.
02:17 Les cyclones, on vient d'en parler, les coulées de boue, les tremblements de terre, une éruption volcanique.
02:23 Bref, ici, la population a une épée de Damoclès au-dessus de la tête en permanence.
02:29 Rien que sur les littorales, vous avez des habitations qui se trouvent en bord de falaise, au bord du précipice.
02:36 Certaines sont vraiment, j'y suis allé, en équilibre instable, très instable même.
02:42 A Cap-Ester-Belos, c'est sur la côte Est, je suis allé chez une famille.
02:46 Franchement, j'avais vraiment le vertige.
02:49 Elle se trouve vraiment au bord, à plus de 25 mètres au-dessus de la plage.
02:54 C'est flippant et impressionnant.
02:56 La terrasse donne vraiment à la pique de la falaise.
03:00 Dans la commune, il y a déjà 71 maisons qui ont été répertoriées comme dangereuses pour les vies humaines.
03:08 71 familles et pas pour le moment ici de solutions de relogement.
03:14 Elles vont devoir malheureusement attendre avant de trouver une solution.
03:19 En revanche, à Petit-Bourg, à une dizaine de kilomètres de Cap-Ester-Belos,
03:24 le maire, lui, a déjà commencé à mettre ses populations les plus vulnérables à l'abri.
03:29 Il exproprie et reloge dans un nouveau lotissement situé plus à l'intérieur des terres, donc plus à l'abri.
03:37 Mais il y a toujours des récalcitrants.
03:40 Un couple de presque centenaires qui, malgré le danger, refuse de quitter sa maison
03:46 parce qu'elle représente toute une vie de souvenirs.
03:49 Ils ont tous les deux 94 ans.
03:52 On peut les comprendre, mais c'est vrai que franchement c'est très dangereux de rester là où ils sont.
04:00 Évidemment, quand on les suit avec les adjoints au maire qui sont chargés justement de la relocalisation de ces populations,
04:08 on entend leur discours et c'est forcément très douloureux pour chacun d'entre eux.
04:14 Absolument. Alors est-ce qu'on a des solutions aujourd'hui, Morad, pour limiter les dégâts en cas de cyclone ?
04:22 Alors la réponse est oui et c'est très rassurant.
04:25 Un exemple, la construction du CHU, le Centre Hospitalier Universitaire, c'est un modèle.
04:32 Il est anticyclonique, antisismique. Il a même été prévu pour résister à des crues centenales.
04:39 Un petit bijou des technologies que j'ai visité qui pourra résister, écoutez bien, Jean-Marie,
04:45 il pourra résister à des vents de 350 km/h.
04:49 Ah oui, quand même.
04:50 350 km/h. C'est ce qui s'est passé il y a quelques années du côté de Saint-Martin et de l'île de Saint-Barthélemy
04:58 avec le cyclone Irma qui était de catégorie 5 et plus.
05:03 Évidemment, ici, ce CHU, il a été prévu pour résister aussi à un tremblement de terre de grande ampleur.
05:11 Franchement, quand je me suis baladé à l'intérieur, il y avait et il y a vraiment de quoi être fier d'un tel hôpital
05:18 qui risque bien de faire ou en tout cas d'être copié dans la région et peut-être même à Paris ou en métropole,
05:25 il pourra accueillir 700 lits avec un système qui permettra aux chirurgiens de travailler dans des conditions extrêmes.
05:32 Tout a été prévu pour assurer la continuité de service. C'est vraiment impressionnant.
05:38 Ah oui, ça, on peut vous le confirmer, effectivement.
05:40 Alors la Guadeloupe s'adapte aux changements climatiques. C'est ce que vous nous expliquez, en fait.
05:45 Exactement, et dans tous les domaines. Celui qui est en pointe aussi, c'est l'agriculture.
05:51 Eh bien, figurez-vous que je me suis régalé hier chez un producteur local.
05:58 Il s'appelle Jules Sidéron. Il a 58 ans et il m'a clairement dit d'entrée, "Maurade, je vais vivre jusqu'à 120 ans".
