La recherche en management a longtemps valorisé une forme d’hypocrisie organisationnelle comme stratégie de survie. Nils Brunsson, père du concept, a montré que, face à des attentes contradictoires, les dirigeants disent une chose, en font une autre, et pensent encore autrement. Ce modèle, bien que surprenant, semblait la seule voie pour évoluer dans des environnements complexes où répondre à toutes les pressions à la fois était impossible. [...]
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00:00La recherche en management a longtemps valorisé une forme d'hypocrisie organisationnelle
00:13comme une stratégie de survie.
00:14Niels Brudson, chercheur célèbre, père du concept précisément d'hypocrisie organisationnelle,
00:20a montré que face à des attentes contradictoires, les dirigeants disent une chose, en font une
00:27autre et pensent encore autrement.
00:29Ce modèle, bien que surprenant, semblait finalement la seule voie pour évoluer dans
00:36des environnements complexes, où répondre à toutes les pressions simultanément était
00:42finalement impossible.
00:44Le sociologue non moins célèbre, Erving Goffman, dans The Presentation of Self in
00:52a Day's Life, avait déjà démontré dès la fin des années 50 que chacun portait
00:59un masque pour protéger ses intentions et évidemment adapter son comportement selon
01:06les circonstances.
01:07L'objectif ? Gérer ainsi les impressions que l'on donne aux autres.
01:13Pendant longtemps, ces théories ont donc finalement, peut-être à l'insu de leur
01:19plein gré, justifié l'idée que les dirigeants pouvaient dire ce que les parties prenantes
01:24voulaient entendre, tout en ajustant leurs actions selon des besoins immédiats.
01:30C'est une sorte de masque managérial.
01:34Il offrait une flexibilité bienvenue, ça permettait de gérer les contradictions tout
01:39en maintenant une apparence de cohérence.
01:42Cette hypocrisie organisationnelle n'était pas perçue comme de la duplicité, plutôt
01:48comme une adaptation stratégique face à des demandes jugées de toute façon irréconciliables.
01:55Alors je l'assume, cette époque est révolue.
02:00Depuis l'avènement des réseaux sociaux, de la communication en temps réel et de l'information
02:07en continu.
02:08Aujourd'hui, chaque décision, chaque mot peut être scruté, partagé mondialement
02:15en quelques secondes.
02:17Un mot malheureux, un tweet ancien peut soudainement ressurgir et provoquer une crise médiatique.
02:27On ne compte plus en la matière les exemples de scandales, je pense que nous les avons
02:34tous en tête.
02:35Conséquence, les incohérences entre discours et actions sont désormais visibles immédiatement
02:43et les masques managériaux ne protègent plus.
02:45Pire, avec l'arrivée des fakes produits par les IA génératifs, que ce soit des fake
02:52news, des fake images, etc., le phénomène s'amplifiera de manière exponentielle.
02:59J'en viens à la confiance, capitale immatérielle bien fragile.
03:05Au vu de tout ce qui vient d'être dit, elle repose désormais sur une cohérence
03:11absolue entre les discours et les actes.
03:16Dans un monde où tout se voit, dans un monde où tout se sait, dans un monde où plus rien
03:22ne s'oublie, finis de jongler avec les masques et les contradictions, comme autrefois.