• il y a 2 mois

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h, 21h, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Nous avons rejoint dans ce studio Christophe Jacubizine, le directeur de la rédaction des Echos, et Véronique Jacquier qui est journaliste politique,
00:12qui vous poseront des questions.
00:14Jonathan Herphy, président du conseil représentatif des institutions juives de France.
00:19Dans quelques instants, je le disais juste avant la pause, je voudrais qu'on revienne un instant sur l'appel lancé par Jean-Luc Mélenchon.
00:28Abrandir des drapeaux palestiniens. Alors pas demain, journée de commémoration, 7 octobre, mais à partir du 8.
00:35Je n'avais pas vu la lettre de la ministre de l'enseignement supérieur.
00:38Alors il dit que, bon, comme l'université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza.
00:42Alors c'est un abus de pouvoir, parce que parler de géopolitique n'est pas attentatoire à la laïcité.
00:47Alors moi je recommande qu'à partir du 8, on mette des drapeaux palestiniens partout où on peut.
00:53De manière à ce que cette personne n'ait pas le dernier mot.
00:58Et oui, je demande à la jeunesse étudiante de s'insoumettre, de ne pas accepter cet interdit.
01:07J'ai une question très simple, Jonathan Herphy, président du CRIF.
01:11Est-ce que Jean-Luc Mélenchon est responsable de l'explosion de l'antisémitisme en France ?
01:18Le premier responsable de la flambée d'antisémitisme en France depuis le 7 octobre.
01:22Parce qu'il a, par ses déclarations, donné une caution politique à l'antisémitisme.
01:28Une caution politique nouvelle, puissante, couplée à de nombreux élus, à de nombreuses déclarations qui ont été faites.
01:35Il a choisi d'hystériser le débat public autour de la question de Gaza depuis le 7 octobre,
01:40en sachant pertinemment que ça finirait par stigmatiser les juifs et provoquer de l'antisémitisme.
01:46Donc oui, il a une responsabilité directe dans la montée de l'antisémitisme dans notre pays.
01:50Tout en reconnaissant qu'il n'est pas antisémite, puisque la question lui a été posée plusieurs fois.
01:53Il dit non, je ne suis pas antisémite.
01:55Pourquoi cet appel ? A partir de mardi, demain les commémorations,
02:00à partir de mardi, ces drapeaux palestiniens brandis dans les universités.
02:04L'appel sera certainement suivi. Est-ce que ça vous inquiète ?
02:08Et est-ce qu'il y a une certaine inquiétude pour les étudiants juifs également ?
02:13D'abord, il choisit l'8 et pas le 7 parce qu'il voudrait peut-être qu'on le remercie d'épargner la journée du 7
02:19en considérant que c'est une journée d'hommage.
02:21Mais enfin, la dynamique est exactement la même.
02:24Nous ne sommes pas dupes de ce qu'est la démarche de Jean-Luc Mélenchon,
02:27qui est de poursuivre sa stratégie de considérer Gaza comme son fonds de commerce électoral.
02:33Donc il a choisi d'utiliser le drapeau palestinien comme une bannière, entre guillemets, pour la France insoumise,
02:41pour essayer, sur cette base-là, d'avoir une stratégie clientéliste et communautariste, très clairement.
02:50Il le fait sciemment. C'est pour moi un projet qui est clairement hors du champ républicain.
02:54Le communautarisme et le clientélisme, ce sont des éléments qui sont très loin de l'universalisme républicain.
03:00Et donc Jean-Luc Mélenchon ne fait que continuer ce qu'il a fait depuis un an.
03:05Cet appel m'inquiète, parce qu'évidemment on sait, et on l'a vu ces derniers mois,
03:10que ça va se traduire par le fait d'avoir des étudiants juifs qui vont être stigmatisés, harcelés, voire pour certains menacés,
03:18directement dans nos universités. C'est inacceptable. C'est une vraie menace sur la possibilité de notre pays d'étudier sereinement.
03:24Jonathan Arfi, président du CRIF sur Europe, il est 19h35.
03:29Je voulais aussi vous faire réagir à cette information que nous donnions hier.
03:32Nous en avons parlé ici même, dans cette émission.
03:35La préfecture de police de Paris, qui a fait un signalement au procureur, après des propos de Ritchie Thibault.
