Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h, 21h, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Et la conséquence de tout ce que nous disions,
00:08eh bien elle est très claire, c'est l'explosion de l'antisémitisme en France, avec ces chiffres.
00:13Nouvelle étude, nouvelle étude.
00:16L'antisémitisme, je lis, est considéré comme répandu en France par 79% de la population.
00:23Ça fait 8 Français sudistes.
00:25Nouvelle étude, Ipsos, qui publie ça à l'occasion de la 14ème Convention nationale du CRIF.
00:30Mieux encore, seuls 3% des Français n'ont aucun préjugé sur les Juifs.
00:36Toujours d'après... Ah non mais c'est... Je vous vois soupirer Olivier d'Artigolles,
00:39je peux vous dire que moi je ne comprends pas.
00:42Moi ça me dépasse. Seuls 3% des Français.
00:45Mais c'est terrible, à cause de ces personnes qui répandent ces paroles de haine en France,
00:51et qui nous importent un conflit qui ne nous concerne pas.
00:54C'est épouvantable, les chiffres me tombent des mains, pardon.
00:57Dans ce contexte, 64% des Français jugent qu'il existe des raisons de craindre de vivre en France lorsqu'on est Juif.
01:03Mais comment, dans notre société, on peut craindre de vivre en France parce qu'on est Juif ?
01:08Nous, la société des Lumières, mais enfin qu'est-ce que c'est que ce truc ?
01:12Vous savez, très souvent je répète ce que j'ai entendu de ma famille et notamment de mon grand-père,
01:19qui est resté 3 ans à Auschwitz.
01:21Ils reviendront.
01:23Et vous voyez aujourd'hui, avec le sujet que nous avons abordé tout à l'heure sur la question de l'apologie du terrorisme,
01:30lorsqu'il y a dans la charte du Hamas, la haine du Juif, la détestation d'Israël,
01:38en faire une obsession en France, c'est pas une importation,
01:41c'est simplement le fait que nous avons aujourd'hui en France un parti politique qui est le porte-parole de cette haine du Juif,
01:50de cette fracture de notre société, qui est le porte-parole de la violation de nos fondamentaux, de notre fraternité.
01:58Et aujourd'hui, effectivement, ce sondage est vertigineux,
02:01mais ça veut bien dire que la propagande du Hamas, avec ces porte-paroles-là, elle fonctionne,
02:06elle imbibe la société, l'antrisme, etc., ça fait partie du projet terroriste,
02:11puisque la finalité terroriste, c'est d'avoir un énorme, immense Etat islamique,
02:18une colonisation de l'ensemble, finalement, une fragilisation de l'Occident.
02:24Et donc voilà, nous y sommes, avec ce sondage-là, nous voyons bien ce qui se passe à Sciences Po,
02:28comment cette idéologie-là, morbide, mortifère, imprègne l'ensemble de notre société.
02:35Ça fait effectivement très peur, et c'est extrêmement triste.
02:39Olivier Dertigolles, je vous sens abattu, comme moi !
02:42Bien sûr, c'est glaçant, mais je crois encore, pour mettre une pointe d'optimisme, d'espoir,
02:51que la société française dispose encore de potentialités formidables pour y faire face.
03:01Elle est où la majorité silencieuse, Olivier ?
03:03À condition que ces potentialités formidables se mobilisent.
03:07C'est un combat politique, idéologique, culturel.
03:11Bien évidemment, il y a un climat post-7 octobre qui est détestable, ignominieux.
03:17Il se trouve que j'ai une histoire familiale qui fait écho à celle de Rachel,
03:22dans le sens où moi j'étais éduqué politiquement par un grand-oncle communiste,
03:26un pépone, mais ancien déporté à Dachau,
03:29et qui n'a cessé de me dire, jusqu'à la fin de ses jours,
03:32il faudra toujours rester très vigilant.
03:34Donc là, de nouveau, l'histoire refrappe à la porte.
03:40Où notre pays est capable de...
03:43De se réveiller, là !
03:45Oui, mais je cherchais le mot d'un coup de rein,
03:48qui demande un travail politique.
03:50Mais il y a dans notre pays, vraiment, des ressources, je suis convaincu de ça.