06:08 Et dans la foulée, il m'a offert le petit cocktail de bienvenue, du sucre de canne avec un jus de sucre de canne,
06:16 avec une pincée de gingembre et du citron. On a dégusté ça dans une petite cabane à l'abri,
06:24 puisqu'il pleuvait au moment où je suis arrivé. Et franchement, c'était excellent.
06:30 Ce qui est intéressant, c'est que Jude, dans sa ferme, travaille en collaboration avec l'équipe du CIRAD.
06:38 Cette équipe développe de nouvelles variétés d'ignames, mais pas seulement.
06:43 Pour vous dire, le CIRAD, c'est un laboratoire de recherche français qui est très en pointe sur l'agriculture durable.
06:50 Et là, franchement, je me suis régalé. Mais avant de vous parler de la dégustation,
06:55 quelques mots quand même sur Jude, ce producteur.
06:58 Avant, il avait 8 hectares de canne à sucre. C'est très important, la canne à sucre.
07:03 Mais il a décidé de se divertifier parce que la canne à sucre, ce n'est pas très bon, évidemment, pour son exploitation,
07:11 parce que malheureusement, il est payé très tard. C'est difficile, même parfois, d'être payé.
07:17 Alors, il a décidé de se diversifier. Dans son exploitation, il n'y a donc plus que 4 hectares de canne,
07:23 et désormais, un peu partout, des ananas, des noix de coco et des ignames de toutes sortes.
07:29 Des ignames violets. Jean-Marie, vous savez ce que c'est qu'un igname ?
07:34 Oui, bien sûr.
07:36 C'est un tubercule, il ne faut pas quand même le dire, parce que c'est vrai qu'on n'est pas habitué à ce type d'aliments en métropole.
07:43 C'est un tubercule, un peu comme une patate, qui est un plat vraiment très important dans les Caraïbes, mais aussi en Asie et en Afrique.
07:51 L'avantage de cet igname, c'est qu'en fait, si vous voulez, il n'a pas de gluten.
07:56 Il a vraiment un taux de glycémie très très bas, et il a d'autres qualités, puisqu'il peut se transformer en pâte, en riz.
08:06 Et aujourd'hui, ce qu'on essaye de développer, c'est pour ça que je vous parlais de dégustation,
08:10 on essaye de développer à partir de l'igname, des pâtisseries.
08:16 J'ai vraiment goûté à une pâtisserie à base d'igname.
08:20 Encore une fois, c'est une patate, donc il faut imaginer cette texture, et c'est extraordinaire.
08:27 Vraiment, franchement, c'était très bon.
08:29 Il y avait même Sam Sekou, c'est une barmaid spécialiste dans des cocktails un peu d'hiver,
08:35 qui nous a fait vraiment une expérience sensorielle très forte.
08:39 On était à peu près une vingtaine, on a tous évidemment dégusté la pâtisserie,
08:44 mais aussi le cocktail avec et sans alcool, et c'était excellent.
08:49 Donc c'est vrai qu'ici, on prépare l'avenir.
08:53 Parce que ce que j'ai oublié de vous préciser, qui est très important,
08:56 c'est que cet igname, évidemment, est très adapté au changement climatique,
09:01 au stress hydrique, évidemment aux canicules qui vont, hélas, se multiplier.
09:07 - Et comme quoi le changement climatique, parfois, peut avoir du bon,
09:10 et nous faire découvrir de nouvelles ressources.
09:12 Merci beaucoup, Moradaï Tabouch. On a hâte de retrouver...
09:15 - Non mais je vais tout vous dire, je vais prendre là un petit bain,
09:19 puisque je suis à quelques mètres du lagon, histoire de me réveiller.
09:24 - Oui, mais exactement, c'est ce que j'allais dire.
09:26 On a hâte de vous retrouver, en tout cas, sur France 5,
09:28 pour un prochain numéro de "Comment va la planète".
09:30 Je pense qu'un jour, de "Sale temps pour la planète", pardon,
09:32 je pense qu'un jour, ce sera sur la Guadeloupe.
09:34 Quoi qu'il en soit, on vous laisse retourner au lagon et en profiter.
09:37 Merci beaucoup.
09:39 - Merci Jean-Marie.

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