03:44Ritchie Thibault, qui est assistant parlementaire de la députée LFI,
03:47Hercilia Soudeket, il dit que le seul chemin dans les rues de Paris, c'est l'intifada.
03:51C'est-à-dire que là, on va encore plus loin que les drapeaux palestiniens.
03:54On appelle à l'intifada dans les rues de Paris.
03:57C'est quelque chose qui, malheureusement, s'est déployé ces dernières semaines et ces derniers mois.
04:02C'est-à-dire des appels à l'intifada, c'est-à-dire des appels à la violence armée.
04:05C'est ça, l'intifada.
04:06C'est-à-dire qu'on ne prend plus les drapeaux.
04:08Qu'on sache de quoi on parle, puisque l'intifada, les gens ne savent pas forcément à quoi ça correspond.
04:12Ça correspond à de la violence armée pour faire porter son message.
04:18C'est ça, aujourd'hui, la stratégie de la France insoumise.
04:21C'est de jouer la surenchère et la provocation de l'outrance.
04:25Ils savent que, bien sûr, ça fait réagir en face,
04:28mais ils agrègent autour d'eux un groupe de plus en plus radicalisé dans le combat,
04:36en considérant que ça leur permet de prendre la main sur la gauche.
04:39Et la stratégie de la France insoumise, c'est d'abord et avant tout une OPA sur la gauche
04:42pour empêcher une gauche républicaine et raisonnable d'émerger
04:45et de continuer à hystériser le débat public.
04:49Yoaten Harfi, président du CRIF, Véronique Jacquier, journaliste politique,
04:53il y a une question à vous poser.
04:55Pour aller plus loin que tout ce que vous venez de nous dire,
04:58fonds de commerce électoral, bien entendu, OPA sur la gauche, bien entendu,
05:03mais il me semble aussi que pour Jean-Luc Mélenchon,
05:06toute cette hystérisation au sein des universités, au sein de Sciences Po aussi,
05:10quant à la lutte pro-palestinienne, est aussi une façon de se concocter un réservoir
05:16pour mener sa future révolution.
05:18Les bourgeois de la révolution de Jean-Luc Mélenchon,
05:21dans quelques années, enfin c'est comme ça, à mon avis, qu'ils imaginent les choses,
05:24ce sont ces jeunes-là, c'est cette élite-là, si j'ose dire.
05:27Est-ce que ça ne vous paraît pas intensément inquiétant ?
05:30C'est bien sûr intensément inquiétant.
05:32Ce que je vois, moi, c'est que la question palestinienne
05:34est en train de venir se poser comme une chape de plomb
05:37sur notre débat public, sur une partie du monde académique,
05:42sur le monde universitaire et sur notre jeunesse.
05:45C'est frappant de voir l'hégémonie culturelle, entre guillemets,
05:48qui s'est installée sur ces questions-là, chez les plus jeunes.
05:51Aujourd'hui, avoir une voix dissonante, divergente,
05:54sur cette question-là, quand on a 15 ans, dans une école publique en France,
05:57eh bien ça devient difficile.
05:58Mais qu'est-ce que ça produit ?
06:00Ça produit d'abord la fin du pluralisme,
06:02la fin de la capacité de notre pays à penser de manière plurielle.
06:05Et puis, Jean-Luc Mélenchon fait ce pari-là,
06:09qu'il aura autour de lui un groupe suffisamment motivé
06:13pour pouvoir demain, espère-t-il, le porter au pouvoir.
06:17Je pense que c'est une erreur de calcul politique,
06:20qu'il ne mesure pas à quel point les Français sont pleins de bon sens
06:24face à ces manipulations-là,
06:27et qu'aujourd'hui, il est peut-être la personnalité politique
06:29la plus détestée des Français.
06:31Mais en attendant, ça lui permet effectivement
06:33de garder la main sur la gauche.
06:35Christophe Jacobizine, directeur de la rédaction des Échos.
06:38Évidemment, je partage beaucoup de choses que vous avez dites
06:42depuis le début de cette émission.
06:44Simplement, je voudrais quand même dire deux choses
06:46et vous poser une question.
06:47D'abord, ce que, effectivement, Véronique vient de souligner
06:50n'est pas propre à la France.
06:52C'est vrai que c'est une instrumentalisation
06:54par la France insoumise de cette communauté,
06:56comme d'autres communautés d'ailleurs.
06:58C'est la stratégie, effectivement, de la bordélisation
07:02et de la révolution infinie.