03:59Parce que sinon, ça veut dire qu'on a pris le toboggan,
04:02et que tout ça est irrésistible et irrévédiable.
04:04Il y a des ressources, je suis d'accord, mais que fait la majorité silencieuse ?
04:07Que font les laïcs ? Allô les laïcs ?
04:09Vous êtes où les laïcs ? Vous êtes où les chrétiens ?
04:11Vous dites quoi ?
04:12Mais c'est quand même dingue !
04:14Moi ça me rend dingue, la majorité silencieuse me rend dingue, c'est de la lâcheté.
04:17Voilà ce que je dis, regardez ce qui s'est passé aujourd'hui.
04:20Mais non, mais c'est de la lâcheté !
04:22Mais peur de quoi ?
04:23Mais parce que c'est cette méthode de disqualifier,
04:26d'humilier, et c'est pour ça que la gauche notamment ne réagit pas.
04:30Puisque quelqu'un qui va se battre contre la haine du juif,
04:35regardez la manifestation après le 7 octobre, comment ça s'est passé.
04:39D'être qualifié d'extrême droite tout simplement parce qu'on va marcher
04:43pour des valeurs humaines, profondément humaines,
04:46sans question de parti politique.
04:48Et bien il y a eu une disqualification, et ça aussi ça fait partie de la méthode.
04:51Et même quand on fait des marches, c'était le cas aujourd'hui,
04:54ça n'a rien à voir avec la politique, puisqu'il s'agissait d'une marche à Paris
04:57contre les violences faites aux femmes.
04:59Le thème est excellent, une marche contre les violences faites aux femmes.
05:03Evidemment, ça a dérivé.
05:05Gazda, la bande de Gaza est venue s'immiscer là-dedans.
05:08Raphaël Arnault et compagnie.
05:11Regardez, j'ai dans les mains, voilà ce qu'on a vu,
05:14après le passage de la manifestation des tags antisémites une nouvelle fois.
05:19Qui a-t-il écrit ? Un sioniste, une balle, justice des coloniales.
05:25Voilà. Et de l'autre côté, on a un parti politique qui veut que,
05:29finalement, l'apologie du terrorisme soit banalisée
05:32et passe comme une opinion normale.
05:35Comment vous faites pour marcher, vous, dans les rues de Paris, Rachel Khan ?
05:40Je marche la tête haute.
05:42Je marche la tête haute et totalement d'accord avec vous, Olivier.
05:48Je crois encore à la France.
05:50Et ce n'est pas une utopie, il y a la ressource.
05:54J'espère que de plus en plus de monde pourront parler et marcher tête haute.
05:58En fait, ce que je ressens, il faut faire attention aux mots,
06:02ils sont tous très précieux.
06:04Je ressens presque, dans mon pays, dans notre pays,
06:08une forme de banalisation de ce climat antisémite.
06:13Un poison lent qui amènerait à, non pas adhérer à ça,
06:19mais à l'accepter.
06:20C'est dans l'air du temps, quelque chose qui s'est installé
06:23et qui est peu à peu banalisé.
06:25Bon, mais il faut casser ce climat-là,
06:27alerter sur la gravité de ce qui est en train de s'installer,
06:30de s'enquister de ce poison.
06:33Et cela demande à tout l'ensemble de la sphère publique, citoyenne,
06:39aux collectivités locales, aux associations,
06:41que sais-je, à toutes les forces vives, telles qu'on les appelle dans notre pays,
06:44de dire non, là, c'est fini.
06:46C'est-à-dire, là, on commence à basculer dans quelque chose
06:49qui n'est pas l'identité de la France.
06:51Nous sommes la France de Dreyfus !
06:53On est la France de Dreyfus !
06:55La France des Lumières ! Allô !
06:57Et vous savez quoi ?
06:58Moi, je vous propose d'écouter Omar Youssef Souleiman,
07:00je l'ai enregistré l'interview,
07:02elle va être diffusée à 20h10.
07:04Écrivain d'origine syrienne,
07:06qui a fui la Syrie, qui a connu la Syrie.
07:08Il me disait, moi, ma grand-mère, dans les années 70,
07:10elle n'était pas voilée.
07:11Il a vu ce basculement.
07:12Il m'a parlé de ce qui était en train de se passer en France.
07:15C'est exactement la même chose qui s'est passée en Syrie.
07:17Il faut qu'on bouge.
07:18Et il m'a dit, je vais vous dire,
07:20écoutez l'interview,
07:21il n'a pas voulu me donner le nom.
07:22Il m'a dit, mais sauf que la gauche, justement,
07:24la gauche des socialistes, n'a rien voulu faire.
07:26On le sait depuis longtemps.
07:27Pourquoi ? Parce qu'en France,
07:28il y a une population de musulmans,
07:29elle est estimée à 4 millions.
07:31Les juifs, 500 000.
07:32Et il y a une personne
07:34qui a été dégagée du Parti Socialiste,
07:36qui a dit, c'est pas grave, les juifs,
07:38ils ne sont que 500 000.
07:40Voilà.
07:41Voilà où on en est.
07:42Donc s'il n'y a pas des gens
07:44qui se lèvent juste pour protéger,
07:47pour protéger cette communauté,
07:49je ne comprends pas.
07:50Où va-t-on ?
07:51Où va-t-on ?
07:52C'est notre devoir,
07:53les uns, les autres,
07:54de ne pas se monter les uns contre les autres.
07:56Bon sang, c'est pas possible.
07:57Moi, ça me donne envie de pleurer.
07:59Voilà, je vais vous dire une chose,
08:00ça me donne envie de pleurer qu'en France,
08:02on en soit là.
08:03Olivier Dartigold, c'est pas possible.
08:04Tout en plus que la présence
08:05de nos concitoyens français de confession juive
08:07est une partie intégrante
08:08de notre identité nationale.
08:10Exactement.
08:11C'est-à-dire qu'il faut le dire haut et fort.
08:13Il n'y a pas un pays européen
08:18qui a notre situation
08:19et c'est à l'image de la France.
08:21Mais nous sommes en train
08:23de perdre ça, comme ça ?
08:24Non.
08:25Moi, je suis sûr,
08:26encore une fois, Pascal,
08:27je suis sûr, vous allez me dire,
08:28mais Olivier, ce soir,
08:29votre visage ne le montre pas,
08:30mais je crois que notre société
08:32est en capacité de relever le défi.
08:34Mais bien sûr.
08:35Mais maintenant.
08:36Ah oui, maintenant.
08:37Et par ailleurs,
08:38les mots, les jolis discours, etc.,
08:41on n'en peut plus de ça.
08:43C'est-à-dire qu'il faut que la justice
08:45soit éperdument efficace.
08:49Malheureusement,
08:50on a des élus insoumis
08:52qui engorgent les tribunaux
08:53avec leur haine.
08:55Merci beaucoup, vous deux.
08:57Merci, Pascal.
08:58Merci d'être venus ce soir.
09:00Une nouvelle fois,
09:01c'était un plaisir de vous recevoir.
09:02J'aimerais bien qu'on aborde d'autres sujets.
09:04Vous savez, j'adorerais
09:05qu'on aborde d'autres sujets.
09:06Malheureusement,
09:07ceux-là sont trop récurrents.
09:08Il va falloir que ça bouge.
09:10Écoutez Omar Youssef Souleyman
09:12tout à l'heure sur Europe 1
09:13dans un petit quart d'heure.
09:15Allez, une annonce antenne
09:16pour les copains d'Europe 1.
09:18Quand même, c'est important.
09:19Frédéric Taddeï,
09:20qui vous donne rendez-vous
09:21tous les week-ends de 9h à 10h
09:22sur Europe 1.
09:23C'est arrivé cette semaine,
09:24c'est arrivé demain.
09:25Deux émissions pour éclairer
09:26l'actualité des derniers jours
09:27et réfléchir aux événements à venir.
09:29En compagnie d'invités,
09:31ce dimanche, Frédéric Taddeï
09:32reçoit Philippe Abélava,
09:34l'ancien président du centre
09:35des monuments nationaux
09:36de 2012 à 2023.
09:37Aujourd'hui, conseiller culture
09:40et Pierre-Henri Tavoyot,
09:43philosophe pour son essai
09:44« Voulons-nous encore vivre ensemble ? »
09:46C'est une bonne question.
09:47Aux éditions Jacob.
09:49A tout de suite sur Europe 1.