07:04Mais c'est vrai aussi dans les universités américaines.
07:06C'est un phénomène qui est mondial.
07:08Donc, on peut aussi ouvrir la perspective
07:10et se dire que bien sûr qu'Israël a le droit à sa sécurité,
07:15à avoir un État indépendant,
07:17à répondre quand elle est attaquée.
07:19C'est ce que vous avez fait.
07:20Mais néanmoins, il y a un moment donné
07:22où il faut savoir faire la paix.
07:25Et c'est une position française depuis des décennies.
07:27Les Palestiniens ont le droit aussi à un État.
07:30Et à un moment donné, c'est vrai que,
07:32même si je ne suis pas un expert militaire,
07:35il y a sans doute une partie de ce qui est fait
07:37qui est nécessaire pour votre sécurité.
07:39En tout cas, on parle d'Israël, évidemment.
07:41Et par ailleurs, je rejoins tout à fait ce que vous avez dit
07:43sur le sentiment de nos compatriotes de confession juive
07:46qui se sentent aujourd'hui,
07:47et ils ont raison,
07:48qui se sentent visés, menacés.
07:51Et je ne voudrais pas,
07:52comme vous l'avez dit pendant la première partie de cette émission,
07:54qu'ils se cachent pour exprimer leur foi.
07:57Donc, là-dessus, je suis d'accord avec vous.
07:59Mais c'est vrai que,
08:00et ce n'est pas du tout pour défendre l'autre camp,
08:04si je puis dire,
08:05parce qu'on parle bien de camp,
08:06on parle de guerre,
08:07et en France, on parle de camp.
08:08C'est vrai qu'à un moment donné,
08:09il faudra arrêter aussi la guerre.
08:11Il faudra arrêter,
08:12Pascal le rappelait au début de l'émission,
08:131 200 morts à Gaza.
08:17C'est vrai que ça...
08:18Non, le 7 octobre.
08:19Le 7 octobre, oui.
08:20Et de plus, je sais que c'est 1 400,
08:22je crois, à Gaza,
08:23depuis le début des hostilités.
08:25Il faudra bien, à un moment donné,
08:27c'est pardon pour ce bilan morbide, mais...
08:29C'est quoi votre question, Christophe Jacubizine ?
08:30Non, mais c'était parce que
08:31vous avez dit beaucoup de choses,
08:32mais il faut aussi, peut-être,
08:34se demander quand est-ce qu'on arrête la guerre
08:36et quand est-ce qu'on arrête d'antagoniser aussi
08:38la haine entre les peuples.
08:40Et donc, à un moment donné,
08:41il faut se mettre autour d'une table.
08:42Je sais que vous n'avez pas
08:43l'interlocuteur fiable en face de vous.
08:44Non, d'abord, je veux dire,
08:45moi, vous savez, je suis français,
08:46je ne suis pas israélien,
08:47et je ne suis pas expert militaire,
08:48et je ne suis pas expert militaire,
08:50mais ce que je sais,
08:52c'est que, vivant en France,
08:54dans une démocratie,
08:55je fais confiance aux démocraties
08:57alliées de la France
08:58quand elles sont engagées
08:59dans des conflits,
09:00pour les gérer.
09:01Donc, je fais confiance à l'Ukraine
09:03quand elle gère sa guerre aujourd'hui.
09:04Je ne me permettrais pas
09:05de dire à l'Ukraine
09:06si elle doit faire ou pas un cessez-le-feu,
09:07si elle considère que c'est légitime ou pas,
09:09à ce moment-là,
09:10qu'elle arrête sa guerre ou pas.
09:11De la même manière que je considère
09:12que ce débat-là,
09:13il appartient à la société israélienne.
09:14Ils ne l'esquivent pas.
09:15Et d'ailleurs, en Israël,
09:16il existe ce débat-là.
09:17Il existe en Israël.
09:18Manifestement,
09:19ils choisissent pour l'instant,
09:20d'après leurs estimations,
09:21de poursuivre ce combat.
09:22Ils manifestent le jour aussi,
09:24une partie d'entre eux.
09:25La société israélienne,
09:26effectivement,
09:27est démocratique,
09:28est vivante.
09:29Et donc, ce débat-là
09:30vit en Israël.
09:31Mais pour parler un peu
09:32aux Israéliens,
09:33ce sont des gens
09:35qui sont profondément
09:36attachés à la paix.
09:37Leur souhait,
09:39ce serait évidemment
09:40que cette guerre s'arrête
09:41le plus vite possible.
09:42Mais la seule question
09:43qui vaille,
09:44c'est de se dire
09:45de quel cessez-le-feu parle-t-on
09:46et avec qui
09:47et dans quelles conditions.
09:48Parce qu'être pour le cessez-le-feu
09:49tout le monde
09:50et pour le cessez-le-feu
09:51vous, moi
09:52et chacun des Israéliens
09:54et j'imagine aussi
09:55une bonne partie des Palestiniens,
09:56la difficulté,
09:57c'est qu'aujourd'hui,
09:58eh bien,
09:59il y a la question des otages.
10:00Qu'il suffirait
10:01de libérer les otages
10:02et que le Hamas dépose les armes
10:03pour que la paix s'installe
10:04entre guillemets,
10:05immédiatement.
10:06Donc on est...
10:07Or,
10:08ce n'est pas ça qui se passe
10:09parce que ce n'est pas le choix
10:10d'une organisation terroriste,
10:11ce n'est pas l'agenda
10:12des organisations terroristes
10:13de faire la paix,
10:14ça se saurait,
10:15ce n'est pas le cas avec le Hamas,
10:16ce n'est pas le cas avec le Hezbollah,
10:17ça ne l'était pas avec l'État islamique
10:18et nous-mêmes,
10:19nous, Français engagés
10:20contre l'État islamique,
10:21on a mené la guerre
10:22jusqu'au bout en 2015.
10:23Cette information
10:24de toute dernière minute,
10:25on l'apprend à l'instant,
10:26le chef de l'armée israélienne
10:27affirme que
10:28la branche militaire du Hamas
10:29est vaincue.
10:30Annonce faite ce soir
10:32par Herzi Alevi,
10:34branche militaire vaincue,
10:36un an a passé,
10:37je cite ces mots,
10:38je l'apprends et je le découvre
10:39en même temps que vous,
10:40un an a passé,
10:41nous avons vaincu
10:42la branche militaire du Hamas
10:43et nous continuons de nous battre
10:44contre les moyens
10:45de cette organisation terroriste.
10:48Voilà le communiqué
10:49qui vient à l'instant
10:50de nous parvenir,
10:52Yonatan Nerfi.
10:53La branche militaire du Hamas
10:54est vaincue.
10:55Là encore,
10:56je ne suis pas un expert militaire,
10:57je n'ai pas d'autres informations
10:58que celles que vous me communiquez.
10:59Je ne vous demande pas une information,
11:00peut-être un commentaire.
11:01Non, mais ce qui est certain,
11:03c'est que
11:04face à une organisation terroriste,
11:05il n'y a pas d'autre issue
11:06que de la vaincre.
11:08Vous ne pourrez pas transiger
11:09avec une organisation terroriste,
11:11vous n'allez pas
11:12signer un traité de paix
11:13avec une organisation terroriste.
11:15Vous signez des traités de paix
11:16entre États,
11:18entre régimes respectables.
11:21Les organisations terroristes
11:22ont un autre agenda.
11:24Ce n'est pas la vision
11:25que nous avons nous en Occident
11:26et heureusement,
11:27tant mieux pour nous.
11:28Mais je souhaite à Israël
11:30d'avoir un jour des voisins
11:31comme la Belgique, le Luxembourg,
11:32la Suisse, l'Espagne, l'Allemagne.
11:33Et effectivement,
11:34le Moyen-Orient se portera mieux.
11:35Merci beaucoup,
11:36Yonatan Nerfi,
11:37président du CRIF,
11:38d'être venu dans ce studio
11:39et d'avoir répondu
11:40à nos questions.
11:42Demain, je crois que vous recevez
11:43des ministres et des personnalités
11:46pour échanger justement
11:47sur l'antisémitisme,
11:48notamment en France.
11:49Nous avons demain soir
11:50une cérémonie de commémoration
11:53en hommage aux victimes
11:54du 7 octobre,
11:55en soutien aux otages
11:56et en dénonciation
11:57de l'antisémitisme
11:58qui a, depuis un an,
11:59explosé dans notre pays.
12:00Merci infiniment
12:01d'être venu dans le studio
12:02d'Europe 1 ce soir,
12:03dans Europe 1 Soir Week-end.

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